(An de grâce 2010). Son ventre n’avait pas eu le temps de grossir qu’elle le voit déjà s'aplatir, la faute à un bébé qui n’est plus, la faute aux repas qu’elle saute sans même s’en rendre compte. Ezra l’a vu, tout comme à son tour elle a observé d’autres changements chez le jeune homme qui n’inspirent rien de bon. Ils devraient être heureux, pourtant, eux le jeune couple qui a une vie à vivre. Ils devraient accepter leur passé et vivre avec, faire de leurs problèmes une force et bla bla bla tout le discours qui va avec. La seule vérité dans tout ça, c’est qu’elle est heureuse de l’avoir rencontré au milieu du chaos qu’était leur vie et qu’elle est tout aussi heureuse de faire sa valise dans un chaos tout autre. Son retard la force à mettre dedans tout ce qui lui tombe sous la main sans que ce ne soit forcément utile - comment ça elle n’aura pas besoin d’une boîte à mouchoir et de six boîtes de doliprane pour un week end ? - mais au moins elle le fait avec le coeur léger. Ses doigts pianotent sur son téléphone et Ezra devrait s’estimer heureux que les smileys n’étaient pas encore répandus à l’époque, sinon il aurait été noyé sous ces derniers.

Je te jure que je suis pas en retard c’est ton téléphone qui avance. Et l’horloge qui prend la poussière dans ton salon. Et ton réveil de ta chambre que je déteste. Et même le soleil, là, c’est pas vrai qu’il est en train de se coucher déjà.

Elle est en retard. Elle est totalement en retard et elle n’en voudra même pas à maman Maslow de lui avoir parlé de son potager pendant trente minutes parce qu’en réalité, Lily a pris des notes et voudrait son potager à elle aussi maintenant. Puisqu’elle a terminé ses études l’an passé et a naturellement obtenu un travail dans la pharmacie de cette famille qu’elle connaît bien, sa situation (financière tout du moins) lui semble assez stable pour qu’elle puisse avoir l’audace de s’occuper de carottes, salades et courgettes. Ça ne vend pas du rêve au commun du mortel mais pour elle c’est beaucoup, surtout alors qu’elle n’a appris avoir perdu son enfant que quelques semaines auparavant et qu’elle se doute déjà que la plaie ne se résorbera jamais. Ezra a été là pour lui faire penser à autre chose de bien des façons différentes, surtout au moment où ils ont décidé de se donner une chance ensemble et, pour marquer le coup, s’offrir un simple week end loin de l’agitation de la ville.

Week end pour lequel elle est en retard, donc, et elle tente déjà de se rattraper avec le plus immense et enfantin sourire qui soit dès lors qu’elle sort enfin de son appartement, du dentifrice sur le coin des lèvres et les cheveux encore trempés alors qu’elle grimpe dans la voiture du brun devant sa porte. Son état catastrophique (négligé, c’est le terme socialement acceptable) leur donne au moins un sujet de conversation qui n’a rien à voir avec les malheurs de l’un ou de l’autre et autant dire que c’est tant mieux. Ils ne savent que se voiler la face et tenter d’avancer, c’est ce à quoi ils occupent leur temps et sont même devenus plutôt bons, au fils des mois passés ensemble. Elle connaît ses secrets comme peu de gens, elle en est certaine, et lui connaît les siens comme personne d’autre ne peut s’en vanter - quoi qu’elle doute qu’il y ait matière à se vanter. C’est avec un baiser sur la joue qu’elle le salue et s’excuse par la même occasion. Son enfant à lui est né il y a peu de temps et il ne peut même pas le voir. L’ironie a un goût amer. “Je te propose que tu modifies tous tes reproches pour me dire à quel point mon nouveau shampooing à la violette sent super bon.” Qui ignore encore qu’elle ne tolère que peu les reproches à son égard, même les plus infimes, même les plus légitimes ? “Un client est venu me demander une poche de sang O négatif. Il a insisté sur le groupe sanguin. Et toi ta journée ?” Elle hausse les épaules avec désinvolture, se battant avec ses sacs pour les faire passer sur la banquette arrière sauf le tuperware qui contient son poids en macarons qu’elle a préparé pour le week end et présente sous le nez du brun telle une offrande bien méritée.

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@lily mcgrath

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Il ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel lorsqu’il vint lire les quelques mots s’affichant sur son écran taille réduite de téléphone portable. Avec, en tant qu’accompagnateur, se manifesta un petit sourire en coin. Bien sûr que Lily était en retard - il n’était en rien étonné de cette nouvelle. Celle qui détonnait, c’était de savoir qu’à contrario, lui était prêt et à l’heure. Ils s’étaient bien trouvés, sur ce point là. Aucun des deux ne savait faire honneur à l’heure qui s’affichait pourtant partout, entre le four dans la cuisine et sa montre à son poignet, entre celle de la pharmacie où Lily a du passer la journée et celle dans sa voiture lorsqu’il vint se garer en bas de son immeuble à elle.

Il était vrai qu’ils s’étaient trouvés, les deux jeunes gens. Ils s’étaient surtout trouvés au bout moment. Aucune de leur deux vie était stable et le chaos s’amusait à régner sur ces royaumes d’une main de mettre, de mèche avec un karma plus vicelard tu mourrais. Les deux passaient par des périodes de vie où avoir un soutien infaillible était plus que nécessaire - c’était devenu vital. Ezra ne saurait où ses journées le mèneraient s’il ne pouvait pas au moins se raccrocher à Lily en rentrant le soir du travail. Il ne saurait pas où sa vie pourrait se diriger s’il n’avait pas une nouvelle excuse à ses côtés tous les matins au réveil pour se motiver à sortir du lit. Le temps des soupires, des pleurs et des coeurs brisés pour Ezra se devait d’être révolue. Il se devait d’avancer vers l’avant pour retrouver un semblant de stabilité dans sa vie - et si l’histoire de la demoiselle qui daignait enfin le rejoindre à bord de sa voiture n’apportait pas une réelle stabilité, au moins ils avaient désormais tous les deux une épaule sur laquelle s’appuyer.

« Je te propose que tu modifies tous tes reproches pour me dire à quel point mon nouveau shampooing à la violette sent super bon. » Elle vint lui déposer un baiser sur la joue et il fut pris pendant un instant ou deux d’un petit rire. Elle ne changerait jamais, Lily, et préférait détourner l’attention plutôt qu’il ne vienne pointer du doigt l’évidence - à savoir qu’elle aurait pu faire attention à l’heure et être un brin moins en retard, à défaut d’être à l’heure. « Je dis rien à propos du dentifrice que t’as au coin de la bouche alors ? » Et puis parce-que finalement, détourner l’attention sur des choses bien plus légères était quelque-chose d’agréable, avec une finalement bien plus douce que la réalité qui s’imposait quotidiennement à eux. Finalement, il vint pouffer un instant, passant son pouce sur sa langue pour venir retirer la trace de fraicheur mentholée au coin de la bouche de sa demoiselle - et l’instant d’après, ses lèvres se posèrent au même endroit pour lui voler le plus ridicule des baiser. Il finit par venir humer l’odeur que dégageait les cheveux de la jeune femme. « Mais oui, tes cheveux sentent bons quand même. » Même s’il n’aurait jamais été apte à dire que le parfum de son nouveau shampooing était la violette, il pouvait au moins reconnaitre que l’odeur était plaisante.

Finalement, alors que Lily vint commencer à se battre avec ses milles sacs de trop en souhaitant les mettre sur la banquette arrière de la voiture, Ezra vint enclencher la première et s’insérer de nouveau dans la circulation de fin de journée. Ils avaient décidé de faire une activité de vrai couple pour ce weekend et de louer un chalet dans la montagne - Ezra avait insisté pour qu’ils prennent celui qui avait la piscine même s’il était plus loin, parce-qu’il avait vraiment envie de pouvoir boire un cocktail les pieds dans l’eau - et, par la même occasion, de se donner tout simplement une chance en tant que vrai couple. Même si cela sonnait encore un brin étrange aux oreilles d’Ezra, il avait vraiment envie d’y mettre tout le sien possible pour que cette relation fonctionne - autant parce-qu’il appréciait réellement Lily que parce-qu’il en avait besoin. « Un client est venu me demander une poche de sang O négatif. Il a insisté sur le groupe sanguin. Et toi ta journée ? » Et c’était pour des détails de la sorte qu’il appréciait un brin plus que de raison Lily, Ezra. Parce-qu’elle était entière et naturelle avec lui, qu’elle ne mettait pas de filtre à son comportement pour le tromper. De toutes façons, ce qu’elle pourrait lui montrer serait toujours sous un meilleur jour que les semaines qu’ils venaient de partager. « T’as eu la visite d’un vampire capricieux alors. » Et parce-qu’il était toujours fier de ses blagues, il vint y ajouter un petit rire - un peu gras, un peu beauf. « Moi ça a été la journée la plus longue de ma vie je crois. » Faux, tu mens Ezra.. « Frank m’a même laissé partir une heure et demie plus tôt tellement c’était calme. » Sale menteur, c’était parce-que t’étais tellement à côté de tes pompes qu’il a préféré te voir rentrer que bosser. « C’est pour ça que j’étais pas en retard d’ailleurs. » Il n’ajouta pas le petit moi qu’il saurait de trop, alors que Lily venait lui tendre juste sous le nez une boite de macarons qu’elle avait du prendre le temps de faire avant de partir. Sa main, en revanche, ne mit pas un instant de plus avant de venir piocher un élément coloré et de le déguster en deux temps, trois mouvements.

« T’as de la crème solaire au fait ? J’ai pas réussi à trouver la mienne et j’ai surtout eu la flemme de la chercher en réalité. » Il avait beau être un australien pure souche et être habitué au soleil, il avait déjà pris de sacrés coups de soleil en début d’été et il ne désirait pas réitérer l’expérience. Plus, la demoiselle à ses côtés lui passerait un savon pour sûr s’il ne faisait pas plus attention que ça à sa santé - comme si sa peau était vraiment la chose qui posait soucis chez Ezra ces dernier temps.

