« On se calme Fonzie ». Je ris alors sous mon casque, ne comprenant pas la référence de Geo. J’aurai pu encore me permettre une remarque à ce sujet mais je suis bien trop excitée à l’idée de pouvoir enfin conduire sa moto. Je suis contente de voir qu’il me fait suffisamment confiance pour me permettre ce privilège. Alors nous partons, d’abord à faible vitesse, le temps que je puisse trouver mon équilibre. Parce que celui-ci n’est pas évident à avoir, surtout pour une débutante comme moi. Malgré tout, et surtout parce que Geo est là, j’arrive à maitriser le truc. Je prends un peu d’assurance en accélérant un peu plus que la limite imposée par mon moniteur du jour. L’essai se termine, je suis à l’origine du freinage un peu brusque que nous subissons une fois arriver à l’entrée de la carrière. Une fois descendu, j’assène Geo de questions pour qu’il me dise ce qu’il pense de ma prestation « Je t’avais donné des consignes, non ? ». Je grimace, j’avoue ne pas avoir respecté la limitation à trente. Une mine boudeuse commence à apparaitre, je ne peux que plaider coupable. « T’as géré, petite ! ». Un sourire illumine alors mon visage. L’entendre dire me met dans une joie telle que je saute sur place. Puis je viens à le remercier, sincèrement. Je me limite dans mon geste, me contentant de lui attraper la main « Ne te réjouis pas trop, je vais être extrêmement exigeant désormais ». Un sourire malicieux apparu sur mon visage « Ca veut dire qu’il y a aura une prochaine session ? » Je l’espère sincèrement car j’ai apprécié conduire cette moto, me demandant même si je ne finirai pas par envisager de passer le permis et avoir la mienne.
Je demande la suite du programme à l’inconnu. Je me doute que nous allons nous diriger vers la forêt dont il m’a parlé un peu plus tôt « Effectivement, McKullan. Mais pas n’importe quelle forêt. Je pense que ça va te plaire ». J’acquiesce alors, je n’en doute pas une seconde. Nous repartons alors en direction du sud. Je suis impatiente de voir la suite du programme, Geo me surprenant de plus en plus à chacun de nos arrêts. Cheveux aux vents, du moins ce qui dépassaient du casque, je regarde défiler les paysages sous mes yeux. Le Queensland regorge tellement de bels endroits, j’en suis toujours autant émerveillée. Nous arrivons à ce qui semble être cette fameuse prochaine destination, et donc la forêt. « On va s’arrêter ici un moment ». Je descends de la moto, retire mon casque. Je vois Geo qui quitte son équipement, la blague est trop facile « Euh, c’est pas une forêt pour nudiste au moins ? Non parce que tu me dis que ça va me plaire mais tu sais, je ne suis pas très à l’aise moi avec ça ». Je sais que Geo va encore être désespéré par ma remarque et je le vois sur son visage. Je ris doucement avant de suivre ses indications « On va pas avoir besoin de tout ça. Tu peux laisser tes affaires ici ». Je dépose donc le tout dans la boite noire qu’il m’indique à l’arrière de la moto. Je me sens plus légère et plus à l’aise dans mes mouvements. Si nous devons marcher pendant quelques heures, en effet, il valait mieux ne pas être encombré de tout ça. Nous prenons alors la direction du sentier non loin de là. Tout en avançant, j’enfile ma veste en cuir que j’ai dû troquer plus tôt contre celle que Geo m’avait apporté. Heureusement, car il faisait frais en ce début d’hiver. Et les arbres ne permettaient pas au soleil de réchauffer le chemin que nous empruntons. Je galère un peu à remettre mon petit sac à dos qui ne me quitte jamais, m’obligeant à me stopper « Allez McKullan, dépêche-toi ! ». Je fronce alors les sourcils et me met à accélérer le pas « Oui ça va j’arrive ! ». Je reviens donc à sa hauteur et nous marchons côte à côte « Journaliste, écrivain… Où s’arrêtent tes talents ? ». Je souris alors en haussant les épaules « Je n’ai pas de limite ». Je ris un peu avant de reprendre « J’aime lire depuis que je suis gamine. Et écrire est vite devenue une passion. J’ai commencé avec un journal intime comme toutes les ados puis ensuite à écrire des articles pour le journal du lycée, puis à la fac. Et en voyageant, tu le sais, je tenais mon blog. Ca m’a permis de me faire connaitre pour écrire des articles pour certains magazines de voyages. Et en rentrant à Brisbane, j’ai trouvé ce job pour le Brisbane Times. Ca m’a permis de me concentrer sur l’écriture de mon premier roman en parallèle. On verra si ça fonctionne ». Ca n’a pas été évident de trouver un éditeur. Sa parution avait pris pas mal de retard, me faisant craindre même à un moment qu’il ne serait jamais publié. Finalement, ce grand jour est arrivé il y a une semaine de ça. « Est-ce qu’un jour je te verrais à la télévision en train de couvrir l’investiture du prochain Président ? Enfin, pour ça, il faudrait déjà que ça m’intéresse, mais tu as compris ». Je tourne la tête de gauche à droite, sourire aux lèvres « Non. Ca ne m’intéresse pas. J’aime mon métier de journaliste, mais j’aimerai petit à petit m’en détacher et pouvoir vivre pleinement de mes romans, nouvelles ou album pour enfants. L’illustration m’intéresse aussi mais j’ai encore beaucoup à apprendre avant d’en arriver là ». J’ai toujours eu de l’ambition, depuis gamine. Déterminée, je sais que je finirai par arriver à mes fins… petit à petit. « Du coup tu es tranquille, tu n’auras pas à te taper de longs directs sur l’élection présidentielle juste pour me voir. Je t’épargne ça ». Je viens volontairement le bousculer alors que nous poursuivons notre chemin. Je ne fais que parler et ne me rends pas compte que nous nous enfonçons de plus en plus dans la forêt. Et ce que je vois devant mes yeux me fait alors me stopper net. « C’est magnifique ». Je tourne alors mon regard sur Geo « Tu as d’excellent goût Caulfield, je serai toujours partante pour des virées dominicales en moto avec toi ». Un rituel en mettre en place entre nous qui sait ?
