Clyde regarda avec envie Ezra ouvrir Ils arrivent.la trappe qui cachait le coffre contenant ce qui leur semblait désormais être le Graal - ce qui leur permettrait de plier ce casse trois fois plus rapidement qu’ils n’auraient pu l’espérer. La présence du gamin était une aubaine, et celle du manque de limite d’Ezra encore plus, quand bien même l’étincelle d’excitation qui dansait dans ses yeux avait tout d’inquiétante. Encore plus pour le directeur, qui était brusquement devenu muet et les fixait comme s’il avait volontairement décidé de les emmerder jusqu’au bout. “Il est con ou il est con ce type?” Rien que pour le plaisir d’enfoncer le clou, qui pour une fois ne le visait pas lui, Clyde acquiesça d’un mouvement de tête. “Il est con.” “Reste dans ton silence, c’est pas grave. Quand ce sera ton mioche qui aura été réduit au silence, on verra bien qui rira le dernier.” Et avant que Clyde n’ait pu s’opposer à ce qui venait de traverser l’esprit d’Ezra, ce dernier leva son arme vers le gamin qui s’était laissé tomber au sol comme une mauviette - Clyde aurait presque pariée qu’il s’était pissé dessus, lui. “Noooooon !” “Qu’est-ce qu…” Clyde fit un pas en direction d’Ezra, comme pour l’empêcher de continuer ce qu’il avait visiblement prévu seul et sans le concerter, mais il fut stoppé net en réalisant que le Beauregard avait manqué sa cible. Ou plutôt, qu’il l’avait volontairement évité. Clyde savait que les sautes d’humeur d’Ezra pouvaient être dangereuses, mais il semblait encore se contenir - jusque-là. “Ressaisis toi, abruti. Sinon la prochaine fois je ferai en sorte de réellement bien viser.” Si le directeur ne flanchait pas maintenant, ils étaient bons pour abandonner cette idée, car le temps leur était désormais compté maintenant que la détonation avait sûrement dû se faire entendre à l’extérieur. Ou plutôt les détonations, lorsqu’Ezra vint perdre patience et exploser le genou droit de l’homme qui tomba de sa chaise en hurlant à la mort. Clyde avait une petite idée de ce qui donnait une balle dans les chairs, et il confirmait que cela faisait mal - mais pas assez pour que le directeur ne soit pas en état de leur parler. Alors il vint une nouvelle fois le redresser par le col pour coller au visage au sol, à quelques centimètres de la trappe donnant sur le coffre. “Dernière chance. Le code?” Il en avait fallu beaucoup pour que le directeur craigne enfin pour sa vie, mais cela avait semblé marcher - comme quoi, tous les pères n’étaient pas si attachés à leurs enfants, mais tous les hommes tenaient à leur propre vie. Après des négociations qui avaient trop duré, il finit par grommeler le code du coffre que Clyde s’empressa d’ouvrir, y trouvant rapidement les documents qu’ils cherchaient. Tous les codes y étaient inscrits, c’était parfait - si on oubliait momentanément le fait que les flics n’allaient pas tarder à se ramener. Comme pour doubler ses propres mots, son téléphone vibra : c’était le signal, le poste de police avait été prévenu des coups de feu dans l’enceinte de la banque, et la cavalerie était en route. “Ils arrivent.” C’était le moment de courir, et vite.

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Il n’avait, dans aucun scénario, prévu de venir tirer une balle directement sur le directeur. Promis, il ne l’avait pas prévu - mais le scénario était bien trop tentant pour ne pas être réalisé. Déjà, il ne pensait pas qu’ils en viendraient à menacer le vieux, puisque son fils ne devait pas se trouver là aujourd’hui. Ezra avait étudié les emplois du temps de tous les intervenants, et le gamin devrait être à l’école à cette heure là. Pas dans les toilettes de son père en train de jouer à la console de jeux. Mais Ezra devait avouer que l’idée lui avait, quelque peu, échappé - autant que la balle était venue échapper à son flingue. Si le directeur n’avait pas peur pour la vie de son fils, il aurait forcément peur pour la sienne. La supposition du Beauregard s’avéra être vraie, puisque cette fois ci, il vint exprimer un ressenti de la douleur alors que Clyde s’abaissait à sa hauteur. « Dernière chance. Le code? » Il semblait mécontent du tir qu’Ezra avait entrepris, mais ce dernier n’en avait que faire des ressentis de son acolyte du jour. Tout ce qui importait, c’était qu’ils obtiennent rapidement les codes pour deux raisons: leur emploi du temps était déjà en train d’en partir, et désormais les coups de feu avaient du être entendus de l’extérieur. Ils se devaient donc de se dépêcher, et s’il fallait abimer plusieurs fois les deux rotules du gars, Ezra n’hésiterait pas.

Clyde finit par aller récupérer dans le coffre du bureau les papiers qui leur importaient, avant de venir porter son attention soudainement à son téléphone. « Ils arrivent. » « Bordel de merde. » Le rire qui vint s’échapper d’entre les lèvres d’Ezra n’avait rien de joyeux, au contraire, on pouvait y percevoir l’anxiété refaire surface. « Tout ça à cause d’un trou du cul qui peut pas dire des codes plus vite. » Une troisième balle vint sortir du canon, venant exploser la seconde rotule du directeur - qui avait désormais du mal à tenir en place sur sa chaise, le pauvre vieux. « C’était ton genou ou la tronche de ton gosse. Attachez le bien, on va le laisser là. » Qu’il vint indiquer à ses hommes de main en désignant le gamin du menton. Il n’avait plus besoin de rejeton, ayant compris que son père n’en avait que faire de sa survie. « Toi par contre… » Son visage s’arrêta à quelques centimètres de celui du directeur. « Avec ou sans genoux, tu viens avec nous. Et essaies pas de nous doubler une deuxième fois. » D’un geste de la tête après avoir analysé l’espace d’un instant supplémentaire les traits de l’abruti, Ezra vint indiquer à l’une des deux armoires à glace correspondant à l’équipe de Clyde de venir transporter l’homme.

