Mes yeux s’ouvrent. Péniblement. Je ne reconnais pas tout de suite le lieu dans lequel je me trouve. Cette chambre n’est pas la mienne. Pourtant, je reconnais un objet, puis un deuxième. Et mes lèvres s’étirent doucement. Je me tourne alors, et je le vois, dormant paisiblement à mes côtés. Mon corps pivote de sorte à me trouver sur mon côté gauche afin de l’observer. Ma main vient délicatement se poser sur son torse dénudé. Quelques caresses et je referme mes yeux pour profiter encore quelques instants de ce moment. Je me replonge dans les souvenirs de notre soirée. J’ai arrêté de compter le nombre de moments passés ensemble depuis cette rencontre en boite de nuit mi-juillet. Notre histoire n’était pas censée aller plus loin qu’une simple histoire d’un soir. Pourtant, le destin a fait que nous nous sommes recroisés le fameux lendemain pour une interview. Une troisième fois… Et de là à commencer un réel rapprochement entre nous. Je pensais que ça n’irait pas plus loin et pourtant il revenait à chaque fois, m’appelant au moment où je m’y attendais le moins. J’aurai pu plus d’une fois lui dire non, refuser de le rejoindre alors qu’il était en bas de chez moi à m’attendre ou refuser de me rendre à son domicile. Pourtant, quelque chose faisait que j’acceptais. A chaque fois. Même lorsqu’il ne me donnait plus de nouvelles pendant plusieurs jours… A croire que je commençais à apprécier cette relation indéfinissable. Une relation qui me convenait, que je gardais secrète, n’en parlant à personne autour de moi. Je souris bêtement alors que mes yeux sont encore clos. Je n’arrive plus à dormir. Je regarde l’heure il est aux alentours des huit heures, en ce samedi matin.
Je n’ai pas envie de le réveiller, pourtant, je m’approche de lui. Je caresse doucement son visage, puis ses cheveux. Délicatement, je me retrouve à lui poser un baiser sur la joue. Ma main glisse subtilement le long de son épaule, pour revenir sur son torse. Mes yeux ne quittent pas les siens encore fermés. Comme si je cherchais à le réveiller inconsciemment. Je souris, je me sens apaisé à ses côtés, bien que je sache que cette relation ne sera pas des plus faciles. Tant pis, je me permets de m’y perdre un peu, de prendre le risque de m’attacher à lui et peut-être finir par être déçue. Je m’en relèverai… certainement. Comme toujours. Je me blottis alors contre lui, à ses pensées, car pour l’instant, je n’ai pas envie de perdre ce lien si particulier qui nous lie. Mon étreinte se resserre alors que je pose ma tête sur son épaule. Je sens alors qu’il remue à son tour. Je soulève ma tête pour le regarder, plongeant mon regard dans le sien, si bleu que je m’y perds. Mes lèvres s’étirent, ma main vient lui caresser à nouveau le visage « Bonjour Monsieur Strange ». Cela m’amuse de l’appeler ainsi, une sorte de jeu entre nous assez coutumier « Vous semblez radieux ce matin… Je me demande bien pourquoi ». Un air taquin s’affiche sur mon visage alors que nos regards ne se sont pas quittés un seul instant.
« Bonjour Mia McKullan ». La résonnance de mon nom dans sa voix me fait sourire. Ses mains sur mon corps me font frissonner, comme toujours. Il n’est pas totalement réveillé ce qui lui donne un petit air vulnérable, que je n’ai pas l’habitude de voir chez lui. Il garde toujours ce côté mystérieux qui m’intrigue et m’attire tant. Au lieu de me faire fuir. Pour l’instant. Il se positionne pour me faire face « Oui moi aussi je me demande pourquoi, je me dis que ça a peut être quelque chose à voir avec une si belle femme dans mon lit. Ca doit aider ». Je ris doucement sentant sa main baladeuse sur moi « C’est certain, vous n’arrivez plus à me résister ». Il s’amuse, me cherche avec sa main qui s’égare entre mes cuisses. Mon regard devient plus joueur alors qu’il m’embrasse d’abord tendrement puis plus passionnément. Je m’approche davantage de lui, prolongeant le baiser. Ma main passe derrière son dos puis jusqu’à arriver à son postérieur « Je dois reconnaitre que même moi je ne peux plus résister ». Je le regarde, intensément, un regard qui ne laisse pas de place au doute. Pourtant, Alec semble avoir une idée derrière la tête « Tu sais, je ne travaille pas aujourd’hui ». Un sourire étire mes lèvres. L’idée que l’on puisse avoir la journée ensemble est loin de me déplaire. Il me tire vers lui, m’offrant des baisers dans le cou avant de me murmurer « On pourrait aller se balader. Toi et moi et Otis bien sûr ». Je suis surprise mais ravie. Je le repousse légèrement, arquant un sourcil « Une journée rien que toi et moi ? Uhm, il faut que j’y réfléchisse… ». Je le fais lésiner, volontairement, même si ma