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octobre 2020
@jill mcgrath-fitzgerald

***
Promis, il avait mis tous les efforts de leur côté pour rentrer dans l’appartement en faisant le moins de bruit possible. Il avait retenu la porte lorsqu’elle avait menacé de claquer, il avait allumé la lumière de la chambre plutôt que celle du couloir et du salon. Il avait poussé les objets qui pouvaient avoir de la valeur ou se briser en mille morceaux du chemin, et avait réussi - non sans peine - à faire en sorte que Matt aille s’allonger dans son lit dans le bon sens et du premier coup. Cette dernière pièce à mettre en place n’avait pas été des plus simples. Il avait beau être enflé comme une arbalète, une fois qu’il avait quelques verres dans le cornet le McGrath savait être un poids mort.

Heureusement, ce n’était que chorégraphie répétée depuis des années, et même si le décor et le contexte était différent, certaines choses ne changeaient jamais. Matt avait toujours le chargeur de son téléphone du même côté de la table de nuit, sa gourde d’eau favorite à l’autre bout de la pièce et la moitié de son linge sale de la veille entre la porte de la salle de bain et celle de sa chambre, éparpillée à travers la pièce. Si la situation n’avait pas été si délicate, Ezra aurait souri à cette vue.

Cependant, si la première partie du plan ramener Matt en un seul morceau chez lui venait d’être complétée, il fallait désormais à Ezra réaliser la seconde partie: retourner chez lui. Le McGrath avait déménagé et habitait désormais dans le même quartier que lui - l’ironie du sort, qu’il soit la raison pour laquelle son ex-meilleur ami habite à quelques pas de chez lui -, ce qui rendait pratique pour Ezra le fait de retourner retrouver l’intérieur confortable de son propre appartement. La seule inconnue à son histoire, c’était la seconde personne qui habitait l’appartement dans lequel Ezra tentait de se diriger dans le noir. Matt avait mentionné de ne pas la réveiller, mais il ne se rappelait pas que Lily et lui aient décidé de remettre le couvert si tôt, si vite - d’après la discussion qu’ils venaient d’avoir, ce n’était pas le cas. Et il espérait sincèrement qu’il n’était pas assez idiot pour qu’une autre femme que sa femme soit sa colocataire.

Et il aurait pu passer inaperçu, le Beauregard, s’il en étant perdu dans ses pensées, il ne vint pas ouvrir la mauvaise porte dans le couloir - car non, ce n’était pas la porte menant au salon mais celle de la seconde chambre justement, celle où dormait une jeune femme dont il ne connaissait pas encore l’identité. « Merde. » Paroles murmurées, porte malheureusement claquée dans la foulée, et Ezra qui se remet à arpenter le couloir à tâtons pour tomber sur la bonne poignée cette fois-ci - et, afin de ne pas faire deux fois la même connerie, il vint allumer la lumière du salon.

Les jumeaux sont avec Bailey cette fois là, et elle avait besoin de répit la McGrath. Elle est rentrée dans son appartement, celui qu’elle partage avec Matt depuis quelques temps déjà. Elle espérait le trouver, être obligée de supporter ses blagues foireuses et ses essais de nouveaux cocktails. Elle aurait bien eu besoin de ça pour se vider la tête et penser à tout sauf à sa nouvelle famille. Même si elle arrive un peu mieux à tout accepter, elle aime avoir ses moments de solitude. Elle a regardé un film, se demandant vers quelle heure Matt pourrait rentrer sans jamais lui envoyer de messages. Elle n’a envoyé de message à personne, elle a juste profité d’un moment de calme qu’elle a seulement partagé avec elle-même. Elle n’est pas sortie, n’a pas cherché à boire ou à prendre de la drogue, seulement parce qu’elle est épuisée par la nouvelle vie qu’elle essaie d’accepter petit à petit.

Elle s’est assoupie dans son lit, en seulement quelques secondes certainement. Le calme reigne dans la maison et rien n’aurait pu la réveiller. Rien, à part la voix de son frère dans sa chambre et la porte de celle de Jill qui s’ouvre en grand. Il est accompagné, elle a entendu d’autres pas dans la couloir et elle ne s’est même pas souciée de qui ça pouvait bien être. Elle voulait se rendormir, faire comme si elle n’avait rien entendu mais c’est le visage d’Ezra qu’elle voit apparaître dans la lumière du couloir. Elle hésite une seconde, et finit par se lever pour le rejoindre avant qu’il ne décide de partir. Allez savoir pourquoi.

“Qu’est ce que tu fiches ici ? Il s’est bourré la gueule en voulant tester ses propres cocktails ?” Elle se moque et pourtant elle ne l’échangerait pour rien au monde le grand-frère McGrath. Elle penche la tête sur le côté, encore à moitié endormie. “Tu peux dormir là si toi aussi t’as bu, je pense pas qu’il y voit d’inconvénient !” Elle hoche la tête, prête à lui proposer de partager son lit encore une fois pour pas qu’il ne soit obligé de se mettre sur le canapé. Matt est sûrement tellement bourré qu’il ne se lèvera pas avant la fin de l’après-midi. Mais de toute façon, personne n’avait de raisons de ne pas le vouloir dans cet appartement pas vrai ?

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« Qu’est ce que tu fiches ici ? » Il ne lui avait fallu qu’à peine une fraction de seconde pour venir comprendre à qui appartenait la voix qui s’adressait à lui - et donc, par conséquent, de réussir à faire le lien entre la voix qui lui parlait et la seconde personne habitant dans cet appartement. De tous les humaines à Brisbane et sur terre, il avait fallu que Matt se mette en colocation avec sa soeur - la plus grande des deux. Fuck. « Il s’est bourré la gueule en voulant tester ses propres cocktails ? » Et elle vint se moquer de lui comme si de rien n’était, alors qu’Ezra se trouvait là au milieu de son salon, ramenant sagement un Matthew trop arrosé pour rentrer seul ce soir. Double-fuck - quelle était la probabilité pour que cette situation arrive là, ce soir ?

