« J’ai plus envie qu’on se cache quoi que ce soit… »
« C’est promis. »

Comme un enfant, les joues virant aux rouges, je lève mon petit doigt dans sa direction. En dix ans, il y en a eu des promesses. Celles que l’on avait su tenir malgré les obstacles et puis celles que l’on a piétiner à la première difficulté – la deuxième catégorie a remporté la victoire avec le temps. Cette promesse-là, elle a déjà un goût différent. Rien n’est prononcé à la va-vite, tout semble étrangement réfléchi tant cela fait quelques semaines que l’on se parle d’honnêteté. À tort, on a pensé qu’il était parfois utile de mentir ou de dissimuler des informations à l’autre, on en a suffisamment payé les pots cassés et c’est quelque chose qui se doit de changer. Tout nous amène vers ce chemin bien plus calme, au rythme apaisé et aux conversations d’adulte qui ne se termine pas dans les cris. Ce soir, tout prend un nouveau sens lorsqu’une fois encore, on se promet de ne plus se dissimuler la vérité, même si cette dernière peut parfois faire mal.

Les minutes s’égrènent et la tension s’échappe. Petit à petit, on retrouve cette aisance qui a toujours été notre. Petit à petit, on réduit la distance qui nous sépare. Au point, de se retrouver allonger l’un à côté de l’autre. Les yeux perdus dans la couleur rosée du ciel, le cœur battant la chamade, on discute et on plaisante. On laisse les barrières tomber, enfin. « Oui, alors qu’il pourrait changer de papa bien plus facilement ! » « Il vendrait son père contre une peluche. » que je réponds sur le même ton de la plaisanterie. Nos enfants ont bien grandi ces dernières semaines, leurs caractères se dessine un peu plus chaque jour et surtout on apprend à les connaître. Ils sont de plus en plus éveillés, alerte à tout ce qui les entourent et jamais avare de petits sons qui m’ont toujours fait craquer. Ils vont bien et ils sont heureux. C’est notre tour de tout faire pour leur offrir la stabilité familiale que l’on n’a jamais pu connaître. Le sujet est sensible, mais je m’élance sans trop d’hésitation. La dépression de Jill était venue ravager nos certitudes, abattre les croyances que l’on pensait acquise tout au long de sa grossesse. On avait tout prévu, sauf ça et on ce l’est littéralement pris en pleine tronche sans savoir le gérer. Aujourd’hui, j’ai besoin de savoir comment elle se sent dans ce rôle qu’elle n’avait pas su appréhender faute de modèle et de soutien. « Je les aime. » Son regard croise le mien et mon souffle se coupe. « Je vous aime tous les trois. » Ses lèvres viennent trouver les miennes et c’est tant mieux, je n’aurais pas su trouver les mots sur l’instant. Je profite de son baiser, le fait durer un peu plus longtemps, juste pour le plaisir, mais finis par reculer légèrement. On ne doit pas se précipiter et c’est son regard auquel je veux me raccrocher pour le moment. Ses prunelles qui ne crient que la vérité. « On t’aime aussi. » Tout simplement. « On va y arriver, Jill. » Cette fois, on s’en donne réellement la chance.

On aurait pu rester des heures juste là, sur l’eau, à écouter le bruit des vagues. Mais ce serait mal nous connaître que de nous laisser à ne rien faire. Je n’ai jamais été le plus hyperactif des deux, mais j’ai envie de tenter quelque chose d’un peu fou. « On peut naviguer ? » Je ne m’y connais pas vraiment en voilier, code de la route de l’Océan ou que sais-je, mais il n’y a personne à perte de vue et j’ai envie d’aller voir plus loin. On va aller se perdre, rien que tous les deux. Je manque de me casser la figure en me relevant, éclate de rire comme un enfant avant d’aller m’installer derrière le gouvernail. Au diable les responsabilités, le stress et les angoisses. Juste ce soir, juste quelques heures, il ne s’agit que de nous et il est temps que l’on agisse un peu comme des enfants insouciants. « Où va t-on mademoiselle ? » Ou est-ce encore madame ?

Ils ne se cachent plus rien, et ils arriveront à évoluer de cette manière. Ils vivent pour eux, et elle ne parlera pas de leur nouvelle relation à qui que ce soir. C’est mieux que pour le moment le monde entier pensent qu’ils sont séparés. Ils n’ont pas besoin du regard des autres, ni de l’avis de qui que ce soit. Donc ils vont se reconstruire ensemble, petit à petit. Et ils prendront le temps qu’ils voudront pour être sûr d’eux.

Ils parlent des enfants, d’eux, et ils retrouvent peu à peu cette complicité qui les unit depuis tant d’années. « Il vendrait son père contre une peluche. » Jill pouffe de rire en hochant la tête. “Une très grande peluche quand même.” Elle est heureuse de savoir qu’ils sont sur la bonne voie pour garder leur famille unie. Elle n’aimerait pas que ses enfants fassent partie de ceux qui doivent vivre avec des parents séparés. Ils méritent une belle vie, elle ne veut pas répéter les erreurs de ses parents ou de tous les parents qui ne pensent pas assez à leurs enfants. Elle s’allonge contre lui et profite de cette nouvelle proximité, elle n’a plus envie de bouger, de peur que la bulle finisse par éclater comme elle le fait toujours. « On t’aime aussi. » Elle relève sa tête et capte le regard de Bailey, un sourire suffit et elle n’a pas besoin de détailler plus ses pensées. C’était le bon moment pour lui dire qu’elle l’aime, qu’elle les aime tous les trois. « On va y arriver, Jill. » Elle pose de nouveau sa tête contre le torse du jeune homme. “Je suis contente qu’on abandonne pas…” Elle regarde le coucher du soleil pendant quelques secondes de silence.