« Ca dépend pour qui tu as écrit ce livre, petite ». Un surnom qui revient de plus en plus dans les fins de phrases de Geo. Je me demande alors si c’est sa manière à lui de montrer qu’il est attaché à moi. Car lorsque j’utilise un surnom pour ma part, c’est toujours affectueux, bien que parfois celui-ci ne soit pas toujours positif, comme j’ai pu le faire plus tôt en l’appelant papi. En me posant cette question du destinataire du livre, je me rends compte que j’ai toujours cru que c’était pour moi, sans me poser vraiment la question de savoir si je l’avais fait pour quelqu’un d’autre. Un petit silence s’instaure alors et Geo réenchérit « Ce que je veux dire, c’est est-ce que tu l’as écrit pour toi avant tout ou pour le public ? » Je tourne alors mon regard et avoue alors à Geo « Pour moi… C’était une forme de thérapie finalement… Mais je n’ai pas voulu me dévoiler totalement, j’ai aussi arrangé des choses pour que ça ne devienne pas trop personnel et que le public ne me connaisse pas par cœur non plus. ». J’avais commencé l’écriture de ce roman après m’être faite larguée par Lukas. J’en avais besoin car cette rupture a été un choc pour moi émotionnellement. Beaucoup de choses ont changé depuis cet événement. Je ne vois plus les choses de la même manière, moins fleur bleue, plus pessimiste peut-être sur mon avenir personnel en tout cas. Mes perspectives de carrière quant à elle, se sont élargies. Je n’ai pas envie de me priver de faire des choses qui me tiennent à cœur. L’écriture de mon roman a été un premier pas mais ce n’est pas tout. Je parle notamment d’album pour enfant, mais surtout en rapport avec l’illustration. La remarque de Geo me fait tourner mon regard vers lui « Albums pour enfant ? C’est une annonce cachée ? ». Je prends presque un air offusqué mais finit par éclater de rire « Le moins du monde ». Non je ne prévoyais pas d’avoir des enfants de sitôt, surtout en étant célibataire et en vivant d’histoire d’un soir. Mais ça, je ne comptais pas le spécifier à Geo. Pas certaine qu’il apprécie de le savoir. « J’espère que tu dessines mieux que tu ne freines à moto, petite ». Une fois de plus, ce surnom revient. Et en guise de réponse, je me contente de le bousculer du coude, comme il sait si bien le faire avec moi.