Lentement, Ezra vint s’arrêter de marcher et fit demi-tour sur lui-même pour venir regarder la jeune femme - cheveux en bataille, il venait clairement de la sortir de ses songes en plus, il allait se faire appeler Arthur plus rapidement que prévu si elle était de mauvais poil d’avoir été réveillée à une heure pareille. « Salut Jill. » Il s’attendait à se recevoir une gifle à chaque seconde qui s’écoulait, aussi lentement qu’elles pouvaient se le permettre. « Tu peux dormir là si toi aussi t’as bu, je pense pas qu’il y voit d’inconvénient ! » Il vint ouvrir la bouche pour répondre, avant de la refermer. A la suite, ses yeux se plissèrent légèrement. Elle ne pouvait pas être sérieuse en lui disant ça de la sorte, il y avait un piège. « Déjà il m’a fait confiance pour le ramener chez lui, je vais pas en demander plus pour ce soir. » Et probablement pour de nombreux soirs à venir désormais. Faire profil bas était une bonne idée, aussi. « Et j’ai bu qu’un verre, je suis arrivé en… cours de soirée. » Il vint montrer vaguement Matt dans son lit, deux ou trois murs plus loin, qui ronflait déjà de tout son soûl.

Et puis de toutes façons, il n’était pas idiot à ce point là Ezra. Jillian lui proposant de rester dormir dans le canapé du salon, c’était une vengeance déguisée pour qu’elle ne vienne l’étouffer dans son sommeil ou quelque-chose s’y apparentant. Il était étonné de toujours respirer, par ailleurs - Il connaissait très bien la façon dont les enfants McGrath étaient protecteurs les uns envers les autres. « Et puis, même si lui n’y voit pas d’inconvénients imaginons, je sais que c’est pas ton cas. Donc je vais pas vous emmerder plus longtemps, fais comme si j’étais pas passé ici. Désolé de t’avoir réveillé. » Il vint étirer une petite moue réellement désolée - il avait pourtant fait tous les efforts pour ne pas réveiller la jeune femme tout en ramenant Matt en un seul morceau chez lui.

Elle ne s’attendait pas à voir le jeune homme dans cet appartement aussi tard. Jill va un peu mieux, elle évolue et elle a l’impression de ne pas avoir vu Ezra depuis des semaines. Comme s’il était en train de l’éviter. « Salut Jill. » ça sonne officielle. Ca sonne comme s’il n’avait pas voulu la voir et elle pourrait être réellement vexée. Elle est encore fatiguée, mais intriguée par son comportement. Elle fait la moue et sans répondre à son bonjour. Ils ne sont pas habitués à faire dans les salut lorsqu’ils se voient, ils ont dépassé ce stade et c’est ce qui intrigue autant la McGrath. « Déjà il m’a fait confiance pour le ramener chez lui, je vais pas en demander plus pour ce soir. » Mais qu’est ce qu’il raconte ? « Et j’ai bu qu’un verre, je suis arrivé en… cours de soirée. » “Vous aviez pas prévu de vous voir ?” Elle essaie de comprendre, mais elle a l’impression de ne pas avoir toutes les informations.

« Et puis, même si lui n’y voit pas d’inconvénients imaginons, je sais que c’est pas ton cas. Donc je vais pas vous emmerder plus longtemps, fais comme si j’étais pas passé ici. Désolé de t’avoir réveillé. » Elle secoue la tête, doit passer près d’une minute à essayer de décoder le message. “Qu’est ce que tu racontes ?” La McGrath soupire en se posant sur le canapé, elle est encore trop dans les vapes pour tenir le coup en restant debout dans le couloir. “C’est toi qui me donnes plus de nouvelles depuis des semaines.” Elle baisse un peu les yeux sur ses pieds et pince les lèvres. Elle ne lui a pas envoyé de messages, mais, en temps normal, ils n’ont pas besoin de s’envoyer des dizaines de textos par jour pour se retrouver, ils le font quand ils en ont besoin.

“Y’a quelque chose que j’ai dit qui t’a donné envie de m’éviter ?” Il faut dire que leurs deux dernières rencontres n’étaient pas vraiment douces et amusantes. Mais ce n’est pas pour autant que Jill avait envie de l’éviter.

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Il marchait sur des oeufs Ezra, et il n’aimait pas du tout ça. Il avait réussi à s’en sortir indemne des griffes d’un premier McGrath, il ne voulait pas terminer en lambeaux sous les mains d’un deuxième membre de la famille - ni ce soir, ni jamais tous comptes faits. « Vous aviez pas prévu de vous voir ? » Il n’était vraiment pas tombé sur la bonne personne pour pouvoir noyer le poisson ce soir. Toute autre jeune femme aurait déjà détourné son attention d’un Ezra cherchant à s’enfuir de l’appartement, mais il savait que Jillian ne lâcherait pas l’affaire de si tôt et c’était justement ça qui lui posait soucis présentement. « Non, je l’ai rejoint parce-que le patron du bar m’a demandé de venir le chercher. » A s’écouter parler, il entendait que ses précisions n’étaient pas claires. « C’est un bar où on allait quand on était jeunes et le patron du bar c’est toujours le même qu’avant, il pensait bien faire en m’appelant et - et laisse tomber, c’est pas important. » C’était important, mais il n’était pas prêt à affronter la tornade Jill lorsqu’elle viendrait lui confirmer ce qu’il savait qu’elle savait déjà - il s’étonnait encore d’être en vie d’ailleurs.