Il bouge et elle se rassoit au milieu des coussins pour le regarder. « On peut naviguer ? » Elle fronce les sourcils avant de sourire de nouveau. “Bien sûr !” Ils doivent rendre le bateau dans la journée de demain, ils peuvent donc faire ce qu’ils veulent pendant la nuit et même le début de la journée. “Je sais que tu sais pas naviguer !” Et elle n’est pas sûre de savoir le faire non plus. Ils vont donc se perdre au milieu de l’océan sans savoir comment revenir et elle adore cette idée. Elle s’approche du panier et leur sert deux verres de vin. “J’ai nos maillots au cas où t’arrives pas à nous ramener !” Et elle est prête à s’éloigner de la rive. « Où va t-on mademoiselle ? » “Au bout du monde !” Elle sourit et se tourne vers le soleil qui se couche et laisse des lueurs oranges et roses dans son sillage. “Emmène moi où tu veux.” Elle glisse dans son dos et passe ses bras autour de la taille de Bailey en posant son menton sur son épaule.

C’était le bon moment. Pour se retrouver, pour enfin discuter, pour laisser tomber les barrières les unes après les autres. Il aura fallu du temps, des mois et des semaines pour exorciser les blessures, pour reprendre notre respiration après le tsunami qu’a été la naissance des jumeaux. Tout à exploser ce jour-là, sa confiance en elle, ma confiance en nous. Il a fallu qu’on laisse notre quotidien partir en vrille jusqu’à frôler le non-retour pour finalement réaliser qu’il nous était impossible de faire sans l’autre. C’est la seule conclusion qui paraît évidente, on doit se donner une chance. Juste une, encore un peu. « Je suis contente qu’on abandonne pas… » Un sourire se dessine sur mes lèvres alors que je m’approche d’elle pour venir embrasser sa tempe tendrement. C’était le bon moment pour s’avouer à demi-mot que les sentiments sont toujours présents. Les grands discours cela n’a jamais été notre tasse de thé, on s’améliore malgré tout. Ces quelques mots qu’elle vient de prononcer entre deux baisers resteront gravé comme le signe d’un renouveau dont on n’aurait jamais osé rêver. Un nouveau chapitre que l’on écrira à deux sans pression familial, sans se soucier des autres, sans jugement.

Tout recommencer à zéro.

C’est prendre le temps d’être insouciant, de profiter de l’instant présent sans regarder la montre. C’est vouloir tenter de naviguer lorsque l’on y connaît absolument rien. « Je sais que tu sais pas naviguer ! » Un rire m’échappe alors que je lève les yeux au ciel. « Pfff tu connais pas tout mes talents cachés. » Dix années ça ne justifie en rien la nouveauté, non ? Je voudrais l’impressionner comme un début et pour la première fois de ma vie, je n’ai pas peur de me tromper, d’échouer ou de me planter face à elle. C’est comme sauter dans le vide pour un shot d’adrénaline. « J’ai nos maillots au cas où t’arrives pas à nous ramener ! » « Sage décision. » Et même si on venait à se débrouiller, qui a dit qu’un bain de minuit devait être exclu de ce nouveau deal ? Tout doit être tenté, tout ce qui donne ce sentiment d’aller bien, d’aller mieux. C’est ce qu’on s'est promis.

« Emmène moi où tu veux. » Dieu soit loué le loueur de bateau qui a pensé à littéralement scotcher les instructions sous le gouvernail. Appuyer sur le bouton jaune pour faire remonter l’ancre. Check. J’inspecte le reste des commandes sous mon nez, prétendant avoir une parfaites maîtrise de l’engin quand en réalité tout me semble écrit en chinois. « Alors… Si j’appuie là, soit on démarre, soit… On coule ?! » Mon doigt glisse sur le bouton avant de l’enfoncer sans conviction. Le pont du catamaran s’ébranle et on entend le moteur se mettre en marche. « AH ! Tu vois que je sais naviguer. » J’aurais mieux fait de me taire quand dans la seconde qui suit, on commence à avancer sans que je ne sache réellement quoi faire. Qu’importe, ses bras autour de mes hanches me rassurent, son souffle dans le creux de ma nuque me rappelle que tout ira bien, qu’importe où on s’en va. Les mains sur le gouvernail, le dos calé contre son torse, je prends une inspiration et tente de naviguer en dehors de la marina en direction de l’horizon.

