« Sors tes vieilles fringues fluo. Je te sors demain soir. » que tu glisses à son oreille, le sourire de l'allumeuse tatouée en bonne et due forme sur tes lèvres. Le dépliant du festival de musique de passage à Brisbane ce week-end que tu files entre les mains de Noa juste avant qu'elle entre dans son cours - ouais, tu commences à la connaître par coeur son horaire de cours. C'est un échange d'informations, une invitation vite fait pour qu'elle n'ait pas le temps de refuser. D'ailleurs, tu ne l'attends même pas sa réponse avant de filer dans ton locale à toi juste après lui avoir envoyé la main. Elle sera là. Tu le sais. Tout son non-verbale parle même si elle fait comme si elle ne remarquait pas que ton regard se fixe sur elle dès qu'elle est dans les parages. Elle est belle dans sa naïveté à croire que tes intentions sont purement amicales. Elles ne le sont pas. Ton gay radar ne se trompe jamais. C'est les portes d'un nouveau monde que tu lui promets à cette fille qui se croit hétéro jusqu'à preuve du contraire.

Tu la repères facilement le soir suivant malgré la foule qui devient de plus en plus dense au fil des heures qui passent. Tu te demandes si elle a mis des heures elle aussi à choisir sa tenue, à choisir comment elle allait placer ses cheveux, si elle est faisait trop ou pas assez, si elle a dit à ses copines qu'elle avait un rencart ce soir - ouais c'est un rencart au cas où elle n'avait pas encore compris. Parce que, toi, c'est oui à toutes ces questions. C'est sur un skype à internet merdique que, même à des kilomètres de distance, tes trois soeurs ont été les critiques pour tes choix de la soirée. La guerre fût probablement éclaté à l'autre bout du pays quand tu avais raccroché la ligne - ou c'est internet qui était encore mort.

« J'ai ça pour toi. » que tu lui dis en fouillant rapidement dans ton sac à la recherche de ses dizaines de bracelets lumineux que tu avais acheté la veille. C'est avec un sourire espiègle que tu viens en passer quelques-uns autour de chacun de ses poignets. « Viens. » Ta main glisse un peu trop naturellement dans la sienne, alors que tu l'invites à s'engouffrer dans la foule.

@noa jacobs

Leslie avait le don de passer à côté de moi, de me glisser quelques paroles à l’oreille et de disparaitre aussitôt. Cette fois, elle me proposait de sortir, en tenu fluo et si je ne me trompais pas, elle pensait qu’on pourrait sans doute se retrouver à cette soirée dont je voyais les affiches partout dans le campus. J’avais donc l’endroit et l’heure à laquelle je pouvais la rejoindre. Si j’aurai sans doute refuser l’invitation si n’importe qui d’autre m’aurait proposé de m’y rendre, là, j’étais enthousiaste et était allée dans une boutique de bijoux fantaisie en sortant de cours pour voir si je ne pourrais pas y acheter quelques accessoires pour être dans le dress code de la soirée. Pas question de ressembler à un sac à patate pour autant, j’ignore pourquoi, mais j’avais quand même sortie mes plus belles pompes, mes plus belles sapes et seuls les accessoires se suffisaient pour rentrer dans l’thème.
Leslie me bouscule, tout l’temps. Autant au sens propre qu’au sens figuré. Depuis que je l’ai croisé à cette première soirée, elle est là, tout l’temps. Sur un banc de la fac, chez le boulanger en face du boulot d’mon père, derrière moi à la fil d’attente du tabac mais pas que. Elle est dans ma tête quand je sors de ma douche, elle est dans mon esprit quand je suis dans le bus, elle est là, sans arrêt. Je pense à elle pour un oui ou pour un non, je pense à elle quand j’entends Vanessa Carlton parce que c’est sur cette chanson que j’lui ai dis au revoir une première fois. Leslie est partout, tout l’temps.
J’suis arrivée, pas trop en avance, même avec un peu de retard et ça c’est Liam qui m’a conseillé de faire un peu attendre celui avec qui j’avais un rendez-vous ce soir. Il a aucune idée de qui il s’agit et moi j’l’ai regardé avec mes gros yeux en lui faisant comprendre que j’avais pas de date. Il s’était contenté de souligner avec justesse que depuis qu’on était ensemble dans cette coloc, il ne m’avait jamais vu sortir autant en si peu de temps (ok, deux fois, c’est rien…) et surtout, que cette fois, j’étais plutôt canon. J’ignorai comment prendre cette remarque, mais j’avoue que du coup, je m’étais contenté de ne pas arriver à l’heure. Pourquoi ? Aucune idée.
Elle est là, comme si elle était prête à m’accueillir, parce que dès que j’entre, elle me saute dessus. « J'ai ça pour toi. » je la laisse glisser les bracelet lumineux autour de mes poignets et en profite pour observer en détail son maquillage qui détonne. Elle est belle Leslie, vraiment très belle. « Viens. » et alors que ses doigts se glissent entre les miens, la chaleur s’empare de mon corps, mes pommettes deviennent rouges et chaudes. Je la suis, sachant pas tellement où on va, y a du monde, la musique est forte, c’est pas l’ambiance la plus apaisante pour moi. J’suis pas habituée à ça mais j’ai l’impression que ça va aller, que ça va bien se passer, j’ai un sentiment de confort et de sécurité. « T’es venue avec qui ? » j’me demande qui on va rejoindre, qui va nous retrouver, maintenant ou plus tard. Elle me guide devant le bar, on s’arrête dès lors qu’une petite place se libère pour accéder facilement au barmaid. J’sens qu’elle va m’demander c’que j’veux boire, j’sens qu’elle va être déçue quand j’lui répondrai que j’bois pas d’alcool. J’panique. J’anticipe ses questions, mes réponses, tout, j’sais pas si j’dois dire quelques chose. « J’veux rien. » quoi ? Si, j’ai soif, j’veux bien un soda, un thé glacé, j’sais même pas si ça s’fait ici. « Vas-y, commande toi c’que tu veux, j’t’invite même ! »

