Je n’ai jamais été aussi impatiente de me rendre à l’hôpital. D’habitude, c’était un lourd fardeau car je savais que le médecin allait encore me dire que je devrais conserver mes béquilles une semaine de plus, que je devrais me ménager en restant bien chez moi, évitant de faire un quelconque geste brusque pour permettre à mes côtes de guérir et surtout interdiction de me rendre à mon boulot, même si je restais assisse à mon bureau toute la journée. Plus d’un mois était passé où j’ai eu l’obligation de rester cloitrée chez moi, et je n’en pouvais décidément plus. Un long mois qui m’a aidée à aller mieux physiquement, du moins lorsque j’ai respecté scrupuleusement les indications du docteur. J’ai évidemment omis de lui parler de la fois où j’ai été faire une partie de bowling avec ma meilleure amie, autrement il se serait arraché les cheveux. Enfin, il s’était rendue compte que j’avais une douleur anormale dans les côtes alors que celle-ci avait disparu la dernière fois. J’avais fait mine de rien, et pourtant, je savais pertinemment d’où ça provenait. Mentalement parlant en revanche… Malgré les nombreuses visites que j’ai pu recevoir de mes amies, je n’ai pu m’empêcher de ressasser tout ce qui m’était arrivée ces derniers mois. Evidemment, le retour de mon père quinze ans après qui m’apprend que j’ai un frère ainé, dont je connais l’identité alors que lui non, visiblement. L’accident ensuite me demandant encore aujourd’hui pourquoi celui-ci s’était produit, repensant aux paroles de Dylane, ma sœur de cœur, qui pensait que peut-être je m’étais laissé emporter par la vague volontairement... Et puis ma rupture avec Alec. Qui en soit aurait dû passer, après tout nous nous étions séparés fin août, de l’eau était passée sous les ponts depuis. Pourtant, il était venu me voir à l’hôpital et ses dernières paroles me restaient toujours en tête. Il me cachait quelque chose, c’était certain. Et la conversation que j’ai eu avec Danika la dernière fois, ne fait que renforcer cette idée. Cela ne m’aide évidemment pas à l’oublier car je veux savoir pourquoi notre relation aurait été possible dans une autre vie et pas celle-ci. Ses paroles m’ont déchiré le cœur un peu plus, m’étant attachée à lui malgré moi. Et puis, bien que depuis un mois maintenant je ne l’avais pas revu, il avait pris soin de me laisser des petites attentions comme des petits gâteaux au chocolat qu’il avait soigneusement déposé devant la porte… Il ne me facilitait pas la tâche, je ne comprenais plus son comportement avec moi, lui qui avait été si froid pourtant lorsque nous avons rompu… « Mia, on est arrivé ». J’acquiesce et sort alors de la voiture. Ça y est, mon attèle a disparu, je n’en ai plus besoin et je peux enfin marcher normalement. Knox instinctivement fait le tour de la voiture pour m’aider. Je souris et lâche un « Plus besoin », avec un clin d’œil complice.
Une trentaine de minutes plus tard, alors que je venais juste de rentrer de l’hôpital, je décide de quitter mon appartement pour savourer cette libération. J’allais enfin pouvoir retourner travailler et surtout pouvoir retrouver les joies d’aller prendre l’air et aller me balader quand j’en avais envie. Knox ne peut pas venir avec moi car il travaille ce soir, je décide donc de partir seule jusqu’à Roma Street. Le parc est à une dizaine de minutes à pied de là où j’habite et hors de question de prendre le bus pour m’y rendre. Je retrouve le sourire quelques instants, et en arrivant à proximité du parc, je me rends compte qu’il y a des lumières de partout et pas mal de monde qui grouille ici et là. Une affiche indique que c’est Diwali, un festival de lumières populaire en Inde. La population indienne étant très présente ici à Brisbane, cet événement a lieu chaque année. Ce n’est pas une première pour moi. Cela me donne cependant une idée d’articles et je décide alors de m’installer sur un banc pour observer les gens. Savourer aussi d’être enfin dehors et plus enfermer dans mon appartement à déprimer… Je sens un petite brise sur mon visage qui me fait sourire et décide de sortir mon calpin de mon petit sac à dos. Alors que j’attrape mon stylo au fond de celui-ci, j’entends quelqu’un éternuer. Instinctivement, je tourne la tête et… Non, je rêve où… Je plisse les yeux pour mieux l’observer pour me rendre compte que non, je n’hallucine pas. Et le son de sa voix ne fait que me le confirmer « C’est pas ce que tu crois ! ». J’arque un sourcil, pas vraiment convaincu « Ok, c’est peut-être ce que tu crois. ». C’est limite mignon, surtout avec ses deux mains en l’air. Cependant, je n’ai pas envie de rire en le voyant là, alors que je voulais juste me changer les idées et prendre l’air « Qu’est-ce que tu fais là Alec ? ». Je ne comprends pas pourquoi il s’obstine encore à être présent « Pourquoi tu continues à me suivre comme ça ? Tu as quelque chose à m’avouer ? Ou peut-être quelque chose à te reprocher ? ». Je reste assise sur mon banc, le toisant de haut en bas. Mon regard est méfiant à son égard. Pourtant, au fond, cela ne me laisse pas indifférente de le revoir… Je soupire alors, m’appuyant contre le dossier du banc et portant mon regard à l’horizon. « Non, évidemment, tu ne me diras rien comme toujours, suis-je bête » je lâche d’un ton las.