Une vingtaine de minutes plus tard, la terre semble désormais bien lointaines alors qu’il ne reste que nous et l’Océan à perte de vue. Le catamaran se laisse porter au gré du faible vent et je me tourne pour faire face à Jill. « J’aimerais qu’on reste comme ça. » que je murmure doucement, ma main venant frôler sa joue. « Sans que personne ne sache rien, sans que personne ne vienne se mêler de notre histoire. » C’est bien trop souvent les autres qui sont venu tout gâcher entre nous. Et si je viens couvrir sa peau de baiser, c’est pour mieux chatouiller ses côtes la seconde d’après. « J’ai faim. » que je m’exclame vivement alors que je récupère mon verre de vin qui a déjà tanguer à déborder plus d’une fois.

Il se lève, et il décide de diriger le bateau un peu plus loin du rivage. Jill se fiche d’où il peut bien les mener, c’est lui qui décide de ça. Elle savait qu’ils finiraient par s’amuser avec le gouvernail, mais elle ne pensait pas qu’il en aurait envie aussi vite. Elle a préparé leurs affaires au cas où Bailey soit incapable de gérer ce bateau et qu’ils soient obligés de rentrer à la nage. « Pfff tu connais pas tout mes talents cachés. » Elle fait la moue. “T’as passé le permis bateau récemment ?” Elle hausse un sourcil, son regard remplit de défi avant de passer derrière Bailey et regarder la mer et le soleil qui continue sa descente petit à petit. « Sage décision. » “C’est pas vraiment rassurant.” Elle pouffe de rire, sur ce sujet là, elle n’a pas vraiment besoin d’être rassurée. Elle continue de sourire et de regarder vers l’horizon en tentant de rester sur ses deux jambes.

« Alors… Si j’appuie là, soit on démarre, soit… On coule ?! » Décidément, il n’est vraiment pas doué pour diriger un voilier. Elle se raccroche à ce qu’elle peut et ne s’arrête jamais de rire. Ce moment fait du bien, la complicité et le rire qui les unissent depuis toujours reviennent comme s’ils n’avaient jamais vraiment disparu. « AH ! Tu vois que je sais naviguer. » “Parle pas trop vite on a encore l’occasion de couler 1000 fois avant de rentrer.” Elle hoche la tête et se cale à nouveau contre son épaule. Elle aimerait rester là pour toujours, et ne plus jamais ressentir la peur et la colère qu’elle ressent depuis des mois. Ils s’éloignent et Jill ne regarde pas en arrière. Elle est heureuse là, au milieu de l’océan. « J’aimerais qu’on reste comme ça. » “On a de quoi survivre quelques jours avec les sandwichs.” Elle ironise toujours, mais elle comprend ce qu’il veut dire. « Sans que personne ne sache rien, sans que personne ne vienne se mêler de notre histoire. » Elle se place entre lui et ce qui sert certainement de volant, elle n’y connait rien en bateau. “Je pourrais pas rêver mieux.” Elle le regarde dans les yeux. “Rien que nous pendant le temps qu’on voudra, le reste du monde n’est pas obligé de savoir qu’on se donne une nouvelle chance.” Ils ne diront rien à personne, c’est un accord entre eux désormais. Il dépose des dizaines de baisers sur sa peau et elle sourit. « J’ai faim. » “Tu connais le chemin.” Il récupère son verre de vin et elle fait la même chose. Elle se rapproche du panier et s’assoit. “J’ai même pensé à ça.” Elle allume une lampe pour qu’ils puissent voir ce qu’ils mangent maintenant qu’il n’y a plus un seul rayon de soleil. “On devrait acheter un voilier.” Maintenant que Bailey a trouvé comment naviguer.

« T’as passé le permis bateau récemment ? »
« C’est pas toi qui a un cousin marin ? » que je réplique dans un sourire.
« C’est pas vraiment rassurant. »
« Tu me fais confiance ? »

Et la question se trouve bien trop rapidement à être à double sens. Est-ce qu’elle me fait confiance pour manœuvre ce catamaran ? Est-ce qu’elle me fait confiance pour lancer ce nouveau chapitre entre nous ? Tout se joue là, dans cet instant, alors que je tente de faire démarrer le moteur et que l’on se dirige vers un horizon fait de nouveauté et d’expérience jamais encore connue. Je devrais être inquiet, je devrais angoisser comme je l’ai toujours fait, toute ma vie, mais je me sens bizarre calme, là avec Jill à mes côtés. Comme si c’était la première fois que je faisais quelque chose qui avait du sens. Un choix qui n’appartient qu’à moi. Et qui démarre en même temps que ce bateau et l’éclat de joie qui m’échappe sans que rien ne soit contrôler. Tout est en roue libre, tout est à définir, tout semble okay, pour une fois.

