Je la garde égoïstement près de moi alors qu’on entend l’essaim dehors et que dedans, c’est un animal d’un nouveau genre qui devient notre cible à abattre. Elle sent la vanille et elle sent tout une infinité de choses qui m’avaient manqué sans que jamais je ne veuille me l’avouer. J’ai envie de tout laisser tomber et d’abandonner ce jeu qui ne me plaît pas, parce que je n’en ai rien à faire que de savoir si on subit trois, quatre ou une infinité de Plaies d’Egypte sur notre foutue île qui est à l’opposé du globe. Elle est la seule qui compte, la seule dont des mots attentionnés puissent faire autant mal aussi. « À tous les jours j'espérais que tu reviennes. » Je suis incapable de répondre quoi que ce soit, de toute façon.

***

Les étalages du magasin deviennent notre terrain de chasse alors qu’on suit le liquide visqueux qui ne ressemble qu’à moitié à du sang. Quelque chose ne tourne pas rond avec cet animal, bien au delà du simple fait qu’il soit bien plus grand qu’il ne le devrait. Nous n’avons pourtant pas le temps de nous interroger sur quoi que ce soit alors que j’enrage déjà d’avoir raté mon premier coup, même si l’animal est touché. Je me préparais à retenter alors que Ginny s’interpose rapidement et s’impose par la même occasion. « Apprends-moi. » Un fusil se retrouve entre ses mains et je le lui cale contre l’épaule, retirant le cran de sûreté et plaçant son index sur la gâchette. Sans un mot, je lui pointe le viseur. Il n’y a rien de complexe finalement et je sais qu’elle aurait pu s’en sortir sans jamais avoir à demander mon aide, peu importe qu’elle clame le contraire. Le coup qu’elle porte à l’animal me le confirme, même s’il ne l’achève pas.

Je lui adresse un regard fier et entendu avant de reprendre la course contre l’animal qui cherche à s’extirper du magasin quand, justement, cela nous est impossible à cause des insectes. Elle est belle, en femme forte, son arme à la main.

WIN - azy stp laisse nous un win le dé là, comme ça Ginny peut donner le coup de grâce à la grenouille zinzin
SO CLOSE - bon ok si c'est Auden qui y arrive ça marche aussi
FAIL - reaaaaally ? Du coup, ils continuent la course poursuite et ça se corse : elle est en train de grimper au mur pour tenter de s'enfuir du bâtiment

Le premier coup part mais ne l'atteint pas, le deuxième par contre est une véritable réussite. D'un souffle qui quitte prestement mes lèvres, je sais qu'on a bel et bien fini par gagner une bonne poignée de minutes qui nous seront vitales si on souhaite réussir à enfin en savoir plus sur la trame de fond complètement irréelle qui se dresse depuis le tout début de la nuit. Depuis que le sarcophage est ouvert plutôt, Ginny.

J'aurais jamais pensé qu'un voyage en terre ancienne se répercuterait ainsi. J'aurais jamais cru que mes yeux se poseraient sur une grenouille beaucoup trop large en taille, sur une tablette de marbre aux inscriptions gravées qui semblent faire autant de sens qu'être improbables non plus. Et surtout, surtout, je n'aurais jamais cru pouvoir vivre tout ça avec lui à mes côtés, de nouveau. « Il faut s'assurer que personne d'autre n'est proche, j'ai l'impression qu'elle n'est pas la seule qui veut nous dérober ça. » que je chuchote à son oreille, m'y hissant une seconde avant de finir par me pencher à la hauteur de l'animal pour récupérer la tablette, parfaitement intacte.

Le temps qu'Auden se charge de faire le guet, je m'installe sur un banc à proximité, oubliant le reste du monde le temps de ramener mes jambes en tailleur, d'attacher mes couettes en un chignon qui n'en a que le nom. Mes vêtements puent la terre, la boue, le sang et les flammes, une inspiration nouvelle ne fait que me le confirmer un peu mieux. Puis, mes yeux se rivent sur la plaque aux inscriptions mystérieuses, le temps qu'il faudra pour me permettre d'arriver à y voir quelque chose de plus que tout à l'heure.

C'est qu'il est tout en symboles, l'artéfact. Les souvenirs de l'ouverture du sarcophage se multiplient dans ma tête, avec eux viennent en mémoire les regards qu'on a pu tous et toutes se partager lorsque les tombeaux ont fini par être découverts, que l'un d'eux s'est ouvert dans un grincement poussiéreux qui n'augurait rien de bon. Si seulement on avait su à ce moment-là. Su quoi, Ginny? Qu'on finirait la nuit en étant tous et toutes maudits.

