| | | (#)Ven 27 Nov 2020 - 14:12 | |
| Il était évident qu'Ana allait retomber dans ses travers une fois que la dose de dope aurait coulé dans ses veines pour mieux s'évaporer dans les limbes. La violence était son quotidien, Ludwig avait beau n'avoir que des esquisses de ce qu'elle avait traversé, il ne pouvait que conclure que le tout était bien pire que tout ce qu'il pouvait imaginer. La blonde caractérielle n'avait jamais laissé la moindre place à quiconque: elle se voulait parfaitement indépendante, jamais heureuse de devoir se confier à la première personne venue, même pas la dernière pour être honnête. Anastasia était juste un paradoxe personnifié: incapable d'être seule et pourtant, loin d'être en mesure de pouvoir assumer sa solitude, c'était clairement ce qui l'avait mise dans cet état. Ludwig s'était d'ailleurs inquiété qu'elle puisse quitter ce monde entre ses bras tant elle avait eu froid mais elle était revenue à elle... Pire encore, elle était vite repartie au quart de tout, comme si elle n'avait jamais failli s'assoupir pour l'éternité. La jeune femme avait envie de faire durer le suspense encore un peu plus longtemps, en refusant à Schäffer son seul voeu: celui qu'elle puisse se laisser aller, arrêter de se battre contre un fantôme sous prétexte qu'elle ne faisait confiance à strictement personne. L'allemand était usé de se battre contre elle par contre, lui qui avait un peu levé la voix pour lui répondre, en espérant que le choc aiderait Ana à se calmer. Le raté avait été monumental et voilà qu'elle était plus remontée que jamais, prête à lui sauter à la gorge et lui déchiqueter la jugulaire s'il faisait le moindre faux pas. Il en fit au moins douze à ce moment-là, narrant de cent façons différentes qu'il avait besoin de l'amener vers une pharmacie pour empêcher tout risque d'infection concernant sa main. La blonde n'en fit forcément qu'à sa tête, courant vers son véhicule pour s'y réfugier, refermant les portières derrière elle avec virulence, non sans un geste obscène à son encontre, certainement pas peu fière de son petit effet provocateur. "T'es une casse-couilles, Williams. J'ai aucun papier à signer là, tout de suite, je te rappelle. Tu m'as téléphoné en me disant que t'étais en train d'y passer et je pense que ça te faisait chier de mourir aussi connement... Pourtant, tu veux retenter ta chance?" Pouvait-on faire plus idiot à ce moment précis? Ludwig s'échappa de son champ de vision, captant très vite quelles intentions habitaient l'italienne à l'heure actuelle. Il se dirigea vers le coffre et se glissa dans le véhicule à grand renfort de contorsions, jusqu'au siège à côté d'elle, soufflant un grand coup sur sa drogue qui s'éparpilla partout, mais aucunement dans une des narines de la Williams. "On arrête les conneries, maintenant, Ana. Ton coeur a failli s'arrêter il y a dix minutes et moi, je pense que tu vas pas y passer comme ça. T'as encore trop de monde à emmerder pour crever aussi connement. Fais un effort, bois de l'eau et file moi les clés. Je t'emmène." Il n'allait probablement pas lâcher le morceau, si c'était réellement ce que désirait la petite blonde. Comme quoi lui aussi pouvait être un sale con en lui subtilisant lesdites clés dans sa poche, lui refusant le droit de s'échapper, là, tout de suite. |
| | | | (#)Lun 30 Nov 2020 - 15:19 | |
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Better off dead