Tout est difficile et compliqué autour d’eux, absolument tout, mais justement lorsqu’il ne s’agit plus que du duo qu’ils forment, tout devient naturel, facile, simple. Elle redevient une adolescente insouciante lorsqu’il l’embrasse, elle sourit et garde ses yeux posés sur son visage, même quand lui a reposé son attention sur la route depuis bien longtemps. « Je dis rien à propos du dentifrice que t’as au coin de la bouche alors ? » Elle affiche une moue outrée pendant une seconde à peine, le temps pour lui de se moquer, mais il est le premier à éliminer toute trace de ce désastre et à la sauver d’une mort imminente. Oui, rien que ça. “Ça t’as le droit, mais pas trop fort sinon mon ego va t’entendre.” Avec Ezra, de toute façon, son ego a déjà été mis à mal bien plus de fois qu’elle ne peut le compter durant ses bien trop nombreuses et interminables confessions. Ce n’est qu’une blague parmi d’autres « Mais oui, tes cheveux sentent bons quand même. » Elle rigole une fois de plus - parce qu’elle en a le droit bien plus que parce qu’il est véritablement drôle - et cela suffit à la laisser garder un sourire alors qu’ils prennent la route. Quand bien même il ne dit ça que pour lui faire plaisir, ça fonctionne.

Elle prend l'initiative de lancer la conversation sans même s’en rendre compte. Sans doute a-t-elle bien trop pris l’habitude de raconter sa journée pour ne pas avoir à lui demander “ça va ?” ou recevoir la question en retour. Désormais ils sont habitués à jouer à ce jeu et à ne le briser qu’à de rares reprises, quand le besoin se fait réellement ressentir. « T’as eu la visite d’un vampire capricieux alors. » A ses anecdotes s’ensuivent les commentaires d’un Ezra attentif pour lequel elle surveille qu’il ne mange pas trop de macarons, auquel cas il se plaindra de ne pas avoir faim ce soir. “Et il ressemblait même pas à Pattinson, double loose.” Il a ses blagues, elle a les siennes. Elles seront rapidement oubliées au fur et à mesure qu’ils passent à autre chose, de toute façon. Lily les oublie d’autant plus qu’elle sent le mécanicien se tendre au fur et à mesure qu’il conte sa propre journée. « Moi ça a été la journée la plus longue de ma vie je crois. » Enfin silencieuse, elle a même arrêté de critiquer ou complimenter la couleur de la carrosserie de tous les véhicules qu’ils croisent. Maintenant, les macarons sont laissés sans surveillance alors qu’elle passe sa main côté conducteur pour la poser dans sa nuque, sans un mot, tentant de se faire croire à elle-même que des gestes aussi simples et sincères pourraient moindrement apaiser ses mots. Elle ne sait pas si elle y croit vraiment mais ses doigts jouent doucement avec sa peau et la naissance de ses cheveux. « Frank m’a même laissé partir une heure et demie plus tôt tellement c’était calme. » Elle perd un hm ? peu convaincu alors que ses yeux dérivent du bitume vers son visage, une fois de plus et une fois de moins. Elle ne veut pas se faire insistante alors elle ne l’observe que quelques secondes à peine, la mine désormais bien plus serrée, certaine que tout n’est pas dit. « C’est pour ça que j’étais pas en retard d’ailleurs. » A cela elle rigole à peine, sincère. Si c’est la version des faits qu’il souhaite lui raconter pour le moment alors elle ne brusquera rien. Le week-end ne fait que commencer, il aura tout le temps qu’il veut pour lui parler et pour souffler. Tout ira bien. Un jour, ça sera une réalité. “Frank a de vraiment bonnes idées, parfois.” En parler plus tard, donc. C’est le mieux à faire. Frank a bien fait de laisser Ezra entre ses mains à elle, c’est ce qu’elle retient de ce bref résumé de sa journée - ça, et le fait qu’il soit à l’heure simplement parce qu’il a triché.

Ezra ne pouvant finalement pas s'empêcher d’être Ezra, elle sent la question stupide arriver dès lors que son sourire change et devient celui d’un gamin imbécile. Il en a plein, des sourires, et elle ne sait toujours pas si elle aime ou déteste celui-ci. « T’as de la crème solaire au fait ? J’ai pas réussi à trouver la mienne et j’ai surtout eu la flemme de la chercher en réalité. » Sa main lui sert à venir lui apposer une légère tape à l’arrière du crâne, simplement amoindrie parce qu’il conduit et qu’elle ne veut pas mourir jeune. Ce n’est de toute façon pas comme si elle avait aucune crédibilité dans le rôle de la petite amie en colère pour des subtilités comme celle-ci. “Et on parie combien que tu vas avoir la flemme de la mettre aussi ?” Bien sûr qu’elle a de la crème solaire ; bien sûr qu’elle a même un sac tout entier réservé à Ezra, entre une brosse à dent, des chaussettes, du gel douche et tout un tas d’autres choses qu’il a forcément oublié de prendre, elle s’est chargée de tout. “Je t’ai pris une casquette aussi, ne te manque plus que l’appareil photo et tu ressembleras vraiment au parfait touriste.” Ca, c’est s’ils ils sortent du chalet, ce qui est loin d’être certain puisqu’il a insisté pour avoir une piscine et qu’elle ne trouve pas l’idée si horrible que ça, au final. Elle n’irait pas jusqu’à dire qu’il avait raison, mais presque.


***

“Je prends le coussin le plus moelleux !”

Sans doute n’a-t-elle pas à se battre pour avoir la meilleure chambre (puisqu’il n’y en n’a qu’une, en fait, le problème est assez vite réglé), mais Lily trouve toujours le moyen de se trouver une raison suffisante pour avoir le droit d’ouvrir toutes les portes comme une enfant et découvrir leur chalet pour quelques jours. Les photos sur internet, vous savez, ça ne rend jamais pareil - c’est son argument phare. “Et ne touche pas aux macarons, c’est plus l’heure.” Elle repasse la tête derrière la porte pour le prévenir, son index pointé en la direction du brun telle une arme mortelle. Elle a même les sourcils froncés, Lily, pour ajouter du poids à son argument pendant qu’elle défait sa valise comme s’ils allaient rester une éternité. “T’as gagné le droit de te mettre de la crème solaire, tu vois à quel point t’es un gars hypeeer chanceux quand même ?” Elle bouge de partout, ne s’arrête pas, a abandonné deux sacs à l’entrée et le troisième dans leur chambre et maintenant c’est avec ladite bouteille qu’elle revient, triomphante, avant de la lui poser entre les mains. Ce sont ses lèvres contre les siennes et le baiser qu’elle partage enfin avec lui qui sont supposés faire oublier toute l’ironie et la moquerie dans ses mots. “C’était une bonne idée. L’air frais.” D’un ton bien plus apaisé cette fois-ci, elle le lui confesse les yeux dans les yeux, sincère.

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@lily mcgrath

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Il réussit tout de même à lui arracher un petit rire, à Lily, lorsqu’il vint souligner qu’il avait réussi à se préparer pour être à l’heure de son côté - en tous cas, elle ne l’avait pas mal pris et ça aurait vraiment été dommage de commencer le weekend sur une telle note. « Frank a de vraiment bonnes idées, parfois. » Il vint étirer un petit sourire, alors que la main de Lily jouait avec ses cheveux, glissait sur sa nuque, venait lui arracher un petit frisson. « Le répète pas quand il est dans le coin, il prendrait la grosse tête. » Il viendrait surtout se moquer d’Ezra parce-qu’aucune occasion était à manquer, et s’il voyait la jeune femme au garage il viendrait s’assurer auprès d’elle que le Beauregard mangeait de nouveau bien ses trois repas par jour. Il veillait au grain, Frank, de loin pour ne pas intervenir dans des histoires qui ne le regardaient pas, mais il était là. Plus d’une fois, il avait récupéré Ezra le coeur déchiré et en sanglots dans une partie de l’arrière boutique. Plus d’une fois supplémentaire il avait fait en sorte que ses journées soient allégées pour ne pas qu’il croule sous la fatigue et l’épuisement - alors que, concrètement, c’était l’idée que le jeune homme se faisait du passer à autre chose depuis le départ des McGrath de Brisbane.

« Et on parie combien que tu vas avoir la flemme de la mettre aussi ? » Il avait dévié la conversation vers quelque-chose de plus léger, faisant en sorte de venir remettre les pieds dans le présent - ce qui lui avait valu de récolter un taquer derrière les oreilles de la part de Lily alors qu’il lui avouait ne pas voir eu le courage de chercher la crème solaire dans son appartement. « Oui, mais tu pourras me la mettre pour moi alors c’est pas si grave. » Détournant prudemment son regard de la route l’espace de deux secondes et pas un dixième de plus, il vint étirer un des sourires les plus forcés que la terre ait pu connaitre en direction de Lily. « Je t’ai pris une casquette aussi, ne te manque plus que l’appareil photo et tu ressembleras vraiment au parfait touriste. Il vint laisser échapper un petit rire, s’imaginant le look qu’il aurait habillé de la sorte. Secouant légèrement la tête, sa main libre vint attraper celle de la demoiselle toujours logée contre sa nuque, pour venir y déposer un léger baiser. « Qu’est-ce que je ferai sans toi mon Dieu. » Il étirait un petit sourire amusé mais clairement, ces derniers temps, il ne ferait pas grand chose sans la jeune femme. Elle était son pilier et son roc, la personne qui lui permettait de tout remettre sur les rails alors que le décor était tombé en mille morceaux autour de lui. Le restant du chemin, il ne lâcha pas la main de Lily, ses doigts noués aux siens comme on s’accrocherait à une bouée de sauvetage dans une mer agitée.

***
« Je prends le coussin le plus moelleux ! » Ils étaient à peine arrivés sur place que déjà, Lily était aux quatre coins du chalet pour venir étaler leurs affaires dans les pièces où elles appartenaient - respectivement les valises dans la chambre et les cinquante deux Tupperware dans le réfrigérateur de la cuisine. Il la regardait faire, Ezra, étant plutôt du côté de la force tranquille et de ceux qui défaisaient au fur et à mesure les affaires dont il avait besoin - et qui plus était, il y avait de fortes chances que Lily ait plus de choses utiles dans ses valises que lui dans les siennes, c’était davantage utile qu’elle vide ce qui lui appartenait. En attendant, Ezra ne pouvait s’empêcher de venir inspecter les différentes boites plastiques laissées à même la grande table de la salle à manger, à la recherche d’une de celles qu’il avait aperçu plus tôt dans la voiture. « Et ne touche pas aux macarons, c’est plus l’heure. » Il releva la tête, sourcils haussés tellement haut que cela prouvait que la surprise était de taille, alors que Lily pointait un doigt menaçant dans sa direction. « Comment tu sais ? » Parce-qu’il était aussi discret qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine, voilà le pourquoi du comment. « T’as gagné le droit de te mettre de la crème solaire, tu vois à quel point t’es un gars hypeeer chanceux quand même ? » Il n’eut même pas le temps de lui répéter qu’il préférait qu’elle le fasse elle-même, lui mettre de la crème solaire, que déjà le tube se trouvait dans ses mains et les lèvres de Lily sur les siennes. Un sourire délicat vint s’étirer sur celles du jeune homme.

