La tablette sous le bras, le poignet de Ginny entre ma main et l'arme toujours calée dans ma main libre, c'est ainsi qu'on s'enfuit rapidement du bateau pour retrouver la terre ferme. Nous ne sommes restés inconscients que peu de temps, j'imagine, puisqu'à aucun moment ils n'ont pris le temps de nous faire prendre la mer - ça, ou alors ils sont sacrément stupide. Mon inquiétude ne se fait que plus grande lorsque je comprends que ce que nous pensions être des vagues n'étaient finalement que les corps jonchant la rivière et percutant la coque du bateau, trop peu imposant pour résister à de si grands cadavres de vertébrés. La rivière est pourpre sous les rayons de lune, ce que je ne pense pas être une illusion d'optique. Mon odorat refuse une telle chose, tout est bien clair pour lui : le sang me monte aux narines et, pour une fois, ce n’est pas même le mien. Mon âme de scientifique voudrait observer l’eau du fleuve de plus près mais je sais que nous devons avant toutes choses prendre de la distance entre Seth et nous ; il a sans doute d’autres armes de cachées sur le navire. L’avantage d’être un prédateur, c’est qu’il peut nous surprendre à tout moment là où, finalement, notre but n’est devenue que de survivre.

Et autant vous dire que tout semble compromis. A bout de souffle, je nous laisse enfin nous arrêter et nous reposer un temps après être retourné en direction de la ville et avoir mis plusieurs centaines de mètres de distance entre le bateau et nous ; eux et nous ; lui et nous ; le reste du monde et la tablette. “Elle vient d’où ?” Je devrais d’abord demander si elle va bien, je devrais lui demander ce qu’il s’est passé, je devrais lui demander à quoi tout ceci rime mais l’ordre de priorité dans mon cerveau est bien différent. Pourquoi est ce que la tablette avait une telle importance, au point de vouloir kidnapper deux personnes ? Pourquoi est ce qu’il semblait tant la connaître et même, peut être, s’en vouloir, lui, ce bloc de marbre incapable de montrer la moindre émotion ?

« Qu'est-ce que tu fais ici? »
« J'aurais pu te poser la même question, plus tôt cette nuit. »

La langue de Seth claque sur son palais, pas une seule fois par contre je ne sens son regard trouver le mien, pourtant ce n'est pas faute de le fixer depuis une longue minute déjà. Il semble épris de bien plus gros, de bien plus important, lui et son intérêt bercé par ce qu'Auden pourrait dire au fur et à mesure des mots qui passent sous son nez. Dans sa voix, j'ai compris que l'homme avec qui je partage autant ma vie que ma carrière depuis plus de deux ans maintenant piquait, qu'il jalousait, avant de le voir se dérober sa vue à la mienne en un claquement de doigt. Il ne dit rien et il me semble être un autre complètement, il m'apparaît presque inconnu dans la pénombre percée par les quelques éclats de lunes qui se reflète sur sa peau.

Le bateau n'est qu'un vulgaire souvenir illogique de suite, un parmi des dizaines d'autres depuis le début de la soirée. Quand Auden se charge de nous trouver une issue de secours, qu'une arme aide au processus et qu'il empoigne autant ma taille que la tablette, je sais que ce ne sera pas le genre d'histoires qu'on ajoutera à notre palmarès comme étant des récits desquels on se moque, desquels on rigolera autour d'un verre de bourbon en soulignant son retour - enfin - en ville.

Non, et sa question non plus, n'augure rien de bon. “Elle vient d’où ?” la tablette, d'abord, la seule relique qu'il nous reste compte tenu des papyrus brûlés à ma maison à l'autre bout de la ville. Elle vient du même endroit où a été trouvé les fameux vestiges en exposition au musée, elle vient de « Saqqarah. » et il sait, où c'est. Il sait parce qu'il a dû endurer pendant des mois ma fascination pour l'Égypte ancienne, pour sa religion, pour ses légendes, ses mythes - qui en restent, d'ailleurs. « Elle était à même le sarcophage, quand on l'a ouvert et- » j'en peux plus, d'avoir l'attention qui dérive à droite, à gauche. J'en peux plus de constater les dégâts après même les avoir lus, en avoir entendu parler sans même jamais ne les avoir vus de mes yeux.

