Jill s’est occupée seule des jumeaux pendant toute une journée, mais elle déteste la solitude cette jeune femme. Elle veut trouver des gens pour l’aider à s’en occuper, alors la voilà partie, avec une tonne d’affaires, pour l’appartement qu’elle partage et qu’elle continuera de partager avec son grand frère. Elle a l’impression qu’elle ne l’a pas vu depuis une éternité, alors c’est naturellement qu’elle part vers lui sans même le prévenir. Il a plutôt intérêt à être à l’appartement. C’est le milieu de l’après-midi, il fait encore beau et les jumeaux sont encore endormis quand elle ouvre la porte et qu’elle les installe dans le salon.

Matt câline les bébés en affirmant que sa filleule est la meilleure des deux parce qu’elle a babillé une seconde de plus que Bowie. Jill a dû lever les yeux au ciel des centaines de fois en préparant les biberons dans la cuisine. Elle souffle, et c’est Pete qui pousse la porte d’entrée de l’appartement sans s’annoncer. C’est un vrai moulin ici. Tous les McGrath ont la clef, et Dorian et Pete aussi parce qu’ils font parties de la famille à leur manière. Il entre et lui aussi se retrouve face aux bébés. Finalement, Jill n’a pas grand chose à faire quand les deux hommes n’ont d’yeux que pour les bébés.

Les heures passent et le soleil se couche. Elle a envie de sortir, de s’amuser. Mais il est encore un peu trop tôt pour ça. Elle doit attendre avant de proposer à l’un des deux de sortir avec elle. Matt voudra sûrement garder les jumeaux, il a lui aussi besoin de s’occuper l’esprit, et elle est consciente que quelqu’un doit garder les bébés. Si jamais ils n’arrivent pas à se décider, ils finiront par se battre entre eux pour savoir qui accompagnera la McGrath, parce que elle, elle sort.

Matt s’éloigne quelques minutes, et elle se retrouve avec Bowie dans les bras alors que Pete joue avec Tracy. “Tu fais une bonne baby sitter.”


@Peter Mulligan

Je débarque dans cet appartement comme si c’était chez moi comme toujours.  Cela fait déjà des années que je sens chez moi chez Matt et Jill, nos relations tellement faciles qu’elles en étaient évidentes. Je ne prévenais plus que je débarquais depuis longtemps.  C’était donc tout naturellement que j’étais passé dans l’après-midi, me sentant seul, frôlant l’ennui, tout ce que je détestais.  Ces moment-là me donnaient envie de vider une bouteille de vodka et depuis mon retour, je faisais étrangement des efforts pour être au moins un peu plus souvent sobre.  Heureusement j’avais les clés de cet appartement qui était très vite devenu mon deuxième chez moi quand mes deux personnes préférées y habitaient.

Je ne m’attendais pas spécialement à voir Jill, sachant pertinemment qu’elle était souvent chez elle avec Bailey, devant s’occuper des bébés.

Je m’approche de Tracy et Bowie, un sourire aux lèvres. C’était toujours étrange de les voir. Comme si mon cœur se serré et que je pensais à ce qui aurait pu être dans une autre vie, à ce qu’on aurait pu être Jill et moi. C’était dans ces moments-là que la solitude me prenait le plus, en voyant ces enfants babillaient et mon sourire s’agrandir malgré la douleur sourde. Je voulais une famille. Mais j’étais aussi tout à fait conscient d’être incapable d’être un parent, trop peu responsable. Je me contente donc de jouer avec Tracy, parce qu’on ne va pas se mentir je suis d’accord avec Matt, c’est Tracy la meilleure, elle a toujours l’air de rire plus que son frère et elle babille déjà plus. Je me suis moqué de Matt une énième fois et il a quitté la pièce avec un doigt d’honneur en m’annonçant qu’il allait sur son ordi. Je ne peux m’empêcher de ricaner très fier de moi, soulevant Tracy au-dessus de moi. « C’est qui ton meilleur tonton, c’est moiiiii. » Quitte à continuer à prétendre que je considérais Jill comme ma sœur, autant m’officialiser membre à part entière de la famille de ces deux bambins.  Je relève mon regard vers la mère en question , mon sourire s’élargissant. « Ouais je me sens un peu exploité par contre, je suis même pas payé. » Je détaille un peu son visage, avant de me concentrer de nouveau sur Tracy qui s’agite dans mes bras. « J’arrive toujours pas à croire que t’es maman. » Et que t’as pas eu tes gamins avec moi. Je pourrais ajouter, mais je ne le ferais jamais. Cela faisait longtemps que j’avais accepté que Jill et moi ne serions plus rien que des très bons amis qui avaient à plusieurs occasions franchi la ligne de leur amitié. Mais cela faisait longtemps. Très longtemps à vrai dire. « En tous cas ils sont bien plus beaux que toi et Bailey, jdis ça j’dis rien. » J’ricane, faisant des grimaces pour faire rire Tracy. Il y a de la tendresse dans mes yeux, je me dis que je pourrais avoir ça, si je le voulais.