Les pas de la petite troupe se firent par la suite, une fois de plus, entendre dans les escaliers. « J’aurais pris un petit déjeuner si j’avais su, bordel… » Règle numéro un d’après Ezra, ne pas manger avant un braquage sinon il risquait de tout renvoyer sur le décor à la première émotion trop forte. Et il ne devait, sous aucun prétexte, laisser un telle trace derrière eux. Mais il commençait à sentir ses forces faiblir et ce n'était pas bon signe. Une fois au rez-de-chaussée, il prit l’initiative d’aller consulter un instant les écrans de surveillance, pour voir où se  tenait désormais la police - qui ne devrait pas trop tarder à comprendre que quelque-chose de pas nette se tramait à l’intérieur des murs.

Citation :

WIN: la police n'a pas encore compris ce qui se passe, venant juste d'arriver sur les lieux. Ils ont encore du temps.
SO CLOSE: une équipe est déjà en train de tourner autour du bâtiment pour comprendre l'ampleur des dégâts. Le temps se fait rare pour eux.
FAIL: une équipe d'intervention est en train d'arriver avec un fourgon blindé, ils vont pas tarder à se mettre en place pour entrer en communication avec eux. Vraiment, il faudrait se dépêcher.

“Bordel de merde.” L’arrivée de la police n’était sur une bonne chose pour aucun d’eux, dans aucune version de leurs plans qui s’étaient finalement trouvés bousculé par la découverte du gamin. Si elle leur permettait désormais de pouvoir ouvrir le coffre en quelques secondes à peine, les tirs délibérés d’Ezra avait mis la police sur leur trousse - Clyde lui aurait bien cassé la gueule de tant d’imprudence, mais à bien y réfléchir, le père n’aurait sans doute pas parlé sans ses genoux pétés Alors, finalement, autant se débrouiller avec ce à quoi ils devaient désormais faire face. Clyde laissa au Beauregard le soin de proférer davantage d’insultes que nécessaires tandis qu’il se détournait de lui, persuadé qu’il en avait fini de faire mumuse avec son flingue. Raté, qu’il réalisa en sursautant presque au bruit d’un nouveau coup de feu qui n’avait d’autre utilité que le plaisir d’Ezra. S’il avait toujours su que son acolyte avait un grain, cela ne faisait désormais plus aucun doute.

Le gamin ficelé et le directeur porté sur l’épaule d’un des gars plus tard, ils finirent par retrouver les escaliers et le chemin du coffre. “J’aurais pris un petit déjeuner si j’avais su, bordel…” S’il tenait à manger quelque chose, le poing de Clyde pourrait faire l’affaire, au besoin. Parce que le fait que les flics étaient à deux doigts de les coincer était évidemment une information peu cruciale au regard du contenu de l’estomac du Beauregard. Clyde leva les yeux au ciel sans prendre la peine de lui jeter un regard, bien trop habitué et pourtant si peu amusé devant tant d’habitudes aussi peu logiques les unes que les autres, dont Ezra avait le secret depuis toujours. “J’appelle ta mère qu’elle nous livre un truc?” lâcha le brun en raillant, car les comiques de répétition étaient les meilleurs, évidemment. Il finit par détourner son attention pour se concentrer sur les caméras de surveillance, autour desquelles Ezra et deux autres mecs l'avaient rejoint. “Et merde.” La police entourait le bâtiment, sans doute pour inspecter les potentielles failles et comprendre comment le braquage pouvait avoir eu lieu. Pourtant, la réponse était simple : ils étaient entrés par la porte, et le plan était d’en ressortir également. Si Clyde aurait préféré que personne ne soit blessé, ou pire, tué dans le processus, l’option de la non-violence s’éloignait de plus en plus. Ils se devaient d’agir vite, avant qu’un comité d’accueil musclé ne vienne les cueillir à la sortie. “On aura pas le temps de tout sortir.” Moins d’argent, mais vivants, le deal restait acceptable, non ? Il fit signe à ses mecs de ramener tous les sacs dans lesquels ils feraient sortir les billets, avant de se diriger et d’ouvrir le coffre avec les codes qu’il avait en main. En moins de deux secondes, l’affaire était pliée, et l’odeur si satisfaisante de l’argent vint lui chatouiller les narines. Enfin.

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« J’appelle ta mère qu’elle nous livre un truc? » Les mâchoires d’Ezra vinrent se serrer davantage, alors que ses pas ralentirent un instant pour venir toiser Clyde du regard. Ce dernier ne se rendait pas compte à quel point il avait encore de la chance d’être présentement en vie, et il se permettait de venir parader comme si tout lui était dû - ce qui n’allait pas en faveur de la première idée, à savoir le laisser encore en vie bien longtemps. Le coeur n’y était pas en réalité, du côté d’Ezra. S’il n’était pas contre faire tomber quelques têtes sur son passage, celle du Wakefield n’avait jamais été au programme - pas avant, et toujours pas maintenant. Il le détestait mais leur passé commun faisait qu’il n’arrivait pas à vraiment le détester.

