| (alfly) we all know how to fake it baby |
| | (#)Dim 25 Oct 2020 - 15:02 | |
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@LILY MCGRATH & ALFIE MASLOW ⊹⊹⊹ i woke up i was stuck in a dream, you were there you were tearing up everything, we all know how to fake it baby, we all know what we've done, we must be killers, children of the wild ones.
trigger warning : drogues 2001. « T’en auras le double si tu réussis. » Les lèvres d’Amelia s’étirent en un sourire tandis qu’elles viennent rencontrer les siennes, que sa langue se glisse sur celle de la jeune femme pour prendre son dû, cette pilule souriante et l’avaler d’une traite. Les Maslow n’ont jamais manqué d’argent ; il pourrait très bien fouiller les placards à la recherche de billets verts pour se payer sa propre marchandise, mais la gagner au gré des défis imposés par la jeune femme lui apporte une satisfaction que l’argent ne lui permet pas. Alors ce qu’il gagne, ce qu’il avale autant qu’il s’injecte dès qu’elle juge ses missions réussies lui procure une dose de plaisir bien plus importante que n’importe quelle substance chimique ; et pour rien au monde il ne renoncerait à ça. « Le triple. » Il s’oppose, l’air hagard et le sourire aux lèvres, alors qu’Amelia pousse un soupir exagéré. « Laisse tomber Al’, t’arriveras à rien avec elle, ce sera déjà un exploit si t’arrives à la faire lever la tête de ses bouquins. » La petite Keegan est intouchable selon la jeune femme, mais elle n’est pas sans ignorer que le lien qui l’unit à Alfie est fort – peut-être même qu’elle lui en a déjà tenu rigueur à quelques reprises, lorsqu’il préfère passer son après-midi avec Lily qu’avec elle quand elle l’énerve, juste pour la provoquer en sachant la jalousie qu’elle peut ressentir pour la sœur de Joseph. « Oh, tu doutes de moi ? » Il s’offusque faussement, reculant sa tête pour la dévisager, resserrant ses mains autour de ses hanches avant de lui voler un nouveau baiser. « Ce sera le quadruple pour la peine. Et des excuses en bonne et due forme. » Il souligne, sa main qui se glisse sous sa robe tandis que son sourire malicieux ne quitte pas ses lèvres. « Tout ce que tu veux, sauf les excuses. T’y arriveras pas, j’te dis. » Et il cesse de lutter alors que ses bras l’entourent et que son corps se colle au sien ; il n’a plus guère d’arguments en tête.
Il lui vole un dernier baiser tandis qu’ils se promettent de se retrouver tout à l’heure. Elle prend la direction de la maison indécente des Duggan, il prend la direction opposée pour la ferme isolée des Keegan, la voiture de son vieux empruntée sans réellement s’assurer de la permission au préalable – mais finalement ce n’est pas ce qui devrait l’inquiéter le plus en sachant qu’il est peu probable qu’elle soit toujours entière d’ici la fin de la soirée s’il surestime ses capacités de conduire sous influence. Mais à cet instant, Alfie s’en fiche bien, le sourire aux lèvres et le manque dans le sang, bien trop enthousiaste à l’idée d’avoir le droit à la dose promise en fin de soirée – quand bien même celle-ci s’accompagne d’un lourd prix à payer. Mais ça, personne d’autre qu’Amelia et lui ne sont supposés le savoir et s’en soucier (ça tombe bien, ça n’est pas le cas). Ou très légèrement, pour Alfie, conscient malgré tout de l’aspect intolérable de cette partie du plan – mais finalement, l’objet de ses convoitises est bien plus désiré qu’Amelia ne peut l’imaginer, alors ça l’excuse en partie, non ? À vrai dire, il ne se pose pas tant de questions, désormais près de la maison des Keegan. Parqué à distance, il sort du véhicule pour s’approcher doucement de la vieille baraque, faisant le tour de celle-ci pour constater que les parents semblent être de sortie – évidemment qu’ils profitent de leur samedi soir en ayant la sécurité de laisser la douce Lily derrière eux, qui pourrait imaginer qu’elle fasse quelque chose de contraire à son éducation ? Dommage que ce soit très précisément le plan du Maslow, alors qu’il ne se fait pas prier pour crocheter la porte d’entrée – seul avantage d’une bicoque en bois prête à tomber en ruines, la facilité est exacerbée. Il prend ses quartiers dans la maisonnette, ne se privant pas pour faire autant de bruit que possible ; permettant à Lily de prendre conscience d’une présence sans la surprendre trop brusquement, à croire qu’il a malgré tout de l’égard pour la jeune fille, bien plus qu’il n’en a pour d’autres. Le chemin jusqu’à l’étage a un air de déjà-vu et il se surprend à avoir un pincement au cœur en songeant à Joseph, en songeant à ce qu’il est devenu sans son ami. Peut-être qu’il n’en serait pas là, mais ce constat ne lui donne pas pour autant envie de changer. Lily a été là pour lui, à défaut, et ça ne suffit pas à lui impulser la volonté de se reprendre en mains ; pire encore, il s’apprête à la faire sombrer avec lui. Parce qu’il sait qu’elle lui est fidèle, quoi qu’il arrive, que malgré les reproches et tout le reste, elle sera toujours là pour lui. Qu’il peut la faire tomber aussi, mais qu’au moins, il aura quelqu’un à qui se raccrocher.
La voix de l’adolescence le ramène à lui alors qu’il finit par arriver à l’étage pour apercevoir sa silhouette un peu trop tétanisée pour qu’il ne manque pas de sourire lorsqu’il arrive face à elle. « Doucement, on dirait que t’as vu un voleur. » Il souligne avant de reprendre : « La porte était ouverte. » Devant son regard interrogateur, il précise, son sourire d’emmerdeur sur les lèvres : « Enfin, elle était facile à déverrouiller, alors c’est tout comme. » CQFD. Il finit par s’approcher de quelques pas, l’observant de sa hauteur tandis qu’il fait glisser son regard sur l’entier de sa silhouette et, par extension, de sa tenue. « On sort. Et t’as dix minutes pour te changer, parce que ça, c’est mort. » Il finit par dire, son index qui la désigne, remontant de ses pieds à son visage. « Et me fais pas croire que t’as mieux à faire, t’as encore la marque de ton bouquin sur la joue. » Non, mais pour autant il ne se prive pas de faire glisser son doigt sur ladite joue pour caresser brièvement celle-ci, tandis que son sourire se veut plus taquin.
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| | | | (#)Mar 27 Oct 2020 - 11:06 | |
| Si le soleil se couche, alors c’est l’heure de rester à la maison. Enfin ceci dit, Lily est à la maison bien avant que le soleil ne se couche. Mais quand c’est le cas, il faut vraiment être rentrée. En plus, cela signifie qu’il ne lui reste plus beaucoup de temps pour faire ses devoirs et apprendre ses leçons, alors ce serait vraiment stupide de passer la nuit dehors à faire n’importe quoi. D’ailleurs, la règle fonctionne aussi le week end, parce que ça veut dire qu’elle a le double de devoirs à faire.
Mais une fois le soleil totalement couché alors les choses sont différentes : elle ouvre son livre du moment et en tourne les pages jusqu’à ce que maman lui dise qu’il est l’heure de se coucher. Ce soir, pourtant, maman n’est pas là et cela signifie qu’elle pourra lire autant qu’elle le veut, parce qu’elle aussi est une rebelle, du haut de ses seize ans fêtés il y a de longs mois déjà. Pourtant, elle aurait aimé savoir que sa mère était seule responsable des bruits au rez de chaussée et des pas qui s’en sont suivis ; pas qui ont rapidement décidé de monter les escaliers et oh catastrophe. La brune s’arme de la première chose qui lui vient sous la main, c’est à dire sa Bible toujours posée sur la table de chevet à ses côtés. Le coeur filant, sur la pointe des pieds, elle vient se poser près de la porte d’entrée, prête à assommer n’importe quel voleur / violeur / trouble fête qui s’apprête à en franchir le pas. « Doucement, on dirait que t’as vu un voleur. » Elle souffle, rassurée autant qu’exaspérée que ce soit Alfie. Pour la peine, elle lui assène tout de même un coup de Bible dans l’épaule, de toutes ses forces ou presque - il ne faut pas lui faire mal tout de même, sinon il risquerait d’être plus insupportable encore. “T’as pas le droit d’être ici.” Oui, elle a vraiment vu un voleur : lui. « La porte était ouverte. » “Non c’est faux.” C’est elle qui l’a fermée. A double tour. Comme toujours. « Enfin, elle était facile à déverrouiller, alors c’est tout comme. » Le visage de la jeune femme se parre d’une mine étonnée et d’une bouche ouverte dans un ‘o’ de surprise outré. “Ca s’appelle une effraction.” A tout ce qu’il peut dire elle trouve à redire, bien sûr. C’est une habitude vieille comme le monde qu’elle ne risque pas de vouloir changer. Quoi qu’il dise, de toute façon, il ne cesse de dire des mensonges ou de raconter des obscénités. “Et pourquoi t’es là de toute façon ?” Avant, elle aurait su qu’il venait pour voir Joseph. Aujourd’hui, cet homme n’existe plus et elle a rayé ce prénom de sa vie. Alfie n’a plus de stupide meilleur ami et elle n’a plus de stupide frère. Cela signifie aussi que le brun n’a plus aucune raison de venir ici, qu’elle veuille bien se l’avouer ou non.
