« blablablabla… » Will résume bien la situation ; elle parle beaucoup trop, Heather, et même Birdie finit par perdre le fil de ses paroles parce que vraiment, elle, elle a bu donc elle n’a pas les capacités pour suivre tout ce qu’elle raconte. Donc qu’Heather fasse ses monologues si ça lui chante, Birdie a déjà le cerveau qui trifouille le futur plan pour aller chercher leur bien parce que ça, c’est beaucoup plus utile que de débattre sur l’intérêt ou l’utilité ou les surnoms de Will. « Si ça peut ta rassurer niveau caractère je ressemble en rien à Ross. Sérieusement, ils étaient pas  « on a break ». » Pourquoi est-ce qu’il surenchère aussi ? Il ne peut pas se taire lui aussi ? Ils n’aident pas, tous les deux, et s’ils continuent, la petite blonde va devoir prendre leurs autres blonds pour les taper l’un contre l’autre jusqu’à ce qu’ils se calment. “Je te respecterais à partir du moment où tu me respecteras, saumon.” Bon, déjà, là, ils partent avec la balance en négatif et la Cadburn n’a plus que ses yeux à rouler dans ses orbites ; et après, on dit que c’est elle la gamine chieuse de l’Histoire, hein ?

“Oui et la version live était pas mal du tout. D’ailleurs je pense que j’ai envie d’un rafraichissement de la mémoire je n’aurais pas à te supplier très longtemps.” Birdie la regarde avec un air sous-entendu, un petit clin d’oeil en réponse avant de passer son doigt sur la joue d’Heather. “Tant que tu fais le striptease mérité à notre saumon fumé, t’auras tout ce que tu veux, ma fleur des bois.” Okay, elle n’aide pas forcément à la cause mais Will est Will et même la poitrine d’Heather ne pourra se placer au-dessus de Will, soyons d’accord sur ce point. « T’es la meilleure mon artichaut. » Voilà, il le lui rend bien, son chou fleur adoré. Il l’aura son striptease. Birdie est même prête à donner de sa personne pour que tout le monde soit satisfait, n’est-elle pas merveilleuse ? “Non non il n’est acté de rien du tout !” Pourtant, elle n’aura pas le choix. Avec Will et Birdie sur ses côtes, elle ne pourra pas y échapper, l’actrice.

“Voilà et puis si jamais tu hésites pas à y mettre un peu du tien en l’embrassant.”
« Jamais de la vie j’embrasse un mec, tu rêves. »

Décidément. Il est clair que tout aurait été plus facile si Birdie avait pris les choses en main. Elle l’aurait fait le striptease, tout comme elle aurait embrassé toutes les personnes qu’il aurait fallu pour dégager la route. Elle n’a pas de honte, pas de pudeur, aucun barrage, Birdie. Mais malheureusement, elle seule sait quelle robe elle veut et elle ne peut pas se doubler à coup de retourneur de temps. “Willinet, ne fais pas le prude de service. T’es pas obligé de mettre la langue, mais juste un petit bisou de rien du tout. Ferme les yeux et ça se passera bien.” Il faut que les gens élargissent leur esprit, ça ferait gagner du temps à tout le monde. “Allez hop hop, c’est l’heure de l’action, va s’y on compte sur toi.”

Will se jette enfin à l’eau en rentrant dans le hall des studios. Birdie n’entend rien à ce qu’il raconte alors qu’elle jette un coup d’oeil discret (elle espère) vers le gardien. Ce dernier a l’air de regarder Will deux minutes, juste le temps de la parole, avant de retourner jouer sur ce qui semble être son téléphone très certainement. “Rappelle-moi, c’est la porte du fond à droite ou celle de gauche plus avancé et proche de l’ascenseur ?” Genre d’informations qu’elle aurait dû demander avant mais elle a un doute et elle prie pour que ce soit la porte du fond ; le gardien a son bureau proche de l’ascenseur et ça serait beaucoup plus simple d’atteindre celle du fond, clairement. Elle se mord la lèvre en regardant Will pour, comme le gardien est dos à elle, elle fait un signe du bras avant de mimer des expressions charmeuses à outrance pour lui montrer ce qu’il doit faire. Allez, Will, le plan entier est sur tes épaules, là.

“Tout ce que je veux ?”
“Si tu joues le jeu aussi, oui.”