Tout autour de nous s'attroupent diverses créatures minuscules en taille mais immenses en quantité, silhouettes noires et bleues. Des dizaines de pattes si j'en juge les ombres au tableau qu'elles forment à s''éparpillent sur la plage de sable désormais cramoisi qu'on a décidée de prendre pour refuge le temps de retrouver nos esprits. « Au moins, c'est pas des serpents...   »


WIN : ils arrivent à voir d'où les insectes arrivent et donc peuvent rapidement éviter leur premier essaim
SO CLOSE : la pénombre les empêche de bien voir, pourtant ils choisissent le bon chemin
FAIL : rien n'y fait, et d'ici la fin de la nuit ils auront de quoi se monter un jolii insectarium

Elle est sans doute l’une des rares à comprendre où je veux en venir avec une telle question ; quelques syllabes à peine qui laissent présager un brin de curiosité mal placée quand, justement, cela n’a absolument rien à voir avec de la curiosité mais tout avec quelque chose de bien plus Grand, de bien plus immense. Ca a tout à voir avec une chose qui nous est inquantifiable pour nous, humains. Innommable aussi. Cela nous dépasse et pourtant, on fonce tête baissée en sa direction (ou l’inverse peut être ?). « Saqqarah. » Ce n’est pas là où je veux en venir et même si la situation géographique me donne déjà quelques indices, Ginny sait autant que moi que je demandais quelque chose de bien plus précis encore. « Elle était à même le sarcophage, quand on l'a ouvert et- » Ses yeux dérivent, les miens sont abattus. Elle ne sait peut être pas encore où tout ceci va nous mener alors que je peux déjà lui dire que cela n’a rien de bon. Mes études remontent à loin mais j’ai appris beaucoup, en Europe. J’ai appris beaucoup au sujet de ce dont elle parle, de cette tablette que je tiens fermement contre mes côtes comme si ma vie elle même en dépendait. Ginny va dire que j’ai une trop grande imagination et moi, je n’ai pas envie de lui rétorquer un “tu verras bien” qui ne nous arrangera pas une fois le moment venu.

« Au moins, c'est pas des serpents...   »

Je n’avais pas remarqué la quantité d’insectes désormais amassée autour de nous et m’étais contenté de lancer une main rageuse contre les quelques envahisseurs. Encore une fois, la réalité est bien pire que tout ce que j’aurais pu imaginer. “Les plaies d’Egypte arrivent plus vite que je ne l’aurais cru.” Je lance, songeur, la tête relevée pour en observer la nuée d’insectes. Ce n’est que plus tard que je me rends compte de leur dangerosité et tends ma chemise pour que Ginny puisse l’utiliser comme protection de fortune, le temps pour nous de nous trouver un refuge à travers la ville déserte ; depuis quand Brisbane est déserte ?

WIN - Ils n'ont que quelques blessures légères et finissent par trouver un abri dans un immeuble. Il est temps de s'attaquer à la traduction.
SO CLOSE - Ginny a pas mal de contusions sur ses bras restés dénudés ; rien de bien grave pour le moment mais ils devraient prendre le temps de panser la chose. Plus loin dans la ville, un centre commercial 24/7 devient leur refuge. (hi the mist)
FAIL - Ils ne trouvent aucun refuge et toutes les portes leurs sont fermées. Dans la course folle, Auden fait tomber la tablette (le nul).

Pas de serpents, pas d'araignées, (presque) pas de souvenirs horribles et dégoûtants me rappelant mes cauchemars de gamine. L'ironie d'habiter sur une île noyée des plus pires créatures que la Terre ait pu porter, et de passer une grande partie de mes années à voyager dans des déserts et autres zones à risque d'où les insectes se multiplient et qu'avec eux venaient leurs horribles capacités à ramper, mordre, piquer et j'en passe.

Là sous nos pieds s'étendent des dizaines de milliers de sauterelles, elles qui se précipitent vers la gauche lorsqu'on s'y arrime, elles qui filent vers la droite lorsqu'on la vise. Jamais ma main libre ne quitte celle d'Auden, jamais je ne vais dans un sens si je ne suis pas persuadée qu'il suivra le même. “Les plaies d’Egypte arrivent plus vite que je ne l’aurais cru.” « Dis pas des folies comme ça. » il était un érudit comme moi, avant. Il a lu les mêmes récits, a décortiqué les mêmes nouvelles, il a appris les mêmes histoires et a su démystifier le vrai du faux à travers les mêmes livres et les mêmes enseignements que moi. Pourquoi est-il si rapide à parler de telles plaies, quand au final la coïncidence est presque logique? « Les rives sont pleines de corps d'animaux. C'était sûr que les insectes s'y attaqueraient. » ils s'attaquent aux cadavres oui, mais également à ma peau dévoilée, peau qu'il cache de sa chemise la seconde suivante sans que cela n'ait l'effet escompté. La nuée d'insectes s'envole et avec elle viennent les brûlures et les morsures, mon corps en entier comme cible pour eux.