Lily a beau se plaindre, elle le laisse tout de même entrer dans sa chambre sans crainte. « On sort. Et t’as dix minutes pour te changer, parce que ça, c’est mort. » Vexée, elle reprend sa Bible entre ses deux mains et la serre désormais contre son coeur. Ses sourcils se froncent, sa tête relevée en sa direction ne laisse pas ses yeux se dérober des siens à aucun moment. Il est peut être plus grand, plus âgé en plus d’être un garçon, n’en reste pas moins qu’elle ne risque pas de faire le moindre pas en arrière. “C’est mon pyjama. J’allais aller dormir.” Ce qui ressemble beaucoup à des excuses annoncée en hâte pour prouver à Alfie qu’elle ne s’habille pas comme ça normalement, avec ces habits au motif du siècle dernier et ses cheveux encore mouillés revenus en deux tresses mal serrées. C’est une excuse pour lui annoncer qu’elle ne viendra pas avec lui non plus, parce que c’est stupide et parce qu’elle ne sort pas la nuit. Même s’il a dit on et que son coeur s’est un peu emballé, c’est vrai, cela n’a absolument rien à voir avec lui et n’est rien d’autre qu’une réaction purement naturelle qu’il y a sûrement moyen d’expliquer aisément. « Et me fais pas croire que t’as mieux à faire, t’as encore la marque de ton bouquin sur la joue. » L’adolescente ouvre aussitôt la bouche pour répliquer une fois de plus mais tout son se retrouve coupé par le geste qu’il fait, laissant son doigt glisser le long de sa joue pendant ce qui semble être une éternité. Et en plus il sourit et ce n’est même pas le sourire qu’elle déteste, celui qu’il fait après avoir fait une bêtise et avant qu’elle ne le découvre. Il a presque le même sourire avec sa copine, celle dont Lily n’a même pas retenu le nom et dont elle se moque de toute façon éperdument. Cette fois-ci, au lieu de s’emballer, son coeur décide purement et simplement de s’arrêter pendant quelques secondes alors qu’elle reste tétanisée sur place. “Non c’est … pas vrai.” Se contente finalement de répondre la jeune Keegan qui a perdu beaucoup de sa superbe. Dans un faux élan de rage, elle prend les doigts d’Alfie entre les siens pour les remettre à sa place. “Je peux pas sortir de toute façon.” C’est interdit et il sait sans doute mieux que personne à quel point elle respecte toujours les règles. Pourtant, elle ne cesse de passer sa langue sur ses lèvres et de mordre ces dernières alors qu’elle n’émet même pas l’hypothèse de lâcher son regard. “Et puis tu voulais faire quoi ? T’as pas besoin de moi, je suis sûre.” “Tu voulais faire quoi ?” qui signifie “on va faire quoi ?” “T’as pas besoin de moi” qui signifie “dis moi que je compte un minimum, s’il te plaît” Et sa mine boudeuse qui est là pour tenter de conserver un minimum les apparences alors que ses joues sont brûlantes et que ce n’est sûrement pas à cause du chauffage. |
| | | | (#)Mer 4 Nov 2020 - 7:35 | |
| Dans d’autres circonstances, la nécessité de passer une soirée avec Keegan Junior aurait relevé d’un ennui mortel que personne d’autre n’aurait su combler, d’une méthode de torture envisagée par ses propres parents afin de le punir de ne pas avoir la même foi qu’eux ou simplement d’un intérêt pour le véhicule que la jeune femme aurait pu emprunter à ses parents, se muant ainsi en taxi par cher et aux disponibilités illimitées (un compliment de sa part et c’est dans la poche, il en a parfaitement conscience). Ce soir, pourtant, les plans sont différents et Lily lui est vraiment utile. Bien sûr, d’un regard extérieur il s’agit encore une fois de servir les propres intérêts du Maslow – et il ne peut nier qu’il y a une partie importante de ce facteur qui est à prendre en compte. Mais la décision de s’immiscer dans sa sphère privée ce soir ne résulte pas seulement de ses besoins à lui, mais aussi la certitude de combler un vide à elle (sans mauvais jeux de mots). Parce qu’il n’est pas dupe, il les a toujours vus, ces regards qu’elle leur lançait à Joseph et lui, à l’église, lorsqu’ils faisaient les fous et savaient s’occuper au lieu de rester les fesses sur un banc jusqu’à se momifier sur place. Il l’a vu, aussi, son froncement de sourcils dépité au lycée, lorsqu’elle reste en retrait de toutes activités susceptibles d’être cool et pas juste chiante (à comprendre, en accord avec les exigences de papa-maman). Il l’a perçue, à quelques reprises, cette déception dans sa voix lorsqu’il mentionne toutes ces soirées auxquelles il prend part tandis qu’elle reste confinée chez elle sans jamais s’oser à vivre la vie d’adolescente qu’elle est supposée mener du haut de ses seize ans. Peut-être qu’il essaie surtout de s’en convaincre pour rendre son futur méfait moins tragique, toujours est-il qu’il a conscience que cette soirée n’est pas seulement pour lui, mais aussi pour elle, pour qu’elle sache ce que ça fait, au moins une fois, de ne pas être exclue de toutes ces expériences qu’elle devrait avoir l’autorisation de faire. Ce n’est pas tant ses parents le problème (bien qu’ils y contribuent), il émane surtout d’elle. Il est persuadé que si elle le voulait, si elle se donnait les moyens de vivre pour elle et non pour ses parents, Lily serait une fille bien plus intéressante que ce qu’elle montre – et qui tend à être détestée, ce qui justifie de ne pas l’inviter à la moindre fête. Elle est chiante, elle est pénible, ce sont des faits ; et il se rappelle mentalement de ne pas oublier de lui en parler une fois dans la voiture pour s’assurer de ne pas ruiner sa réputation à lui parce qu’il aura eu l’audace de ramener la coincée du quartier à la meilleure fête de l’année.
Encore faut-il réussir à la convaincre ; et là est la mission la plus périlleuse de la soirée même s’il ne doute pas de parvenir à trouver les arguments pour la faire céder (ça n’a jamais été un problème jusqu’ici, il n’y a pas de raisons pour que cela le devienne aujourd’hui). « C’est sur la tête que tu dois frapper, si tu veux que j’en intègre les versets. » Il rétorque après son acte d’une terrible violence, ne manquant pas de se frotter l’épaule dans un geste à peine théâtral. « T’as pas le droit d’être ici. » « Je me le donne. » « Non c’est faux. » « C’est un détail. » « Ça s’appelle une effraction. » « Seulement si tu me dénonces. » Dans le cas contraire, c’est une invitation, mais il se passera de le préciser pour l’instant, bien qu’il s’agisse d’une vérité : il a la certitude qu’elle s’abstiendra de le dénoncer et même si elle l’envisage, ce n’est pas un détail suffisamment important à ses yeux pour être considéré, il saura trouver une explication auprès de ses parents ou, à défaut, de se moquer des conséquences qui pourront en découler. Elle s’impatiente de découvrir les raisons de sa venue et il ne manque pas de les expliquer, guettant la moindre de ses réactions susceptibles de l’aiguiller sur les arguments à utiliser. Il n’est pas dupe, il sait qu’elle prétendra que l’idée est mauvaise, qu’elle tentera d’être la voix de la raison, mais aussi persévérante qu’elle soit, il sait très bien qu’il parvient toujours à ses fins avec elle, c’est bien la raison pour laquelle elle est l’objet de ses convoitises ce soir ainsi que sa cible privilégiée en temps normal. « Oh, je vois. » Qu’il souffle en passant une nouvelle fois son regard sur sa silhouette. « Enlève-le et profite-en pour le rendre à ta mère. » Il souligne tandis que ce sont bientôt ses yeux dans lesquels il plonge son regard, puis sa joue sur laquelle son doigt glisse, tandis qu’il s’empresse de réduire à néant la justification la plus évidente quant à la perspective de rester enfermée entre les murs de cette vieille maison plutôt que de l’accompagner. « Ça aurait pu. » Il veut avoir le dernier mot autant qu’elle, tandis qu’un sourire prend place sur ses lèvres alors qu’elle se décide à réagir et à ôter son doigt de son visage. « Parce que papa et maman l’ont dit ? » Il ironise avant de reprendre : « C’est marrant, j’ai pas l’impression qu’ils aient leur mot à dire. Tu sais ce qu’on dit, les absents ont toujours tort. » En l’occurrence, ils le sont, ainsi son avis prévaut sur le leur ; il est là, lui et bien décidé à faire de Lily sa compagne d’un soir. « Y’a une fête chez les Duggan, j’te fais pas un dessin. » Qu’il répond à sa première question. « T’as raison, j’ai pas besoin de toi. » Il admet, laissant un instant de silence avant d’ajouter : « Mais j’ai envie que tu sois là. » Même si les raisons qui sont les siennes contrastent certainement avec les raisons, naïves, que la jeune fille pourrait s’imaginer. « Sauf que je compte pas te supplier, Lily. C’est une offre unique, j’attends un oui ou un non et pas le discours que ton vieux aurait pu tenir. Et les concernant, c’est un souci qu’on réglera plus tard, t’inquiète pas pour ça, tu devrais savoir que je trouve toujours une parade. » Il souligne, ultime argument tandis qu’il se retourne pour reprendre les escaliers. « Allez, je veux bien monter jusqu’à quinze minutes. Vingt tout au plus, au-delà de ça, bonne soirée avec Jane Austen et les histoires que tu vivras jamais. » Il conclut sans un regard pour elle, quittant l’étage, ne manquant pas de se servir d’un encas dans le frigo avant d’aller rejoindre sa voiture et d’enclencher le décompte. Allez, Lily, ne me prive pas de ma récompense. Et surtout, ne me déçois pas.
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| | | | (#)Ven 6 Nov 2020 - 17:35 | |
| La jeune Lily est éternellement prise entre deux eaux, entre ce que ses parents et toute la société lui dicte de faire et ce qu’elle voudrait au fond, tout au fond. Ce soir, tout est pire encore. Si ses parents savent qu’elle est sortie aussi tard le soir, elle est morte. S’ils apprennent que c’est en plus avec Alfie Maslow, alors elle gagne un accès direct pour l’Enfer. Elle même n’a pas tant envie que ça de sortir avec (à ses côtés, hein, pas avec avec quand même) ce garçon parce que déjà c’est un garçon et qu’il est stupide mais ensuite parce que c’est vraiment le garçon le plus stupide qu’elle connaisse, et pourtant il y en a beaucoup à l’église et un peu à l’école. Mais lui, vraiment, c’est le pire d’entre tous. Il est stupide, il ne fait que des bêtises, il n’est même pas bon à l’école et en plus il était ami avec Joseph, c’est pour dire. Il n’est même pas si beau que ça, en plus. Et il est tout sauf cool, parce que désobéir aux enseignements de Dieu et même aux parents, c’est vraiment pas cool.
Mais quand même. Si jamais elle peut venir à une fête avec lui, elle reste incapable de dire non. Elle le déteste de tout son coeur, mais c’est pourtant bien ce dernier qui s’emballe dès qu’il s’approche d’elle (sans que ce soit pour faire un concours de crachat, là ça compte plus). Alors si je vous dis à quel point son coeur s’est tristement emballé après le « T’as raison, j’ai pas besoin de toi. », nul besoin de préciser qu’il l’a fait davantage encore mais pour des raisons bien différentes dès la seconde suivante. « Mais j’ai envie que tu sois là. » A cela elle n’a soudainement plus aucune répartie pour lui répondre quoi que ce soit, bien trop prise de court. Alfie l’insulte, lui fait des reproches, la contredit en permanence et encore tout un tas d’autres choses, mais jamais il ne lui fait de compliments. Même quand elle met ses plus belles robes et qu’elle coiffe ses cheveux des plus belles façons qui soient, il ne lui dit jamais rien et il est toujours le premier à venir tout défaire. Elle aurait dû se douter que chacun des gestes de l’adolescent est fait pour penser à la suite mais cette fois-ci elle préfère taire cette petite voix intérieure qui lui hurle qu’il y a un piège. Ce n’est pas grave, parce que ça voudra au moins dire qu’elle aura été invitée à une soirée par Alfie. Si elle passe son temps à le dénigrer, il est pourtant adulé par toutes les personnes les plus populaires de son établissement et même de la ville. Ils le trouvent cool et une part d’elle aussi voudrait l’être, surtout s’il se peut qu’il lui dise une fois de plus qu’il voudrait passer du temps avec elle.
Le plus âgé profite du silence temporaire de la Keegan pour enchaîner les arguments, lancer des reproches à ses parents et tout un tas d’autres choses qui auraient rendu furieuse la jeune femme, mais pas ce soir. Ce soir, même si elle garde la Bible serrée contre son coeur et ses bras croisés, elle boit un peu plus encore les paroles de l’adolescent qu’à son habitude. Dans les livres, ils disent parfois que si on déteste vraiment quelqu’un c’est qu’au fond on l’aime bien (et Dieu, lui, il a de toute façon dit qu’il fallait aimer les gens, non ?). Elle ne fait que l’écouter Lui, finalement, alors elle ne peut pas faire quelque chose de mal ou s’éloigner du droit chemin. Ce n’est qu’une fête, elle sera rentrée avant ses parents et personne n’en saura jamais rien. Une fête, une seule. Une soirée avec Alfie. La première. Juste eux deux (et quelques personnes autour, en fait, mais elle ne les inclut pas dans son conte). Peut être que s’ils ne sont qu’eux deux, Alfie ne sera pas si horrible.