Je viens alors à lever les yeux et me rendre compte enfin de la beauté des paysages alentour. Je suis bouche bée, l’endroit est magnifique, de beaux arbres sont sur notre chemin, tous plus impressionnants les uns que les autres. Je me suis stoppée nette et observe les lieux avec silence « Alors, comment tu la trouves, ma forêt naturiste ? ». Je souris alors, retournant enfin le regard vers lui suite à sa référence à ma remarque de tout à l’heure. Je suis tellement surprise et à la fois admirative des choix de Geo que je lui dit que je ne serai pas contre l’idée de faire des sorties avec lui plus souvent. « Si tu le dis, petite ». Une fois de plus. Il ne semble pas contre l’idée mais ne confirme pas non plus. Cela ne m’étonne pas du personnage. Cependant, par la manière de se comporter, j’ai l’impression qu’il est content de partager tout ça avec moi, et limite impatient de me faire tout découvrir « J’ai déjà vu ici des hibiscus plus gros que ta tête ». Je ris alors doucement, l’observant avec un sourire tendre avant de le suivre sur le chemin. Il montre encore et encore son entrain, lançant même une sorte de compétition « Je vais te prouver que celui qui déniche le mieux les spots, c’est moi ». Uhm, Caulfield l’ignorait peut-être, mais il ne fallait pas trop me lancer des défis. Je suis toujours partante pour les relever « Tu veux parier ? ». Car j’étais prête à inverser les rôles lors d’une prochaine sortie où cette fois, je lui ferai découvrir mes spots et passions. D’ailleurs, maintenant que l’idée est ancrée dans ma tête, je suis bien déterminée à organiser ça un jour ou l’autre. Geo refait référence à mes talents d’artiste, comme il le dit si bien « On peut dire que tu es une sorte d’artiste, non ? Et je parle de ton livre, pas de ton maquillage ». Je lève les yeux au ciel, tournant la tête de gauche à droite comme désespéré par son humour « Je me doute. Et je ne sais pas… Peut-être oui, j’aime créer, imaginer et partager. Je pense que cela fait un peu de moi une sorte d’artiste… L’écriture, le dessin ». D’ailleurs, ce qu’ignore Geo c’est que dans mon sac à dos, j’ai un objet qui ne me quitte jamais. Mon calpin et un crayon à papier. Que ce soit pour me rendre à une interview, pour aller en randonnée, pour sortir avec des amis ou pour aller dans un parc, ces deux objets ne me quittent jamais. C’est ce qui me permet de pouvoir écrire au gré de mes envies et de mes inspirations. « Je ne crois pas avoir un quelconque talent artistique. Non c’est certain-même ». Un sourire amusé s’affiche alors sur mes lèvres « J’en suis sûre que tu peux être un véritable poète à tes heures perdues… Genre pour séduire une jolie jeune femme ». Il m’a tendu la perche que j’attendais depuis un petit moment pour aborder le sujet. Je sais qu’il va sûrement nier, dire que ça ne l’intéresse pas, tout faire pour éviter d’en parler. Mais, je n’allais pas le lâcher de sitôt.
Encore une fois, dans le fil de la conversation, je ne me rends pas compte du paysage. Et puis, au détour d’un étroit virage, mes yeux s’écarquillent à nouveau. L’endroit est comme paradisiaque, me rappelant des paysages similaires que j’ai pu voir lors de mes voyages… Mais cela ne m’empêche pas d’être époustouflée à chaque fois « Si tu dois prendre quelque chose de mémorable en photo aujourd’hui, tu devrais choisir ceci ». Je souris alors, continuant d’observer les paysages et commençant à ouvrir mon sac à dos pour attraper… mon carnet « J’ai même mieux ». Un clin d’œil en agitant légèrement ce dernier dans ma main. Je m’assois alors sur un rocher, proche de la cascade. Seul le bruit de l’eau qui s’écoule se fait entendre, le bruit des feuillage qui bouge avec le petit vent frais et le chant d’oiseau ici et là.
Petite. Ce surnom revient encore et toujours, et plus je l’entends le prononcer, plus je l’apprécie. Parce qu’il y a comme une impression de retomber en enfance, de retrouver un semblant de relation paternelle qui me manque depuis quinze ans. Geo me l’offre, sans s’en rendre compte, et je lui en suis reconnaissante. Evidemment, je garde ça pour moi. Je n’ai pas envie de le mettre mal à l’aise ou en porte à faux, car je sais déjà que sa position est délicate. Bien que nous sommes proches lui et moi, il l’est tout autant avec mon père. Je suis au courant. La réciproque en revanche n’est pas vraie. Ca m’est bien égal mais je sais aussi que la posture est encore moins facile pour Geo. Mais étant donné que mon père est toujours aux abonnés absents, il n’y a pas de raison qu’il finisse un jour par l’apprendre. A moins qu’il décide de revenir un jour, mais ça, je n’y crois plus du tout… « T’as perdu d’avance, petite ». Là, le Geo réveille en moi la bonne compétitrice que je suis, déterminée et têtue, qui n’en démordra pas et surtout, qui ne se sent pas du tout menacer. Au contraire, mon envie de gagner est poussée au maximum et c’est clairement lui qui a du souci à se faire… Il me tend alors sa main pour sceller le pacte et je joins donc la mienne « Dois-je te rappeler que je suis une McKullan ? ». Je lui fais un clin d’œil complice, il sait très bien ce que je sous-entends par là parce que ce sont ses paroles à lui que je ne fais que reprendre…
Un sujet en amenant un autre, je finis par profiter d’une perche tendue pour me renseigner sur l’éventuelle vie amoureuse de Geo. Je me mets à l’imaginer grand poète ce qui, sincèrement, m’étonnerait beaucoup. Cela dit, ce serait drôle de découvrir le Caulfield dans le rôle de Roméo « Est-ce que c’est une tentative d’investigation sur ma vie privée, Mia McKullan ? ». Je hausse les épaules, prenant un air innocent, sourire moqueur au bout des lèvres. Et je le vois qu’il fait tout pour éviter le sujet ce qui élargit encore plus mon sourire alors qu’il poursuit « Je n’aime pas particulièrement lire, écrire, je ne t’en parle même pas. Je ne suis pas vraiment doué pour dessiner ou peindre. Je n’ai jamais joué d’un instrument de ma vie non plus. Non, la seule chose que je sais faire, c’est conduire ». Je me suis arrêtée devant lui, posant mes mains sur mes hanches pour le regarder « Il va falloir remédier à ça papi. La moto c’est sympa cinq minutes mais elle risque de vite se lasser. Je peux t’apprendre s’il faut ». Je reviens sur le même sujet qu’il a pourtant essayé de contourner. Mais cela m’amuse encore parce que je sais que ça le met mal à l’aise et qu’il ne risque pas de me parler de ses conquêtes ou de ses amourettes quoi que je fasse ou quoi que je dise.
