« Tout sera rentré dans l’ordre et on restera des heures sous la couette. »
« Des jours. »

Je referme mes doigts autant de son avant bras : à défaut de pouvoir le voir et me rassurer d’une regard plongé dans le bleu de ses yeux, ce contact m’est salvateur. Il a raison : ne pas trouver la tablette - j’espère qu’elle sera la dernière - et laisser les choses continuer, c’est prendre le risque que ses hallucinations le poussent à refermer à nouveau ses mains autour de mon coup et qui sait si je survivrais à un nouvel assaut, si j’arriverais à le ramener à lui à temps. « Tu aurais le droit de te moquer aussi, plus tard. » Je secoue la tête avec un sourire aux lèvres face à sa confusion : elle ne me surprend pas, rare sont les fois où j’ai réussi à traîner Amos dans une boite de nuit. Autrefois, elles étaient mon territoire et je les connais toutes comme ma poche. C’est un avantage aujourd’hui puisque les clés sont là où je l’avais annoncé : je me hisse sur la pointe des pieds pour les récupérer avant de revenir avec un sourire triomphal sur les lèvres. « Tu devais bien le connaître le serveur pour être au courant de ses secrets. » Je secoue la tête en souriant face à sa possessivité, même dans ce genre de situation. « Pas à ce point. » Pas comme il l’imagine. Connaître le personnel des bar et clubs où je sortais m’a tiré plusieurs fois de mauvais pas et, aujourd’hui encore, cela nous sauve la mise. « Quelqu’un est jaloux ? » Je le houspille avant de tourner doucement la clé dans la serrure, espérant ne pas faire de bruit. A l’intérieur il n’y a personne : les fêtards ont été raccompagnés à la porte, et l’amulette elle ne fonctionne plus. « Il t’a pas dit où il rangeait les bougies par hasard… on ne sait jamais... » Je secoue la tête, amusée, et je sors à mon tour mon briquet de ma poche pour nous éclairer d’une flamme supplémentaire. « Pourquoi elle marche plus ? » Il est question de l’amulette, qui semble décidée à nous aider uniquement lorsqu’elle le souhaite. « Ok. Réfléchissons. Où pourrions-nous trouver cette tablette ? » Un bruit nous fait sursauter et je me retourne dans un bond, avant de poser ma main sur mon coeur pour tenter de me calmer. « C’est le sous sol. » Je ne dis pas ça parce que je connais le barman, mais puisque cela me semble évident. « Tu passes devant ou j’y vais ? »

« Des semaines, si tu veux... » Si le moment n’est pas aux badineries, je me rassure en maintenant l’illusion que tout va pour le mieux et je suis contente qu’il joue avec moi Amos. Ce qui se passe nous dépasse tous les deux et quand tout sera fini, mauvais rêve ou pas, je mettrais tout ça derrière fois comme si s’en était un. « Pfff...jaloux ? D’un serveur ? Ou d’un sorteur. Laisse-moi rire. » « Je dis pas que t’as des raisons de l’être. » Il n’en a aucune. « Je dis que c’est l’impression que ça donne. » Je le taquine. Je suis enceinte de son enfant et consciente d’être profondément amoureuse de lui depuis des mois. Si nous restons deux êtres jaloux, il n’a plus de raison de douter de ma sincérité et de ma fidélité depuis longtemps, elles lui sont toutes les deux acquises.

Le bruit de la porte qui s’ouvre me fait sursauter et je m’accroche un peu plus à la main de mon compagnon. Je déplore l’inutilité de l’amulette qui, je dois le reconnaître, ne nous avait pas lâchés jusqu’ici. « Non, elle n’a plus l’air de vouloir. Je passe devant. Donne moi le briquet. » La flamme disparaît le temps que je le lui tende, et réapparaît entre ses doigts. D’une main je serre la sienne et de l’autre je m’accroche fermement à la rampe. Mon cœur bat la chamade et j’ai peur que la porte ne se referme derrière nous mais je tente de ne pas me laisser gagner par la panique : elle n’apporterait rien de bon. Le cliquetis d’un mécanisme me surprend et je sursaute, paniquée de me sentir aveugle. « Qu’est ce que t’as fait ? » A-t-il actionné un mécanisme ? Une faible lueur éclaire la pièce et j’en repère tout de suite la source : la tablette est là, au centre de la cave. « Elle n’a plus l’air de vouloir… Peut-être parce qu’elle a joué son rôle ? » Je rêve que ce soit la dernière et que tout soit fini. « Elle est pour moi celle-là. » J’attrape un maillet qui repose appuyé contre le mur et je l’abats violemment sur la source de nos tourments. Elle est détruite et, instantanément, le courant revient. « Tu crois que c’est fini ? » Moi, je l’espère, et je me love dans les bras de mon amant.

RP terminé