« T’es venue avec qui ? » Tu pouffes de rire. Elle est adorable. Elle n'a vraiment rien pigé et c'était parfaitement prévisible. « Avec toi. » C'est qu'elle et toi ce soir. Personne d'autre, même si, ouais c'est vrai que tu as déjà eu le temps de croiser une panoplie d'étudiants qui fréquente la fac. C'est à croire que tout le monde connaît tout le monde ici. Tu as même eu le temps de devenir super pote avec le barman. Voilà la chose la plus importante dans ce genre de soirée si on veut avoir du service. Justement, parlant de ton barman fétiche, il ne te laisse pas attendre trop longtemps avant de venir prendre ta commande. « J’veux rien. » À peine le temps de te retourner vers Noa qu'elle rejette déjà ton offre. « Comment ça tu veux rien ? » Personne de sensé dans le monde a envie d'être dans un festival sobre. Tout le monde ici à un verre de trop dans le corps. Si tu ne te mets pas dans le même mood qu'eux, c'est des envies meurtrières que tu auras. Tout le monde bouscule tout le monde. Au moins, avec un petit verre, tu ne t'en rends presque pas compte de tout ce bordel.

« Vas-y, commande toi c’que tu veux, j’t’invite même ! » Elle est drôle à penser - espérer ? - que tu laissera couler sans rien dire. Elle a besoin de relaxer un peu Noa. Personne ne va mourir après un shoot ou deux. Oh et puis trois. C'est finalement six shooters que tu commandes. Trois pour toi. Trois pour elle. C'est quand même raisonnable, non ? Et puis, ce n'est rien de trop fort. Quelque chose de presque agréable au goût. Un shooter de fille voilà ! Oui c'est du sour push. Et oui, en fait, c'est pas si bon que ça, mais ça passera mieux que du cognac. La couleur rouge pétante est attirante, non ? De quoi la mettre presque en confiance. « Le truc c'est d'en commander beaucoup pour revenir le moins souvent possible. » Oh ce qu'il est fier le sourire qui vient honorer ton visage quand tu viens prendre deux shooters entre tes mains. Un pour toi et l'autre que tu viens tendre vers elle. « De quoi tu as peur ? » que tu lui demandes voyant bien l'hésitation dans son regard. Tu es déjà en train de vider ton deuxième quand elle, elle regarde encore ce verre comme si elle n'avait jamais vu ça de sa vie. Il serait amplement temps qu'elle commence à vivre Noa.

« Avec toi. » c’est un sourire qui s’échappe d’entre mes lèvres, un sourire qui se dessine parce que ça m’va, parce qu’elle est réconfortante Leslie et que j’suis jamais trop à l’aise avec les inconnus. Pourtant, elle l’était elle-même y a encore quelques semaines, mais rapidement, c’était comme si elle l’était plus du tout. Elle est de ceux qui me portent, de ceux qui me font sentir bien. Elle est comme Arrow, comme Liam, comme Josh. Y aura elle et moi et c’est suffisant pour passer une belle soirée, je suppose. Je l’espère pour elle en tout cas.
« Comment ça tu veux rien ? » forcément que ça allait pas s’passer comme ça, forcément qu’elle allait vouloir que j’prenne un truc avec elle, surtout que maintenant, j’sais qu’elle aura personne avec qui partager un shooter. Elle en prend six… six ! ca fait trop pour une seule personne non ? « Le truc c'est d'en commander beaucoup pour revenir le moins souvent possible. » c’est pas bête comme technique, parce que c’est vrai que pour se frayer un chemin jusqu’ici, c’est à coup de coude que ça se négocie. Du coup, elle a prévu large. C’est là qu’elle m’en tend un, c’est là que j’fais une tête de saint ni touche, une tête offusquée. Pourtant, elle dans son regard, j’vois que du défi, du jeu. Elle est joueuse Leslie, le truc c’est que j’sais pas si j’suis bonne partenaire pour ça. « De quoi tu as peur ? » de l’overdose ? Du coma éthilique ? Parce que j’me dis qu’un shooter pourrait suffir à me mettre la tête à l’envers et me faire dormir jusqu’à demain ? Parce que j’en sais rien de l’effet que ça peut avoir sur moi. Je ravale ma salive, j’crois que c’est maintenant ou jamais parce que la réalité c’est que j’ai pas envie de la décevoir. La réalité, c’est que je pense que Leslie pourrait me demander n’importe quoi, j’aurai pas envie de refuser, parce que j’ai envie de marquer des points… va savoir pourquoi. J’ai pourtant jamais eu besoin de me vendre comme ça… « Okay… » je saisi le verre, je la regarde puis mes yeux se baissent vers ce petit verre que je tiens entre les doigts. Pas moyen que je boive ça cul sec comme j’ai l’habitude de voir partout. J’y trempe mes lèvres, ca pique mais c’est sucré, c’est doux et brulant à la fois. Mes lèvres acidulées, c’est pas mauvais. Ok. Je trempe mes lèvres quand elle a déjà bu son deuxième shooter et qu’elle me regarde comme si j’étais la dernière des idiotes qui découvrait la vie. C’est pas faux. Bon, c’est maintenant Noa. Le premier jour du reste de ta vie ? Parce que t’auras bu deux ou trois shooters ? Vraiment ? Ok, aller. Un, deux… trois. Je ferme les yeux, je penche ma tête en arrière comme si ca allait être plus simple pour tout faire descendre d’un coup. Mes yeux sont brillants parce que c’est chaud dans l’œsophage et que ca brûle un peu la langue aussi. « j’ai jamais bu d’alcool. » que j’avoue en lui tendant le shooter vide et récupérant un deuxième, à mon tour. « C’est pas mauvais. » et un deuxième. « Mais, on m’a toujours dis que quand on a pas l’habitude, ca tape vite. » parce que j’ai déjà super chaud, mais j’saurai pas dire si c’est vraiment à cause de ça, ou si il fait juste chaud ici, en fait.

