« Et c’était quoi ton script ? »
« Un truc classique, évident. Un archéologue qui tombe sur les mauvaises reliques, qui lit stupidement une malédiction à haute voix, qui déclenche les plaies d'Égypte et qui réveille une momie. »
« C’est quoi ce bordel… »
« Ça fait aucun sens. »

Quand Chloe ouvre la porte et dévoile spectacle, elle reste aussi longtemps horrifiée que l'est Ezra devant l'étendue de l'horreur qui se joue sous leurs yeux. Elle n'avait rien vu de ça, en revenant du studio. Rien de paniquant, rien de différent. L'air avait un drôle de parfum et l'atmosphère était humide, mais en aucun cas elle avait associé le tout à quelque chose d'autre qu'un orage à venir. Un bordel, véritablement. Un bordel à l'odeur infecte et à la texture de - « Dis moi que t’as pas fini de tourner tes scènes de film et que je suis un invité surprise… » et il arrive en trombe à ses côtés alors qu'elle marche pieds nus dans une rue déjà noyée de plusieurs litres de - Elle fait volte face vers lui, ses mèches dorées collées et plaquées de parts et d'autres de son visage. Rien ne fait de sens et qu'il panique, qu'il dise des conneries, ça n'aidera en rien à la suite. « Hein, c’est encore tes scènes de film, Chloe ? » « Ezra, t'es pas acteur. C'est pas un film, y'a pas de caméras. » ils sont seuls, atrocement seuls au beau milieu de cette rue qui donne l'impression d'être hantée.

« Parce-qu’en venant, j’ai pas vu d’animaux sur le borde de la route non… » sa vue est brouillée à Cohen, par le t-shirt qu'Ezra lui plaque au visage comme une énième preuve dont elle n'a pas besoin à la vue terrifiante de ce qui se trame tout autour d'eux. « Mais c’est parce-que mes essuies-glace n’arrivaient plus à bosser assez vite à cause de l’épaisseur de la pluie que j’ai du m’arrêter de conduire. » il faut qu'il se calme. Il faut qu'il relativise, qu'ils relativisent, tous les deux. Il faut qu'ils dressent les scénarios possibles, il faut qu'ils trouvent la raison du pourquoi. Un changement climatique, une explosion à proximité, un déversement de - « Et on a eu plus d’un appel pour des accidents étranges apparemment, aussi, alors… »

Elle s'accroche à lui comme à ses mots, les seules paroles avec lesquelles elle sent avoir au moins un peu de concret à capter. « Où? » qu'il soit plus précis, qu'il lui dise exactement là où il se dirigeait, à quel endroit on avait besoin de lui. L'épicentre? « Les accidents étranges, où ils étaient? » elle précise, à défaut de le presser, même si sa voix fait tout comme. « Sur les côtes de la ville? » là où aux infos on mentionnait que les carcasses d'animaux y étaient les plus nombreuses. Là où le carnage semble avoir commencé, aussi. Là où des preuves, ils en auraient à la volée.

Ils étaient seuls, mais maintenant ils ne le sont plus. « Merde, mais ça va pas... » une voiture passe, se précipite, les recouvre de la pluie. La voilà qui laisse Chloe complètement cramoisie et Ezra pareil en retrait sur la chaussée. « C'est du sang. » elle se déteste, de le dire avec autant d'évidence. Elle a goûté à assez de litres synthétiques pour arriver à clairement dire ce qui est faux. Et ça, ça n'a pas la texture, ni l'odeur, ni le goût du faux. « Du vrai. » de sang, oui.

« Un truc classique, évident. Un archéologue qui tombe sur les mauvaises reliques, qui lit stupidement une malédiction à haute voix, qui déclenche les plaies d'Égypte et qui réveille une momie. » Si Ezra n’avait pas posé la question et qu’il était arrivé au milieu de la conversation, il aurait pu penser qu’elle était folle. Mais tous les éléments qui leur arrivaient petit à petit mis bout à bout, sa description à elle et ce qu’ils pouvaient désormais voir, tout lui semblant logique désormais. « Ça fait aucun sens. » Non, ça ne faisait aucun sens mais ça semblait presque logique. La magie n’existait pas, les incantations maudites non plus, et pourtant ils se retrouvaient tous les deux devant un spectacle improbable.

