► FRIENDSHIP & CONFESSION @Arrow Jacobs & JAMIE KEYNES Lookin' at you, like a star From a place, the world forgot And there's nothing, that I can do Except bury my love for you

Un thé chaud résolvait tous les problèmes, c’était ce que les compatriotes de Jamie voulaient faire croire. A ses yeux, cela n’était pas entièrement faux, et il songea que finalement, pour les deux coeurs en peine que lui et Arrow semblaient être, un Earl Grey n’était pas de trop. On pourrait presque croire que tout était facile, à l’entendre, qu’il suffisait d’exprimer ses sentiments pour dénouer une situation. Et cela était presque comique, lorsqu’on constatait qu’il était le premier à trop rarement appliquer ce conseil. Cependant, il songeait que cela serait plus simple pour la jeune femme que pour quelqu’un comme lui qui butait tous les deux mots. Josh et elle avaient été mariés, et la petite dernière n’était pas née du néant dans leurs coeurs. Mais elle n’osait pas, l’australienne. « Non… Pas vraiment. Je crois que j’ai bien trop peur de perdre ce que l’on a. Même si ce n’est pas facile je préfère le garder en tant qu’ami que de le perdre complètement… » Sans se montrer moqueur, Jamie souffla un petit rire. Son épaule poussa doucement celle d’Arrow. “Vous n’êtes plus au lycée, Jacobs, je suis sûr que dans l’éventualité où il ne ressentirait pas la même chose, Josh saura faire la part des choses.” Encore fallait-il accorder la moindre valeur aux conseils d’un homme bientôt divorcé par deux fois. Le Keynes n’était définitivement pas un exemple en termes de relations saines et durables. Peut-être que Arrow avait raison de laisser les choses en l’état, et ce n’était pas à lui d’en juger autrement.

Son divorce avec Joanne, il ne s’en cachait pas. C’était un échec qu’il assumait non sans déception et tristesse -et quelques relents de contrariété. La situation n’était pas aisée et la garder pour lui reviendrait à bien trop mettre ses nerfs à l’épreuve. Il avait tu trop de choses pour lui seul pendant trop longtemps. « Peut-être que tu as quelqu’un qui pourrait lui parler pour toi, essayer de la faire changer d’avis ? » suggérait Arrow afin de faciliter les négociations des conditions de partage des biens du divorce. Une idée que Jamie balaya d’un signe de tête. “Non, je n’ai pas envie d’impliquer qui que ce soit d’autre dans nos problèmes, ça ne serait pas juste.” Cette affaire n’était la responsabilité de personne d’autre que celle de Joanne et lui. C’était à eux de dénouer chaque aspect de leur séparation, de se mettre d’accord sans que la rancœur ne s’installe. Un intermédiaire ne pourrait qu’envenimer une situation qui se déroulait, jusqu’à présent, sans réel accroc. La procédure ne mettrait plus beaucoup de temps une fois les négociations terminées. C’était ce qui lui faisait vraiment peur. Autant Jamie souhaitait que toute cette histoire prenne fin, autant craignait-il de regretter ce divorce dès sa signature. Il n’était pas encore certain que son couple ne se retrouverait pas dans la même situation que celui d’Arrow.

« Tu sais quoi, on devrait sortir dîner ensemble un soir, aller boire quelques verres, pour te changer un peu les idées et te sortir un peu ça de la tête quelques heures. » La proposition fit apparaître un sourire sur les lèvres du brun. Il craignait de ne pas être de bonne compagnie, pourtant, il était bien assez anglais pour ne pas mentionner ses problèmes pendant toute une soirée et ne parler que de banalités. Se changer les idées. Il en avait besoin, et il n’avait jamais été très doué pour le faire lui-même. “Avec plaisir. Est-ce que tu as des plans la semaine prochaine ?" demanda-t-il d’office. Souvent ce genre de proposition se perdait dans les obligations ici et là jusqu’à être oubliée, alors que s’accorder sur une date en faisait un engagement. Ainsi, ils ne pourraient pas se laisser happer par leur quotidien respectif et laisser le temps mettre une nouvelle fois de la distance entre eux.

« Vous n’êtes plus au lycée, Jacobs, je suis sûr que dans l’éventualité où il ne ressentirait pas la même chose, Josh saura faire la part des choses. » Non, nous ne sommes plus au lycée, nous ne sommes plus au début de notre relation, je n’ai plus dix-sept ans, mais je connais Joshua. Il est quelqu’un de compliquer, quelqu’un qui n’aime pas affronter ses sentiments et qui est encore moins doué pour en parler. Cela fait maintenant plus de dix ans que nous partageons notre vie, neuf ans que nous avons eu notre premier enfant et j’ai bien appris comment il fonctionne. Je sais qu’il est du genre à fuir, ou éviter le sujet, plutôt que de discuter de quelque chose qui le rend mal à l’aise, quelque chose auquel il ne sait pas faire face. « Je sais, enfin je sais surtout que cela ne viendra pas entre lui et ses enfants, mais avec moi… C’est différent. » Parce que je suis presque certain que si jamais Josh ne ressent plus rien et que je lui avoue l’aimer encore il serait plutôt du genre à m’éviter par la suite. « Je connais Josh tu sais, et sur certains points il est… Pas vraiment doué pour faire face à ce genre de choses. » J’ajoute avant d’adresser un léger sourire au brun.

A parler de divorce, je finis par apprendre que c’est Jamie qui est en instance de divorce. Je ne connais pas Joanne plus que ca, mais je vois bien que cela n’est pas facile pour mon ami et je le comprends parfaitement. D’autant plus que leurs enfants sont en âge de commencer à comprendre, enfin surtout pour l’ainé et que gérer la situation n’est pas facile. Je sais que chaque histoire, chaque divorce est différent, mais ce n’est jamais une période facile que la séparation soit d’un accord commun ou bien non. « Non, je n’ai pas envie d’impliquer qui que ce soit d’autre dans nos problèmes, ça ne serait pas juste. » J’hoche doucement la tête. « Ouais, je comprends. » Il est vrai que cela ne les regarde qu’eux. Mais je peux aussi accepter le point de vue de Joanne, celui qui refuse d’accepter de recevoir de l’argent et de vouloir être indépendante financièrement. « Je suis sur que vous finirez par trouver un terrain d’entente. » Ou du moins, je l’espère, pour lui et Joanne mais aussi pour cela se passe le plus facilement possible avec leurs enfants. Si Daniel est un peu en âge de comprendre, Louise elle est encore un peu petite. Je finis alors par proposer au brun de se changer les idées, que l’on puisse se faire un repas juste tous les deux. Dans des moments comme celui-ci, au milieu d’une séparation, c’est souvent là qu’on a besoin de se sentir un peu aider, un peu supporter. « Avec plaisir. Est-ce que tu as des plans la semaine prochaine ? » Je secoue la tête. « Non, aucun plan. Je verrais avec Josh, mais de mémoire il a les enfants jeudi, vendredi et samedi. Donc si tu veux qu’on se fasse un truc sur un de ses soirs là. Soit dehors, soit chez moi, comme tu le préfères. » Je lui offre un nouveau sourire. « Tu es dispo quand toi ? » Je lui demande, parce qu’après tout, il est sûrement celui avec un emploi du temps bien plus charger que moi. Je n’ai pas encore repris le boulot, alors j’ai un peu de temps pour moi.