Lily mime de bouder alors qu’il lui donne quelques précieuses minutes de délai mais c’est la tête posée contre la porte de sa chambre qu’elle l’observe descendre les escaliers, un horrible sourire niais au bout des lèvres. Ce n’est que lorsqu’elle entend claquer la porte d’entrée qu’elle se met à courir dans toute la maison sans prendre le temps de se demander si elle va bien se rendre à cette fête ou non : la réponse est évidente, il ne fallait simplement pas avouer à Alfie qu’il avait gagné aussi vite et aussi rapidement. Elle troque son pyjama pour une robe courte (courte, pour elle, signifiant en réalité qu’elle laisse entrevoir un bout de genou, sur un gros malentendu), attache ses cheveux dans un chignon qu’elle mentira dire travaillé et ose même ouvrir le tiroir de sa mère pour en dérober un rouge à lève qu’elle laisse glisser sur ses lèvres. Ses joues, elles, n’ont pas besoin de pigmentation rosée artificielle. Devant le miroir, elle doit se forcer pour ne pas sourire : elle sort avec Alfie Maslow (ce soir).
Quinze minutes plus tard, montre en main, c’est la portière de la voiture qu’elle referme. Elle sent le parfum, aussi, maintenant, et non plus la lessive de ses draps fraîchement lavés. “Tu me ramènes chez moi après.” Lily restant Lily, elle ne lui montrera pas à quel point elle est une adolescente énamourée et bien trop heureuse de pouvoir aller à une fête avec lui. “Et t’en parles pas à mes parents sinon je dis que t’étais venu nous voler.” Les parents ne doivent surtout jamais savoir, ils ne comprendraient pas. Même maman ne pourrait pas ; et papa n’en parlons pas. “Et tu mets pas de trucs bizarres dans mon verre hein, je te préviens.” Parce que Alfie est synonyme de bizarre, tout le monde le sait, mais elle pose tout de même les limites de leur alliance - même si elle sait très bien que s’il le lui proposait, elle serait incapable de refuser, et c’est bien là ce qui l’effraie. “Et puis je lisais même pas Jane Austen, tu dis toujours n’importe quoi.” Sauf quand il disait vouloir aller à la fête avec elle ; là bien sûr qu’il ne mentait pas. |
| | | | (#)Jeu 19 Nov 2020 - 16:03 | |
| Elle est chiante, Lily Keegan, c’est un fait qui n’a plus besoin d’être attesté avec le temps, mis qui prend tout son sens ce soir alors qu’elle ne peut s’empêcher de revêtir ce masque de rabat-joie habituel qu’il rencontre déjà bien assez souvent à l’église. Est-ce que pour un soir, juste un soir, elle pourrait être une adolescente comme toutes les autres dont les seules préoccupations devraient être de faire des expériences autant que de réussir à dissimuler celles-ci à ses parents ? Il ne lui en demande pas tant ; mieux, il fait même l’effort de la convier à une soirée qui n’a, normalement, pas de risques de dégénérer. Enfin, bien sûr qu’elle ne se passera probablement pas comme prévu, mais il y a d’autres soirées auxquelles il aurait pu l’emmener s’il voulait réellement la chambouler plus que de raison. Ce n’est pas l’envie qui a manqué par le passé – mais son amitié avec Joseph autant que celle, bancale, qu’il entretient avec la principale concernée l’ont vite empêché de concrétiser cette idée. Et là-aussi c’est une évidence ; jamais il n’associera le prénom de Lily avec le mot « amitié » parce que ce serait bien trop perturbant que d’avoir suffisamment d’estime pour la petite sœur (chiante, rappelons-le) de son meilleur ami, au point où il admet qu’elle occupe effectivement une place spéciale à ses yeux. Ce soir, c’est pourtant bien le cas, mais c’est une exception et comme chaque exception, ça n’a pas pour but de se réitérer dans le futur – c’est une soirée unique, une entente unique et dès demain ils en reviendront à leur dynamique habituelle, où il fera tout pour la rendre folle, juste parce qu’elle est la petite sœur de, juste parce que ce statut justifie qu’il pense un peu trop souvent à elle, juste parce que cela implique qu’il passe un peu trop de temps à graviter autour d’elle, juste parce que cela explique la raison pour laquelle il s’accroche autant à elle. Juste parce qu’elle est la petite sœur de Joseph et rien d’autre. Évidemment qu’il n’y a rien d’autre.
Juste parce qu’elle est facilement manipulable, aussi et qu’elle est une cible de choix pour lui, un pantin bien docile dont il maintient les fils pour son propre plaisir. Pourtant, il aime le challenge, Alfie et Lily n’en représente pas un ; mais elle représente une certaine sécurité dans laquelle il aime se plonger de temps à autre quand il a l’impression de perdre pied. Car s’ils continuent de se battre pour avoir le dernier mot, s’ils continuent à se jeter des regards noirs dès que l’occasion se présente pour mieux panser ensemble leurs blessures respectives causées par Joseph, s’ils continuent d’agir comme ils l’ont toujours fait, alors cela veut dire qu’il n’a pas totalement changé, Alfie ; et qu’au fond il est toujours le même et que par conséquent jamais il ne pourra se perdre si Lily est là pour le rattacher à celui qu’il fuit de plus en plus dans les paradis artificiels. Celui qu’il réduit au silence dès lors qu’il émet des doutes quant à la façon de faire – Lily lui pardonnera, Lily lui pardonne toujours tout autant qu’elle lui cède avec la même facilité que d’ordinaire. Rien n’a changé.
À moins que ? Les minutes défilent et la présence de Lily n’est toujours pas à ses côtés – ce n’est pas comme si elle lui donnait l’impression d’avoir besoin de plus de dix minutes pour se préparer. Mais le quart d’heure s’approche et la lumière dans sa chambre est toujours bien allumée tandis que sa silhouette est, elle, toujours bien absente. Et il s’agace, Alfie, de cette perte de pouvoir sur la jeune femme – parce que s’il perd du terrain auprès d’elle, c’est sur tout le reste qu’il n’aura plus de contrôle. Et ses traits fatigués se muent en un sourire ravi (mais très vite effacé) lorsque la porte claque et que sa silhouette s’empresse de le rejoindre dans la voiture. Son regard ne l’a pas quitté entre le perron et le siège ; pour autant il se permet de le faire glisser plus longuement sur la robe qu’elle a revêtue, autant que sur ses lèvres inhabituellement colorées. « Je te ramène chez moi après. » Il insiste sur ses deux mots et ce sont ses joues qu’il veut désormais colorer, alors que son sourire d’emmerdeur prend place sur ses lèvres pour éviter qu’elle ne le prenne trop au sérieux et s’empresse de quitter la voiture alors qu’il met en marche celle-ci. « Quel intérêt j’y gagnerais ? » Il questionne, fronçant légèrement les sourcils avant de porter son attention sur la route. « Alors t’as intérêt à te sortir toute seule le balai que t’as dans le cul, je te préviens. » Il rétorque sur le même ton tandis qu’il quitte l’allée de la demeure des Keegan. « Austen, Brontë, du pareil au même. » Il n’en sait rien et il ne veut pas le savoir. « Heureusement que tu t'habilles pas comme leurs héroïnes. » Il remarque en glissant à nouveau brièvement son regard sur elle. « Pas trop mal la robe et plutôt réussi, le maquillage. » Discret, mais efficace ; il ne le dira pas en ces termes, mais il le souligne de manière suffisante pour s’assurer de la garder à sa solde – c’est là le plus important, après tout.
Les limitations ne sont pas respectées, l’empressement pas même dissimulé – bien que celui-ci ne touche pas exactement à la même chose chez l’un et l’autre. Mais ils finissent par arriver sur les lieux, pur cliché de la fête excessive à outrance de jeunes brimés au quotidien. La routine pour lui, une première pour elle et alors qu’ils passent la porte laissée ouverte, qu’ils s’enfoncent toujours un peu plus dans la foule, c’est sur sa hanche qu’il pose sa main pour ne pas la perdre, c’est près de son oreille qu’il rapproche ses lèvres pour se faire entendre au milieu de ce vacarme. « J’en parlerai pas à tes parents, mais pour ça il faut encore que tu restes en un seul morceau. » Et il serait aisé de ne faire qu’une bouchée de la discrète et fragile Lily, perdue au milieu d’individus qui font d’elle une enfant parmi les adultes, bousculée de part et d’autres par ceux qui ne se soucient guère des bonnes manières – elles n’existent pas ici, sauf quand il s’agit de proposer à un illustre inconnu de partager une bouteille. « Évite de me claquer entre les doigts. » Qu’il reprend, soufflant le chaud et le froid, parce qu’il ne faudrait pas qu’elle s’habitue à autant d’intérêt à son égard ; le meilleur reste à venir et il serait contre-productif d’abuser des stratagèmes qui amèneront à cette récompense avant même d’avoir pu parader devant celle qui a lancé les hostilités.
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| | | | (#)Sam 21 Nov 2020 - 13:03 | |
| De tous les plans qu’elle avait bien pu inventer durant ces quelques minutes, « Je te ramène chez moi après. » n’en faisait absolument pas partie. La Keegan se figent, ses yeux s’exorbitent doucement dans l’obscurité et pendant une seconde elle oublie même comment respirer. Elle s’en mord la lèvre inférieure et sent ses joues brûler (presque autant que lorsqu’il lui avait touché cette même joue il y a quelques minutes) alors qu’elle lutte pour ne pas laisser un évident sourire s’afficher. Une immense part d’elle décide de taire sa panique et de plutôt tenter d’agir comme une adulte. Elle en sera bientôt une, après tout, alors il serait normal qu’elle dorme chez des garçons, non ? Et puis elle ne va dormir dormir avec, non plus, alors il n’y a pas à paniquer et il n’y a pas de scénario à se faire et - ok il rigole, abandon de la mission, ce n’était sûrement qu’une blague stupide, tout aussi stupide que lui.
Ce qu’il y a de magique avec Alfie, c’est qu’il a le don de changer son humeur en un claquement de doigts et de l’adolescente énamourée - disons ce qui est -, elle passe aussitôt à l’adolescente vexée lorsqu’il évoque son pseudo balais dans le cul. Il ne sait pas s’exprimer sans être grossier, ça aussi ça s’ajoute à la liste interminable de ses défauts. « Pas trop mal la robe et plutôt réussi, le maquillage. » Et il désamorce. Il désamorce toujours parce qu’il a besoin de l’avoir à ses côtés pour assouvir ses plans et ses idées tordues. Elle, elle se dit qu’il le fait parce qu’il s’en veut et qu’au fond il l’aime bien. Elle se dit que s’il dit toutes ces horribles choses à longueur de journée c’est parce qu’il est un garçon et que c’est normal pour eux, pas parce qu’il le pense réellement. Après tout, elle n’est pas à un mensonge près pour se construire sa vie parfaite et rêvée, et force est de constater que ces derniers temps les entrées à propos d’Alfie se multiplient dans son journal intime. Maintenant, en plus, il a dit qu’elle était belle. Les mots n’étaient pas les mêmes, certes, mais elle est certaine que l’intention y était - les magazines disent que les hommes ne disent pas ce genre de chose de but en blanc et qu’il faut décrypter.
