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 Time passes slowly on the road [Lou&Jo]

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Message(#)Time passes slowly on the road [Lou&Jo] - Page 2 EmptyMer 3 Mar 2021 - 15:30

► TIME PASSES SLOWLY
@Joseph Keegan & LOU ABERLINE

Like the red rose of summer that blooms in the day Time passes slowly and fades away

Elle ne mentionnait pas Finnley auprès de qui que ce soit. Prononcer son nom rendait le sacrifice trop palpable, réel. Il la projetait dans le souvenir de moments à deux teintés de la naïveté qu’une vie simple et normale était à portée de main. Puis elle entendait de nouveau sa voix exposer ses mensonges et demander des comptes après que les hommes de main du Club lui aient fait frôler la mort de bien trop près. Lou vivait chaque jour avec la culpabilité d’avoir mis en danger un innocent qui ne savait rien -et ne voulait rien savoir- de ce monde dans lequel elle avait évolué durant des années. Elle devait porter sur ses épaules le regret d’avoir saboté toutes leurs chances d’être ensemble, assumer qu’elle avait choisi sa vengeance et Strange à lui. Et son coeur était lourd, planqué au fond de sa poitrine derrière une barrière d’os fragiles. Chaque battement résonnait comme la complainte adressée aux anciennes raisons de se lever le matin comme, par exemple, la grimace que le rouquin faisait à chaque fois que l’appartement sentait le café le matin, sa résilience face à son absence totale de talent culinaire, son sourire lorsqu’elle ponctuait les silences de chansons sans raison. Elle se pinçait les lèvres, la jeune femme, en forçant un peu plus ces images à demeurer sous la surface, son palpitant à garder la tête sous l’eau. Elle devait le laisser partir, l’oublier, tirer enfin ce trait long et tremblant sur les quelques chapitres qu’ils avaient partagé. Peut-être transformer le tout en colère comme elle savait si bien le faire, ajouter de l’essence à son moteur naturel. Si elle le pouvait. Si elle le voulait. “Abuse pas, Keegan.” souffla Lou au brun qui grattait un peu trop le sujet. Encline à discuter avec lui sans se tirer dans les pattes tous les deux mots, elle devait tracer une limite à l’endroit précis où il avait tenté s’aventurer.

Curieuse à son tour, elle s’était penchée sur les cicatrices qui zébraient le dos de Joseph avec une légèreté lui permettant d’esquiver le sujet à son tour si tel était sa préférence. Elle s’en fichait bien, s’il le souhaitait pas se dévoiler, et ne cherchait rien d’autre qu’à faire un peu de conversation. Les vents et marrées qui avaient fait de lui le paillasson qu’il était aujourd’hui étaient véritablement sans intérêt. De manière générale, Lou n’accordait pas d’importance au passé de ceux qui l’entouraient ; elle jugeait aux actions et balayait les justifications. “Je parie surtout que t’as pris tes jambes à ton cou en hurlant comme une fillette et qu’on t’as retrouvé coincé dans un arbre trois jours plus tard.” rétorquait-elle à Joseph qui optait d’abord pour l’histoire fantaisiste -et non, elle ne se priverait pas d’une occasion de le chambrer. S’il s’était contenté de cette version des faits, cela lui aurait convenu aussi bien. Mais le brun révéla finalement la vérité à demi-mot. Bras croisés, Lou détailla les marques sous un autre œil. Ses parents ne lui avaient jamais paru croyants. Ils n’allaient pas à l’église, ne suivaient pas les fêtes religieuses dans le calendrier. Pâques servait de distribution de chocolats, Noël de cadeaux, et c’était tout. Ils croyaient probablement plus en l’argent qu’en un quelconque Dieu. Et elle, eh bien, elle pensait que tout ça était un tas de foutaises. S’il y avait eu quoi que ce soit de vrai dans la Bible un jour, cela avait été remâché et réécrit pour former la société d’une manière précise qui ne profitait qu’à une seule catégorie de personnes. “Si je croyais en ces conneries je te dirais que c’est la personne qui a fait ça qui aurait son ticket pour le kissing booth de Lucifer.” Après tout, quel hypocrite pouvait infliger des sévices de ce genre et être convaincu d’aller au Paradis malgré tout ? “Mais… non. Y’a pas d’Enfer si tu veux mon avis, encore moins de Paradis avec des bébés ailés aux fesses roses. Juste un très grand rien.” Tout le reste avait été inventé pour trouver des justifications à tout ce que l’on faisait, bien ou mal, ou ne serait-ce qu’une raison de vivre. Lou n’avait pas besoin d’une motivation venue de l’au-delà. Elle n’avait pas peur du sort de son âme. Parce que rien de tout cela n’avait d’importance. “J’ai ce qu’il te faut pour te changer les idées.” lança-t-elle avant de se détourner de la salle de bains. Elle retourna vers le lit, s’essayant en rebondissant sur le matelas. Attrapant la pipe en verre en passant, elle la secoua entre ses doigts pour la présenter à Joseph. Il lui restait probablement assez de coke pour passer la nuit.