Et elle est vitale, la course. Elle l'est autant que de trouver refuge où que ce soit, lorsque mes yeux trouvent sans la moindre équivoque l'affiche d'un supermarché à demi-illuminée. Il comprend aussi vite que moi que l'endroit est une évidence. Et quand finalement nos deux silhouettes y trouvent un abri, c'est de peine et de misère, mes mains tremblantes sous la douleur, que je tire meubles et chaises contre la porte pour en bloquer qui que ce soit, quoi que ce soit d'entrer. Sommes-nous en sécurité?

WIN : personne d'autre qu'eux au supermarché, cue saxophone
SO CLOSE : quelqu'un se cache ici, mais il faudra tirer le dé pour connaître ses intentions
FAIL : ohohohohoho apparemment une issue laisse entrer les sauterelles par la ventilation

« Dis pas des folies comme ça. »

Je lui aurais décoché un regard noir, si nous n’étions pas déjà en train de courir, à lutter contre des bestioles de merde ou même à en écraser d’autres sur notre chemin. Je lui aurais décoché un noir de jais, je le jure, si je n’étais pas présentement occupé à tenter de nous sauver la vie ou quelque chose qui s’en rapproche. « Les rives sont pleines de corps d'animaux. C'était sûr que les insectes s'y attaqueraient. » On avance recroquevillé mais cela ne change finalement pas grand chose pour les insectes qui arrivent par essaim entiers, nous attaquant comme si nous n’étions rien. Je regrette peut être bien l’Europe, finalement, à y repenser. “Parce que c’est sûr que des animaux qui dérivent dans la rivière, y’a rien de plus normal.” Je hurle plus fort que le bourdonnement des insectes, je me moque de sa naïveté autant que du fait qu’elle, elle se moque tout autant de moi. Les plaies n’arrivent peut être pas dans le bon ordre mais n’en reste pas moins que notre quotidien ne va que devenir de plus en plus pire ; jusqu’à que nous n’ayions plus rien pour quoi nous battre.

Le commerce apparaît comme un oasis au milieu du désert - la comparaison est à chier, au vue du contexte, mais au moins vous comprenez. Une fois à l’intérieur elle barricade l’entrée alors que je balaye l’endroit du regard pour m’assurer que nous sommes seuls. Je repose la tablette sur le meuble avant de m’accroupir devant elle pour jauger la gravité de ses plaies. Il n’y a rien d’urgent à la seconde mais on ne peut prendre le risque que cela s’infecte, raison pour laquelle je lui confie l’artefact en même temps que je lui intime de me suivre à travers les rayons, jusqu’à celui de la pharmacie - où tout est bon à prendre. Tout. Un moustique se retrouve écrasé de mon poing contre une bouteille et me fait relever la tête pour constater avec terreur qu’ils ont une fois de plus trouvé le moyen d’entrer. “La salle du personnel.” On prend tous les sens interdit, on entre dans tous les défense d’entrer. On brise toutes les règles qui avaient pu l’être, simplement pour trouver un refuge et reprendre notre souffle. Quelques secondes, quelques minutes, ce sera toujours mieux que rien et cette fois-ci c’est à mon tour de combler l’espace sous la porte avec tout ce qui me tombe sous la main pour ainsi m’assurer que l’essaim ne risque pas de s’en prendre à nous - à elle. “Tu sais la traduire ?” Même si la tablette est présentement reléguée à la seconde place de mes priorités, c’est à elle que je donne une raison de s’occuper et se sentir utile alors que je viens m’asseoir devant, lui intimant d’en faire de même, le temps pour moi de désinfecter ses plaies et les bander. Ironiquement, elle va ressembler à une momie.