Le monde de la fête n’est pas celui de Lily, ce n’est un secret pour personne, tant et si bien qu’elle peine même à esquisser des sourires sincères alors qu’ils se faufilent au milieu des inconnus pour elle, des amis pour Alfie. Si ses joues brûlent, c’est parce qu’il fait trop chaud à l’intérieur de cette maison, et cela n’a rien à voir avec la main qu’il a posée sur sa hanche. Si sa propre main passe autour du bras d’Alfie, c’est parce qu’elle ne veut pas être confrontée à tous ces alcooliques, drogués et autres ratés en devenir. Un seul lui suffit sans doute déjà bien assez. « J’en parlerai pas à tes parents, mais pour ça il faut encore que tu restes en un seul morceau. » Pour une fois, elle est d’accord avec le moindre de ses mots : rester en un seul morceau est une aussi bonne idée que celle de ne jamais, jamais en parler à ses parents. Son père serait le premier à tuer Alfie (pas pour de vrai de vrai non plus) et en second viendrait sa mère qui passerait le mot à maman Maslow d’appliquer une sanction plus sévère encore. L’adolescente est aussi persuadée du fait qu’il craint forcément parce que tout le monde craint ses parents, non ? “Compte sur moi.” Elle détourne son visage près du sien, plus proche que jamais, et pour la première fois elle esquisse un sourire véritable et taquin. C’est presque qu’elle s’y sentirait à sa place, juste à côté de lui et au milieu d’inconnus qui n’en ont rien à faire qu’elle soit parfaite ou un déchet de la société. La seconde d’après elle se souvient qu’il est Alfie, qu’il est intouchable, qu’il est un garçon et que oui, bien sûr, il est stupide. Cela ne rime donc à rien.
Ses doigts flottent un moment dans le vide lorsqu’on leur propose une bouteille, elle se souvient de tout ce que leur ont dit ses parents un jour dans sa vie à quoi s’ajoutent tout ce qu’il se passe dans les films lorsque les personnages ont trop bu. Tous les indices mènent à la même conclusion : c’est une très mauvaise idée. « Évite de me claquer entre les doigts. » Elle a gardé le même sourire amusé sur le bout des lèvres. Il lui donne des airs d’adulte. Et les adultes, ça boit tout le temps, pour plein de raisons différentes. Ça attrape le haut de la bouteille à pleine main, ça l’encercle de ses doigts fins et ça porte le goulot à sa bouche, le tout dans un même temps, sans jamais se demander si ça pourrait être une mauvaise chose. C’est donc ce que Lily fait à son tour en arrêtant de se poser tout un tas de questions inutiles. Si Alfie voit ça - et il le voit, puisqu’il est au premier plan et qu’elle est certaine que c’est son souffle qu’elle sent encore dans son cou - alors il pensera certainement qu’elle est quelqu’un de cool. A ses yeux, cela vaut tout l’or du monde et plus encore, et cela vaut la peine de boire une boisson dont elle ne connaît même pas la composition et qu’elle déteste déjà. Son nez se fronce à peine mais elle tient à garder les apparences intactes, faisant finalement mine de rien. “Arrête de râler. Tiens.” Soudainement dotée d’une aisance sociale sortie de nulle part, Lily se retourne en direction de son aîné pour lui tendre la bouteille et déjà anticiper le fait qu’elle sera simplement heureuse si leurs doigts s’effleurent. Si elle est compliquée à bien des niveaux et sur bien des domaines, Alfie peut aisément la rendre heureuse avec un rien. “On doit pas aller dire à … Buggar qu’on est là ? Enfin que toi, tu es là.” Duggan, parce que même les noms des personnes cools, elle ne les connaît pas vraiment. Il faut bien avouer que la Keegan ne connaît pas grand chose dès qu’il s’agit de sortir de la théorie de ses livres et de celle enseignée à l’église ; et autant dire que ni dans l’un ni dans l’autre, on explique le principe de ces fêtes où tout le monde est invité. “Je peux en ravoir ?” Elle trouve le goût horrible mais tout ce dont elle a besoin, c’est de ne plus ressentir autant de choses qui lui déplaisent. Si tout le monde boit autant c’est bien pour ça, non ? "T'as pas que des mauvaises idées, au final." Il en a des horriblement mauvaises le reste du temps. Lily le sait mais elle préfère ne pas voir la vérité en face. |
| | | | (#)Lun 7 Déc 2020 - 16:18 | |
| Convaincre Lily de le suivre n’est pas la partie la plus ardue du plan ; il n’a pas songé à d’autres alternatives qu’un décompte pour s’assurer qu’elle suive ses pas – elle suit toujours, même si c’est seulement pour faire entendre sa voix nasillarde en fond sonore lorsqu’elle tente de le raisonner. Elle n’y arrive jamais, pas plus qu’elle aurait réussi à le faire aujourd’hui en lui assurant que son idée est mauvaise. Elle l’est, pour plein de raisons et c’est très exactement pour cela qu’il la trouve formidable et qu’il n’acceptera pas un refus pour réponse. Néanmoins, Alfie ne peut guère se reposer sur ses lauriers ; le plus difficile reste à venir et convaincre Lily de le suivre dans la conclusion qu’il veut écrire pour elle implique des négociations plus coriaces que cette introduction qu’ils viennent de rédiger ensemble. Comme trop souvent, c’est lui qui mène la conversation, face à la jeune femme dont les expressions parlent bien plus que le mutisme dans lequel elle se perd. Il joue, Alfie, il fait mine de ne pas le savoir, mais il sait parfaitement ce qu’il fait ; il sait parfaitement comment la faire rougir, comment l’agacer, comme la modeler comme il le souhaite – et ça fonctionne toujours. Une attaque, un compliment, une pique, un sourire charmeur ; il souffle le chaud et le froid pour ne jamais perdre son intérêt, parce que ce soir plus que jamais il a besoin de celui-ci. Au détriment de la jeune femme, mais à son plus grand avantage – et c’est évidemment ça, le plus important.
Ses gestes se joignent à ses mots, la distance qu’il met au quotidien entre eux n’existe plus ce soir tandis que sa main se glisse sur sa hanche avec une aisance qu’il n’a pas besoin de feindre. Son regard la guette au coin de temps à autre et sa langue frappe pour moquer son inexpérience, afin que son attitude reste dans les pas de celle qu’il lui offre d’ordinaire. Son sourcil se lève dans un geste contrôlé, de la même manière qu’un sourire au coin se dessine sur ses lèvres pour accentuer sa surprise face à l’assurance inhabituelle dont la jeune femme fait preuve. La surprise n’est qu’à moitié feinte ; il est étonné de ce retournement de personnalité autant qu’il s’assure de la flatter tandis qu’il reste – pour une fois – muet face à elle, lui qui veut toujours le dernier mot. Le point est pour toi, Lily, je te l’offre ; tu auras bien d’autres choses à m’offrir pour égaliser les comptes.
Ils se mêlent à la foule, sa main peinant à s’accrocher à la silhouette de Lily comme il le voudrait. Ce n’est pas qu’il la perd (impossible vu la proximité qu’il impose), c’est qu’il peine de plus en plus à tenir en place, Alfie et il sent ses muscles qui s’animent et exigent de bouger en continu. Ses jambes, ses bras, ses doigts, toute sa motricité désire s’agiter alors qu’il cherche du regard la seule fille qui occupe véritablement ses pensées. Qui est supposée les occuper et pourtant il ne s’offusque pas lorsqu’il ne la trouve pas et que ses yeux se perdent à nouveau sur Lily. Ceux-ci s’écarquillent légèrement, cette fois de manière spontanée et sincère, tandis qu’elle porte le goulot à sa bouche dans un geste encore peu assuré, mais qu’il ne moquera pas pour encourager la reconduite de celui-ci. « Keegan Junior donne des ordres. » Il s’amuse, feignant le choc, tandis que son sourire satisfait s’affiche sur ses lèvres. « J’aime bien. » Il pourrait préciser qu’il aime ceux-ci, et non pas ceux qu’elle répète à longueur de journées sur les bancs de l’église, mais son regard entendu qui ne la quitte pas de ses yeux parle pour lui tandis que sa main vient faire glisser la bouteille de la sienne pour la porter à son tour à ses lèvres. « Peut-être, ouais. » Il répond à sa question en haussant les épaules. Il pourrait lui préciser que Duggan s’en rendra compte bien assez vite, il pourrait aussi lui expliquer que ça ne fait pas partie des prérogatives quand on débarque à ce genre de fêtes, il pourrait là-aussi se moquer de son innocence, à défaut Alfie ajoute : « Mais on a mieux à faire. Enfin, j’ai mieux à faire. » Puisqu’il s’agit de lui s’il en croit ses paroles qu’il reprend à sa manière, son regard qui ne la lâche pas. « T’as pas à demander la permission, ici, Lily. » Il lui assure en tendant le goulot vers elle, alors que son sourire satisfait s’affiche une nouvelle fois sur ses lèvres. « T’es pas si chiante, au final. » Il pourrait simplement lui assurer qu’elle peut s’avérer surprenante, mais l’affirmation est trop positive pour être glissée. « Alors, on fait quoi ? » Il la questionne, profitant de la musique de plus en plus assourdissante pour se pencher vers elle et réduire encore plus la proximité déjà bien rare entre eux. « C’est toi qui décide, ce soir. » Il lui laisse le contrôle alors même qu’elle l’a perdu à la minute où elle accepté de le suivre.
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| | | | (#)Mar 15 Déc 2020 - 19:06 | |
| Ce soir, Lily Keegan se sent pousser des ailes. Alfie la regarde elle, Alfie est venu la chercher elle, Alfie voulait sortir avec elle, Alfie a frôlé sa hanche à elle. « Keegan Junior donne des ordres. » Et en plus de tout ça, Alfie lui parle à elle sans même que ce soit pour l’insulter ou lui reprocher quoi que ce soit - ce n’est peut être pas une évidence pour tout le monde mais à son sourire, elle comprend bien que cette fois-ci il n’est pas agacé à cause d’elle. Elle a bien plus connu l’agacement que quoi que ce soit d’autre, comme lueur au fond de ses yeux, et elle sait en connaître toutes ses formes et intensités. Après tout, pour connaître quelqu’un il faut bien commencer quelque part, non ? Elle pense connaître le pire de lui, ne lui reste que le meilleur à découvrir. « J’aime bien. » Il dit qu’il aime bien ; elle comprend qu’il l’aime bien. C’est du pareil au même, non ? C’est simplement qu’il a parlé un peu trop vite et un peu trop mâché ses mots ; c’est aussi parce qu’il est un garçon et que les garçons ne disent jamais ce genre de choses aussi facilement. Peu importe, ce n’est pas grave, elle ne lui en veut pas ce soir. Au contraire, elle sourit davantage encore, pas peu fière d’avoir pu attirer son attention tout en étant cool. Lily aura tout le temps du monde de s’en vouloir le lendemain. Après tout, elle ne fait rien de mal.