« Parle pas trop vite, on a encore l’occasion de couler 1000 fois avant de rentrer. »
« Chuuuuuut ! » que je la gronde en fronçant les sourcils. « Regarde plutôt si on heurte pas un rocher. »

Je vois dans son regard que j’aurais mieux fait de me taire et éclate d’un rire franc avant de lancer ce qui ressemble à un GPS pour bateau. Le truc semble aider à nous diriger, l’Océan est calme et je ne compte pas nous éloigner trop loin non plus. On devrait pouvoir s’en sortir sans accident. « On a de quoi survivre quelques jours avec les sandwichs. » Elle sait que je ne parlais pas uniquement de cette soirée, je le vois dans son regard. On n’a pas besoin de se lancer dans de grands discours, pour la première fois depuis si longtemps, j’ai l’impression que l’on est enfin sur la même longueur d’ondes. « Je pourrais pas rêver mieux. Rien que nous pendant le temps qu’on voudra, le reste du monde n’est pas obligé de savoir qu’on se donne une nouvelle chance. » Mes lèvres viennent effleurer les siennes dans un baiser léger et empli de promesses. « Personne n’a besoin de savoir. » On a laissé nos familles s’immiscer entre nous durant dix longues années. Tout le monde a pu donner son avis sur le couple que formaient Jill et Bailey sans jamais nous laisser l’occasion d’être nous-même. Il est temps que l’on reprenne les rennes.

L’ancre est à nouveau jetée. Loin de la terre ferme, au milieu de l’Océan. Rien que nous, un pique-nique préparé avec soin et tout le temps du monde pour réparer les failles les plus importantes. Elle a pensé à tout Jill, un peu de lumière et mes snacks préférés. En levant la tête, je remarque une guirlande enroulée au mat au-dessus de nos têtes. Quelques minutes de recherches et voilà que la lumière brille légèrement donnant l’ambiance parfaite. « On devrait acheter un voilier. » Un rire m’échappe, mais je remarque son air sérieux. « On pourrait visiter toutes les îles aux alentours. » L’idée est toute aussi folle qu’elle semble alléchante. Je pique une tomate cerise, puis deux et un peu de hummus, avant de m’installer confortablement. Les étoiles commencent à pointer le bout de leur nez, l’air devient moins suffoquant. Tout est calme. Tout n’est que Jill en face de moi, détendue et sourire aux lèvres. « On pourrait commencer à voyager avec les petits. » Ils n’ont que quatre mois, mais on peut déjà prendre l’avion avec eux, je me suis renseigné. « Ou juste toi et moi. » Ce serait essayé non. La seule interdiction se devra d’être Londres. Je ne veux plus jamais remettre les pieds là-bas. « Tu pourrais me montrer ce que t’as toujours aimé à voyager de partout. » que je lui demande alors timidement.

« C’est pas toi qui a un cousin marin ? » Elle sourit et répond à son rire. “C’est bien pour ça que j’ai jamais eu besoin d’apprendre à naviguer.” Elle hausse les épaules, n’ayant aucune envie de parler de son cousin qui joue au disparu et qui ne donne pas de nouvelles depuis des semaines, voir même des mois. « Tu me fais confiance ? » Ses yeux se dirigent automatiquement vers ceux de Bailey. Elle sait que ces mots veulent bien plus qu’il n’y paraît. Elle pose son menton sur son épaule et enlace leurs doigts. Bien sûr qu’elle lui fait confiance, et elle sait aussi que c’est à elle de faire des efforts pour regagner sa confiance à lui. Elle ne le quitte pas des yeux, et elle hoche simplement la tête. Il n’y a pas besoin de parler pour dire ce genre de choses, ses yeux parlent pour elle.

« Chuuuuuut ! » Il ne sait vraiment pas naviguer et elle devrait commencer à s’inquiéter. Il n’y a que très peu de chances pour qu’ils arrivent à rentrer en bateau et vivant chez eux, mais elle ne fait que rire la McGrath. « Regarde plutôt si on heurte pas un rocher. » “On peut toujours faire un remake du titanic.” Elle hausse les épaules et s’éloigne un peu. “Mais il va se passer plusieurs jours avant que tu ne meurs de froid dans l’eau.” L’océan Pacifique est clément chez eux, il fait beau et l’eau n’est jamais très froide.

La conversation redevient sérieuse, et ils décident de rester ensemble, sans que personne ne le sache. Jill est rassurée, elle aime l’idée qu’ils soient tous les deux sur la même longueur d’onde, et que Bailey accepte de leur donner une seconde chance. Elle dépose un baiser délicat dans son cou et son sourire ne quitte pas le coin de ses lèvres. “Tu veux la jouer rencards secrets ? Comme des ados ?” Et elle adore l’idée, elle meurt d’envie de le retrouver dès qu’elle le peut loin des regards indiscrets. Loin de toute sa famille et de toutes autre personne qu’eux deux et les jumeaux. Jill parle d’acheter un bateau, maintenant, tous les rêves sont permis. Ils ne doivent pas aller trop vite, mais elle ne s’imagine pas vivre sans Bailey à ses côtés. Il est dans sa vie depuis 10 ans, et elle veut s’autoriser à y croire un peu. C’est elle l’enfant à cet instant, et Bailey est la seule personne qui est capable de tenir son coeur entre ses mains de cette manière. « On pourrait visiter toutes les îles aux alentours. » Il n’a pas l’air contre l’idée alors elle hoche la tête. “On trouve la plus petite et la plus belle et on en part jamais.” Vivre loin de tout le reste du monde, un vrai rêve éveillé. « On pourrait commencer à voyager avec les petits. » Ils voyageront avec eux, puisque ça a toujours été la passion de Jill et que pour rien au monde elle ne voudrait les laisser constamment derrière eux. “Ils sont assez grands ?” Elle n’en a aucune idée. « Ou juste toi et moi. » “On fera tout ça.” Ils voyageront avec eux et seulement à deux, parce qu’ils ne doivent plus jamais s’oublier pour les jumeaux. « Tu pourrais me montrer ce que t’as toujours aimé à voyager de partout. » “Il faudrait repartir faire un tour du monde pour ça.” Elle pouffe de rire, pas vraiment sérieuse. Elle sait qu’il ne pourrait pas tout plaquer pendant des mois pour visiter tous les endroits préférés de Jill, mais son tour du monde fera toujours partie de ses meilleurs souvenirs.