Notre relation est terminée depuis fin août. D’une façon que je ne peux oublier, son ton indifférent, son mépris dans son regard me demandant de partir. Et pourtant, il reste présent dans ma vie. Je ne suis pas celle qui va vers lui. C’est toujours lui qui vient vers moi. Après mon accident, il fait partie des rares personnes qui sont venus me voir le jour même. D’ailleurs, j’ignore toujours comment il a pu être mis au courant, surtout aussi rapidement. Et le fait qu’il soit venu après les heures de visite m’intriguent toujours autant… Cette dernière rencontre m’a chamboulé car j’ai pu voir dans son regard qu’il se faisait du souci pour moi. Il m’avait dit aussi qu’il tenait à moi… Ce sont surtout les mots qu’il a prononcé en partant qui restent dans un coin de ma tête… Je devrais l’oublier, je le sais… Je n’y arrive pas cependant. Il ne me facilite pas la tâche, car bien que je ne l’ai pas revu depuis, il a cependant pris la peine de venir jusqu’à devant ma porte pour me déposer des gâteaux au chocolat. J’aurai pu alors l’appeler… Mais pour quelle raison ? Le remercier ? De ne pas m’aider à avancer alors qu’il m’a clairement fait comprendre ne pas vouloir de moi dans sa vie ? Il est dans une contradiction telle que je n’arrive plus à le comprendre. Et le voir encore ce soir, à me suivre comme mon ombre m’agace. Et quand je lui demande ce qu’il fait ici, sa réponse me laisse de marbre « Je sais pas… ». Mon regard s’assombrit, je fronce les sourcils et lui demande plus d’explications. Mais les explications et Alec ça fait deux évidemment. Attendre qu’il me dise réellement ce qui se passe, qu’il m’explique son comportement sans langue de bois. Je pouvais toujours rêver. Peut-être devrais-je utiliser un subterfuge. Peut-être lui fallait-il beaucoup d’alcool dans son organisme, comme mon meilleur ami pour que sa langue se délie ?
Il vient prendre place à mes côtés. Je ne le regarde pas, je préfère limite l’ignorer comme lui ignore mes questions. Je suis venue ici pour me changer les idées, profiter de ma liberté retrouvée… Et je me sens prisonnière maintenant, assisse sur ce banc. Prisonnière par rapport à ce que je peux ressentir à son égard : de la colère pour son silence face à mes questions, pour son éternel côté secret mais aussi de la tristesse car j’aimerai que les choses soient plus simples entre nous. Nous nous trouvons dans un parc, illuminé par des milliers de lanternes. La joie des gens est communicative, apaisante. Et pourtant, je n’arrive pas à être apaisé à ses côtés. Encore une fois, le cadre pourrait être idyllique. Mais il y a une ombre au tableau, plusieurs même. Il ne faut pas que je flanche cette fois « J’ai pas de réponses à te donner Mia ». Je l’ai déjà entendu à maintes reprises cette phrase et elle a le don de me remettre dans le même état d’esprit. Je ne le montre pas cependant, mon ton se voulant sec « Alors tu n’as pas à rester là… Va-t’en ». J’essaie peut-être de lui rendre la pareille en lui remettant en tête notre dernière rencontre où je l’ai supplié de partir. Sauf que cette fois, c’est plus un ordre qu’une supplication empli de tristesse. Mais je sais qu’il ne bougera pas et va rester à mes côtés malgré tout. Il semble déterminé à lancer la conversation, comme un semblant de normalité retrouvé entre nous… « Tu as l’air d’aller mieux ». Je tourne alors mon regard vers lui. Nos yeux se croisent, je m’y perds un court instant, silencieuse. Je détourne alors celui-ci quand je m’en rends compte « On peut dire ça ». Oui je n’ai plus mes béquilles et physiquement je vais mieux, c’est vrai. Mais il ignore mon état d’esprit, ce que j’ai pu endurer pendant un mois. Bien sûr, je ne prendrais pas la peine de lui en parler, à quoi bon ? Ce n’est pas