Alors, il ne vint faire aucun commentaire, se contentant de venir se poster devant les écrans des caméras de surveillance. « Et merde. » « Tu l’as dit, bouffi. » L’arrivée si tôt de la police ne les aidait en rien dans leur plan - la police de façon générale ne les aidait vraiment jamais, dans leurs plans, en réalité puisqu’ils venaient sur place avec l’intention de violer la loi. « On aura pas le temps de tout sortir. » Il fallut plusieurs secondes à Ezra pour venir réaliser que les mots prononcés par Clyde ne formaient pas une question mais bien une simple constatation. Le jeune homme était déjà parti ouvrir le coffre quand Ezra vint froncer les sourcils. « Comment ça on aura pas le temps de tout sortir ? C’est quoi ces conneries ? » Venant secouer la tête il vint rejoindre l’autre homme devant le coffre, qu’il ouvrait avec une aisance qui venait faire bouillonner encore un peu plus Ezra de l’intérieur.

« De comment tu comptes pas tout faire sortir ? » Il vint se planter entre le brun et la porte désormais ouverte du coffre. S’il dédirait plus que tout se jeter dans les tas de billets derrière lui, présentement le plan complètement foireux de Clyde lui faisait bien plus peur que la police et tout ce qui s’en suivait. « Tu peux partir maintenant même si tu veux, regarde les poulets t’attendent devant la grand porte. » Ses bras furent croisés sur son torse, et ses sourcils froncés encore davantage. « Si t’as pas les couilles pour mener la mission jusqu’au bout, tu me dis maintenant. Que j’arrête de compter sur toi. » Et pourtant, ça lui faisait mal de venir prononcer ces mots là mais c’était vrai: si Clyde ne voulait pas aller jusqu’au bout de leurs idées, autant qu’il abandonne de suite. Ezra, lui, comptait repartir avec le moindre billet qui était à sa disposition.

“Tu l’as dit, bouffi.” C’était qu’il se permettait des familiarités depuis longtemps oubliées, le Beauregard. En d’autres circonstances, Clyde aurait presque pu en sourire de manière détournée, mais là, son regard était bien trop rivé sur les écrans de surveillance qui n’auguraient rien de bon, et pire encore. “Comment ça on aura pas le temps de tout sortir? C’est quoi ces conneries?” Est-ce qu’il avait vraiment besoin de lui faire un dessin? Le temps n’était plus aux discussions mais à l’action, et Clyde ne se fit pas prier pour avoir le plaisir d’ouvrir le coffre qui contenait la marchandise tant attendue. Et heureusement, car il n’aurait plus manqué que ce dernier soit vide et que le directeur ait oublié de le mentionner, cet abruti. Il finit par se retourner vers Ezra, pour qui la pilule de ne pas tout sortir ne semblait pas passer. “Fronce pas trop les sourcils, tu vas avoir des rides.” Il n’était même pas amusé par la situation, Clyde, juste emmerdé qu’Ezra ne comprenne pas où il voulait en venir - et que par défaut, il s’y oppose donc. “De comment tu comptes pas tout faire sortir?” L’ignorance était bien plus jouissive que tout petit commentaire narquois, et pourtant, le Beauregard lui coupa cette option lorsqu’il vint se placer entre lui et l’argent - position que personne ne voulait avoir s’il comptait rester entier longtemps. “T’es sourd pour avoir besoin de tout répéter deux fois?” L’évidence lui semblait pourtant limpide, au brun. “On aura pas le temps de tout sortir et de se tirer avant qu’ils bloquent toutes les issues.” Ezra était-il suffisamment imbu de l’infaillibilité de ses propres plans au point de ne pas avoir peur de se faire coffrer? “Tu pourras pas tous les tirer comme des lapins, si c’est la question.” Ce n'était pas la question, mais à peu de choses près, le blond y avait sans doute songé. “Tu peux partir maintenant même si tu veux, regarde les poulets t’attendent devant la grand porte.” Comme s’il attendait réellement une réponse, tandis que Clyde le jetait un regard noir en levant les yeux au ciel. “Si t’as pas les couilles pour mener la mission jusqu’au bout, tu me dis maintenant. Que j’arrête de compter sur toi.” “Et tes couilles en taule, tu vas en faire quoi?” Non, en fait, mieux valait ne pas répondre à cette question.

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« Fronce pas trop les sourcils, tu vas avoir des rides. » Il ne vint même pas relever les paroles de l’autre homme, Ezra. Il n’allait pas s’abaisser à ce type de réaction alors que l’abruti - pas le directeur, cette fois ci - venait de lui annoncer que son plan ne comprenait pas une possibilité où il repartait avec tout l’argent. Selon lui, c’était tout simplement impensable. C’était le butin au total, ou rien. Autant rester chez lui à regarder la télévision, s’il était venu pour si peu. « T’es sourd pour avoir besoin de tout répéter deux fois? » Non, mais il y en avait un qui risquait de moins bien entendre lorsqu’il aurait perdu ses deux oreilles. « On aura pas le temps de tout sortir et de se tirer avant qu’ils bloquent toutes les issues. » Ezra vint secouer la tête. Il voyait trop petit, Clyde. Il se contentait des faits qu’il avait sous les yeux sans penser plus loin que ces derniers. Comme si Ezra était entré dans cette banque sans au moins douze plans de sortie différents. L’arrivée en fanfare des forces de l’ordre en faisait partie, d’ailleurs - Clyde le pensait peut-être trop confiant pour y avoir pensé - et pourtant, dans ce scénario là, il repartait les poches pleines du butin.