« On peut toujours faire un remake du Titanic. »
« Ce serait nous condamner à un destin tragique. »
« Mais il va se passer plusieurs jours avant que tu ne meures de froid dans l’eau. »
« Tu me laisserais un peu de place sur la planche ? » que je demande en faisant la moue. « Rose à laisser mourir Jack comme un con. »

Les répliques s’enchaînent dans une ambiance bonne enfant que l’on semble retrouver comme un instinct bien trop longtemps enfoui. Elle taquine autant que je m’efforce à laisser tomber les barrières pour la laisser entrer à nouveau. Dans ce nouveau chapitre, nous sommes deux à devoir travailler vers l’autre. Chacun a son rythme, chacun donne ce qu’il veut, ce qu’il peut, sans reprendre et surtout sans restreindre. On s’accorde un dernier tout ou rien. Ses sourires malicieux s’enchaînent autant que ses mains autour de mes hanches et ses baisers dans le creux de mon cou. La distraction est aussi plaisante qu’un brin dangereux. Flirté entre les deux, cela a toujours été notre spécialité. Certaines habitudes ont la vie dure. « Merci de ne pas distraire le capitaine. » que je réclame alors que la seconde d’après mes lèvres viennent chercher les siennes. Juste pour la contradiction, juste pour la faire sourire.

Les étoiles s’alignent au-dessus de nos têtes au fur et à mesure que le plan de notre avenir semble bien moins sombre. Tout reste à reconstruire, tout semble sur un fil tranchant, mais on pose les mots, on s’accorde le droit de dire que l’on a besoin de penser à nous. « Tu veux la jouer rencards secrets ? Comme des ados ? » L’idée est aussi alléchante qu’elle réveille des souvenirs pas si anciens. Tout a commencé dans le secret entre nous, d’abord dans cette bibliothèque, puis durant dix longues années. Vivre pour nous, d’accord, en faire un énième dirty little secret, je ne sais pas si je pourrais le supporter. « Je veux que l’on pense à nous, mais… » J’hésite une seconde, cherchant les mots qui résumeront le mieux le fond de ma pensée. « Je ne veux plus que notre couple, notre histoire, soit un sale petit secret. » que j’explique avant d’ajouter : « Si on se fait prendre, je veux juste pouvoir en rire avec toi. » Balayer cela d’un revers de main, assurer à la personne de se mêler de ses oignons et ne plus jamais se laisser influencer par l’opinion d’une tierce personne. « Comme des ados. » C’est elle qui avait raison depuis le départ.

Soudainement parler du futur semble bien moins effrayant. Un rien me paraît possible tant qu’elle est à mes côtés, tant que sa main ne cesse de jouer avec la mienne. Je lui accorderais n’importe quoi même l’achat d’un voilier comme celui qui héberge notre soirée. « On trouve la plus petite et la plus belle et on en part jamais. » Un rire m’échappe alors que nous imaginer devenir la prochaine famille de Robinson Crusoé. « Va falloir que je travaille mes skills de pêche et de chasse. » On survivrait pas une semaine vu mon manque de connaissance sur la vie sauvage. C’est elle l’aventurière dans notre couple, elle qui a su dit merde à ses parents pour aller vivre son rêve au bout du monde. Elle va devoir me montrer le chemin. « Ils sont assez grands ? » Les jumeaux n’ont que quatre mois, mais j’ai déjà vérifié cent fois, ils peuvent prendre l’avion sans danger, il y a juste quelques règles à respecter. « Ils ne se souviendront de rien, mais je me dis que plus on les habitue jeunes, plus ils aimeront ça. » Je veux que mes enfants s’aventurent dans le monde, je veux qu’ils puissent saisir toutes les opportunités que la vie pourra leur offrir. Ils n’auront aucune barrière si ce n’est de revenir voir leur vieux père de temps en temps. « Il faudrait repartir faire un tour du monde pour ça. » « On pourrait. » Pourquoi s’interdire le monde quand il est ouvert sous nos yeux. On ne pourrait pas voyager constamment, ce serait bien trop compliqué, mais dès que l’envie nous prend, on devrait pouvoir s’autoriser cela. « Pas forcément faire le tour du monde, mais… S’autoriser à partir quand on veut, quand on peut. » Se laisser le droit de vivre. Pour une fois.

