Je jubile sur place. J’ai un casque sur les oreilles et me prépare doucement à retrouver Geo. Je suis contente de savoir qu’il est sur Brisbane. Et apparemment il compte y rester un petit moment. Je chante à tue-tête lorsque Knox fait apparaitre sa tête, à moitié réveillé, de la porte de sa chambre « Babe, ferme-la s’il te plait ». Je ne l’entends pas évidemment avec ma musique sur les oreilles. Il me balance alors son coussin. Il me fait signe de me taire ce à quoi je réponds par un doigt d’honneur en chantant encore plus fort. Il claque sa porte et retourne dans les bras de je ne sais qui. Je prends mon petit déjeuner, m’installant confortablement sur mon canapé, profitant de la vue imprenable que les baies vitrées me permettent d’admirer depuis celui-ci. Je mange tranquillement, je sais que Geo doit venir me chercher à dix heures tapantes. Nous ne nous sommes pas revus depuis le Mexique. Soit cinq ans en arrière. La dernière discussion que nous avions eu en face à face a été houleuse. J’ai appris qu’il me suivait sur la demande de mon père. Cette filature a duré un mois, sans que je ne m’en rende réellement compte. Il a tenté de se faire l’avocat du diable, essayant de m’expliquer que, si je restais sur cette amertume envers mon père, j’allais finir par me fermer contre une huitre et devenir comme lui… Solitaire. Ses paroles n’ont pas eu l’effet escompté sur moi. Je suis restée sur mes positions et je n’ai jamais adressé la parole à mon père depuis. Si ce n’est pour des formalités du style bon anniversaire. Rien de plus, rien de moins, je ne lui ai pas parlé de ma rencontre avec Geo au Mexique. Il en était hors de question. Tout comme je me suis bien gardée de lui dire que j’ai gardé contact avec son proche ami. En effet, il y a de cela cinq ans, cette même conversation s’était terminée d’une manière assez inattendue. Après m’être défoulée sur Geo, qui s’en est pris plein la figure, ce dernier m’a donné son numéro de téléphone. Il m’a promis d’être toujours là au moindre besoin de ma part. Je me suis rendue compte alors, à ce moment-là, quelqu’un de loyal et en qui on pouvait avoir confiance. Je l’ai appelé comme promis à mon arrivée à New York. Et à partir de là, plusieurs échanges ont eu lieu. Que ce soit par message, appel ou même par carte postale. Car oui, lorsque je suis rentrée en Australie, Geo a tenu à continuer à me faire voyager à travers les siens. Et comme il est plus de l’ancien temps que du nouveau, il a choisi de correspondre avec moi aussi par écrit. Ce qui, même si je m’en moque souvent, ne m’a pas déplu au fond, passionnée d’écrits en tout genre que je suis. Mais, le plus important au fond, c’est que je suis rendue compte qu’avec le temps, il n’a jamais failli. Il a toujours été présent, sans exception pour moi. Il avait fait tant de choses en cinq ans par rapport à mon père en quinze ans… Je me souvenais encore de notre appel lorsque je lui ai annoncé ma rupture avec Lukas… Il le connaissait un peu et m’avait dit que cela ne l’étonnait pas qu’un type pareil me laisse de la sorte, qu’il n’était pas digne de moi, que je méritais bien mieux…. Je rêve, me perdant dans mes pensées, ressassant tout ça alors que mon téléphone sonne. Il me dit qu’il est en bas. Je range tout à la hâte dans le lave-vaisselle et sort de l’appartement.
Une journée d’hiver habituelle à Brisbane, il fait frais en ce dimanche matin. Je me suis vêtue d’un jean avec une paire de bottes, un petit pull et une veste en cuir. « Attends, sérieux ? ». Mon regard et mon index se fixent sur la moto de Geo « On va faire un tour là-dessus ? ». En fait, je suis surexcitée à cette idée. Il descend de celle-ci, cela faisait longtemps que je ne l’avais pas vu en vrai et je me retrouve figée quelques instants sur place. On s’appelait en visio (je lui ai fait découvrir cela il était ravi) mais là, ce n’était pas pareil. Cinq ans se sont écoulés. J’hésite un instant puis finalement je m’approche pour lui offrir une étreinte « Je suis contente de te voir ». Il représentait beaucoup pour moi désormais. Pourtant, jamais nous ne nous le sommes avoué mutuellement. On restait un peu réservé sur ce point. Par contre, pour nous gueuler dessus, là nous sommes autant lui que moi au rendez-vous et très expressif. Le sourire aux lèvres, je l’observe, heureuse de me dire que je vais passer la journée avec lui.