« Qu’est ce que tu racontes ? C’est toi qui me donnes plus de nouvelles depuis des semaines. » En s’asseyant sur le canapé et en portant son regard ailleurs que vers Ezra, Jill ne pouvait pas voir ses lèvres à lui venir murmurer un fuck. Ainsi, elle l’avait remarqué. Il ne nierait pas, Ezra, de l’avoir évitée parce-que c’était tout à fait vrai. Il avait fait en sorte de ne pas la croiser pour ne pas qu’ils discutent de ce sujet - et rien que le fait d’avoir du le faire davantage de force que de gré ce soir avec Matt lui suffisant à confirmer l’idée qu’il avait de ne pas avoir envie de tenir cette discussion avec la soeur McGrath. « Y’a quelque chose que j’ai dit qui t’a donné envie de m’éviter ? » Il avait presque déjà la main sur la poignée de la porte d’entrée de l’appartement lorsqu’elle vint assener le coup fatal. Il vint soupirer, deux fois plutôt d’une, avant de faire volte face. Il l’entendait, dans sa voix, l’impression qu’elle était responsable de ça. Et il ne désirait pas qu’elle s’en veuille pour quelque-chose dont elle n’était pas responsable. « Non, Jill, bien sur que non c’est pas toi. » Il eut un bref, mais tout de même, sourire amusé qui vint s’étirer sur ses lèvres. « Même quand tu m’emmerdes je reviens vers toi après. » C’était vrai, qui plus était. « Mais tu sais très bien pourquoi je voulais pas te voir, me fais pas croire le contraire. » Ses paroles étaient prudentes, son ton était teinté d’un manque d’assurance.

Maintenant qu’elle est debout elle n’est pas prête de se rendormir la McGrath. Elle s’avance, elle s’assoit sur le canapé et soupire. Il risque de partir, mais elle saura pourquoi il l’évite depuis tout ce temps. Elle n’a pas été tendre avec lui, et il ne l’a pas été non plus. Mais c’est comme ça qu’ils fonctionnent, et Jill ne pensait pas avoir fait d’erreurs. Alors ce soir, elle en profite. Elle le regarde se tenir face à la porte, prêt à s’échapper. Et pourtant il ne parle pas, il attend. C’est comme s’il attendait qu’elle hurle sur lui, mais le problème, c’est qu’il n’y a aucune raison pour laquelle elle pourrait faire ça. « Non, je l’ai rejoint parce-que le patron du bar m’a demandé de venir le chercher. » Elle secoue la tête en riant. Elle va se foutre de la gueule de Matt pendant des jours grâce à ça. Elle se prépare déjà à le réveiller à l’aube en hurlant pour qu’il se paie la pire gueule de bois de toute sa vie. « Quel con. » Et elle pouffe de rire la McGrath. « C’est un bar où on allait quand on était jeunes et le patron du bar c’est toujours le même qu’avant, il pensait bien faire en m’appelant et - et laisse tomber, c’est pas important. » Il ne détaille pas, et elle ne comprend vraiment rien à ce qu’il est en train de se passer. « Pourquoi t’as l’air aussi gêné ? » Elle grogne Jill, elle commence à s’impatienter.

« Non, Jill, bien sur que non c’est pas toi. » Ca la rassure un peu. Au moins, elle sait qu’elle n’a rien fait. Mais c’est donc encore moins compréhensible. Elle est perdue, et elle espère qu’il va lui expliquer ce qu’il se passe entre eux deux. Il a promis de ne pas la laisser, et pourtant, elle a l’impression que c’est exactement ce qu’il est en train de faire. « Alors c’est quoi ? » Il y a bien quelque chose, elle le sait. « Même quand tu m’emmerdes je reviens vers toi après. » Elle ne peut s’empêcher de sourire. « C’est parce que je suis indispensable. » Elle hausse les épaules comme si c’était la chose la plus vraie du monde. « Mais tu sais très bien pourquoi je voulais pas te voir, me fais pas croire le contraire. » « Si je le savais je te poserai pas la question. » Elle soupire, commence vraiment à s’impatienter. « T’es jaloux que j’ai choisi Matt comme coloc et pas toi ? »

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« Quel con. » Si dans toute autre situation, il serait venu appuyer sur les mots de la jeune femme et les auraient même approuvé, il ne fit rien de tout cela ce soir. Ce n’était pas le moment pour lui de venir enfoncer Matt dans quelconque situation alors qu’il était le fauteur de trouble dans l’affaire. « Pourquoi t’as l’air aussi gêné ? » Et elle était chiante, Jillian, à ne pas comprendre la raison de son comportement. Il ne désirait pas lui expliquer parce-qu’il n’était pas forcément fier de ce qu’il avait. Il assumait totalement les conséquences de son geste et de ses décisions, mais ce n’était pas pour autant qu’il venait en discuter avec les premiers venus tous les quatre matins devant une tasse de thé. Alors, bien sur que cela venait le faire souffler quelque peu les questions qui dérangeaient de la part de son amie. Et bien sur qu’il ne prit même pas la peine de venir y répondre parce-qu’il en était toujours à penser qu’elle se fichait de lui, à tourner autour du pot et à prétendre ne pas connaitre la réponse à la question.

« Alors c’est quoi ? » Si ce n’était pas elle, c’était donc quoi, qu’elle osait demander. Ca en viendrait presque à l’emmerder toutes ces questions à répétition, Ezra. Il en viendrait presque à souffler une nouvelle fois et - ah non, ce n’était pas juste une supposition, il vint souffler une nouvelle fois. « Si je le savais je te poserai pas la question. » Tu le sais très bien Jill et c’est pour ça que tu me poses la questions, que venaient dire ses yeux. Elle venait prêcher le faux et prôner l’innocence pour pouvoir entendre les mots de la bouche d’Ezra, il en était certain. C’était tout à fait le type de comportement dont la jeune femme était capable pour arriver à obtenir quelque-chose de quelqu’un. « T’es jaloux que j’ai choisi Matt comme coloc et pas toi ? »

Il s’attendait à tout Ezra, mais celle là était une belle surprise. Il y avait beaucoup de choses pour lesquels il pourrait être jaloux de Matthew - rien qu’à regarder la femme à qui il avait réussi à passer la bague au doigt pour commencer -, mais le fait que Jill l’ait choisi lui et non Ezra pour une collocation n’était pas un motif valable à ses yeux. Alors, il vint se permettre un petit rire. Un brin moqueur, il ne le fit cependant pas durer car il sentait que la demoiselle ne garderait pas son calme bien plus longtemps s’il continuait d’agir dans cette voie là. Il vint alors souffler - il n’en était plus à une fois près au compteur -, avant de froncer les sourcils et de plonger son regard dans celui de Jill. « J’ai été distant à cause de Matt. Parce-que je sais qu’il t’en a parlé, et que je voulais pas avoir cette discussion là avec toi. » Il vint étirer une petite moue sur ses lèvres. « Je voulais pas l’avoir avec lui mais avec toi c’était pas dans la liste de mes priorités non plus. »