Le chemin parcourut finit par nous amener près d’une cascade. Les lieux sont justes époustouflants et m’inspire, au point que je décide de troquer mon téléphone portable contre mon carnet. Ce carnet… il me suit partout, ce n’est pas mon premier, ce ne sera pas mon dernier. Dans mon petit sac à dos qui est lui aussi toujours fixé sur mon dos, il y a sa place et ne me quitte jamais. Cela me permet autant sur le plan professionnel que personnel d’écrire mes idées, mes inspirations, mes états d’âme. Mais aussi d’y réaliser quelques croquis pour une future carrière dans l’illustration. En attendant, je le tire de mon sac pour dessiner le paysage qui s’ouvre devant mes yeux. Je prends alors place proche de l’eau, m’asseyant au bord de celle-ci. J’ouvre mon carnet et commence à réaliser les prémices de ce qui devrait représenter la cascade et les arbres environnants. Je suis concentrée au point où je ne fais plus attention à Geo. Je grimace, je recommence, je râle, j’observe en silence, un petit sourire qui disparait à nouveau suite à une petite contrariété. Le résultat n’est pas probant. Alors à défaut, je commence à écrire quelques petites phrases, pour me souvenir de cette journée passée à ses côtés… « Il a une drôle d’allure, ton ragondin. T’es pas si douée que ça. Attends, c’est un chien en fait, non ? ». Il me fait sursauter, je retourne mon regard vers lui, sourcils froncés « Oh mais on t’a ENFIN trouvé un talent l’inconnu : comique ! Non sérieusement, tu devrais vraiment te reconvertir là-dedans, tu es tellement hilarant ». Je roule des yeux, non sans un sourire. Je reporte mon regard sur mon croquis et … il n’a pas tort. Mais je ne l’avouerai pas pour autant. « Quand tu auras fini de dessiner des animaux difformes… le déjeuner t’attends ». J’acquiesce alors et prend cinq minutes de plus pour terminer d’écrire ce que j’avais en tête. Je referme alors mon carnet, que je garde en main, attrape mon sac à dos qui traînait par là et part rejoindre Geo.
Et ce que je vois me touche un peu plus. Car il a pris soin de prendre de quoi nous restaurer et il a fait cela avec minutie « Tu t’es donné du mal je vois » je le taquine un peu c’est plus fort que moi, encore. Mais c’est ma manière aussi de lui montrer qu’il compte pour moi et que j’apprécie ce qu’il fait « Avoue tu les as acheté avant de venir ? ». Je louche dessus car mon ventre crie famine et que la bouffe en général et moi nous nous aimons d’un amour sans faille. Je me retiens puis… « Bon je me sers ». J’attrape un bagel que je déballe et commence à l’avaler « Umch chest bonch Cheo ». D’accord, pas très polie de parler la bouche pleine mais là aussi, c’était une mauvaise manie chez moi. « C’est du thé dans le thermos ? ». Car je suis une inconditionnelle de thé, que je passe mon temps à en boire. Je redeviens plus sérieusement cependant : « T’as jamais voulu avoir des enfants Geo ? Je trouve que tu excellerais en la matière ». Et c’était sincère. Je pense qu’encore une fois, avec ma remarque, j’allais le prendre au dépourvu mais j’en profitais là aussi pour lui faire passer un message subliminal.
« Très bien, vas-y, si ça t’amuse. Mais ne te fais pas trop d’illusions ». Je pense qu’aucun des deux ne lâchera l’affaire et que si je réponds encore, nous passerons la journée comme ça. Je le toise du regard en guise de réponses, sûre qu’à ce jeu, je peux gagner quoi qu’il en dise. Nous marchons, tout en discutant, et j’essaye d’en apprendre un petit peu plus sur la vie sentimentale de Geo. Il évite le sujet bien sûr, ne voulant plus en parler et sa réaction me fait d’ailleurs rire « Bla bla bla, arrête tes bêtises, tu veux ? ». Je lui laisse alors un peu de répit à ce sujet, n’argumentant pas davantage, bien que l’envie là aussi y était. Mais je trouverai un autre moyen d’en savoir plus à un autre moment, où il s’y attendra le moins.