comme si je pouvais compter sur lui pour être à mes côtés « Tu allais écrire un article ? Dessiner ? Sur la fête des lumières ». Et je me rends compte qu’il en sait bien trop sur moi. Il tape juste, normal, il connait bien mon carnet pour avoir eu le privilège de voir et lire certaines choses qui étaient à l’intérieur. Naïve que j’ai été, je me suis ouverte à lui plus que je ne l’aurai dû. Il pouvait prétendre me connaitre quand moi je ne pouvais pas en dire autant. Je soupire, je prends mon courage à deux mains pour le regarder à nouveau, tournant mon visage vers lui « Ecrire. Mais je n’en ai plus envie ». Je ferme alors mon carnet d’un coup sec et me lève du banc, comme pour fuir et ne pas replonger « Je suis venue ici pour profiter de ce festival, retrouver un semblant de vie normale ». Je soupire, je sais que je dois partir, que je ne peux pas rester plus longtemps près de lui. « Et ce n’est pas à tes côtés que je le pourrais ». La fin de ma phrase est dite sur un ton las, triste d’en être arrivé là avec lui. Cela peut se voir dans mon regard. Je reste attaché à lui et je suis en colère contre moi-même d’encore ressentir ça à son égard. Je commence à partir, un passant de nationalité indienne m’aborde alors pour me tendre une lanterne. Il me fait un signe pour m’inciter à sourire car il a, semble-t-il, vu la tristesse sur mon visage. Je me saisis de la lanterne et souris en le remerciant. Je fixe la lanterne un moment, figer sur place, sourire aux lèvres. Les passants semblent tous aller dans la même direction sûrement pour le lâcher de lanterne. Mon regard se tourne alors inexorablement sur Alec. Au fond de moi, j’ai envie de l’inviter à me rejoindre, oublier quelques instants nos problèmes pour profiter de l’instant tous les deux. Mais d’un autre côté, je sais que je ne le devrais pas… Surtout après les doutes soulevés par ma meilleure amie sur lui…
C’était dur. Dur de devoir agir de la sorte en sa présence. De devoir jouer la femme forte qui ne ressent plus rien à son égard, qui est prête à lui tourner les talons, à l’ignorer à tout jamais pour ne plus jamais resouffrir à cause de lui… Parce que cette courte relation n’a pas été sans importance. Même si rien ne laissait présager plus, il y avait eu cette alchimie particulière entre nous qui a fait que nous sommes restés plus longtemps que prévu ensemble. Des regrets ? je ne sais même pas si j’en ai. Des regrets face à une relation qui, pendant un mois, un laps de temps ridicule certainement, a été intense à un point où j’ai fini par m’attacher. La réciproque est-elle vraie ? Je ne le pensais pas lors de notre rupture mais sa visite à l’hôpital m’a fait penser le contraire. Tout comme ces petits gâteaux abandonnés lâchement devant ma porte et là, ce soir, à me suivre jusqu’à ce parc. Je n’étais pas la seule à m’être attachée. Autrement pourquoi me suivait-il ? Pourquoi avait-il besoin de savoir comment j’allais ? Bien sûr, il niait, prétendant ne pas savoir. Alors je prétends aussi que je vais bien. Pourtant, j’aimerai lui balancer que je vais mal moralement. Qu’il est une des raisons pour lesquelles je suis comme ça, incapable de tourner la page, car trop naïve à penser que lui, Alec Strange, voudrait me faire entrer dans sa vie qui semblait si compliquée. Non ça, il le sait, je lui ai déjà dit. Non, au fond, au plus profond de moi-même, je souffre parce que j’aurai aimé garder ce que nous avons eu pendant un mois. Parce que je n’avais pas envie de le perdre définitivement, parce que nos souvenirs sont encore gravés dans un coin de ma tête et que je n’arrive pas à m’en défaire. Alors oui, à ses côtés sur ce banc, j’ai envie de me laisser aller, de jouer le jeu. Je m’y résigne pourtant. Il faut que je reste forte.