réponse est déjà toute prête dans ma tête. « Je connais des coins sympas, pas loin de Brisbane ». Indéniablement, je ne parviens pas à rester sérieuse bien longtemps. Je m’approche à nouveau, caressant son torse de ma main. Mon regard se plonge alors dans le sien « L’idée me plait… Mais tu sais Alec, il va falloir m’impressionner. Et ça toute la journée. Et ça commence… ». Je me tourne pour regarder l’heure avant de reposer mes yeux sur lui « maintenant ». Je joue, comme toujours, lui lançant un défi mais j’ai envie de le pousser dans ses retranchements. Comme si je cherchais à le tester, voir de quoi il était capable pour moi. Peut-être parce qu’au fond, je savais que cette relation, bien qu’agréable, n’était pas toute rose et pouvait s’arrêter à tout moment. Car Alec gardait ce côté mystérieux que je n’arrivais pas encore à percer. Peut être que cette journée me permettrait d’en apprendre un peu plus sur lui et qu’il s’ouvrirait un peu plus à moi. « J’ai droit à un avant-goût ? ». Je lui fais un clin d’œil et ne lui laisse pas le temps d’agir réellement. Je le fais basculer doucement pour qu’il se retrouve sur le dos. Je m’approche, passant une première jambe par-dessus la sienne et vient l’embrasser fougueusement. Ma main se balade sur ses épaules incroyablement musclées, sur son torse qui l’est tout autant… Je resserre mon étreinte, collant davantage mon corps contre le sien. Puis, tout à coup, je me détache « On y va ou … ? » On continue ? Je l’interroge du regard, me marrant doucement, lui laissant le choix de savourer encore quelques instants la proximité de nos deux corps dénudés ou de se lever pour commencer cette journée qui allait très certainement me faire m’attacher encore plus à lui…
« Comment ça Madame fait la difficile ? ». Nous sommes collés l’un à l’autre, il y a toujours ce jeu de séduction incessant, dans lequel je me complais surtout en faisant un peu de la résistance. Mais si seulement il savait. S’il savait que je suis loin d’être difficile. Surtout avec lui, ne demandant rien de plus pour le moment alors qu’il y a déjà des choses qui ont pu me déranger. Une nuit de plus passé ensemble et puis, plus rien, silence radio pendant plusieurs jours. Et sa façon de détourner certains sujets… Pourtant, je reste. J’en ai envie alors que je sais que ça peut être une histoire casse gueule pour moi. Mais c’est plus fort que tout, à chaque fois, j’y retourne. Parce que, chaque moment passé avec lui reste magique. Et ça de plus en plus depuis ce fameux soir où il m’a invité pour la première fois chez lui. Il sait s’y prendre, comme là quand il voit que j’hésite. Il vient m’embrasser dans le cou. Et je sens la chaleur de son corps contre le mien, qui l’est tout autant. La tentation est trop grande et donc il m’est impossible de lui dire non. Je n’en ai pas l’envie de toute manière. J’accepte, le met au défi de me surprendre. Mais avant… avant j’ai envie de lui, à nouveau, comme si la nuit n’a pas suffi. Je me positionne sur lui, laissant mes mains se glissaient un peu partout sur son corps. Et puis, je me retire, lui demandant si on y va ou si on continue. Il rit et un sourire plus grand vient étirer mes lèvres « Tu sais que si tu restes au-dessus de moi on ne va jamais sortir de ce lit hein ? ». En vrai, ça m’est égal car je me plais d’être là dans ses bras, nos deux corps dénudés l’un contre l’autre. Mais ma curiosité est aussi très forte et mon impatience refait surface rapidement car j’ai envie de voir ce qu’il me réserve. « Ce serait dommage en effet car je suis impatiente de passer cette journée avec toi ». Je ne m’en cache pas. Je commence de plus en plus à m’ouvrir à lui, peut-être le devrais-je pas. Peu importe. Il m’embrasse à nouveau, j’y réponds et savoure l’instant. Je ne suis pas la seule à jouer car il se détache subitement « MAIS la journée nous attend, je ne me laisserais pas avoir si facilement ! ». Il me bascule sans aucune difficulté, me retrouvant à mon tour sur le dos. Je ris cependant de sa réaction. Je l’observe alors, autant profiter de la plus qu’agréable vue qui s’offre devant mes yeux. Je me redresse, m’étire doucement puis décide de me lever. Je suis aussi dévêtue que lui. Je m’apprête à attraper mon collier sur la table de nuit quand je sens qu’il s’approche, me faisant pivoter et m’incitant à me rapprocher de lui. Il m’embrasse à nouveau, je me mets sur la pointe des pieds pour être à sa hauteur. Mes mains se glissent naturellement dans ses cheveux, tendrement. Nos lèvres finissent par se détacher « Tu deviens faible Alec ». Lui qui disait une minute plus tôt qu’il ne se laisserait pas facilement avoir. Je remarque alors son air joueur. Mes bras sont toujours autour de sa nuque « Après il faut bien prendre une douche avant de partir. Et j’ai une politique extrêmement écologique chez moi tu sais, il vaut mieux économiser l’eau, je pense qu’on devrait y aller à deux ». Je ris doucement, l’excuse n’est pas crédible. Pourtant je joue le jeu, non sans un sourire légèrement moqueur au bout des lèvres « Je suis une fervente écologiste moi aussi et je trouve que c’est une raison tout à fait valable ». Je ris alors qu’il me soulève pour m’amener dans la salle de bain où nous reprenons ce que nous avons laissé en suspens quelques minutes plus tôt…