Au bout du chemin, nous débouchons sur une magnifique cascade. Le lieu semble apaisant et me donne envie de sortir mon petit carnet. Je m’installe alors et laisse Geo vaquer à ses occupations. A vrai dire, je ne prête plus attention à ce qui se passe autour de moi tellement je suis concentrée sur ce que je fais. Sûrement une vingtaine de minutes plus tard, Geo m’interromps et se permet une remarque sur mes dessins. Ce qui me rend grognon je le reconnais. A croire que Geo a déteint sur moi… « C’est la faim qui te rend aussi susceptible, petite ? ». Il lâche ça et tourne les talons. Il ne le voit pas mais en guise de réponses, je lui tire la langue et finit par sourire.
Je le rejoins et m’aperçois qu’il a tout préparé avec minutie. Je ne peux m’empêcher de le taquiner en émettant le doute qu’il n’a pas préparé lui-même les sandwichs « Tu sais quoi ? Pas de déjeuner pour toi ». Je l’observe rerangeant tout ce qu’il avait pris soin de disposer quelques minutes auparavant. « Et c’est moi la susceptible dans l’histoire ? » Je ris et pioche sans gêne dans son sac pour récupérer un bagel, parce que, clairement, cela ne m’arrête pas et que j’ai faim. Je lui signifie d’ailleurs que c’est très bon, mais à ma façon, mauvaise manie que j’ai depuis toute petite, parler la bouche pleine. Bien sûr, je ne me permets pas de le faire devant des gens que je ne connais pas mais avec Geo, je me sens à l’aise et mon naturel revient alors au galop. « Toute une éducation à refaire… ». Je pose mon regard sur lui, ne me rendant même plus compte de ce qui a pu le choquer pour qu’il puisse faire cette remarque. J’hausse les épaules et continue à savourer mon bagel « Au jasmin. J’espère que tu aimeras. Je trouve que ça sent le savon ». Un sourire s’affiche sur mon visage, je m’essuie le coin de la bouche doucement et prends le soin d’avaler cette fois « Tu as des goûts raffinés à ce que je vois. J’aime ce parfum, tu as fait un excellent choix ». Parce qu’en tant qu’amatrice de thé, j’en ai déjà testé un tas, et notamment durant mes voyages, et donc ce parfum ne m’est pas inconnu.
Tout en mangeant, je lance un sujet de conversation plutôt sérieux, mais que je juge anodin et pas si choquant à évoquer que ça. Mais Geo manque de s’étouffer. Je relève mon regard vers lui et le regarde prendre une gorgée d’eau. « Crève pas ! » je lance alors toujours aussi sérieuse. Je lis son air étonné sur son visage « Pourquoi cette question ? Je…Je suis très bien tout seul. Que veux-tu que je fiche d’un gosse ». Je ne pensais pas que cela allait le mettre dans un tel état. J’hausse alors les épaules avant d’ajouter « Je t’ai demandé ça par simple curiosité Caulfield. Mais, si je t’ai dit ça, c’est parce que pour moi, tu ferais un très bon père c’est tout ». Je garde un air un peu détaché et pourtant, je lui faisais clairement comprendre que pour moi il l’avait été. Pendant cinq ans, à l’autre bout du monde, il s’était montré présent pour moi, chose que mon propre père avait été incapable de faire à mes yeux. « J’ai déjà ma famille. C’est très bien comme ça ». Mon sourcil s’arque alors parce que je ne suis pas sûr de saisir l’allusion jusqu’à qu’il ajoute « Et j’ai déjà bien assez à faire avec toi ». Nos regards se croisent alors et mes lèvres s’étirent tout autant que les siennes. Il me montre que j’ai des miettes autour de la bouche, je lève les yeux au ciel et retire celle-ci avec une serviette « Et tu le fais très bien ». C’était sincère. « Mais avoue que je ne suis pas si difficile à gérer comme gosse… Si ? ». Uhm, en vrai, avec mon caractère, pas sûr qu’il me dise que ce soit le cas. Je grimace parce que je me doute déjà de sa réponse et qu’au fond, je n’en suis pas moi-même convaincu. Je m’apprête à reprendre une bouchée quand c’est à lui de me prendre au dépourvu, me laissant bouche bée avec mon sandwich devant celle-ci « Ca serait plutôt à moi de te poser la question ». J’hausse les sourcils et soupire avant de lui répondre, abaissant mon sandwich « Tu sais très bien à quel point ma vie amoureuse est désastreuse » je laisse échapper un rire mais un rire qui se veut plus désespéré « Donc non, avoir un môme est un projet fort fort lointain ». Je mime alors en posant ma main sur mon front et en regardant l’horizon, sourire au coin des lèvres. « Tu me sers un peu de thé l’inconnu ? ». Je termine ma dernière bouchée de bagel. « Direction la Gold Coast ensuite où il y aura encore un autre stop ? ».