Jill pose des questions. Elle ne s’arrête pas et elle tente de le retenir dans l’appartement pour savoir ce qui ne va pas. Ils s’étaient retrouvés, encore mieux qu’avant, et finalement il la laisse de côté et l’évite. Il n’avait pas non plus l’air de savoir qu’elle habitait avec Matt, donc il ne doit pas beaucoup parler avec lui non plus. Il a l’air excédé, et elle commence à l’être aussi. Il est prêt à fuir et elle se demande pourquoi. Ils pourraient rester là à discuter de tout et de rien ensemble pendant des heures. Jusqu’à ce que Jill soit capable de se rendormir ou que Matt ne finisse par se réveiller. C’est ce qu’ils auraient fait il y a encore quelques semaines, mais Ezra n’a pas l’air de vouloir rester avec elle plus de quelques minutes. C’est comme s’il avait peur, mais de quoi ? Elle a beau chercher, elle ne voit pas ce qu’elle aurait pu faire la McGrath.

Elle ne le lâche pas, continue à penser à des questions qu’elle pourrait poser. Elle soupire et enfin il se tourne vers elle pour capter son regard. « J’ai été distant à cause de Matt. Parce-que je sais qu’il t’en a parlé, et que je voulais pas avoir cette discussion là avec toi. » Voilà qu’il commence à parler de ce qui ne va pas. “Mais de quoi il aurait pu me parler qui te mette tellement en cause que tu préfères m’éviter plus que me voir ?” Elle grogne, commence vraiment à s’énerver. « Je voulais pas l’avoir avec lui mais avec toi c’était pas dans la liste de mes priorités non plus. » Elle s’enfonce un peu plus dans le canapé et elle ne lâche pas le regard de Ezra. Elle penche la tête, se demande bien ce qu’il a pu faire de si horrible. “Mais qu’est ce que t’as fait ?” Elle fronce les sourcils, parce qu’il a vraiment dû faire un truc grave s’il n’ose même pas la croiser. “Tout ce que je peux te dire c’est que Matt ne m’a rien dit de méchant sur toi. On parle plus de toi depuis que je lui ai dit qu’on s’était un peu retrouvé. Avec tout ce qui lui est arrivé je vois pas pourquoi on aurait abordé ton sujet à part pour t’inviter à sortir avec nous.” Et c’est à ce moment là où elle se dit que c’est étrange que Matt n’ait jamais donné le nom d’Ezra pour sortir. Ils lui cachent quelque chose, et elle va savoir ce que c’est.

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Il gardait ses yeux plongés dans ceux de la demoiselle lorsqu’il vint lui répondre, avec ce qui était de son point de vue, des précisions supplémentaires par rapport à tout ce qu’il lui donnait comme informations jusque maintenant - proche de rien du tout, pour résumer. « Mais de quoi il aurait pu me parler qui te mette tellement en cause que tu préfères m’éviter plus que me voir ? » Ce fut à ce moment là que le doute vint commencer à s’immiscer au sien d’Ezra. Il vint tout d’abord se manifester par un froncement de sourcil quelque peu suspicieux. Comment Jillian pouvait-elle encore prétendre n’être au courant de rien alors qu’avec le peu de contenu que le Beauregard lui donnait, elle aurait déjà du comprendre ce à quoi il faisait référence ? « Mais qu’est ce que t’as fait ? » Qu’avait-il fait ? Trois fois rien, très honnêtement, ou en tous cas pas assez pour avoir peur qu’on attente à sa vie en restant chez deux des trois enfants McGrath plus de trois minutes. Ce n’était pas assez pour qu’il s’en veuille un petit peu chaque jour, qu’il en vienne à repenser ses gestes et ses paroles à proximité de la jeune femme. Vraiment, à peine quelque-chose qui valait la peine d’être mentionnée - et pourtant, il était là, à être le plus mal à l’aise des hommes et à marcher sur des oeufs.

« Tout ce que je peux te dire c’est que Matt ne m’a rien dit de méchant sur toi. » Ah, ce n’était pas souvent qu’Ezra avait le loisir d’entendre ça - que ce fut dans les contextes du passé ou pour ce qu’il imaginait rattaché au contexte actuel. « On parle plus de toi depuis que je lui ai dit qu’on s’était un peu retrouvé. Avec tout ce qui lui est arrivé je vois pas pourquoi on aurait abordé ton sujet à part pour t’inviter à sortir avec nous. » Oui, rien que pour ça, Matt aurait apporté le sujet Ezra sur le tapis - et là, ça lui fit tilt pour de vrai dans sa tête; il dut d’ailleurs retenir de venir écarquiller les yeux comme un idiot, ne voulait pas se faire repérer plus que de raison.

Jillian ne savait pas - ou, tout du moins, elle n’était pas au courant d’une partie de l’histoire et celle qui semblait être tout de même la plus importante pour la suite de cette conversation et la survie d’Ezra au delà de celle-ci.

« Il t’a pas dit. » Ce n’était pas une question, mais simplement une triste constatation. Matthew ne lui avait pas dit que c’était lui, et le fait que Jill ait mentionné que le Beauregard et elle étaient de nouveau proches avait du jouer sur la balance. Mais pour le moment, ce n’était pas le plus urgent dans cette situation - et Ezra maudissait le McGrath d’avoir tenu sa langue pour une fois. « Oh, boy, il t’a pas dit. » Ce serait mentir que de dire qu’il ne commençait pas à paniquer légèrement. Car désormais, jamais la demoiselle ne le laisserait repartir sans lui tirer les vers du nez. Elle allait le menotter au radiateur s’il le fallait, mais il en avait trop dit pour partir sans ajouter de précisions à cette conversation. Il ne lui avait rien dit - et pourtant, Ezra était persuadé qu’il ferait en sorte de salir sa réputation auprès de tous ses proches pour être sur qu’il paie le prix fort de ses actes. Matthew aurait-il muri à ce point là ces dernières années ? Avait-il appris de ses erreurs ? « Donc tu sais vraiment pas. » Et il devenait chiant, là, à parler avec des affirmations qui n’apportaient aucune précision - il jouait avec le temps et la patience de Jillian, il allait en payer le prix fort c’était une certitude.