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Message(#)Time passes slowly on the road [Lou&Jo] - Page 2 EmptyVen 5 Mar 2021 - 18:57

Il s’était frayé un chemin un peu trop profond dans la vie personnelle de Lou et il ne pensait pas qu’elle s’ouvrirait de la sorte. C’est sans surprise qu’il accueille son “Abuse pas, Keegan” comme un ordre et il soulève sa main devant lui pour lui faire savoir qu’il a compris sa leçon. C’était la question de trop, alors. Il ne saura pas si sa rupture avec cet homme mystère s’est faite récemment ou s’il ne s’agit que d’une vieille histoire. Il ne se fait pas prier pour retourner à ses occupations personnelles, épongeant attentivement sa blessure pour éviter d’aggraver la situation. Il n’est pas un médecin et il ne possède pas le matériel nécessaire pour se soigner. Il devra se contenter d’un bandage boiteux pour la nuit et les points de sutures attendront. De toute façon, il n’a pas vraiment l’impression qu’il arrivera à fermer les yeux même si lui et sa patronne ont trouvé refuge dans ce motel. Il a l’impression que des loups parcourent le territoire entier à leur recherche, leur gros pif flaira la moindre trace de pas déformant le sol.

Pendant seulement cinq secondes, il les oublie les cicatrices qu’il exhibe devant la jeune femme posée dans le cadre de la porte. Il se sent terriblement nu lorsqu’elle l’interroge à leur sujet mais il la remercie intérieurement d’utiliser une pointe d’humour pour faire passer la pilule plus facilement. Il n’a pas à emprunter un ton grave et à raconter les cauchemars qui ont ébranlé toute son enfance et qui ont fait de lui ce qu’il est aujourd’hui : un homme non-croyant qui ne craint donc pas de se retrouver en Enfer malgré tous les torts qu’il commet. “Je parie surtout que t’as pris tes jambes à ton cou en hurlant comme une fillette et qu’on t’as retrouvé coincé dans un arbre trois jours plus tard.” Son commentaire lui arrache un minuscule sourire et il croise son regard dans le miroir le temps de claquer sa langue contre son palet : elle n’a donc aucun espoir envers lui et ces muscles qu’il n’a jamais utilisés pour se battre. Après tout, il a toujours su qu’il était un livre ouvert. Il n’a jamais eu besoin de prouver sa virilité parce que les moqueries au sein de son gang ne le dérangeaient pas. Il était la maman ours au milieu de papas ours et c’était ainsi : il n’a jamais cherché à se transformer, comme il n’a jamais cherché à devenir le petit garçon parfait qu’espéraient élever ses parents. « Comment t’as su ? Tu faisais un pique-nique en bas de l’arbre en question ? » Sa voix est on ne peut plus sérieuse mais il finit par trancher avec un sourire : « Au moins, en fuyant, j’ai pu survivre. » Et voilà-là une allégorie de sa propre vie. Il n’est pas bien brave, certes, mais là où certains périssent, lui, il peut relever la tête et donner un nom à ses nouvelles cicatrices.

Laissant de côté cette histoire féérique, il répond à la question de Lou sans jamais utiliser les vrais mots. Il critique la religion – il ne peut pas s’en empêcher – et souhaite ensuite obtenir l’avion de la jeune femme à ce sujet. Il doute qu’elle ne porte pas un crucifix à son cou ; il vaut mieux pour elle de conserver les yeux de Dieu loin d’elle et toutes ses magouilles. “Si je croyais en ces conneries je te dirais que c’est la personne qui a fait ça qui aurait son ticket pour le kissing booth de Lucifer.” Restant silencieux, il baisse les yeux un moment devant ce cadeau qu’elle vient de lui offrir. Elle penche pour son camp et, si l’attention peut paraître normale, aux yeux de Joseph il s’agit d’une voix de plus qui l’écoute, lui, seulement lui, malgré le titre de criminel qu’on lui a collé sur le front sans prendre en compte les obstacles qu’il a franchis avant d’en arriver là. On a mis des menottes à ses poignets et son père n’écopera de rien, jamais. Après tout, c’est la parole d’un délinquant contre celle d’un homme de ferme qui travaillait pour nourrir sa femme et ses deux enfants. “Mais… non. Y’a pas d’Enfer si tu veux mon avis, encore moins de Paradis avec des bébés ailés aux fesses roses. Juste un très grand rien.” Il sourit légèrement malgré la douleur qui lacère son bras tandis qu’il serre le nouveau garrot improvisé. À nouveau, il se tourne vers sa patronne pour silencieusement lui demander de l’aider. « Nous avons la même vision optimiste, alors. » Il ironise, lui faisant comprendre qu’il pense lui aussi que rien ne l’attend là-haut. Pas même une énorme montagne de poudre hallucinogène. “J’ai ce qu’il te faut pour te changer les idées.” La jeune femme suscite son intérêt. La suivant du regard jusqu’au lit, il finit par se tourner une dernière fois afin de laver ses mains et d’essuyer la sueur qui perle sur son front. Quand il la rejoint, c’est une mimique surprise qui étire ses traits. « Une pipe ! » Il lance, n’ayant pas vu un objet de la sorte depuis qu’on l’a arraché de son gang, de sa famille. « J’suis surpris qu’elle n’ait pas cassé durant la course poursuite dans l’parking du théâtre. » Comme un chien attiré par son os, il s’installe sur le matelas devant Lou, rebondissant à son tour (ils peuvent bien sentir les ressorts en dessous de leurs fesses, c’est un vrai plaisir). La simple idée de consommer encore plus de cocaïne lui fait oublier la douleur à son bras. Impatient, il sort de sa poche un briquet qu’il fait craquer juste en dessous de la pipe une fois que Lou l’a rempli de poudre. Il la laisse se servir en premier et, lorsque c’est à son tour de remplir ses poumons de fumée, il se laisse tomber sur le dos et pose sa tête sur l’oreiller terriblement dur. « Oula. Je pense que de dormir sur le sol ou dans ce lit, il n’y aura pas beaucoup d’différence. » Il couine en tentant de se mettre un peu plus confortable sur le matelas qui grince à chaque mouvement. Il offre à son cerveau une dose de magie et retend la pipe à Lou en expirant tout par son nez, ses paupières se faisant de plus en plus lourdes. Ne pouvant s’en empêcher, ses lèvres s’étirent en un sourire pincé et il marmonne : « Tu fais souvent des pipes, alors ? » C’est la faute à la drogue, votre honneur.    
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Message(#)Time passes slowly on the road [Lou&Jo] - Page 2 EmptyMer 31 Mar 2021 - 16:02