WIN - Elle a le temps de traduire tout ce qu'elle connaît et lui de s'occuper de ses plaies.
SO CLOSE - Au tour des grenouilles de s'abattre sur la ville ; elles dont le poids accumulé ne donne pas cher de la peau du toit en plexiglas du lieu où ils se sont réfugié. Quelle idée de merde, aussi, de pas tous habiter dans des bunker.
FAIL - Elle n'arrive pas à se calmer assez pour traduire et oops, il doit trouver un moyen de le faire (tu sais ce qu'il fait, fais pas genre).

Même si mes bras me brûlent et me triturent, ma seule et unique priorité reste de soigner son pouce et ses quelques plaies. Il ne montre rien Auden, il ravale tout, et entre les attaques, la course, les coups, le bateau et j'en passe, il reste aussi stoïque avec moi qu'il l'était dans mes nombreux souvenirs le mettant en vedette. Je n'arrive pas à réaliser qu'il est bel et bien rentré.

“Parce que c’est sûr que des animaux qui dérivent dans la rivière, y’a rien de plus normal.”
« Il y a une explication, il y en a toujours une. »

Et il y en a également une au sujet de son retour ici, maintenant, sur l'île. Il n'est pas revenu pour rien et si sa question reste évidemment en suspens dans ma tête depuis qu'il l'a posée, ce serait mentir de dire que je ne pense pas que d'autres raisons se cachent derrière son arrivée inopinée au pays. Et s'il en savait plus que moi sur le sujet? Et si, comme Seth, il me semblait impliqué de bien plus proche que je ne l'aurais cru?

“La salle du personnel.” de dehors, les attaques se faufilent à l'intérieur, ne nous laissant que peu de temps pour reprendre notre souffle avant que la seconde salve remonte en attaque. Quand bien même les issues semblent gorgées de sauterelles, c'est dans un soupir aussi rassuré que possible que je découvre le cocon de tranquillité qu'il nous réserve le temps de reprendre des forces. Docile, je m'installe là où il m'invite à le faire. “Tu sais la traduire ?” « Oui, oui, bien sûr. » la réponse vient vite, trop avant que je ne glisse un doigt sous les lettres et symboles, que ma vue se brouille, que mes sens brûlent.

« J'y arrive pas. » et pourtant je sais, que je sais.
« Je sais pas pourquoi on dirait que rien ne fait de sens et juste je - » et juste je perds le souffle. Et juste, je sens mon corps secoué de tremblements, même corps qu'il immobilise d'un geste un seul en trouvant mes lèvres des siennes. Il coupe toute possibilité à une potentielle ration d'oxygène de remonter à mes esprits, pourtant c'est lui qui semble être une véritable bouffée d'air lorsque mes mains chancelantes se calent derrière sa nuque, que mes doigts angoissés se calment contre sa peau.

Tout va, un temps, un peu. Jusqu'à la prochaine distraction, prenant ici la forme d'un craquement beaucoup trop proche et bruyant pour que ce ne soit pas louche.


WIN - ils attrapent de justesse la tablette avant qu'on la leur dérobe, on voulant dire n'importe quelle créature étrange errant dans les parages
SO CLOSE  - la tablette n'est plus, lorsqu'ils se détachent l'un de l'autre elle a disparue
FAIL - la tablette tombe avec fracas au sol, une partie est abîmée dans l'élan

La question n’était là que pour la rassurer mais ce n’est finalement absolument pas l’effet qu’elle produit, tant et si bien que je m’applique le plus doucement du monde à désinfecter chacune de ses plaies avant de les enrouler dans le bandage, ni trop lâche ni trop serré. « Oui, oui, bien sûr. » La tablette entre ses mains ne semble pas prendre de sens pour elle, quand bien même je sais que nos études ont strictement été les mêmes et que de nous deux, la traduction a toujours bien plus été son domaine. Elle a cependant toujours manqué de confiance en elle, chose qui ne semble pas avoir changé avec le temps et que les événements récents n’ont pu que exacerber. « J'y arrive pas. » Mes yeux remontent dans les siens sans un mot et observent ses premières réactions, en même temps que mes doigts glissent doucement par dessus son bandage dans le but de la rassurer.

