« On doit y retourner, mais peut-être pas là où on pensait. » Je fronce les sourcils et, si j’aimerais être à des années lumières de cet hôpital dans lequel semble s’être répandu un mal inconnu, je suis d’accord avec lui : il faut aller au bout de notre découverte et, si j’en crois les événements de ce matin, il y a des chances pour que l’amulette soit la clé, et nous sommes les seuls à la posséder. « J’en sais rien. Je lui fais confiance. » Je ne répète pas mes craintes : je me contente de serrer ma main dans la sienne un peu plus fort et de le suivre. Lorsque nous pénétrons dans la pièce et que je comprends de quoi il s’agit, je déglutis. « T’es toujours sûr de lui faire confiance ? » Un bruit métallique l’empêche de me répondre et je me retourne dans un sursaut. Deux pelles appuyées contre le mur sont tombée et je fronce les sourcils. « Tu sais que je ne crois pas au hasard ? » « Tu vas vraiment creuser là dedans ? » J’en suis incapable mais je le tais : cet avant bras qui pend mollement je préfère l’oublier, l’envisager comme un mauvais rêve. « Sors.  Pour faire le guet, s’il te plait. » Je m’exécute, consciente qu’il cherche surtout à m’ôter le sentiment d’être inutile, consciente qu’il ne veut pas que je me sente désoeuvrée.

Je fixe le couloir d’un air inquiet et, de longues minutes plus tard, il m’interpelle. « Viens voir. J’ai trouvé quelque chose. C’est un manasta. Une tombe si tu préfères et celle là, elle est étrange. On dirait qu’il faut un code pour l’ouvrir. » « Mais qu’est ce que ça fout là ? » J’observe les symbole sur le côté du tombeau ou sarcophage, mais les deux symboles accolés de ne me disent rien. « Je crois que c’est lié aux divinités anciennes. Tu as ton téléphone ? » « J’aurais dû écouter à l’école. » Je plaisante pour masquer le côté aberrant de tout ce que nous sommes en train de vivre. Mon coeur se serre lorsque je tire mon téléphone de ma poche et que je dois me battre à une main pour le déverrouiller et ouvrir une page internet. Je mets un point d’honneur à ne pas me plaindre : je ne veux pas qu’Amos me prenne en pitié ni même qu’il le relève. « Et je tape quoi ? Traduction hiéroglyphe ? Apparition de sarcophage ? » J’esquisse un sourire avant de reprendre mon sérieux. « Y’a quelque chose qui te viens en voyant ça ? Le symbole, c’est quoi ? »


Win : Ils trouvent la tablette
So close : Ils ne trouvent pas la tablette
Fail : Ils ne trouvent pas la tablette

« Aucune idée. C’est pas sa place. » Je me doute que ce n’est pas la place d’un tombeau égyptien, la salle de crémation d’un hôpital. Je ne fais aucune remarque acerbe puisque je me doute également que, comme moi, Amos tente en vain de trouver un sens à tout ça en énumérant des évidences. Cette histoire de tablettes, d’amulette et de momie ne tient pas debout, pas plus que ses hallucinations et mon bras qui pend mollement le long de mon corps et j’ai la sensation de devenir folle. « Ouais. Moi aussi. Et être plus attentif à ce que racontait ma mère. » Je m’approche un peu plus pour observer le tombeau et les inscriptions gravées dessus. Je m’exécute lorsqu’il me demande de sortir mon téléphone, je rage et serre les dents de me sentir inapte tandis que j’ai bien du mal à l’utiliser d’une seule main mais, en le coinçant tout contre mon coude j’arrive à m’en servir. « Je sais pas. Ecrit, manasta egyptien et enigme ? On aurait peut-être une info. » Je m’exécute et fait défiler les résultats les sourcils froncés. « Des portraits du Fayoum ? Mais, qu’est-ce que c’est que cette connerie ? » « Ouais je sais pas ce que c’est mais ça a rien à voir avec nos symboles à nous. » En même temps, il reste difficile de savoir vers quoi nous orienter : je suppose que si j’avais tapé “fleuve en sang” sur google je n’aurais trouvé non plus de tuto en ligne m’expliquant comment faire revenir les choses à la normale. « Laisse tomber. Essaie plutôt mythologie egyptienne, voir si on peut pas associer un animal à son dieu et à ce qu’il représente. Tu vois ce que je veux dire ? Quoique non, tu sais quoi ? Laisse tomber. » Je hoche la tête et je m’exécute. Sauf que l’animal ressemble à un éléphant et qu’aucune divinité égyptienne ne me semble posséder la tête de cet animal. Je cherche encore lorsque je relève les yeux pour voir Amos en train de forcer le mécanisme. « T’es sûr que c’est une bonne idée ? » Me voilà moi superstitieuse à présent. C’est le monde à l’envers et, de toute façon, il parvient à ouvrir le tombeau avant même d’avoir le temps de me répondre. « Franchement, ça a été fait il y a des siècles, ça devait casser. » Je fronce les sourcils et, doucement, je me penche vers le coffre. Il est vide. « Tout ça pour ça ? C’est une blague ? » Doucement et méfiante, je laisse mes doigts courir le long des parois du sarcophage. « J’ai l’impression qu’il y a quelque chose ici. Comme une sorte de mécanisme, un levier mais je n’arrive pas à l’attraper. »