« C’était une bonne idée. L’air frais. » Il vint verrouiller ses bras autour de sa taille, et après être resté un instant de plus à plonger le bleu de ses yeux dans l’azur des siens, vint embrasser chaque parcelle de peau disponible entre ses lèvres et sa clavicule, en passant par sa joue et sa nuque. « J’ai toujours que des bonnes idées. » Faux, mais rien que pour la blague il osait, sourire venant chatouiller l’épiderme de la demoiselle. Il était fort probable qu’elle vienne en profiter pour lui assener une petite tape de nouveau dans le creux de sa nuque à lui - mais il l’aurait mérité. Il vint finalement redresser son visage, volant un nouveau baiser à la jeune femme au passage. « Est-ce que je réserve directement une table pour le restaurant de la ville d’à côté pour ce soir ou est-ce que t’as un programme déjà plein à craquer qu’il faut suivre à la lettre ? » La bonne réponse à cette question n’existait pas. Qu’importe ce que Lily choisissait, Ezra suivrait - du moment que ce n’était pas lui qui avait besoin de venir organiser les choses. Il voulait se laisser porter par les choses, justement, se laisser aller et mettre derrière lui les mauvais souvenirs qui ne cessaient de revenir par vague alors qu’il n’avait rien demandé et que ces derniers s’étaient tus pendant des semaines et des mois. « Est-ce qu’on a le temps d’aller tester la piscine ? » Le regard amusé, le ton un brin enfantin.

D’un point de vue extérieur, ils ressemblent au parfait stéréotype du couple qui a tout pour être heureux. Techniquement, c’est le cas. Ils sont de jeunes actifs, la tête pleine de rêves et autres espoirs, et ils s’aiment. Sans doute pas de la meilleure façon qui soit, mais cela ne les empêche pas de croire que c’est la vérité et que leur proximité, au delà d’être plaisante, est surtout devenue vitale. Ses matinées préférées sont celles qu’elle passe à ses côtés et autant dire qu’il en est de même pour chaque moment de sa vie quotidienne, où Ezra s’est naturellement fait une place. Aujourd’hui elle ne s’imagine pas pouvoir tourner la page sans lui à ses côtés alors elle se raccroche à tout ce qu’elle peut, ne cherchant jamais à défaire sa main de la sienne lorsqu’il l’emprisonne entre ses doigts. « Oui, mais tu pourras me la mettre pour moi alors c’est pas si grave. » Un rire s’ensuit, sincère. Il est prévisible, son petit ami, tellement prévisible. C’est une des choses qu’elle aime chez lui. Elle n’a même pas le cœur à faire semblant d’être en colère pour lui ordonner de garder ses yeux devant lui. « Qu’est-ce que je ferai sans toi mon Dieu. » “Tu mettrais tes habits dans la machine à laver sans jamais les trier, t’imagines, quelle horreur.” Ce n’est pas ce qu’il sous entendait et elle ne le sait que trop bien. Prétendre que tout va bien est un travail qui se fait à deux, au moins, et dans cette aventure il peut compter sur Lily.

***

Après avoir arrêté de courir d’un bout à l’autre du chalet, c’est dans les bras du Beauregard qu’elle vient se réfugier, désormais parfaitement immobile et ce même quand il l’attaque d’un millier de baisers. Peut être qu’elle ne reste pas tant immobile que ça, finalement. Peut être qu’elle rigole, c’est vrai. Peut être qu’elle manque de lui dire un millier de confidences et autres remerciements, c’est vrai. Heureusement qu’elle peut au moins compter sur lui pour ne jamais trop se prendre au sérieux. « J’ai toujours que des bonnes idées. » Ses bras sont passés sur ses épaules, elle qui tente sans même s’en rendre compte de rester à sa hauteur en étant sur la pointe des pieds. Son sourire est sincère et cette fois, ses yeux sont brillants pour de bonnes raisons seulement. “A un ou deux milliers près, ouais.” Si elle ne râle pas davantage, ce n’est que parce qu’elle est occupée à l’embrasser dès l’instant qui suit et si jamais vous vous posez la question : tout est de sa faute à lui, oui, absolument.

« Est-ce que je réserve directement une table pour le restaurant de la ville d’à côté pour ce soir ou est-ce que t’as un programme déjà plein à craquer qu’il faut suivre à la lettre ? » Elle ne le connaît pas depuis aussi longtemps qu’il y paraît et pourtant il la connaît dans les moindres détails. Sourire persistant au bout des lèvres, la jeune femme laisse ses yeux dériver dans chacun des siens, profitant silencieusement de cet instant où rien de mal ne leur arrive. “Demain ?” Qu’ils profitent du chalet pour la soirée encore. Ici ils peuvent être tout ce qu’ils veulent, ils peuvent être n’importe qui - et même Ezra et Lily, juste eux, pour de vrai. Ce n’est pas le cas au restaurant et bien qu’elle apprécie l’idée, elle préférait tout de même qu’ils puissent de leurs premières heures de liberté. Quoi qu’il en soit, il se doute bien qu’elle a en effet prévu bien plus de nourriture que de raison puisque c’est ce à quoi elle occupe le plus clair de son temps : s’occuper les mains. “Mon programme plein à craquer se compose à 100% de” rester avec Ezra et profiter du week end”. Imagine la galère que ça va être.” Ironique dans chacun de ses mots, elle lui concède finalement un peu d’espace vital après avoir laissé un dernier baiser s’échapper contre sa joue. Elle ne perd pas son sourire ; pas ce soir.

« Est-ce qu’on a le temps d’aller tester la piscine ? » “Oh c’est ça que fallait que je te montre, je crois que j’ai vu un animal pas loin de là bas.”

Soudainement sérieuse à nouveau, elle l’entraîne sans délicatesse près de la piscine sur la terrasse, ses doigts noués aux siens juste au cas où il se perde en cours de route (et vraiment pas parce qu’elle les garde toujours entre les siens dès qu’elle en a la possibilité, pas du tout). Elle fait le récit de sa rencontre avec un animal qu’elle a vu gambader non loin de l’eau, elle le définit comme immense et terrifiant, elle y ajoute les gros yeux qui vont avec et son index pointe tous les endroits possibles et inimaginables pour lui expliquer que “je te jure que je l’ai vu par là”, “et par là aussi”. Finalement, alors qu’ils sont tous deux au bord de l’eau, elle retrouve un sourire enfantin une fois de plus lorsqu’elle pousse le brun dans l’eau de toutes ses forces, n’ayant au bout du compte plus aucune considération pour la crème solaire. Enfant amusée, elle finit par s’accroupir près de l’eau en attendant qu’il remonte à la surface. “Voilà, un chien mouillé. Je me disais bien que j’en avais déjà vu un quelque part.” Que l’australienne se moque encore et toujours, les cheveux de son petit ami lui revenant sur le front, gorgés d’eau. “On peut vraiment pas aller au restaurant ce soir, on va être obligés de rester ici juste tous les deux.” Son sourire reste amusé mais cette fois-ci ses mots ont une toute autre dimension, parce qu’au moins quand ils ne sont que tous les deux ce sont les seuls instants où elle sait que rien de mal ne se passera ni pour lui, ni pour elle.

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@lily mcgrath

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« A un ou deux milliers près, ouais. » Il vint grogner, et imiter un agacement qui n’en avait en réalité même pas le nom. Le sourire qui vint fendre son visage la seconde d’après ne fit que de terminer de le trahir auprès de la demoiselle.

« Demain ? » Il la connaissait par coeur, Lily. Il savait très bien qu’elle avait déjà prévu son programme des jours et des jours en avance, et qu’il n’y avait pas forcément beaucoup de place pour l’imprévu à travers les activités qu’elle avait agencé avec une précision à faire pâlir les organisateurs événementiel. « Mon programme plein à craquer se compose à 100% de” rester avec Ezra et profiter du week end”. Imagine la galère que ça va être. » Le sourire qui vint, cette fois ci, se glisser sur les lèvres d’Ezra fut un sourire plus que satisfait - accompagné d’un regard plein de tendresse. « Effectivement, une vraie torture. » Qui n’en serait en réalité aucune en tous points. Ces derniers temps de toutes façons, elle était la seule personne qu’il tolérait réellement dans son entourage. Il ne faisait que jouer un rôle bien ficelé lorsque d’autres personnes étaient présentes afin de noyer le poisson. Mais lorsqu’elle était à ses côtés, lorsqu’elle venait lui sourire de la sorte et qu’elle préparait des plans aussi bien pensés rien que pour passer du temps à ses côtés, il se disait qu’il avait réellement bien fait de la laisser entrer dans sa vie en cette période qui ne semblait jamais vouloir accepter une once d’éclaircie dans les ténèbres.

Mais, ne voulant pas s’embarquer dans de telles pensées - pas en ce week-end, il se l’était promis -, il préféra plutôt demander à la jeune femme si un créneau piscine était prévu dans la soirée. « Oh c’est ça que fallait que je te montre, je crois que j’ai vu un animal pas loin de là bas. » Là où il venait aborder un sourire radieux l’instant d’avant, ce fut désormais des sourcils froncés qu’Ezra abordait sur son visage. « Un animal ? » Il était silencieusement en train de prier pour que cet animal en question ne soit pas velu et avec une paire de pattes en plus des six premières, sinon il ne répondrait plus de lui-même. Et elle vint l’entrainer dehors, Lily. Elle vint lui faire parcourir la moindre parcelle du petit jardin rattaché au chalet, lui montrant sous les buissons et derrière la cabane de jardin, jurant l’avoir vu au détour du transat alors que cet animal avait au moins trois yeux et des crocs dignes d’un vampire désormais. « Je suis désolé Lily mais là je v… » Il aurait pu avoir le temps de terminer sa phrase si la jeune femme n’était pas venu le pousser dans l’eau, venant se retrouver sous l’eau chloré en l’espace de quelques secondes, remontant à la surface les yeux écarquillés et la bouche formant un O d’étonnement parfaitement accordée. « Voilà, un chien mouillé. Je me disais bien que j’en avais déjà vu un quelque part. » Ezra vint faire un ou deux mouvements de brasse pour se rapprocher du bord de la piscine, secouant ses mèches détrempées afin de lancer des gouttes d’eau sur la jeune femme beaucoup trop amusée par sa blague. « Ah, ah. Très drôle. » Le sourire qu’il avait d’accroché au visage contredisait ses paroles.