La bouteille revient entre les mains de son aîné sans qu’elle ne cherche à l’en empêcher, sans doute bien trop soulagée de ne plus avoir à la tenir sans ne savoir quoi en faire. « Mais on a mieux à faire. Enfin, j’ai mieux à faire. » L’adolescente lève un sourcil réellement étonné alors qu’elle pensait enfin tenir une certitude à propos de la soirée qu’ils s’apprêtent à passer. Elle n’en est pas déçue pour autant puisque s’il n’a pas à aller voir Duggan alors cela signifie qu’il passera un peu plus de temps en sa compagnie. Si elle aurait accueilli cette chose en haussant les épaules il y a quelques heures encore, désormais tout semble avoir changé. “Tu dois faire quoi ?” La curiosité l’emporte toujours, surtout alors qu’elle ne compte pas lâcher Alfie de la soirée et risquer de se retrouver seule au milieu d’une foule qu’elle n’affectionne déjà pas particulièrement. Après tout, elle n’est ici que pour lui. « T’as pas à demander la permission, ici, Lily. » Lily hoche de la tête, les mots étant tout sauf tombés dans l’oreille d’une sourde. Son sourire en coin s’élève en même temps qu’elle laisse ses yeux remonter dans les siens, et elle ne pense pas même à faire la morale à qui que ce soit autour d’eux sur les problèmes liés à l’alcool - c’est pour dire. « T’es pas si chiante, au final. » Finalement, cela sonne comme le plus beau compliment qui puisse être. En effet, Lily sait se contenter de peu puisqu’avec le Maslow, ils n’ont jamais su être tendres d’un côté ou même de l’autre. Ce soir, elle ne rêve que d’enterrer la hache de guerre, au moins temporairement.
« Alors, on fait quoi ? »
Toutes les alarmes de son cerveau viennent de s’enclencher à l’unisson. Elle pourrait presque sentir le souffle d’Alfie sur elle et cela n’a rien d’habituel - elle n’a même pas sa main droite prête à rencontrer sa joue. Ses yeux passent rapidement de l’un à l’autre des siens alors qu’elle hésite entre faire un pas en avant ou des dizaines de milliers en arrière. Elle le trouve beau (malgré elle), elle le trouve drôle (quand il n’est pas stupide), et surtout elle sait qu’elle ne devrait pas ressentir tout ça à son égard alors qu’il est le Alfie qui fait toujours n’importe quoi, et surtout le Alfie de Joseph. Son frère désormais hors de l’équation, pourtant, cela remet tout en cause, et même la possibilité de peut-être pouvoir envisager quelque chose avec le brun. « C’est toi qui décide, ce soir. » Elle rigole, bien plus de stress qu’autre chose. “Ça sera répété et amplifié.” Elle tente, pour rigoler. Tous deux savent déjà qu’il n’en sera rien.
La question, donc. On il a dit on, mais elle, elle ne voit que ses lèvres qu’il étire dans un sourire, elle s’en rapproche doucement et commence même à pencher la tête avant de finalement se reprendre lorsqu’elle s’apprêtait à fermer les yeux. Plutôt, ses lèvres trouvent refuge autour du goulot de la bouteille, celle-ci étant étrangement devenue plus familière et rassurante - qui l’eût cru. Elle ne peut pas embrasser Alfie, ce serait stupide et malvenue. “On peut aller autre part ? Je voudrais être au calme.” Il lui dit qu’elle a tous les droits mais ses vieilles habitudes la rattrapent toujours rapidement. Elle ne sait pas sur quel pied danser et il n’y a rien dont elle ait l’habitude, ce soir. Elle voudrait être seule avec lui parce qu’elle n’en a jamais l’occasion en temps normal (puisqu’en temps normal elle est bien trop occupée à lui reprocher tous les maux du monde) tout comme elle voudrait rester au milieu de la foule qui a parfois quelque chose de rassurante, à tel point qu’elle pourrait s’y fondre si jamais elle en ressent le besoin. S’ils sont seuls, pourtant, il ne pourra plus avoir d’yeux que pour elle et force est d’avouer que cela a quelque chose d’assez intéressant. Ses doigts effleurent les siens; elle rejettera la faute sur l’inconnu qui l’a poussé si jamais il relève une telle chose. Dans une dernière tentative de garder la face, elle reprend d’un ton aussi enfantin qu’innocent, le sourire allant de paire avec : “Tu fais quoi d’habitude dans ce genre de soirée ?” Elle sait déjà qu’elle va détester toutes les réponses qui pourront en découler mais s’il parle en la regardant elle, alors elle sera déjà très heureuse. |
| | | | (#)Ven 25 Déc 2020 - 17:11 | |
| Il ne la connait pas vraiment, cette Lily-là, mais il l’apprécie beaucoup. Bien sûr, la perspective d’être torturé lui semble plus plaisante que d’admettre que le nouveau visage qu’elle lui montre s’avère plaisant, mais il ne peut pas nier qu’il aimerait faire face à cette facette-là de la jeune fille plus souvent. En quelques dizaines de minutes, elle lui a prouvé qu’elle a bien plus à offrir que ce qu’elle laisse présager sur les bancs de l’église ; et s’il n’est pas assez naïf pour croire que son attitude de ce soir pourrait être la même qu’à un dimanche de messe, elle démontre néanmoins du fait qu’elle n’est pas obligée d’être aussi coincée qu’elle l’est au quotidien. Allez toutefois dire ça à Lily et Alfie ne compte pas s’y risquer, autant parce qu’accumuler les compliments à outrance ne servirait pas ces intérêts que parce que cela serait l’assurance d’avoir, en réalité, le droit à une Lily plus agaçante que jamais, n’hésitant pas à souligner ce qui a pu être dit ce soir simplement pour le faire enrager. Ce serait un juste retour des choses, lui prend un malin plaisir à la provoquer et à s’assurer de ne jamais lui laisser une once de quiétude, mais il y a aussi cet accord tacite qui implique que ce qu’il se passe ce soir n’existera plus dès le lendemain matin. Alors qu’elle en profite, avant qu’il ne soit celui qui en profite.
Il s’imaginait que le temps et les arguments lui manqueraient bien plus vite avant de parvenir à convaincre Lily d’essayer d’être à l’aise à défaut de véritablement l’être ; pourtant s’il n’imagine pas qu’elle puisse mettre de côté sa personnalité en un claquement de doigts, elle est bien meilleure actrice que ce qu’il aurait imaginé alors qu’elle est celle qui lance les hostilités en s’emparant de la première bouteille qui apparaît dans son champ de vision. La bouteille lui revient néanmoins en mains, mais il s’abstient de souligner sa faiblesse ; le but n’est pas de contrarier la jeune femme, pas ce soir. Les vieilles habitudes reprendront bien assez vite, ce soir il est question d’en instaurer des nouvelles, factices et intéressées – bien qu’elle n’ait pas à le savoir. Un rire s’échappe d’entre ses lèvres lorsqu’elle le questionne sur ce qu’il a de mieux à faire, alors que son regard détaille avec insistance la jeune femme pour lui faire comprendre qu’elle est bien la seule qu’il voit à cet instant (bien que ce soit une autre qui occupe ses pensées). « Ta naïveté te perdra, Lily. » Il souligne, le ton sarcastique sans être méchant – les habitudes changent, on a dit. C’est la certitude de cette soirée ; la naïveté de Lily la perdra et finalement c’est bien celui qui l’en avertit qui compte en abuser.
Il parsème des compliments entre ses réflexions, oscillant entre les piques à peine voilées sur son caractère d’ordinaire exécrable et les éloges pas entièrement fausses, se délectant du sourire de la jeune femme autant que du silence qu’est le sien. Pour une fois, Lily Keegan n’a rien à redire et c’est peut-être le signe de la plus belle des victoires. Et si ce soir c’est bien lui qui dicte les règles, prétendre le contraire ne fait qu’affirmer sa position de force. Le choix lui revient, à la Lily sans originalité, bien qu’il soit ouvert à la surprise, en ayant déjà bénéficié depuis que sa voiture s’est garée devant la maison des Keegan. « Essaie seulement. » Il menace, le sourire qui vient contredire celle-ci. Pourtant, il ne serait pas contre cette perspective. Il est ainsi, Alfie et s’il peut manipuler les autres à son image, c’est le plus beau des cadeaux. S’il peut avoir la satisfaction d’avoir eu un impact qui changerait, même de façon minime, leur personnalité, il s’en vanter jusqu’à l’épuisement. Et s’il ne manque jamais une occasion de pointer ses défauts, le but n’est pas plus d’être méchant que de lui suggérer un changement. Ce soir, elle est sur cette voie-là et Alfie ne pourrait pas être plus heureux ; il tire peut-être les ficelles, mais une notion de liberté peut s’appliquer, il en est persuadé.
Et il la perçoit cette distance qu’elle réduit, bien qu’elle finisse par se rétracter. Il joue assez, Alfie, autant avec les lèvres d’Amelia qu’avec d’autres et, bientôt, avec celles de Lily maintenant qu’il a la garantie que le jeu se jouera en équipe. « Si c’est ce que tu veux. » Il voudrait lui rappeler qu’elle n’a pas besoin de demander la permission, mais il n’a pas de temps à perdre avec des leçons que, de toute évidence, elle n’enregistre pas. Ses doigts s’emparent des siens pour la guider à travers la foule, un sourire sur les lèvres alors qu’elle enchaîne les questions pertinentes depuis quelques minutes. « Je vais te montrer. » Il s’interrompt un instant pour se tourner vers elle, avant de poursuivre son chemin, poussant sans délicatesse les âmes qui se mettent entre lui et son plan à deux doigts de se réaliser, s’assurant de passer à quelques mètres d’Amelia repérée plus tôt, comme une confirmation qu’elle est la perdante de cette soirée, finissant par monter les escaliers, les pas de Lily toujours dans les siens. Il ouvre une des innombrables chambres de Duggan, la plus à l’écart, celle qu’il peut croire inoccupée de par l’empressement des émois adolescents qui nécessitent d’occuper les plus accessibles. Il laisse Lily passer avant lui, fermant la porte derrière lui, s’emparant de la bouteille qui n’a pas quitté les mains de la jeune fille pour la poser sur un meuble tandis que ses mains à lui viennent se glisser contre son cou. « Je fais ça. » Et il n’a pas la moindre once d’hésitation, lui, quand ses lèvres s’approchent des siennes pour finalement goûter à cet interdit dont il a déjà rêvé de nombreuses fois – mais là-aussi, la torture vaut bien mieux que de l’admettre.
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| | | | (#)Dim 27 Déc 2020 - 2:31 | |
| « Ta naïveté te perdra, Lily. » Si seulement, pour une fois, elle avait écouté Alfie Maslow.
Ironiquement pourtant, il n’avait jamais répondu aux demandes de l’adolescente aussi rapidement. A bien y penser, en réalité, il n’avait même sûrement jamais répondu à aucune de ses demandes, encore moins celle qu’elle aurait pu formuler par le biais d’une question. Le Alfie de tous les jours - celui qu’elle déteste et pour qui elle reste intimement convaincue qu’il n’est pas le vrai - lui aurait ri au nez avant de faire tout l’inverse. Le nouvel Alfie, lui, il lui offre même un sourire et elle n’a pas besoin de plus pour lui rendre la pareille. « Si c’est ce que tu veux. » Contre sa paume, ses doigts remontent toujours un peu plus haut entre ceux de son aîné. Elle a peur qu’il la lâche dans la foule et qu’il ne puisse pas la retrouver. Elle a peur qu’il la lâche et qu’elle n’ait plus jamais l’occasion de pouvoir refaire ce même geste sans qu’il la traite de gamine. « Je vais te montrer. » Lily a déjà oublié la demande qu’elle lui avait faite mais ce ne doit pas être si important que ça, au final. Tant qu’il ne s’agit pas de se droguer jusqu’à l’overdose et que personne n’a à venir la récupérer à l’hôpital (ou pire encore), alors ce ne sera sans doute pas aussi pire qu’elle pourrait le croire. C’est le Alfie de tous les jours qui n’a que des mauvaises idées, pas celui à qui elle tient la main. Celui-ci s’occupe d’elle et il la voit pour qui elle est vraiment, il la fait se sentir exister pour elle-même et non par son frère, par son attitude à l’église ou bien par ses résultats scolaires. Elle est persuadée qu’il aime (apprécie, apprécie) Lily et juste Lily ; et force est de constater qu’elle est effectivement bien trop naïve. Elle l’est aussi au point d’avoir une confiance aveugle en lui, laquelle elle ne spécifierait pourtant jamais à voix haute alors que les portes défilent aussi vite qu’on pu le faire les marches d’escalier avant elles.