► TIME PASSES SLOWLY
@Joseph Keegan & LOU ABERLINE

Like the red rose of summer that blooms in the day Time passes slowly and fades away

« Au moins, en fuyant, j’ai pu survivre.
- Tu m’en diras tant. »
Les syllabes soufflées entre ses lèvres faisaient écho à sa propre expérience en la matière. Fuir, elle avait connu, survivre envers et contre tout était comme un don qu’elle n’avait jamais demandé, et l’un en conséquence de l’autre avait été son credo pendant des années. Dès que Mitchell avait mis le nez hors de prison, Lou avait su que se planquer était l’unique carte en main qu’elle possédait pour espérer rester en vie. Mais l’existence qui en découlait l'avait rendue malade. Fuir n’était pas une solution à quoi que ce soit, voilà la conclusion qu’elle avait tiré, et voilà ce qui l’avait menée à ce point précis ce soir-là. Elle se demanda si Joseph avait cessé de fuir, lui aussi, ou si son éternelle moue effacée et sa placidité naturelle signifiaient qu’il avait abandonné l’idée de prendre sa vie en main. Certaines personnes s'acclimataient à cet état d’esprit. Elle en avait connu quelques uns.
Elle n’avait pas pensé disserter sur le Paradis et l’Enfer en se levant ce matin-là et pourtant cela lui parut étrangement adéquat compte tenu du fait qu’on avait tenté de la tuer une nouvelle fois. La jeune femme ne s’était jamais interrogée sur la destination de son âme une fois qu’elle aurait trépassé, elle avait toujours été convaincue que rien ne l’attendait après la mort et que cela était pour le mieux. Joseph prenait sa vision avec ironique, même s’il la partageait, et elle renchérit de plus belle ; “Bien sûr que c’est optimiste. T’imagines les ahuris qui croient en la réincarnation ? A quel point c’est barré d’avoir envie de revenir au monde pour vivre dans tout ce bordel à nouveau ?” Une seule vie était amplement suffisante pour faire le tour de tout ce que le monde avait de meilleur et de pire à offrir -surtout le pire. Pourquoi vouloir recommencer ce cirque comme si cela était un foutu tour de manège ? “Ou aller au Paradis pour pouvoir regarder tes gamins ou tes amis prendre des décisions de merde, ruiner leurs vies et être malheureux ?” Puisque le soi-disant bonheur ne faisait qu'engranger plus de besoin de bonheur, provoquant un éternel cycle d’insatisfaction poussant l’humanité à se sentir profondément misérable quoi qu’elle accomplisse. “Sinon en Enfer pour être utilisé comme de la chair à saucisse au barbecues de Satan.” Elle avait vu des gravures à ce sujet sur National Geographic, et définitivement, Lou ne faisait pas partie de ces idiotes qui se prétendaient être les fiancées du diable pour avoir l’air cool ou qui se donnaient l’air ravies de brûler pour l’éternité dans l’au-delà juste parce qu’elles fumaient un joint en soirée, Instagram à l’appui -pauvres greluches. “Non, vraiment, le Très Grand Rien, c’est la meilleure option, j’ai fait le tour de la question.” Verdict sans appel, merci, au suivant.