Assisse, à déguster le déjeuner préparé par Geo, une petite brise venant délicatement caresser mon visage, je me sens bien. C’est un instant que je partage avec quelqu’un qui compte pour moi. Quelqu’un qui, en cinq ans, m’a prouvé que, même à distance, on pouvait être là pour les gens qui comptaient. C’est ce qu’il a fait avec moi. Et aujourd’hui, alors qu’il est sur Brisbane, même si j’ignore pour combien de temps, je savoure cet instant avec lui, car il me fait oublier la morosité du quotidien, la douleur toujours présente de l’absence de mon père depuis toutes ces années. Il s’est comporté comme tel avec moi et pour ça, je lui en serai toujours reconnaissante… « Sérieusement ? Je pense que j’ai un peu trop déteint sur toi ». Un sourire amusé s’affiche sur mon visage alors que je continue à déguster mon bagel en acquiesçant doucement. Oui, cette relation était presque celle d’un père avec sa fille. D’ailleurs quand je lui signale qu’il en ferait un très bon, il semble être mal à l’aise, bredouillant ces quelques paroles « Tu dis n’importe quoi. T’es plus une gamine. Enfin, si, un peu, mais… tu m’as compris ». Je ris doucement car la scène est drôle. Le voir par moment si inconfortable surtout quand il s’agit de s’ouvrir un peu ou de parler de ses sentiments me fait sourire. Je m’en amuse mais en vrai, je trouve ça mignon, ce semblant de timidité finalement. Il avoue cependant qu’il avait suffisamment à faire avec moi déjà. Cela me touche. Alors je m’amuse un peu en lui disant que je n’étais pas si difficile à gérer come gosse, tout en lui demandant confirmation. « Tu t’en sors pas trop mal, petite ». Encore et toujours ce surnom qui était sa façon de me montrer qu’il tenait à moi, entre autres choses qui me le prouvait. J’affiche alors un sourire fier, jetant une mèche de cheveux en arrière avant de rire doucement.
L’arroseur arrosé. Prise par mon propre piège, voilà que Geo me retourne la question. Lui-même sait que l’amour et moi, ça fait deux et donc avoir des enfants n’est pas dans mes projets, bien que c’est une vie que j’idéalise pour mon futur « J’ai aucun doute sur le fait que tu trouveras la bonne personne. T’es encore une ga… t’es jeune. Ca viendra. Profite de ce que tu fais aujourd’hui. De qui tu es. Le jour où tu en auras marre de ton môme, tu le déposera chez ton vieux Geo pour qu’il te foute la paix ». Ces paroles me réconfortent, comme il a pu si bien le faire de nombreuses fois au téléphone. Sur le fait que je finirai par trouver quelqu’un qui m’aimera, qui ne m’abandonnera pas du jour au lendemain et avec qui je serai tout simplement heureuse. Ce qui me touche d’autant plus, c’est sa dernière phrase « Ils vont adorer venir chez le vieux Geo si tu les amène faire une balade en moto ». Je plaisante mais en réalité, ce qui me marque le plus, c’est de savoir qu’il serait prêt à s’établir sur Brisbane… Qu’il puisse envisager ce projet là me réconforte. Parce que je n’avais pas envie de le voir partir, et ça peut-être même jamais.
« L’inconnu tu disais ? ». Il s’amuse en me tendant la tasse de thé à la retirer à chaque fois que je m’apprête à l’attraper, ce qui me fait froncer les sourcils. « Prochain arrêt, Gold Coast. C’est notre dernière destination. Tu y es déjà allé, je suppose. C’est le paradis des surfeurs ». J’acquiesce « Je la connais comme ma poche ». Je souris mais celui-ci s’estompe un peu « Mon père avait l’habitude de m’y amener quand j’étais gamine, on y passait des weekends entiers ». Même si nous vivions à une heure de route, mes parents réservaient une chambre d’hôtel, pour pouvoir encore plus profiter. Des souvenirs qui resteront à jamais graver dans ma mémoire mais qui, présentement, me faisaient toujours un petit pincement au cœur. Je soupire et finit de déjeuner avant que Geo m’indique qu’il est temps de partir. Je l’aide à ranger et nous reprenons le chemin pour rejoindre l’entrée de la forêt. Nous n’utilisons pas le même chemin et alors que nous parlons, Geo me coupe la parole pour me montrer quelque chose. « Viens voir, petite ». J’attrape la main qu’il me tend et observe alors les fameux hibiscus plus gros que ma tête « Tu vois, je te l’avais dit ». Je souris et ne peut m’empêcher de plaisanter un peu « En effet. Je pensais vraiment que tu délirais tout à l’heure en me disant ça, mais ok maintenant je te crois maintenant ». Je lui lance un clin d’œil et sourire aux lèvres, nous repartons pour enfin atteindre l’orée de la forêt.