Lily n’a aucune idée de ce dans quoi elle s’embarque et les quelques milliers d’indices des intentions du Maslow ont été passés sous silence dans son esprit. Une porte s’ouvre et elle rentre la première, sans doute parce qu’il doit récupérer quelque chose ou bien parce qu’elle offre une jolie vue sur… le jardin ? C’est pour profiter de la vue qu’il la débarrasse de la bouteille, c’est pour ne pas être dérangés par la lumière du couloir qu’il referme la porte derrière eux. C’est parce qu’il n’a pas fait exprès qu’il glisse une main contre son cou, ou bien c’est le vent qu’elle a senti. « Je fais ça. » Et là, juste là, même Lily Keegan tombe à court d’arguments pour nier la réalité. Une large partie d’elle n’a pas envie de nier quoi que ce soit, surtout pas alors que cet instant constitue son premier baiser (parce qu’elle persiste à dire qu’elle a été poussée sur ce garçon au primaire et qu’ensuite leurs lèvres se sont touchées, ça ne compte absolument pas) et qu’en plus de ça il est partagé avec un homme qu’elle n’a de cesse d’admirer bien malgré elle.
Et pourtant, elle le déteste. C’était pas supposé se passer comme ça. Il n’était pas supposé sentir l’alcool - encore moins la cigarette -, il était supposé s’être lavé les dents avant, ils étaient supposés se trouver sur la plage ou, à défaut, dans un lieu romantique. La main dans le cou, par contre, c’est okay parce qu’elle l’a vu dans les films. La musique d’ambiance, elle pouvait s’en passer aussi. Pour tout le reste, par contre, elle le déteste parce qu’à cause de lui son premier baiser n’était pas absolument parfait. Heureusement au moins que le fait que ce soit lui qui l’embrasse revienne ajouter de nombreux points positifs dans la balance, bien assez pour qu’elle ne souhaite pas s’énerver ou lui faire des reproches. Au contraire et contre toutes attentes, elle lui rend son baiser en souriant - même s’il ne le verra pas, c’est à souligner - alors même qu’elle a l’impression que sa propre température vient de grimper de plusieurs dizaines de degrés sans même crier gare. Incertaine et quelque peu fébrile, elle fait à son tour remonter ses mains contre les hanches d’Alfie. Elle ose à peine toucher ses vêtements et ne parlons même pas de sa peau mais puisqu’il ne s’agit que d’un baiser, peu importe - si lui aussi il sort l’excuse que quelqu’un l’a poussé, par contre, elle promet qu’à son tour elle va le faire voler depuis la fenêtre de l’étage. “A quoi tu joues ?” Une Keegan qui ne se plaint pas n’est pas une Keegan et aussi plutôt pas mal l’instant puisse-t-il être, elle ne souhaite pas être une proie de plus sur le tableau de chasse d’Alfie. Tout ce qu’elle désire, c’est qu’il lui assure qu’elle est réellement différente et qu’il ne fait pas ça à toutes ses soirées en choisissant une fille au hasard dans l’assemblée pour être la sienne. S’il lui donne la moindre once de considération, alors elle sera la première à vouloir reprendre ce baiser là où ils l’ont interrompu. “T’embrasses toujours plein de filles, je veux pas… je veux pas que ça sorte d’ici.” Elle aurait aimé lui demander d’être la seule et l’unique mais même la Lily rêveuse sait que ce ne sera jamais le cas et elle ne veut pas essayer un refus, encore moins une défaite. Elle ne veut pas avoir à partir non plus. |
| | | | (#)Ven 1 Jan 2021 - 16:58 | |
| Son sourire qui s’adresse à une ingénue, ses doigts qui se mêlent à d’autres, ses pas qui connaissent par cœur le chemin vers l’étage ; l’enchaînement n’est pas nouveau et les gestes si habituels qu’ils en deviennent automatiques. Pourtant, avec Lily, tout semble naturel, non pas comme si ces échanges et cette proximité étaient récurrents, mais comme s’ils étaient la suite logique des choses. Pour lui, peut-être, pour elle, il se permet d’en douter compte tenu de l’opinion bien arrêtée qu’il a sur la jeune fille et qu’il n’hésite jamais à exprimer au quotidien. Pourtant, ce soir, tous les reproches qu’il peut lui faire demeurent amusés, moqués même, mais jamais méchants comme il le fait entre les murs de l’église où ils se côtoient d’ordinaire. Autant parce qu’il ne perd pas de vue son objectif controversé qu’il est surpris par l’aisance de Lily. Véridique ou finement exécutée, il ne se pose pas vraiment la question du moment que cela est à son avantage – et ça l’est, alors qu’elle le suit sans aucune once hésitation et que d’elle-même, elle lui permet de mettre son plan à exécution. Il pensait qu’elle aurait besoin de plus de temps pour se laisser séduire – voire même, malgré toute la confiance qu’est la sienne, qu’il n’arriverait pas à son but. Mais Lily le surprend de minute en minute, confirmant la raison de l’intérêt qu’il lui porte ; elle est plus que ce qu’elle veut bien montrer, et à cet instant ce n’est plus sa seule volonté de gagner face à Amelia qui dicte son attitude. Il va lui montrer ; si elle le veut bien, il est peut-être opportuniste, il n’en reste pas moins qu’il sait aussi qu’il n’a aucune envie d’assumer les conséquences d’actes fallacieux – et oui, il ne s’agit que de ça et non d’une quelconque bonne conscience qu’il posséderait. Il va lui montrer ; et il sait qu’elle le veut bien, alors qu’il lit en elle comme dans un livre ouvert. Bien sûr, il sait que la réciproque est vraie aussi, pour autant Alfie ne préfère pas songer à ce détail qui pourrait le rendre lui-même vulnérable alors que la cible est supposée prendre les traits d’une petite brune à la peau douce et au potentiel malléable.
La musique résonne toujours malgré la porte claquée, mais cela importe peu tandis qu’il la débarrasse de la bouteille qu’elle a encore en mains ; ils ne sont plus que tous les deux. Et si cette proximité est souvent source de dispute, aujourd’hui c’est tout l’inverse qui s’opère quand il brise les frontières de leur inimité pour ouvrir celles d’une certaine intimité. Il dira qu’il n’a pas de temps à perdre parce qu’il veut s’assurer les effets d’une euphorie médicamenteuse au plus vite, en réalité son empressement est tout autre. Il ne le dira pas, mis il le sait, parce qu’il est ainsi, Alfie : l’interdit l’a toujours séduit. Et Lily est la représentation même de l’interdit. Fille chérie d’une famille encore plus traditionnelle et conservatrice que la sienne, sœur intouchable de son ami le plus cher, gamine rêveuse qui se rend inaccessible pour quiconque. Un défi qui se mêle à l’interdit, deux des plus grands intérêts d’Alfie et si le concept du sacré auquel Alfie ne croit pas de manière religieuse devait prendre une forme, il prendrait celle de Lily. Il a songé à lui voler ses lèvres à bien des reprises, mais sa loyauté pour Joseph l’en a toujours empêché. Il aurait pu être son premier baiser par simple volonté de la rendre folle, il aurait pu briser cette proximité bien longtemps auparavant juste pour lui offrir la pire des embrassades pour se moquer de son romantisme persistant, il aurait pu exécuter ce défi qu’il s’est lancé à lui-même voilà bien longtemps, la liste des raisons est longue, mais jamais il n’a été inscrit sur cette dernière celle qui le pousse à franchir cet interdit ce soir ; une envie irrépressible de connaître le goût de ses lèvres et de cesser de le rêver. Un désir, peut-être pas brûlant, mais néanmoins persistant, accentué un peu plus par cette nouvelle surprise qu’elle lui offre, aussi réjouissante que les précédentes, si ce n’est plus.
Ses lèvres quittent finalement les siennes et il est le premier à s’en retrouver déçu tandis qu’il ne perd pas la face lorsqu’elle l’interroge. Il reste muet un instant, lui permettant de préciser le fond de sa pensée, mais ses yeux ne quittent pas ceux de Lily et son sourire mutin prend place sur ses traits. Elle marque un point ; il embrasse toujours plein de filles et effectivement elle est loin d’être unique. Pourtant, elle l’est. Mais il ne voudra jamais le lui avouer, encore moins ce soir. « Ça sortira pas d’ici si tu le veux pas. » Et même si elle le voulait, en réalité. Mais tout ceci n’a pas pour vocation de s’échapper d’entre cette chambre et quand bien même ce serait le cas, il assumerait, comme toujours, ses actes. Il n’est pas sûr de pouvoir en dire autant d’elle, ainsi le choix lui appartient, comme (presque) tout ce soir. « On est même pas obligés de faire ça. » Il souligne, ses mains qui finissent par délaisser la peau de Lily pour se longer contre son corps et lui laisser, une fois encore, les cartes en mains. « Je te force à rien, Lily. » Il est sincère, bien que chacun de ses mots demeure contrôlé, alors qu’il ajoute : « Dis-moi juste que t’en as pas envie et on retourne en bas. » Et son regard ne quitte toujours pas celui de Lily alors qu’il s’éloigne pour se rapprocher de la porte. Dis-le, Lily. Et son sourire, bien que plus discret, ne quitte pas ses lèvres ; il sait qu’elle ne dira rien, parce qu’il s’agit peut-être de leur seul point commun : cette envie, ils la partagent.
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| | | | (#)Ven 1 Jan 2021 - 19:26 | |
| Rares sont les instants où Lily ne sait pas quoi faire. Elle a tout appris dans les livres, on lui a tout enseigné à l’église et à l’école. Elle sait tout sur tout, Lily, elle n’a rien à apprendre des individus qui ne sont pas aussi talentueux et intelligents qu’elle. Alfie, surtout. Il ne sait que rendre furieux ses parents et il se contente de faire tout le contraire de ce qu’on lui dicte : c’est un train de vie trop bas et trop facile. Ce qui était facile, aussi, c’était de l’embrasser. Elle n’a jamais appris à faire une telle chose mais finalement elle a su au dernier moment et peut être que tout n’était pas si horrible qu’elle aurait pu le contraire. Au contraire, même, elle voudrait recommencer si elle le pouvait. Si elle n’était pas en train de se laisser envelopper par un voile de panique, elle aurait recommencé à l’embrasser immédiatement. A défaut de savoir le faire ni même de le pouvoir, Lily se laisse aller à de multiples questionnements auxquels son aîné tente de répondre tant bien que mal. « Ça sortira pas d’ici si tu le veux pas. » Elle continuera toujours de lui reprocher de ne pas s’intéresser à l’école mais il a toujours été éloquent, Alfie, il a toujours maîtrisé l’art de la rhétorique comme personne. Ce soir encore, il la modèle à sa guise, il fait d’elle ce dont il a envie sans même sembler trouver l’exercice difficile. Ce dont elle s’étonne ne sont pas ses mots bien trouvés et bien placés mais c’est plutôt le fait qu'il soit avenant avec elle alors que Lily s’attendait déjà à ce qu’il lui rigole au visage, la traite d’imbécile et retourne en bas s’amuser avec le reste des adolescents. S’il est encore là, donc, c’est bien la preuve qu’il tient à elle. Qu’il tient beaucoup à elle, peut-être même autant qu’elle l’apprécie en retour sans jamais le lui dire. “Non, je veux pas.” Elle chuchotte à peine et a perdu toute sa superbe qui la caractérise généralement. Ses dents jouent avec ses lèvres mais ses yeux, eux, ne pensent même pas à se dérober des siens. Elle a déjà perdu le contact avec sa peau, elle ne veut pas déjà se retrouver sans rien. Ce baiser sera leur secret et il en sera de même pour toute l’attitude de Lily qui en découle. Il ne l’a pas promis mais c’est tout comme.