Le débat relativement déprimant conclut, l’australienne suggéra un décontractant. L’héroïne était probablement l’une des drogues les plus pernicieuses qui soient mais l’on ne faisait pas mieux comme sédatif. Le crack, au contraire, pouvait la garder éveillée toute la nuit et elle comptait bien s’accorder quelques minutes de sommeil. Lou utilisait sa pipe en verre pour en brûler les cristaux, la poudre ou l’herbe selon ce qu’elle avait sous la main. De la coke, le plus souvent, mais elle se surprenait à avoir de plus en plus de mal à s’endormir sans une bouffée d’opioïdes. Ce qui n’était pas bon signe, mais elle préférait détourner le regard du problème. Elle avait plus important sur le feu. Avec soin, la jeune femme glissa la poudre dans la bulle de verre et Joseph craqua son briquet juste en dessous. Lorsque l’huile s’échappant de la came formait des bulles, il était temps de tirer une latte. Et Lou aimait inspirer profondément jusqu’à ce que la fumée s’incruste dans les coins des alvéoles de ses poumons. Après avoir passé le flambeau au brun, elle s’allongea sur le lit. Il ne tarda pas à la rejoindre à l’horizontale, et bien sûr, ne manqua pas l’occasion en or de se plaindre de la qualité du matelas. Cela se saurait s’ils avaient payé une nuit au Ritz. “On en reparlera demain matin quand t’auras l’impression de t’être réveillé dans le corps d’un octogénaire.” se moqua la jeune femme. Sans pitié pour les vieux os de Joseph, elle avait la ferme intention d’appliquer ce qu’elle avait affirmé plus tôt à savoir qu’il dormirait à même le sol. Elle commençait à croire que le brun était gay, voyez-vous, mais pas assez pour risquer de partager un lit avec lui avec le risque de se faire peloter volontairement ou non au milieu de la nuit.

Prenant une nouvelle bouffée, l’australienne ne nota pas immédiatement le double sens de la question de Joseph. So you blow a lot ? Les lèvres autour de l’embout de la pipe, cela lui parut couler de sens. “J’en avais pas fumé depuis un bail, je pensais avoir perdu la main mais faut croire que c’est comme le vélo.” elle répondit donc. Sa reprise de la consommation de drogues s’était principalement concentrée sur l’inhalation de la poudre jusqu’à présent, et bien qu’elle eût voulu croire qu’elle en resterait là, cela ne ressemblait désormais qu’à une mise en jambe. Les seringues étaient rapidement réapparues, et désormais, les bongs et autres pipes planquées au fond du sac pour un quart d’heures de réjouissances n’importe où, n’importe quand. Puis la seconde lecture des mots de Joseph lui apparut enfin. “Tu parlais de… ?” Oui, l’autre genre de blow. Lou leva les yeux au ciel -ou plutôt vers les coussins, le plafond étant droit devant elle. Néanmoins un rictus amusé frôla le coin de sa bouche momentanément. Elle n’allait quand même pas admettre que Joseph pouvait l’amuser. “Pervers. Tu vas dégager de ce lit plus tôt que prévu, je sens.” elle répliqua, la volonté de menacer, le visage moyennement coopératif avec le sérieux qu’elle cherchait pour tout l’effet de sa plaisanterie. Elle finit par lâcher un rire, sans pour autant prendre la peine de répondre au revers de la question ; il fallait dire que depuis que Lou n’avait plus de petit-ami officiel, la quantité de pipes avait atteint un seuil nul. Sa vie sexuelle était en berne pour quelqu’un d’incapable de rester seule et elle ne savait pas si cela était triste ou un signe de maturité. Dans les deux cas, Joseph n’avait pas besoin de ces détails. “C’est parce que tu t’es fait courser par un ours que t’as commencé à te shooter, du coup ? Pour oublier l’embarras ?” elle demanda après avoir compté les carreaux du faux plafond de la chambre une première fois. Il y avait probablement des rats de l’autre côté. Quel goût cela pouvait avoir, le rat ? Quelle idée. Oh, elle avait faim. Mais le distributeur était si loin et ce lit bien plus confortable que ce que Joseph prétendait. Peut-être qu’ils goûteraient du rat, alors, si l’un d’eux passait par là.



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Message(#)Time passes slowly on the road [Lou&Jo] - Page 2 EmptyMar 6 Avr 2021 - 16:16

« Tu m’en diras tant. » Les hors-la-loi partagent beaucoup de points en commun et, si Joseph observait Lou de loin jusqu’à aujourd’hui, craintif d’attraper la rage si elle le mord, il commence à entrevoir un peu de chair vulnérable à travers sa carapace. Il sait depuis le début qu’elle ne le considère pas comme l’un de ses égaux puisqu’il n’agit pas comme il devrait le faire. Il ne sait pas manipuler un couteau ni ses poings, il ne possède aucune arme à feu et aucun brasier ne boue en lui. De son côté, elle semble prête à dégainer un flingue au moindre quiproquo, comme si elle avait passé sa vie à remettre en doute les intentions de ses compères. Certains verraient la docilité de Joseph comme un défaut dans le milieu mais rien ne le fera changer d’avis : s’il est en vie aujourd’hui, c’est parce qu’il ne correspond pas aux étiquettes collées sur son front. « Tu n’as pas toujours été en charge, alors ? » Il demande par réflexe alors qu’il connait déjà la réponse à la question. Tout le monde dans le milieu a entendu l’histoire de la traîtresse du club, celle qui s’est mise Mitchell à dos et qui a disparu en même temps qu’un éclair a frappé la surface de la Terre. Le nom est devenu célèbre, le visage un peu moins – Joseph ne l’a pas reconnue quand elle lui a payé un verre au comptoir.