Cette relation était particulière. Geo et moi n’aurions jamais dû nous rencontrer. Mais mon père a fait que cela arrive. Bien sûr, ce n’était pas son but en donnant cette mission à Geo. La mission de me suivre pour s’assurer, soi-disant, que j’allais bien. Si à l’époque, je l’ai détesté de m’avoir fait suivre, maintenant je voyais les choses différemment. Alors bien sûr, je le trouvais toujours aussi lâche, surtout d’avoir envoyé quelqu’un à sa place. Mais grâce à ça, j’ai fait la connaissance d’une personne qui m’est chère désormais. La relation s’est établie à distance et c’est ce qui faisait que celle-ci me tenait à cœur. Car malgré la distance, Geo et moi étions proches. Je ne compte plus le nombre de fois où je l’ai appelé, à pas d’heures du jour comme de la nuit. Où il m’a accordé le temps nécessaire pour m’écouter alors qu’il était en plein boulot ou entrain de dormir. Je ne compte plus non plus le nombre de cartes postales qu’il m’a envoyé, une pour chaque pays ou ville qu’il a pu visiter pour son boulot. Finalement, malgré la distance, lui a réussi à être présent pour moi et à me montrer qu’il le serait toujours. Et lorsqu’il m’a dit qu’il débarquait sur Brisbane s’installer, ma joie fut immense. Je l’ai obligé à ce qu’on se voit le plus rapidement possible. Et surtout, il m’a promis de me faire faire une virée en moto et j’attendais ce moment avec impatience.
Ce moment était enfin là. Je suis dans un bon mood, je sais que je vais passer une excellente journée. Enfin, si il ne décide pas de me parler de mon père avec qui, je sais qu’il est toujours en contact. D’ailleurs, le voilà et je descends vite le rejoindre. Quand je vois la bécane sur laquelle il se trouve, j’affiche un air étonné « Si tu te demande si on va « faire un tour » sur cette Yamaha V-MAX de 1990, la réponse est oui ». J’observe la bête, faisant le tour de celle-ci, vraiment impressionnée « Tu as du goût l’inconnu ». J’aime l’appeler comme ça même s’il déteste. Il avait mis tellement de temps cinq ans auparavant à me dire son nom que je lui ai avoué au téléphone que c’est ainsi qu’on l’avait surnommé avec Lukas. Je veux lui faire une étreinte mais j’hésite un instant. Car oui, cela faisait cinq ans que nous ne nous étions pas vus réellement. Et cinq ans auparavant, la relation n’était pas du tout la même. Maintenant, avec cette correspondance qui s’était mise en place pendant tout ce laps de temps, j’ai enfin envie de le prendre dans mes bras pour lui montrer que je suis contente de le voir. Lui-même semble hésiter, commençant une phrase que je ne lui laisse pas le temps de finir « Je… ». Je sais que Geo est pudique, qu’il ne partage pas ce qu’il ressent mais cela ne me choque pas venant de lui. Et je ne le pousserai pas à le faire. Il me rend quand même son étreinte et s’éclaircit la voix comme pour reprendre de l’assurance, ce qui me fait sourire « Tu ne comptes pas monter comme ça, hein ? ». Je regarde ma tenue puis la sienne « Bah… J’ai mis une veste en cuir ça le fait non ? ». Je tire sur celle-ci prenant la pose et ris doucement. C’est sûr que la tenue que j’ai choisie est dans le thème biker. Mais niveau protection, on repassera. Je le regarde alors sortir de son top case une panoplie, exprès pour moi « J’espère que tu n’as rien contre le noir ». C’est sûr que la tenue qu’il me présente n’a pas une once de couleur. Je lui souris « Non. Merci d’avoir pensé à moi Geo ». Je lui souris tendrement, cette marque d’attention me touche particulièrement. D’ailleurs je viens déposer ma main sur son épaule tout en continuant de regarder les vêtements qu’il a prévu pour moi « Si la taille ne va pas, on peut aller échanger ça ». J’attrape alors le pantalon que je passe directement sur mon jean « Regarde, c’est parfait. Je serai doublement protégée en plus autant du froid que d’une chute. Mais je sais que tu gères donc on aura pas ce souci ». Je lui fais un clin d’œil complice et attrape ensuite les bottes « Moi aussi, je suis content de te voir ». Il dit cela doucement, c’est à peine audible, et un peu à un moment où je m’y attends pas. Je m’arrête alors, répondant à son sourire en posant ma main sur son bras. Un échange de regard vaut plus que des mots. « Bon et si on se préparait, hein ? ». Je quitte mes bottes pour échanger avec celle plus protectrice que Geo m’a apporté. J’enlève aussi ma veste et Geo vient tout de suite me donner la veste plus épaisse et m’aide même à l’enfiler « Merci ». J’aime sa manière de prendre soin de moi, une façon qui me rappelle celle de mon père lorsque j’étais petite… Un temps bien révolu depuis. Je finis par enfiler mes gants et dépose les affaires que j’ai retiré dans son top case « Alors ? J’ai le parfait look biker ? Tiens prends moi en photo ! ». Je sais d’avance que Geo va sûrement lever les yeux au ciel, ne comprenant pas mon engouement pour partager un peu ma vie sur les réseaux sociaux « Tu sais faire où je dois te montrer ? ». Je me moque gentiment de lui, il le sait, ce n’est pas la première fois que je lui fais une vanne du genre.