« Okay… » « C'est pas trop fort. J'te promets. » Parce qu'elle semble tellement hésitante, tu ne vas quand même pas lui infliger les marteaux pour commencer. De toute façon, c'est sûrement à ton avantage aussi, si tu ne veux pas la ramasser complètement ivre dans moins d'une heure. Tu as déjà avalé deux shooter, alors qu'elle, elle trempe à peine ses lèvres dedans. Tu as simplement envie de pousser son verre plus haut pour qu'elle l'avale d'un coup, mais non, jamais tu ne voudrais la brusquer. Tu ne veux pas qu'elle rebrousse chemin dans ce nouveau monde qui la terrifie, tu en es convaincu. « j’ai jamais bu d’alcool. » C'était évident qu'elle n'en était pas une consommatrice régulière. Bon, tu n'en es pas une non plus quand même, mais du simple haut de tes 22 ans, tu les a toutes vécus tes expériences. Tu as bu déraisonnablement plus d'une fois. Tu as partagé les couettes de filles d'abord, plus d'une fois. Tu as même cru longtemps que ton truc à toi, c'était les filles, mais est arrivé ce type qui t'a fait découvrir autre chose. Et ouais, c'était bien aussi. Disons simplement que tu as besoin d'une plus grosse connexion pour t'intéresser au sexe opposé. « Pourquoi ? Tes parents sont du genre hyper chiant ? » Et les tiens sont du genre apprend de tes erreurs. Faut tomber pour apprendre à se relever. Faut dégueuler sa vie pour apprendre la modération et l'hydratation.

Et enfin, enfiiinnn, elle l'avale cul sec. Un premier, puis un deuxième alors que tu enfiles ton troisième. « C’est pas mauvais. Mais, on m’a toujours dis que quand on a pas l’habitude, ca tape vite. » Oh ce qu'elle est raisonnable. Oh ce qu'elle est adorable de l'être autant. Ce qu'elle est belle avec ses joues qui rosies déjà. Tu ris doucement avant de voler son dernier shooter à elle. Faudrait quand même pas abusé. Deux pour elle. Quatre pour toi. Tu t'étires par dessus le comptoir du bar pour aller voler une bouteille d'eau que tu mets entre ses mains à elle. « Avec de l'eau, c'est moins pire. » Habituellement, faut boire un verre d'eau par chaque consommation alcoolisé prise, mais personne le fait réellement. Et tout le monde regrette de ne pas l'avoir fait quand vient le lendemain matin. Noa, elle, elle va le faire. « Sois pas inquiète. Je te ramène chez toi en un seul morceau. » que tu glisses à son oreille. Peu importe l'état dans lequel elle se retrouve, tu te porte garante de la ramener en vie. Et peut-être un dodo collé qui sait. Bon, faudrait pas abusé que t'as dit y'a deux minutes.

J’ai toujours été assez à l’aise avec le fait de pas boire, de pas avoir touché de drogue, de pas fumer – d’avoir essayé et d’avoir craché mes poumons plutôt – et de pas trop sortir parce que ça m’a jamais trop intéressé. Ou plutôt, parce que j’ai jamais osé, que j’suis flippée des relations sociales mais j’me soigne, si non, j’serai pas là. Résultat d’une enfance assez compliqué où j’ai souvent été mise à l’écart, par mes propres parents, par une famille d’accueil, par des compagnons de galère en foyer. Ok, ça fait dix ans que j’suis adoptée maintenant, mais c’est pas si simple que ça, de tout changer. Les Jacobs étaient pas chiants, comme elle dit, je crois que c’est dans ma nature. Je m’ouvre petit à petit quand même, depuis que Arrow est arrivée dans la famille, elle aussi, depuis que j’ai des vrais amis quand même. J’ai conscience de pouvoir paraitre pour une nana complétement à côté d’ses pompes et j’ai pas envie d’être ce genre aux yeux de Leslie. J’crois que j’ai pas envie qu’elle ai cette image de moi, alors si c’était l’occasion d’y gouter à cet alcool ? Je ferme les yeux, j’avale, ça passe et j’suis pas si chiante que ça, non ? « Ils sont plutôt cool. » elle a pas besoin de savoir que c’est pas vraiment mes parents, j’ai pas besoin de lui raconter ma vie, la maintenant, c’est pas le moment.
J’suis lancée et c’est pas si pire. Deuxième shooter en vue, aller. « Avec de l'eau, c'est moins pire. » L’eau, c’est ca l’secret. Elle prend la troisième qui m’était destiné pour elle, elle a du capté que c’était bien suffisant pour moi ce soir. « Sois pas inquiète. Je te ramène chez toi en un seul morceau. » je souris et je rougis peut être aussi quand son souffle glisse contre ma nuque.
Maintenant qu’on a bu, maintenant qu’il fait chaud, que l’alcool va surement s’emparer de moi, y a quoi ? La musique me vient aux oreilles alors que j’y prêtais plus trop attention, alors que j’étais concentrée sur ce shooter. C’est Kylie Minogue qui passe et en bonne Australienne, j’peux qu’approuver. « Viens. » ma main qui s’empare de la sienne timidement mais surement quand même. La piste est juste là, à un mètre. J’ai l’impression que mes joues ne décolorent pas. Mes yeux sont branchés sur elle, et y a pas une seconde sans que j’pense qu’elle est belle, Leslie. J’suis sûre, qu’elle doit plaire à pas mal de monde, elle me plairait à moi, si j’étais un mec, en tout cas. « T’as un programme ? » pour ce soir, pour la suite, elle veut faire quoi ? On reste ici, on boit ? C’est ça ?