« Tu pourras pas tous les tirer comme des lapins, si c’est la question. » Il vint souffler, quelque peu déçu que Clyde pense si petit de son comportement. « Je comptais pas tous les tirer comme des lapins. Déjà, parce-que c’est des poulets… » Et il leva les yeux au ciel en guise de conclusion de phrase. Le pire dans tout ça, c’était que son jeu d’acteur n’était pas si mauvais - qu’il pensait - alors que, oui bien sur, il avait peut-être éventuellement pensé à l’idée de tous les canarder pour s’échapper d’ici. Un de ses plans, le moins bon de tous, se déroulait comme ça. Mais ce n’état pas celui là qu’il désirait mettre en place et les idées de Clyde le fatiguaient déjà alors qu’il venait à peine de lui expliciter. Une porte de sortie s’offrait pour ce dernier, s’il n’assumait pas d’être le méchant dans l’histoire qui allait pas tarder à passer dans les médias. « Et tes couilles en taule, tu vas en faire quoi? »

Deux options de réaction s’offraient présentement à Ezra. Soit, il venait rire comme un abruti de la remarque de Clyde, cette dernière pouvant avoir plus d’une réponse valable. Soit, il venait purement et simplement lui éclater les dents d’un coup de poing bien placé. Il n’avait pas beaucoup de temps pour y réfléchir, et malheureusement aucune des deux réactions ne semblait être celle attendue dans une telle situation. Il perdrait du temps dans les deux cas - le problème étant que son égo ne pouvait pas se permettre de venir faire comme si de rien n’était. Alors, fermant les yeux un instant et rien qu’un seul, Ezra vint inspirer un brin longuement avant de venir reporter son regard sur son acolyte du jour. Le temps comme suspendu, les sirènes des forces de l’ordre commençant à se faire entendre à travers les murs et fenêtres de la banque.

Citation :

WIN: "oh, t'inquiètes pas, mes couilles auront pas froid en taule si tu veux tout savoir"
SO CLOSE: "j'irai pas en taule, mais je ressors quand même avec tout le pactole. rien à foutre que tu veuilles jouer les mauviettes, t'auras qu'à te tirer quand tu auras trop la frousse - ou je pourrais te tirer pour ta faciliter la tâche, si tu veux"
FAIL: et ça fait bim, bam, boum dans les dents de Clyde.

Ezra avait le don de se montrer beaucoup moins bavard dès que les commentaires se tournaient plus en faveur de sa petite personne - dommage, mais pas vraiment étonnant, en réalité. Il se contenta de hausser les épaules et de secouer la tête, comme s’il n’avait cure de ce que pouvait bien dire Clyde. Prétendre que ce dernier espérait ainsi faire sortir son ancien partenaire de ses gongs serait faux, mais il aurait au moins apprécié un peu plus de réaction alors qu’il faisait enfin l’effort d’être aussi insupportable que le blond, ce qui n’était pourtant pas tâche aisée. “Je comptais pas tous les tirer comme des lapins. Déjà, parce-que c’est des poulets…” “J'avais oublié que t'étais braqueur le jour et comique la nuit. Ça m'a pas manqué.” De tous les commentaires possibles, il avait fallu qu’il se laisse aller sur la pente d’une vanne de qualité bien médiocre et qu’il avait pourtant balancée comme si cela coulait de source, en levant les yeux au ciel devant si peu de culture de la part de Clyde. Ce dernier nota de se rappeler que tout braqueur qui se respectait se devait de maîtriser le bestiaire animalier, mais il ne s’arrêta pas là. Non, certainement pas, alors qu’Ezra lui faisait comprendre illico presto qu’il se porterait même mieux si Clyde décidait de prendre la porte de sortie maintenant - jamais, pas sans l’argent, ne fusse que la moitié de ce qu’il espérait. Encore une fois, Ezra était catégorique, et tout semblait blanc ou noir dans son esprit, ce qui serait son problème s’il finissait en taule en n’ayant pas réussi à contrôler ses ambitions. “Oh, t'inquiètes pas, mes couilles auront pas froid en taule si tu veux tout savoir.” Il ne voulait pas savoir, non. “Tu pourras pas dire que j’t’avais pas prévenu.” Aucun d’eux n’avait jamais fini en taule, mais quelque chose lui disait qu’il valait mieux ne pas connaître exactement ce qu’il se passait derrière les barreaux. “Fais ce que tu veux, moi je ressors avec la moitié s’il le faut, mais je ressors.” Sur ce, il abandonna Ezra à l’extérieur du coffre et se mit à charger les billets dans les sacs qui se remplissaient à vue d'œil, tous les braqueurs s’y étant mis de concert. Pourtant, Clyde ne quittait pas Ezra du regard, tandis qu’il passait régulièrement une main sur son flingue - au cas-où, juste au cas-où le Beauregard décide soudainement de l’évincer de l’équation.