***
Cette fois-ci je finis par rattacher mon collier autour de mon cou. J’ai un sourire au coin des lèvres qui ne me quitte pas depuis que nous avons quitté cette salle de bain. La journée s’annonce parfaite, je le sens. Je finis d’agrafer mon jean, enfile mon débardeur et je sens à nouveau son étreinte autour de moi. Je penche légèrement la tête sur le côté, profitant du baiser sur mon épaule encore nue « Tu es prête ? Je nous prépare un petit déjeuner avant de partir ? ». Je passe ma main doucement sur sa joue alors que je suis toujours dos à lui. Je me retourne, m’obligeant à quitter ses bras pour enfiler mon pull. Et puis je m’approche à nouveau pour plonger mon regard dans le sien « Tu n’as pas été suffisamment rassasié ? » je murmure alors, riant légèrement. « Je suis prête et un petit-déjeuner serait le bienvenue ». Je me remets à nouveau sur la pointe des pieds pour déposer mes lèvres sur une de ses joues. Nous descendons alors dans sa cuisine. Otis, son chien, vient vers moi, m’accueillant avec joie. Je me baisse alors à sa hauteur pour lui offrir pleins de caresses « Bonjour mon beau ». Je jette un œil vers Alec, encore une fois le sourire aux lèvres, amusé « Tu sais ce que ton papa a prévu aujourd’hui ? Une promenade en dehors de Brisbane que tous les trois ». Je ne sais pas si l’animal a compris mais il semble ravi, agitant fortement sa queue. Je ris en me relevant et m’approche d’Alec « Alors, quel est le menu, chef ? ». Ma main passe délicatement dans son dos alors que je le regarde s’afférer.
« Jamais ». Cette affirmation me fait sourire, m’arrêtant quelques instants dans mes gestes. Après une énième étreinte, nous descendons alors pour prendre le petit déjeuner qu’il m’a proposé de préparer. Son chien nous accueille avec beaucoup de joie et je m’approche alors de lui pour le caresser. Je m’adresse même à celui-ci, sourire amusé au bout des lèvres, attendant la réaction de son maitre « Si tu crois que mon chien va trahir mes secrets tu peux toujours courir non mais oh ! ». Sa méfiance me fait rire, mais j’entre dans son jeu « Il semble plus docile et apprivoisable que toi cependant ». Peut-être faisais-je référence au fait que dans cette relation, Alec était celui qui menait la danse. Une danse que je me complaisais à suivre, au rythme qu’il le voulait. Pourtant, j’ai envie d’en apprendre plus sur lui, découvrir qui il est réellement sous cette carapace qu’il semble s’être forgé. Je me relève et m’approche de lui, délicatement, laissant ma main traîner dans son dos, regardant par-dessus son épaule, comme je peux du moins, pour voir ce qu’il est en train de nous concocter. Son baiser dans mes cheveux me fait fermer les yeux et apprécier l’instant « Pain perdu ça te dit ». Ma main encore libre vient alors caresser son menton délicatement, l’obligeant à me regarder. Je murmure alors un « C’est parfait » avant de déposer un baiser sur ses lèvres. Oui, le cadre semble parfait, j’ai l’impression de vivre enfin une relation autre que mes éternelles histoires sans lendemain où la case petit déj n’était même pas une option. Peut-être commençais-je à me perdre à cet instant même, me disant que cette relation, que nous jugions nous même non sérieuse, était en train de le devenir. Volontairement ou non de notre part. Les choses se faisaient naturellement. Pas de semblant, rien n’était forcé. « Je te laisse nous faire du café pendant que je prépare ? ». J’acquiesce d’un signe de tête et m’affère à la tâche, prenant deux tasses dans le placard du dessus. Preuve là encore que nous passions énormément de temps ensemble, au point que je savais où trouver quoi dans sa cuisine. Alec met un peu de musique en fond, je l’observe faire alors que le café s’écoule délicatement dans les tasses. « Je serai curieuse de te voir danser… seul cette fois ». Car lors de notre première rencontre, je l’avais vu un peu à l’œuvre mais nous étions plus occupés à se coller l’un à l’autre, à se séduire plus qu’à suivre le rythme de la musique.