« Ils sont plutôt cool. » Alors, c'est quoi le problème ? Elle n'en dit pas plus et elle ne semble pas vouloir en dire plus non plus. Ce n'est pas le meilleur endroit pour passer aux confidences de toute manière. C'est peut-être pour ça qu'elle n'a pas envie de s'étaler sur le sujet. Une prochaine fois peut-être. Tu sais parfaitement que la confiance s'est quelque chose qui se gagne. Tu veux gagner la sienne. En aucun cas tu ne veux la brusquer, jamais - okay juste un peu, elle en a besoin. Mais tu ne veux pas aller trop loin. Tu veux frôler la limite sans jamais la dépasser. Tu reculeras à chaque fois qu'elle le demandera. « Viens. » Cette fois-ci, c'est elle qui attrape ta main, qui te guide au travers de la foule. Ta main, elle se resserre automatiquement contre la tienne. C'est plus fort que toi, il apparaît rapidement le sourire espiègle sur tes lèvres. Elle est belle Noa autant dans sa timidité que lorsqu'elle prend le contrôle - qu'elle tente de le faire du moins. Tu le lui laisserais sans l'ombre d'un doute.

« T’as un programme ? » Tu hausses les épaules, tourne la tête de gauche à droite. Absolument pas. C'est ta première fois à ce festival-ci. Même après quatre ans à vivre à Brisbane, tu ne cesses de découvrir de nouveaux attraits touristiques de la ville - et tu n'en a sûrement pas finit. Tu voles au gré du vent. Tu suis la soirée sans vraiment savoir où elle te mènera. Pour l'instant, ta main toujours dans la sienne la tire un peu plus loin, termine les quelques pas qui vous manquait pour atteindre la piste de danse. « T'es belle ce soir. » Elle l'est toujours, mais ce soir, elle a ce petit quelque chose de plus. Elle s'est mise belle exprès et tu l'a remarqué à la seconde où tu as posé ton regard sur elle la toute première fois. La foule est dense devant la scène. Elle est encore plus ici qu'ailleurs. Au point où tout le monde bouscule tout le monde. Et la distance raisonnable mise entre Noa et toi disparaît rapidement. Ton coeur manque un battement, ta respiration s'accélère. « Tu vas flipper si je t'embrasse ? » que tu demandes presque la permission comme la petite fille obéissante que tu n'es pas. Tes deux mains viennent se poser de chaque côté de ses joues. Il y a longtemps que tu as envie de l'embrasser Noa. Depuis le jour un. Tu as attendu sans vraiment savoir ce que tu attendais, sans savoir quel était le bon moment. Même si ce soir n'est pas le bon soir, tu ne comptes pas baisser les bras. Un jour, ce le sera. Tu le sais.

Je suis Leslie, ce qu’elle décidera, c’est qu’on fera. J’ai pas envie de m’imposer, parce que je sais que j’ai aucune expérience dans ces soirées là et que j’aurai pas d’idée, à part venir danser, comme on le fait. Est-ce qu’elle a prévu de bouger après ? Est-ce qu’on va rester là jusqu’au lever du jour ? Est-ce que je vais tenir aussi longtemps en ayant bu quelques verres ? Je crois n’avoir jamais vu le lever du jour sans avoir fermé l’œil de la nuit, ça peut être sympa, ça doit être sympa ! « T'es belle ce soir. » c’était pas la question. C’était pas la réponse que j’attendais. Pourtant, ca m’fait du bien, parce que j’avais envie d’être belle ce soir, j’avais envie qu’elle me trouve joli, j’avais envie qu’elle le remarque. Mais, j’suis gênée, je sais pas, y a aucun sens à tout ça. Pourquoi j’veux lui plaire ? Pourquoi j’ai eu des frissons en comprenant ce qu’elle venait de me dire ? Pourquoi j’ai rougis en face d’elle ? « Tu vas flipper si je t'embrasse ? » alerte générale, alerte générale ! Oui, je flippe, je flippe déjà depuis que j’suis arrivée ici alors maintenant ? J’me souviens de cette conversation que j’ai eu avec ma cousine, y a quelques jours d’ailleurs. J’me suis montrée très curieuse sur sa sexualité, son orientation, pourquoi, comment elle a su et a quel moment ? Parce que Leslie m’embrouille depuis un moment, elle occupe mes pensées, elle me quitte plus et j’ai souvent envie de la voir, elle m’apporte du réconfort, elle me bouscule en même temps. En tous ces sens, elle me bouscule encore ce soir, à l’instant. Ses mains se pose doucement sur mes joues, sa chaleur que j’avais envie de ressentir depuis un moment sans être capable de le dire, de le comprendre. Y a des choses qui deviennent plus claire sans pour autant m’autoriser le droit de les ressentir vraiment. Et pourquoi pas ? J’ai pas le temps de me poser trop de question. Je sais pas quoi lui répondre, c’est tout. Est-ce qu’elle se joue de moi ? Est-ce qu’elle pose la question parce qu’elle veut vraiment le faire ? Est-ce qu’elle sait la puissance de son impact sur moi ? Est-ce qu’elle sait qu’elle vient de me retourner le cœur et le bide en une seconde ? « Je flippe… » je souffle, entre deux mouvements saccadés de ma poitrine. Parce que je flippe vraiment mais pour autant, aucun geste pour la repousser, aucun mot pour l’éloigner, pour l’en dissuader. Mes yeux se perdent dans les siens, elle aussi, qu’est-ce qu’elle est belle. « tu peux… » et puis ensuite on verra, et puis, j’dirai que l’alcool a fait son effet, que c’était pas moi, on verra… où on ira. Je la laisse prendre le contrôle, je la laisse décider de la suite. Est-ce qu’elle va se lancer ? Qu’est ce que j’vais ressentir réellement ? Est-ce qu’elle me teste juste ?