Je n’arrivais pas à mettre des mots sur cette relation qui s’était noué avec Geo. Elle était particulière, non seulement dans sa manière de s’être créée mais surtout dans ce qu’elle était. Pour moi, il était une personne de confiance, sur qui je pouvais me reposer même à distance. Le savoir désormais à Brisbane renforçait encore plus ce sentiment et surtout, je me sentais en sécurité. Comme un manque qui commençait à être comblé après des années avec un trou béant. Il avait approximativement l’âge de mon père et, depuis cinq ans, il en avait pris progressivement la place. Comme Jesse l’avait fait jusqu’en 2016 où il m’avait laissé du jour au lendemain lui aussi… J’aimais cette relation entre Geo et moi, mais pourtant, une certaine méfiance subsistait. Car j’avais toujours peur d’être à nouveau déçu, de découvrir des choses sur lui que j’ignorais ou qu’il me laisse tomber à son tour à un moment ou à un autre…
Pour le moment, je savoure l’instant présent, voulant profiter un maximum de cette journée de retrouvailles. Je l’étreins, car c’est comme ça que je fonctionne, je suis très tactile. Lui, moins, mais pourtant, il y répond non sans m’ébouriffer les cheveux ce qui me fait grimacer. Nous parlons de notre balade à moto, la surprise qu’il m’a réservée, en pensant même à la totale panoplie afin que je sois protégée. Cela me touche « J’ai dit que j’aimais faire de la moto, pas que j’étais doué pour ça ». Je lève les yeux au ciel, je sais qu’il me fait marcher « Tu risques éventuellement d’avoir des problèmes avec certaines personnes si tu ne gères pas ». Je lui fais un clin d’œil, faisant implicitement référence à mon père. Cinq ans auparavant j’ai appris qu’il le connaissait. Et je sais qu’il est toujours en contact avec lui, que les deux sont de très bons amis. Mais en disant éventuellement, j’émet aussi l’hypothèse que mon père pouvait tout aussi en avoir rien à faire. Fière dans ma nouvelle tenue, je demande à Geo de me prendre en photo. Et évidemment, le vieux se met à râler « Tu peux pas juste apprécier l’instant présent ? ». Je roule encore des yeux et ne peux m’empêcher de lui répliquer « Et toi tu peux pas juste arrêter de faire ton vieux rabat-joie ? ». Je le vois galérer un peu avec mon téléphone et lorsqu’il me dit « Bouge pas, ok ? » cela me fait rire. Je prends la pose, avec un air de bikeuse assumé, les deux doigts en l’air. Il revient vers moi et semble avoir réussi. Je ne vérifie pas tout de suite, je verrais le résultat un peu plus tard « J’en ai fait plusieurs, tu n’auras qu’à choisir celle que tu préfères ». Un air amusé s’affiche sur mon visage. Je m’approche alors pour passer mon bras autour de son cou « Viens, je veux un souvenir de toi, on sait pas combien de temps il te reste à vivre ». Je ris de bon cœur, je sais qu’il ne va pas apprécier mais tant pis « Souris un peu, ça te changera ». Je nous prends alors en selfie, sourire aux lèvres. Je le taquine mais je suis surtout contente de cette journée qui débute, et surtout de pouvoir passer du temps avec lui « T’es pas si mal en fait ». Je range alors l’appareil et je sens qu’il perd patience. D’ailleurs il me taquine encore au sujet de cette volonté de prendre tout en photo « Bon, on y va ou tu veux aussi prendre une photo de ton petit-déjeuner ? ». Je lui tire alors la langue, très puérile que je suis. Il vient me poser le casque sur la tête avec minutie. J’ai l’impression de retomber en enfance, me rappelant alors des gestes que mon propre père a pu avoir avec moi. Je sens qu’au fond de moi, cela me noue un peu l’estomac mais je ne laisse rien transparaitre. J’écoute alors ses consignes avec attention « Tu vas t’assoir derrière moi, tu peux poser tes pieds sur les repose pieds, juste là. Sous le siège, tu as des barres de maintien. Accroche-toi pour ne pas tomber, ok ? ». J’acquiesce alors et attrape sa main pour monter sur la moto. Je prends place alors, respectant ses recommandations à la lettre. Une fois installé, je lève le pouce en l’air « C’est bon je suis prête ». Je lui souris et je commence même à devenir impatiente « On y va ? Tu m’amènes où alors ? ». Curieuse comme toujours, je me doute qu’il ne va pas forcément me le dire mais j’essaye quand même. Il vient alors s’installer à son tour et nous démarrons à petite allure… Pour commencer.