C’est peut-être parce qu’ils ont fui la mort ce soir qu’ils sont menés à parler de l’au-delà et de ce qui se cache derrière la fameuse porte qui apparait à seulement lui qui ne sent plus son cœur pomper son sang dans ses veines. Joseph et Lou semblent partager un avis semblable, seulement, cette dernière précise son point selon lequel leur vision est effectivement optimiste : parce que, selon elle, la vie ne devrait se vivre qu’une fois. “Ou aller au Paradis pour pouvoir regarder tes gamins ou tes amis prendre des décisions de merde, ruiner leurs vies et être malheureux ?” L’image arrache un rictus amusé à Joseph qui hausse mollement les épaules, conscient qu’il partira d’ici sans laisser rien derrière lui. Son passage ne marquera que très peu d’esprits et c’est tant mieux ainsi. “Sinon en Enfer pour être utilisé comme de la chair à saucisse au barbecues de Satan.” Il ne serait pas déçu d’apprendre que ce sort est réservé à certaines personnes. Au plus profond de lui, il a l’impression de savoir qu’il ne sera jamais destiné à brûler éternellement. Ses intentions n’ont jamais été destructrices et, s’il s’est retrouvé dans un milieu aussi hostile, c’est parce qu’il a eu peur de se perdre autrement. Est-ce que le ciel voudrait vraiment le punir d’avoir tenté de survivre dans un monde qui ne lui a jamais appartenu ? Ce doit être pour cette raison qu’il ne croit pas à la vie après la mort : il aurait peur que Dieu ne se fie qu’aux fameuses étiquettes qu’il accumule sans que personne ne lui offre la chance de s’expliquer. C’est trop facile de blâmer celui qui ne porte pas de jolies cravates. « Il y a certaines personnes qui le mériteraient. » Il se permet de préciser, faisant évidemment allusion à celui qui a zébré son dos, à cet ours qui l’a écrasé de tout son poids, ou à cet homme d’Église qui lui a fait croire que l’enfant innocent qu’il était avait été choisi pour accomplir de grandes choses. “Non, vraiment, le Très Grand Rien, c’est la meilleure option, j’ai fait le tour de la question.” Il est de son avis. Il acquiesce d’un signe de la tête. « Mais ça ne nous empêche pas de le craindre, pas vrai ? » Ce n’est pas la finalité qui l’effraie mais plutôt la peur de ne jamais fermer les yeux sans craindre de ne pas avoir le temps de devenir l’homme qu’il aurait dû être. À chaque fois qu’il glisse l’aiguille, à chaque fois qu’on lui pose une arme dans la main, à chaque fois qu’une voiture de police s’engage sur la rue devant lui : il y pense sans arrêt. Et s’il mourrait en donnant raison aux étiquettes ?