WIN - nerd-inny being nerd, elle arrive à lire une bonne partie du début de la prophétie, en sachant automatiquement déjà bien plus sur la suite de leurs aventures
SO CLOSE - (JE DONNE TOUT MÊME SI JE VEUX UN WIN) les premiers mots sont faciles à traduire, les suivants se corsent, elle aurait bien besoin d'un massage de nuque pour s'aider dans sa traduction épuisante #sendhelp
FAIL - finalement elle aurait peut-être dû choisir une carrière plus sympa genre vendeuse de glaces ou instabae

La grenouille est à terre mais je reste aux aguets, certain que nous n’en sommes pas au bout de nos peines et que ce n’est pour nous que le début de ce qui, ironiquement, est la fin. Elle a réussi à tirer sur la grenouille dès le second coup, elle l’a eu dans le mille et l’a immobilisé aussitôt, nous assurant ainsi la possession de la tablette une fois de plus. Ginny prend les devants et est la première à dérober l’artefact de l’animal alors que mon regard, lui, est bien plus occupé à décortiquer la moindre de ses réactions pour s’assurer qu’elle aille bien. Je ne décèle aucun doute, aucune tremblement. C’est pour moi la preuve que la Ginny que je connaissais est désormais bien loin. Les enfants que nous étions ne sont plus que des souvenirs au fond de notre cerveau, ils ont fait place à des adultes qui n’ont le temps de rien. Nous avons un instant de répit pour la première fois depuis longtemps mais aucun ne reprend la discussion de la demande en mariage là où elle s’était arrêtée. Personne ne le veut sans doute, pour des raisons différentes.

Elle prend le lead un instant sans que je ne cherche à l’en empêcher. « Il faut s'assurer que personne d'autre n'est proche, j'ai l'impression qu'elle n'est pas la seule qui veut nous dérober ça. » J’hoche la tête tout en lui faisant une confiance aveugle, la carabine passant de ses mains aux miennes, elle qui se coince parfaitement dans le creux de mon épaule pour m’assurer une protection constant. Je reste vigilant au moindre bruit, au moindre changement quand elle, elle s’occupe de traduire et déchiffrer ce qui peut bien nous attendre encore. Une part de moi n’a ceci dit pas envie de rien savoir, si jamais vous vous posez la question. Je voudrais qu’on trouve un avion pour partir d’ici, voilà tout ce que je désire en cet instant alors que je reste en retrait derrière elle, mes iris vacillant entre sa silhouette et le reste du bâtiment.

Sa traduction semble prendre forme relativement vite, je vois ses lèvres s’agiter et ses yeux virevolter, signe qu’elle sonde les souvenirs de ce qu’elle a pu apprendre au cours de sa vie. Mon attention baisse un temps, le fusil avec. J’esquisse un pas en sa direction et vient poser ma main contre sa nuque comme si c’était la chose la plus naturelle qui soit, mon pouce caressant doucement sa peau, peu importe la douleur qu’un geste aussi simple me procure. “C’est le hiéroglyphe de l’enfant. Il est très peu utilisé dans ce sens, généralement.” Je pointe ses blancs, y ajoute ma patte, avance avec elle. Mon souffle reprend un rythme normal, je m’assure de mes deux doigts appuyés contre son cou qu’il en est de même pour elle. La vie reprend son rythme pour quelques secondes, quelques minutes. “Tu devrais dormir. Je prends le premier tour de garde.” Le soleil va bientôt se lever, j’imagine, mais nous avons besoin de prendre des forces alors que les blessures s’accumulent déjà.

WIN - Auden being Auden il est curieux de la grenouille et ne peut s’empêcher d’aller la toucher.
SO CLOSE - Ginny glisse sur une flaque au sol et touche la grenouille, oupsie.
FAIL - Okay ça va, ça va, personne touche rien et tout va bien dans le meilleur des mondes. Sauf le pseudo-calme (si on oublie l’essaim) désormais troublé par les grenouilles venant se jeter contre les vitres. Au moins, elles résistent.