Après presque une heure de route, nous arrivons à Gold Coast. Cette ville côtière que je connais que trop bien. La plage de Surfer Paradise, la plus connue de toute, qui, même en hiver, est animée du matin jusqu’au soir, quelques marcheurs sur le bord de mer, d’autres qui font les boutiques du centre commercial qui est de l’autre côté de la route. Et puis, ces buildings, plus impressionnant encore la Q1 Tower haute de plus de trois cents mètres, sur lesquels se reflètent les rayons du soleil. Geo se gare non loin de là « Gold Coast, terminus ». Je retire mon casque et descend de la moto tout en regardant l’horizon. Des surfeurs, évidemment, qui savouraient les vagues qui avaient l’air d’être excellentes aujourd’hui. « Ok alors… On ira où tu veux. Il y a quelque chose qu’il faudra absolument que je t’emmène voir. Mais ça peut attendre. Alors, où nous allons, McKullan ? ». Un petit air amusé s’affiche sur mon visage, alors que je feins de réfléchir « On pourrait faire les boutiques ? ». Je sais d’avance que c’est la dernière activité au monde que Geo voudrait faire. En voyant sa tête, il n’y a pas de doute. Je ris alors avant de lui dire « Viens ». Je l’attrape par la main pour l’inciter à me suivre jusqu’à la plage. Celle-ci s’étendait sur plusieurs kilomètres. Je lâche alors sa main et nous marchons tranquillement jusqu’à arriver au bord de l’eau « Regarde » Je lui montre alors du doigt une méduse à peine visible et pourtant imposante qui s’est échoué sur la plage. Et ce n’est pas la seule, je lui en montre plusieurs « Elles sont redoutables. J’en ai toujours une peur bleue, même avec ma combinaison de surf ». En parlant de ça, je reporte mon regard vers l’horizon « T’a déjà surfé Caulfield ? Je pourrais t’initier… peut-être pas aujourd’hui… mais un jour je pourrais te montrer ». Je prononce ses paroles sérieusement, car partager ma passion avec lui me ferait plaisir. Et peut-être allais-je découvrir qu’il s’y connaissait déjà ce qui serait une bonne surprise. « J’adore venir ici avec Knox. Le courant est toujours bon et particulièrement aujourd’hui ». Je sors d’ailleurs mon téléphone pour faire une petite vidéo pour pouvoir lui montrer en rentrant. Je le range aussitôt avant de reporter mon regard sur Geo alors qu’une idée me traverse l’esprit en regardant un peu plus loin « T’es doué en volleyball ? ». Je lui montre alors le filet au loin et le petit groupe de potes qui joue entre eux « Tu veux que je te mette une raclée ? ». Je le défie du regard, sourire malicieux au bout des lèvres.
Geo et moi nous trouvons à Gold Coast. Je l’entraîne sur la grande étendue de sable fin pour lui montrer quelques méduses échouées mais aussi voir de plus près l’agitation des vagues qui me donnerait envie d’enfiler ma combinaison de surf, prendre ma planche et filer sur l’eau. Je demande alors à Geo s’il s’est déjà essayé au surf « Non, jamais. De là où je viens, on est plutôt ciré et bottes en caoutchouc, tu vois ». Je ris doucement avant de lui proposer une initiation un de ses jours « Deal ». Je ne pensais pas qu’il accepterait aussi facilement mais m’en voilà ravie « Tu m’apprendras à pêcher en contrepartie » je lance alors accompagné d’un clin d’œil. Mon regard se porte alors sur le terrain de volleyball qui se trouve non loin de là. Une idée me traverse immédiatement l’esprit, mettant au défi Geo de m’affronter, pour lui mettre une raclée « Je suis ton homme. Te fais pas d’illusions ». J’arque un sourcil, l’air défiant et nous nous dirigeons vers un des terrains disponibles. S’il savait. S’il savait que j’ai pratiqué le volleyball en club alors que j’étais gamine, alors il comprendrait pourquoi je suis autant emplie d’assurances. Il comprendrait aussi pourquoi je le bats à plate couture alors que lui passe plus son temps à manger le sable qu’à taper dans le ballon. Des scènes qui me font rire et même perdre bêtement parfois juste de le voir la tête par terre. « Match nul ? » Après mon énième fou rire, j’acquiesce même si j’ai clairement gagné. Je jubile sur place. « Impressionné hein ? » je fais en tendant mes bras de part et autre. Je laisse échapper un petit rire alors qu’il dépose le ballon dans le sable. Je passe alors mon bras sous le sien pour le serrer doucement, comme pour m’excuser de lui avoir fait manger la poussière, sourire malicieux au bout des lèvres. Le ciel prenait des couleurs orangées, du fait du coucher du soleil. La journée touchait déjà à sa fin et j’avoue que je n’en ai pas spécialement envie « Ok, McKullan. Il est temps d’y aller ». Mon regard qui était porté sur l’horizon se pose sur Geo, un sourire s’affichant doucement, j’acquiesce alors et le suit jusqu’à la moto.