Tous les deux n’ont pas envie de s’étaler davantage sur le sujet du bien et du mal, de la punition ou de la récompense. Même si le lit du motel miteux n’est absolument pas invitant, Joseph s’y fait une place parce que Lou sort de son sac un objet qui permettra à la nuit de s’écouler plus rapidement. Attendant son tour pour tirer un peu de vapeur hallucinogène, il grimace en notant l’inconfort du matelas : il y a des clous à la place des ressorts ? “On en reparlera demain matin quand t’auras l’impression de t’être réveillé dans le corps d’un octogénaire.” Il comprend qu’elle ne changera pas d’avis. Ça ne l’empêche pas de manigancer une stratégie pour s’endormir sur le lit, lui aussi. S’ils sont assez drogués, elle ne se rendra pas compte de sa présence à ses côtés avant qu’elle ne sombre. Il pourra fermer les yeux à son tour sans craindre de lourdement percuter le sol. Replaçant l’oreiller derrière lui en grimaçant, il s’assure une troisième fois que son bandage improvisé tient le coup et il s’empare de la pipe en verre qu’elle lui tend, l’accompagnant sans se faire prier. Le doux chatouillement de la drogue agit sur son cerveau et il sent ses paupières s’alourdir en même temps que ses premières idées à la con remontent à la surface. “J’en avais pas fumé depuis un bail, je pensais avoir perdu la main mais faut croire que c’est comme le vélo.” L’image lui arrache un rire. Elle n’a pas perdu la main alors. C’est comme monter un vélo. D’accord, Lou. Elle ne semble pas avoir compris le sens de la question alors, les yeux brillants de moqueries et les lèvres pincées en un sourire, il pivote la tête pour l’observer en silence. « J’m’attendais pas à c’que t’en parles aussi ouvertement. » Il souffle, terriblement amusé de voir l’expression dans le visage de la jeune femme quand elle réalise son erreur. “Tu parlais de… ?” Il la voit, la commissure de sa lèvre qui se soulève. Il prend ça comme une victoire, et il espère que ce n’est pas seulement la cocaïne qui lui donne l’impression qu’il n’est finalement pas de trop mauvaise compagnie. “Pervers. Tu vas dégager de ce lit plus tôt que prévu, je sens.” Un rictus suppliant étire ses traits. « Nooooon. J’espérais qu’t’oublies ma présence et que tu t’endormes sans te rendre compte que j’suis encore sur le lit. » Qu’il révèle, visiblement trop fatigué pour réaliser qu’il vient de balancer son plan à voix haute. « T’as pas perdu la main ? C’est comme monter à vélo, alors ? Intéressant, dis-moi en plus. » Qu’il relance après avoir collé une seconde couche de drogue contre son palet. Ça fait un bail qu’il veut tester ses limites et il juge que ce sera toujours plus facile de jouer à ce petit jeu en planant au-dessus des nuages. Elle ne pourra pas se fâcher réellement, non ? “C’est parce que tu t’es fait courser par un ours que t’as commencé à te shooter, du coup ? Pour oublier l’embarras ?” Il pose ses yeux sur elle, remarque qu’elle fixe le plafond alors il en fait de même. Il y a probablement quelque chose d’intéressant qui se passe là-haut si toute son attention est rivée là. « Non, pas vraiment. » Il commence, sourcils froncés, tentant de remettre un peu d’ordre dans sa propre chronologie. Il n’a pas commencé à se droguer pour oublier son père. Si ça avait été le cas, il aurait hésité bien moins longtemps avant de prendre cette stupide pilule que lui tendait Alfie, et avant de laisser un manthas lui pointer la meilleure veine à piquer sur son bras. Il a simplement voulu… qu’on l’accepte. « J’étais seul pendant trop longtemps et la jeunesse est plutôt influençable. » Il laisse sa tête tomber sur le côté pour observer la jeune femme. Un voile flou la cache légèrement. « C’est stupide, je sais. Je ne peux pas légitimer ma connerie en mettant la faute sur l’ours et paraître un peu moins stupide. J’ai commencé à l’faire seulement pour être comme les autres. Pour qu’on m’accepte et qu’on m’accueille véritablement dans le groupe. » Un soupir lourd s’échappe de ses lèvres. « Mais j’nierai pas l’fait que ça aide beaucoup à oublier certains trucs. » Qu’il admet en tendant la main pour récupérer la pipe. « Maintenant, j’ai perdu le groupe mais pas l’habitude. » Qu’il conclue en haussant les épaules avant de l’interroger à son tour pour éviter de se perdre dans des souvenirs que même la drogue ne lui permet pas de perdre. « Je suis certain qu’ton histoire à toi est plus épique. As-tu déjà été attaquée par un ours ? » La question semble ridicule mais il n’a pas besoin d’utiliser les vrais mots pour que Lou comprenne son sens. Les démons des criminels sont bien plus dangereux qu’un simple animal de la forêt aux grosses pattes.        
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Message(#)Time passes slowly on the road [Lou&Jo] - Page 2 EmptyDim 2 Mai 2021 - 9:43

► TIME PASSES SLOWLY
@Joseph Keegan & LOU ABERLINE

Like the red rose of summer that blooms in the day Time passes slowly and fades away

Elle préférerait ne pas admettre que Joseph la faisait rire, mais la fumette ayant envahi l’espace entre ses deux oreilles ne lui permettait plus de réprimer son amusement. Ses classiques roulements d’yeux ne suffisaient pas à dissimuler cela. Lou s’était faite avoir par un jeu de mot de cour de récréation et elle ne doutait pas que le brun en était fier. Cela le changeait, lui aussi, de faire autre chose que se plaindre. Elle fit mine d’essayer de le faire tomber du lit, à la force de ses bras de mouche ; il ne bougea pas d’un pouce, bien entendu. Et face à la menace de le faire atterrir par terre avant l’heure, il lui dévoila tout un plan qu’il avait mis au point dans son crâne de piaf afin de garder sa place sur le matelas. Elle fronça les sourcils ; maintenant qu’il lui avait tout avoué, cela risquerait encore moins de se produire. La came le rendait plus idiot qu’il ne l’était déjà, visiblement. “C’aurait pu marcher si t’étais pas aussi stupide.” narguait-elle. Parce qu’elle se voyait bien sombrer avec lui à ses côtés sans même s’en rendre compte. Elle aurait pu oublier sa pseudo-volonté de le faire dormir par terre par méfiance et souhait d’asseoir elle ne savait quelle autorité à la noix. Mais il avait réduit ses espoirs d’être pris en pitié à néant. Il renchérissait d’ailleurs à propos de sa mauvaise blague, sans réaliser que les plus courtes étaient les meilleures (les blagues, pas ce qu’il pensait). Un peu plus fort cette fois, Lou le poussa de nouveau. “Abuti.” Elle n’avait pas l’intention de lui en dire plus, stone ou pas. Par ailleurs, elle reprit sa pipe en verre et inhala une grande bouffée de fumée.

