“So it's storming on the lake, little waves our bodies break... There's a fire going out, but there's really nothing to the south. Swollen orange and light let through, your one piece swimmer stuck to you...”
"Oh, je dirais une bonne grosse demi-heure, trois quarts d'heure tout au plus !" déclare Lisbeth, les yeux posés sur le tatouage du dénommé Keith. Elle en a terminé les contours avant qu'ils ne fassent une petite pause pour boire un peu d'eau, il ne lui reste que quelques remplissages et les ombrages à faire. Pas la partie la plus facile, mais elle ne doute pas une seconde que Keith tiendra sans problèmes la douleur, s'il a tenu aisément jusque là. Elle est réellement heureuse que les prémices du tatouage lui conviennent. Même si elle tatoue depuis quelques temps maintenant, Lisbeth a toujours cette petite appréhension au moment où le client va découvrir son travail encré dans sa peau. Ça ne lui est encore jamais arrivé que quelqu'un déteste au point de regretter, heureusement. D'autant plus qu'avant de se mettre à l'ouvrage, la brune s'assure toujours au maximum que la décision du client est prise, que le dessin lui convient sur tous les points. Elle n'est jamais fermée à des modifications ; après tout ce n'est pas sa peau, seulement son art. Un rire léger s'échappe de la gorge de la tatoueuse lorsque son client se plaint de ressembler à un vieil homme. Elle aussi, pourra dire la même chose, ce soir... "Oui, dernière ligne droite !" confirme Lisbeth en reprenant son ouvrage après que Keith a déclaré être prêt pour la suite. Il relance une discussion en retournant la conversation sur la vie de Lisbeth, qui se met à sourire. Elle en aurait, elle aussi, des anecdotes sombres, à raconter... Mais il veut une anecdote légère, soit. Elle réfléchit quelques secondes en se mordant la lèvre inférieure. "Hum... Je me suis retrouvée bloquée dans un ascenseur, il y a quelques années, avec une femme qui était claustrophobe !" se souvient Lisbeth en riant quelque peu, prenant bien garde de ne pas trembler avec la machine, sur la peau de Keith. "On a dû rester là une bonne heure... J'ai réussi à la calmer, malgré tout ! Je suis assez fière de moi," déclare la brunette. "On est sorties sans encombres, mais je ne l'ai jamais revue, cette femme... Elle m'avait l'air très sympathique, pourtant !" avoue Lisbeth dans un haussement d'épaules. Un sourire malicieux lui vient ensuite lorsque Keith lui déclare qu'elle n'a pas l'air de celles qui écument les bars. "Et pourtant ! Vous seriez surpris de savoir tout ce que j'ai fait dans ma jeunesse... Je me suis un peu calmée depuis que je tatoue en entreprise, mais quand j'étais illustratrice freelance, c'était quelque chose !" confie la brune en riant franchement. Elle n'a pas honte de l'avouer, elle adore faire la fête. "Mais oui, effectivement je suis tout de même quelqu'un de calme. Qui sait se lâcher quand il faut, on va dire !" assure-t-elle. "Oh, oui, une bonne bière en terrasse ! Vous me donnez envie maintenant... Et dire que je vais devoir rester encore tout l'après-midi enfermée ici !" se plaint la tatoueuse d'un air malicieux. Elle a déjà terminé le remplissage des parties du tatouage qui le demandaient, aussi change-t-elle son aiguille pour s'occuper des ombres. "Voilà, là on va vraiment passer à la dernière ligne droite, ne vous crispez pas trop lorsque je vais passer sur les cicatrices !" prévient-elle, afin qu'elle ne dévie pas de son guide.
“So it's storming on the lake, little waves our bodies break... There's a fire going out, but there's really nothing to the south. Swollen orange and light let through, your one piece swimmer stuck to you...”
"Oh, c'est gentil !" répond Lisbeth, surprise de ce commentaire sur sa personne. Il est rare qu'on la complimente de la sorte. "Non, même pas... On ne s'est pas échangé nos coordonnées. C'était une simple rencontre, qui s'est évaporée." Lisbeth en deviendrait presque poétique. Il lui est souvent arrivé de vivre des expériences de la sorte. Partager un moment avec quelqu'un, suspendu dans le temps, souvent couplé d'un événement incongru. Elle se rappelle aussi de cette autre fois, dans le bus, où une agression l'a empêchée d'emprunter ce moyen de transport les mois qui ont suivi. Un inconnu l'avait sauvée du pétrin, ce qui avait créé ce fameux instant entre eux. "Elle ne m'a pas remerciée outre mesure, ce n'était rien de plus qu'une réaction normale de ma part..." se défend Lisbeth, dans une moue gênée, devant l'admiration dont semble faire preuve Keith. L'évocation d'une bière en terrasse lui donne d'ailleurs l'idée d'inviter la tatoueuse, qui rougit quelque peu de cette proposition. "Oh ! Je suis touchée par l'invitation. Je ne serais pas contre... Et vous êtes loin d'être pénible !" répète-t-elle avant de le prévenir que la fin du tatouage, et donc la partie la plus éprouvante, approche. Lisbeth termine en souriant, devant les nombreux compliments de son client. "Je suis contente de vous avoir offert un tel premier tatouage, alors !" fait-elle, dans un sourire. Une fois le remplissage terminé, Lisbeth peut enfin lever sa machine et s'écarter de Keith. "Oui, c'est terminé !" répond-elle fièrement en retirant ses gants. "Comme tout à l'heure, levez-vous doucement !" conseille l'artiste en s'occupant de sa machine le temps que Keith parvienne devant le miroir. "Je vais à l'accueil préparer le règlement restant, en attendant," prévient-elle. Elle s'occupera plus tard du rangement de la salle ; de toute façon son prochain client n'arrive que dans un quart d'heure. En un instant, Lisbeth se retrouve derrière le comptoir de l'accueil. Elle s'occupe de mettre en place les derniers détails, enlève le rendez-vous de Keith de l'agenda, puis retourne dans la salle pour s'occuper de son client. "Alors, ça vous plaît ?" demande-t-elle, son indéfectible sourire sur les lèvres, en reprenant une paire de gants pour couvrir le tatouage de Keith de crème puis pour le recouvrir d'un grand bout de cellophane. Il ne lui restera plus qu'à recevoir le reste du coût annoncé, et à lui donner les habituelles recommandations concernant le soin du tatouage, pour les jours à venir.