« On peut vraiment pas aller au restaurant ce soir, on va être obligés de rester ici juste tous les deux. » Du bout des doigts, il s’accrocha au bord de la piscine, relevant son regard vers la jeune femme accroupie devant lui désormais. « Oh non, pas ça. C’est un cauchemar. » Ou en tous cas, ce que Lily pourrait surement appeler cauchemar incessamment sous peu, c’était son brushing qui se verrait ruiner à l’instant où elle toucherait l’eau - Ezra n’ayant pas perdu un instant de plus pour venir attraper la demoiselle par les bras et pour l’attirer avec lui dans l’eau, le rire malicieux et satisfait de sa contre-blague se faisant entendre à la ronde. « Comme c’est maladroit, j’ai voulu m’aider à sortir de l’eau et je t’ai faite tomber avec moi. Je suis vraiment désolé. » Il était tant désolé qu’il mit moins d’une seconde pour venir prendre ensuite la jeune femme dans ses bras, faisant passer ses jambes à elle autour de sa taille. Et là, il y resterait des heures. Avec le silence s’imposant autour d’eux, ses yeux à lui dans le plus beau des bleus que portaient les siens. Il resterait des heures à juste profiter d’un moment de douceur sans que rien ni personne ne puisse les détourner de cet objectif. Ici, tout serait plus simple le temps d’un week-end. Le temps de ce week-end. Il n’aurait pas à faire semblant, à ses côtés, et sa seule présence suffirait à lui faire oublier tout le reste.

Le Beauregard fut cependant rapidement - trop rapidement à son goût - ramené à la réalité du monde extérieur alors qu’il entendit son téléphone sonner. Il vint soupirer, fermant les yeux pendant un instant, venant cacher son visage dans le cou de la jeune femme. Il ne voulait plus l’entendre sonner, cet engin maudit. Il ne voulait plus être sollicité par autre chose que ses yeux à elle, et ses mains et ses lèvres, il ne voulait pas que ses pensées soient accaparées par autre chose que sa présence à ses côtés. Mais il ne savait pas ne pas être disponible - l’angoisse qu’un appel en absence soit finalement un appel à l’aide d’un proche à lui. « Fais moi penser à l’éteindre après cet appel là. » Et il soupira une fois de plus, venant sortir de l’eau, reposant la jeune femme sur le sol une fois qu’il touchait de nouveau les pavés séchés par la chaleur australienne. Trainant des pieds, il vint attraper l’engin maudit qu’il ne s’arrêtait pas de sonner, venant asperger le sol du chalet d’eau ici et là, soupirant avant de venir répondre à l’appel - apparemment Ian n’avait pas reçu le message comme quoi il n’était pas disponible ce week-end. « Tu veux quoi, Ian ? » L’amabilité en option non-souscrite. « Non je t’ai dit que je pouvais pas ce week-end. (…) Oui, je. (…) Le week-end prochain si tu veux, ok ? » Il se frottait les yeux de sa main disponible tout en serrant un brin de trop les mâchoires. « Non, je suis avec Lily, et oui ça va. Je t’appelle dans la semaine, ok ? Merci. »

Elle est fière de sa blague, la jeune femme, bien sûr qu’elle en est fière. Elle s’amuse autant des cheveux d’Ezra n’obéissant plus aux lois de la nature que son éternel air d’enfant outré, pris à son propre jeu. Après tout elle n’a fait que leur donner un peu plus de temps pour se baigner ; et plus ils rentraient tôt dans l’eau plus c’était chose actée, non ? « Ah, ah. Très drôle. » Autant peut-il jouer au petit ami faussement amusé, autant elle continuera à tenter de garder pour elle le plus grand et fier rire qui soit. Après tout, en ayant grandi avec un grand frère, on apprend à attaquer avant de se faire avoir.

Alors toujours sur le même ton ironique, elle esquisse peu à peu la soirée (tout sauf horrible) qu’ils sont désormais obligés de passer en face à face, sous ce chalet qui abritera bientôt tous leurs secrets. « Oh non, pas ça. C’est un cauchemar. » Redevenue une jeune adulte insouciante le temps d’un instant, cette fois-ci elle rigole franchement, ses yeux toujours portés sur lui. Et bien qu’elle ait finalement été à ça de boire la tasse, elle ne trouve pas le coeur à faire semblant de bouder lorsqu’il l’entraîne à sa suite dans l’eau. Sans doute est-elle trop occupée à dégager ses longs cheveux de son visage ou de trouver un moyen de se venger, ça, l’histoire ne le dit pas. « Comme c’est maladroit, j’ai voulu m’aider à sortir de l’eau et je t’ai faite tomber avec moi. Je suis vraiment désolé. » Et elle fronce les sourcils, retrousse ses lèvres, ne le lâche pas de ses yeux de chien battu. Même avec tous les efforts qu’elle met pour réellement tenter de paraître moindrement attristée par sa maladresse, elle est tout sauf crédible. Elle l’est encore moins, bien sûr, quand aux taquineries il laisse place à leurs instants de proximité qu’elle chérit tant. Ses jambes se placent naturellement autour de la taille du Beauregard et ses bras autour de son cou, maintenant qu’elle ne sait plus que garder son regard ancré dans le sien sans même dire une bêtise ou une blague de plus. Son sourire est sincère et il est le seul à être témoin de ce dernier, depuis de nombreuses semaines déjà. L’eau les berce, la montagne les apaise et surtout, le reste du monde ne les détruit pas.

Presque pas, et elle s’en doute dès l’instant où la sonnerie du téléphone d’Ezra se fait entendre. Il perd son souffle contre sa peau et le long frisson qui s’ensuit n’est en rien dû au froid qu’il aurait pu ramener contre elle, ce qui n’aurait pas non plus été la raison pour laquelle elle dépose une dernière fois ses lèvres contre sa nuque, bien loin de toutes taquineries. Ezra espère toujours que son téléphone sonnera pour une bonne raison, un jour, mais elle a appris que ce n’était jamais le cas. Il n’est qu’un outils de plus pour le faire tomber de Charybde en Scylla et elle assiste à la scène, impuissante, son sourire déjà teinté de crainte lorsqu’il la repose au sol. « Fais moi penser à l’éteindre après cet appel là. » Elle ne sait pas si elle le fera, alors Lily continue de rester interdite et sort à son tour de l’eau. Le jeu est déjà terminé et il n’a même plus aucune importance désormais. Elle se rapproche des bacs sur le côté de la piscine pour en sortir des serviettes, posant la première autour de ses épaules et avançant doucement à l’intérieur du chalet pour en faire de même avec le brun.

« Tu veux quoi, Ian ? » La famille, ce n’est jamais un bon signe quand ils appellent.

« Non je t’ai dit que je pouvais pas ce week-end. (…) Oui, je. (…) Le week-end prochain si tu veux, ok ? » Elle gomme les derniers mètres entre eux pour venir lui poser la serviette sur ses épaules et venir prendre dans sa main celle qui lui servait à se frotter les yeux. Silencieuse, elle tente de faire passer ses doigts entre les siens pour délier ses muscles tendus et à cran. Il n’y a pas de remède magique à ce qu’ils vivent alors elle tente simplement de faire du mieux qu’elle le peut.

« Non, je suis avec Lily, et oui ça va. Je t’appelle dans la semaine, ok ? Merci. » Tendant la main d’un geste assuré (quand bien même elle n’a rien d’assurée), elle replonge ses yeux dans les siens pour l’intimer à lui donner son téléphone. “Je m’occupe des appels pour ce week end.” Elle ne l’éteindra pas, bien trop consciente de ce qui pourrait être porté à sa connaissance d’un instant à l’autre, mais au moins elle prendra soin de filtrer tout ce qui n’est pas important. Lui aussi, il a besoin de se reposer, en trahissent ses traits tirés et son caractère bien plus à fleur de peau que d’usuelle. “Il pensait sûrement bien faire.” Elle assure, quand bien même il reste évident qu’Ezra connaît bien mieux son aîné que ce ne sera jamais son cas. Pour paraître convaincante, elle place ses mains sur les bouts de sa serviette et les lui replace sur le torse pour éviter qu’elle tombe. Sur la pointe des pieds ensuite, c’est le plus doux des baisers qu’elle vient déposer contre sa mâchoire. “T’as dormi cette nuit, Ezra ?” Son ton a changé du tout au tout alors que ses doigts passent désormais un à un contre son visage, sur sa joue et sous ses yeux. Elle sait déjà que la réponse ne lui plaira pas mais ce n’est pas pour autant qu’elle ne veut pas entendre la vérité. A défaut de s’octroyer le droit de demander ce que Ian voulait, elle perpétue son héritage en prenant soin de son frère autant qu’elle le peut. “On est pas forcés de faire quoi que ce soit ce week end. On peut juste rester là et compter le nombre de lattes du chalet.” Elle peut passer deux jours à le garder dans ses bras et le noyer de baisers sans que jamais cela ne pose le moindre problème.

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an de grâce 2010.
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Ils étaient heureux, pendant l’espace d’un instant. Ils étaient heureux et le soleil commençait lentement sa course vers l’horizon, en accord parfait avec le moment. Leurs rires venaient se répercuter dans le silence de la montagne et personne ne pouvait venir juger s’ils avaient le droit d’agir de la sorte ou s’ils se devaient faire preuve d’une discrétion qui ne leur plaisait pas. Pendant l’ombre d’un moment, le monde leur appartenait et ils embrassaient ce ressenti autant que la moindre parcelle de peau disponible sur le visage de l’être cher.