La jeune femme se fichait bien d’être indiscrète. Elle n’était même pas particulièrement intéressée par l’autobiographie de Joseph. Pourtant, après lui avoir demandé ce qui l’avait poussé vers l’univers et les dépendances qu’ils avaient en commun, elle s’efforça d’être attentive aux précisions du brun. C’était ça ou compter les lattes de lambris au plafond une seconde fois. Étonnamment, leurs histoires avaient plus de points communs que Lou ne l’aurait présagé ; la naïveté de la jeunesse, le besoin de s’intégrer, de se trouver une place, un groupe auquel appartenir. Etait-ce aussi simple et bête pour tout le monde ? Joseph, lui, avait visiblement une famille avec certains problèmes. L’ex-Grimes, elle, n’avait vraiment eu à se plaindre, de toute sa jeunesse, d’avoir essuyé des dizaines de refus à ses requêtes d’avoir un poney. “Tu pourrais avoir un nouveau groupe si t’étais pas aussi occupé à te mettre à l’écart toi-même.” claqua Lou du bout des lèvres, ne s’encombrant pas de tact ni même de l’idée d’être trop sincère, trop honnête, trop brute. Mais elle le pensait et ne s’en était jamais caché, l’information n’était donc pas une surprise pour Joseph. Il y avait fort à parier que lui-même était parfaitement conscient de sa propre manœuvre visant à s’assurer de rester solitaire. Il ne voulait pas considérer la Ruche comme un nouveau chez lui, et cela était son problème. Lou ne s’en formalisait pas tant qu’il demeurait loyal.

“Moi j’ai… un grand méchant loup aux trousses.” elle soupira. Il savait à qui elle faisait référence. Tout le monde le savait. Dans son histoire à elle, aucun ours, aucune éducation stricte inculquée à grands coups d’elle-ne-savait-quoi. Aucun réel malheur, rien d’autre que la sensation profonde et ancrée de ne pas réussir à faire partie de l’univers dans lequel elle était supposée évoluer, la frustration de se sentir éternellement incomprise et étouffée. Elle était peut-être simplement une mauvaise graine depuis le début, et c’était aussi simple que cela. “Mais l’histoire commence comme la tienne. Enfin, je n’étais même pas seule ou malheureuse. J’aimais juste m’évader. Et petit à petit le voile entre l’illusion et la réalité s’est affiné et…” L’overdose, ces quelques pas sur le fil tendu de l'existence, l’équilibre précaire mis en péril par des excès durant depuis trop d’années, comme si la vie n’était qu’une seule longue fête. Lou se serait sûrement reprise en main après cet incident et la mort, le même soir, d’un de ses plus proches amis. Si sa mère n’avait pas pris la décision de surfer sur la tragédie pour la mettre à la porte, peut-être que tout aurait été différent. Mais la jeune femme s’était retrouvée livrée à elle-même, sans toit, sans argent, et cela fut la porte ouverte vers l’unique issue qui s’offrait à elle. “Puis j’ai rencontré Strange, et le reste tu connais.” La fameuse trahison, la traque, la Ruche. L’histoire de Lou ne lui appartenait presque plus ; elle était entre les mains des ouï-dire et du bouche à oreille. Sa version n’était que l’une des multiples vérités qui circulaient.

D’un mouvement soudain, la brune se redressa et sauta hors du lit. “J’ai la dalle.” Postulat sans équivoque, elle avait l’intention d’aller chercher le snack qu’elle désirait ardemment depuis plusieurs minutes. Le distributeur était au rez-de-chaussée, à l’extérieur. Le véritable challenge était de s’y rendre en ayant l’air sobre et fort heureusement, Lou était habituée à l’exercice. Enfonçant un bras dans son sac, elle en sortit quelques dollars qu’elle froissa au creux de sa paume. “J’reviens.” La porte claqua, et le vent frais de la nuit vint frôler sa peau. Elle ferma les yeux, le dos contre le mur. Mentionner Strange n’était jamais évident. Lorsqu’elle baissait sa garde, Aberline faisait face à des émotions plus complexes que la haine pure qu’elle affichait au quotidien à son égard. Elle ne pouvait s’empêcher d’être encore blessée et attristée par tout le cirque de ses dernières années. Elle n’avait jamais trahi personne. Une grande inspiration gonfla ses poumons d’air froid. Son dos se décolla du mur et Lou descendit les escaliers jusqu’au parking. Ses dollars financèrent un paquet de chips, des Twix, des bonbons et deux sodas. Puis elle remonta dans la chambre avec les bras pleins. Cependant, en pénétrant dans la pièce, après avoir déposé les victuailles sur le lit, Lou remarqua que Joseph avait profité de son absence pour sombrer sur le matelas. Elle lâcha un rire discret. Il avait gagné, finalement.