Il n’y a pas de fumée sans feu et Heather peut avoir ce qu’elle veut tant qu’elle met du sien dans l’entreprise générale. Et si c’est promettre à Will un striptease pour que lui-même puisse faire preuve d’autant de dédication dans un ouvrage qui au final, n’est qu’un schéma absurde orchestré pour assouvir une envie passagère de Birdie, alors oui, Heather, tout ce que tu veux - sauf porter du noir et jouer les snobs, ça, ce n’est pas de son ressort à la jolie blonde. “Hey si je dois te faire un striptease, ça vaut bien que tu roules une galoche au garde.” Pire que des gosses. Elle aurait pensé qu’Heather serait un cran au-dessus - solidarité féminine oblige - mais non, c’est dépité qu’elle se rend compte que pas du tout. “Ah si si, il met la langue s’il doit le faire.” Oh for godsake. Pourquoi tout le monde est aussi coincé et accorde de l’importance à des détails aussi sordides que vraiment vraiment inutiles ?

“Olala mais j’en sais rien moi, je crois que c’est celle juste avant l’ascenseur. Je sais aussi que y’a une salle avec plein d’alcool pour les soirées organisées dans le studio, ça peut être intéressant. J’ai l’impression que je commence à devenir sobre, c’est nul.” Comment ça, elle n’en sait rien ? C’est elle qui vient la moitié de l’année dans les lieux, elle devrait savoir chaque coin et recoin et détour, non ? Au moins, l’actrice se rattrape en lui parlant de la salle de fête et ça, ça peut être une indication. Tant pis, sinon, elles improviseront - elles devraient être douées l’une comme l’autre, n’est ce pas ? “On taxera une bouteille pour toi si tu veux. Je ne compte pas finir ivre morte avant qu’on me voit et qu’on m’embarque.” Birdie a évité les flics depuis quatre mois - un record quasiment - et il est hors de question qu’elle y retourne de si tôt. Même si la cause est noble. Donc, mission robe et alcool et c’est exactement pour ça que Will se dévoue - au prix d’un striptease qui sera mérité, à n'en pas douter. “Bon allez saumon bouge-toi, on veut rentrer.” les deux jeunes femmes ne sont pas très discrètes et pourtant, le bâtiment est assez grand pour qu’on ne les repère pas, pas tout de suite en tout cas. “Visiblement, il réussit à lui parler. C’est bon signe. Je crois.” Parce qu’avec Will, on ne sait jamais ce qu’il peut se dire vu que ses sujets de prédilection ne sont pas forcément les plus passionnants ou accessibles par le commun des mortels - et certainement par un gardien de nuit des studios. Le même vers qui Will s’avance, Birdie qui plisse les yeux et Birdie qui s’exclame par la suite en serrant un peu trop fort le bras d’Heather. “Oh bordel, il le fait vraiment!” On a l’impression que c’est un exploit mais y a bien son meilleur ami qui embrasse un type et elle est presque à faire la danse de la victoire tout en s’élançant vers la porte d’entrée mais elle fait un arrêt direct sur place - se prenant l’actrice dans le dos dans la précipitation générale - car le gardien repousse Will et il braque ses yeux directement sur elles - elles ne sont pas si visibles que ça, quand même, si ? “Oh merde merde merde.” C’est hors de question qu’elle se fasse prendre. Mais elle ne veut pas non plus partir sans son dû. Après tout ce trajet-là, c’est hors de question. Si la technique furtive ne fonctionne pas, autant y aller du poing sur la table.

Alors, en toute Gryffondor qui se respecte, Birdie plonge naturellement la tête la première - à savoir qui est le loup et qui est la proie, c’est encore un peu flou - en passant le seuil tout en redressant la poitrine, comme pour ne pas donner l’air qu’elle allait arriver en catimini, pas du tout. “Saluuuuut Berto! Comment la nuit se passe ? Plutôt calme ? Alors on improvise des rencontres inopinées ? Moi qui croyais que t’étais toujours un cœur brisé, je vois que tu te remets vite d’aplomb.” Alberto - Berto pour les intimes - redresse sa casquette sur son crâne avec un œil soupçonneux qu’il dirige vers Will. “Mmh, je ne dirai pas vraiment ça. Qu’est-ce que tu fais là, Birdie ? Ton prochain créneau n’est que demain après-midi, non ?” La Cadburn croise les bras tout en haussant les épaules. “Je passais par-là donc je me disais que je pouvais faire un petit coucou à l’équipe. Et puis, entre toi et moi…” Elle se penche légèrement. “... J’avais espéré qu’il y ait une petite fête dans les salles de tournage. Tu ne saurais pas quelque chose, par hasard ?” Histoire de savoir si l’endroit de tournage est bien libre et à leur simple service. Puis Birdie se tourne vers Will, le visage rayonnant d’un sourire tout en tendant la main. “Salut, Birdie, ravie de te rencontrer. Tu m'as peut-être déjà vu à la télé.” Parce que pour tuer les suspicions du gardien, prétendre ne pas le connaître semble être la meilleure chose au monde à faire.