Je me lève alors, employant des mots durs à son égard alors que mon corps tout entier crie le contraire. Je suis venue ici pour retrouver un semblant de vie normale… Que j’aimerai partager avec lui. Mais comme je lui dis aussi, je sais qu’à ses côtés c’est impossible. Alors j’enfonce le couteau dans la plaie, je me blesse en le blessant certainement aussi. Et comme toujours, il ne réagit pas, du moins par les paroles. Car il se lève malgré tout, prêt à me suivre. Ou alors il se résout encore à me laisser partir, je n’en sais rien et ne le saurait certainement jamais. Et pourtant, une lumière vient briser cette obscurité. Cet homme âgé qui m’aborde et qui veut me redonner le sourire, m’apporter la lueur qui a disparu depuis quelques semaines maintenant. Il y parvient, par son geste simple et pourtant si fort. Une lanterne échangée, un geste m’incitant à sourire, il s’éloigne et je reste plantée là. Je sens qu’Alec n’est pas loin et alors que mon visage est éclairé par le petit luminaire entre mes mains, je tourne mon regard vers lui. Comme un appel au secours, adressé à la mauvaise personne. Il s’approche, sa main vient se poser sur la mienne tenant la lanterne. « Un moment Mia ». Je frisonne… Une sensation perdue depuis longtemps et pourtant si vite retrouvé dès qu’il est à proximité. « Juste un instant, une heure, ou deux, ou moins, ou plus ». Ses mots ne me laissent pas indifférente, j’ai l’impression qu’il me supplie pour retrouver notre complicité … un instant comme il le dit. C’est dur, mes yeux sont venus rejoindre les siens et il m’est impossible de ne pas flancher. Je me sens faible à nouveau. Et puis il argumente toujours plus… « C’est la fête des lumières. Ca se partage. Laisse-moi la partager avec toi ». Je le vois, oui il me supplie, son regard le montre clairement, mon cœur se serre « Regarde là-bas » j’en profite alors pour détourner le regard, « la vieille dame qui vend les plats qu’elle a préparé pour Diwli. Si tu ne les goûtes pas, qui en vendra ses mérites dans son prochain article ? ». Et là, je repose mon regard dans le sien et malgré tout, un sourire s’affiche sur mon visage. Mince mais il est là parce qu’il a raison et que la vieille dame là-bas semble juste adorable. Nous sommes là tous les deux, en plein milieu de l’allée alors que la foule commence à grossir. « Et puis cette lanterne, ça serait dommage qu’elle ne finisse pas dans le ciel, non ? ». Je fais un petit pas. Quelques centimètres vers lui. Proche à nouveau… comme avant. Je le sais au fond de moi, je ne devrais pas. Le repousser, même par un geste et lui dire au revoir pour toujours… Tout me pousserait à le faire… Je pense à Dani, à Knox, Dylane… Puis Adam… Et malgré toutes ses petites voix dans ma tête « Un mince instant alors », je murmure alors, suffisamment pour qu’il puisse entendre. Après tout, qui le saura ? La foule est immense, il n’y a que très peu de chance pour que nous rencontrons quelqu’un ici même. Ma soirée devait être différente. Pourtant, il est peut-être le petit truc qu’il manquait pour que ma soirée de liberté soit totalement consumée… Je l’attrape alors par la main, doucement et l’incite à me suivre jusqu’à ce fameux stand qu’il désignait un peu plus tôt. Le sourire de la vieille dame est communicatif… Autant pour l’un que pour l’autre. « Je te laisse m’inviter… ». Ma main lâche la sienne, j’ai l’impression de ne pas savoir comment réagir. Mes paroles sont prudentes, réfléchis. Puis j’attrape la barquette qu’il me tend, le remercie et salue la vieille femme d’un sourire chaleureux. Nous suivons alors la foule en silence jusqu’au grand étang qui se trouve au milieu du parc. Le lâché de lanterne n’est pas pour tout de suite, nous trouvons une place au bord de l’étang sur un rocher. Nous nous asseyons tous les deux. Et puis je brise enfin ce silence après avoir déposé la lanterne à terre en attendant le moment venu « Peut-être que ça peut aussi t’inspirer pour en faire un plat pour ton restaurant… » Discussion banale, faisant écho à son idée que je fasse un article sur la nourriture du festival. Je prends un morceau de ce plat au curry, savoureux, un peu relevé mais pas trop « C’est pas mauvais du tout ». Je lui tends alors ma barquette « Tu veux goûter ? ». Et puis, je regarde la sienne, car il le sait que je peux picorer facilement dans l’assiette des autres. Je n’attends pas vraiment son feu vert et le fait… presque naturellement, un sourire amusé aux lèvres. C’est plus relevé que le mien, je grimace un peu, ne m’attendant pas forcément à ça « C’est… surprenant ». Surprenant comme ces retrouvailles et cette alchimie qui revient aussi naturellement entre nous. Et pourtant, tout ça n’est pas bien du tout, je le sais… il le sait aussi. Mais on s’est accordé un court instant de répit… Alors j’ai envie de le savourer, malgré tout. Nos regards se croisent à nouveau, nous avons tous deux le sourire, cela faisait longtemps que ça n’avait plus été le cas…
