Elle n’y croit pas, bien sûr qu’elle n’y croit pas. Stupide Virginia qui n’a jamais cru en rien, trop cartésienne, trop terre à terre. Elle avait besoin de voir pour y croire, et apparemment cela n’a toujours pas changé. C’était moi le tête en l’air, elle qui ne cessait de me ramener à la réalité et si j’avais seulement souhaité qu’une chose, une seule, ne change alors ça aurait été ces deux traits de caractère précisément. « Ça parlait, ça parlait d’une âme qui erre dans les rues, d’une âme qui est maudite et qui apparemment amènerait avec elle tout un tas de - de malédictions. » Ses souvenirs s’accordent aux miens quand les parties qu’elle n’arrivait pas à traduire étaient bien moins intrigantes, contant la vie quotidienne d’un pharaon comme un autre, d’une pharaonne qui ne semblait pas se démarquer aucunement. Ce qu’elle me résume vient pourtant contredire mes propos, piquer mon attention, attiser ma curiosité - et elle, l’enfant, ma cadette de dix longs jours, elle ne sait que rigoler d’un rien quand tout brûle derrière moi. “Quel genre ? Sois précise Ginny, quelles malédictions exactement ?” Est ce que ça venait avec une nuit noire ? Est ce que ça venait avec une étrange odeur que je semble connaître mais n’arrive pas à me souvenir de la source exacte ? Est ce que ça venait avec un monde qui semble tourner si lentement, si bizarrement ? « Qu’à l’aide d’une incantation on arriverait à lui permettre de retrouver la paix, à elle, à son âme, et à la ville et Auden ce sont que des histoires et des légendes, je vois pas pourquoi on- » Mes prunelles passent dans l’une et l’autre des siennes, mes doigts se serrent toujours un peu plus autour de ses bras, la pressent avec exigence. “Tu travailles sur le parchemin de quel sarcophage, Ginny ? Sur quel sarcophage EXACTEMENT ?” Mon ton s’élève, une dernière fois avant que le monde ne devienne noir - littéralement. Tu ne travailles pas sur le sarcophage qui a été ouvert, hein ?

***

Je voudrais passer ma main autour de mon crâne douloureux mais des liens m’en empêchent et brûlent au lieu de ça la peau de mon poignet. Je râle, encore ailleurs. Mes yeux n’ont aucun mal à s’habituer à l’obscurité mais mes narines ne reconnaissent cette fois-ci que trop bien l’odeur de sang, ambiante. Mes yeux balayent rapidement la pièce, s’arrêtent sur la silhouette de Ginny : elle aussi est réveillée, Dieu soit loué. D’un coup de tête, je lui demande silencieusement si elle va bien. "Ça sent le sang, Ginny. Ça devrait pas. Pas aussi fort." Je suis encore sonné et ma tête roule contre la cale du bateau. Pourtant, je ressens le besoin de lui en parler, de l'avertir, de l'alerter. Elle trouve ça stupide, moi je pense qu'on est dans un sacré merdier.



WIN : Auden arrive à se défaire de ses liens (les gars avaient pas pu regarder de tuto youtube pour bien les nouer) et défait ceux de Ginny ensuite.
SO CLOSE : Auden arrive à se défaire de ses liens mais il y sacrifie l'os de son pouce (aïe) parce que les gars avaient quand même accès à Dailymotion, faut croire.
FAIL : Rien à faire, de l'autre côté de la porte se trouve MacGyver. On l'entend s'emporter, d'ailleurs. « Ils vont nous traduire le reste, ils n'ont pas le choix! »

“Tu travailles sur le parchemin de quel sarcophage, Ginny ? Sur quel sarcophage EXACTEMENT ?”
« Sur le sarcophage qui a été ouvert. »

***

Auden panique. Quand j'ouvre un oeil puis un autre, ce n'est que lui que je vois, incapable de rester en place sur sa chaise, pieds et poings liés. Il est pris au piège et je le suis moi aussi, alors que ma seule et unique impulsion est de me lever de ma chaise pour aller le libérer. Geste impossible à faire, ma silhouette bloquée dans la même posture que la sienne. Tout autour de nous, les lieux tanguent, la pièce est petite et recluse, on entend l'écho de quelque chose qui cogne sur les murs, parois de bois donnant vers l'extérieur. Le rythme est constant, répétitif. On dirait ; on dirait des vagues.