@Jill McGrath-Fitzgerald  

Jill les a regardé se chamailler en riant. Les deux tontons qui se battent pour la première place face à des bébés qui ne comprennent pas encore grand chose. Jill soupire, et elle se cale dans le canapé, ils donnent toute leur attention au jumeaux et elle, ça lui permet de souffler un peu. Elle n’a passé que quelques heures seule avec ses enfants, mais déjà, elle s’ennuyait et ne se sentait plus capable de les gérer toute seule. « C’est qui ton meilleur tonton, c’est moiiiii. » la McGrath lève les yeux au ciel en regardant Matt s’éloigner et Pete savourer sa petite victoire. Elle surveille Bowie qui reste dans son transat, toujours aussi calme, à ouvrir ses grands yeux pour observer le monde qui l’entoure. Tracy babille et rit quand Pete joue avec elle. Il est beau ce moment, hors du temps. Et, peut-être que dans une autre vie, ça aurait été lui le père du bébé.

« Ouais je me sens un peu exploité par contre, je suis même pas payé. » “C’est toi qui devrais me payer pour les garder.” Il a l’air d’aimer ça, Jill pourrait presque dire qu’il avait l’air d’être fait pour ça. Elle se tait, et laisse son fils jouer avec son doigt. Et elle ne change pas d’avis la jeune femme, ce soir, elle laisse ses enfants avec un des deux homme présent dans cette maison pour aller s’amuser un peu. Elle rentrera, pas tard. Elle commence à prendre son rôle à coeur la demoiselle, et elle s’habitue petit à petit à devoir adapter sa vie à eux. Elle n’a pas vraiment le choix à vrai dire. « J’arrive toujours pas à croire que t’es maman. » “J’ai aussi du mal à y croire.” Elle regarde dans le vide quelques secondes avant de poser à nouveau ses yeux sur Pete. « En tous cas ils sont bien plus beaux que toi et Bailey, jdis ça j’dis rien. » “T’es trop vieux pour Tracy désolée !” Elle hausse les épaules, elle sait déjà que sa fille sera comme elle. “Je sors ce soir. Donc soit toi soit Matt doit garder les jumeaux” Et un sourire en coin naît à nouveau sur le visage de la McGrath.

Ca me fait toujours bizarre, comme si je n’avais pas vraiment réalisé qu’elle était mère. A quel point nos vies ont changé à tous les trois, ça y est on est tous officiellement adultes. Enfin eux le sont, moi je n’en suis pas si sûr.

« Pfff c’est ça, pour entendre des mioches pleurer à longueur de journée, non merciiii ! » Je lance en pouffant de rire pourtant je regarde immédiatement Tracy comme si elle pouvait tout comprendre « Mais tu restes ma nièce préférée promis crevette ! » Je prononce les mots avec grand sérieux.

Je sais à quel point elle a du mal à accepter ce nouveau rôle, à quel point il est difficile et douloureux, à quel point elle n’a pas les épaules assez larges pour le supporter. Je devine tous ces doutes sans son regard qui se perd dans le vide, mais je ne dis rien.   Je prends un air offusqué, calant le bébé contre moi, lui couvrant les oreilles pour ne pas qu’elle entende. « Ecoute pas ta mère, elle est insupportable. » Cette scène pourrait être la plus normale du monde. Je me prends même à imaginer la même image avec un enfant à nous dans mes bras et pas celui d’un autre.  Je me prends à rêver de cette vie parallèle qui n’a aucun sens et qui pourtant me donne malgré moi un peu envie. Parce que c’est Jill tout simplement.

Elle m’annonce qu’elle sort ce soir et immédiatement je relève mon regard vers elle, un sourire narquois étirant mes lèvres.  Je gueule à travers l’appartement. « MATT TU BABYSITTES CE SOIR. »   Je ne laisse pas le choix à personne. Cela fait trop longtemps qu’on n’est pas sorti rien qu’à deux et elle me manque terriblement.  Ca fait peur à Tracy qui se met à chouiner, et je grimace, berçant de nouveau le bébé doucement contre moi, lui faisant des grimaces pour la faire rire. Je regarde le bébé soudain pensif. « Tu sais que j’ai dis à Molly avant de partir que je voulais des gosses. » Ca me fait presque rire maintenant.