Les écritures se lisent bien plus facilement maintenant que la course contre la montre semble avoir été ralentie. Le monde est en suspens, et si ce n'est les grattements des sauterelles qu'on entend se précipiter à travers les toits sans jamais les voir en sortir, ou le bourdonnement des ailes qu'elles battent hors de l'immeuble, tout semblerait être véritablement normal. Mes yeux qui s'arrachent sur des traductions improbables, Auden qui erre aux alentours sans jamais arriver à rester calme, rester immobile plus de cinq secondes.

“C’est le hiéroglyphe de l’enfant. Il est très peu utilisé dans ce sens, généralement.” « Merci. » j'ignore si mes remerciements vont à ses ajouts là où ma compréhension se faisait la vie dure, ou s'ils s'adressent aux doigts qu'il ancre le plus doucement du monde à ma nuque malgré leurs blessures. L'une de mes mains y remontent, index et pouce s'enlacent délicatement aux siens, j'y reste autant de temps qu'il m'y laissera avant que sa voix ne s'élève de nouveau dans le silence hallucinant d'acouphène des couloirs qui nous entourent. “Tu devrais dormir. Je prends le premier tour de garde.” un soupir, et un suivant. Une bonne partie du début des inscriptions sur la tablette est traduite, je sais autant que lui que de gratter quelques heures de sommeil ne me ferait que le plus grand bien.

Pourtant.
« Je suis pas fatiguée. Toi? »

À nouveau, ce sont les mêmes mots que je pense qui finissent par franchir mes lèvres. « J'ai changé, tu as changé aussi. » ce sont eux et eux seuls qui mènent la danse, quand je me décale sur le banc pour lui faire un place. Je ne dormirai peut-être pas et je serais prête à parier que lui non plus n'en a pas envie, pourtant s'il peut se reposer les jambes et si je peux caler ma tête contre son épaule, ce sera au moins ça de pris. « Et j'ai peur que tu aies posé la question pour l'ancienne Ginny, pas pour celle que je suis aujourd'hui.  » ils défilent et ils déferlent, les peurs et les craintes, comme si le moindre filtre s'était envolé au même titre que les essaims d'insectes font la même, dehors. « Demain, quand tu sauras la différence, je veux que tu me le redemandes si tu en as toujours envie. » demain, si on survit.

Pour l'heure, demain est loin. Quand mon front quitte son cou, ce n'est que pour se poser sur le sien, pour lui rendre la pareille alors que jamais il n'a tenu de comptes et moi non plus. Deux baisers viennent de lui, un vient maintenant de moi, mes lèvres se pressant sur les siennes d'abord doucement, si dociles. Ce n'est qu'une seconde et une infinité d'autres ensuite que l'étreinte prend un peu plus en intensité, qu'à elle s'ajoute mes mains qui se veulent elles aussi exploratrices. Au moins cette fois-ci, à passer sous ses vêtements de plus en plus en lambeaux, elles ne seront pas à même de réveiller une nouvelle momie ou pire, de lancer une nouvelle malédiction.



WIN - les grenouilles continuent de faire leur vie contre les fenêtres, mais eux, ils n'en ont absolument rien à faire sivousvoyezcequejeveuxdire
SO CLOSE - les grenouilles continuent de faire leur vie contre les fenêtres, mais eux, ils n'en ont absolument rien à faire sivousvoyezcequejeveuxdire
FAIL - les grenouilles continuent de faire leur vie contre les fenêtres, mais eux, ils n'en ont absolument rien à faire sivousvoyezcequejeveuxdire

J'aurais dû me douter de la réponse qu'elle allait me donner, sans doute. Au fond de moi je m'y attendais bien plus que je ne l'avouerai. « Je suis pas fatiguée. Toi? » Ses paroles me soulagent autant qu'elles m'agacent. Je ne voulais pas la laisser dormir et je ne veux pas non plus qu'elle continue inutilement à perdre des forces alors que la journée a été infiniment éprouvante pour elle. "Nop." On ment, on ne sait faire que ça.