Les instants de cette espèce ne duraient jamais bien longtemps, dans leur monde, malheureusement. La sonnerie du téléphone d’Ezra n’était qu’un exemple parmi une liste bien trop longue et trop honteuse pour qu’elle puisse être nommée sous aucun prétexte. Mais il vint tout de même y répondre, qu’importe si ça pouvait venir perturber la bulle dans laquelle ils se glissaient, juste avant ça, Lily et lui. Parce-qu’une sonnerie de téléphone pouvait annoncer n’importe quelle nouvelle. De mauvaises, certes, mais ce n’était pas ces dernières qu’il attendait souvent, la nuit, en silence alors que le monde extérieur se reposait d’une éreintante journée. Les mauvaises nouvelles, de toutes façons, il savait les accueillir comme des vieilles amies - c’était les déceptions ne pas en recevoir de bonnes qu’il appréhendait encore, le Beauregard.

« Je m’occupe des appels pour ce week end. » Il n’avait même pas eu besoin de prononcer le moindre mot qu’elle avait déjà tout compris, Lily. Il n’avait même pas eu besoin d’échanger un seul regard avec elle que déjà, elle posait une serviette sèche sur ses épaules, elle remettait ses cheveux en place et prenait en charge son coeur alourdi. La communication verbale n’était pas nécessaire, dans des moments comme celui là, où Ezra sentait qu’il perdait quelque peu pied alors que Ian n’avait même pas prononcé son prénom au téléphone. Il n’avait pas eu besoin - il avait beau lui sortir toutes les meilleures excuses au monde,  Ezra savait parfaitement pour quel motif son frère faisait en sorte de s’assurer qu’il n’était pas seul ce week-end. Si ses plans d’emmener le benjamin des frères Beauregard oublier ses peines dans un marathon de jeux d'alcool et autres histoires à s’en faire mal au crâne pour six mois, le savoir avec Lily avait permis qu’il lâche l’affaire assez rapidement. Alors, le bleu de ses yeux dans ceux de sa belle, le jeune homme consentit à lui déposer son téléphone dans le creux de sa paume. Elle saurait faire le tri, si c’était nécessaire. Elle savait très bien les informations qui pourraient être amenées à lui faire du bien d’entendre - autrement dit, aucun appel ne serait bénéfique à ce weekend et le téléphone hors de sa portée était une bonne initiative.

« Il pensait sûrement bien faire. » Inspirant de façon fragile une bouffée d’air, Ezra vint hocher légèrement la tête. « Je sais. » Le ton employé était tout autant fragilisé que les inspirations qu’il se forçait à prendre comme si tout dans le monde allait bien. Ce n’était même pas par rapport à Lily qu’il faisait ça - il avait abandonné depuis longtemps l’idée de paraitre devant la jeune femme -, c’était pour se convaincre lui-même que tout allait bien aller et que tout était sur une meilleure pente. Alors, afin de reprendre des forces autant qu’il le pouvait, il vint fermer les yeux pour apprécier d’autant plus le baiser qu’elle vint délicatement déposer sur sa mâchoire. Pourquoi le monde ne pouvait-il pas être aussi simple que ça ? Une femme aimante, un paysage magnifique et aucun autre soucis dans les pattes.

« T’as dormi cette nuit, Ezra ? » La douceur des doigts de la demoiselle contre sa peau contrastait parfaitement avec le sérieux des mots qu’elle venait prononcer. Ezra vint rouvrir ses yeux, les plongeant un instant un seul dans les siens avant de détourner le regard. Elle attendait une réponse, une vraie, et il s’apprêtait à lui donner sans l’once d’une hésitation - ce qui ne l’empêchait pas de se sentir démuni de le faire, malgré tout et après tout le reste de leur histoire partagée à deux. « A peine quelques heures… » Il n’avait pas besoin de lui faire un dessin du pourquoi il n’avait pu dormir plus, du comment ses pensées ne l’avaient pas laissé tranquille assez longtemps pour trouver un semblant de paix et d’apaisement dans l’idée de dormir du sommeil du juste. Il n’avait pas besoin de lui expliquer quoi que ce soit, parce-qu’elle connaissait déjà malheureusement tout par coeur, Lily. Autant pour ses histoires à lui que pour son vécu à elle. « On est pas forcés de faire quoi que ce soit ce week end. On peut juste rester là et compter le nombre de lattes du chalet. » Il vint tiquer quelque peu sur sa proposition, bien qu’alléchante, qui ne lui semblait tout sauf bienvenue. Il se connaissait assez Ezra pour savoir que s’ils restaient dans le chalet à attendre que le temps passe, ce serait la porte ouverte à tous types de pensées - et tous les types voulait aussi dire les types les moins gracieuses.

Avalant avec difficulté sa salive, il vint attraper l’une des mains de la jeune femme, pour venir y déposer un baiser, laissant son regard s’en aller toujours bien loin de son visage et de ses yeux - il ne savait pas s'il était assez émotionnellement stable pour se permettre d’y plonger trop longtemps, dans le bleu marin qu’ils représentaient, ses yeux. « J’ai besoin de garder l’esprit occupé. Sinon… » Il vint soupirer, trop lourdement pour que ce soupire n’ait pas de double-sens. « J’ai besoin de rester occupé. » Sinon, il allait se rappeler plus que de raison qu’il y a un an, jour pour jour presque, il pouvait enfin faire des présentations officielles auprès des membres de sa famille qui étaient se piliers, ses repères, d’une personne qui depuis était venue ruiner sa vie et son coeur par la même occasion. « T’as prévu quelle activité en premier pour ce soir ? » Sa voix rauque trahissait le fond de sa pensée mais il était sincère lorsqu’il venait manifester son intérêt pour ce qu’avait prévu la jeune femme pour leur weekend. Même si elle lui annonçait qu’il fallait construire lui-même le barbecue pour pouvoir profiter du diner du soir-même, il serait satisfait de sa réponse.

Poser la question était déjà difficile mais en connaître par avance la réponse qui allait fuiter des lèvres de l’australien l’était bien davantage encore. « A peine quelques heures… » Lily souffle doucement à son tour, désolée que rien ne s’arrange et que le monde ne cesse encore et toujours de le tourmenter. Elle passe le plus doucement du monde ses mains autour de ses côtes et les repose dans son dos, le caressant à peine sur le tissu détrempé par sa faute. Ses mots ne sauront rien changer à ce qu’il ressent alors elle essaye simplement de le calmer, posant sa tête contre son torse et prenant le temps de panser silencieusement ses blessures. Elle se détache à peine au moment de l’interroger sur ce qu’il advient de leur week-end, laissant sa main se voir assiéger de ses lèvres. « J’ai besoin de garder l’esprit occupé. Sinon… » Il soupire et elle arrête de respirer au même instant. La main de la jeune femme n’a pas le temps de retomber le long de son corps qu’elle la pose à nouveau contre son visage. Il a peut-être ses yeux ailleurs, mais ce n’est pas son cas à elle qui refuse de l’abandonner la moindre seconde. « J’ai besoin de rester occupé. » Et c’est à ce moment-là que son propre souffle fait écho à celui du Beauregard. “Alors on va rester occupé.” C’est un travail d’équipe, tout ça. Ce week-end, leur couple, leurs blessures et leurs remèdes. Tout. Ils le font à deux ou ils ne le font pas du tout - et il vaut mieux ne pas penser à la seconde possibilité.

Et il mène la danse, Ezra, alors s’il souhaite changer de sujet, elle le suivra toujours dans cette même idée. « T’as prévu quelle activité en premier pour ce soir ? » Le programme n’est pas aussi calibré qu’il le pense sûrement mais ce n’est pas un problème. Elle a de la ressource et elle a de l’imagination. Pour avoir vécu plusieurs années en tant que fille unique qui passait son temps à bouder Alfie, elle a bien dû se trouver des occupations partout où elle le pouvait. “Déjà je ne sais pas pourquoi vous avez eu l’idée de plonger tout habillé dans la piscine, Monsieur Beauregard, mais ce n’est certainement pas une tenue appropriée.” Elle sourit, rigole, accuse de son index à peine enfoncé sur son plexus. Ses yeux recommencent déjà à briller et elle espère qu’il en sera de même pour les siens, toujours prête à passer d’un état à un autre en quelques secondes. L’expérience, l’habitude, appelez ça comme vous voudrez. De toute façon, elle est désormais toute aussi trempée que lui, le parquet portant la marque de chacun de leurs pas sans aucune discrétion. “Et je te vois venir, t’as pas le droit de te balader tout nu sous prétexte qu’il fait chaud et qu’il n’y a que nous deux.” Est ce qu’elle passe son temps à le sermonner pour un oui ou pour un non avant même qu’il n’ait eu le temps d’ouvrir la bouche ? Absolument, oui. C’est sa manière à elle de montrer aux gens qu’elle les aime, et Ezra fait indéniablement partie de cette faible portion de la population. Ne lui dites pas qu’il est celui qui compte sûrement le plus, parce qu’il prendrait la grosse tête et que cela lui va bien mal au teint.

De ses bras elle lui désigne le chemin à suivre jusqu’à la chambre à la manière d’une hôtesse de l’air. Les sacs sont à peine défaits mais il a bien assez d’habits pour tenir un mois (un an, si on prend en compte sa vision des choses selon laquelle un t-shirt ne se change que lorsqu'il commence à sentir mauvais) et puisqu’elle n’en est pas au stade de lui choisir quoi le laisse porter, elle le laisse se débrouiller. La brune en profite à son tour pour enfiler une robe, priant au fond d’elle pour ne pas finir au fond de la piscine une fois de plus sans son consentement, parce que vraiment le tissu n’aimerait pas du tout un tel traitement - et ça, Ezra s’en moque. “Je pensais cuisiner, en fait.” Elle se bat avec le jean de son short qui est impossible à enlever, tirant la langue comme si cela allait moindrement l’aider à faire mieux. C’est plus simple pour elle d’expliquer le sujet en faisant autre chose. “Je sais que ça vend pas du rêve, dit comme ça. Mais je faisais ça avec ma mère, quand mon père était occupé.” Occupé à battre Joseph est le sous entendu qu’il connaît et dont elle n’a par conséquent pas à évoquer de nouveau. C’est acté, ça aussi. “Et ça peut être bien, pour de vrai. En plus après ça veut dire qu’on pourra manger, et tu peux pas dire que ça c’est pas une bonne chose.” La gamine en son cœur a arrêté de se battre avec ses habits simplement pour relever les yeux vers Ezra dont les sillons se sont fait plus visibles que depuis le jour où elle l’a connu. Il ne mange pas tout le temps, et elle doute même qu’il mange réellement quand elle n’est pas dans les parages. Ce week-end pourtant, au milieu de la liste de tous ses impératifs, entre celui de le voir sourire autant que possible et de penser à rigoler à ses blagues nulles se trouve celui de le faire manger à tous les repas. “A moins que t’aies peur que mon repas soit meilleur que le tien, bien sûr.” Elle esquisse un dernier sourire, misant sur un quelconque esprit de compétition pour obtenir son approbation sur le programme de la soirée.