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« J'avais oublié que t'étais braqueur le jour et comique la nuit. Ça m'a pas manqué. » Ezra vint hausser les épaules, comme si aucune remarque de Clyde ne pouvait l’atteindre - alors qu’il était intimement persuadé que le jeune homme mentait, et que ses blagues foireuses lui avaient manqué en réalité. Après tout, il avait travaillé pendant des années main dans la main, Ezra le clown faisait partie intégrante de ce job là. Cela devait forcément manquer de temps à autres au jeune homme - à tel point que désormais, à la moindre occasion, le Beauregard venait en rajouter une couche toujours plus lourde, avec toujours moins de saveurs. Si cela pouvait dissuader Clyde de repartir en plein milieu de leur mission du jour, il n’avait plus qu’à tenter. « Tu pourras pas dire que j’t’avais pas prévenu. » Le sourire de façade que portait Ezra vint fondre comme neige au soleil, alors qu’il venait sur-réagir en levant les yeux au ciel. « Tu pourras pas l’entendre, tu viendras pas me voir en taule. » Ou alors, ils partageraient une cellule lorsqu’Ezra le dénoncerait comme acteur principal du plan, ce qui lui ferait gagner quelques années retirées à son compteur de peine. L’idée n’était pas mauvaise, il la gardait de côté de nouveau dans un coin de son esprit - mais ne prenait pas soin d’en parler à Clyde avant, cela viendrait retirer tout l’amusement sinon.

« Fais ce que tu veux, moi je ressors avec la moitié s’il le faut, mais je ressors. » Les gars se mirent à s’affairer, remplissant les sacs de liasses de billets de banque flambants neufs - Ezra mettrait bien la main à la patte, mais d’une ce n’était pas son rôle et, qui plus était, il avait une tête de mule à convaincre d’une partie du plan dont il n’était pas au courant. « Parce-que tu penses vraiment que mon avenir idéal c’est de me faire peloter les miches en taule, Clyde ? » Il devait certainement penser de la sorte, puisque ses hommes à lui venaient ressortir les sacs de billets en direction d’une sortie il ne savait trop laquelle, là où les siennes entassaient tranquillement les sacs devant une autre porte, donnant sur le côté de la salle du coffre. « Tu me connais mieux que ça, tu sais bien que j’ai plus d’un tour dans mon sac. » Venant faire quelques pas en avant, afin d’entrer enfin à son tour dans le coffre, Ezra vint attraper une liasse de billets afin de venir en humer l’odeur. « Les billets, c’est du papier. Et y’a deux choses que le papier supporte mal: le feu et l’eau. » L’un de ses hommes vint lui filer une perceuse-visseuse, afin qu’Ezra puisse s’amuser à ouvrir les petits tiroirs du coffre pendant qu’il faisait son discours à Clyde - et que ses hommes bossaient réellement, eux. « Pour le feu, on peut pas faire grand chose contre ça. A la moindre chaleur trop élevée, les billets partent en fumée. »

Il vint finalement porter son attention toute entière sur Clyde, alors que son regard avait regagné en étincelles - et pas d’humour cette fois ci, ni d’intelligence mais ça c’était un autre sujet tout à part; non, en étincelles de malices et d’excitation. « L’eau, en revanche, peut être facilement contournée. » Un souci haussé, sur son visage, afin de venir ajouter un effet dramatique à ses explications. « Si on protège le billet, il ne prendra pas l’eau. Et l’eau, ça peut porter loin et facilement un billet. » Avec un sourire plus que satisfait de sa propre stratégie, il vint s’approcher du Wakefield pour venir presque lui susurrer ses prochains mots au creux de l’oreille. « Devine ce qui passe juste au delà de la porte de la réserve, sur la droite du coffre ? Des canalisations. Et qui est-ce qui attend au bout de ces canalisations ? » Ezra dut se rendre compte de sa propre connerie, car il vint froncer quelque peu le bout du nez. « Ah non, tu le connais pas, c’est mon nouvel acolyte - il est fidèle, lui. »

“Tu pourras pas l’entendre, tu viendras pas me voir en taule.” La remarque eut le don d’attirer l’attention de Clyde, pour une fois, tant elle était criante de vérité. “On est au moins d’accord sur quelque chose.” Car il ne persistait aucun doute que la réciproque était également vraie, si Ezra ne décidait pas de se débarrasser Clyde avant même qu’il ne passe par la case prison. Idéalement, aucune de ces situations n’arrivaient réellement, mais cela n’empêchait pas Clyde de jeter des coups d'œil réguliers au Beauregard tandis que son attention se reportait sur l’argent. “Parce-que tu penses vraiment que mon avenir idéal c’est de me faire peloter les miches en taule, Clyde?” “Vu le plaisir avec lequel tu coupes et t'exploses tout ce qui bouge, je préfère pas le connaître, ton avenir idéal.” Ni tout de suite, ni maintenant, et encore moins une fois que ce casse serait terminé et que Clyde repartirait les mains dans les poches avec une partie du fric qui n’irait pas à Ezra, elle. Pour autant, cela n’empêcha pas le brun de porter attention au petit jeu du Beauregard, qui avait enfin daigné mettre les pieds dans le coffre - mais pas d’aider ses équipes, comme d’habitude. S’il y avait bien des choses qui ne changeaient pas, l’absence d’équité et l’orgueil d’Ezra en faisaient partie.