Il me bouscule gentiment et je me permets un commentaire sur son apparence sur la photo. « Pas si mal ? Tu plaisantes ? ». Je ris alors en haussant les épaules. Sa personnalité, du moins celle qu’il laissait transparaitre, pouvait laisser penser qu’il n’était pas du genre à chercher à séduire. J’avais du mal à l’imaginer ainsi. Ma curiosité à ce sujet s’éveille d’ailleurs mais vu qu’il semble pressé à ce qu’on parte faire cette virée en moto, je décide de garder mes questions pour plus tard. Car oui, je comptais bien creuser de ce côté-là un peu, même si j’étais sûre et certaine qu’il esquiverait. Nous prenons place sur l’engin, Geo m’aide puis monte à son tour « Une dernière chose, on peut se parler sur la route. Il te suffit de parler, je t’entendrai et pourrai te répondre. Si ça ne va pas, préviens-moi, ok ? ». J’acquiesce et même s’il ne le voit pas, un sourire moqueur s’affiche sur mes lèvres « Je pense que ça va aller, je devrais survivre avec toi… papi ». C’est plus fort que moi et je laisse un rire s’échapper. Il démarre alors et, manque de bol je ne me tenais pas à ce moment-là. Je me rattrape alors en tenant Geo. Finalement, je passe mes bras autour de sa taille plutôt que de me tenir derrière. Nous traversons alors le centre-ville et voir ma ville de la sorte est une première pour moi. C’est différent qu’à bord de ma voiture ou du réseau de bus et de train que j’utilise souvent. Les buildings défilent sous nos yeux, lentement car pour le moment, Geo roule prudemment. La ville est plutôt calme en ce dimanche matin, on se penserait presque seul au monde. Ce n’est que le début de la ballade mais cela me plait déjà. Impatiente, je l’interroge alors sur notre destination « On file vers le sud. On va longer la côte, jusqu’à Ocean Shore. On fera quelques haltes avant ». Longer l’océan serait forcément agréable. Je connaissais bien le coin, j’ai grandi ici. Mais le redécouvrir de cette façon me ferait voir les choses différemment. « On s’arrêtera à la Gold Coast. Je suis sûre que tu vas aimer. La vue sur l’océan est splendide et il y a même une forêt tropicale ». Il ne le voit pas mais je souris derrière mon casque. Je vois à quel point il a pris soin de préparer cet itinéraire. Et surtout comment il souhaite me faire découvrir les endroits qu’il a lui-même découvert il y a peu. Je les connais pour ma part mais tout ce qu’il fait jusqu’à présent me fait plaisir alors je me contente juste de le serrer un peu plus par la taille et d’ajouter « Je ne doute pas une seconde que ce que tu as prévu va me plaire ». Le sourire ne quitte pas mes lèvres alors qu’on file et quitte progressivement Brisbane. « Que fais-tu à Brisbane ? ». Je me demande à ce moment là s’il n’a pas un début d’Alzheimer car je pensais lui avoir déjà dit. Mais, il y a une chose cependant qu’il ignorait encore « Je suis toujours journaliste pour le Brisbane Times. Et j’ai sorti un livre. Il est sorti lundi d’ailleurs ». C’est ma petite fierté. Je suis fière d’avoir réussi à faire paraitre mon livre, sur lequel j’ai travaillé d’arrache bien pendant trois ans. Il m’a fallu de la détermination pour qu’un éditeur accepte de le publier. J’ai été épaulé par mes collègues du Brisbane Times et eu un coup de pouce de la part de mon rédacteur en chef et du PDG du journal. Tout ce que j’espérai désormais, c’est que ce livre plaise au plus grand nombre. « Ca va ? » « Très bien ». Je vois que nous approchons de la voie rapide et je suis impatiente de sentir l’accélération de l’engin « On va rentrer sur la voie rapide » « Mets les gaz papi ». Je ris doucement et il se met à accélérer. Je m’accroche plus fortement à lui alors qu’il dépasse certains véhicules. Je ressens la vitesse de plus en plus et profite de l’instant, ne parlant plus à Geo, préférant le laisser se concentrer sur la route. La sensation est plus qu’agréable, je me sens libre et cela m’inspire même. Après une bonne vingtaine de minutes à rouler sans mot dire, l’océan finit par pointer le bout de son nez.