« Pfff c’est ça, pour entendre des mioches pleurer à longueur de journée, non merciiii ! » Elle hausse un sourcil. “Tu vas les entendre pleurer souvent dans les jours qui viennent si tu passes par là.” Mais il a sûrement mieux à faire Pete pas vrai ? Il doit avoir des conquêtes à retrouver, du travail… des choses bien plus intéressantes que s’occuper de deux enfants qui ne sont pas les siens. « Mais tu restes ma nièce préférée promis crevette ! » “C’est la plus chiante des deux.” Et elle le prouve encore quand elle elle est réveillée et qu’elle chouine pour être dans les bras de quelqu’un alors que Bowie reste sagement dans son transat. Elle aimerait n’avoir que Bowie des fois. Et c’est déjà une avancée, parce qu’il y a quelques mois, elle ne voulait d’aucun de ses enfants.

« Ecoute pas ta mère, elle est insupportable. » “De toute façon elle aura pas le droit de fréquenter les vieux cons comme toi.” Jill sera terrifiée plus tard, quand elle se rendra compte que c’est compliqué d’avoir une fille comme elle. Ils s’occupent tous les deux des bébés pendant de longues minutes, peut-être quelques heures. Et Jill parle déjà de ce qu’elle va faire pour la soirée. Elle essaie de se trouver un équilibre, et elle tatonne encore. Mais ce soir, elle a besoin de se défouler un peu. « MATT TU BABYSITTES CE SOIR. » Elle pouffe de rire en levant les yeux au ciel. “Va falloir faire garde alternée.” Elle hausse les épaules.

« Tu sais que j’ai dis à Molly avant de partir que je voulais des gosses. » Elle est impassible Jill. Et il ne sait pas, il ne saura sûrement jamais puisqu’elle n’en a jamais parlé à personne. Elle pince les lèvres et secoue la tête, elle ne doit pas penser à cette erreur de jeunesse et il ne doit se douter de rien. Ce n’est pas le moment, pas alors qu’ils commencent tout juste à s’entendre un peu mieux depuis qu’il est revenu. “T’es vraiment con tu le sais ça ? Elle t’accepte encore après tout ça ? Une personne normale t’aurait enterré vivant tu le sais ça ?” Bien sûr qu’il le sait et qu’il en joue.

Ca me faisait bizarre d’être dans cet appartement avec les deux personnes dont j’étais le plus proche et avec les enfants d’une des deux. J’avais l’impression d’avoir loupé un épisode, pourtant j’avais vu grossir son ventre au fil des mois quand je revenais à Brisbane entre mes tournages. A présent que Tracy et Bowie étaient là ça me rappelait douloureusement qu’il était peut-être temps de grandir, de changer. Chose à laquelle je n’étais absolument pas prêt.  « Bailey revient quand ? » je lui demande curieux, pour savoir combien de jours je vais avoir rien qu’avec elle. Je regarde Bowie dans son couffin. « Tu galères pas trop ? » Toute seule, sans lui.

Je ricane quand elle m’annonce que sa fille n’aura pas le droit de fréquenter des types comme moi. Je plante mon regard dans le sien, séducteur. « Si tu lui fais des interdictions comme ça, tu crois vraiment que c’est pas le premier truc qu’elle va faire ? »  Rappelle toi Jill. Regarde moi Jill. La présence de Matt dans l’autre pièce me rappelle trop bien l’interdit qu’avait un jour était ce nous, nos fronts l’un contre l’autre dans la fuite hors de Brisbane, les mots que j’avais prononcé. C’est toi que je veux.

Les années sont passées, tout me semble loin, pourtant malgré tout, je sais que mon cœur tambourine toujours un peu plus vite quand elle est dans une pièce. Et je me persuade que non, c’est fois il n’y a plus que de l’amitié. Il ne peut avoir que de l’amitié.