Et Heather dans tout ça, va-t-elle la suivre ou trouver un autre moyen de se débarrasser du gardien ? Birdie meurt d’aller dans la salle des costumes, elle ne compte pas rester toute la nuit à parler fleurette et tricot avec Will l’inconnu et le vigile, ugh.

“Mais oui bordel ! J’aurais jamais cru qu’il en serait capable. Finalement je comprends mieux pourquoi c’est ton meilleur ami !” il ne faut jamais sous estimer le pouvoir de l’amitié, Heather, première des règles. Surtout quand au final, c’est aussi amusant que fou comme l’opération qu’ils sont en train d’entreprendre à ce moment là, surtout pour assouvir un besoin passager, une envie folle de Birdie d’aller choper et s’accaparer une robe qu’elle pourrait très bien aussi quémender (aka prendre en toute discrétion) la journée, vu qu’elle y vient tous les jours, par ici. « QUOI ? Alors il y a pas de fête le soir dans les salles le soir ? Moi qui pensais que ce milieu-là était comme dans les films, je suis grave déçu. » Will est idiot et elle retient ses lèvres pour ne pas le lui dire car elle s’est lancée dans l’idée qu’ils ne se connaissaient pas - ce qui est particulièrement hilarant aussi. « Enchanté Birdie, moi c’est William. » William, merde alors, il prend vraiment cette histoire bien trop à coeur ; Birdie en a le sourcil droit qui se redresse sous la surprise parce qu’elle ne s’y attendait pas, à celle-là. Elle sait qu’il a horreur de son prénom en entier, et pourtant, pour les beaux yeux de sa tendre amie, il dévoue même son nom complet, how cute is that. « Tu présentes le journal c’est ça ? Ou la météo ? Je regarde pas beaucoup la télé. » elle secoue la tête tout en croisant les bras, la moue boudeuse. “La météo, ça me demande déjà assez d’efforts comme ça.” beaucoup trop d’attente ; elle ignore si c’est pire d’attendre ses directs ou d’être toujours en direct ; elle l’a été une fois, pendant les incendies terribles en Australie et c’était épuisant à l’extrême. « C’est pas trop dur ton travail, Berto ? Agent de sécurité, la nuit en plus. T’as beaucoup de courage, je t’admire. » y a Heather qui fait un bruissement au loin et Birdie secoue un peu plus la tête vers le garde. “Oui, c’est vrai, ça, on ne pense jamais aux agents de sécurité qui doivent rôder toute la nuit et tout ça…” et oh oh oh, Berto a un métier pas facile mais il semble ne pas être stupide et ça va les nuire, ça.

« … appelez les secours, j’ai… » hein ?
« …j’ai une maladie au cœur et…. » quoi ?
« … j’ai mal… » William est sérieux ?

& là, on dirait un très mauvais film - un très mauvais plan où tous les acteurs, principaux et secondaires, font face au plotwist de la plus affreuse des manières. Ralenti sur Berto qui se retourne, Birdie qui lève les mains sans qu’on ne sache pourquoi, Heather en plein arrêt comme si ça allait lui permettre de gagner des points d’invisibilité et William qui fait le faux mort au sol. Y a rien qui va et Birdie sent sa respiration se couper. “Hey vous là bas! Vous croyez que je ne vous vois pas?” Berto pointe du doigt et Birdie caresse l’idée de lui foutre un coup derrière la tête pour l’assommer mais il la connaît et, même avec de l’alcool dans le sang, elle n’est pas téméraire à ce point. “Je sais pas ce que vous vous foutez là, tous les trois, mais vous allez me faire le plaisir de sortir d’ici tout de suite!” “Mais-” “Pas de mais, dehors!” Il ne va même pas lui laisser le temps de l’attendrir avec la célébrité d’Heather et encore moins avec sa poitrine, sérieusement.

Alors dix minutes après, Birdie est assise sur le bord du trottoir, la moue boudeuse. “C’est que partie remise. Je veux ma robe et je l’aurai.” elle aurait pu le faire toute seule mais en vrai, c’était bien plus drôle avec les deux autres quand même. Elle relève la tête vers Heather. “Tu pensais faire quoi quand t’es rentrée ?” puis vers Will, le sourire amusé. “Tu m’auras épatée, William. T’es un très mauvais acteur mais tu l’as embrassé, quoi, j’suis fière de ma mustang ronronnante.” et elle tend même le poing pour qu’il la checke. “Ca m’a fatigué. Tout ça pour rien en plus. Je suis désespérée. Je veux ma rooooooooobe.” et là voilà qui s’étale à même le trottoir, le visage levé contre le ciel. “Mais c’était drôle quand même.”