Le compliment a l'effet escompté alors qu'elle rougit automatiquement, qu'elle a le regard timide qui ajoute des millimètres à ton sourire. C'est pas une amie qui dit à une autre amie qu'elle est belle ce soir. À voir sa réaction, au moins, elle l'a pigé. C'est peut-être pour ça que tu pousses plus loin, que tu parles de l'embrasser sans savoir véritablement si elle va aller jusque là. C'est peut-être trop vite. Tu n'as pas assez attendu. Il faut avouer que si ce ne serait que de toi, tu l'aurais déjà embrassé au cours de votre première rencontre. Elle aurait flippé. « Je flippe… » Et elle flippe encore. Elle va dire non. Elle va dire qu'elle n'est pas guay. Elle va en sortir des millions de raisons pour se convaincre que ce n'est pas ce qu'elle veut. Tes mains qui s'étaient déjà égarées contre sa peau commencent à relâcher leur prise doucement, mais la suite, elle te surprend. « tu peux… » Elle peut sûrement lire la surprise dans ton visage Noa. Et elle, elle ne bouge pas. Elle attend patiemment la suite. Elle ne sautera pas le pas d'elle-même. Ni ce soir. Ni aucun autre soir.

C'est tout en délicatesse que tu brises la glace, que tes lèvres trouvent les siennes pour la première fois, que l'une de tes mains vient perdre sa chaleur contre sa nuque. Tout doucement, comme si elle était une poupée de porcelaine que tu ne voulais pas abîmer, que tu avais peur d'échapper. Il y a ton sourire qui se mêle à vos baisers, curieuse de voir où toute cette histoire mènera. « Tu flippes encore ? » que tu demandes, le rire pas trop loin derrière. Tu la fais tourner sur elle-même le regard pétillant avant de reprendre ses deux mains dans les tiennes pour danser au rythme de la musique. C'est pour qu'elle ne prenne pas le temps de trop réfléchir que tu la bouscules autant. Elle fera sa remise en question sur sa vie quand elle rentrera chez elle - bon, quand même tu répondras à toutes ces questions quand même si elle en ressent le besoin. On est encore dans l'air où l'homosexualité vient à peine d'être accepté dans ce monde remplit de préjugé. Pour l'instant, vous dansez le temps de deux, trois chansons. Tu ne sais plus trop. Depuis combien de temps vous êtes là au juste ?

Tu l'attires un peu en retrait des autres un bout d'un moment, là où la musique est moins forte pour les oreilles, là où on peut parler sans avoir à crier pour se faire entendre - ou se coller aussi ça le fait. « Tu m'intrigues. » Depuis le premier jour. Elle n'en montre que très peu sur elle Noa, voir pas du tout. Mais en même temps elle dégage quelque chose que tu ne saurais expliquer. Tu veux découvrir ça. Tu veux la découvrir tout entière. « J'ai envie de connaître la vraie Noa. » que tu débutes en venant t'asseoir à même l'herbe tapotant la place à côté de toi. Pourvu que personne n'ait gerbé ici. « J'crois que tu ne la connais même pas toi-même. » Ça fait rien. Vous la découvrirez ensemble, si elle te le permet.

Elle m’a ensorcelée Leslie, c’est pas possible autrement. Elle me pousse à penser autrement, à voir autrement, à me questionner autrement. Elle est curieuse, elle est surprenante, envoûtante et surtout, flippante. Enfin, c’est pas elle qui l’est, c’est tout ce qu’elle peut me faire ressentir qui l’est. Qu’elle arrive à me pousser à l’autoriser maintenant d’échanger un baiser avec moi. Qui l’autorise à poser ses lèvres sur les miennes tant l’attraction me semble être incontrôlée. Lorsqu’elle me le propose, a aucun moment je n’ai l’envie de l’en empêcher, à aucune moment je ne me demande si c’est une bonne chose : oui, je flippe, mais oui, j’en ai envie.
Il lui faut pas attendre trop longtemps, une fois que mon accord est donné. Ses lèvres ne sont pas encore posées sur les miennes que mon cœur est déjà prêt à exploser. Et dès lors que ses lips touchent les miennes, c’est lave en fusion dans tout mon corps. Je sens mes pommettes rougir, la tachycardie qui s’empare de moi, mon souffle qui risque de manquer. Je sens, la fierté contre mes lèvres, je sens qu’elle apprécie son coup de charme, qu’elle savait bien l’effet qu’elle pouvait avoir sur moi depuis quelques temps. Elle m’embrouillait, captait mon attention même lorsqu’elle n’était pas là. Mes pensées lui étaient souvent destinées et ma réaction me confond dans mes sentiments. Si jamais je n’avais imaginé pouvoir partager entre homme et femme, aujourd’hui, toutes mes convictions étaient parties en fumées, remises sous l’tapis. Etait-ce les femmes ou seulement Leslie ? N’y avait-il pas qu’elle pour avoir cette emprise sur mes pensées ? « Tu flippes encore ? » elle rit, amusée sans doute. Un discret sourire étant mes lèvres, de mon côté, je suis à la fois gênée et satisfaite aussi. Apaisée sans doute un peu. « Un peu moins. » Mais pas l’temps de se poser davantage de questions, Leslie opère d’un tour de charme, comme une diversion, je fais un tour sur moi, accompagnée de ses mouvements, guidée par ses mains. Baladée, balancée avec le son qui étouffe tous les bruits autour de nous.
Hors de la piste, hors du brouhaha, nous voilà isolée, loin des autres, et je suis toujours partagée entre ce sentiment de peur de l’inconnu et cette envie d’être seule avec elle, de ne plus être dérangée. « Tu m'intrigues. » pas autant qu’elle ne peut m’intriguer, je suppose. « J'ai envie de connaître la vraie Noa. » Je me pose à côté d’elle, l’herbe légèrement humide, je n’y prête pas tant attention. « J'crois que tu ne la connais même pas toi-même. » j’hausse les épaules. « Je crois que j’ai encore pas mal à apprendre… » j’ose à peine poser mes yeux sur elle alors que j’ai l’impression d’être observée de son côté. « J’me surprends souvent à penser à toi. » que j’ose avouer alors que mes yeux sont posées sur mes chaussures et ne les quittent pas. « Je sais pas trop c’que ça peut vouloir dire. » et enfin, je relève les yeux pour croiser son regard, timide. « T’es belle aussi. » et j’ai envie de dire : pas que ce soir. Belle tout l’temps. « J’ai jamais embrassé une femme avant. » enfin, techniquement, c’était elle qui m’avait embrassé pour cette fois. «J'ai même jamais pensé que ça puisse arriver. »