Mes yeux restent posés sur la tablette sans que je ne puisse plus y penser. Mon esprit est déjà bien loin, lui, et sa peau est bien plus douce que tout ce que j'ai pu toucher jusqu'alors. « J'ai changé, tu as changé aussi. » L'espace qu'elle laisse à ses côtés sur le banc me sert de refuge à moi aussi quand je n'ai même plus ni la force ni l'envie de râler ou le refuser. Elle sait autant que moi à quel point on a besoin de repos et de temps et ce peu importe sa forme. On a changé et alors ? Le monde a changé, lui aussi. Le reste de la planète a changé. « Et j'ai peur que tu aies posé la question pour l'ancienne Ginny, pas pour celle que je suis aujourd'hui.  » Ses mots sont aussi compréhensibles qu'ils ne font aucun sens à mes yeux, si bien que ma réponse ne tarde pas alors que mes doigts de sont déjà enroulés autour des siens, territoriaux et épris. "Ancienne ou nouvelle, ça ne change absolument rien." Elle a changé et peu importe, à mes yeux ce ne sera jamais un argument suffisant pour changer le moindre de mes sentiments ou de mes pensées à son égard. « Demain, quand tu sauras la différence, je veux que tu me le redemandes si tu en as toujours envie. » J'aurais voulu rétorquer quelque chose, je le jure.

Ce ne sont que des lèvres sur les miennes qui m'en empêchent en même temps que mes doigts remontent dans sa chevelure pour s'y perdre. Ce sont des gestes que je n'ai fait qu'imaginer, avant, mais qu'on a l'impression d'avoir répété des dizaines de milliers de fois, aujourd'hui. Nos souffles se mêlent pour la première fois depuis toujours alors que je viens déloger la tablette de ses genoux pour la poser près de nous, répondant d'abord docilement aux demandes de ses mains avant de répéter les mêmes gestes à mon tour. Ma paume caresse ses doigts posés sur mon épiderme et mes lèvres dérivent vers la commissure de ses lèvres puis sa joue avant d'inévitablement venir quérir les siennes une fois de plus, une fois de moins. "Ginny …

WIN - … épouse moi."
SO CLOSE - ... t'as un insecte dans les cheveux."
FAIL - … on devrait pas. J'ai vu ta bague."

Une pause, une toute petite pause. Le temps de retrouver notre souffle, le temps de réaliser ce qui se passe - tout ce qui se passe. Ce qui se passe depuis que la maudit sarcophage est ouvert, ce qui se passe depuis que je suis tombée nez à nez avec le papyrus le plus complexe qu'il m'ait été donné de traduire depuis le tout début de ma carrière. Le temps de réaliser qu'une partie de la maison dans laquelle j'ai grandi a péris dans les flammes ce soir, le temps de réaliser que l'homme auprès de qui je me réveille matin et soir depuis un long moment déjà ne semble pas être tout à fait celui qu'il prétendait jadis être.

"Ancienne ou nouvelle, ça ne change absolument rien."
« Demain, quand tu sauras la différence, je veux que tu me le redemandes si tu en as toujours envie. »

Nous non plus, nous ne sommes pas ce qu'on était avant. Il n'est plus l'adolescent casse-cou qui sautait d'arbre en arbre pour prouver un point qu'il avait déjà oublié entre deux cascades. Je ne suis plus la gamine aux yeux brillants qui passait ses nuits à observer les étoiles en leur inventant des noms, des histoires, des symboliques. Quand il est parti à l'armée j'ai cru le perdre ; c'est là où Seth est entré en jeu. C'est là où il m'a dédiée une place dans son équipe de chercheurs, c'est à ce moment précis qu'il a pris toute la place pour m'occuper, m'empêcher de penser à une quelconque fatalité attendant Auden sur le champ de bataille. J'ai grandi, lui aussi, et aujourd'hui j'ignore si je suis véritablement ce qu'il cherche, ce qu'il veut.

Peut-être que oui, au final. Ses lèvres s'ancrent aux miennes, la tablette est bien loin dans mes pensées, tout comme le sont les malédictions et autres plaies qu'il pointe du doigt en y croyant et que je tente au mieux d'expliquer en attendant de trouver mieux, plus réaliste. Mon souffle se casse sur sa peau, la mienne est tatouée de ses doigts qui la découvrent, qui la chérissent presqu'autant que mes baisers chérissent la sienne. "Ginny … épouse moi." entre deux soubresauts, entre deux étreintes. Entre ma silhouette qui est passée sur ses cuisses et celle d'Auden qui resserre l'étreinte sans jamais détourner son regard du mien.

Un baiser de plus, un sourire avec. Il sait déjà la réponse, il n'aurait même pas eu besoin de poser la question pour la connaître. Oui, bien sûr que oui qu'elle concède, ma tête, hochant de la positive entre deux nouvelles salves d'amour.


WIN : « Je t'aime. »
SO CLOSE : « Tu veux juste de me déconcentrer pour voler la tablette. »
FAIL : « Si je dis oui, tu vas écrire mon nom dans le ciel? »

"Ginny … épouse moi."