"Ça sent le sang, Ginny. Ça devrait pas. Pas aussi fort." « Auden...  » j'essaie de le calmer. J'essaie d'attraper ses prunelles au vol aussi. Essayant d'ainsi pour le moins le ramener à ici et à maintenant, ne supportant pas de le voir chercher une issue comme si sa vie - la nôtre - en dépendait.

Mais alors que je le vois se triturer les doigts, alors que les souvenirs me reviennent et les coups aussi, mon esprit s'embrouille et les mots se précipitent sur ma langue. « La première malédiction. Elle parlait de sang, d'un fleuve de sang. Et - et - » il voulait savoir à quel thème s'associait la première malédiction. Il l'avait demandé au point où ses inquiétudes m'en avaient presque causé.

À nouveau je ravale, inspirant au passage. La bouffée est dégueulasse, elle est acide sur mes lèvres et me provoque un haut-le-coeur directement. « - ça sent pas que le sang, ça sent la pourriture aussi. » la chair pourrie, la peau avariée. Ça sent le sang oui, mais ça sent aussi les cadavres. Quand mes yeux quittent son profil une seconde une seule pour essayer de chercher dans la pièce le moindre indice d'où on peut bien se trouver, ce n'est que le soubresaut - et le craquement, oh le craquement - qui me ramène à l'ordre. Il est libre Auden, ses mains le sont du moins. Et son pouce lui, est plié dans un angle que je déteste, presqu'autant que le rictus de douleur qui passe une fraction d'instant sur son visage. « Je préférais ta version avec les roses qui puent et ton nom dans le ciel. »

Mais encore? « Je préférais quand tu - »
« Ils sont réveillés. »

La porte s'ouvre sur trois hommes inconnus, trois grands gaillards qui nous dévisagent l'un l'autre. J'ai eu le temps d'envoyer un regard entendu à Auden. Lui faire signe d'attendre en masquant sa libération, d'attendre de savoir ce qu'ils nous veulent avant de contre-attaquer. Ce sera probablement notre seule chance.


WIN : elle défait ses liens incognito pendant qu'ils leur parlent aka les brusquent à leur faire part de ce qu'Auden et Ginny lisent sur un nouveau papyrus qu'ils viennent de trouver
SO CLOSE : toujours liée, Ginny est obligée de traduire le nouveau papyrus sous la menace de voir tous les doigts d'Auden être cassés
FAIL : Seth vient les voir et il entraîne Auden avec lui hors de la cabine en laissant Ginny toute seule sans réponse

« Auden... » Ce n’est pas comme ça qu’elle devrait s’adresse à moi ; pas avec cette voix là. Tout sauf cette voix. « La première malédiction. Elle parlait de sang, elle parlait de fleuve aussi. Et - et - » Elle devrait être celle qui dit que c’est n’importe quoi et que ce n’est que notre imagination. Elle devrait être celle qui dit que ce ne sont que des légendes, que ce ne sont que des manières de faire peur aux enfants et aux pilleurs de tombes ; au reste du monde au passage. Elle aurait dû dire tout ça, en tout cas. « - ça sent pas que le sang, ça sent la pourriture aussi. » Je reprends mes esprits difficilement mais pas à pas, au moins. Un sourire étire mes lèvres, je tente quelque chose. “C’est pas le moment de demander à ce qu’on passe acheter de la réglisse.” Elle faisait tout le temps ça, avant, mais je doute que l’odeur ambiante lui donne envie de manger quoi que ce soit. Même à elle.

Nous n’avons pas d’autres choix que de se dégager de nos liens pour ensuite pouvoir nous enfuir, c’est la raison pour laquelle je force moi même mon pouce à se plier dans un angle qui n’a rien de naturel et encore moins d’agréable, tant et si bien que je garde mes dents serrées les unes contre les autres, rageur. La douleur m’irradie aussitôt que le craquement de l’os se fait entendre, je maudis ce tour au pays autant que je maudis cette stupide envie de l’épouser quand bien même je n’ai toujours pas passé de bague autour de son doigt - quand bien même aucunde nous deux n’a eu le temps de reparler de ce moment. C’est pourtant bien parce que je refuse de lui montrer aucunement ma douleur que je garde mes yeux rivés sur un point précis, occupant ainsi mon esprit ailleurs que sur mon pouce brisé. Finalement, une fois mes liens dénoués, je m’empresse d’avance vers elle pour faire de même avec les siens, bien décidé à ce qu’on s’évade à deux, aussi rapidement qu’on a bien pu arriver d’une manière ou d’une autre. « Je préférais ta version avec les roses qui puent et ton nom dans le ciel. » Je la préférais moi aussi. « Je préférais quand tu - » Mon attention reste pendue sur elle, sur ses lèvres, sur ce qu’elle s’apprêtait à dire. Pourtant, la conclusion n’a rien d’attendue et tout de dramatique. « Ils sont réveillés. » Le bateau tangue mais pas mon attention que je ramène aussitôt vers la porte métallique, mon regard qui dérive dans la pièce pour voir si je n’ai pas une quelconque arme à disposition.