Attablés, l’odeur du pain perdu me remonte délicatement aux narines. Une odeur agréable, accompagnée de celle du café. Je sais qu’Alec m’observe et veut avoir mon avis. Je le laisse miroiter, volontairement, prenant le temps d’attraper mes couverts et découper délicatement une part du toast. Une fois dans ma bouche, je prends un air réfléchi, grimaçant un peu, comme pour lui faire croire que quelque chose me dérange. Je lève alors mon regard vers lui après avoir fini d’avaler cette première bouchée « C’est… délicieux. Comme toujours Monsieur Strange ». Mon pied vient délicatement passer le long de sa jambe alors que mon regard est joueur. Je ris doucement avant d’attraper ma tasse de café que j’apporte à mes lèvres « Tu sais que j’ai lu ton livre ». J’arque un sourcil alors, gardant ma tasse entre mes deux mains « Toi ? Lire ? Surprenant ! ». Il m’avait déjà part du manque de temps qu’il avait pour pouvoir s’adonner à ce passe-temps, qui cela dit, n’appréciait guère non plus. Le fait de savoir qu’il ait pris le temps de lire le mien cependant me fait plaisir et cela se voit sur mon visage « C’était pas trop mal ». Je reconnais son air moqueur et roule alors des yeux à sa remarque « J’ai bien aimé. Tu écris bien. Tu aimerais vivre seulement avec l’écriture ? ». Je dépose la tasse sur la table et pose mon regard dans le sien « Merci… Et je suis flattée que tu ais accordé un peu de ton temps à mon livre ». Je souris, sincèrement avant d’ajouter « Idéalement oui, par l’écriture de mes propres romans. Et pouvoir repartir aux quatre coins de la planète grâce à ça ». Car le voyage faisait partie intégrante de ma vie désormais. Du moins, je souhaitais que celui-ci en refasse partie. Parcourir la planète comme j’ai eu la chance de le faire me manquer et réitérer l’expérience ne me révulsait pas. Seule ou accompagnée, advienne que pourra. « L’illustration m’intéresse aussi. Mais je ne prétends pas à un tel niveau pour le moment. Je dois encore y travailler ». Ma langue se délie de plus en plus en sa présence, je me demande même si j’ai encore des secrets pour lui. Surtout avec la lecture de mon livre où il a pu découvrir qui j’étais vraiment, bien que certains passages ont été remanié de la réalité. Alors que je fini d’avaler une autre bouchée, je l’interroge à mon tour, non sûre cependant d’obtenir une réponse « Et toi tu n’as pas envie de plus que ton propre restaurant à Brisbane ? Peut-être en ouvrir d’autres ailleurs ? ». Parce que s’il pensait que les questions n’allaient aller que dans un sens, il se trompait.