Le silence retombe, le bruit des vagues est la seule preuve que le monde ne s’est pas complètement figée et mon esprit vadrouille dans tous les sens autant que mes doigts partent chiper quelques fruits dans la corbeille à mes pieds. « Et si on partait pour Noël ? » On n’a jamais aimé les fêtes de famille, elle comme moi. « Juste avec les enfants. » Comme une famille. « Se créer de vrais bons souvenirs pour leur premier Noël au lieu de s’imposer un repas qu’on détestera autant l’un que l’autre et dont ils ne se souviendront jamais. »

« Ce serait nous condamner à un destin tragique. » Elle pouffe de rire.
« Tu me laisserais un peu de place sur la planche ? Rose à laisser mourir Jack comme un con. » Elle hausse les épaules. “Peut-être bien…” Elle joue, et ça lui avait manqué de discuter de cette manière avec lui. Elle laisse glisser ses mains sur ses hanches et ses lèvres dans le cou du jeune homme. Elle joue avec les points sensibles qu’elle connait par coeur. « Merci de ne pas distraire le capitaine. » Elle rit encore une fois et elle passe devant lui, elle se coince entre lui et la barre, le laissant l’embrasser une nouvelle fois. “Il se distrait tout seul.” Et elle s’éloigne pour se retourner sur le pont et profiter de l’air du soir. Il n’y a plus de soleil, et c’est elle qui allume sa guirlande improvisée pour qu’ils ne soient pas obligés de rester dans le noir.

Ils parlent de leur futur, elle aime cette idée. Ils recommencent et ils vont faire les choses bien cette fois. Ils vont prendre leur temps, ils en ont tous les deux besoin. « Je veux que l’on pense à nous, mais… » Elle fronce les sourcils, attend qu’il s’explique. « Je ne veux plus que notre couple, notre histoire, soit un sale petit secret. » “Je veux plus de ça non plus.” Elle a besoin de temps et lui aussi. Ils n’ont pas le droit d’aller trop vite de nouveau. Ils n’ont plus besoin de faire comme si c’était la dernière fois qu’ils se voyaient ou qu’ils avaient le droit de s’embrasser. « Si on se fait prendre, je veux juste pouvoir en rire avec toi. » “Oh donc tu veux qu’on se fasse prendre.” Elle se rapproche encore une fois, elle adore jouer avec lui et tout est parfait. Elle ne veut pas que cette conversation soit trop sérieuse. « Comme des ados. » “On se prend plus la tête pour ça, on fait ce qu’on veut quand on veut. Au bon rythme.” Celui qu’ils choisiront.

« Va falloir que je travaille mes skills de pêche et de chasse. » “Bailey aventurier sur un île ça doit valoir le coup de voir ça.” Elle rit, et elle s’assoit à côté de lui pour grignoter. Elle a pris beaucoup de choses, il y aurait assez à manger pour cinq ou six personnes. Ils vont voyager, avec ou sans les bébés pour faire le tour des pays qu’ils aiment le plus. Elle veut pouvoir voyager à chaque fois qu’ils en ont envie, sans penser au reste du monde et à ce qu’ils peuvent en penser. « On pourrait. » “Petit à petit ?” Son regard brille. Elle aime ça, il veut voir le monde avec elle et ça pourrait être ce qui signe ce nouveau départ. « Pas forcément faire le tour du monde, mais… S’autoriser à partir quand on veut, quand on peut. » “Vendu.” L’avenir semble magnifique pour eux, et elle a envie de se jeter tête la première dans cette nouvelle relation.

« Et si on partait pour Noël ? » Elle ouvre grand les yeux et se tourne rapidement vers lui. Elle se demande s’il est sérieux. “Vraiment ?” Elle a un peu de mal à y croire. « Juste avec les enfants. » Elle hoche la tête vivement. color=#336666]« Se créer de vrais bons souvenirs pour leur premier Noël au lieu de s’imposer un repas qu’on détestera autant l’un que l’autre et dont ils ne se souviendront jamais. » “Tu m’as déjà convaincu.” Elle le fait taire en posant ses lèvres sur celles de Bailey. “C’est toi qui organise.” Chacun son tour pas vrai ?
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Ses cheveux sont bien plus longs qu’auparavant, sa peau est mordue par le soleil par endroit laissant ressortir la petite cicatrice qu’elle a toujours eu sur le bout du nez. Ses yeux sont emplis d’une étincelle que je pensais perdu et le contact de sa peau contre la mienne ne cesse de me faire frissonner comme au premier jour. Je voudrais graver chaque détail de ce moment dans un coin de ma tête. Ne rien oublier du froissement de sa robe contre ses jambes, au rire discret qu’elle dilue entre deux paroles. Le monde semble tourner dans une seule direction, la sienne, et si j’ai douté pendant un temps, désormais, je sais que l’on se doit d’aller de l’avant. « Oh donc tu veux qu’on se fasse prendre. » Je hausse les épaules en riant. « On a toujours joué avec le feu Jill. » que je lui rappelle en venant tapoter son nez du bout du doigt. « On se prend plus la tête pour ça, on fait ce qu’on veut quand on veut. Au bon rythme. » Ma main vient se poser sur sa joue lentement, mon pouce caressant sa peau, mes prunelles cherchant les siennes. « On le fait pour nous. » que j’affirme à nouveau, scellant le deal pour de bon.