Un instant, vraiment durant le temps d’un seul, Ezra céda un brin à la panique. A se demander s’il voyait bien, s’il ne devenait pas fou, ou si un piège ne lui était pas tendu. « Ezra, t'es pas acteur. C'est pas un film, y'a pas de caméras » Il aurait mille fois préféré qu’elle se fiche de sa trogne pendant les six prochaines années sur cette mauvaise blague plutôt qu’elle ne doive lui préciser qu’il ne rêvait pas. Parce-qu’il n’aimait pas l’idée qu’elle ait raison et qu’ils soient en train de vivre l’une de ses expériences qu’on pensait capables uniquement dans les films. Car, ajoutés à ses idées à elle, les précisions sur son voyage pour arriver jusque chez Chloe ne rassurait en rien personne. « Où? Les accidents étranges, où ils étaient? » Il scrutait les alentours pour enregistrer le maximum d'informations qu’il pouvait, Ezra, tout en tentant de se rappeler où était-il supposé aller avant de s’arrêter ici. « Sur les côtes de la ville? » Il secoua quelque peu la tête, pinçant ses lèvres en un trait fin. « J’allais pas en direction de la côte, moi, mais… » Il aurait préféré ne pas avoir à l’admettre. « Mes collègues sont partis au niveau des côtes, oui, il me semble. Ils sont partis au moins une heure ou deux avant moi, et certains même ce matin. »

Il n’eut pas le temps de continuer à partager son point de vue avec Chloe qu’une voiture passa bien trop près d’eux, roulant dans une flaque qui aurait du être d’eau normalement. « Merde, mais ça va pas… » La douche qu’il avait prise ne servait désormais définitivement plus à rien. « Chloe… » « C'est du sang. » Il sentait qu’elle allait ajouter une précision qui n’était pas réellement nécessaire, mais il fallait que l’un d’eux le dise une bonne fois pour toutes. « Du vrai. » « Oui. » Il soupira, grogna un instant également, avant de venir attraper le bars de la jeune femme. « Faut qu’on rentre, on peut pas rester sous la… » Pluie ? « … sous ça » Quelques pas en avant en direction du pavillon, quelques pas où l’orage grondait encore davantage et où les torrents de sang se mettaient à se déverser sur la ville.

oops i dé it again a écrit:

WIN: ezra se réveille de sa sieste, ce n'était qu'un cauchemar.
SO CLOSE: un mouton égorgé se met à courir dans leur direction.
FAIL: le toit de la maison de Chloe s'effondre sous le poids du sang tombé dessus.

Spoiler:

La pluie continue de s'abattre et les éléments se déchaînent. Par moments, elle sentirait même le sol trembler sous ses pieds tant l'apocalypse semble être à leurs trousses. D'ordinaire, elle est la première à se moquer des rôles de poupées fragiles qu'elle joue au cinéma, ceux où elle n'est que la pauvre victime en devenir qui aligne toutes les erreurs les unes après les autres avant de courir directement vers le piège que constitue la scène finale. Ce soir pourtant, elle ne laisse aucun détail hors de sa considération. Tout doit être su, et son attention n'est en aucun cas teintée des doutes des autres. Elle doit voir - et elle voit.

Assez pour paniquer, assez pour ravaler la dite panique, et accrocher son regard noisettes à celui d'Ezra qui s'explique, au mieux. « J’allais pas en direction de la côte, moi, mais… » mais? « Mes collègues sont partis au niveau des côtes, oui, il me semble. Ils sont partis au moins une heure ou deux avant moi, et certains même ce matin. » « Et quand est-ce qu'ils sont revenus? » elle n'accepte pas de refus, elle refuserait qu'il lui dise qu'il n'a pas eu de nouvelles d'eux depuis. Elle ne cautionnerait pas que ce soit un élément de plus à ajouter à la désormais (trop) longue liste qui pend au bout de leur nez statuant que ceci n'a rien d'un film mais qu'elle n'en veut pas plus pour réalité.