« Tu serais déçue, je suis vraiment pas doué ». Je me suis appuyée contre le plan de travail et souris à sa réponse. Un sourire qui se veut un peu moqueur. Pourtant il éveille ma curiosité. Je me dis qu’il a encore beaucoup de choses à me montrer, que j’aimerai le voir se lâcher un peu plus avec moi. Peut-être qu’après cette journée, il le ferait… Ou alors, il se renfermerait davantage parce qu’il ne souhaite pas en dévoiler autant. Cette relation est complexe et j’en suis consciente. Mais je ne cherche qu’à savourer l’instant. Et cet instant me donne un avant-goût d’une vie que j’aimerai… maintenant ou plus tard. Une vie simple, où aucune question ne se pose, qui n’est pas faite de déceptions. Je le fixe encore quelques instants et ma rêverie est finalement interrompue par le café qui termine de s’écouler dans les tasses. Pendant le petit-déjeuner, il en profite pour m’interroger. Moi qui suis en général celle qui parle beaucoup et qui pose les questions, les rôles s’inversent avec Alec. Il est curieux d’en apprendre davantage sur moi. Ce qui n’est pas déplaisant en soi, il s’intéresse et c’est une qualité souvent recherchée chez un homme. Je lui parle alors de mon envie de vivre de ma passion pour l’écriture mais aussi d’étendre mon horizon avec l’illustration « L’illustration ? Tu dessines ? ». Je sens de la curiosité et de l’étonnement dans sa question. Cela me fait sourire. Je dépose la tasse que je tenais jusqu’alors entre mes mains délicatement sur la table « Je pourrais te montrer si tu veux ». Peut-être pas maintenant mais dans la journée. Car, comme toujours, dans mon petit sac à dos qui me suivait partout, se trouvait un cahier dans lequel j’écrivais mais aussi dessinais. Ce n’était pas quelque chose que je partageais facilement, surtout pour mes écrits. Les dessins pouvaient l’être cependant et selon le déroulé de la journée, peut-être que je finirais par le sortir et ainsi je pourrais lui en montrer quelques-uns. Le moment où je suis celle qui pose les questions arrive alors. Normal, dans une discussion entre deux personnes. Et pourtant, sa réaction est alors de se lever subitement. Il semble fuir... Même si un sourire apparait sur ses lèvres, il ne répond qu’à moitié à ma question « Non je pense pas, un m’occupe déjà assez bien ». Sa réaction me refroidit un peu, je prends le temps de finir ma tasse de café avant de me lever pour l’aider à ranger la vaisselle. Je ne trouvais pas ma question particulièrement intrusive et pourtant, il semblerait qu’elle l’était. Je ne réponds rien finalement mais décide aussi de passer outre, n’insistant pas… Le reste de la journée me dirait bien si j’ai eu raison ou non de ne pas le faire…
« Prête ? ». J’acquiesce en finissant de mettre mon petit sac sur le dos. Alec en a un autre dans lequel il a prévu visiblement ce qu’il fallait. Nous sortons alors de chez lui en direction de sa voiture. Otis est comme un petit fou et grimpe sans se faire prier. Je monte à l’avant et nous voilà partie. Je ne sais pas où il compte m’amener mais je lui fais confiance « Alors du coup, tu es partie aux quatre coins du monde avant ? Tu as voyagé longtemps ? ». Mon regard quitte la route pour se déposer sur lui. J’arque alors un sourcil, gardant un air sérieux « Tu es particulièrement curieux Strange ». Je roule alors des yeux et finit par sourire « Je suis partie pendant deux ans. Sur un coup de tête mais je n’ai aucun regret. J’ai eu la chance d’aller sur chaque continent en effet. La plus belle expérience de ma vie ». J’omets évidemment le détail que j’étais accompagné et espère qu’il ne posera pas la question « D’ailleurs, puisque tu commences à avoir goût pour la lecture, j’ai tenu un blog sur lequel je retraçais n…mes aventures ». J’essaye de faire mine de rien, en espérant qu’il n’est pas fait attention à mon petit lapsus. Je pose alors ma main sur sa cuisse pour lui caresser doucement « J’ai le droit de te retourner la question ? ». Car comme tout à l’heure chez lui, une simple question qui semblait anodine en temps normal semblait l’être moins avec lui « Tu peux utiliser le joker… mais ça impliquera un gage ». Je le regarde du coin de l’œil alors amusé, en attendant sa réaction.