« Je crois que j’ai encore pas mal à apprendre… » Pas mal, oui. Tu ne comprends pas trop comment c'est possible qu'elle ait si peu vécu. Qui n'a pas pris sa première cuite au lycée avec de l'alcool douteux ? On prend ce qui passe à cet âge là. Elle, non. Elle a été sage. « J’me surprends souvent à penser à toi. » Elle n'ose même pas te regarder. La peur de se faire rejeter probablement. Elle a déjà oublié que tu l'as embrassé quelques minutes plus tôt ? C'est toi qui avance à tâtons en se demandant ses limites, elles sont où. Pas elle. Elle ne devrait pas. « Je sais pas trop c’que ça peut vouloir dire. » Oh, ouais, les questionnements. Parce que c'est pas normal d'apprécier quelqu'un du même sexe, parce que c'est hors norme, parce que c'est encore trop tabou, alors que ça ne devrait pas. Elles sont encore trop nombreuses se filles qui ne veulent pas s'affirmer, s'afficher. Tu en as marre de ces filles là quand toi tu sais ce que tu veux. Tu n'as rien contre guider quelqu'un qui entre dans un monde qu'il ne comprend pas, mais de vivre tout ça en secret, c'est non. Tu oses espérer que Noa sera différente. « T’es belle aussi. » Et enfin, elle ose poser son regard dans le tien. Ton sourire s'adoucit automatiquement. Tu voudrais pouvoir effacer toutes ses craintes d'un simple sourire.

« J’ai jamais embrassé une femme avant. J'ai même jamais pensé que ça puisse arriver. » « J'm'en doutais. » Et c'est tellement pas grave. Il faut bien une première fois à tout. Même si c'est quand même un grand rôle à endosser. Être la première, ça laisse des traces pour toujours. On se souvient toujours de la première fois que ce soit avec une fille ou un garçon, les deux se dissocient. « T'as envie qu'on l'découvre ensemble ? » Ce que ça veut bien vouloir dire. Les questionnements qu'elle se pose. Ta main se glisse tout naturellement dans la sienne. Tes doigts s'entremêlent aux siens alors que tu viens déposer un baiser contre le revers de sa main. « J'aime bien prendre mon temps. » que tu ajoutes en souriant doucement. Pas nécessairement le même genre de prendre son temps qu'elle aura besoin de son côté. Elle sera peut-être plus longue pour franchir chaque étape. Toi c'est juste de prendre ton temps pour bien vivre les choses avant de vraiment s'investir. Disons simplement que la partie câlin sera à son rythme et que la partie sentimentale sera au tien. « Et ça fait rien si tu réalises que c'est pas ton truc. J'comprendrais. » que tu lui assures. Qu'elle ne se mette pas de pression. Tu n'en seras pas à ton premier refus. Vaut mieux maintenant que quand(si) l'attachement prendra place. « L'important, c'est que tu sois à l'aise de me parler de tout ça, okay ? » Parce qu'elle semble un peu mal à l'aise, mais elle s'ouvre quand même. Tu veux continuer sur cette voie. Elle n'a pas à être mal à l'aise avec toi.