J’accepte. J’accepte ce mince instant de trêve entre nous parce qu’au fond j’en ai besoin. Ces derniers mois ont été compliqués pour moi… Et bien qu’il soit une des raisons, il a toujours été celui à qui j’ai pensé : Après le retour de mon père, après mon accident, lorsque j’étais seule chez moi à ne plus savoir que faire de mes journées, enfermée et condamnée à rester sur mon canapé à rien faire… Ces moments là, j’aurai aimé l’appeler pour lui parler, même si lui en retour ne s’ouvrait pas aussi facilement à moi. Combien de fois avais-je pris mon téléphone, m’arrêtant sur nos derniers messages, commençant à écrire… pour mieux m’interrompre ensuite et envoyer le cellulaire à l’autre bout du canapé ? Cette dernière rencontre à l’hôpital m’avait complètement chamboulée, me rendant compte qu’il tenait à moi et aurait aimé que notre relation continue… Il me le montre encore ce soir en me suppliant d’accepter de passer un moment à ses côtés. Sans cris, sans larmes… Juste faire comme si tout allait bien…
Je glisse alors ma main dans la sienne et rien que ce contact me fait battre mon cœur un peu plus vite. Je l’entraîne vers le stand, pour nous prendre de succulents plats traditionnels à déguster et découvrir pour l’occasion « Pour deux s’il vous plait ». Je souris doucement alors qu’il commande auprès de la vieille dame. Nous nous dirigeons ensuite vers l’étang en plein cœur du parc où nous trouvons une place où nous y installer. J’interromps le silence qui s’est installé entre nous, traduisant un certain malaise de peur de dire quelque chose de travers et gâché ainsi cet instant de paix. « Il faudrait que j’en apprenne un peu plus sur les épices, je pense pas que ça serait aussi bon que ça ». Je me souviens très bien des différents plats qu’il a pu me préparer. Je n’ai jamais été déçu « Je pense que tu te sous-estimes ». Tout en disant cela, je plante ma fourchette dans la barquette que je tiens entre mes mains. Je prends alors une bouchée et propose alors à Alec de goûter à son tour. Bien sûr, en retour, je veux aussi goûter le sien. Et il le sait, j’attends que lui me propose la même chose en retour. Je n’ai pas besoin de m’exprimer pour qu’il me tende sa barquette dans laquelle je plante aussitôt ma fourchette. Mon regard est assez évocateur et il en rit même. J’aime entendre son rire qui m’avait aussi manqué, nos éclats de rire en général tout autant… « J’crois que j’ai pris le plus épicé, mais j’aime bien ! A mon tour ! ». Je le laisse prendre une bouchée dans ma barquette à son tour « Bon j’aurai peut-être dû le goûter avant de manger le mien, je sens moins le goût maintenant ! Mais c’est bon il y a une petite touche un petit peu sucré j’aime beaucoup ! ». Ma barquette est toujours tendue vers lui alors que je l’observe sans mot dire. Sa passion et son amour pour la cuisine se traduit autant dans ses paroles que dans ses gestes. Ses yeux pétillants me font étirer mes lèvres alors que je ne le quitte plus du regard. « Tu penseras à le faire la prochaine fois… ». Je sors ça machinalement, sans vraiment me rendre compte qu’une prochaine fois n’aura certainement pas lieu. Parce que nous sommes là ensemble, parmi la foule, uniquement pour un bref instant. Je réenchéris, peut-être pour éviter de mettre fin à cet instant agréable « Et c’est pas parce que tu aimes beaucoup que tu dois m’en prendre plus ». Alors je reprends ma barquette vers moi et pioche à nouveau dedans « Je ne piquerai pas non plus dans la tienne… Tu as de la chance qu’elle soit un peu trop relevée à mon goût ». Je lui souris doucement, nos regards se croisant à nouveau.
Oui tout semble normal. Je savoure l’instant alors que je dépose la barquette à mes côtés, celle-ci étant terminée. Tout autour que des gens qui semblent heureux… Tout comme nous finalement. Mon sourire ne me quitte plus vraiment, ce qui n’était pas arrivé depuis quelques temps… « Ca m’a manqué. Tu m’as manquée ». Mon regard observant la foule se retourne doucement vers lui suite à ses mots. Je plonge celui-ci dans le sien qui ne me quitte pas non plus. La lueur des lanternes se reflète dans ses yeux, laissant entrevoir ce bleu perçant qui me fait toujours autant fondre « Tu m’as manqué aussi Alec… ». Je souris et pourtant, au fond de moi, cela me fait souffrir. Parce que je sais que malgré tout, quand ce bref instant sera terminé, il me manquera à nouveau douloureusement, et je le perdrais encore, car la raison voulait que ce soit ainsi. Pourtant, là, ma main s’approche à nouveau de la sienne, posée sur le rocher que nous partageons. « Tu aurais écris quoi dans ton carnet tout à l’heure, si je ne t’avais pas interrompue ». Un air amusé apparait alors sur mes lèvres « Sûrement que, pendant ma convalescence, j’ai reçu des gâteaux au chocolat d’un anonyme… Et qu’ils n’étaient pas trop mal ». En vérité, j’en avais goûté qu’un petit bout quand Pete était venu chez moi, ce dernier s’étant jeté dessus comme une morfale, et moi rechignant de craquer pour ne pas repenser à Alec « J’aurai bien aimé pouvoir le remercier… Mais comme il souhaitait rester anonyme… » J’ai un sourire aux lèvres car je n’ai pas envie de lui reprocher. Je sais qu’il l’a sûrement fait pour respecter mon choix lorsqu’à mon tour, je lui ai demandé à l’hôpital de partir. Pourtant, en lui disant cela, c’était ma manière de le remercier. Alors mon regard se pose à nouveau dans le sien et je lui souris sincèrement « Mais plus sérieusement, j’aurai très certainement décrit en détails ce qui se passait sous mes yeux, décrit à quel point cette fête était magique et apaisante. Redonnant de l’espoir en l’humanité dans ce moment de partage et de sourire… ». Là encore, mon regard se pose sur lui, inéluctablement.