@Azaryaah
Dernière édition par Mia McKullan le Lun 9 Nov 2020 - 21:39, édité 2 fois
« Avec plaisir ». J’aime sa curiosité et surtout son intérêt pour une de mes autres passions en dehors de l’écriture, qui est le dessin. Je ne prétends pas être une experte en la matière mais j’y portais un intérêt au point que je suivais quelques cours du soir. J’en avais suivi à la fac mais pas suffisamment à mon goût pour me lancer tête baissée dans ce domaine. Cela dit, partager un bout de ma passion et certains de mes dessins avec Alec, ne me dérangeait pas. La tournure de cette relation était curieuse mais cela commençait à me plaire. Peut-être à tort finalement. Le cadre était parfait en tout cas. Alec s’approche de moi pour me déposer un baiser « T’as encore combien de talents secrets comme ça Mia McKullan ». Mon sourire devient malicieux, je plonge mon regard dans le sien, qui me fait toujours flancher avec son bleu si perçant « Si tu savais… ». Je lui caresse doucement le visage et vient lui offrir un baiser plus tendre avant de m’en détacher aussi vite. Nous continuons notre discussion et alors que je m’ouvre encore plus sur mes envies, lui se referme, fuyant encore pour éviter de répondre à mes questions. Ce n’est pas la première fois qui le fait, sûrement pas la dernière. Cela m’agace sur le coup mais finalement, je pense à la journée qu’il m’a promise et je me dis que ça vaut le coup de rester… Qui sait, peut-être qu’il s’ouvrirai un peu plus…
Dans la voiture, la discussion repart de plus belle. Ou plutôt la curiosité d’Alec. Je lui fais d’ailleurs remarquer, non sans un sourire au coin des lèvres. Il m’interroge sur mes voyages. Et je lui réponds, sans tabou ou presque, omettant le détail que je n’étais pas seule lors de ce périple de deux ans. Mon lapsus semble passer inaperçu, sûrement le coup de ma main qui vient se poser sur sa cuisse. Du moins, c’est ce que je pense sur le moment. J’essaie de lui retourner la question, en étant un peu plus prudente cette fois, lui permettant s’il le souhaite d’utiliser un joker qui impliquera nécessairement un gage « Un gage ? Je serais curieux de savoir ce que cela donnerait ». Son regard en dit long et je joue tout autant le jeu en haussant les sourcils simultanément « Je ne vais pas te le révéler tout de suite… Mais j’ai quelques idées en effet ». Ma main continue de caresser sa cuisse, lui donnant un indice de l’idée que je pouvais avoir si jamais il ne répondait pas à la question. Etonnamment, cependant, il le fait. Je l’écoute alors attentivement, ne le quittant pas des yeux lorsqu’il m’explique que lui aussi a voyagé « J’ai voyagé quatre mois l’année dernière. Etats-Unis et Europe surtout, un peu l’Amérique du Sud. J’ai beaucoup aimé. Même si c’était court finalement. C’est quelque chose que je referais bien un jour ». Je souris tendrement, j’apprécie qu’il décide de me faire part de sa propre expérience et qu’il s’ouvre, un peu. « Tu me surprends aussi Alec Strange… Je t’imagine bien cela dit en mode baroudeur. Et je vois qu’on a une même envie. Je repartirai bien aussi ». Ma main quitte sa cuisse, je me repositionne confortablement dans le siège, posant mon regard sur la route « Le monde regorge tellement de bel endroit qui ne demande qu’à être découvert ». Je me perds dans une sorte de rêverie où je me vois repartir à nouveau pour une destination inconnue. Mon regard se pose alors sur lui à nouveau. A cet instant, je me permets d’imaginer… imaginer faire ça avec lui. Mais, au fond de moi, je sais que cette idée est saugrenue et que cette relation n’est pas une relation stable pour me permettre d’imaginer une telle chose. « Tu as fait ton tour du monde toute seule ? ». Non, mon coup de la main sur la cuisse n’a pas marché plus tôt. Je grimace alors, retournant mon regard sur la route « Non ». Ce non est un peu sec, catégorique et expéditif. Pour une fois, c’est moi qui me ferme un peu « Mais ça n’a pas d’importance ». Clairement, je n’ai pas envie de repenser à celui qui m’a brisé car il n’imaginait pas sa vie avec moi, alors que je pensais tout le contraire de mon côté. Mon regard fixe l’horizon alors que je lance, d’un ton un peu détachée « Et toi ? ».
Quarante cinq minutes plus tard, nous voilà arriver à destination. Je descends du véhicule et observe les environs. Un changement radical à côté de la ville vivante et agitée qu’est Brisbane. Je souris, agréablement surprise du lieu qu’il a choisi. Otis sort de la voiture et vient vers moi, tout contente, je le caresse alors qu’Alec m’indique le chemin à suivre « Madame d’abord ». Je finis de mettre mon sac à dos et m’élance alors, Alec juste derrière moi « J’adore me promener ici avec Otis, il y a pas mal de randonnées à faire autour de Brisbane ! ». Je ralentis un peu pour pouvoir marcher à ses côtés « J’ai beau vivre ici depuis toujours, je ne pense jamais être venu par ici. Tu as bon goût ». Je tourne mon regard vers lui, un air malicieux sur le visage, des paroles qui pouvaient avoir double interprétation, ce qui me fait échapper un petit rire. « Je suppose que si tu viens souvent ici c’est que tu aimes la randonnée ? Ou que tu as besoin de prendre un grand bol d’air frais de temps en temps ? ». Je me risque peut-être, en disant une chose pareille, à le voir se renfermer. Or, ce n’est évidemment pas ce que je veux. Je me stoppe alors, mes mains quittant les lanières de mon sac qu’elles tenaient pour venir se glisser dans sa main afin de le faire s’arrêter à son tour et se tourner vers moi « Comme tout le monde finalement… ». Je lui dis cela car je sais qu’il ne me dira pas tout et j’ai envie de le mettre en confiance. Je cherche aussi à le rassurer, comme pour lui dire qu’il est final humain, comme nous tous… Mon regard se pose alors dans le sien, je ne tente rien, même si j’ai envie de l’étreindre à ce moment-là. Je sens quelque chose ou plutôt quelqu’un me bousculer… C’est Otis qui semble s’impatienter car nous nous sommes arrêtés. Je ris doucement et commence à lâcher la main d’Alec pour suivre le chien impatient.