“Tu me connais mieux que ça, tu sais bien que j’ai plus d’un tour dans mon sac.” La qualité dudit tour était discutable cependant, mais Clyde se retint de le relever, car il sentait bien qu’une explication supplémentaire allait suivre. Ezra perdait du temps à passer ses mains sur les billets, à les renifler, et pire, à lui expliquer ce qu’il avait en tête - cela signifiait forcément qu’il s’agissait de quelque chose d’important. Clyde se redressa pour observer le manège du blond, qui avait intérêt à vide lui expliquer ce qu’il entendait par là, car Clyde n’avait pas de temps à perdre. Dans son plan à lui, il prenait autant de fric que possible, vérifiait la position des flics sur les caméras avant qu’ils n’aient réellement pu encercler la banque, et il se tirait dans un écran de fumée. “Les billets, c’est du papier. Et y’a deux choses que le papier supporte mal: le feu et l’eau. Pour le feu, on peut pas faire grand chose contre ça. A la moindre chaleur trop élevée, les billets partent en fumée.” No shit Sherlock. “Tu comptes m’apprendre un truc ou juste me faire perdre mon temps?” C’était bien ce dont Clyde avait l’impression pour l’instant, avant qu’une lueur d’excitation vienne éclairer le regard d’Ezra. Au point où ils en étaient, le brun ne savait pas s’il devait s’en réjouir ou en avoir peur - avec un peu de malchance, le plan du blond impliquait d’autres genoux éclatés en mille morceaux. “L’eau, en revanche, peut être facilement contournée.” “Abrège.” “Si on protège le billet, il ne prendra pas l’eau. Et l’eau, ça peut porter loin et facilement un billet.” “Hm hm.” Là, il parlait son langage et méritait toute l’attention du brun . Étonnamment, Ezra lui faisait part de son plan comme d’une confidence, plutôt que de l’en évincer. Après tout, si Clyde se faisait choper, nul doute qu’il balancerait son complice, tout autant que la réciproque était une nouvelle fois vraie. “Devine ce qui passe juste au-delà de la porte de la réserve, sur la droite du coffre? Des canalisations. Et qui est-ce qui attend au bout de ces canalisations?” Il ne fallut pas longtemps à Clyde pour faire un plus un et comprendre de quoi il en retournait réellement. “Pas mal, Beauregard.” Plus que pas mal, du génie même, dont il n’était pas question dans le plan initial. Clyde s’apprêtait à rendre à César ce qui était à César et à s’incliner devant l’idée, avant qu’Ezra ne le coupe dans son élan. “Ah non, tu le connais pas, c’est mon nouvel acolyte - il est fidèle, lui.” Se défendre de son manque de fidélité était complexe, surtout étant donné sa présence ici aujourd’hui. Néanmoins, Ezra n’était pas sans savoir que ce retournement avait une origine, quand bien même il n’y portait guère de crédit. “Il est pas là parce que tu craignais qu’il se prenne une balle et te double, lui aussi?” Car le blond n’était pas tout puissant, pas autant qu’il voulait bien le croire, et il faisait bon de lui rappeler. “Et qu’est-ce qui me dit qu’une fois de l’autre côté je vais voir un dollar du fric que mes mecs auront envoyé?” Rien ne lui disait, et c’était bien ça le problème.

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« Vu le plaisir avec lequel tu coupes et t'exploses tout ce qui bouge, je préfère pas le connaître, ton avenir idéal. » Alors bien sûr qu’à entendre ce commentaire de Clyde, le sourire d’Ezra vint s'élargir encore un brin davantage. Même si une partie des paroles du jeu homme pouvait éventuellement souligner un problème existentiel et existant déjà, ce n'était pas ce qui venait le plus perturber Ezra dans tout ça - il avait bien d’autres choses sur lesquelles se concentrer en l’instant présent.

Par exemple, conter à Clyde la façon dont il comptait faire sortir les billets ni vu, ni connu, sans se faire attraper - dans tous les cas, mais la main dans le sac, surtout. « Tu comptes m’apprendre un truc ou juste me faire perdre mon temps? » Qu’il était impatient, cet enfant. Qu’il était énervant à venir jeter ce regard là en particulier à Ezra qui tentait simplement de venir partager, pour une fois dans la journée, son plan avec lui. Il avait de la chance le Wakefield qu’il en soit tellement fier de son plan qu’il ne prit même pas la peine de venir répondre à cette attaque, préférant continuer à lui expliquer ce qu’il avait derrière la tête. Et alors qu’il en venait à la fin de ses explications, il le vit, dans le regard de Clyde - la stimulation et l’adrénaline, l’envie de réussir et l’intéressement d’un nouveau plan se formant sous ses yeux. Il le voyait, car il l’avait déjà vu des dizaines de fois auparavant et qu’il connaissait ce regard par coeur. Même si Clyde ne l’avouerait jamais. « Pas mal, Beauregard. » Le sourire de fierté, qui vint orner le visage d’Ezra pendant quelques instant afin de profiter du commentaire plutôt très positif de son ancien ami - bien sur que son plan était pas mal, il était même excellent.

La fin du plan, qu’il vint exposer comme on pause une main de maitre sur un tapis de cartes en fin de partie, n’allait cependant pas autant plaire à l’autre que le reste du plan. Inclure une tiers personne dont il n’avait pas eu vent jusque maintenant, surtout si Ezra lui faisait plus confiance qu’à lui, n’allait pas rendre Clyde jouasse. « Il est pas là parce que tu craignais qu’il se prenne une balle et te double, lui aussi? » Il vint plisser les yeux, voyant que trop bien où il voulait en venir. Pas que c’était plaisant, mais au moins ils référaient tous les deux au même sujet. « Il est pas là parce-que je pouvais pas être ici et là en même temps. Mais il me doublera pas, lui. » Il s’était assuré de cette partie là du plan - et si jamais Lloyd tentait de lui faire ça, il paierait les conséquences au prix fort. Il n’y avait pas qu’à l’intérieur de la banque à huit clos qu’Ezra avait l’esprit tordu. « Et qu’est-ce qui me dit qu’une fois de l’autre côté je vais voir un dollar du fric que mes mecs auront envoyé? » Là, en revanche, Clyde venait poser une colle au Beauregard. En effet, il avait besoin désormais de l’aide de pleurnichard pour continuer l’aventure, mais n’avait aucun moyen de lui garantir de ne pas repartir avec tout le pactole en bout de course - et ses hommes avaient déjà commencé à emballer les billets pour les faire couler et rouler loin de la banque. « Tu faisais pas partie du plan, à la base. J’avais pas besoin de me soucier si t’allais me faire confiance ou non. » Car malheureusement, présentement, tout était une question de confiance - et c’était ce qui leur manquait cruellement. « T’as qu’à envoyer quelqu’un de l’extérieur sur place. Mais rapidement, t’auras genre dix minutes grand maximum. »