Elle attend. Et, plus le temps passe, plus elle se dit qu’il s’est passé quelque chose de grave. Qu’est ce qu’il aurait bien pu faire d’aussi affreux ? Elle pose des questions et elle surveille chacune de ses réactions. Il a l’air de penser qu’elle ment, il attend quelque chose et elle, elle ne voit pas ce qu’elle devrait faire. Elle aimerait juste savoir sur quel pied danser avec lui. Ne sachant même pas si tout ce qu’ils se sont dit il y a quelques semaines tient toujours. Peut-être qu’il regrette, qu’il ne veut plus des McGrath dans sa vie. Mais, dans ce cas, pourquoi est ce qu’il aurait ramené Matt ce soir et pourquoi il dit qu’il devait avoir une conversation avec une partie de la fratrie ? Jill n’en peut plus de réfléchir et de se demander ce qu’il se passe dans sa tête, donc elle ne le laissera pas partir avant d’avoir toutes les informations sur la connerie qu’il a bien pu faire.

« Il t’a pas dit. » Elle commence à s’inquiéter. Qu’est ce que Matt ne lui a pas dit ? Elle hausse les épaules et ne le lâche pas du regard. Il va finir par lui dire, il n’a plus le choix désormais. « Oh, boy, il t’a pas dit. » “Tu commences à m’énerver là.” Et c’est la réalité. Elle le prévient au moins, mais s’il continue sur cette voie là elle pourrait se retrouver en face de lui et lui mettre une gifle pour qu’il parle enfin. « Donc tu sais vraiment pas. » “NON !” Pour la dixième fois au moins depuis seulement quelques minutes. Elle reste assise pour l’instant, mais elle pourrait toujours se lever et le poursuivre dans toute la ville si ça devenait essentiel. “Tu parles maintenant.” Il n’a plus le choix, et elle sait déjà qu’elle va le détester. Elle, et Matt aussi. Parce qu’il lui a apparemment menti, ou alors il a volontairement oublié quelques détails d’une histoire. Elle angoisse, et elle se demande ce qui va bien pouvoir lui tomber sur la tête.

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« Tu commences à m’énerver là. » Oh, il n’en doutait pas un seul instant. Il savait qu’avec un tel comportement il allait jouer avec les nerfs de Jillian, mais à dire vrai les siens, de son côté, étaient déjà sans dessus-dessous. Elle n’était pas au courant, ce qui voulait dire qu’il allait devoir lui dire lui même, là où il avait toujours compté sur un Matt trop bavard et trop fier d’avouer à tout le monde que c’était encore Ezra l’idiot qui lui avait ruiné la vie - comme une vieille habitude qui revenait au galop. « NON ! » Il avait atteint la limite, il ne lui restait plus grands choix désormais pour avancer à travers cette situation. En réalité, seulement deux choix s’offraient à lui et il savait très bien lequel des deux il allait devoir prendre pour s’en réchapper.

« Tu parles maintenant. » Celui où il venait tout avouer à Jill, celui où il mettait son égo de côté pour venir discuter d’un sujet qui, sur la base, ne la regardait en rien. Certes, il s’agissait de son frère et du bonheur de ce dernier mais ça n’allait pas au delà de ça - il tentait de se rassurer comme il le pouvait, présentement, Ezra. Alors, venant inspirer plus d’une fois profondément, venant parcourir le salon en long et en large, avant de le faire en travers, il finit par s’arrêter à hauteur de la jeune femme, et par s’accroupir devant elle. Il vint s’équilibrer en posant ses mains sur les genoux de Jill, alors qu’il soupirait une dernière fois. « Tu me promets de ne pas crier, s’il te plait ? Il dort et il a besoin de dormir. Qu’on perturbe au moins pas ça. »

Il était celui qui avait causé tout ce tort dans la vie de Matthew, mais il ne voulait désormais plus être associé au vilain de l’histoire. Alors il était sincère, Ezra, quand il venait appuyer sur le fait qu’il ne désirait en rien venir réveiller Matt. Ce dernier avait mérité son repos du guerrier - surtout avec la quantité d’alcool qu’il avait ingurgité ces dernières heures. Le Beauregard vint sonder le regard de son amie, une dernière fois, pour être sûr qu’elle tienne parole, pour voir dans ses yeux qu’elle était au moins prête à se tenir à ça pour qu’il aille jusqu’au bout de ce qui aurait déjà du être porté à sa connaissance depuis longtemps. Déglutissant difficilement et détournant son regard, ne sachant le maintenir dans celui de Jillian en venant avouer ses méfaits, il prit enfin la parole.

« Lily, c’est moi. »

Jill attend et elle n’en peut plus. Elle se fait des milliers de films, mais elle n’ose même pas imaginer ce qu’il en est en réalité. Parce qu’elle n’aurait jamais pu penser qu’il soit capable de faire un truc pareil Ezra. Elle est encore dans l’ignorance, et il aurait peut-être mieux valu que ça reste comme ça. Que tout continue de s’arranger, mais ce serait bien trop facile. Il se rapproche d’elle et elle laisse ses yeux dans ceux du jeune homme, à la recherche d’explications et de signaux qu’elle pourrait rapidement comprendre. Elle respire mal, ne sait toujours pas ce qu’il va pouvoir lui annoncer, et elle sait que ça va être grave. « Tu me promets de ne pas crier, s’il te plait ? Il dort et il a besoin de dormir. Qu’on perturbe au moins pas ça. » Il a posé ses mains sur les cuisses de la jeune femme et elle lui lance un regard plein d’incompréhension. Elle hoche la tête, promet silencieusement de ne pas hurler même si elle ne sait pas encore ce qu’il va dire.