« Un livre ? Quel genre de livre ? ». Je sens de l’étonnement dans sa voix. Ce qui peut se comprendre, sortir un livre n’est pas une activité que vous pratiquez tous les jours. De plus, ce projet d’écriture je ne l’ai pas toujours partagé avec tout le monde. Cela faisait trois ans que je planchais dessus, depuis m’être fait larguée par Lukas fin 2016 justement. Cela a été un élément déclencheur pour me mettre à écrire pour bon. Sur mes sentiments, sur ma vie. Chose que je faisais déjà auparavant. J’ai été cherché dans de vieux journaux intimes chez ma mère pour retomber sur des bribes de ma vie qui m’ont servi à écrire ce roman. Car il retrace en effet mon histoire « Le genre autobiographique… J’y raconte ma vie dedans… à ma façon ». Car oui j’utilise un personnage fictif du doux nom de Millie, et j’ai bien sûr adapté certains passages de ma vie. En mieux… ou en pire. Geo et moi entrons sur la voie rapide, je me cramponne un peu plus à lui mais apprécie la sensation de vitesse. Je ne peux m’empêcher de taquiner Geo à ce propos avant de devenir silencieuse jusqu’au prochain point de ralentissement…
Nous sommes sortis de la voie rapide et roulons plus lentement sur une route plus petite. L’océan s’offre devant nous. Je suis née et ai vécu ici mais c’est une vue dont je ne me lasserais jamais. Chaque fois, j’ai toujours la même expression sur le visage, émerveillée par la beauté des paysages australiens. Geo semble vouloir s’arrêter, sûrement un premier spot qu’il avait repéré et souhaitait me faire voir. D’ailleurs, en approchant, je me rendais compte que celui-ci, je n’y étais jamais venu. Il arrête le moteur de la moto, descend en premier et me tend la main pour m’aider. Je l’attrape alors naturellement, prenant appuie sur lui pour descendre à mon tour « Toujours ok gamine ou elle a besoin d’une pause ? ». Uhm, je l’ai bien mérité celle-là. Je grimace, finissant de retirer mon casque avant de lui répondre « Tu seras épuisé le premier va, j’ai de l’énergie à revendre ». J’attache le casque sur un des côtés du guidon de la moto avant de regarder le sentier qu’il me montre « Ne crois pas que tu vas passer la journée assisse sur cette selle. On grimpe ». Grimper ? Vraiment ? Je ne dis rien mais je n’avais pas prévu une journée sportive non plus. Surtout dans cet accoutrement. C’était possible d’ailleurs d’allier les deux ? Visiblement oui puisque l’inconnu partit d’un pas décidé en direction du sentier. Un chemin qui n’est pas évident à parcourir, manquant de me tordre la cheville plus d’une fois avant d’arriver au lieu voulu. Et là, la vue est juste magnifique. Mes yeux s’écarquillent et brillent face à la beauté des lieux « Viens voir ça, Mia ». Je m’approche alors de lui, tout en ne perdant pas la vue du regard. « Tu vois là-bas, la pointe de la forêt ? C’est notre destination suivante ». Je reconnaissais le lieu qui me désignait et acquiesce alors d’un signe de tête « Tu verras c’est vraiment génial enfin, si les jeunes disent encore ça ». Je ne peux m’empêcher de rire « Ouais, disons qu’il y a des mots plus hypes désormais, mais ne t’y essaye pas, ce ne serait pas crédible ». Je lui fais un clin d’œil avant de redevenir attentive à ce qu’il me dit « Il y a une forêt tropicale, on s’y croirait vraiment. Il y a une cascade aussi, mais je ne t’en dis pas plus ». Je souris, retournant mon regard vers lui. Je le découvre sous un autre jour. A distance, je ne pouvais pas me rendre compte qu’il était comme ça. Mais de mes souvenirs précédents, lors de notre première rencontre, ou ne serait-ce que d’apparence, je ne l’imaginais pas aussi attentionné et soucieux de faire plaisir aux autres. Lui qui m’avait confessé s’être renfermé sur lui-même suite à son histoire personnelle. Je posais alors ma main sur son épaule, un sourire sincère au bout des lèvres « Je n’en doute pas. Je sais que tu as bien préparé tout ça pour qu’on passe une excellente journée toi et moi ». Je m’approche alors de sa joue pour lui déposer un bisou, riant doucement « Merci l’inconnu ». Il fallait qu’il s’habitue à cette proximité, étant quelqu’un de tactile et démonstrative, à travers mes gestes, envers les personnes qui sont importantes à mes yeux. Ma main est toujours sur son épaule, je reporte mon regard sur l’horizon « Tu sais je connais beaucoup de spots sympas dans le coin. Mais celui-là, tu me le fais vraiment découvrir pour la première fois. Je ne le connaissais pas. Et c’est à couper le souffle ». Une rafale de vent se lève alors, me retrouvant avec les cheveux devant les yeux. J’en ai même certains qui se sont coincés dans ma bouche. Je me dégage le visage avec mes deux mains « Ca marche au sens littéral du terme en plus, c’est vraiment top cet endroit ». Je ris doucement avant de sortir mon téléphone de la poche. Je sens que Geo va forcément me dire quelque chose à ce sujet « C’est pour mes mémoires, pas pour les réseaux. Je sens que cette journée va m’inspirer pour écrire un prochain livre ». Je lui fais un clin d’œil mais ce que je dis n’est pas totalement faux. Qui sait, Millie aura peut-être droit à la suite de ses aventures. Je prends la vue en photo mais aussi subtilement, une photo volée de Geo regardant l’horizon. Il ne s’en rend pas compte, je reglisse alors mon portable dans ma poche, restant silencieux autant l’un que l’autre quelques minutes, pour profiter de ce paysage époustouflant.