Elle a eu peur de bien des choses lorsqu’il l’a embrassée, mais pas qu’il force un acte dont elle n’aurait pas eu envie. Il a beaucoup de défauts et elle pourrait vous les énumérer dans l’ordre alphabétique si vous le voulez, mais il n’est pas de ce genre là. Elle ne lui a jamais posé la question, elle n’a jamais été témoin de rien, mais elle sait - et à défaut d’avoir aucune preuve, elle s’en était au moins convaincue en sachant qu’elle ne peut pas se battre sur tous les fronts. « On est même pas obligés de faire ça. » Non, non, non. Ses grands yeux s’ouvrent un peu plus encore, en proie à la panique. Elle ne voulait pas faire ça et maintenant elle ne veut pas qu’il s’en aille, elle ne veut pas que ce soit terminé, elle ne veut pas avoir à le regarder dans les yeux ensuite tout en sachant ce qui aurait pu arriver et ne sera jamais. Elle n’aurait jamais pensé à faire une telle chose ce soir mais maintenant qu’elle en a entraperçue la possibilité, l’adolescente n’a aucunement envie de faire machine arrière et de partager cette première fois avec une autre personne. Il est le dernier avec qui elle aurait pensé partager ce moment et il est rapidement devenu le seul avec qui elle envisage désormais une telle chose - puisqu’avant cet instant, la jeune Keegan ne pensait pas encore à sa première fois et c’est à peine si elle se languissait de son premier baiser. « Je te force à rien, Lily. » Ses pupilles virevoltent de l’un à l’autre de ses yeux alors que ses doigts fins ne savent pas s’ils doivent retourner le long de son cours ou retrouver les doigts du brun. Il y a ce dont elle a envie et il y a son instinct naturel qui lui hurle de ne pas lui montrer qu’elle en a quoi que ce soit à faire de sa présence ou même de lui, tout simplement. Une part d’elle sait que tout ce qu’elle pourrait lui laisser entrevoir ici, il aurait toute la possibilité de s’en servir contre elle ensuite. De toutes les choses qui peuvent arriver, c’est sûrement ce dont elle a le plus peur - ou presque. « Dis-moi juste que t’en as pas envie et on retourne en bas. » Ils grincent, ses pas sur le parquet. Elle n’entend plus la musique ni même le chahut de l’étage d’en dessous. Elle n’entend que ses pas qui s’éloignent et qui ne devraient pas. Tout était plus simple quand il l’embrassait sans la laisser imaginer tous les scénarios du monde et plus encore. “Non.” De la même voix mal assurée, elle tente de lui faire comprendre qu’elle ne veut pas qu’il retourne en bas. Ni lui, ni elle, et encore moins eux deux. Elle a esquissé un pas en avant, incertaine, son cœur battant un peu plus la chamade encore. “Je veux pas y retourner.” J’en ai envie. La brune a l’impression d’avouer un secret honteux, raison pour laquelle ses joues se colorent de rouge et pourquoi ses iris trouvent un temps refuge sur la bouteille lâchement abandonnée.
Le temps pour elle de reprendre une dernière fois ses esprits et de déglutir un instant et la voilà qui trouve le courage de venir poser ses doigts lentement autour du bras d’Alfie. Ses empreintes se posent une à une contre sa peau et elle le ramène doucement vers elle dans une supplication silencieuse pour qu’il lui laisse une seconde chance et ne s’enfuie pas déjà. “Tu ne me forces pas.” Ses doigts glissent jusqu’à sa paume et s’y frayent un chemin de façon presque naturelle. Sur la pointe des pieds, elle répète la même scène que quelques secondes plus tôt, y ajoutant cette fois-ci sa touche féminine et inexpérimentée. Lily l’embrasse donc de nouveau, comme une enfant d’abord, comme une adulte ensuite, le guidant pour qu’il pose de nouveau ses mains contre sa peau. “J’ai jamais fait ça, Alfie.” Elle n’est pas naïve au point de croire qu’il souhaite simplement l’embrasser à l’abris des regards et la jeune femme se doute bien que s’ils sont seuls dans une chambre désormais fermée à clé, cela ne peut pas signifier beaucoup de choses différentes. “Je… sais pas comment faire.” Sont les derniers aveux qu’elle a à lui faire bien malgré elle, enragée contre sa propre personne d’avoir à se montrer aussi faible alors qu’elle se bat depuis quinze ans pour toujours paraître invulnérable, surtout face à Alfie. Elle noie donc sa gêne dans un nouveau baiser (jamais elle n’aurait cru agir de la sorte il y a quelques minutes encore) avant d’oser mouvoir une main mal assurée sous le t-shirt d’Alfie, s’hasardant à laisser ses doigts remonter de quelques centimètres sous son habit. Elle souhaite lui prouver que ce n’est pas parce qu’elle a peur et qu’elle ne sait pas comment agir au millimètre et à la seconde près qu’elle ne le veut pas pour autant et que ce n’est pas ce qu’elle désire réellement. |
| | | | (#)Lun 4 Jan 2021 - 16:03 | |
| Elle ne veut pas que ça sorte d’ici, il l’aurait parié. Il pourrait la narguer quant au fait qu’il la connait par cœur et que sa réponse ne le surprend pas, mais il se contente de secouer la tête pour lui confirmer que ce sera un secret, le leur. Il ment, Alfie. Bien sûr que ça sortira d’ici, pas nécessairement pour l’humilier par besoin de conter ses propres exploits, mais simplement parce qu’elle n’est pas la plus importante à ses yeux, même si c’est l’impression qu’il veut lui donner – et qu’il y croit peut-être un peu, lui aussi. Mais derrière cette porte, à quelques mètres d’eux, il y a celle pour laquelle il fait tout ça ; qu’il piétine toujours un peu plus une amitié qui n’en a jamais vraiment été une, mais qui ne mérite pas un tel traitement pour autant. Il doit assurer sa part du défi, il doit se vanter auprès d’Amelia pour avoir le droit à sa récompense et bien sûr que ça sortira d’ici. Bien sûr qu’elle sera tentée de réduire la maigre réputation de Lily Keegan en poussières, même en connaissant les conséquences de l’enjeu qu’elle a elle-même suggéré. Bien sûr qu’elle fera de son mieux pour faire payer à sa cadette l’affront d’avoir touché à son territoire, parce qu’il n’est pas seulement question de s’y être approchée, mais surtout d’y avoir laissé une marque indélébile, telle qu’elle-même ne parvient pas à laisser. Bien sûr qu’Alfie sait tout ça, et sur cet aspect-là, il n’a pas menti : ça ne sortira pas d’ici, parce qu’il s’assurera d’avoir l’avantage sur Amelia pour la dissuader d’un tel dessein. Si la blonde le connaît mieux que personne, la réciproque s’applique aussi et il sait pertinemment la réaction que sera la sienne ; il sait aussi qu’il devra lutter en usant de coups encore plus bas que celui de ce soir, mais c’est très exactement pour cette raison qu’il est aussi accro à la blonde. Même lorsqu’il a la certitude de la menace qu’elle fera planer sur Lily, car il a aussi la certitude qu’il arrivera à anéantir cette idée.
Elle ne veut pas que ça sorte d’ici, mais il n’y aura rien à dire si elle interrompt les choses avant même qu’elles ne commencent. Bien sûr qu’il garde son objectif en tête, bien sûr qu’il veut que celui-ci se réalise, mais il ne peut pas forcer Lily à faire quelque chose dont elle ne veut pas. Ou, plutôt, il pourrait, mais il ne le fera pas, parce que la liste de ses défauts est interminable, mais le paradoxe de sa personnalité est là-aussi ; et si Alfie aime manipuler les autres pour qu’il cède à ses désirs, ceux-ci ne peuvent être agréables que s’ils lui permettent d’y prendre du plaisir. Particulièrement ce soir ; et il sait qu’il n’en ressentira aucun si Lily ne partage pas son envie. Cette question ne s’est pourtant pas vraiment posée, l’adolescent ayant conscience de bien des choses en étant plus expérimenté que la petite brune, pour lire ce langage qui ne s’exprime pas par la parole. Il sait qu’elle en a envie autant que lui, il sait aussi qu’elle émet bien plus de résistance que lui ; mais peu importe le temps qu’il faudra pour y parvenir, il sait qu’il peut la faire céder. Il l’a déjà fait quand il s’est rendu chez elle, il l’a fait lorsqu’il lui a volé ses lèvres et qu’elle s’est laissée emprisonner un peu plus au lieu de se libérer. Il n’aurait jamais pensé qu’il serait, un jour, aussi dépendant des lèvres de Lily Keegan qu’à cet instant. Parce qu’il attend ce signe, cette autorisation, évidemment, mais aussi parce qu’il veut y goûter à nouveau, encore et encore et qu’il s’est souvent empêché de penser à elle sous prétexte de son rôle de sœur de vole en éclat ; et ce sont des années d’interdit qu’ils doivent rattraper. Il ne peut accepter que cet interdit lui file entre les doigts, il ne saurait le tolérer alors il met tout en œuvre pour s’assurer du contraire, quand ses mots sont calculés autant que ses gestes. Il s’éloigne, il lui confie le choix, il l’autorise à le rejeter, seulement si elle formule ces quelques mots, si elle lui dit qu’elle n’en a pas envie, sous-entendu, autant que lui. Il le sait, à cet instant, Alfie, que la réponse qu’elle prononcera est celle attendue et ça ne manque pas. Un sourire se glisse sur ses lèvres, timide, alors qu’il exulte. Sa main qui était prête à ouvrir la porte vient finalement verrouiller celle-ci alors qu’il l’imite et réduit la distance entre eux, son sourire qui s’élargit de manière parfaitement calculée. « Alors on y retourne pas. » Il confirme, son regard qui persiste à accrocher le sien même si elle tente de le fuir. Et si son cœur s’emballe à cet instant, c’est uniquement parce qu’il songe à ce qui l’attend à l’issue de ce moment, bien sûr.