Elle ne réagit pas au fait que je dis vouloir des gosses. Son visage reste impassible, de marbre pendant une seconde de trop. Moi je l’observe sans arriver à discerner la raison. Puis je m’en prends plein à la figure et je me contente de rire. Parce que je suis bon qu’à ça, à rire du malheur des autres, de ma propre solitude, à rire parce qu’elle a raison Jill, je suis sûrement vraiment con. Parce que Molly m’accepte encore et toujours et pourtant ce n’est pas assez, ce n’est jamais assez au point que je me demande un jour si je serais satisfait de quoique ce soit. Cette fois je ne suis pas encore allée la voir, je n’ai pas eu le courage de frapper à sa porte, pas encore, pas quand je sais que nos retrouvailles seront violentes cette fois. Parce que si je ne comprends pas que beaucoup m’en veulent de mon départ soudain, elle a toutes les raisons de me haïr encore et encore pour avoir fait miroiter des rêves d’un couple qui ne tiendra jamais. J’hausse les épaules. « J’suis pas encore allée la voir. Pas sûr qu’elle m’accepte encore cette fois. » J’grimace, mais mon air se fait plus léger. Je me force à me convaincre du contraire. « Elle me pardonne toujours, elle devrait me pardonner d’être parti un mois non ? » Ma voix est tout sauf convaincue, après tout Jill commence seulement à ne plus me faire la gueule et je ne lui ai pas promis que je ne partirais plus jamais, que je l’aimais et que je voulais des gosses. Ce n’est pas vraiment la même situation. Je regarde de nouveau le petit bout que je tiens dans mes bras, mon regard se faisant plus doux. « Tu crois que j’ferais un bon père ? » J’en doute profondément. Je ne sais pas pourquoi je lui demande et je ne sais pas quelle réponse j’attends. J’ai envie de boire pour faire passer ce sentiment de manque et de regret, surtout j’ai envie de boire pour effacer ma connerie. « J’ai soif. » Je lui dis avec un sourire narquois. Et c’est peut être exactement pour ça que je serais un mauvais père.

@Jill Mcgrath-Fitzgerald

Elle a l’impression que ça fait des semaines qu’elle est toute seule avec son bébé, alors que ça ne fait qu’une journée et une nuit. Elle a régulièrement des nouvelles de Bailey, et elle se demande comment il va s’en sortir tout seul à Londres. Il pourrait devenir fou, dans cette ville et entouré de sa famille. Il ne part que pour une semaine, et tout ce qu’elle espère, c’est qu’il ne soit pas retenu plus longtemps à l’autre bout de la planète. « Tu galères pas trop ? » “J’ai du mal à m’en occuper toute seule.” Parce qu’elle n’a aucune confiance en elle, et qu’elle a toujours du mal à comprendre comment fonctionnent ces deux petits êtres.

« Si tu lui fais des interdictions comme ça, tu crois vraiment que c’est pas le premier truc qu’elle va faire ? » Jill serre les dents, il a raison et elle ne l’admettra jamais à voix haute. “Faut pas qu’elle fasse les mêmes conneries que moi.” Peut-être que c’est pour ça qu’elle se méfie tant de sa propre fille, parce qu’elle a l’impression qu’elle lui ressemble beaucoup trop. “C’est toi qui vas devoir jouer le tonton qui la sauve en allant la chercher bourrée à 4h du matin.” Jill secoue la tête en riant, elle sait qu’il sera ce genre de personne.

Ils discutent de tout et de rien, Jill reste avec Bowie et Pete n’a toujours pas lâché Tracy qui a l’air plutôt bien dans ses bras. Elle exprime son avis la jeune femme, ne passe pas par quatre chemins quand il s’agit de dire la vérité à Pete. « J’suis pas encore allée la voir. Pas sûr qu’elle m’accepte encore cette fois. » “Ce serait bien fait pour toi.” C’est l’hôpital qui se fout de la charité, parce que si Jill avait été à la place de Pete, elle aurait fait la même chose. Elle aurait utilisé la personne qui lui laissait le droit de tout faire. « Elle me pardonne toujours, elle devrait me pardonner d’être parti un mois non ? » “Tu verras bien.” Elle ne la connait pas cette Molly, elle ne lui a jamais prêté attention. Elle n’en vaut pas la peine. « Tu crois que j’ferais un bon père ? » Elle soupire, elle ferme les yeux juste une seconde. Elle ne lui dira rien, il n’est pas prêt pour ça et elle non plus. “J’en suis sûre.” Elle n’en doute pas une seconde. « J’ai soif. » “Et j’ai envie de sortir.” Jill hoche la tête alors que Matt revient dans le salon après avoir entendu qu’il devait babysitter. “Je vais me changer.” Elle a une partie de ses affaires dans cet appartement et l’autre dans la maison, elle ne compte pas arrêter les allers retour de sitôt.

Lorsqu’elle m’avoue qu’elle a du mal à s’en occuper seule de ces bébés, je pourrais lui dire que ça viendra, que cet instinct maternel finira pas venir, mais je n’en sais rien. Je pourrais lui dire que tout s’arrangera, mais je ne suis pas du genre à lui mentir. Pas à elle. Alors je me contente de dire en regardant Tracy : « Je suis là si tu en as besoin. » Parce que je le serais toujours.