« J’ai un dernier endroit à te montrer, avant de rentrer ». Telle une gamine à qui on annonce une journée à Disneyland, mon sourire se veut radieux et traduit ma joie d’avoir encore un lieu à visiter à ses côtés et surtout de passer encore un peu de temps avec lui. Peut-être parce qu’au fond, je craignais qu’il puisse repartir bientôt, qu’il ne s’éternise pas à Brisbane et que cette journée soit l’unique que l’on passe ensemble. Même si je ne lui disais pas, il comptait beaucoup pour moi, comme un père, quand il a su me montrer que malgré les milliers de kilomètres qui nous séparaient, il était là quoi qu’il arrive. Il avait été celui qui avait séché mes larmes après ma rupture avec Lukas, celui qui m’avait donné la motivation quand l’inspiration était au plus bas, que je remettais en question mes choix de carrière ou le fait de rester à Brisbane ou partir à nouveau parcourir le monde. Bref, sous cette carapace, se cacher un homme au grand cœur. Et cette journée ne faisait que me conforter un peu plus dans l’idée que je n’avais pas envie de le voir partir de sitôt de Brisbane. Alors, nous grimpons à nouveau sur cette moto et prenons une direction inconnue jusqu’à que j’aperçoive le panneau de Southport. Nous nous arrêtons peu de temps après, je retire alors mon casque, observant les alentours. Un terrain vague, encore un, parsemé de fleurs ici et là et d’herbes. « Non, je ne compte pas te tuer ici non plus » « Mais tu n’exclue pas totalement l’idée de me tuer pour autant » je lance alors pour le taquiner. Je dépose le casque sur l’assisse de la moto alors que mon regard est attiré par la vue sur Southport et Gold Coast. La ville commençait à s’illuminer tandis que le soleil disparaissait de plus en plus, le ciel offrant un spectacle de lumières tout autant subjuguant. « Tu vas finir par me prendre pour un vieux collectionneur de cartes postales, hein ? ». J’hausse les épaules « Non... Et puis je préfère que tu me les montre en vrai plutôt que tu me les envoie » je dis alors, mine de rien, regardant l’horizon. Pourtant, cette phrase n’est pas anodine, elle lui montre que je n’ai pas envie de le voir partir de Brisbane et qu’on s’organise encore plein de journées comme celle-ci. Une petite brise se lève et permet de distinguer sans difficulté de la musique. « Quitte à passer pour un vieux ringard… ». Mon regard se tourne alors sur Geo, intriguée par ses mots « Vous dansez, Mademoiselle … ? ». Il me tend sa main que je regarde, non sans un sourire, un brin moqueur je le reconnais. Je suis étonnée qu’il me fasse une telle proposition, mais c’est finalement une bonne surprise. Je glisse alors ma main dans la sienne, acceptant avec plaisir de danser avec lui. Je m’approche alors doucement, posant ma main sur son épaule alors que nous commençons à danser sur du blues au rythme lent. « Tu me dévoile certains talents que j’ignorais possible chez toi » je ne peux m’empêcher de le taquiner alors, sourire malicieux au bout des lèvres. Un silence s’instaure alors que nous continuons à valser, tournant sur nous-même. Mon regard vient rencontrer le sien alors qu’il était perdu au loin, pensif à de vieux souvenirs. « Merci Geo… ». je lance dans un murmure. J’ose affronter son regard pour prononcer les mots qui suivent « Merci d’avoir été présent ces cinq dernières années et de l’être encore. Je te considère comme … » un père… Je m’arrête parce que les mots restent difficiles à prononcer et sont bloqués dans ma gorge qui se serre « … tu comptes énormément pour moi et je suis tellement heureuse que tu sois sur Brisbane. J’ai passé une journée mémorable à tes côtés et je t’en remercie. Sincèrement ». Parce qu’il ne s’en rend peut-être pas compte mais c’est le genre de journée dont je rêvais secrètement, en compagnie de mon père… Ce dernier étant aux abonnés absents, il ne me restait que les souvenirs lointains de nous deux, lorsqu’il me faisait à son tour danser, me portant dans ses bras étant gamine ou lors de mon premier bal de promo à 14 ans où il avait absolument voulu danser un slow avec sa fille chérie alors qu’il était chaperon de la soirée. « J’espère que tu resteras un petit temps sur Brisbane, que je puisse encore t’embêter avec mes malheurs et mes petits surnoms ». Un petit sourire s’affiche sur mes lèvres sur ces derniers mots alors que mes yeux ne parviennent pas à dissimuler l’émotion que je ressens à ce moment-là.