Et c’est elle qui mène la danse cette fois, lorsqu’elle le ramène à elle, lorsqu’il se veut plus docile que jamais auparavant, lorsqu’il se veut muet et ne cherche pas à avoir le dernier mot. Il acquiesce, signe qu’il entend cette autorisation, ses doigts qui se referment sur les siens lorsqu’ils glissent dans sa paume. Elle est maladroite Lily, elle n’est assurément pas son meilleur baiser, mais peut-être qu’elle est son plus beau depuis longtemps, parce qu’outre la satisfaction de l’avoir amenée sur ce terrain, il apprécie ses efforts qui se veulent sincères et ce rôle qu’elle lui donne, ce pouvoir qu’il a sur elle. Elle n’est plus vraiment sa marionnette, mais son élève et c’est une dynamique qu’il accepte avec joie. Il libère sa main pour faire glisser la sienne contre ses reins afin d’accentuer cette proximité entre eux, lui murmurant « je sais » qui ne se veut pas moqueur, seulement compréhensif. C’est désormais elle qui lui vole ses lèvres et il se laisse faire, autant qu’il se laisse faire lorsqu’il sent ses doigts remonter sous son t-shirt. Il perçoit son hésitation, il reprend sa liberté pour se noyer dans son regard à défaut de ses lèvres, auxquelles il a déjà hâte de goûter de nouveau, comme il a hâte de découvrir toutes les autres parcelles de son corps. « Tu te débrouilles très bien. » Il lui assure, sa main libre qui remonte doucement le long de sa cuisse, s’autorisant à se glisser sous le tissu de sa robe pour caresser sa peau. « Si tu le sens plus, tu le dis et on arrête. À tout moment. » Intérêt personnel déguisé sous une bienveillance ; mais encore une fois dans les circonstances d’une telle intimité, Alfie a le désir de provoquer le sien et non d’être à l’origine de la peur de celui-ci. Il y a un point sur lequel il ne ment pas ; il a toujours souhaité qu’elle soit moins coincée. Et ce soir, il veut être son guide, pour qu’elle découvre des plaisirs dont elle se prive inutilement, il en est persuadé. « Pour le reste... » Et il ne résiste plus, alors que ses lèvres goûtent à son cou une première fois. « Je suis ton cobaye Lily, tu t’en souviens ? » Il murmure à son oreille. Il songe à ces fois où il l’a laissée s’entraîner sur sa peau parce qu’elle rêvait d’apprendre à s’occuper d’une plaie, à ces fois où il s’est cassé la figure simplement parce qu’elle n’était pas certaine de l’acrobatie qu’elle voulait réaliser, de ces sourcils cramés parce qu’elle était persuadée d’avoir réussi sa formidable expérience scientifique et qu’il voulait être le témoin de son succès (bien qu’il l’embêtait en parlant d’échec). Elle ne sait pas comment faire, mais elle peut apprendre sur lui, faire ce dont elle a envie, essayer ce qu’elle souhaite, se montrer maladroite ou plus entreprenante, elle mène la danse. « Je peux te guider, mais... » Et il s’aventure à nouveau dans le creux de son cou un bref instant. « Tu fais ce dont t’as envie. C’est toi qui décide, ce soir. » Il l’avait dit à leur arrivée, il le maintient ; et s’il ne perd pas le pouvoir, il lui cède un peu du contrôle, mais il le fait avec plaisir. Parce c’est ce qu’il veut, ce qu’il désire : corrompre Lily pour mieux la libérer.
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| | | | (#)Mer 13 Jan 2021 - 11:04 | |
| Le bruit de la porte qui se verrouille résonne différemment, désormais. Elle se sent rassurée à l’idée que plus personne ne puisse entrer alors qu’à aucun moment elle ne craint le fait de, elle, ne plus pouvoir sortir. Son cœur bat trop fort pour qu’elle puisse se concentrer sur d’autres sons, elle l’entend résonner jusque dans ses oreilles. Tout ce qu’elle désire, c’est pouvoir se rapprocher d’Alfie à nouveau et faire comme s’il n’y avait rien de plus normal puisqu’à ses côtés, enfin, elle a l’impression de pouvoir faire ce qu’elle désire. « Alors on y retourne pas. » Retourner avec le reste des invités était justement ce qu’elle n’aurait jamais voulu faire, surtout pas après avoir eu un aperçu de ce que pouvait être un baiser partagé avec lui. Le simple fait de toujours avoir sa main posée sur son avant bras sans qu’il ne l’en chasse lui aurait semblé être impossible quelques minutes plus tôt encore. Désormais, elle se rend enfin compte que ce n’est que le début d’une soirée qu’elle n’aurait jamais imaginé vivre de cette façon. Elle n’aurait jamais osé l’imaginer, surtout, parce que ce n’est pas faute de le désirer au fond d’elle - et au Diable tous les préceptes qu’on lui inculque depuis l’enfance. Elle devrait bien avoir le droit à un écart, après tout.
Alfie la rassure à propos de la façon dont elle gère toute cette situation nouvelle alors que pour sa part, elle se fige encore à chaque fois que ses doigts gagnent du terrain sur sa peau de porcelaine. Sur sa cuisse et ses reins, l’emplacement de ses mains est à jamais tatoué dans sa mémoire et sur sa peau. En retour, elle ose doucement se frayer un chemin à son tour, remontant doucement son tee-shirt sans ne réellement rien oser entreprendre. Elle a perdu de toute sa superbe, l’enfant qui sait tout sur tout et mieux que tout le monde. La brune retourne donc en terrain conquis pour se rassurer avant toutes choses, et contre les lèvres d’Alfie au moins elle n’a pas à cacher la moindre gêne ou le moindre doute. Aussi proche de lui, elle en perd même toute distinction du bien et du mal pour simplement se demander jusqu’où elle peut aller à ses côtés, maintenant qu’ils jouent ensemble au lieu de se faire face. « Si tu le sens plus, tu le dis et on arrête. À tout moment. » Elle hoche doucement de la tête, bien plus rassurée par ces paroles qu’elle ne voudra jamais l’avouer. Quand bien même elle n’a envie que de continuer ce qu’ils commencent à peine à entreprendre, elle a aussi besoin de savoir qu’elle a toujours une porte de sortie de disponible. Ses doigts trouvent le chemin de ses plaies suturées avec une délicatesse nouvelle, elle en trace le chemin en s’attardant sur chaque grain, chaque imperfection. Ce dont elle a le plus peur, c’est de ne pas savoir profiter assez de cet instant qu’elle craint déjà n’être que trop éphémère. « Pour le reste... » Elle laisse son cou se tendre naturellement pour qu’il puisse l’embrasser aussi longtemps qu’il le désire, et elle ne risque absolument pas de se plaindre d’une telle chose alors que son souffle se perd doucement contre la nuque du brun. Lily en profite pour l’embrasser à son tour, presque au même endroit mais infiniment plus chastement. « Je suis ton cobaye Lily, tu t’en souviens ? » Ça, c’était avant. C’était avant qu’ils passent la porte de cette maison, avant qu’il vienne chez elle, avant qu’il commence à jouer à ce jeu interdit auquel elle ne sait pas résister, sûrement parce qu’elle n’en a même aucune envie. Une part d’elle voudrait croire qu’il ne reviendra jamais qu’un simple cobaye mais elle n’est pas charmée au point d’en oublier qu’il redeviendra Alfie dès qu’ils retourneront à leur vie, qu’elle le veuille ou non. « Je peux te guider, mais... » Non, tous comptes faits, elle préfère qu’il continue de l’embrasser là pour qu’elle puisse fermer les yeux et se laisser aller. « Tu fais ce dont t’as envie. C’est toi qui décide, ce soir. » A quel point ce serait cliché de répondre que c’est lui, qu’elle veut ? Sans doute bien trop pour une Keegan toujours aussi fière et incapable d’avouer qu’elle a des sentiments et des envies, comme tout être humain normalement constitué. Elle n’est pas normalement constituée : elle est bien meilleure que n’importe qui d’autre.
C’est elle qui décide, alors, et puisqu’elle ne peut se vanter d’aucune expérience d’aucune sorte dans le domaine, elle n’a d’autres choix que de se reposer sur les récits (sans aucun doute romancés) de ses amis ou de bribes de ce qu’elle a pu voir à la télévision. Pour une fois, elle aurait préféré laisser Alfie décider pour eux deux parce que lui au moins, il sait comme ce genre de choses se passent. A défaut, elle se voit donc forcée d’improviser, se rattachant sans doute bien trop souvent à ses lèvres puisqu’elle peut au moins se vanter de connaître ça de lui, désormais. Ses doigts remontent sous son tee-shirt et entraînent le tissu avec lui jusqu’à le lui retirer. Aujourd’hui, cela n’a plus rien à voir avec toutes ces fois où il était torse nu pour une raison ou pour une autre, à jouer avec Joseph ou qui que ce soit d’autre et à refuser catégoriquement qu’elle prenne part au jeu. Sans elle, maintenant, il n’y aurait pas de jeu, et puisqu’elle n’a rien à voir avec son frère, elle contrebalance toute la violence de leurs après midi autant qu’elle le peut, l’entrainant doucement sur le lit près d’eux. “Ça te fait mal ?” Oh, Lily qui se croit désormais être l’amie, la confidente, la proche. Elle s’octroie des titres qu’Alfie ne lui donnera jamais, mais elle ne veut pas encore se rendre compte de l’évidence, préférant prétendre être celle qu’elle ne sera jamais et par conséquent, prendre soin de lui autant qu’elle le peut. L’adolescente se replace maladroitement sur lui et s'assoit avec maladresse sur ses jambes, préférant désormais faire passer ses lèvres sur ses cicatrices plutôt que la pulpe de ses doigts. Elle croit encore aux miracles et à la guérison instantanée, et quand bien même elle peut parfois le détester, elle n’a aucune envie qu’il souffre de blessures stupides. La question ne mène nulle part mais une part d’elle a réellement besoin de savoir. “Tu te moque pas.” elle ordonne, tentant de se faire croire à elle-même au moins qu’elle a un quelconque pouvoir. C’est facile d’avoir confiance en les sciences exactes, en des faits avérés, en ce qui est écrit dans la Bible et dans tous les livres scientifiques (et ceux à l’eau de rose, aussi, il est vrai). C’est facile de boire les paroles de ses parents et de toutes les figures d’autorité qui entourent sa vie, mais tout est bien moins aisé lorsqu’il s’agit de se mettre - littéralement - à nu devant un garçon qu’elle a toujours autant admiré que détesté. L’idée de vouloir porter une robe était stupide et n’est qu’une preuve de plus à propos du fait qu’elle n’avait pas le moins du monde été capable de prévoir les événements de la soirée. Sous sa peau, on peut voir son cœur s’agiter. Sur sa peau, c’est la chair de poule qui devient une preuve supplémentaire de son manque d’assurance. A peine sa robe retirée, elle s’empresse de l’embrasser de nouveau pour qu’il ne puisse rien dire et encore moins commenter, décidant par la même occasion qu’il est temps de réellement prendre les choses en main et d’arrêter d’être une stupide enfant apeurée. Elle n’est pas une enfant et elle a encore moins peur de quoi que ce soit. Ses baisers se font plus entreprenants en même temps que ses doigts tentant de déboutonner avec maladresse son pantalon. “T’as bien des trucs au moins, hein ? Des machins, je veux dire, tu sais. Tous les garçons en ont dans leur portefeuille.” Des trucs et des machins pour ne pas avoir de maladies (eurk), et aucun enfant non plus (oui bien sûr elle en veut, mais pas tout de suite, et certainement pas avec Alfie - Lily Maslow ça sonne pas bien, de toute façon). Dire le mot aurait été plus simple mais s’ils se contentaient de suivre le chemin tracé pour eux, ils n’en seraient jamais arrivés là. |
| | | | (#)Lun 25 Jan 2021 - 12:10 | |
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| | | | | | | | (alfly) we all know how to fake it baby |
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