Clyde pouvait bien tenter de minimiser son compliment au maximum, le Beauregard en était tout de même bien trop fier - et en réalité, il y avait de quoi. Le plan relevait du génie, ou du moins de quelqu’un qui explorait toujours toutes les options possibles comme le faisait Ezra, et cela leur permettait par la même occasion de réduire les charges contre eux s’ils se faisaient choper. Pas d’argent, pas de vol? Comment, ça ne marchait pas comme ça? Sans doute plus maintenant que le blond avait pris le soin d’exploser les genoux du directeur avec minutie, à bien y réfléchir, d’ailleurs. Il s’agissait d’un plan presque infaillible, si tant est que la personne de l’autre côté soit réellement fiable et ne décide pas de se tirer lui-même avec l’argent - ce qui était particulièrement tentant, surtout pour un malfrat habitué aux mauvais coups. Ezra devait avoir proposé un deal très intéressant à son acolyte, à moins que ce ne soit un chantage - en soit, n’importe quoi qui empêcherait qu’il se retrouve dans la même posture qu’avec Clyde, face à une trahison. Car il avait beau faire mine de haïr le brun, Clyde avait du mal à croire que son départ n’avait rien causé à Ezra, pas après tant d’années à travailler ensemble. Cependant, ça n’empêchait pas qu’il ait été remplacé, par ce qui ne pouvait être autre qu’une pâle contrefaçon, c’était certain. “Il est pas là parce-que je pouvais pas être ici et là en même temps. Mais il me doublera pas, lui.” “Si tu le dis.” Clyde haussa les épaules, faisait mine d’être peu convaincu, quand bien même Ezra avait de vraies manières d’être convaincant, et devait maintenant y réfléchir à deux fois avant de confier des responsabilités à quelqu’un d’autre. “Il aime couper des trucs, lui aussi?” Trop tentant, beaucoup trop tentant. “Si c’est le cas, je retire tout ce que j’ai dit.” Parce que si c’était le cas, il avait sans doute rencontré sans âme-sœur - et ça, même Clyde ne pouvait pas y toucher.

Peu importe qui était réellement ce nouvel acolyte, Clyde ne le connaissait pas et il n’avait aucune raison de croire qu’il respecterait son engagement envers quelqu’un d’autre qu’Ezra. “Tu faisais pas partie du plan, à la base. J’avais pas besoin de me soucier si t’allais me faire confiance ou non.” Est-ce que Clyde avait besoin de lui rappeler que maintenant, il était là, et qu’il était donc inutile de parler au passé? “T’as qu’à envoyer quelqu’un de l’extérieur sur place. Mais rapidement, t’auras genre dix minutes grand maximum.” Proposition acceptable, le brun en convenait. Il se saisit rapidement de son téléphone satellite pour donner des indications à un de ses mecs resté à l’extérieur pour coordonner les opérations, après qu’Ezra lui ait donné les coordonnées exactes. “Cela dit le problème reste le même. Si on balance la moitié de l’argent maintenant, on a encore le temps de sortir par derrière, peut-être même sans buter personne.” Mais la moitié de l’argent, cela voulait dire le quart pour chacun. Suffisant aux yeux de Clyde, sûrement inacceptable à ceux d’Ezra. “Si t’as pas une meilleure proposition, dans trois minutes je suis dehors.” Aussi sympathique que cette petite réunion avait été, il sauverait sa peau avant tout. Et s’il se faisait choper, il vendrait celle de l’autre, évidemment.

may we meet again

alternative universe, present day
westpac banque, toowong

@clyde wakefield

***
« Si tu le dis. » Bien sur qu’il le disait, et surtout bien sur qu’il le pensait. Ezra n’était pas idiot au point de se laisser avoir deux fois d’une façon similaire, et avait pris ses précautions pour être sûr que tout se déroule par rapport au plan cette fois ci - il s’était retrouvé avec Clyde dans les pattes alors que ce n’était en rien prévu, certes; mais ceci était un détail comparé à tout ce qu’il avait établi à côté, un détail qui commençait à lui faire perdre sa patience à ne pas comprendre qu’il était sur de lui. « Il aime couper des trucs, lui aussi? Si c’est le cas, je retire tout ce que j’ai dit. » Le soupire d’Ezra se fit entendre probablement au moins jusque l’extérieur du bâtiment. « Quel humour, Wakefield, mais quel humour. » Ezra venait de perdre un point pour sa répartie - la plus nulle de toutes - mais allait en regagner en proposant à son acolyte surprise une extension à son plan original pour qu’il puisse pleinement en faire partie.