Le regard entendu de Ginny me force à revoir mes plans, dès lors que je retourne m’asseoir sur la chaise, mains derrière le dos. Je ne connais aucun des hommes en question mais ne retiens déjà leur visage que pour me les imaginer au bout d’un pique. Ils pressent, ils s’agacent, ils parlent à Ginny avant que je ne ramène l’attention sur moi et seulement sur moi, balançant un coup de pied dans le tibia de l’un d’eux. Mon regard défi le sien, plus hargneux que jamais alors que je retiens mes poings de frapper. La situation ne nous donne que perdants, quoi qu’il advienne. “Je suis le seul à savoir traduire ça. Laissez la partir, elle ne vous sera pas utile.” Je ne veux pas l’avoir dans les pattes, je ne veux pas avoir de moyen de pression non plus. Je la préfère loin plutôt que de me savoir faillible. Je la préfère en sécurité, aussi. Surtout.

WIN : Les dudes sont nice, Gin a le droit de partir. L'un d'eux la raccompagne même ; un gars assez stupide pour être assommé à son tour, par exemple.
SO CLOSE : Ils sont pas tip top d'accord mais ils la laissent quand même partir - jusqu'à ce que Seth arrive et décide de la garder avec eux. Cela créé une distraction temporaire, au moins.
FAIL : Ils en ont rien à chier et décident que tant que rien n'aura été traduit, elle restera sur le bateau elle aussi. Auden n'a d'autre choix que de s’exécuter, mais sans doute est ce qu'il fait exprès de chier sur quelques traductions.

Son pouce est cassé, et évidemment que je passe en mode solution. Je ne compte plus le nombre de coupures et autres ecchymoses éparpillées sur sa peau que j'ai soignées il y a des années de ça. Je ne compte plus les blessures qu'il a lui-même désinfectées sur mon épiderme, les souvenirs qui remontent mais jamais au grand jamais notre situation avait été similaire à celle-ci. J'ignore où on peut bien se trouver et surtout pourquoi on est ici. J'ignore ce qu'ils me veulent, ce qu'ils lui veulent, ce que le feu chez moi voulait bien dire et surtout, surtout, pourquoi Seth levant la main sur Auden était la seule et dernière chose qui me venait en mémoire.

Tout ce qui me reste, ce sont des faits. Un bateau, des bras liés, des voix de l'autre côté de la porte, une odeur au-delà du nauséabond qui remonte à mes narines. Et la malédiction : un fleuve de sang, la mort des troupeaux. Les premières prémisses de ce qu'il semblait craindre se mettent sournoisement en place, et nous sommes en plein postés au centre. Quand le trio d'hommes entre dans la salle, c'est le meilleur moment pour ravaler, pour la jouer docile, pour laisser les informations remonter et ainsi réussir à en savoir plus sur tous les éléments - les nombreux - qui manquent à l'équation à mes yeux.

La proximité d'Auden n'est plus, il reprend sa place et je reprends la mienne. Mes doigts eux, profitent de l'accalmie pour jouer de leur agilité, des heures durant passées à dépoussiérer même les plus minuscules artéfacts ont suffit à les rendre vifs et efficaces. Une seconde plus tard, les bandages autour de mes poignets ne sont plus, sans que jamais mon visage ne dévoile ma libération.  “Je suis le seul à savoir traduire ça. Laissez la partir, elle ne vous sera pas utile.” je sais ce qu'il fait. Je sais et je pince les lèvres, mords l'intérieur de ma joue en sachant que peu importe ce qui adviendra, jamais je ne le laisserai derrière sans au moins tenter de le défendre une ultime fois.