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@lily mcgrath

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Ses gestes étaient doux, à Lily. A chaque seconde et à tous les instants où elle le sentait fragile sous son toucher, elle restait douce avec lui. Elle faisait en sorte qu’il puisse prendre toute la place qu’il désirait pour s’épancher sur ses ressentis - et si, comme présentement, il préférait ne simplement pas en parler, ça lui allait aussi. Un drôle d’équilibre, qu’ils s’étaient construits dernièrement. Quelque-chose qui semblait autant solide qu’instable, et qui venait parfaitement illustrer ces deux propos. Ils se reconstruisaient sur des bases à peine solides, mais en le faisant ensemble, ils en ressortaient plus forts qu’avant. « Alors on va rester occupé. » Et elle ne venait pas poser plus de questions. Elle savait exactement ce qu’il pouvait ressentir et ce qui s’en venait comme pensées par la suite. Rester occupé était le meilleur moyen pour Ezra de ne pas laisser ses pensées aller par là-bas, justement - et il en avait terriblement besoin en ce weekend. Ses lèvres à lui vinrent se poser au creux de ses mains à elle, et le regard qu’il vint lui donner était vide d’émotions mais rempli de sous-entendus. Lily les connaissait déjà tous - il n’avait pas besoin de s’exprimer pour les expliquer.

Et le mieux selon son point de vue pour ne pas rester fixé sur un quelque-chose en particulier qui risquait de lui faire tourner le moral de nouveau, c’était d’aller de l’avant - de penser à autre chose - de planifier ce qu’ils feraient après cet instant. Il savait que Lily avait plus d’un tour dans son sac et qu’elle avait prévu mille choses pour ce weekend, alors il vint se reposer sur elle pour lui indiquer la suite du programme. « Déjà je ne sais pas pourquoi vous avez eu l’idée de plonger tout habillé dans la piscine, Monsieur Beauregard, mais ce n’est certainement pas une tenue appropriée. » Même si son regard refusait de se teinter d’une couleur plus joyeuse, le coin de sa bouche vint se lever légèrement, montrant qu’il était tout de même réceptif à son humour. « Et je te vois venir, t’as pas le droit de te balader tout nu sous prétexte qu’il fait chaud et qu’il n’y a que nous deux. » Ezra vint secouer quelque peu la tête, de façon si peu expressive que Lily était la seule assez proche pour percevoir le geste - de toutes façons, personne d’autre n’était présent autour d’eux. « Une occasion loupée. » Pour lui de profiter d’avoir une excuse pour se balader dans la tenue de son choix, pour elle d’admirer son corps à longueur de temps - il n’avait cependant pas encore assez de force pour venir formuler cette remarque à haute voix.

La main de Lily vint par la suite lui montrer le chemin jusque la chambre, comme s’il ne le connaissait pas tout seul encore. Conciliant, il vint se déplacer dans la direction indiquée, atterrissants l’instant d’après dans la chambre donnant vue sur la montagne et sur le soleil couchant. « Je pensais cuisiner, en fait. » Le sérieux venant de nouveau teinter ses paroles. « Je sais que ça vend pas du rêve, dit comme ça. Mais je faisais ça avec ma mère, quand mon père était occupé. » Les tenants et aboutissants de toute cette histoire, de toutes ces histoires même, il le connaissait malheureusement déjà par coeur Ezra. Il n’était pas le seul à savoir se dévoiler lorsque la jeune femme était à ses côtés, le contraire était tout aussi vrai. Et s’il avait eu la chance d’avoir ce qu’on pouvait appeler une enfance épanouie, tout n’avait pas été rose du côté de Lily. Alors bien sûr, sa mâchoire se serra un instant lorsqu’elle mentionna cette partie là de ses souvenirs - il ne désirait pas qu’ils viennent plomber son moral à elle; autant de façon égoïste parce-qu’il avait besoin d’elle plus que jamais, mais également parce-qu’elle n’avait jamais mérité un tel fardeau. « Et ça peut être bien, pour de vrai. En plus après ça veut dire qu’on pourra manger, et tu peux pas dire que ça c’est pas une bonne chose. » Un sourcil qui vint se hausser pendant quelques secondes, et il ne put s’empêcher d’approuver d’un signe de tête. Elle cuisinait bien, Lily, toujours mieux que lui dans tous les cas - et ce n’était pas forcément le fait qu’elle sache bien le faire ou non qui lui plaisait, mais plutôt le fait qu’elle fasse ça pour lui.

Ses yeux à elle vinrent se plonger dans les siens alors qu’elle cessait de se battre avec son jeans encore détrempé et lui collant à la peau. Si d’ordinaire, il aurait eu le temps de faire mille et une blague dessus, Ezra n’avait fait le moindre commentaire jusqu’alors. « A moins que t’aies peur que mon repas soit meilleur que le tien, bien sûr. » Et enfin, un sourire vint faire écho à celui de la jeune femme sur les lèvres d’Ezra. Enfin, après plusieurs minutes écoulées, il semblait retrouver un semblant de contenance - son état était toujours mieux et plus réactif que celui dans lequel il était en train de lentement et dangereusement glisser quelques minutes auparavant. « J’en doute même pas. » Il vint faire quelques pas pour déposer un baiser sur le front de la jeune femme. « T’aurais trop peur que je t’empoisonne de toutes façons. » Et elle aurait totalement raison. Il était plus un adepte des plats réchauffés ou commandés que ceux faits maison, lorsqu’il était question de cuisiner, là où en revanche il adorait venir déguster les plats qu’on pouvait lui faire aux petits oignons. Lily faisait ça très bien, d’ailleurs.

La chose qu’elle ne savait présentement pas faire en revanche, c’était de se déshabiller correctement. « Laisse moi t’aider. » La prenant par les épaules avec une douceur à l’infini, Ezra vint inciter Lily à venir s’asseoir sur le bord du lit, afin qu’il puisse l’aider à retirer le tissu mouillé et collant de ses cuisses. Après tout, il était le responsable de ce dégât, il pouvait se permettre de lui donner également un coup de main à réparer les dégâts. Deux temps, trois mouvements - ce fut en totalité ce qu’il lui fallut pour venir à bout de ce vêtement récalcitrant. Accroupie devant la jeune femme désormais, les doigts d’Ezra vint effleurer la peau nue et fraiche de la demoiselle, remontant de ses chevilles à ses cuisses, ses yeux venant se plonger dans les siens. « Viens prendre un bain avec moi. » Une once d’éclat retrouvé venait luire dans le bleu de ses yeux à lui. « On pourra profiter du coucher de soleil, comme ça. » Et il pourrait la garder dans ses bras, peau contre peau, dans l’eau chaude pendant des heures s’il en avait envie. Il pourrait laisser sa chaleur venir réchauffer son coeur. « Promis, tu pourras m’empoisonner après. » Et un semblant de blague qui vint enfin refaire surface, comme s’il réussissait de nouveau à respirer après être resté trop longtemps en apnée. Ses lèvres vinrent effleurer les genoux de la jeune femme, ses mains vinrent attraper les siennes alors qu’il se relevait face à elle. « Viens. » Presque suppliant.

« Laisse moi t’aider. » Elle aurait catégoriquement refusé qu’il l’aide à faire quoi que ce soit si les circonstances avaient été différentes. Ce soir pourtant elle se laisse porter sans un bruit et se révolte tout aussi peu contre ce geste qu’elle sait empli de bonnes intentions. C’est aussi la première fois qu’il enchaîne quelques mots depuis l’appel de Ian et elle sait à quel point ils sont précieux et importants, raison pour laquelle elle s’observe seulement faire d’un demi sourire, autant inquiet qu’aimant. Sa peau réagit sous le contact de ses doigts, habitude dont elle souhaite ne jamais se lasser. Il est doux, délicat et bien intentionné et jamais elle n’aurait pu se remettre aussi vite des derniers incidents survenus dans sa vie s’il n’en avait pas fait partie à ce même moment. C’est par habitude aussi qu’elle garde le bleu de leurs deux yeux ancré dans celui de l’autre alors qu’elle sourit pour deux, têtue, bien décidée à trouver un moyen de lui remonter le moral. « Viens prendre un bain avec moi. » Lily hoche de la tête une première fois sans se laisse le moindre temps de réflexion, lequel aurait été de toute façon totalement superflu. Elle trouve l’idée bonne et désormais plus que ça encore : nécessaire. « On pourra profiter du coucher de soleil, comme ça. » Elle voudrait lui dire qu’il n’a pas besoin d’utiliser aucun argument et qu’il prêche une convaincue mais le simple fait de l’entendre parler avec un sourire (faible mais existant) au coin des lèvres suffit à la rendre heureuse et la rassurer. Qu’il argumente, donc, entre-temps ses doigts viennent se poser près de sa tempe et dans ses cheveux, quand lui l’embrasse sur le genoux. « Promis, tu pourras m’empoisonner après. » Son silence est rompu par le rire qui s'ensuit, franc et véritable, alors qu’elle ne perd pas la moindre seconde pour nouer ses doigts aux siens et caresser doucement sa peau de son pouce. « Viens. » Face au ton de ces derniers mots, Lily se relève surtout pour de nouveau être à sa hauteur pour l’embrasser avec délicatesse, les empreintes de doigts de sa main libre effleurant à peine les joues (trop) saillantes du brun. Un nouveau sourire plus tard et un hochement de tête supposé être rassurant, elle se laisse guider jusqu’à la nouvelle pièce et la raison n°117 du pourquoi du comment ils voulaient ce chalet et aucun autre.