Elle se défoule sur Schäffer, elle le déteste en cet instant, alors qu’elle sait très bien que ce n’est pas lui qu’elle hait en réalité. C’est avant tout elle-même, et bien entendu sa famille, tous autant qu’ils sont. Elle veut qu’il parte, qu’il la laisse faire ce qu’elle a à faire, qu’il arrête d’essayer de la comprendre, de creuser en elle car elle ne veut pas qu’il trouve quoique ce soit. Alors, elle s’enferme dans sa voiture, fière de son échappée et commence à préparer sa prochaine dose non sans avoir adressé un geste obscène à l’éducateur resté dehors. Elle entend l’éducateur s’énerver de l’autre côté de la vitre. Mais elle entend tous ses mots : "T'es une casse-couilles, Williams. J'ai aucun papier à signer là, tout de suite, je te rappelle. Tu m'as téléphoné en me disant que t'étais en train d'y passer et je pense que ça te faisait chier de mourir aussi connement... Pourtant, tu veux retenter ta chance?" Elle s’arrête dans son geste pendant une seconde, sans pour autant lui accorder aucune attention. Elle l’a appelé en lui disant qu’elle était en train de mourir, vraiment ? Elle n’arrive pas à se souvenir des détails. Pourtant, elle sait très bien ce qu’elle a fait, mélanger alcool et kétamine, elle l’a déjà fait avant, toujours en connaissant les risques, mais cette fois-ci, elle y a été fort. Elle se souvient avoir doublé la dose de poudre, elle se souvient la rage qu’elle ressentait à cet instant, une rage qui la consumait de l’intérieur. Elle a voulu que tout s’arrête, elle a voulu plonger dans l’oubli total. Sans se l’avouer consciemment, elle a voulu mourir, car elle n’a pas fait une erreur de dosage, elle connaît les dosages par cœur, Ana. Elle a fait une tentative de suicide et elle a pris peur, et qui a-t-elle appelé ? Schäffer. Ces évidences qui l’assaillent soudain la déstabilisent. Ça ne lui ressemble pas à Ana, elle a beau se tuer à petit feu avec tous ses excès, elle ne veut pas mourir, elle est sacrément résiliente et se targue souvent d’être increvable. Alors, pour qu’elle ait fait un tel geste, vraiment, il faut croire qu’elle a passé un cap qu’elle ne pensait jamais franchir.
Elle regarde la poudre, elle bugue totalement et elle ne réalise même pas que la voiture tangue sous le poids de Ludwig qui s’y fraye un chemin par le coffre. C’est seulement quand il la bouscule pour se retrouver sur le siège à côté d’elle qu’elle reprend contact avec l’instant. A l’exact même moment où elle voit la kétamine s’envoler dans un nuage de poudre. « Hé! Mais putain ! » gueule-t-elle en se reconnectant avec l’instant présent et sa colère, rassurante colère. "On arrête les conneries, maintenant, Ana. Ton coeur a failli s'arrêter il y a dix minutes et moi, je pense que tu vas pas y passer comme ça. T'as encore trop de monde à emmerder pour crever aussi connement. Fais un effort, bois de l'eau et file moi les clés. Je t'emmène." Il insiste, elle a failli mourir. Mais ce n’est pas tant ça qui choque Ana, ce qui la choque c’est que, quelque part au fond d’elle, elle a voulu mourir. Ça la choque trop pour qu’elle l’accepte d’ailleurs et encore moins qu’elle le verbalise. « J’allais pas crever, putain, j’suis pas en sucre... ». Il lui demande les clés et elle ne compte pas les lui donner mais il tâte la poche de sa veste et les en extrait rapidement. « Vas-y sers-toi, je t’en prie. Tu veux pas chier sur l’tableau d’bord aussi ? » Après avoir gâché une bonne dose de kétamine et lui voler ses clés, c’est la prochaine étape, non ? Il veut l’emmener mais ils ne vont pas aller bien loin dans ces conditions, c’est elle qui est assise devant le volant et c’est lui qui a les clés. Il ne la laissera jamais conduire et Ana a juste envie de sortir du véhicule et de partir en courant. Pour aller où ? Pour faire quoi ? Peut-être pour se laisser submerger par la violente réalisation qu’elle a fait une tentative de suicide ce soir, loin du regard de Schäffer ou de quiconque d’autre. Mais elle a beau avoir retrouvé du poil de la bête, elle n’est pas sûre d’arriver à semer Schäffer, ce putain de pot de colle. « Tu comptes m’emmener où ? C’est un putain d’kidnapping ? » Elle a perdu en virulence mais ça ne l’empêche pas de le fusiller du regard les bras croisés sans un mouvement qui puisse lui laisser penser qu’elle va lui laisser la place derrière le