Bien sûre qu’elle se doutait, bien sûre que Leslie avait bien compris qui je pouvais être. Parce qu’elle a l’air tellement sûre d’elle et le charisme qu’elle dégage m’a totalement envoûtée, et j’vois bien qu’elle y va petit à petit, qu’elle presse pas et qu’à chaque fois qu’elle m’approche, elle est prudente et elle prend des précautions, elle balise, depuis l’début. J’ai l’impression que c’est presque évident, maintenant. Ca à un côté rassurant, un autre côté très flippant. Parce que j’avais jamais embrasser une femme avant, parce que j’avais même jamais envisagé ça avant et puis maintenant, y a quoi ? « T'as envie qu'on l'découvre ensemble ? » je regarde devant moi, je regarde vers la fête plus loin, vers la scène, vers les lumières qui de temps en temps m’éblouissent. J’réponds pas, parce que je sais pas c’que ça veut dire forcément, elle entend quoi par tout ça ? Découvrir quoi ? Sa main glisse sur la mienne et mon regard se pose aussitôt sur nos doigts entre mêlés et il remonte doucement sur son visage. J’observe, me pince les lèvres, elle est patiente mais je sens qu’elle le sera pas très longtemps encore. Ses lips sur mes doigts, ses lèvres douces sur ma peau, j’ai l’cœur qui s’emballe là. « J'aime bien prendre mon temps. » je hoche la tête, me pince les lèvres. J’acquiesce, je lui donne une réponse sans en être une vraiment, si ? Découvrons ensemble… « Et ça fait rien si tu réalises que c'est pas ton truc. J'comprendrais. » j’ai comme l’impression que la question se pose pas. Que la réponse est si évidente à la seconde où ses yeux sont posés sur moi, où sa main est posée que la mienne, où ses lèvres ont frôlé les miennes. « L'important, c'est que tu sois à l'aise de me parler de tout ça, okay ? » ok, communication, ça m’va. J’ai toujours prôné l’importance de dire les choses. Ça commence sans doute maintenant. « Il s’passe quoi alors ? » je suppose, en vrai, rien de spécial. On se relève, on continue cette soirée, on échange encore quelques baisers, on prend encore un ou deux shooters et on rentre chez soi. Sa main, c’est moi qui la tien maintenant, c’est moi qui l’approche de moi, qui glisse mon pouce contre sa peau. C’est doux, c’est chaud. Je sais pas si c’est l’alcool que j’ai bu qui m’donne chaud ou si c’est cette situation. « J’reprendrai bien un truc à boire ! » que je lance, en tirant sa main contre ma bouche pour y déposer un baiser à mon tour avant même de me pencher vers elle pour gouter à nouveau à ses lèvres, c’est moi qui y vais cette fois, c’est moi qui m’lance même si c'est encore timide. « Go ? »

Elle ne semble pas très à l'aise Noa, mais elle ne semble pas totalement terrorisée. C'est sûrement ça de gagné. Faut bien trouver un peu de positif dans tout ça. Ta voix est douce. Tu essaies d'être le plus rassurante possible sans vraiment savoir si ça fonctionne puisqu'elle ose à peine te regarder. C'est tout ça qui la rend si timide ? Cette nouveauté qu'elle ne connaît pas encore ? Ou elle est juste comme ça même avec les hommes ? « Il s’passe quoi alors ? » Ta main se glisse tout doucement dans la sienne et elle la resserre automatiquement. Ça t'arrache un nouveau sourire. Tous les petits détails sont bons à remarquer. Elle ne repousse pas. Elle suit. Elle veut savoir quoi exactement ? Les débuts d'une relation que ce soit avec une fille ou avec un mec, c'est du pareil au même. On essaie. On s'apprivoise, apprend à se connaître. On voit si ça marche. On continue ou on arrête. « On vit c'qu'on a à vivre, et on voit où ça mène ? » C'est sûrement pas le temps de lui dire que tes histoires ne mènent jamais à rien, que tu ne t'es jamais vraiment posé avec quelqu'un. Ce n'est pas forcément qu'une histoire d'amour ne t'intéresse pas. Juste que tu n'as pas encore rencontré la bonne personne. Comment peux tu savoir que ce ne serait pas elle ?

« J’reprendrai bien un truc à boire ! » Tiens, la voilà qui prend doucement ses aises. La voilà qui semble prendre un peu confiance en elle quand à son tour elle pose un baiser d'abord sur ta main, puis ensuite sur tes lèvres. C'est bref. C'est timide, incertain, mais elle se lance. « Go ? » La voilà déjà prête à retourner dans la foule. Tu ris doucement. « Attends un peu.. » Tes mains se posent sur chacune de ses joues pour relancer le baiser qui a été trop bref à ton goût, pour l'adoucir, le prolonger, tes doigts qui se mêlent dans les mèches de ses cheveux. Elle est tellement belle. Là, plus que jamais. Vous refaites finalement le chemin jusqu'au bar, là où tu commandes deux verres. Tu restes dans quelque chose de doux et fruité. Il faut bien commencer par quelque chose de pas trop fort pour sa première expérience. Vos verres en main, vous retournez sur la piste de danse, là où, honnêtement, vous faites plus vous embrassez que dansez. Ça dure des heures qui paraissent des minutes. Le temps passe à une vitesse folle et la soirée se termine bien trop rapidement.

« Je te ramène chez toi ? » que tu glousses à son oreille, l'alcool t'as un peu monté à la tête. Tes mains glissent contre ses hanches pour l'attirer vers toi. Tu as promis de la ramener chez elle en un seul morceau. Il faut bien tenir cette promesse. C'est important. Non, personne n'y croit à tes bonnes intentions.