« Bailey aventurier sur un île ça doit valoir le coup de voir ça. » Mon éclat de rire doit résonner jusqu’à la plage tant il vient du fond du cœur. « Je pourrais me débrouiller pour faire du feu, mais le reste… » Ce serait une catastrophe. Je me ferais probablement mal, rien qu’en voulant tailler un bout de bois et Jill finira par vouloir me faire rôtir à la broche pour que je serve enfin à quelque chose. Bien un piètre exemple pour mes enfants. « On pourra rester pas trop loin d’une civilisation. » que j’ose demander tel un enfant faisant la moue. Et on s’accorde sur le fait que l’on va reprendre les voyages petit à petit. Ceux qui veulent dire quelque chose, pas ceux qui sont là uniquement pour mettre des milliers de kilomètres entre nous et la source de nos problèmes. Les voyages qui forgent les souvenirs et non pas ceux dont on ne parlera jamais. Tout s’accorde en douceur, à notre rythme.

L’idée d’un premier voyage se dessine bien plus vite que je ne l’aurais cru. La raison est toute trouvée, en rien dissimuler, échapper à un énième Noël compliqué pour mieux profiter de notre famille, pour se reconstruire. « Vraiment ? » Elle semble si surprise. Je n’ai jamais été celui qui prenait les initiatives, mais je lui ai promis de changer. « Oui vraiment. » que je lui affirme me relevant quelque peu afin que mon visage soit au niveau du sien. « Tu m’as déjà convaincu. » Mon rire s’étouffe contre ses lèvres, prolongeant le baiser simplement pour le plaisir. « C’est toi qui organises. » « Je m’occupe de tout. » Il me reste encore quelques semaines pour prévoir quelque chose, pour me renseigner encore un peu sur le fait de voyager avec deux petits bébés, mais je ne panique pas. C’est tout ce que je voulais, du temps avec elle et eux. En famille.

On continue à piocher dans les différents snacks, je l’embête pour un baiser avant de chantonner dans la seconde qui suit. On refait le monde sous les étoiles. Comme deux parents qui se découvrent, on énumère les progrès de notre progéniture, émerveiller par le fait que Bowie cherche à tenir son biberon seul ou que Tracy babille de plus en plus. Les heures défilent sans que jamais rien ne vienne perturber le moment. On se parle, on s’écoute, on se comprend.

« Tu avais parlé de maillots de bain, non ? » L’air est réellement chaud malgré l’heure avancer. On a été sage, on saura le rester, je le sais, c’est trop tôt pour foncer tête baissé. « Bain de minuit ?! » Et dans la seconde qui suit, je suis debout, en train de batailler avec ma ceinture pour retirer mes vêtements. On a besoin de rire, de relâcher la pression, de se comporter comme deux adolescents qui oublient un peu leur responsabilité. Juste un instant.

Son regard est brûlant, et elle se rend compte que tout ça lui avait vraiment manqué. « On a toujours joué avec le feu Jill. » Elle hoche la tête, elle n’a rien à rajouter à ça. Ils savent ce qu’ils ont vécu et elle espère que ça ne sera pas son dernier moment aussi complice avec lui. Ils ont décidé de se donner une nouvelle chance et elle aime cette ambiance, elle aime ce jeu, elle aime cette relation et ce lien qui ne disparaîtra sûrement jamais. « On le fait pour nous. » Le deal est scellé. Ils font ça pour eux et personne ne sera au courant pour le moment.

« Je pourrais me débrouiller pour faire du feu, mais le reste… » “T’es sûr de ça ?” Elle n’est même pas certaine qu’il serait capable de faire du feu. Elle pouffe de rire et effleure son bras. Ils sont comme deux adolescents qui jouent avec le feu. Elle joue avec lui et il fait pareil. Ils jouent avec leurs mains et avec leurs lèvres pour faire en sorte de retrouver cette complicité qui n’attendait que de ressortir du placard. « On pourra rester pas trop loin d’une civilisation. » “Pas trop trop loin.” Elle fronce le nez et s’assoit à ses côtés. Ils mangent et profitent des dernières minutes du soleil couchant avant qu’ils ne se retrouvent dans l’obscurité la plus totale. La lampe inventée par Jill rend l’endroit bien plus romantique qu’elle ne l’aurait imaginé. Cette soirée est parfaite, et elle voudrait que ça ne s’arrête jamais.

« Oui vraiment. » Ils vont voyager, c’est une promesse qu’ils se font tous les deux. Jill aime voyager et elle est heureuse de se rendre compte que même avec deux enfants elle n’est pas obligée d’y renoncer pour pouvoir être mère. Ils découvriront le monde ensemble, pour le plaisir. « Je m’occupe de tout. » Ses lèvres se perdent une nouvelle fois sur celles de Bailey et elle s’éloigne pour manger quelques fruits.

Les minutes passent et elle ne sait même pas quelle heure il est. Les téléphones sont très bien loin d’eux. « Tu avais parlé de maillots de bain, non ? » Elle déglutit. Elle a effectivement parler de baignade et de maillots de bain. Elle hoche la tête, lance celui de Bailey sur lui et elle attrape le sien dans un sac. C’est un maillot une pièce noir et elle s’éloigne pour aller se changer loin de son regard. Elle est bien loin la Jill d’avant à ce moment là. « Bain de minuit ?! » Elle a des problèmes avec son corps depuis l’accouchement, et ça ça ne s’est pas encore arrangé. Elle ne le rejoint pas et décide de sauter avant de le retrouver. “Tu me rejoins pas ?” Et elle le regarde longuement, lui son corps n’a pas changé, et elle le trouve toujours aussi beau.