« L’inconnu, papi, t’as rien de mieux pour moi ? ». Je retourne mon regard doucement vers lui car j’ai bien remarqué qu’il n’a eu aucune réaction à ce que j’ai pu dire ou à mon bisou inattendu. Ce qui me fait sourire parce que je sais que ce n’est pas du tout son genre, qu’il ne montrera rien. Je m’en amuse sûrement un peu. Quant aux surnoms, et bien, je fais mine de réfléchir et fais non de la tête en haussant les épaules. Là aussi, je sais qu’il n’aime pas ça mais raison de plus pour continuer à utiliser ces doux surnoms. Il me bouscule d’ailleurs et je perds un peu l’équilibre. Cela me fait rire doucement alors que je reprends place à ses côtés. Je lui avoue n’être jamais venu ici, ne pas connaitre l’endroit. Comme quoi, le Queensland regorge encore de pleins d’endroits secrets, même pour moi qui pensait avoir parcouru tous les recoins possibles et inimaginables. « J’aime bien venir ici, parfois. La vue est cool ». C’est vrai que l’endroit était beau. Et puis, comme il n’était pas facilement accessible, cela faisait un spot plus ou moins secret et donc moins de chance d’y croiser du monde « Donc si j’ai besoin de te trouver, il y a de forte chance que tu sois ici. C’est noté ». Je lui lance un clin d’œil. Peut-être qu’avec lui aussi, nous aurions notre petit endroit à nous, pour nous retrouver, pour nous ressourcer… Comme avec mon père autrefois. « Si tu sors un best-seller grâce à moi, pense à mes royalties ». Il ne perd pas le nord dis donc ! Je lève les yeux au ciel et décide le taquiner à ce propos « Tu rêves, je compte bien me faire de l’argent sur ton dos ». Mon sourire est volontairement moqueur. Avant d’envisager un deuxième livre, il fallait déjà que le premier se vende bien. « Allez, on a un programme chargé. On a encore un peu de route avant d’arriver à Gold Coast ». J’acquiesce et le suit alors qu’il ouvre à nouveau le chemin. J’ai toujours préféré grimper que descendre, surtout avec le vide qui n’est jamais très loin. Geo veille cependant au grain et se retourne plusieurs fois pour s’assurer que je suis. Ce que j’apprécie d’ailleurs mais je ne fais aucune remarque à ce sujet.
Nous reprenons alors notre route en direction de la Gold Coast. Et je suis surprise qu’un nouveau détour soit prévu, surtout lorsque nous arrivons dans une carrière désaffectée. Quand nous nous arrêtons, je descends après Geo et en retirant mon casque, lui dit « Tu ne m’as pas dit que « me tuer » était dans le programme, je ne serai peut-être pas venue ». Je le taquine évidemment à ce sujet. Mais en fait, le plan est évidemment tout autre « Alors, tu veux essayer ? ». Et là… là, je me transforme en une véritable gamine (à savoir que c’était monnaie courante chez moi). Mes yeux brillent à nouveau, un énorme sourire s’affiche sur mon visage et je sautille sur place. Littéralement parlant. « C’est vrai ? Je peux ? ». Mes mains sont jointes alors que je lui demande si c’est une réelle proposition. Bien sûr que je mourais d’envie d’essayer. Il m’indique alors de prendre place sur la moto. Je jubile. « Le plus compliqué sera de trouver ton équilibre ». Avec mes compétences en surf, je me disais que ce ne devrait pas être trop compliqué, étant donné que l’équilibre était aussi le maitre mot « Comme sur une planche de surf ? », je m’essaye à lui demander. D’ailleurs, Geo sur une planche de surf… uhm, je ne sais même pas s’il a déjà pratiqué. Je serai curieuse de l’y voir. Peut-être que je pourrais l’initier à mon tour comme lui avec la moto. Je deviens alors sérieuse et attentive alors qu’il me montre chaque commande « Ici, tu as l’embrayage. Là c’est tes vitesses. A droite, tu as l’accélération et le freinage ». Au fur et à mesure qu’il me donne ces indications, je m’exécute, posant mes mains de chaque côté du guidon. Je répète alors en commençant par le côté gauche « Là l’embrayage et les vitesses ». Puis j’enchaine avec le côté droit « Ici accélération et freinage. Got it ! ». Alors que je m’attends à ce qu’il me montre pour mettre le contact et commencer à faire un petit tour, il me coupe l’herbe sous le pied « Bien, tu peux descendre, maintenant ». Ma bouche s’entrouvre, je le regarde avec un regard triste et une mine boudeuse « C’est tout ? C’est ça que t’appelle essayer ?! ». Je ne bouge pas tout de suite, restant encore sur la moto. Puis quand j’entreprends de descendre, car je vois très bien que Geo ne plaisante pas, j’ajoute « Moi qui allait dire que tu es cool ». Mauvaise foi légendaire, bonjour. Je croise alors mes bras sur ma poitrine et attends donc la suite.