« Dit-elle alors qu’elle est la pire pique assiette que je connaisse ». Sa remarque me fait rire, un rire qui sort de bon cœur, un rire qui semble léger et pourtant le cœur est lourd. Parce que cette complicité me manque, cette facilité que j’ai eu d’être moi-même en sa présence, sans aucun artifice. Ces regards échangés et ces gestes tendres qui se faisaient naturellement. Pourtant, rien ne sera plus comme avant car celle-ci ne sera certainement jamais retrouvée. Même si au fond… au fond de moi, une toute petite partie de moi, avait espoir… Pathétique me diriez-vous. Et vous aurez certainement raison… Il me manque, je lui manque, c’est indéniable, il me le dit, je lui dis également… Mais on sait que ce n’est pas possible autrement. A contrecœur. Parce que je cherche à me protéger et que lui… lui ? Au final, c’était bien ça le réel problème… Pourquoi ? Pourquoi se devait-il d’être autant secret à mon égard ? Pourquoi ne pouvait-il pas se révéler davantage ? Pourquoi devait-il se cacher derrière une carapace au point que le nous était impossible ?
Alors, parce qu’on a encore envie de profiter de l’instant, de penser égoïstement, alors qu’on sait qu’à la fin ça va faire un mal de chien, on reste assis côte à côte, toujours aussi proche, ses doigts s’entremêlant au mien. Je ne le regarde pas quand il le fait et pourtant je presse un peu plus sa main, pour savourer encore plus le moment. Et nous parlons de choses et d’autres. Je lui avoue que j’ai bien reçu ses gâteaux au chocolat. Je m’abstiens de lui dire que je les ai boudés toute la journée, que ce n’est que sous le coup de l’alcool que j’ai fini par craquer, autrement je n’y aurais pas touché. Parce que même si ce n’était que de simples gâteaux, cela m’avait blessé bien que le geste fût plus qu’adorable. « Je me demande qui a pu te les envoyer ». Son air innocent me fait rouler des yeux, non sans être accompagné d’un sourire. « Je suis sûr que l’anonyme n’avait pas besoin de remerciements. Savoir que les gâteaux étaient pas trop mal doit être bien suffisant ». Je retourne mon regard sur lui, voit son clin d’œil et souris… éperdument encore en étant à ses côtés « Mais ça me tient à cœur de lui dire quand même… ». Parce que son geste montrait que je comptais pour lui malgré tout. « Merci… » je murmure alors. Mon regard planté dans le sien, j’ai envie de m’approcher un peu plus pour échanger ne serait-ce qu’une étreinte. Je me l’interdis et préfère jouer la sincérité en lui disant ce qu’il y aurait pu avoir dans mon carnet… Mais finalement, cela n’a plus d’importance parce que je ne regrette pas ce mince instant de paix à ses côtés. Il fait le premier pas, comme toujours, replaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille. Je me perds encore, à le fixer intensément, l’envie de me fondre dans ses bras et de retrouver une proximité qui me manque. Je vois bien qu’il est à deux doigts de m’embrasser mais le bruit environnant nous sort de notre bulle. « Prête ? ». J’acquiesce alors, glissant ma main dans la sienne pour me lever. J’attrape la lanterne qu’il me tend, le décompte commence alors que nous sommes proches à nouveau, sa main se posant sur la mienne. Je joue le jeu et lorsque le zéro est dit, je lâche la lanterne et ne la quitte plus des yeux. Tout le monde a les yeux rivés sur ces lumières. Le spectacle est magique et mes pensées se perdent dans tout ça… Car bien qu’Alec soit à mes côtés et que je savoure chaque seconde, je pense aussi à mon père, avec qui j’ai déjà partagé une fête de Diwali, étant gamine où j’observais aussi les lanternes, blottis dans ses bras. Tout ça me replonge dans une réalité à laquelle je n’ai pas envie de penser… Pas tout de suite, pas maintenant. Alors, je reste silencieuse aussi, le regard porté sur ses lumières qui peu à peu disparaissent au loin. « Happy Diwali Mia ». Nos regards s’attirent à nouveau, sa main caressant ma joue. Je ferme les yeux quelques secondes avant de répondre à mon tour « Happy Diwali Alec ». Quelques millimètres nous séparent à peine, je glisse à nouveau ma main dans la sienne libre, la serrant davantage comme si je n’avais plus envie de le laisser partir. Comme si je voulais que l’instant se fige et que rien ne change… « Qu’il n’y ait plus aucune déception dans ta vie ». En même temps qu’une larme perle sur mes joues, mes lèvres vont retrouver les siennes pour échanger un baiser tendre et sincère. Un baiser qui ne dure que quelques secondes…
Ma main se détache alors de la sienne délicatement et l’autre vient se poser sur son torse. Mes yeux sont clos jusqu'à ce que je prenne le courage de planter mon regard dans le sien « Si seulement tu pouvais ne pas faire partie de ces déceptions… ». Mes mots sont durs, je le sais, ça me déchire de devoir les prononcer. Et pourtant ce n’est que la vérité. Mes mots sont prononcés sur un ton calme, dans un murmure. Je le repousse doucement alors que nous sommes entourés par la foule encore ébahie par le spectacle « Si seulement je pouvais savoir qui tu étais vraiment Alec Strange… ». Ma voix est différente, plus sèche, méfiante, triste… Un mélange de tout ça en même temps. Parce que ma meilleure amie m’a mis la puce à l’oreille, parce qu’elle m’a dit de me méfier de lui, parce qu’il n’est pas comme tous les autres… Et que mes recherches sur son frère n’ont fait que confirmer les soupçons de Dani… La foule peu à peu se disperse, comme s’il sentait que le calme présent quelques minutes plus tôt allait laisser place à une tempête… « Ou du moins si j’avais pu l’apprendre de ta bouche… ». Je savais que ces derniers mots allaient le faire réagir, sûrement surréagir. Mais il le fallait.