volant. « T’sais qu’personne te donnera une putain de médaille pour m’avoir supposément empêchée d’crever, hein ? J’sais pas à qui tu crois rendre service, mais ils vont être putains d’déçus. » Déçus d’avoir perdu une occasion d’être débarrassés d’elle. Ana ne va pas s’enfuir en courant, elle ne va pas lutter. Qu’il fasse sa BA, qu’il se comporte comme d’autres auraient peut-être dus se comporter avec elle, mais voilà, Schäffer n’est pas son père, ni son frère, ce n’est pas lui qui devrait être là. Mais il est là et il n’a pas l’air prêt à partir, alors autant décider consciemment de le tolérer. Elle finit par sortir pour échanger leurs places : « Vas-y doucement avec mon carrosse... »
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| | | | (#)Mer 9 Déc 2020 - 13:42 | |
| Il en fallait énormément pour altérer la patience du grand Schäffer mais Ana finissait par y arriver, elle avait ce tempérament impétueux qui ne pouvait pas permettre à l'allemand de conserver une face neutre tout au long de leurs entrevues. Cette fois-là, elle avait tout fait pour lui faire péter un plomb: déjà, parce qu'elle avait commencé par cette terrible tentative de suicide qui avait mis Ludwig dans un péril sans nom. Et s'il faisait une erreur? S'il n'arrivait pas à la sauver d'elle-même? C'étaient de terribles suppositions qu'un simple éducateur n'aurait pas dû avoir à se poser au beau milieu d'un hangar désaffecté quand il n'y avait pas l'ombre d'une ambulance dans les deux kilomètres alentours. L'urgence avait été réelle et Ludwig avait tenu le choc, ramenant à la vie une Ana qui débloquait totalement. Elle ne put pas, en effet, rester inactive et plus ou moins dans la douceur, préférant trouver le moindre prétexte pour rejeter le grand brun qui faisait de son mieux pour la soutenir dans l'épreuve qu'elle traversait. Ludwig n'aurait probablement pas dû avoir un tel esprit de sacrifice: il n'avait jamais eu la force pour tenir sur la durée, surtout pas quand sa propre vie personnelle était profondément chamboulée dernièrement, mais il fallait qu'il prouve à un public éteint qu'il était capable de tout surmonter sans la moindre difficulté émotionnelle. Ce n'était plus tellement le cas maintenant qu'il montrait à Ana qu'elle arrivait à jouer avec ses nerfs en s'offrant une dose d'opiacées devant ses yeux alors qu'il était hors de portée d'elle. Cette fois-là, Schäffer ne resta pas là à la regarder et à acquiescer tout bêtement aux actions stupides de la jeune femme. A la place, il sauta dans le coffre du véhicule pour retrouver une place de choix à côté d'elle, en prenant bien soin évidemment de détruire la kétamine qui jonchait le tableau de bord. De quoi énerver un peu plus la blonde, sûre qu'elle avait dû être jusque là d'obtenir un nouveau répit au pays des rêves puériles. Elle ne rejoindrait pas un autre univers ce soir-là, pas tant que Ludwig serait dans les parages pour la porter à bout de bras, la refusant à la mort parce qu'il ne fallait pas déconner non plus. "Si c'est ce qu'il faut pour que t'arrêtes de faire des conneries, let's go." Non, il n'irait pas le moins du monde jusque-là mais il fallait que Ludwig sorte son petit caractère mutin, espérant assurément dérider quelque peu Ana en agissant de la sorte. Allait-il remporter la moindre lutte face à elle? C'était clairement son moment à l'heure actuelle puisque la jeune femme arrêta de le combattre au moins physiquement quand il attrapa les clés de sa voiture au fond de sa poche. C'était déjà une bonne chose de faite, se sentant beaucoup plus en sécurité de savoir qu'Ana ne prendrait pas le volant dans les minutes suivantes avec son état franchement instable. "T'es pas invincible. Je sais pas si c'est un kidnapping, mais en tout cas, c'est une intervention!" Et elle n'était pas divine celle-là, Ludwig échangeant sa place avec la petite blonde pour