« Si je voulais te tuer, je choisirais un lieu un peu plus remarquable ». Je tourne mon regard sur lui, bouche bée. C’est qu’en plus il pourrait être sérieux. Je ris doucement avant de porter une de mes mains au-dessus de mes yeux pour mieux observer l’environnement dans lequel nous nous trouvons. Je cherche un peu à comprendre pourquoi il m’a amené ici. Ça change de l’arrêt précédent, il n’y a pas quelque chose de beau à voir. Geo m’avoue alors qu’il voulait me montrer comme piloter l’engin. La gamine qui ne sommeille pas si profondément en moi apparait alors et est juste excitée comme une puce à cette idée. Je prends place alors sur la moto. L’équilibre est le plus difficile à trouver mais, étant adepte de surf, je me dis que cela doit être similaire. « Oui, en quelque sorte ». Je me rends compte cependant que le poids entre une planche et une moto n’est pas du tout le même et donc que l’équilibre à avoir n’est pas vraiment comparable. J’écoute attentivement les indications de Geo, répète chacune de ses paroles pour les assimiler. Rien de bien compliqué mais il valait mieux être sûr car utiliser une commande à la place d’une autre pouvait avoir des conséquences catastrophiques. Alors que je me sens prête à dégainer et à partir à toute vitesse sur le droit chemin qui s’offrait devant moi, Geo me case mon délire en me demandant de descendre. Evidemment, je râle « C’est terminé la comédie ? ». Il n’a pas tort, je me comporte comme une gamine à ce moment-là. Je me sens à nouveau la petite fille de cinq ans, qui faisait un caprice à son père et qu’il n’hésitait pas à gronder pour la peine. Cette idée me fait sourire d’ailleurs et je laisse la gamine se rendormir. « Tu sais combien ça pèse ? ». Je hausse les épaules mais je me doute que la moto n’a pas un poids plume évidemment. « C’est bien plus lourd qu’une planche de surf. Je ne tiens pas à ce que tu te retrouves coincée ». Mes lèvres s’étirent un peu plus à voir à quel point il était attentif à moi et ne souhaitait pas qu’il m’arrive quoi que ce soit. Je murmure alors, sourire amusé aux lèvres « D’accord papa ». Je sais que cela allait prendre au dépourvu Geo et sûrement le mettre mal à l’aise. Lui qui m’avait demandé plus tôt si je n’avais pas mieux comme surnom pour lui, en voilà un autre, peut-être qu’il allait le préférer ou le détester encore plus que les précédents. Il me signe d’approcher, ce que je fais. « Pose tes mains sur les poignées. Si tu veux conduire, tu dois d’abord savoir ce que tu dois contrôler ». Il est très pédagogue en tout cas et je comprends mieux pourquoi il n’a pas voulu me faire conduire l’engin tout de suite. Je m’exécute, posant mes mains de part et d’autre du guidon « Comme ça ? » je demande pour être sûre de faire ça bien. Car j’ai envie d’apprendre et surtout de faire ça correctement. Pour pouvoir être capable de conduire la bête toute seule, je l’avoue aussi. « Tu vas la faire avancer un moment, enfin, seulement si tu trouves ça assez « cool » pour toi ». Je tourne alors mon regard vers Geo qui tente à nouveau une touche d’humour. Il s’est détendu finalement l’inconnu « Ouais, t’inquiète ça déchire même ». Je me moque, gentiment, tirant la langue accompagnée d’un clin d’œil, toujours en position, prête à dégainer dès que j’aurai son feu vert « On va avancer quelques mètres en la poussant. Tu pourras conduire après ». Non Mia ne fait pas ressortir la mini toi. Reste calme. « On y va alors ? ». Je ne jubile pas comme tout à l’heure mais je le montre par mon impatience. Bien sûr, un énorme sourire est apparu sur mon visage. Nous avançons alors doucement et je me rends compte que sa moto n’est pas des plus légères. Et là encore, il m’aide mais je sens bien qu’il finit par lâcher lui aussi pour me laisser faire seule. Je ressens un léger déséquilibre d’ailleurs mais je repousse un peu la moto de sorte à ce qu’elle reste droite. J’avance alors sur quelques mètres, déterminée à montrer à Geo que j’en suis parfaitement capable « C’est bien comme ça ? ». je dis tout en avançant encore. Je me stoppe finalement un peu plus loin, attendant qu’il me rejoigne. Je garde mes mains bien sur celle-ci pour la maintenir en équilibre, et tourne la tête pour le regarder s’approcher « J’ai réussi le test ? ».
Mes mots ne sont pas anodins. Si je me suis permise de lâcher un d’accord papa envers Geo, certes il y avait de l’amusement et de la moquerie, mais c’est aussi parce que je le pensais. Il avait un comportement tel avec moi qui justifiait que je puisse l’appeler ainsi. Même en jouant sur le ton de l’humour. Cinq ans que nous nous connaissons. A distance. Et pourtant, il n’a pas manqué une seule seconde de ma vie depuis, répondant toujours présent lorsque je l’appelai à pas d’heures pour lui conter mes malheurs ou mes joies. Il n’a jamais rechigné et surtout il a été une oreille attentive sur laquelle j’ai pu me reposer. Il a su me dire les choses aussi franchement quand elle devait être dites, me remettre à ma place… tel un père le ferait avec sa fille. Une relation que je n’avais pas avec mon propre père que j’avais de temps en temps au téléphone. Mais ça m’était impossible de m’ouvrir autant à lui après ce qu’il m’avait fait. Trop de rancœur, trop de mal être pour faire comme si rien n’était. Bref, je me permets donc de le surnommer comme ça. Il ne réagit pas, du moins oralement. Mais son expression sur son visage trahit quelque chose. Un malaise peut-être ? Je l’ai cherché, je le reconnais mais je sens aussi que cela l’a touché « Comme ça. » fait-il alors tout en validant la position de mes mains sur les poignées du guidon.