Dès lors elle s’active aussitôt pour commencer à faire couler l’eau, assez chaude pour que de la vapeur s’en dégage aussitôt et ses doigts partent à la recherche de produits en tout genre pour mettre dans le bain. Cette fois-ci il s’agit bien plus de curiosité que de besoin vital, c’est bien vrai, mais une fois la pièce passée au peigne fin, elle vient à son tour aider Ezra à défaire sa chemise. Il n’aurait pas eu besoin de son aide mais elle le laisse croire être indispensable alors qu’elle l’embrasse entre ses clavicules avant de s’occuper des boutons. Leurs deux téléphones laissés dans la chambre, cette fois-ci rien ni personne ne pourra venir mettre à mal son moral déjà peu flamboyant, elle en fait le serment. Le reste des habits rejoignent le sol et eux entrent dans le bain dont elle ajuste ensuite la température de l’eau pour qu’elle soit acceptable. Entre temps, sa main a retrouvé la sienne et sa tête se retrouve à se poser contre son épaule, face aux montagnes, comme convenu. Elle a passé un bras sous son dos et caresse désormais ses côtes du bout de ses ongles, par habitude, pour tenter de le rassurer. “Tout va bien se passer. Je te le promets.” Elle espère ne pas lui mentir, du plus profond de son cœur, ses lèvres posées sur son épaule sans que jamais elle ne l’embrasse réellement ni ne souhaite les retirer de là. “Je resterai avec toi.” Peu importe ce qu’il se passe ou advient du futur, elle reste au moins certaine de cela. Quand les choses s’arrangeront - parce que c’est ce qui va se passer, elle en est persuadée - alors elle restera toujours à ses côtés, même s’ils n’en ont plus autant besoin qu’à l’heure actuelle. “Rien que pour pouvoir continuer à t’empoisonner.” Un sourire naît doucement sur ses lèvres alors qu’elle remonte son regard dans celui du brun.

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@lily mcgrath

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Pas un instant, pas un seul, elle avait hésité avant de venir hocher délicatement de la tête. Lily était venue approuver le plan improvisé sur le tas par Ezra, là où d’autres choses pouvaient déjà être planifiées pourtant depuis des jours et des semaines. C’était l’avantage de ce weekend - ils pouvaient venir tout modifier au gré de leurs envies, n’étant soumis à aucun planning et à aucunes autres contraintes que celles de profiter du moment présent; le reste du monde les attendrait lorsqu’ils reviendraient en ville en fin d’évasion, ils n’avaient pas à s’en préoccuper pour le moment. Là où ils auraient du diner d’abord pour ensuite vaquer à autre chose, ici ils pouvaient faire ça dans le sens qui leur plaisait, rien ne venait les en empêcher.

Alors, Lily ne perdit pas plus de temps avant de venir se diriger vers la salle de bain, de faire en sorte que l’eau du bain vienne remplir la baignoire et que cette dernière soit parfumée de toutes les odeurs disponibles avec la location du chalet. S’il avait été un brin plus bavard pendant les quelques minutes écoulées précédemment, Ezra se retrouvait complètement muet à venir observer s’affairer la jeune femme. Il se trouvait généralement étonnement apaisé à la voir maitriser, elle, la situation. Il n’avait plus qu’à se laisser porter, à venir profiter de ce qu’elle amenait à lui sur un plateau. Laisser ses pensées en sourdine, les souvenirs allant de paire avec loin derrière lui. Les doigts de la jeune femme qui vinrent défaire les quelques boutons restants de sa chemise toujours humide, et Ezra la laissa faire du début à la fin. Il aurait été capable d’y mettre la main à la patte, mais il préférait davantage quand c’était elle qui s’en occupait que lorsque c’était lui qui s’en chargeait tout seul comme un grand.

« Tout va bien se passer. Je te le promets. » L’eau chaude les entourait, tout autant que les bras de Lily autour du corps d’Ezra et que l’inverse également. Il ne cessait de laisser courir le bout de ses doigts le long de la peau de la jeune femme, montant et redescendant le long de son bras. Leurs respirations semblaient s’être synchronisées, le regard d’Ezra se portait bien au delà de la pièce dans laquelle ils se trouvaient - venant à l’encontre des décors de la montagne et du soleil les couchant au loin. « Je resterai avec toi. » Un soupire, lent et las, s’échappa d’entre ses lèvres. Pas qu’il en vienne à douter des paroles de la jeune femme - il ne l’avait jamais fait et ce n’était pas prêt d’arriver - , mais simplement qu’il était quelque peu épuisé qu’elle doive lui répéter sans cesse. Comme si son cerveau ne savait comment retenir cette information et préférait se rediriger automatiquement vers les souvenirs douloureux. « Je sais. » Qu’il réussit tout de même  à venir murmurer du bout des lèvres, dans un souffle presque inaudible si Lily ne s’était pas tenue si proche de lui. « Rien que pour pouvoir continuer à t’empoisonner. » Un léger mouvement de ses lèvres vers le haut venait traduire le sourire qui ne saurait s’exprimer correctement en cet instant. « Au moins pour ça. » Ses yeux se perdirent un instant dans ceux de la jeune femme avant de venir lui voler un baiser rapide, mais qui transmettait toute la reconnaissance et l’amour qu’il lui portait.

« Tu voudras un verre de vin blanc ou de vin rouge ? Je vois qu’ils ont les deux à disposition inclus dans la location du chalet. » Il avait réussi à mettre l’appel de son frère et deux heures s’en suivant de côté. Il avait réussi à reprendre une contenance certaine et à chasser certains vieux démons pour se concentrer sur la présence de Lily à ses côtés. Elle était merveilleuse, elle, comme toujours. Elle venait lui porter attention au moindre sourire de travers ou à la moindre parole chancelante, elle venait ajuster la cuisson du plat d’un main tout en s’osant à un petit rire aux blagues nulles de son cher et tendre l’instant d’après. Ezra, lui, s’était donné comme mission de remplir leurs deux verres et de mettre des bougies sur la table dressée par ses soins également - cela permettait d’avoir une atmosphère plus romantique et il se doutait qu’elle apprécierait, Lily.

Tout va un peu mieux, un peu moins mal. Elle a mis tout son cœur à faire la cuisine et à parler de tout et de rien pendant deux longues heures, quitte à ce qu’il lui la supplie à terme de s’arrêter tellement elle lui casse les oreilles. Il a eu des nouvelles de tout le voisinage, de tout le quartier et même du sien aussi. Elle discute avec tout le monde, Lily, elle a la conversation facile quand il s’agit de parler de tout et de rien. Elle prend des nouvelles des enfants et des parents, des animaux aussi. Les nouvelles parviennent rapidement à ses oreilles, elle qui n’en a pourtant rien à faire et les utilise seulement pour occuper l’espace et le temps à son bon vouloir. Ces derniers temps, elle a dû puiser dans des souvenirs plus anciens pour avoir assez de matière. Ce n’est qu’un signe de plus qui lui ferait supplier le Destin de les laisser un peu tranquilles, à force. Ils ont assez donné. « Tu voudras un verre de vin blanc ou de vin rouge ? Je vois qu’ils ont les deux à disposition inclus dans la location du chalet. » Son sourire s’étire une dernière fois alors qu’elle peut enfin quitter le plat des yeux sans craindre qu’il ne brûle dans la seconde. “J’ai le droit de dire qu’on peut prendre la bouteille de vin rouge et après celle de vin blanc ?” Sa passion pour cette boisson en particulier n’est plus un secret depuis longtemps et puisqu’ils n’auront que quelques pas à faire avant de trouver leur nid douillet et aucune responsabilité le lendemain, alors ils peuvent bien faire ce qu’ils ont envie ce soir. Une part d’elle se dit aussi qu’ils les auront bien mérité, ces quelques verres, peu importe qu’ils soient blancs ou rouges.

Il a lâché ses blagues d’éternel adolescent pour dresser la table et la parer de bougies ; il n’en faut guère plus à la jeune femme à fleur de peau pour qu’elle laisse apparaître un large sourire sur ses lèvres. Ce sont des moments comme celui-ci qu’elle sait particulièrement chérir, au milieu de l’éternelle tornade que semble être leur vie depuis quelques temps. Dans l’oeil du cyclone, la vie semble plus belle et valoir la peine d’être vécue. “Tu m’avais caché cette incroyable aptitude à allumer des bougies.” Elle avance doucement, à moitié moqueuse mais pleinement séduite par l’idée. Leur repas est servi tout aussi sobrement, elle ne compte pas discuter de ce dernier en long et en large, c’est promis. Sur la table, sa main vient chercher celle d’Ezra pour qu’elle puisse lier le bout de ses doigts aux siens sans n’avoir à ajouter un mot à ce sujet. “C’est une bonne idée, tout ça.” Elle est une éternelle romantique et ce n’est plus un secret pour personne, alors Ezra sait d’autant plus à quel point elle apprécie cette attention. En plus de l’avoir occupé pour penser à autre chose, c’est désormais elle qui n’a pas envie de laisser son esprit divaguer ailleurs. “Merci.” Pour ce soir, pour sa présence, pour tout le reste. C’est niais et pourtant c’est véritable ; elle a besoin de le lui dire une fois de plus. Tout va dans les deux sens entre eux. “Quand je t’ai vu pour la première fois je me suis dit “oh non pitié faites que ce ne soit pas lui le gars qu’Ashley veuille absolument me présenter.”” Et quand elle y repense ce n’était pas il y a si longtemps que ça, cela facilite à garder un souvenir clair de cette soirée là, qui avait pourtant mal commencée. Bien sûr que c’était lui que son amie voulait lui présenter ; et ses mérites à elle qu’elle avait vanté au Beauregard en retour. “Et maintenant je sais que j’aurais pas pu aimer quelqu’un d’autre.” Sa fourchette joue avec la nourriture qu’elle n’a même pas envie de manger ; elle se sent simplement trop stupide de lui dire tout ça maintenant alors qu’il a pris une importance capitale à ses yeux depuis le premier jour. “Mais quand même, un concours de rots que t’as même pas gagné.” Et elle enraye toujours l’engrenage. L’habitude, le sourire aux lèvres, presque fière de sa blague qui ne fait finalement que relater une partie des faits.

god only knows

an de grâce 2010.
@lily mcgrath

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« J’ai le droit de dire qu’on peut prendre la bouteille de vin rouge et après celle de vin blanc ? » Ezra vint relever le regard vers la jeune femme, alors qu’elle dégageait le sien pendant un instant du plat qui venait mijoter sur le feu. Il l’aperçut, la malice dans ses yeux, alors que pour la première fois depuis les dernières heures, son sourire à lui vint répondre en parfait miroir à celui de Lily. Le verre de la demoiselle fut alors rapidement rempli, à la suite, du liquide rouge aux odeurs fruitées. « Ce que mademoiselle désire, mademoiselle l’aura. » Après tout, le fond de sa pensée était vraie - même si elle ne la formulait pas à haute voix, Ezra voyait très bien où elle voulait en venir. Rien ne les attendait, pour une fois, le lendemain. Et personne d’autre que deux était présent dans les alentours pour venir juger quoi que ce soit. Si Ezra ne tenait plus debout après ses habituels deux verres de vin, ça ne les regardait qu’eux - et il savait que jamais Lily ne viendrait faire un commentaire sur un tel comportement. Ils avaient passé ce stade là, et surtout ils comprenaient ce besoin là. Autant étrange que cela pouvait l’être, ils comprenaient tout désormais, dans les moindres sous-entendus et les regards jetés à la volée allant de paire avec.