Une voiture manque de les renverser, elle ravale la tasse d'une liquide aussi dégueulasse que ferreux et qui évidemment lui donne que la nausée. « Chloe… » au contact de la main d'Ezra sur son bras elle sursaute, fait un pas en arrière, titube et se rattrape à la première boîte aux lettres à portée. « Faut qu’on rentre, on peut pas rester sous la… » sous quoi, Ez? Ses yeux le supplie de lui dire qu'elle est folle, qu'elle a joué dans trop de films d'épouvante, qu'elle dort et qu'il serait temps qu'elle se réveille. Mais non, rien de tout ça ne vient, alors qu'il statue l'évidence à sa façon. « … sous ça »

Mais ils ne peuvent pas rentrer. À la seconde où elle accepte, où elle s'apprête à se précipiter chez elle et à l'encourager à y rester aussi longtemps que cette folie continuera à s'abattre sur la ville, la pluie gagne en abondance. Le toit de sa maison s'effondre sous son regard terrassé qui en a déjà beaucoup trop vu. « Tu as tes clés? » elle espère, elle prie. Elle prend sa main aussi, l'encourageant à se dépêcher à rejoindre sa dépanneuse avant qu'une nouvelle vague ensanglantée ne les repousse loin l'un de l'autre. « On part d'ici, on va où tu veux, mais on reste pas là une seconde de plus. »

La panique commençait à s’installer parmi eux, à prendre de la place, à se mettre à l’aise. Et Ezra n’était pas sûr que venir parler de ces collègues qu’il n’avait pas revu de la journée car partis sur des interventions quelque peu étranges tout au long de la journée était réellement une bonne idée. Mais c’étaient là les seuls éléments concrets qu’il avait de son côté, et même si cela ne calmait pas la panique, ça aidait à la canaliser un peu que de parler de choses qui semblait faire plus de sens - qui comprenait des éléments concordant ensemble, surtout. « Et quand est-ce qu'ils sont revenus? » Là où se situaient normalement les lèvres d’Ezra n’était plus qu’un trait fin et translucide, tellement ils venaient les presser au fur et à mesure que les éléments allaient de mal en pis. Ses yeux vinrent se poser dans ceux de la demoiselle, et d’avance ils exprimaient le fait qu’il était désolé avant même qu’il ne vienne parler. « Je l’ai pas revu aujourd’hui, pas encore. » A ce moment là, il ne savait pas à quel point c’était mauvais pour eux, autant pour ses collègues que pour Chloe et lui.

Ils ne pouvaient pas rester là, alors il fit en sorte d’entraîner la jeune femme avec lui pour qu’ils rejoignent de nouveau sa maison. Hors de question qu’ils restent dehors avec tout ce qui leur tombait sur la tête - le ciel presque littéralement, alors que le toit de la maison vint céder face au poids que représentait le sang accumulé dans les dernières heures dessus. Ezra vint retenir la jeune femme en arrière, pour ne pas qu’elle ou lui n’entre finalement dans la maison. Apparemment, les éléments étaient contre eux. « Tu as tes clés? » Hochant la tête, il vint plonger sa main dans la poche de son jogging, en sortit son trousseau. « On part d'ici, on va où tu veux, mais on reste pas là une seconde de plus » Une nouvelle fois, son visage vint appuyer la positive d’un mouvement, et l’instant d’après leurs pas se pressèrent vers la dépanneuse. « Malheureusement, je pense que tu sais comme moi où on doit aller. » Parce-que pour avoir des réponses, des vraies, ils se devaient d’aller à la source.

Alors, conduisant avec les essuie-glace à fond et qui menaçaient de céder à chaque instant, Ezra avançait aussi et aussi prudemment qu’il le pouvait sur la route. D’autres marchaient sur le bord de cette dernière, parapluie les couvrant et manteaux bien fermés. A côté, Ezra avait l’air d’un touriste avec son hoodie imbibé depuis la première seconde où il était sorti de chez Chloe. La route jusqu’aux côtés parut longue, parut difficile - et ce fut le cas pour les deux solutions. Mais enfin, après avoir fait rouler la dépanneuse dans une couche de sang toujours plus épaisse au fil du trajet, ils arrivèrent au niveau des côtes. Mille camions de télévision étaient déjà réunis sur place, afin de couvrir les événements, aux côtés des voitures de police… et des centaines de curieux comme eux deux. « On va jamais pouvoir s’avancer pour avoir des informations… » Et puis, il eut une idée. « A moins que tu connaisses quelqu’un sur place ? »

oops i dé it again a écrit:

WIN: ezra se réveille de sa sieste, ce n'était qu'un cauchemar (again, yep).
SO CLOSE: ils arrivent à se frayer un chemin à travers la foule mais arriver à la dernière barrière de sécurité, Chloe ne connait personne sur place.
FAIL: ils se font refouler dès la première ligne de curieux par la police et se font embarquer dans un camion blindé.

Spoiler:

Elle déteste presque autant poser la question que de recevoir la réponse, après un temps beaucoup trop long où Ezra semble être pris à penser, à réfléchir à pire. « Je l’ai pas revu aujourd’hui, pas encore. » pas encore lui suffit. Pas encore la rassure, pas encore lui donne quelque chose de concret et de tangible, une durée dans le temps qui devrait lui permettre d'aller chercher bien plus que quelques informations au bulletin de nouvelles de 19h qui se targue d'être en proie à leur exposer les plaies, quelles qu'elles soient. « On l'appellera en chemin. » qu'elle relativise Cohen, se disant que de se donner un objectif et un système de priorisation est probablement la meilleure des choses en temps de crise. Ils sont exposés à plus grand qu'eux, et qu'elle ait l'impression d'être toujours sur un plateau de tournage tant ceci ne fait aucun sens n'est pas la meilleure sensation qui soit. Elle aime son boulot mais pas à ce point là.

« Malheureusement, je pense que tu sais comme moi où on doit aller. » il dégaine ses clés, la blonde aux mèches désormais pourpres le suit au pas calme, posé. Pas besoin de se presser, ils vont à la source, et ils en auront le coeur net une bonne fois pour toute. Le trajet se passe en silence, elle recroqueville ses jambes contre son torse pour appuyer son menton sur ses genoux et laisser son regard dériver par là fenêtre. Chloe est incapable de bien voir à travers la tempête autre chose que des ombres au bord de la route. Ce sont peut-être des gens arrêtés, des voitures stationnés - ou des corps empilés, morts et putrides. Elle secoue la tête pour chasser ses idées noires, pense à mettre la radio pour ajouter un bruit d'ambiance dans la cabine mais se retient au vol, incapable d'assumer la moindre nouvelle de plus tant qu'elle n'a rien de positif auquel aspirer.

Ezra les stationne, elle frissonne dans ses vêtements trempés d'un sang qu'elle tente d'oublier à chaque mètre qu'ils gomment entre la dépanneuse et l'essaim de curieux attroupés sur la côte eux aussi. « On va jamais pouvoir s’avancer pour avoir des informations… » ils ne sont pas les seuls à avoir soif de savoir, à être incapables de laisser la situation se dégrader sans avoir de détails tangibles sur ce qui est bel et bien en train de se passer. Quand elle est prête à s'imposer dans la foule et à forcer sa place, le blond au hoodie tiré d'une finale glauque de film d'horreur se tourne vers elle, le visage plein d'espoir. « A moins que tu connaisses quelqu’un sur place ? » elle en connaît des tas, des gens. Elle reconnaît des visages et est prête à s'élancer à la course pour les rejoindre. Elle voit des médias et leurs logos qui sont connus et d'autres qu'elle déteste pour leur contenu.

Mais pour l'heure, tout devient sombre. Le monde autour tourne à l'envers, les nuage deviennent rouges à nouveau, les bêtes s'envolent et les voilà tous les deux qui ont la tête au sol et les pieds au ciel. « La tablette, Ezra. » qu'elle s'entend dire, Cohen, avant d'être attirée vers la lune désormais bordeaux. « Trouve le tablette. » qu'est-ce qu'elle dit? Et surtout, pourquoi est-ce que ces mots font autant de sens, sur ses lèvres?

Et le soleil lui pique les yeux, après une poignée de secondes qui semble avoir mis une vie à arriver. « Tu ronfles. »