Cette demande est toute aussi évidente que le moment de complicité qu’on partage enfin, nos deux corps liés, les plaies et les blessures n’étant finalement qu’un mauvais souvenir parmi tous ceux qui peuplent notre interminable journée. Mon corps ne cesse de chercher à se rapproche du sien, encore et toujours, quand mes lèvres découvrent et recouvrent chaque parcelle de son corps pour l’empêcher d’avoir froid, pour l'empêcher d’avoir peur. Dehors le monde court à sa perte ; dedans, nous, on ne fait que se découvrir un peu plus, franchissant à chaque instant un peu plus de nos anciennes limites, abattant des barrières et des obstacles qui n’auraient jamais dû être. Sa tête se secoue pour mimer la positive, je ne réponds à mon tour qu’en l’embrassant un peu plus encore, mes doigts se perdant au milieu de sa chair d’où ne restent finalement que quelques traces de leur passage.

« Si je dis oui, tu vas écrire mon nom dans le ciel? »[/color]

J’esquisse un sourire amusé alors que mes dents cessent de mordiller sa clavicule et mes lèvres d’embrasser le même endroit. Mes doigts dégagent des mèches de ses cheveux collées de sang, de sable et de sueur. Brisbane que nous connaissions semble désormais bien loin de nous, aujourd’hui, et cela ne m’empêche pas de relever un sourire en sa direction. Peu importe ce qui se passe à l’extérieur de ces murs, elle est et reste ma seule priorité, elle est et reste la seule qui importe plus que ma propre vie. “Si tu dis non, c’est certain qu’il n’y sera pas.” Mais elle a déjà statué sa réponse, n’est ce pas ? Mes dents reviennent mordiller sa lippe dans un geste qui n’a rien de farouche, rien de sauvage non plus. Mes yeux ne quittent pas les siens et, finalement, ce sont mes doigts qui pressent doucement son dos pour lui intime de se rapprocher un peu plus de moi, torse contre poitrine. “Et pour ta gouverne, si ne compte pas comme une réponse.” Exigeant que je suis.

Et Seth n'existe plus. Et la fin du monde n'existe plus. Et son pouce blessé que je voudrais tant réparer lui d'un coup de baguette magique, il existe au creux de mes mèches qu'il emmêlent pour mieux s'y glisser. Il y a des années de non dits dans les baisers qui se multiplient, il y a tellement de secrets qu'on ne s'est jamais dits qui finissent par revenir au fur et à mesure que mes lèvres chassent les siennes. Il se fait miroir, mes prunelles s'accrochent au regard parfois marron parfois noir qu'il me renvoie.

Les souvenirs se mélangent au fur et à mesure de ses pseudos attaques qu'il excuse d'un baiser. C'est ma mémoire qui se charge de tenir le fil du reste quand au fil de ses mains et des miennes qui découvrent et se jouent désormais plus en confiance les unes les autres. Dehors, c'est la fin du monde et à l'intérieur, c'est le début du nôtre. La comparaison aussi clichée que possible m'arrache un rire, ou alors c'est la faute de ses dents qu'il égare de ça et de là ma nuque. Elles qui tracent leur chemin sans laisser la moindre marque, elles qui provoquent de nouveaux frissons le long de ma colonne vertébrale.

Il la pose de nouveau, la question. Il la souffle, assez pour que mes membres en tremblent, assez pour que je l'embrasse à travers ma réponse. Il y a la verbale et il y a la physique, sa silhouette se confondant avec la mienne rendant la suite aussi précise que salvatrice.  

“Si tu dis non, c’est certain qu’il n’y sera pas.” il parle comme si la réponse n'était pas évidente. Il parle comme si son retour n'avait pas tout changé. Il parle comme si je n'avais pas continué à l'aimer nuit et jour, même après qu'on m'ait dit qu'il était bel et bien mort au combat. Il parle comme si je n'avais pas refusé la demande en mariage de Seth il y a quelques mois, prétextant un besoin de temps, un besoin d'y voir plus clair, un besoin d'autre chose plutôt, désormais si nécessaire. Il parle comme s'il n'y avait pas que lui, et pourtant, ce n'est que lui que je vois. “Et pour ta gouverne, si ne compte pas comme une réponse.”

WIN : « Je t'aime. Ça compte pour une réponse, ça? »
SO CLOSE : « Si si si si siiiii. »
FAIL : « Auden y'a quelqu'un derrière toi. »