Mon regard est triste. Je pourrais être content qu’elle me voit comme celui qui ira chercher sa fille bourrée à quatre heures du matin et qu’elle ne m’imagine pas dans le futur comme étant celui qui est justement encore ivre car lorsque mes pensées s’égarent vers le futur, je m’imagine souvent seul et ivre, mes amis heureux dans leur vie de famille et moi, délaissé. Une peur d’enfant peut être. Qu’importe, je force un sourire à revenir sur mes lèvres à défaut d’un regard heureux. « C’pas faux. Mais j’te préviens je suis aussi celui qui va la cacher chez moi pour pas qu’elle se fasse engueulée. »

Parler de Molly ramène un lot de souvenirs et étrangement un lot de culapbilité dont je me passerais bien. Mais c’est moi qui ait mentionné son nom et je ne peux m’en prendre qu’à moi-même quand elle me dit que ça serait bien fait pour moi si cette fois ci elle ne me reprenait pas.  Je ris, parce que le rire m’a toujours aidé à oublier la douleur qui frappe à la porte, l’orage de solitude qui manque de s’abattre quand elle me confirme que je ne pourrais m’en prendre qu’à moi-même si je finis seul.  Elle est honnête Jill et elle l’a toujours été, moi en revanche, ça fait longtemps que je me cache derrière mes sourires et des yeux pétillants de malice, longtemps que j’ignore le sentiment que rien n’est assez et que je veux plus.  Mais elle a raison, je verrais bien si elle me pardonne, je verais bien quand je trouverais enfin le courage d’aller la voir probablement après un verre de trop.

Avoir un bébé dans les bras est apaisant et je ne peux m’empêcher de m’imaginer père d’un bébé comme Tracy.  Jill soupire et mon regard reste résolument fixé sur sa fille, comme si je cherchais la réponse à ma question dans ses yeux.  Jill est certaine que je ferais un bon père, je me me contente de répondre d’un ton à peine audible « Ouais moi j’en suis pas si sûr. » Mais qu’importe, ça n’arrivera pas de sitôt, alors je retrouve mon sourire, j’annonce la couleur, il est temps de sortir.  Jill va se préparer, Matt et moi nous occupons des bébés pendant ce temps et une vingtaine de minutes plus tard,  j’ébourriffe les cheveux de mon meilleur ami avec un sourire moqueur avant de quitter l’appartement “Pas de bêtises Matt”. Comme s’il était un enfant qu’on laissait à maison. Je ris quand il me fait un doigt d’honneur et Jill et moi nous retrouvons enfin seuls depuis mon retour et je la regarde un air de défi dans les yeux. « Allez Satan, on va où ce soir ? Tes désirs sont des ordres.”

@Jill McGrath-Fitzgerald  

Elle est toujours à côté de Bowie, à observer la petite Tracy qui a l’air à sa place dans les bras de Pete. « Je suis là si tu en as besoin. » Elle le sait très bien et elle hoche la tête pour seule réponse. Elle fait confiance à Pete, mais au fond, elle sait qu’elle ne peut pas compter sur lui à tout moment. Il peut disparaître du jour au lendemain, et, si elle était logique, elle ne lui en voudrait pas, parce qu’elle aussi elle était comme ça avant. Mais elle n’est pas logique la McGrath, alors elle lui en voudra à chaque fois qu’il disparaitra. « C’pas faux. Mais j’te préviens je suis aussi celui qui va la cacher chez moi pour pas qu’elle se fasse engueulée. » “Je saurais où la chercher quand elle aura disparu alors !” Elle pouffe de rire. Elle sait que dans des années il sera toujours dans leurs vies. C’est une pièce rapportée des McGrath, et elle ne le laissera pas partir aussi facilement.

Il demande s’il ferait un bon père. Elle en a douté il y a de ça quelques années. Il n’est peut-être pas fait pour ça, mais il saurait les aimer à un point inimaginable. Il saurait faire ce que Jill a été incapable de faire pendant des mois. « Ouais moi j’en suis pas si sûr. » “Pourquoi tu dois m’annoncer que tu vas être papa ?” Elle tente de tourner ça à la dérision même si l’information passe mal. Il aurait pu l’être il y a des années, mais il n’est pas au courant. Elle n’a pas prévu de lui dire un jour, elle prévoit de le garder pour elle pour toujours.

Ils passent à autre chose et c’est tant mieux. Elle veut sortir, ils s’occuperont de ces histoires de bébés plus tard. Il aura plusieurs jours pour venir passer du temps avec Bowie et Tracy dans l’appartement. « Allez Satan, on va où ce soir ? Tes désirs sont des ordres.” “Quoi tu sais plus prévoir les soirées ?” Elle est défiante la McGrath. Ca fait une éternité qu’ils n’ont pas passé du temps tous les deux et elle se demande pourquoi. “Ca dépend ce qu’on a envie de faire ce soir !” Elle hausse les épaules attendant de voir s’il va donner des idées ou si elle va devoir gérer cette soirée.