« Tu sais avant ça je n’avais jamais voyagé. Deux états des US et Brisbane c’est tout. Mais tu as raison il y a pleins de beaux endroits. J’ai l’impression d’en avoir seulement découverts quelques-uns en quatre mois ». Je suis étonnamment surprise. Il s’ouvre, il poursuit la discussion. Je ne suis pas habituée à le voir comme ça, que trop rarement en tout cas. Quand il parle, je ne le lâche pas du regard, un petit sourire se manifestant au coin de mes lèvres sans que je ne m’en rende forcément compte « Je te conseille vivement l’Asie… La Thaïlande est magnifique. Bali aussi pour le côté exotique, les belles plages… ». Mon sourire devient un peu plus amusé « Toute la journée en maillot de bain, à se prélasser, avec une belle vue… Ce n’est pas négligeable ». Une petite allusion en lui faisant un clin d’œil plutôt explicite. Je redeviens alors sérieuse en poursuivant « Et même sans aller très loin tu as les îles Fidji qui sont magnifiques ». S’il voulait des conseils, je pouvais sans problème lui en donner. J’avais eu la chance pendant deux ans de parcourir le monde et donc de découvrir beaucoup de lieux juste plus époustouflants les uns que les autres. Mon regard se reporte sur la route alors que je lâche un dernier commentaire « Et si jamais tu as besoin d’un guide pour découvrir une de ses destinations… j’en connais peut-être un ». Un nouveau sourire s’affiche sur mon visage, taquin, pour autant, je ne le regarde toujours pas. Au bout d’un moment, les rôles semblent s’inverser. Il s’ouvre alors que moi je me referme face à une simple question. Je n’étais pas seule pendant ce voyage mais pourtant, je n’ai pas envie d’en parler. Alors je lui fais comprendre rapidement, et lui retourne la question. J’apprécie car il n’insiste pas « Seul ». J’hausse les sourcils, le regard toujours focalisé sur la route « Ce n’est pas plus mal parfois ». Avais-je des regrets par rapport à mon voyage avec Lukas ? Non aucun. C’était surtout l’arrière-gout amer que les souvenirs laissaient, car bien que l’aventure eût été grandiose, vous en rappeler vous obligez forcément à vous remémorer de la personne avec qui vous les avez partagés… Et quand celle-ci vous a blessé à un point indéfinissable, cela n’était pas toujours évident.