qu'il puisse les faire disparaître de ce paysage merdique à souhait. Où l'emmener? C'était une bonne question: il avait parlé de pharmacie mais à cette heure, c'était sûrement contre-indiqué. Et si... "Il y a une place sur mon canap'. Je suis tout seul quelques jours." Non, il n'allait pas lui débiter que sa femme avait pris quelques jours de congés face à sa tronche pour se rendre chez ses parents, ce qui constituait pourtant un enfer pour elle. "Et je t'ai déjà dit que je m'en foutais d'avoir des lauriers. Pourquoi la gloire m'intéresserait quand je peux subir le courroux d'une Ana chiante à souhait?" Chacun avait ses priorités, clairement, et Ludwig démarrait la voiture en trombe, s'apprêtant à débarquer dans une sacrée incertitude une fois encore, ce qui était coutumier quand on côtoyait une personne comme Anastasia Williams. |
| | | | (#)Lun 14 Déc 2020 - 16:04 | |
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Better off dead
Schäffer a envahi son véhicule, fait partir en fumée sa kétamine et lui a maintenant subtilisé ses clés. Elle s’énerve, s’insurge et lui demande s’il compte déféquer sur le tableau de bord pour continuer sur sa lancée. "Si c'est ce qu'il faut pour que t'arrêtes de faire des conneries, let's go." Ahah, qu’est-ce qu’il est marrant… Elle lâche un rire faux et lui adresse une grimace boudeuse, elle a presque l’air d’une enfant capricieuse à cet instant, mais cette époque est révolue, elle a atteint un autre niveau dorénavant. Le niveau de sciemment faire une overdose (et pas pour la première fois), le niveau de faire une tentative de suicide qu’elle ne veut pas accepter comme telle. "T'es pas invincible. Je sais pas si c'est un kidnapping, mais en tout cas, c'est une intervention!" Elle n’est pas invincible ? Elle se serait menti donc à elle-même tout ce temps ? Elle lève les yeux au ciel, restant dans son rôle de minimiser les faits, comme si nier l’évidence allait changer quelque chose et tordre la réalité pour qu’elle corresponde à ce qu’Ana voudrait. Elle sort de la voiture pour laisser Ludwig prendre le volant et retrouver sur le siège passager. "Il y a une place sur mon canap'. Je suis tout seul quelques jours." « Ça ressemble quand même vach’ment à un kidnapping... » remarque-t-elle avec un air blasé.
Puis elle le prévient à nouveau, que sa mission de sauvetage ou son intervention, peu importe comment il veut l’appeler, ne lui apportera la reconnaissance de personne. Ses frères et sœurs ne seraient pas traumatisés bien longtemps de la voir six pieds sous terre, elle n’en doute pas une seconde, c’est plutôt de savoir qu’un gars random l’a empêchée d’en finir qui les contrariera. Une occasion manquée de simplifier leur vie à tous, de se débarrasser d’un élément perturbateur. "Et je t'ai déjà dit que je m'en foutais d'avoir des lauriers. Pourquoi la gloire m'intéresserait quand je peux subir le courroux d'une Ana chiante à souhait?" Elle lâche un vague rire dépourvu de toute joie. « T’es maso, mon gars... »
Puis, ils se mettent en route, bientôt ils arrivent chez Ludwig et Ana se dit que maintenant, elle sait où il habite et que ça ne devrait pas le rassurer. Cette nuit, elle dormira sur son canapé et dans quelques heures, avant que le soleil se lève, elle fouillera partout avec une grande discrétion pour récupérer ses clés de voiture et trouver les clés de l’appartement qui a été fermé à clé. Kidnapping, je vous dis. Finalement, elle tombe sur les clés de sa vieille Toyota avant de trouver les clés de l’appartement, il dort avec ou quoi ? Qu’à cela ne tienne, elle lui faussera compagnie en sortant par la fenêtre et quand il se lèvera il n’y aura plus trace d’Ana dans l’appartement, si ce n’est une tasse de café vide qu’elle s’est servie dans la cuisine et un paquet de gâteaux qui aura disparu de son étagère.
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