L’ironie de dire que je serais là si elle en avait besoin ne m’échappait pas totalement. J’étais à moitié conscient du fait que je n’étais pas le genre de personne sur qui on pouvait complètement compter. Parce que je partais quand j’en avais envie et revenais quand j’en avais envie. Parce que j’avais tendance à suivre mes envies et mes passions sans faire très attention aux gens autour de moi. Mais j’étais au moins conscient que les Mcgrath étaient certainement les personnes à qui je faisais le plus attention et avec qui j’étais le moins égoïste, plus attentif, plus loyal.  Il n’y avait qu’à eux que j’aurais promis ce genre de phrase malgré mes départs constants. « Je saurais où la chercher quand elle aura disparu alors ! » Elle rit et mon rire se joint à elle.

Je ne sais pas pourquoi je lui demande si je serais un bon père alors que mon regard parcoure le visage de la gamine dans mes bras. Il serait peut-être temps. J’avais dit à Molly que je voulais des enfants. Peut-être que moi aussi j’aurais pu avoir une petite comme Tracy ? Mais était-ce vraiment ce que je voulais ou simplement le sentiment que tout le monde avançait dans cette direction et que je devais suivre la même ?  “Pourquoi tu dois m’annoncer que tu vas être papa ?” Je grimace à cette phrase, preuve que je ne suis absolument pas prêt et encore moins décidé à quoique ce soit. « J’espère pas mon dieu. »  C’est un cri du cœur. « Molly elle en veut des enfants. » J’hausse les épaules. Et toi t’en as fais avec quelqu’un d’autre. Je manque de dire mais comme toujours je me tais.

Une demi-heure plus tard ils sont seuls, les bébés laissés aux bras de Matt et leur aventure à tous les deux peut commencer. Enfin. “Quoi tu sais plus prévoir les soirées ? Ca dépend ce qu’on a envie de faire ce soir !”  Mon air offusqué parle pour moi. ]« Non mais pour qui tu me prends, jte rappelle que quand t’étais trop occupé à faire pousser des deux marmots moi je continuais ma carrière du plus beau buveur de Brisbane ! » Je me marre, je ne devrais pas parler aussi légèrement de ça. « Allez Mcgrath, j’propose le Blackjack pour débuter la soirée ça fait longtemps qu’on n’y ait pas allé et ils m’offrent toujours des shots tellement je leur fais un sacré chiffre d’affaire ! »Bras dessus, bras dessous, on prend la direction du bar dans Fortitude Valley.


@Jill McGrath-Fitzgerald  

Jill reste assise pendant un très long moment, elle joue avec son doigt dans la main de son fils et se concentre sur le jeune homme qui tient encore sa fille entre ses bras. Il est proche de Tracy et ça ne l’étonne pas. La petite fille a beaucoup d’énergie et de caractère. Jill est ravie de ne pas avoir à s’occuper de la petite, et des deux enfants en même temps. Elle l’observe jouer et la bercer, ils la font sourire, mais elle n’a pas comme plan de rester dans cette appartement pendant toute la soirée. Donc Pete va devoir choisir entre passer sa soirée avec Jill ou avec Tracy. . « J’espère pas mon dieu. » Elle pouffe de rire, elle aurait réagit exactement de la même manière. « Molly elle en veut des enfants. » Il parle beaucoup de Molly, et elle se demande pourquoi la McGrath. Elle fronce les sourcils et continue de l’observer. “Et t’en voudrais avec elle ?” Elle ne sait pas si elle va avoir une réponse, mais elle pose les questions risquées qu’il a apparemment envie d’entendre en lançant ce genre de sujets.

Et ils sortent de l’appartement en laissant les jumeaux à Matt. Ils ne rentreront pas tard, c’est ce qu’elle se dit en descendant les escaliers pour rejoindre l’extérieur. « Non mais pour qui tu me prends, jte rappelle que quand t’étais trop occupé à faire pousser des deux marmots moi je continuais ma carrière du plus beau buveur de Brisbane ! » Elle lui envoie un doigt d’honneur bien mérité et grogne légèrement en continuant de le suivre dans les rues de Brisbane. “T’as juste eu 8 mois pour faire croire au gens que t’organisais de meilleures soirées que moi. Mais tu me dépasseras jamais.” Elle hausse les épaules et continue d’avancer sans regarder en arrière. Elle a besoin d’une pause, et Matt sera parfait avec les enfants. « Allez Mcgrath, j’propose le Blackjack pour débuter la soirée ça fait longtemps qu’on n’y ait pas allé et ils m’offrent toujours des shots tellement je leur fais un sacré chiffre d’affaire ! » “Vendu !” Et ses jambes la mènent directement au bar. “Je tiens encore mieux l’alcool que toi j’en suis sûre.” C’est certainement complètement faux. Mais ça ne l’empêche pas lever la main pour appeler le barman et commander deux premiers verres.