Nous avons eu notre mince instant… Il a duré une heure à peine. Un instant à ses côtés, comme si de rien n’était, comme si rien ne s’était passé, rien n’avait été interrompu. Comme si notre relation s’était poursuivie paisiblement depuis août. L’avoir à nouveau à mes côtés m’a fait du bien. Un bien qui se transformera en mal lorsque ce moment de répit se stoppera… Et je le ressens déjà parce que j’y met fin. Peut-être trop vite à regret. Mais je ne peux pas continuer à prétendre. Pas lorsqu’il me souhaite de ne plus connaître de déceptions dans ma vie et qu’indéniablement, je repense à toutes celles que j’ai eu… et surtout que je me rends compte qu’il fait partie de celles-ci. Ça me déchire encore plus mais je dois me rendre à l’évidence. Je dois arrêter ça avant que je ne puisse plus le confronter, que je n’arrive plus à contrôler ce que je ressens indéniablement pour lui. Que je me perde encore dans son regard, que j’ai envie de profiter bien plus que de raison. Parce que, si je m’écoutais, ce bref instant je le transformerais en plus que quelques heures. Il me manque, notre relation me manque, notre complicité, nos contacts. Tout. Et pourtant, je dois penser à tous les non-dits, aux nombreuses questions restées sans réponses plus d’une fois. A ce côté secret qui pouvait se comprendre au début, mais moins à la fin. Et surtout, à cette indifférence totale lorsque je lui ai demandé ce que nous étions censé être lui et moi… Je savais qu’en restant à ses côtés j’allais me retrouver face à un mur et indéniablement souffrir encore et encore. Je pourrais bien sûr profiter de la soirée avec lui, peut-être permettre à nos deux corps de se retrouver une dernière fois… Mais ce n’était pas raisonnable…
Alors je l’embrasse, parce que j’en ai envie, que le contact avec ses lèvres me manque malgré tout. Mais, celui-ci sera certainement le dernier, surtout avec ce que je m’apprête à lui dire. Non, Alec n’a pas le temps de réagir, de me montrer que lui aussi en a envie parce que ce baiser dure que quelques secondes. Je m’éloigne alors de lui, je lui lâche la main et j’adopte ce ton froid et triste à la fois qui annonce que maintenant… les choses allaient définitivement se compliquer entre nous. Qu’il ne pouvait plus prétendre être quelqu’un qu’il n’était pas. Parce que ma meilleure amie m’a révélé des choses qui ont éveillé ma curiosité et qui m’ont incité à gratter un peu plus… Et peut-être qu’au fond, j’aurai préféré ne pas savoir. Mais malgré tout, j’ai besoin de comprendre qui il est vraiment… Et surtout s’il assumera enfin devant moi et me dira la vérité. Si je me renferme, il le fait aussi et reprend cette posture qui me replonge à ce soir d’août où tout s’est terminé entre nous. Et cette indifférence refait son apparition « De quoi tu parles Mia ? ». Son ton détaché et cet air ahuri, comme s’il ne comprenait pas, m’agace déjà. Je lâche un soupir à mon tour « Tu sais qui je suis ». Et là, mon regard le fixe, mes sourcils se froncent et je sors un « Vraiment ? » qui annonce que la tempête arrive. Ma colère se ressent dans ce si petit mot que je prononce. Parce qu’il ose espérer encore que je sois suffisamment naïve et que je ne me doute pas qu’il me cache des choses. Ou alors il est suffisamment stupide pour croire lui-même qu’il n’a aucun secret et qu’il est totalement transparent « Arrête de prétendre Alec… ». Mon ton est un peu plus calme mais reste ferme. Comme si je lui donnais un ordre qui, je sais, ne sera pas exécuté. Je sais que je vais me confronter à un mur… Il m’oblige alors à en dire plus « Peut-être que tu pourrais m’en dire plus sur l’arrestation de ton frère, de cette perquisition qui a eu lieu en 2015 dans ton restaurant… ». J’attaque sûrement un point sensible en parlant de son frère, Mitchell, dont il m’a si peu parlé. J’ai l’audace pourtant de faire un pas vers lui, comme pour l’obliger à parler, à me confronter, à me dire droit dans les yeux que je me trompais. Qu’il n’y avait rien à dire. Non, je ne voulais pas entendre encore cette excuse. Plus maintenant.