« Tu m’avais caché cette incroyable aptitude à allumer des bougies. » En parlant de bougie, il vint poser la dernière qu’il tenait entre ses doigts au centre de la table avant de voir la jeune femme arriver dans son champ de vision. « Je voulais pas dévoiler un tel talent trop tôt dans notre relation, tu aurais pris peur devant tant de romantisme. » Il vint appuyer un peu plus sur la blague qu’elle avait elle-même lancée, préférant s’éterniser sur cette partie là plutôt que sur n’importe quelle autre chose, en réalité. Il n’était pas le meilleur des romantiques, Ezra, mais avait appris au fil du temps à venir attraper une astuce ici et là pour rendre son comportement un brin plus acceptable dans ce domaine. Finalement, après avoir déposé un baiser sur la tempe de Lily alors qu’elle passait à côté de lui, il vint avec un petit sourire amusé et attendri lui tirer sa chaise pour qu’elle puisse venir s’asseoir en face de lui. Il ne tarda pas à venir rejoindre sa propre assise, alors que le diner sentait merveilleusement bon dans leurs assiettes. « C’est une bonne idée, tout ça. » Les doigts de Lily vinrent se mêler aux siens, tout comme les yeux d’Ezra vinrent accrocher ceux de la jeune femme. « Merci. » Un sourire qui s’exprima sur les lèvres d’Ezra en une ligne fine, alors qu’il venait faire tinter son verre contre celui de Lily de sa main libre. « Merci. » Tout détail ajouté à cette formulation répétée et accentuée ne servirait à rien. Elle savait déjà, Lily. Elle savait déjà tout depuis tellement de temps qu’Ezra se demandait parfois comment il faisait pour tenir debout avant de la rencontre - et, en réalité, s’il autorisait ses pensées à aller vers ce chemin là, il aurait à se rappeler qu’avant de rencontrer Lily il avait déjà quelqu’un sur qui se reposer.

Ce n’était pas le moment de revenir sur ça, alors il préféra venir boire une gorgée de vin, tout en venant tracer des cercles tous doux avec son pouce sur le dos de la main de la brune. « Quand je t’ai vu pour la première fois je me suis dit “oh non pitié faites que ce ne soit pas lui le gars qu’Ashley veuille absolument me présenter. » Un sourcil arqué, un sourire en coin. Plusieurs possibilités s’offrait à lui dans cette situation, sur comment venir réagir aux propos de la jeune femme. L’option de venir s’enfoncer dans d’autres souvenirs antérieurs à cette rencontres n’était pas une option viable. Son cerveau préféra prendre la tangente et rebondir sur la partie amusante de cette histoire. « Je suis sûr que tu savais d’avance que tu pourrais pas résister à mon charme, c’est pour ça. » Il haussa un sourcil, presque amusé par sa propre remarque - il ne lui en fallait pas beaucoup, il fallait dire. Ashley avait plutôt bien joué son coup cette fois là, s’il était honnête en réalité. « Et maintenant je sais que j’aurais pas pu aimer quelqu’un d’autre. » Le sourire amusé qu’il portait jusque maintenant vint se transformer en un sourire attendri. L’emprise de ses doigts sur ceux de la jeune femme vint se resserrer quelque peu.

« Mais quand même, un concours de rots que t’as même pas gagné. » Il aurait du s’en douter, qu’elle viendrait ajouter ici et là une touche d’humour qui la caractérisait plutôt bien. Qui les caractérisait plutôt bien tous les deux, finalement. « Tu rigoles j’espère ? J’ai gagné haut la main ce soir là ! » Parce-qu’ils avaient commencé avec quelque-chose de très peu sérieux, et s’étaient finalement trouvés à se complaire dans cette relation nouvelle qui leur permettait d’apaiser leurs maux et de panser leurs plaies. Rapidement par la suite, Ezra n’avait su composer sans la présence de Lily à ses côtés, comme si elle était devenue sa nouvelle bouteille d’oxygène. Et le sérieux qu’ils portaient désormais dans ce couple un peu bancal qu’ils formaient était justement ce qui leur manquait, avant qu’ils ne se trouvent. « Si tu dis à tout le monde que tu as gagné ce soir là, je vais aller voir Ashley pour savoir si elle a un service après vente. » Bien sur qu’il ne ferait jamais ça, mais il laissait l’humeur à l’humour l’envahir de nouveau. Renoncer à Lily présentement serait comme renoncer à l’idée de vouloir se réparer de l’intérieur - et ça n’avait aucun sens. « Ou alors on va devoir faire une revanche pour que je te montre que je suis toujours le meilleur. » Un sourcil haussé sur son visage, un sourire idiot accroché à ses lèvres. Il aimait ça, auprès de la jeune femme. Pouvoir parler des sujets les plus sensibles le premier instant et passer à quelque-chose qui n’en était en aucun cas un pour les minutes suivantes.

Légèrement maladroite, Lily profite de l’instant pour reparler avec nostalgie d’un des rares instants de leur passé qui ne soit pas complètement impossible à aborder. Les souvenirs sont teintés de gris mais se remémorer de quelques instants en particulier au lieu de tous les problèmes qui entouraient leur vie à cet instant là ne semble finalement pas être une si mauvaise idée. Ses doigts se resserrent autour des siens et bien que le geste soit simple au possible, il est suffisant pour qu’elle se sente à l’aise - comme chaque fois en sa présence. « Je suis sûr que tu savais d’avance que tu pourrais pas résister à mon charme, c’est pour ça. » Elle esquisse un sourire et un rire allant avec. Il utilise toujours la même méthode pour apaiser l’ambiance et c’est toujours la même qui fonctionne à merveille avec elle. “A un ou deux détails près, c’est presque ça.” Elle nie, se moque, roule des yeux (rougit ?). Ce qu’il faut retenir de cette histoire c’est qu’elle ne se serait jamais douté que finalement Ashley pouvait avoir de bonnes idées, de temps à autres.

Dans la même lancée, elle va un peu plus loin dans les détails de leur rencontre ainsi que les jeux stupides auxquels il s’adonnait déjà à l’époque, à son plus grand désarroi. « Tu rigoles j’espère ? J’ai gagné haut la main ce soir là ! » Elle reprend sa main pour elle et affiche une mine qui exprime tout ce qu’elle peut bien penser de ce sujet : dans ses souvenirs, il est arrivé bien dernier. Dans ses souvenirs, aussi, elle trouve qu’il a joué pendant bien trop longtemps à ce stupide jeu plutôt que de parler. Au moins, ils peuvent s’accorder sur le fait qu’ils se sont bien rattrapés depuis. « Si tu dis à tout le monde que tu as gagné ce soir là, je vais aller voir Ashley pour savoir si elle a un service après vente. » Et plus rapidement que n’importe quoi en ce monde, voilà la brune qui reprend son expression figée de jeune femme trop coincée et trop choquée - expression qui n’a rien de crédible dès lors qu’elle est face à lui. “T’as dépassé le délai pour me ramener en magasin, maintenant t’es fichu.” Elle n’aurait jamais voulu y retourner, au magasin - ni même dans le passé ou quoi que ce soit d’autre. Ce n’est pas une partie de sa vie qu’elle voudrait rejouer et encore moins en changer la manière dont tout s’est passé. En plus, Ashley aurait été le pire service après vente ou même client du monde. Surtout, ils se gardent bien tous deux de lui dire à quel point ils passent désormais le plus clair de leur temps ensemble, elle passerait ses jours à s’en vanter sinon. Imaginez l’horreur. « Ou alors on va devoir faire une revanche pour que je te montre que je suis toujours le meilleur. » Il hausse un sourcil, elle en hausse un autre. Ce n’est pas le genre de concours auquel elle s’adonne généralement (jamais) sur son temps libre mais en présence d’Ezra, il n’y a plus aucune habitude qui subsiste. “Ca va refroidir. Et quand je t’aurai battu haut la main, tu vas plus vouloir manger quoi que ce soit.” Bien que l’ambiance semble désormais décontractée, elle n’en oublie pas son objectif principal qui reste de prendre soin de lui autant que possible. A ses yeux, cela passe surtout par la nourriture, laquelle il oublie parfois d’ingurgiter trois fois par jour. Il mange d'abord, elle lui montre qu'elle est la meilleure ensuite.

Je regrette déjà de penser à écrire la suite :
SO CLOSE : Elle triche de A à Z, commence le concours toute seule, lui interdit de participer alors qu’elle garde sa main sur sa bouche. Finalement elle se proclame Grande Prêtresse des Rots. “Alors, ça fait quoi de vivre avec une si grande stature du sport, Monsieur Beauregard ?” qu’elle interroge, utilisant son poing fermé comme un micro, un immense sourire au bout des lèvres.
WIN : Elle triche de A à L seulement et l’embrasse quand il essaye d’entrer dans la compétition. (Et si jamais on demande, elle a dit avoir gagné haut la main) “Alors, ça fait quoi de vivre avec une si grande stature du sport, Monsieur Beauregard ?” qu’elle interroge, utilisant son poing fermé comme un micro, un immense sourire au bout des lèvres.
FAIL : Elle n’a pas le temps de tricher, en fait, parce qu’il a gagné la compétition dès le premier essai et qu’elle est donc occupée à bouder, les bras croisés, assise sur un coin du canapé. “C’est moi qui vais contacter le service après vente d’Ashley finalement.”