« Et t’en voudrais avec elle ? » Je relève mon regard vers elle. J’en aurais voulu avec toi. J’ai envie de lui dire, mais je retiens les mots avant qu’ils ne passent la barrière de mes lèvres. Je les retiens avant de dire quelque chose que je regretterais, parce qu’était-ce vraiment vrai ? Je n’étais pas prêt à ce type d’engagement, ni avec Molly ni avec elle. Est-ce que j’en voulais avec Molly ? Une part de moi avait envie de dire oui. Parce que dans l’illusion parfaite du type bien que j’aurais pu être, ce Peter là avait des enfants avec Molly, il lui avait promis après tout. Mais le type tout sauf parfait que j’étais en réalité était terrifié et tout sauf prêt à ce genre de responsabilité. Pourtant je me contente d’hausser les épaules. « Peut être. » Ni un oui ni un non.

Une bonne demi-heure plus tard, j’ai abandonné Tracy à son berceau et Matt a décidé de prendre en charge les jumeaux pendant qu’on a bien l’intention de profiter de la soirée. Ou plutôt, je l’ai clairement imposé à Matt car sa sœur me manque, cela fait bien trop longtemps qu’on a pas passé une soirée tous les deux et mon sourire est toujours un peu plus large quand elle est là Jill. “T’as juste eu 8 mois pour faire croire aux gens que t’organisais de meilleures soirées que moi. Mais tu me dépasseras jamais.” Je ricane. « On va voir ça je suis sûre que tu t’es ramollie ! » Je propose un bar dans le coin. . « Vendu ! Je tiens encore mieux l’alcool que toi j’en suis sûre. » Je souris, parce que je sais que c’est faux, parce que je bois trop, bien trop, depuis des mois et des années, mais je sais qu’au moins elle ne me jugera jamais. Elle commande les deux premiers verres et on trinque, avant de boire une gorgée. Je lui souris, narquois avant de dire. « Ca y est tu m’as pardonné d’ailleurs ? » Je lui fais ma plus belle gueule d’ange et immédiatement je nous recommande une deuxième tournée, parce que ce soir il est clair qu’on va retourner à nos soirées habituelles, à la différence que contrairement à celles du passé, mes lèvres ne trouveront plus les siennes, elles ne les ont plus trouvées depuis longtemps à vrai dire


@Jill McGrath-Fitzgerald  

« Peut être. »
“Alors pourquoi tu continues de jouer au con ?”

Elle ne dira rien de plus, il fait sa vie comme il l’entend. Elle ne le jugera pas parce qu’il apprécie aller voir ailleurs et s’amuser. Elle fait la même chose. Elle le faisait. Elle n’en a plus envie désormais, et c’est étonnant alors qu’elle a repris l’alcool et la drogue. Elle a envie de boire et de s’amuser, mais elle ne s’amuse plus de la même manière. Elle n’a plus besoin de finir sa nuit dans les draps d’un inconnu pour profiter. Elle aime Bailey, et ça, même des litres d’alcool ne peuvent pas lui faire oublier.

La soirée commence enfin et Jill se retrouve assise autour d’un bar, Pete à ses côtés. Ca faisait des mois que ce n’était pas arrivé. C’est exactement ce dont elle a besoin pour vivre une soirée au passé. Pete est son meilleur ami depuis toujours, et elle aime passer du temps à ses côtés même s’il lui arrive bien trop souvent de s’enfuir sans le dire à personne, même pas à elle. Ils ont vécu des tas d’aventures, et elle ne les oubliera jamais la McGrath. Ils se connaissent depuis une vie et elle est bien prête à le garder à ses côtés pendant une autre. « On va voir ça je suis sûre que tu t’es ramollie ! » “Jamais de la vie.” Elle va essayer de prouver qu’elle n’a rien perdu même si elle n’a pas bu pendant 8 mois de grossesse. « Ca y est tu m’as pardonné d’ailleurs ? » “Depuis quand ça t’intéresse.” Même si elle ne lui a pas pardonné, il repartira et il refera le même manège jusqu’à la fin des temps. “Je paye la tournée.” Et c’est deux mètres de shot qui s’alignent devant eux. “Tu poseras les questions chiantes quand je serai bourrée.” Elle hausse les épaules et bois son premier shot. Elle est sûre qu’il suivra et qu’il les enchaînera.