« Lily, c’est moi. » Elle ouvre légèrement la bouche, il n’a pas pu faire ça… “Quoi ?” C’est presque un murmure. Comment est ce qu’il a pu trahir Matt de cette manière ? Elle ne sait même pas si elle veut hurler la McGrath, elle est déçue. Tellement déçue. “Comment t’as pu…” Elle secoue la tête et ne supporte pas de le regarder plus longtemps. Elle enlève ses mains de ses genoux et elle se lève pour s’éloigner. “Pourquoi t’as tout gâcher ?” Parce qu’il savait en faisant ça que ça aurait un impact sur sa relation avec Matt mais aussi sur la relation qu’il a avec tous les autres enfants McGrath. Et avec Jill en particulier. Elle n’arrive même plus à le regarder dans les yeux tant elle réalise à quel point il a fait du mal à Matt. Personne n’a le droit de faire autant de mal à son frère, même pas Ezra, et certainement pas cette conne qu’il a épousé. “J’espère qu’elle valait au moins la peine que tu perdes tout ce que t’avais réussi à reconstruire avec nous.” C’était une vengeance pour Londres peut-être ? Ou il ne les trouvait pas aussi important que ça dans sa vie finalement. “Je crierai pas, et pourtant tu mériterais que quelqu’un te hurle dessus et te frappe vraiment fort.” Elle soupire et se réfugie sur le bar de sa cuisine pour s’éloigner le plus possible de ce traître.

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La bombe qu’il venait de lâcher allait faire des dégâts. Ce n’était pas la peine d’ignorer cette conséquence, de toutes façons elle lui reviendrait en pleine face tôt ou tard - et plutôt tôt que tard, étant donné que c’était à Jillian qu’il venait de confesser les faits. Il savait que son action aurait des effets secondaires; il l’avait su à partir du moment où ses lèvres s’étaient posées pour la première fois sur celle de Lily alors que ce n’était pas quelque-chose qui leur été autorisée. Il s’y était préparé, Ezra, à assumer les conséquences. Car même si une partie de lui regrettait d’avoir agi de la sorte, il ne niait pas les faits et ne rejetait la faute sur personne d’autre que lui-même - il mettait même Lily hors de cause dès qu’il en avait l’occasion.

« Quoi ? » Here we go - au moins, s’il lui restait l’once d’un doute quand au fait que la McGrath puisse être au courant de cette partie là de l’affaire, tout venait d’être balayé d’un revers de la main. « Comment t’as pu… » Il ne relevait pas le regard, Ezra, car il savait très bien ce qu’il allait y trouver. Il l’entendait dans la voix de Jillian, il le sentait à la façon dont ses muscles sous ses mains se tendaient. Il le savait parce-qu’il la connaissait désormais et même depuis tout ce temps assez pour savoir ce qu’elle pouvait en penser. Elle vint finalement rejeter ses mains à lui pour pouvoir se lever; Ezra vint les reposer sur le bord du canapé un instant, avant de se lever à son tour. « Pourquoi t’as tout gâcher ? » Il vint soupirer - oui, il osait soupirer. « C’était pas mon intention. » Et il disait vrai, Ezra. Là n’avait jamais été son but de venir blesser quelqu’un ou gâcher quelque-chose qui ne lui appartenait même pas. Ce soir là, il avait justement mis son cerveau sur off et laissé parler son instinct, ses envies. Ce n’était pas avec la bonne personne qu’il avait fait ça, ce n’était pas à la bonne personne non plus qu’il s’en était pris, mais ça ne partait en aucun cas d’un acte prémédité. Il ne voulait rien gâcher, justement, au contraire.

« J’espère qu’elle valait au moins la peine que tu perdes tout ce que t’avais réussi à reconstruire avec nous. » Arrêtant de marcher tel un pilote automatique dans le salon des McGrath - combien d’années s’étaient écoulées sans qu’il puisse user de cette dénomination ? -, Ezra vint serrer les mâchoires. Il n’y avait aucun élément dans la phrase de la jeune femme qui venait sonner juste à ses oreilles. Mais il était partagé entre deux réactions: celle qu’il aurait eu dans toutes les autres circonstances, sans attendre son reste, et celle qu’il pouvait s’autoriser à avoir à la vue des circonstances justement. Il était tiraillé entre les deux, surtout face à Jill. D’ordinaire, il ne se serait jamais gêné pour lui exprimer clairement son point de vue. D’habitude, il était le premier à monter sur ses grands chevaux face à elle pour lui faire comprendre ce qui l’animait lui. Pourtant, aujourd’hui, il hésitait - et ce fut ce temps, mince mais présent, d’hésitation qui lui fit perdre le peu davantage qui lui restait dans cette conversation. Parce-qu’en ne disant absolument rien, troisième des solutions qu’il n’avait envisagé, il venait consentir par défaut aux paroles de la jeune femme - et c’était tout sauf ce qu’il désirait.

« Je crierai pas, et pourtant tu mériterais que quelqu’un te hurle dessus et te frappe vraiment fort. » « Je sais. » Et, enfin, il vint remonter son regard dans celui de son amie - qu’importe ce qu’elle pourrait en dire, elle était son amie et les semaines qu’ils venaient de passer à remettre les pièces du puzzle à leur place n’étaient pas vaines pour lui, contrairement aux paroles qu’elle lui formulait déjà au visage. « Je m’attendais à ce que Matt me casse la gueule ce soir, quand je suis arrivé dans le bar, tu sais. » Il vint avoir un petit rire narquois. « C’est ce que j’aurais fait après tout. Je pensais pas qu’il avait réussi à murir à ce point là. » Il savait d’avance que la jeune femme viendrait tiquer sur ces dernières paroles, mais peu lui importait. Ce n’était pas un point de vue qu’il venait dissimuler au concerné; justement, il lui répèterait en face mille fois s’il le fallait. « Et pourtant, je suis là en un seul morceau et lui aussi. »

Il leva les bras un instant, comme pour venir démontrer son point, avant de les laisser retomber mollement le long de son corps. Le soupire, parfaite illustration de ce qu’il pensait de cette scène se déroulant sous ses yeux, vint se répercuter à travers le salon et sur les murs de ce dernier. « J’ai pas fait ça pour venir détruire quelque-chose, Jill. » Il n’avait pas fait ça pour beaucoup de raisons, Ezra, et si elle le désirait il lui ferait une liste détailler de toutes ces dernières, avec illustrations sur le côté de la feuille. Si elle le désirait, il prendrait les trois prochains jours en congés pour expliciter son point de vue afin qu’elle puisse voir à travers son regard. Si elle le désirait et vu le regard qu’elle ne cessait de porter en sa direction, il semblait déjà pouvoir se fourrer le doigt dans l’oeil jusqu’au coude.