Et, contre toute attente, Clyde vint acquiescer sans poser de questions, si ce ne fut que l’emplacement d’où se trouvait Lloyd pour qu’un de ses hommes puisse le rejoindre. Il avait été tenté, extrêmement tenté, Ezra, de venir lui donner un lieu de rendez-vous qui n’avait rien à voir avec l’emplacement d’où se trouvait son homme à lui en dehors de la banque. Mais quelque-chose au fond de lui lui disait de prêter le bénéfice du doute à Clyde et de lui faire confiance - confiance, c’était extraordinaire - pour cette fois là. Juste cette fois là, et après ils repartirait en guerre. « Cela dit le problème reste le même. Si on balance la moitié de l’argent maintenant, on a encore le temps de sortir par derrière, peut-être même sans buter personne. » « ’Peut-être même sans buter personne’ Clyde, mon Dieu, me fais pas croire que t’as une morale, t’es venu ici pour braquer une banque bordel. Tu penses que ça fait de toi quelqu’un de bien en disant que c’est moi qui tue les gens et pas toi ? A leur yeux, ce sera pareil. » Le sourire satisfait qu’avait abordé Ezra jusque maintenant avait fondu, ne se faisait même plus percevoir dans son regard.

« Si t’as pas une meilleure proposition, dans trois minutes je suis dehors. » Ezra vint croiser ses bras sur son torse, haussant un sourcil bien trop haut sur son visage pour que ce soit physiologique. « Parce-que tu penses que j’ai que des demi-bonnes idées ? Fais un effort, Clyde, tu me ferais presque de la peine. » Ezra ne venait jamais les mains dans les poches et un plan à moitié fonctionnel prêt à être appliqué. Ce n’étaient pas ses méthodes et ce n’était certainement pas la façon de faire qu’il compter mener à bien aujourd’hui. « Mon plan a une suite… » Il vint faire un pas en direction du Wakefield, pour que seul lui puisse entendre les mots qu’il s’apprêtait à prononcer. « … j’ai juste besoin de savoir à quel point tu tiens à tes hommes. » Promis, sa main se tenait loin de son flingue et son regard n’était pas chargé d’une lueur d’excitation indécente.

“Quel humour, Wakefield, mais quel humour.” Et c’était précisément une des raisons pour lesquelles Ezra ne lui avait pas encore pointé son flingue à la figure, n’est-ce pas? Clyde avait du mal à mettre le doigt sur ce qui poussait le Beauregard à l’inclure dans son plan - le fait qu’il craigne que Clyde parle s’il se faisait choper, qu’il le tire lui-même, ou pire, qu’Ezra ne le haïsse pas tant que son regard condescendant tentait de le faire croire. Ils avaient passé des années à bosser en duo, à connaître en une fraction de seconde les idées qui traversaient l’esprit de l’autre - alors, après la trahison du brun, il n’y avait plus eu trois cent solutions. Soit Ezra le tuerait à la première occasion - ce qui ne semblait donc pas être sur le point d’arriver, mais il ne fallait pas crier victoire trop tôt - soit une part de lui concevait les motivations de Clyde, ou tout du moins, le maintenait en vie en souvenir du bon vieux temps.

Peu importe de quoi il en retournait vraiment, Clyde n’était pas suffisamment confiant pour croire sur parole Ezra qui semblait avoir ébauché un plan ne souffrant aucun compromis. Le blond comptait repartir avec l’argent, en vie - et même avec Clyde, aussi étonnant que cela paraisse. “’Peut-être même sans buter personne’ Clyde, mon Dieu, me fais pas croire que t’as une morale, t’es venu ici pour braquer une banque bordel. Tu penses que ça fait de toi quelqu’un de bien en disant que c’est moi qui tue les gens et pas toi? A leur yeux, ce sera pareil.” Il n’avait peut-être pas tout à fait tort, le Beauregard, et Clyde se contenta de soutenir son regard sans pouvoir le contredire pour autant. Il se complaisait dans l’idée que lui n’avait tiré sur personne et que cela le rebutait plus qu’autre chose, mais il ne pouvait nier que la propension d’Ezra à presser la gâchette l’arrangeait bien. Car sinon, pour préserver sa vie et son plan, il y aurait été forcé et son éthique se serait donc bien soudainement envolée.

Enfin, Clyde chassa ce raisonnement de son esprit pour se concentrer sur ce qui comptait vraiment à l’instant - sortir de la banque, et avec le plus d’argent possible. “Parce-que tu penses que j’ai que des demi-bonnes idées? Fais un effort, Clyde, tu me ferais presque de la peine.” Le brun haussa les épaules, comme s’il ne mourrait pas de connaître la suite. “Sans vouloir te vexer, mais bien sûr que si, j’me considère comme une demi-bonne idée. Alors j’attends de voir.” Parce qu’une fois dehors, rien ne disait qu’il n’allait pas le doubler à nouveau comme il l’avait déjà fait. Sauf qu’en attendant, le Beauregard avait tout intérêt à le faire sortir avec lui, et il le savait. “Mon plan a une suite…” Qui méritait qu’Ezra vienne lui murmure des mots doux à l’oreille? “… j’ai juste besoin de savoir à quel point tu tiens à tes hommes.” Clyde leva instantanément un sourcil aussi surpris qu’agacé, pour ne pas dire blessé. “Contrairement à l’idée que tu te fais de moi, je ne trahis pas par plaisir.” Et aux dernières nouvelles, aucun de ses hommes n’avait jamais rien fait qui méritait qu’il leur passe par derrière. “Hors de question que je lève mon arme sur eux. Et ça vaut aussi pour toi.” Au cas-où Ezra soit pris d’une envie folle de s’entraîner au paintball. Dire que Clyde tenait réellement à ses hommes était pourtant faux, car il avait appris d’Ezra et n’avait pas fait l’erreur de faire confiance, lui, préférant se tourner vers des armoires à glace qui lui servaient de bras plus qu’autre chose. Néanmoins, aucun d’eux ne méritait d’être laissé pour mort, et il serait intransigeant sur cette idée.