Je m’élance alors, à la conquête de je ne sais trop quoi si ce n’est l’envie d’apprendre à manier une moto et ainsi parvenir à la conduire, qui sait. Geo lâche au bout d’un moment son emprise et me laisse faire, comme une grande. Je m’étonne moi-même en arrivant à contrôler le poids de la moto qui n’est pas d’un poids plume. Je m’arrête et attend la validation de Geo « C’est pas mal ». J’arque un sourcil, genre je n’ai droit qu’à ça alors que je suis juste trop fière de moi ? Mais je reste concentré car je sais que ce petit exploit ne suffirait pas à convaincre l’inconnu à me laisser conduire sa moto « Bien, maintenant que tu nous a amené ici, tu vas nous ramener à notre point de départ ». J’acquiesce alors « Je grimpe avec toi ». Et là ! Je jubile de nouveau, ça bouillonne en moi mais je me maitrise, je ne laisse rien transparaitre. Ca y est, j’ai l’autorisation de conduire l’engin comme une grande. La condition qu’il monte avec moi ne me dérangeait pas du tout. Puis, en vrai, c’est quand même plus rassurant pour moi. « Tu as vu je reste calme ». Non mais vraiment, je suis une bouffonne profonde parfois. Apprends à la fermer Mia ! Je ris doucement avant de me reconcentrer et écouter attentivement les explications qui suivent « Assure-toi que la béquille soit bien calée avant de monter. Ensuite, tu passes ta jambe droite par-dessus la selle. Tu peux t’accrocher au guidon et t’appuyer sur le repose-pied ». Il me fait une démonstration avec et mon sourcil s’arque à nouveau. Ouais bon, je veux bien qu’il me dise comment fonctionne les manettes mais monter sur la moto… ça va je pense que je peux maitriser sans qu’on me le dise. Un sourire moqueur apparait sur mon visage mais là encore je ne fais aucun commentaire pour ne pas prendre le risque que Geo change d’avis. A la place, je monte, en prenant soin d’appliquer les conseils à la lettre. « Tu vas devoir trouver ton équilibre. A faible vitesse, c’est plus compliqué ». Là, les choses se corsent et j’avoue que j’ai une petite boule au ventre, de peur de me rater. J’enfile le casque qu’il me tend et je sens qu’il monte derrière moi. Là l’équilibre sera encore différent entre nos deux poids et la moto « Heureusement pour toi, je vais être ton copilote. Laisse-moi gérer les vitesses, l’embrayage et le frein. Toi, tu pourras accélérer ». Un sourire amusé apparait sur mes lèvres « Le plus intéressant, ça me convient parfaitement ». Je suis déterminée, je finis par bien me replacer sur la moto et nous sommes partis. Nous roulons au pas et la sensation est tellement… bizarre. Je ne suis pas sûre de maitriser le truc, je flippe et suis excitée en même temps. J’arrive à maintenir la route cependant. La présence de Geo me rassure « Fais-moi signe quand tu veux accélérer. Ne dépasse pas les trente ». Je lui fais signe aussitôt. Je n’ai pas envie de perdre de temps et je tourne légèrement la manette pour accélérer. J’avoue dépasser finalement un peu les trente, ce qui me fait sourire sous mon casque « Tu n’as pas peur papi ? » je tente une touche d’humour sans pour autant quitter la piste des yeux... Un sentiment de liberté et de bien-être nait en moi. Une bouffée d’oxygène qui me fait du bien, me change de ma routine habituelle. Je me sens vivante et cette sensation est si agréable…
Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvons à l’entrée de la carrière. Nous nous stoppons un peu brusquement car j’ai voulu tenter le freinage moi-même « Désolé », dis-je en grimaçant, bien qu’il ne pouvait pas encore le voir. Il descend en premier, je lui emboite le pas, après avoir mis la béquille comme une grande « Alors ? Tu me donne mon permis moto ? J’ai géré avoue ? Ne dis pas juste « c’est pas mal » ! ». Cela faisait longtemps que je n’avais pas déblatéré autant de paroles en si peu de temps. Mia, la pipelette le retour. La gamine aussi en moi faisait à nouveau surface. En tout cas, je suis reconnaissante envers Geo de m’avoir fait vivre cette expérience. Cette fois, ne souhaitant pas le mettre mal à l’aise, je lui attrape délicatement la main, plongeant mon regard dans le sien avec un sourire « Merci ». Celui-ci voulait en dire long, il ne s’agit pas d’un simple merci pour cet essai moto mais aussi pour tout le reste. Il le comprendrait sûrement, du moins je l’espérais. « J’ai droit à un indice sur la prochaine destination ? La forêt c’est ça ? ».