Le plus étonnant dans toute cette situation et ce pour quoi il était, en revanche, reconnaissait était que Jillian avait tenu parole et qu’elle n’avait en rien exprimé son ressenti en haussant la voix. Au moins, Matt pouvait continuer à dormir paisiblement quelques temps.

Comment est ce qu’il a pu leur faire ça ? Comment il a pu trahir la totalité de la famille en moins de quelques minutes ? Tout ça pour coucher avec une fille qui n’a aucune importance, ni aucune valeurs apparemment. Matt ne mérite pas ça. Le McGrath mérite tout le bonheur du monde d’après Jill, et il est brisé en partie à cause de la personne qui se trouve juste en face d’elle. La personne qui a posé ses mains sur ses genoux et qui lui dit de ne pas crier pour ne pas le réveiller comme si le réveiller était la pire chose qui pouvait lui arriver. Elle aurait dû se tenir en face de lui, les mains sur les genoux d’Ezra pour lui expliquer que ça rendrait Matt malheureux s’il couchait avec la femme dont il était amoureux ? Est ce que comme ça il n’aurait pas fait une telle connerie ? Pourquoi il n’a pas réfléchi ? Et surtout, pourquoi personne n’a rien dit à Jill ? Pourquoi même Matt a préféré la laisser dans l’ignorance ? Certainement parce qu’elle avait l’impression qu’ils repartaient tous sur de bonnes bases. Elle pensait vraiment qu’ils allaient revenir comme avant, et même encore plus fort. Mais son coeur se brise en entendant ces avoeux, parce que maintenant, rien ne sera jamais plus comme avant.

Elle a peut-être aussi mal que Matt à cet instant. Et elle aurait aussi 1000 questions à lui poser en lui hurlant dessus. « C’était pas mon intention. » “Non ton intention c’était juste de te taper une meuf, mais t’aurais pas pu mieux la choisir ?” Elle est furieuse. Il y en a des milliers de brunes plutôt mignonnes qu’il aurait pu choper au DBD. Elle a eu toute la suite de l’hsitoire Jill. Elle sait que ce mec qu’elle ne connaissait pas avait couché avec Lily dans le lit de Matt, dans son appartement. Elle réprime une nausée en s’éloignant toujours un peu plus de lui.

Il ne répond pas. Ca en valait donc la peine. “Très bien. J’espère qu’elle t’apportera tout ce dont t’as besoin.” Elle est blessée Jill, blessée et terriblement déçue. Elle n’aurait pas dû se lever, elle n’aurait pas dû le suivre non plus. C’est qu’elle en fait des tas de conneries la jeune femme. « Je sais. » “Qu’est ce que tu fais là alors ?” Il aurait pu l’appeler elle pour aller chercher Matt, les laisser vivre leurs vies loin de lui après avoir commis l’irréparable. « Je m’attendais à ce que Matt me casse la gueule ce soir, quand je suis arrivé dans le bar, tu sais. » “Il aurait dû.” Elle, elle n’aurait pas hésité, et c’est seulement pour Matt qu’Ezra n’a pas encore la gueule en sang. « C’est ce que j’aurais fait après tout. Je pensais pas qu’il avait réussi à murir à ce point là. » Elle grogne, c’est Matt qui a besoin de mûrir dans cette histoire ? Elle pince les lèvres, elle l’a dit, elle ne hurlera pas. « Et pourtant, je suis là en un seul morceau et lui aussi. » “Heureusement que lui l’est.” Sinon elle aurait déchaîné les septs enfers sur le Beauregard sans même le regretter une seconde. Sa famille passe au premier plan, et quiconque se permet de rendre malheureux son frère ou sa soeur ne mérite même pas de vivre sur cette planète.

« J’ai pas fait ça pour venir détruire quelque-chose, Jill. » “Et c’est pourtant ce que t’as fait.” Et il connaissait les conséquences de ses actes, il savait très bien qu’il allait tout détruire rien qu’en l’embrassant, alors en couchant avec elle, il aurait mieux fait de quitter la ville et ne plus jamais revenir. Il aurait brisé sa promesse, il l’aurait abandonné, mais apparemment, Ezra n’est pas un homme aussi bon et fiable que Jill l’imaginait il y a encore quelques minutes seulement. “Peut-être que Matt ne sera pas rancunier…. mais moi, tu sais que je te pardonnerai jamais d’avoir fait un truc pareil…” Il le sait, elle ne fait que le formuler à voix haute en espérant que ça le blesse. “T’as rien à faire ici, rien à faire à essayer de faire croire au monde entier que tu veux prendre soin de lui alors que c’est à cause de toi et d’elle qu’il se met dans un état pareil.” Ils sont tous brisés les McGrath, et ce n’est pas prêt de s’arrêter.

run for cover

octobre 2020
@jill mcgrath-fitzgerald

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« Non ton intention c’était juste de te taper une meuf, mais t’aurais pas pu mieux la choisir ? » A ces mots, les mâchoires d’Ezra vinrent se contracter quelque peu davantage. Il comprenait la réaction de la jeune femme, vraiment. Il prenait en compte le fait qu’elle puisse se sentir mal autant pour son frère que pour elle-même. Ils s’étaient promis de ne plus se tourner le dos et Ezra l’avait laissé dans le noir concernant cette histoire. Pour sa défense, il pensait que Matt lui expliquerait les moindres détails à la première occasion et la réaction de Jillian, disons qu’il n’avait pas besoin de la vivre en direct pour l’imaginer dans les moindres détails. Mais pour la seconde fois - et ce serait surement la dernière, il fallait qu’elle en profite pleinement -, il ne vint faire aucun commentaire sur ceux de Jillian. Il essayait vraiment de se raccrocher à l’idée qu'il était le fautif dans cette histoire et que tout le monde ne savait pas rester raisonnable dans ses propres parlant d’autrui lorsqu’ils se retrouvaient propulser contre leur gré au milieu de ces dernières.