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Message(#)Time passes slowly on the road [Lou&Jo] - Page 2 EmptyDim 9 Mai 2021 - 13:48

Lou est peut-être sa patronne mais son corps de hamster n’arrivera jamais à le décoller du matelas avec lequel Joseph commence de plus en plus à se familiariser. Il a beau contenir des dizaines de ressorts qui s’enfoncent dans ses côtes, il est certainement plus confortable que le sol qui l’entoure. Le corps lourd, la tête lourde, ainsi que ses pensées, il ne bronche pas quand les minuscules mains de Lou tentent de le pousser de son nid. Il fait même mine de ne pas remarquer ses vaines tentatives, profitant plutôt de la fumée hallucinogène qui épaissit l’air. “C’aurait pu marcher si t’étais pas aussi stupide.” Ça marchera, il le sait. À moins qu’elle le menace avec un flingue, il n’a pas l’intention de céder sa place. C’est avec un rictus moqueur qu’il secoue la tête de droite à gauche pour faire comprendre à sa patronne qu’elle ne gagnera pas ce combat-là. De toute façon, il y en a de plus importants qui font rage à l’extérieur de ce motel miteux où le temps s’est arrêté. Une prochaine poussée le décale de quelques centimètres mais il reprend rapidement sa place en pouffant de rire, ne cherchant pas à obtenir plus de réponses à ses questions perverses. Après tout, ils ne sont pas amis. Ils ne devraient pas parler de ce genre de chose.

À plusieurs reprises on lui a reproché d’être trop fidèle envers des gens qui n’existent plus. Même Ichabod a tenté de lui faire comprendre que sa loyauté envers les manthas était démodée, qu’il n’avait plus aucun atome pour lequel se battre. Pourtant, Joseph a beau essayer de regarder la ruche comme il regardait son ancien gang, ce ne sera plus jamais pareil. Il était beaucoup plus manipulable durant sa jeunesse. S’il y a une chose que la maturité lui a apporté, c’est sa capacité à distinguer le bien du mal. Il sait qu’il ne commet pas des actes légaux, que ses occupations pourraient être punies une seconde fois par la loi, alors il n’arrive pas à donner corps et âme à cette organisation qui, au fond, n’est pas la sienne. Après tout, il ne sait pas s’il peut faire confiance envers tout le monde. Certains membres de la ruche ne se sont pas faits une belle image, certains même étaient ses ennemis par définition, en commençant par Lou, avant qu’elle ne trahisse sa propre famille. “Tu pourrais avoir un nouveau groupe si t’étais pas aussi occupé à te mettre à l’écart toi-même.” Ce n’est pas lui qui décide. S’il admirait les manthas et les traitait comme des frères, il n’arrive pas à poser les mêmes yeux sur les membres de cette nouvelle organisation si jeune. Il a peut-être peur de s’attacher et de souffrir à nouveau. Il a trop souvent perdu sa famille pour supporter l’idée d’être détruit à nouveau. Silencieux, il observe Lou du coin de l’œil mais ne répond pas, préférant éviter la discussion. Il ne veut pas la laisser penser qu’il pourrait les trahir. Ce n’est pas le cas. Il restera à ses côtés parce qu’il n’a pas d’autre choix pour survivre dans un monde qui n’a pas été bâti pour lui.

La majorité des criminels ne le deviennent pas volontairement. Un ours hante tous et chacun, ou un grand méchant loup, dans le cas de la jeune femme étendue près de lui. Il sait qu’elle fait référence à Mitchell mais il n’est pas le mieux placé pour comprendre l’histoire sans l’attendre. Il n’était pas là quand la bombe a explosé. Il contemplait le monde à travers des barreaux trop étroits pour qu’il ne s’échappe. “Mais l’histoire commence comme la tienne. Enfin, je n’étais même pas seule ou malheureuse. J’aimais juste m’évader. Et petit à petit le voile entre l’illusion et la réalité s’est affiné et…” Lèvres pincées, il sourit légèrement, plein de compassion. La drogue devient aussi importante que l’eau sans qu’on ne l’ait demandé. Elle apporte tous les problèmes de l’univers, aussi. Mais, si pour certains elle représente les maux, pour d’autres elle représente plutôt la seule porte de sortie disponible. Il suffit de l’utiliser une seule pour créer l’habitude. “Puis j’ai rencontré Strange, et le reste tu connais.” Pas totalement, il aimerait bien l’admettre. Mais, lisant les regrets ou les remords dans les yeux de Lou, il décide de ne poser pas davantage de questions. Après tout, ils ne sont pas venus ici pour pleurer leur passé. Ils devraient remercier la chance, ce soir, pour les avoir menés jusqu’ici avec seulement quelques égratignures. Ils survivront la nuit, encore une fois, et c’est ce qu’ils font le mieux.

Trop étourdi pour réagir à son tour, Joseph ne fait qu’hocher la tête en acquiesçant mollement lorsque Lou s’extirpe hors du lit, puis hors de la chambre, pour partir à la recherche de quelque chose à se mettre sous la dent. Il n’a même pas le temps de compter les secondes que ses paupières se ferment et ses doigts se défont de la prise qu’il a autour de la pipe en verre. Il ne sent plus la douleur, ni celle qui lui lacérait le bras, ni celle qui lui serrait la gorge quand les souvenirs qu’il déteste remontaient à la surface. Il s’endort dans un sommeil sans rêve et c’est très bien comme ça ; un avant-goût à ce qui l’attend quand il aura fait son temps sur Terre. Il n’a jamais eu peur de la fin, ou de la suite.        
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