« On vit c'qu'on a à vivre, et on voit où ça mène ? » J’vais dire oui, j’vais dire que j’suis d’accord et j’espère que quand l’alcool aura quitté mon corps, je serai encore en accord avec ça. Si non, c’est moche de devoir se cacher derrière sa consommation pour ne pas assumer ses paroles ? Mais je serai pas la première à faire ça. Je serai plus la dernière non plus… mais j’crois que même si j’ai bu, même si j’ai chaud là, même si j’suis un peu désinhibée, j’pense que ca changera pas l’issue. J’avais rien bu avant d’accepter son invitation, rien bu la dernière fois qu’on s’est croisé et que j’me suis surprise à ne plus la sortir de mes pensées. Leslie est si belle, s’est emparée de mon esprit, il lui est tout entièrement destiné.
Je crois qu’on s’était tout dit et l’intimité me fait peur, l’intimité m’a toujours paralysée en soit ,que ce soit avec un tel ou un tel, elle m’a fait brisé ma relation avec Nicolas, m’a fait trainer dans ma relation avec Antonio. Et de quelle intimité parlait-on à ce moment ? Juste un moment précieux entre nous deux, à l’écart de la foule, juste de quoi se dire des choses, se lancer… On pouvait y retourner, maintenant ? J’suis motivée, encore un verre, j’me redresse, Leslie me retient. « Attends un peu.. »ses mains qui s’emparent de mes pommettes, ses lèvres à nouveau posées sur les miennes, elles sont douces, parfumées et ça suffit amplement à me charmer davantage. Je la suis, ne la quitte pas et obéit à chacun de ses mouvements, sous son emprise la plus totale. Cette soirée me délivre complètement. De quoi ? Comment ? J’en ai pas la moindre idée. Mais tout me semble facile, tout glisse, sans questions qui brouille mon esprit, sans pensées qui me freinent. Sans me demander ce que pense ce mec qui nous regardait toute la soirée, sans me dire qu’on allait déranger la nana seule assise sur sa chaise du début à la fin, sans réfléchir à quoi que ce soit, si ce n’est à ce moment-là, le moment présent où je ne vois plus qu’elle.
« Je te ramène chez toi ? » ce sourire sur mon visage et ce rire incontrôlé, peut être parce que je suis un peu gênée mais qu’à la fois, il est encore trop tôt pour la quitter. J’ai pas oublié, qu’elle avait promis de me ramener chez moi. Je sais pas si Liam est là, si c’est le cas, il est sans doute déjà en train de dormir. « Une promesse est une promesse. » bien sûre qu’elle va me ramener, bien sûre qu’on va faire durer ce moment encore un peu. Et puis, là, c’était pas très loin, ca s’fait vite. C’est c’que j’pensais, mais j’étais jamais rentrée en ayant bu, j’avais pas compris qu’il fallait multiplier par deux le temps de trajet. Voir par trois quand Leslie s’arrêtait pour glisser quelques baisers dans ma nuque. Mais on y parvient, chez moi, nous y voilà. « T’habites où ? » j’ai aucune idée d’où c’est, son chez elle. Mon dos collé à la porte d’entrée de l’immeuble, à une heure près, on aurait presque vu le levé du soleil, il commence à faire un peu moins sombre dehors. « Tu vas pas repartir toute seule… » que je souffle en tirant doucement sa main vers moi, rapprochant son buste du mien. Leslie est un peu plus grande que moi, j’ai toujours l’habitude de lever les yeux pour m’adresser aux autres et j’suis pas impressionnée pour une fois, juste un sentiment de bienêtre, de douceur. Je reste silencieuse un instant et ne la quitte pas des yeux, intimidée quand même. Mes yeux se balade sur son visage, sur ses cheveux, son cou, son menton, ses yeux, son nez, ses lèvres, il y a pas de cohérence dans mon regard, tout y passe, dans un désordre fou. Un désordre qui en dit long sur mon état à vrai dire. « Qu’est-ce que tu m’as fais Leslie. » c’est même pas une question, je connais la réponse.

La nuit avance à bon train. Petit à petit la foule diminue et chacun retourne chez lui. « Une promesse est une promesse. » Tu as promis de la ramener chez elle en un seul morceau. Tu comptes bien tenir cette promesse. Tu n'as absolument aucune idée d'où est-ce qu'elle vit, mais c'est vraiment loin. Peut-être que tu n'aurais pas dû boire les deux derniers verres. Mal de crâne assuré pour demain. Ça t'aurait également permis de marcher un peu plus en ligne droite.

Arrivé devant sa porte, Noa lui tourne dos pour venir s'appuyer dessus. Ses yeux brillent de malice. Les tiens brillent de désir. « T’habites où ? » Tu réfléchi vraiment en regardant à droite et à gauche pour te situer. Juste deux verres de trop, t'es sûr ?? « Hum, pas loin. À côté du campus. » C'est petit chez toi. Ta coloc fait toujours chier, venant de toi faut vraiment qu'elle le soit. C'est qu'après les trois milles chances de te dire qu'elle avait eu une mauvaise journée, tu as fini par conclure que c'était vraiment juste une garce. Mais c'est pas cher là-bas, donc tu restes. « Tu vas pas repartir toute seule… » Ton sourire s'élargit encore plus alors qu'elle vient prendre ta main pour rapprocher ton corps du sien. C'est toi où il fait drôlement chaud tout d'un coup ? Elle est surprenante Noa. Tu ne t'attendais certainement pas à ce qu'elle t'invite à rester pour la nuit - même si la nuit est déjà pas mal terminée. C'est l'alcool qui lui donne un peu de courage ? un peu plus d'assurance peut-être. Oh ce qu'elle est belle quand ses yeux pétillent. « C'est une invitation ? » Tu ris un peu, glisse tes mains contre ses hanches. « Qu’est-ce que tu m’as fais Leslie. » Tu la coupes dans sa phrase en l'embrassant à nouveau. Ce que tu lui as fait ? Rien du tout. Si ce n'est que de lui ouvrir les yeux sur quelque chose qui est à l'intérieur d'elle depuis longtemps sans qu'elle ne le sache.

Noa réussi à ouvrir la porte quand tu finis par la lâcher - tu sais pas trop comment elle a fait en vrai. À peine la porte ouverte, tu retrouves rapidement ses lèvres, avance dans l'obscurité sans savoir où aller, ni même où tu mets les pieds. Il y a un énorme bruit quand tu fonces dans tu-ne-sais-quoi. Tu glousses contre ses lèvres. Oh, y'a des personnes que vous pourriez déranger ici ? Probablement, c'est trop grand pour une étudiante. Ou ses parents sont hyper riches. « Tu vis toute seule ? » que tu murmures à son oreille. Enfin, tu penses que tu murmures, mais tu ne parles pas si bas que ça.