« Je sais pas pourquoi on dirait que rien ne fait de sens et juste je - »

J’ai pensé à d’autres réponses à lui donner, j’ai pensé à des infinités de choses à faire pour la rassurer. Pourtant, lorsque son corps tremble et qu’elle hésite c’est justement le seul instant où tout semble naturel pour ma part et que je n’hésite plus le moins du monde, gommant l’espace entre nous. Mes lèvres retrouvent les siennes pour la seconde fois ce soir, il n’y a cette fois ci plus qu’une seule de mes mains qui remonte jusqu’à ses joues que je caresse doucement. Le baiser a cette fois-ci le temps d’exister pour un court instant, mon propre coeur a le temps de s’emballer, agissant à l’inverse parfait de ce que je souhaite pour elle. Je retiens une seconde sa tête contre ma nuque pour la rassurer, preuve muette qu’elle reste à jamais ma seule priorité, malgré tout le reste. "C'est pas ce qui importe. Je sais que tu peux le traduire."

L’instant d’après un craquement attire mon attention alors que j’ouvre de grands yeux étonnés face à la scène se déroulant sous mes yeux ; celle d’une grenouille infiniment plus grande que la normale et ayant attrapé la tablette du bout de sa langue gluante pour la faire passer à travers l’entrebaîllement de la vitre. Mes mains claquent dans le vide alors que j’essaye de l’attraper et, finalement, c’est mon fusil que j’attrape.

WIN - Il arrive à tirer aussitôt sur l’animal et, sous le choc, elle relâche la tablette.
SO CLOSE - Il lui tire dessus et la blesse : elle devient aisée à suivre à cause des tâches de sang.
FAIL - Il lui tire dessus mais cela ne fait que l’enrager ; l’horrible animal tente maintenant de s’en prendre à eux.

Pendant une seconde une seule, c'est comme si on était de retour à l'avant-Guerre. C'est comme si on était tous les deux postés en bordure de l'aéroport militaire, tout juste avant qu'il ne quitte le pays, tout juste après que j'ai été sotte, ingrate au point de lui dire les mots qu'on s'était toujours proscrits. C'était idiot de penser qu'ils le feraient rester, comme c'était ridicule d'avoir attendu aussi longtemps avant d'être assez forte pour le lui avouer.

"C'est pas ce qui importe. Je sais que tu peux le traduire." à ma tête qui se cache contre sa nuque s'ajoutent mes doigts qui la quittent pour retrouver sa main blessée, posée à ma gauche. Avec toute la délicatesse du monde, c'est à mon tour de m'y attarder, cassant un crayon sur une pile d'ordonnances et finir par user des bandages restants pour l'y entourer, comme un genre d'attèle à tuteur, de manière à garder son pouce blessé soutenu. « À tous les jours j'espérais que tu reviennes. » pour l'une des premières fois cette nuit, lorsque mes mots transmettent exactement mes pensées, je ne baisse pas le regard ni ne me retrouve pas déstabilisée. Si j'avais cru en qui que ce soit là-haut, j'aurais même prié bon nombre de fois.

Le supermarché et la pharmacie étaient calmes, trop calmes. Ils le sont bien moins lorsqu'on réalise qu'une grenouille beaucoup plus large que ses homologues s'est emparée de la précieuse tablette, vecteur de tous nos maux. Elle l'emporte avec elle quand je bondis de mon siège, Auden à ma suite. Lui, il a l'arme à la dégaine facile ; son coup immobilise l'animal une seconde, atteint, avant qu'il ne reprenne sa course un peu plus lentement, pourtant toujours en tête. Mes bras bandés ne me font plus du tout le moindre mal, tant l'adrénaline de la course a repris toute la place entre mes veines. Les couloirs du centre commercial sont vides, mal éclairés et sinueux. Pourtant on la voit droite devant nous, peinant à avancer mais encore trop loin pour qu'on risque une nouvelle fois de la laisser filer.

« Apprends-moi. » mes mots volent vers lui, mais mes prunelles n'ont pas lâché leur cible. Dans ma main libre, j'attrape le fusil qu'il m'a déléguée sur le bateau, ce qui semble être arrivé il y a une vie déjà. Une grenouille, une tablette, et tout autant de mystères encore incompréhensibles. Mais il y a une explication, il y en a toujours une.


WIN - elle vise direct, c'est l'ovation, la grenouille gît au sol et la tablette est à eux ; mais pour combien de temps?
SO CLOSE - vise à côté mais relativement proche, assez pour que la grenouille ralentisse considérablement dans sa course
FAIL - au moins sa maladresse a permis à la balle perdue de faire éclater la vitrine d'un magasin de bonbons ; y'a piiiiire