Tout est paisible autour de nous. Pas une once de noirceur, au contraire, il n’y a que de l’espoir, de la gaieté et de la douceur. Nous nous sommes laissés transporter par cette ambiance apaisante, nous nous sommes perdus quelques instants dans le regard de l’autre. A s’admirer presque parce que nous savions que ça n’allait pas durer et nous voulions juste profiter au maximum de la présence de l’autre. Je l’ai regardé longuement ce soir Alec. Il paraissait calme et au fond heureux de passer ce moment avec moi. Alors pourquoi notre relation ne pouvait pas être plus que ce qu’elle avait été ? Quelque chose ou quelqu’un l’interdisait d’être avec moi… Ou était-ce lui-même ? Je n’en sais rien car je n’ai jamais eu plus d’explications. Je n’en aurai certainement jamais car il se renferme, reste vague et préfère jouer les indifférents, me faisant passer pour une imbécile qui s’imagine des choses. Il continue sur ce chemin alors que j’ai stoppé ce rapprochement et que je le mets devant le fait accompli en lui montrant que j’ai découvert des choses. Qu’on m’a dit de me méfier de lui, car il ne valait pas mieux que son frère, qui trainait dans des affaires louches. Alors j’ai cherché un peu car Danika n’a pas su m’en dire plus et qu’à défaut de trouver des réponses de la part d’Alec, j’ai dû faire autrement. Une manière qui ne me plaisait pas car ce n’est pas le genre de journalisme que j’aime faire. C’est l’opposé même.
« Je ne vois pas en quoi une erreur judiciaire te regarde ou définit qui je suis ? ». Il ne nie pas l’existence de cette affaire mais tente de retourner la situation à son avantage. Et cette idée d’erreur judiciaire me semble louche. Les rapports de police auxquels j’ai eu accès disposés qu’une perquisition a eu lieu à l’arrière du restaurant du fait d’un trafic de drogues qui a été démantelé. Alec apparaissait dans ces rapports même s’il n’a pas été inculpé contrairement à son frère. Relâché un an plus tard du fait d’un vice de procédure. Pourtant, la personne qui m’avait permise d’avoir accès à tout ça me disait que Mitchell a juste eu un coup de chance parce qu’autrement, il grouillerait toujours en prison. Pour lui, il était fort probable aussi qu’il soit à la tête de tout ça et qu’il ait recommencé depuis « Erreur judiciaire vraiment ? » J’ose alors lui demander. Et puis son regard fuyant ne l’aide pas à être crédible « Vous n’étiez pas au courant tous les deux de ce qui se passait à l’arrière de votre restaurant ? Je trouve ça… étonnant ». J’ai envie de l’obliger à affronter mon regard. Parce qu’il ne fait que me montrer en faisant ça qu’il n’est pas sincère car il ne peut pas me regarder dans le blanc des yeux « Cette affaire expliquerait beaucoup de zones d’ombres chez toi Alec, beaucoup de non-dit, de questions détournées… Il y en a eu tellement… ». Un léger soupir sort d’entre mes lèvres, comme désespérée par tout ça.
« Tu joues à quoi Mia ? Tu enquêtes sur moi maintenant ? ». Son regard est planté dans le mien, j’y vois une froideur qui me fait avoir un frisson. Je ne démords pas, je ne lâche surtout pas son regard et ose l’affronter alors que ce que je m’apprête à dire me serre la gorge « Dans une autre vie, je ne t’aurai jamais laissé partir… ». Je lui ressors alors ses mots, ceux qu’il a prononcé en quittant ma chambre d’hôpital. « J’ai besoin de comprendre pourquoi… Pourquoi tu t’interdis d’être avec moi. Et cet air si… froid, indifférent… Une simple carapace pour mieux cacher des choses. Tu ne m’en laisse pas le choix Alec. Je déteste devoir en arriver là, mais j’ai besoin de comprendre ». J’avance encore d’un pas de plus alors que je termine ma phrase sur un ton de colère et je le repousse. Même si cela n’a aucun effet sur lui, j’ai besoin qu’il comprenne ce qu’il me fait subir, ce qu’il me fait ressentir. Le dans une autre vie l’a trahi et pour moi, avec ce que j’ai découvert, cela pourrait s’expliquer… Maintenant, je le connaissais suffisamment pour savoir qu’il n’aurait pas le courage de me dire la vérité. Comme à chaque fois…