Une grande bouffée d’oxygène, un environnement qui change par rapport à d’habitude. Nos lieux de retrouvailles étaient souvent chez lui, à la rigueur dans les environs de Toowong où il vit… Là c’est différent. Le lieu, l’ambiance… tout est différent et si agréable… Et ce n’est que le début « Toi aussi t’as bon goût tu sais ». Il me dit ça alors qu’il dépose ses lèvres dans mon cou. Je ris doucement alors et nous finissons par prendre le chemin de randonnée. Là encore, le cadre est idyllique, presque parfait. Lui, moi… Otis. Et rien d’autres ni personne aux alentours. Nous marchons quelques instants en silence avant que je ne l’interroge sur ses raisons pour venir ici. Je m’arrête, attrapant sa main pour le faire se retourner vers moi. Je tente de le rassurer, peut-être pour l’inciter aussi à me faire confiance ou tout simplement pour éviter qu’il ne se ferme encore en lui donnant une réponse facile. « Parfois j’ai besoin de sortir de mon quotidien, juste de respirer un peu, de me rappeler pourquoi je fais mon métier et de marcher avec Otis pendant des heures, il n’y a rien de mieux ». Je comprends, j’acquiesce alors, me perdant quelques secondes dans son regard. Ma main vient caresser doucement sa joue, tendrement, car j’aime la manière dont il commence peu à peu à s’ouvrir… J’espérais sincèrement qu’il continuerait de la sorte, voyant là l’espoir qu’il lui fallait peut-être plus de temps pour se faire que d’autres… Je n’ai pas vraiment le temps de répondre qu’Otis nous bouscule en passant entre nous. Je lâche alors la main d’Alec et reprend mon chemin. Il me rattrape à son tour, glissant sa main dans la mienne. Je souris tout en restant concentrée sur le chemin. C’est ainsi que nous avançons encore quelques mètres comme ça, main dans la main. « Il semble bien connaitre le chemin. Je me dis que si jamais on se perd, on pourra au moins compter sur lui ». Encore une fois, je le taquine, mettant en doute sa connaissance des lieux. Un sourire habituel accompagne mes paroles évidemment. « Tu ne m’as jamais dit depuis combien de temps tu as Otis ». En tout cas, je voyais très bien qu’il tenait à son animal, plus d’une fois je l’avais observé chez lui et cela se voyait très bien à la manière dont il jouait avec lui, lui parlait, le caressait. Alec paraissait presque vulnérable, retirant sa carapace d’homme grand et baraqué à qui il ne fallait pas forcément chercher des ennuis. « Et cette complicité qui vous unit est adorable à voir. Je ne sais pas lequel des deux est un gros nounours finalement ». Parce que le chien en avait la carrure par rapport au maître, et pourtant, en présence de son animal, c’est aussi ce qu’il laissait paraitre. Je tourne mon regard doucement vers Alec, tout en continuant de marcher, lui souriant tendrement.
« Toute la journée avec toi en maillot de bain…hmmm… laisse moi réfléchir… Non vraiment je ne sais pas si ça me dit ». Mon regard qui n’a pas quitté la route jusque-là, se retourne vers lui. Et je vois bien que ses paroles sont clairement contraires à ses pensées, par le regard qu’il me jette. Un sourire apparait sur mon visage, amusé et à la fois sincère. Parce que je ne suis pas contre cette idée, que plus le temps passe, plus je me sens bien à ses côtés. Et peut-être parce qu’aussi, je commence à m’attacher à lui…
La randonnée semble nous rapprocher un peu plus, finissant par se tenir la main tout en poursuivant notre chemin sur le sentier. Les chatouilles qui suivirent son « Mauvaise langue » me fait laisser échapper un rire. Je l’interroge alors sur Otis, notamment pour savoir depuis combien de temps il l’a « Je l’ai adopté quand je suis rentré de voyage justement. Il avait déjà deux ans. J’en avais marre de voir ma maison vide ». Mon sourcil s’arque alors parce que je pense comprendre que sous cette adoption, il cherche aussi à combler un manque. Peut-être celui de vivre avec quelqu’un, peut être de construire une famille. Mon regard se pose à nouveau sur lui, alors que nous continuons notre chemin, un sourire aux lèvres apparaissant peu à peu « Et cette maison le parait moins désormais ? Où tu aimerais qu’elle soit un peu plus vivante encore ? » Ma question peut porter à confusion, je ne sous entendais pas que je pouvais combler ce vide. Mais sa remarque me fait me poser la question de ses envies futures, surtout avec ce qu’il venait de dire. « Le gros nounours va te perdre si tu continues ». Je prends un air offusqué « Hey ! C’est pas sympa, c’est un compliment pour moi d’être un gros nounours ». Je le pousse alors du coude mais ce geste est vraiment ridicule quand on voit la carrure d’Alec, ne le faisant ainsi pas vaciller d’un millimètre. « T’avises pas de te moquer et d’en profiter » je rajoute alors en pointant mon index vers lui.
« Tu as faim ? Je connais un petit restau super sympa ». Un sourire amusé s’affiche sur mon visage, cela faisait peut-être deux heures que nous marchions, à notre rythme, faisant un peu plus connaissance l’un de l’autre « Je pense que tu me connais assez désormais pour savoir que je ne refuse jamais de manger ». Je lui fais un clin d’œil et le suit alors en direction de ce restaurant. Nous nous installons à une table, le restaurant est assez intimiste et la décoration est raffinée. Je consulte la carte quand Alec semble curieux encore d’en apprendre davantage sur moi « Tu as grandi à Brisbane ? ». Mes yeux se déposent alors dans les siens et j’acquiesce d’un hochement de tête « Oui. Jusqu’à mes 18 ans, je suis partie ensuite à Melbourne faire mes études. Je ne suis revenue qu’à mes 26 ans, après mon tour du monde. J’avais besoin de prendre mes distances ».