« Alors pourquoi tu continues de jouer au con ? »

Je la regarde un air de défi dans les yeux. Parce que je serais toujours un petit con.  Parce que je ne pense pas pouvoir me contenter d’une seule personne et parce que je ne saurais jamais rendre Molly heureuse. Parce qu’une part de moi pensait toujours que ça ne serait qu’avec Jill que j’arrêterais de jouer au con mais qu’elle avait choisi quelqu’un d’autre. Mais cela fait longtemps que j’essaye de me convaincre que cette amitié me suffit, après tout je me suis construit avec elle.

Peut-être qu’on est bien trop similaires et c’est sans doute pour ça qu’on irait si mal ensemble. Malgré tout j’y pense parfois, et encore plus maintenant qu’on est dans ce bar de nouveau et sur le point de tout oublier dans un verre de trop.

« Depuis quand ça t’intéresse ? » « Mauvaise langue, tu sais bien que j’aime pas quand tu me fais la gueule ! » Je ronchonne, alors que ça ne m’avait pas empêché de partir et ne m’empêcherait pas de partir à nouveau.  « Je paye la tournée. » Un immense sourire apparaît sur mon visage. « Enfin une bonne idée ! » Mon regard pétille de malice. J’ai envie de boire avec elle et de retrouver nos fêtes et nos soirées alcoolisées. Parce que c’est finalement là qu’elle et moi avions toujours été le plus proches. « Tu poseras les questions chiantes quand je serai bourrée. » Je lève les yeux au ciel. « Vendu ! » Et les shots s’enchaînent et quand sa tournée est terminée, c’est à mon tour d’en recommander une et il ne faut pas longtemps pour finalement que l’alcool m’enivre et que tout me semble mieux. Je la regarde moqueur. « Putain ça m’a manqué ! C’est pas pareil de boire sans toi. J’en reviens pas que t’ais tenu 8 mois. » Je joue avec un énième shot avant de l’avaler, faisant un signe au barman de continuer de nous approvisionner, parce qu’on a toujours bien tenu l’alcool elle et moi. Je repense à ses enfants laissés à la maison et je ne peux m’empêcher de demander. « Tu le regrettes de les avoir eu ? » J’ai aucun tact je suis bien trop alcoolisé pour ça mais elle sait pertinemment que s’il y a une personne qui ne la jugera pas c’est moi.

Elle est enfin à sa place, assise au bar. Il est bondé, et la musique est forte. C’est tout ce dont elle a besoin pour faire taire ses pensées et profiter. Elle profite aussi de Pete, elle a l’impression de ne pas avoir profité d’une soirée seule avec lui depuis des années. C’est peut-être le cas après tout. Elle a du mal à se souvenir de leurs soirées en général. « Mauvaise langue, tu sais bien que j’aime pas quand tu me fais la gueule ! » Ca, elle n’en sera jamais sûre. Ce qu’elle sait par contre, c’est que même elle n’a jamais été suffisante pour qu’il reste au même endroit. Elle ne fait que hausser les épaules, il repartira, et elle lui refera la gueule, c’est toujours comme ça entre eux. « Enfin une bonne idée ! » Et la première tournée est lancée.

Elle enchaîne les shots sans prendre en compte le fait qu’elle n’a pas bu pendant toute sa grossesse. Elle ne veut pas s’avouer qu’elle tient moins l’alcool alors elle boit comme si rien n’avait changé dans sa vie. Sauf que tout à changer, même son seuil de verre avant d’être complètement bourrée. Elle a la tête qui tourne, et pourtant, elle continue de suivre le rythme de Pete. Elle n’a aucune envie de s’arrêter en si bon chemin, même si elle sait que l’alcool a tendance à délier les langues. « Vendu ! » Et elle finira par regretter ce qu’elle a pu dire. « Putain ça m’a manqué ! C’est pas pareil de boire sans toi. J’en reviens pas que t’ais tenu 8 mois. » “Je sais pas comment j’ai fait non plus.” Elle anticipait peut-être le fait qu’elle allait détruire sa famille, et elle n’a donc pas voulu pourrir la santé de ses enfants quand ils étaient encore dans son ventre.

Sa tête tourne de plus en plus et pourtant les shots s’enchaînent, elle devrait s’arrêter là. « Tu le regrettes de les avoir eu ? » Oh qu’elle n’est pas habituée à ce que Pete aborde ce sujet quand ils boivent, et oh qu’il ne devrait pas faire ça. Tout se mélange dans la tête de la McGrath et sa langue devient pâteuse quand elle se met à rire comme une enfant. “Je sais pas” Elle hausse les épaules et lève les paumes vers le ciel, elle a bien l’impression de regretter toute sa vie d’avant. “J’aurais peut-être dû les perdre eux aussi !” Et ça, c’est ce qu’on appelle une erreur.