Il choisit donc le silence pour la seconde fois, en grande partie pour épargner la jeune McGrath de commentaires dont elle se passerait surement volontiers. « Très bien. J’espère qu’elle t’apportera tout ce dont t’as besoin. » Ce n’était donc pas sa faute à lui si elle venait pousser le bouchon un peu trop loin, si elle jouait avec le feu et les limites de sa patience. La suite des mots d’Ezra, elle les avait cherché et s’il n’avait jamais cru devoir prendre un parti entre deux personnes aussi importantes que l’étaient Lily et Jill, la question ne se posait plus en cette nuit d’été. « Mesure tes mots s’il te plait, Jill, je - » Il préféra venir inspirer un bol d’air neuf plutôt que de rajouter un autre commentaire. Ses ongles s’enfonçaient profondément dans sa paume droite, de quoi garder son calme encore quelques instants. « C’est pas ma femme, elle ne m’apportera rien. » Pas dans ce sens là, en tous cas. Lily lui apportait beaucoup dans sa vie et lui avait toujours tant apporté. Cependant, les quelques moments intimes qu’ils avaient partagé ensemble seraient les derniers dan cette vie et dans toutes les autres à suivre, il n’y avait aucun doute sur ce point.

« Qu’est ce que tu fais là alors ? » « J’ai aidé ton frère à revenir chez lui en un seul morceau, c’est tout. Je compte pas rester, t’en fais pas. Je sais que ce serait pas bien vu. » Il n’avait fait que ce qui était juste - pour une fois. Il n’y avait aucune autre histoire à lire à travers les lignes, il n’y avait aucun sous-entendu à sa présence chez les McGrath. Jillian avait du mal à le comprendre mais, pour une fois avec Matt, il avait fait la chose qui était attendue. « Heureusement que lui l’est. » Il pouvait donc désormais ne plus être en un seul morceau que ça ne lui porterait pas de misère à son coeur. Il vint étirer ses lèvres en une ligne fine. Si elle se trouvait déçue par son comportement, la réciproque était toute aussi vraie en ce moment même. « Merci de t’inquiéter pour moi aussi. » Il n’était pas encore complètement énervé, Ezra, mais d’ici à quelques autres répliques de la part de la jeune femme et ce serait chose faite surement. Elle le savait, qui plus était. Elle ne se rappelait pas que la patience du Beauregard avait des limites parce-qu’elle était elle-même énervée à un haut niveau. Mais elle le savait, quelque-part, dans ses souvenirs.

Ce manque de patience et d’ouverture d’esprit de la part de Jill était en train de conduire la conversation dans une impasse, ses commentaires venant s’enchainer en se ressemblant, blâmant Ezra sans venir écouter la moindre parole qu’il avait à lui proposer. « Et c’est pourtant ce que t’as fait. » Il avait détruit quelque-chose, certes, mais nulle n’avait été son intention, à aucun moment. Elle ne l’entendait pas, ça, restant bloquée sur les faits et non les contextes les entourant. Pourtant, ils avaient leur poids, leur importance. « Je sais. » Il pesait et mesurait chacun de ses mots, parlant de façon détachée pour leur donner à chacun l’importance nécessaire. « J’ai détruit quelque-chose et j’assume mes actes. Mais jamais, jamais, ça n’a été mon intention. » Un acte manqué pouvait peut-être définir l’exactitude de ses actes. Une mauvaise intention serait blasphème en revanche. « Peut-être que Matt ne sera pas rancunier…. mais moi, tu sais que je te pardonnerai jamais d’avoir fait un truc pareil… » Ezra vint soupirer, lassement. Jillian était en train de céder à son comportement par défaut, celui qu’elle adoptait depuis qu’il la connaissait lorsqu’elle ne se sentait point à l’aise dans une conversation. Elle réparait se rabattre sur le blâme et la mauvaise foi plutôt que de prendre le temps d’en discuter convenablement. « Je sais qu… » « T’as rien à faire ici, rien à faire à essayer de faire croire au monde entier que tu veux prendre soin de lui alors que c’est à cause de toi et d’elle qu’il se met dans un état pareil. » Il n’eut même pas le temps de terminer sa phrase qu’elle vint renchérir. Et là, alors qu’elle avait assené sa dernière carte, sa pièce maitresse sans même avoir ajusté ses cartes avant la bataille, il vint de nouveau plonger son regard dans le sien. Jill ne laisserait pas une chose pareille être discutée - pas ce soir. Et bien qu’il comprenait comment elle pouvait se sentir, il voyait le jugement dans ses yeux et le coeur d’Ezra vint se briser quelque-peu.

Alors, avalant difficilement sa salive et sa fierté, il vint soupirer une fois de plus. « Très bien. » Il serait l’idiot dans la pièce que de croire qu’il pourrait la faire changer d’avis à chaud, de la sorte. Même lorsqu’elle était à tête reposée, Jillian était une tête brûlée. Il n’opterait rien d’autre que ces accusation et son venin ce soir, alors autant savoir rétracter ses troupes pour le moment. « Je rentre chez moi si je n’ai rien à faire ici. » Il vint faire quelques pas en arrière, sans jamais la lâcher du regard. Il avait l’impression d’avoir fait un bond de dix ans en arrière, lorsqu’elle était venue le voir une dernière fois au garage avant de disparaître de sa vie pendant une décennie. Ses accusations étaient les mêmes - à la différence que, cette fois-ci, il était vraiment le responsable dans cette histoire. « Matt sait où me trouver s’il a besoin de quoi que ce soit - même s’il a besoin de m’en foutre une. » Il vint pincer ses lèvres, devant blanches sous le pression, avant d’hausser les épaules. « Tu sais où j’habite ici quand tu te seras calmée et que tu seras prête à m’écouter. » Si jamais elle réussissait à atteindre ce palier-là un jour.