On s’accorde – clairement, il semblerait – sur le fait que je ne serais en rien le sauveur de notre famille si l’on venait à se retrouver sur une île abandonnée. Il faut dire que je n’ai jamais fréquenté un camping ou ne serait-ce une colonie scoute. Au compteur de voyage, Jill l’emporte haut la main, elle a bien plus de connaissance que moi dès lors qu’il s’agit de survie en milieu hostile. Rien que pour retrouver son sourire malicieux, je pourrais la laisser s’en vanter durant des heures encore. Si mes capacités en survie sont bien limitées, elle me laisse tout le loisir d’organiser nos prochaines vacances. Un Noël à quatre, loin de tout, sans personne pour nous imposer un dîner trop long ou des traditions qui nous étouffent. « On va en faire une tradition. » que je murmure contre sa tempe, mes lèvres incapables de s’éloigner trop longtemps de sa peau mordue par le soleil. L’an dernier, on s’échappait pour la fin de l’année sur une île du bout du monde. On avait tout rattrapé, on c’était fait une promesse à deux. Il semblerait que les fins d’années soient signe de renouveau entre nous. Cette fois encore, la promesse sera différentes, notre quotidien bouleverser par deux petits êtres, mais on se donnera la chance d’aller bien. On ira de l’avant, ensemble.

La seule idée qui colle durant cette soirée est de profiter. De l’instant présent, de la pause que l’on s’offre loin de nos responsabilités d’adulte. L’Océan est calme, l’air est encore chaud. Idéal pour un bain improvisé, mais qui dessine une grimace encore jamais révéler sur le doux visage de Jill. Tout s’enchaîne sans que je n’aie le temps d’assimiler. Déjà à moitié nu, mon maillot de bain entre les mains, je la regarde s’éloigner pour disparaître dans la pénombre. Sa silhouette réapparaît en un éclair, avant de disparaître à nouveau dans l’eau profonde. L’instant me paraît aussi nouveau qu’inattendue et je reste planter sur le pont, à l’observer remonter à la surface. « Tu me rejoins pas ? » Un nouveau sourire se dessine sur mes lèvres alors que je plonge à mon tour, tentant un salto qui se termine par un plat assez affreux et bien trop bruyant pour ne pas être douloureux. À vouloir faire le malin, je remonte à la surface cherchant l’air comme jamais. « Je voulais t’impressionner. » que j’annonce alors mon dos et mes côtes encore fragile me rappelle que je devrais éviter les conneries. Je pouffe avant de nager dans sa direction, captant à peine les courbes de son visage dans la pénombre. Ma main trouve la sienne, attirant son corps bien plus proche du mien. On s’est juré d’aller doucement, mais je me trouve bien incapable de ne pas la garder proche de moi. Elle semble gênée, un brin tendue. Alors je m’éloigne, cherche l’échappée parfaite pour ne pas laisser le silence durer. Mon regard capte une bouée non loin, illuminer par la lune. « On fait la course ?! » Elle me dira, si quelque chose ne va pas. Je lui fais confiance, j’essaye tout du moins.

« On va en faire une tradition. » Elle aime cette idée. Et elle n’a aucune envie de passer son Noël et son nouvel an à Brisbane. Ils ont besoin d’air, de s’éloigner de tout pour passer du temps à 4. Elle profite de ses lèvres contre sa peau, tout est nouveau, et elle se sent bien mieux aujourd’hui. Elle regarde l’eau et le bateau, les lumières sur le bateau se reflète sur l’océan. Elle aimerait que ce moment ne s’arrête pas.

Il propose un bain de minuit, et Jill s’éloigne pour s’habiller et mettre son maillot de bain. Elle ne veut pas qu’il voit son corps changé par la grossesse, elle ne se sent pas encore prête. C’est étrange, elle a perdu confiance en elle rapidement après avoir eu les jumeaux. Elle saute, elle essaie de faire en sorte qu’il ne se rende compte de rien. Elle ne veut pas qu’une discussion vienne gâcher ce moment de retrouvailles. Elle a besoin de profiter de cette nouvelle chance qu’ils se donnent. Elle saute à l’eau et l’incite à la rejoindre. « Je voulais t’impressionner. » Elle ne se retient pas de rire. il a fait le pire plongeon de tous les temps, elle manque de s’étouffer en avalant de l’eau et elle se rapproche de lui à la nage. Bailey la rapproche de lui et elle ne se sent pas très à l’aise. Le silence est un peu pesant mais elle ne le repousse pas, elle tente tout de même de profiter du contact de leurs peaux, ça faisait trop longtemps qu’ils n’avaient pas été aussi bien l’un avec l’autre. « On fait la course ?! » Il s’éloigne un peu et elle sent qu’il comprend. Elle souffle et se remet à sourire. “T’as perdu d’avance.” Et sans même commencer un décompte, elle part le plus vite possible à travers l’océan.