Les gars acceptent, ragent mais acceptent, aussi bien que je rage moi-même. Si l'un d'eux s'avance vers moi pour s'affairer à me détacher, l'autre lui, file vers Auden pour lui tendre une tablette, trouvaille qui semble être au centre de leur besoin de traduction. « Attendez. » j'avais chaud. Mon coeur tapait contre mes tempes, j'étais persuadée qu'ils allaient voir que j'étais libre et qu'on en aurait pas fini avant longtemps, nous les fourbes prêts à fuir. Mais c'est la voix de Seth qui perce dans la cabine, sa voix et ses pas qui se postent à mes côtés. Lui aussi, a vu la tablette, lui aussi, attend patiemment la traduction. S'il évite mon regard, le mien reste braqué contre son profil, un puzzle que je n'arrive pas à m'expliquer qui se dessine devant nous.

Une vague, une seule. Une putride, une sanglante, qui secoue le bateau suffisamment pour que les hommes debout perdent l'équilibre, pour que la chaise d'Auden comme la mienne tombent au sol. La tablette aussi, tombe avec.




WIN : la tablette est à eux, ils peuvent quitter le bateau sans foi ni loi
SO CLOSE : la tablette est à eux mais ils restent prisonniers du bateau quand celui-ci semble plein à craquer d'adversaires à dégager
FAIL : pas de tablette, Seth s'enfuit avec elle, mais ils ont eu le temps de voir où il filait et peuvent donc le suivre en espérant récupérer rapidement leur dû pour quitter ce bateau de malheur  

J’ai un instant d’espoir lorsque deux des trois semblent enclins à vouloir suivre mon idée et laisser Ginny partir et autant dire que jamais de ma vie je n’avais été aussi attentif à un débat que cette fois-ci. Chacun donne des arguments à son tour comme si j’allais les laisser avoir le dernier mot, ils s’emportent et ils s’énervent, ils roulent des yeux et bla bla bla, je n’en ai rien à faire de savoir ce qu’ils peuvent bien penser de la brune. Au plus loin du bateau elle sera et mieux tout le monde s’en portera ; surtout moi. Je ne suis pas revenu au pays pour l’embarquer dans ce genre de situation et c’est finalement le plus soulagé des souffles que je me retiens de témoigner lorsque le petit groupe décide de la laisser filer. Mes espoirs volent pourtant en éclat à l’instant où elle passe la porte pour mieux revenir la seconde qui suit, son bras entre les serres d’un homme dont le visage me semble bien trop familier, au point où je fronce les sourcils d’incompréhension. “Seth ?” Je n’ai pas le souvenir des visages mais le sien, oh, le sien. Je n’ai jamais pu l’oublier. « Attendez. » Je rage de ne pas pouvoir m’immiscer dans la bataille de regarde qu’elle joue seule contre lui ; lui qui n’a d’yeux que pour la tablette qu’il jette sur mes cuisses comme une vulgaire bricole. J’ai à peine le temps de la prendre entre mes mains blessées que le bateau tangue un peu de trop, faisant vaciller tous les hommes présents et nous avec.

Les armes roulent sur le sol et mon premier reflex reste de les éloigner d’eux, la tablette sous le coude, Ginny près de moi. Je lui laisse l’accès à un revolver alors que j’en enfonce un contre ma ceinture une fois la sécurité activée ; le dernier reste dans ma main gauche, le viseur en leur direction. “On s’en va. Un geste et je vous descends.” Ils sont peut être près de la porte mais on reste les seuls armés, dans toute cette équation. Si ma main saine garde fermement le pistolet contre ses doigts, prêt à dégainer, celle avec un pouce de merde s’assure que la brune reste à mes côtés, prête à s’enfuir et courir aussi vite que possible dès que l’occasion se présentera à nous.



WIN : Pas folle la guêpe, ils se rendent compte de leur infériorité et coopèrent.
SO CLOSE : Un homme du groupe se penche plus futé et dégaine son revolver ; Auden lui tire dans le bras et le fait lâcher l'arme. Ils en profitent pour enfin s'enfuir du bateau.
FAIL : Un homme du groupe se penche plus futé et dégaine son revolver ; Auden lui tire dans le bras et le fait lâcher l'arme. C'est Seth qui ramasse l'arme et la pointe en leur direction.