Je sors de la douche et file dans ma chambre simplement vêtu d'une serviette pour récupérer des affaires - que j'ai oubliées de préparer avant. J'enfile un jogging et un t-shirt. Ce n'est pas très sexy, mais mon but n'est pas de séduire Gabriella, qui m'attend dans le salon. En y repensant, j'aurais mieux fait de lui filer un short ou quelque chose du genre. A se trimbaler dans mon appartement simplement habillée d'une chemise, je risque d'avoir du mal à rester concentré. Je quitte ma chambre pour revenir près de l'anglaise. Lorsque j'arrive dans le salon, je l'aperçois au fond de la pièce, devant la fenêtre. Elle l'a ouverte et profite de la vue. Je souris, tout semble si... irréel. Ce n'est que la première fois qu'elle vient chez moi, cela fait des années que je ne l'avais pas revue. Et pourtant, j'ai l'impression que c'est normal qu'elle soit là, près de la fenêtre, à siroter son thé en m'attendant. Ce sentiment qui m'envahit est étrangement familier, et effrayant. La jeune femme s'étire ce qui fait remonter la chemise qu'elle porte, un peu trop haut peut-être. Mon regard glisse le long de ses jambes, remonte tout doucement, je prends un plaisir malsain à découvrir secrètement la peau qu'elle découvre sans s'en rendre compte... Je finis par détourner les yeux, honteux. J'ai l'impression d'être un voyeur, mais c'est si tentant... Je me reprends et fais remarquer ma présence à Gabriella, lui demande si je lui ai manqué.

Je pourrais me diriger vers elle pour profiter de la vue en sa compagnie mais je ne le fais pas, préférant prendre mes distances en allant dans la cuisine me préparer un café. Oui, éloigne-toi James, ça vaut mieux... Je suis sorti de mes pensées par le poids de Gabriella dans mon dos, contre moi. Je me raidis quelques instants avant de me décontracter, posant mes mains sur les siennes. Cela ne reste pas ainsi longtemps, la brune entrelaçant ses doigts avec les miennes. Je jette un œil à nos doigts connectés, unis. C'est bizarre, tout est étrange ce soir... étrangement normal, étrangement agréable. Je suis de plus en plus perdu, et de plus en plus bien. Comme si c'est comme ça que ça devrait être, tout le temps. « Non mais, quand je pense à nous avant… Un vrai gentleman ce James Evans… » De nombreux souvenirs remontent à la surface et je pouffe de rire. Je suis heureux de ne pas être le seul à me dire que c'est complètement surréaliste ce qui nous arrive en ce moment. Comment peut-on passer de nos disputes - engueulades plutôt, à ça ? C'est à n'y rien comprendre. « Je ne sais pas pourquoi, mais j'étais sûre que cette comparaison te plairait d'une certaine façon… À quoi pourrais-je te comparer maintenant ? » Je sens ses lèvres contre mon dos et un frisson me parcourt. Que m'arrive-t-il ? je me le demande vraiment... Je peux être la huitième merveille du monde, ça me va. dis-je sur le ton de l'humour. Mais ce n'est pas possible : c'est elle la huitième merveille du monde.

Les minutes qui suivent sont assez éprouvantes pour mes nerfs. Gabriella, sur la pointe des pieds, s'amuse à observer mon visage et notamment les séquelles de ce qu'il s'est passé plus tôt. La proximité de son visage, me donne envie de l'attraper pour lui donner ce baiser tant attendu. Mais je ne suis pas prêt, pas encore. Tout va trop vite. Comme à mon habitude face à une situation bien plus spirituelle que physique : je fuis. Sur le canapé, acceptant sa proposition de regarder un film. «C'est ce qu'on verra ! » me défit-elle, s'asseyant juste à côté de moi. Cette fois cela ne me trouble pas, au contraire. Je suis même déçu qu'elle ne prenne pas tout de suite position contre moi, alors que je n'ai envie que de ça. Mais ça viendra, j'en suis certain. «L'infinie, en voilà un jolie symbole... » Je descends les yeux vers mon avant-bras droit, où se trouve ledit tatouage - ainsi que les doigts de l'anglaise puisqu'elle le caresse. Je le fixe sans rien dire, cela me rappelle bien trop Emma. Après tout, c'est pour elle que je l'ai fais. Comment Gabriella réagirait-elle en l'apprenant ? Je relève les yeux quand elle me parle de son propre tatouage, relevant d'elle-même la chemise pour me montrer ses côtés. J'essaye de me concentrer sur le dessin, oubliant le fait qu'elle se trouve en petite culotte devant moi. On dirait une branche d'un arbre japonais... Ce serait pas la branche d'un sakura ? je demande curieusement. Les sakuras sont les cerisiers japonais, c'est quelque chose de très connu partout dans le monde. La jeune femme confirme mes dires. Je tends mes doigts vers son tatouage pour le toucher à mon tour, effleurant la peau de ses côtes. C'est très joli. dis-je dans un sourire, avant qu'elle ne remette convenablement son vêtement.

Finalement, le temps à se met à passer rapidement et nous nous retrouvons complètement happés dans le film. L'histoire est assez convenue et les screamers aussi, mais cela semble faire effet sur l'anglaise qui sursaute lorsque l'une des victimes hurle à l'écran. La jeune femme agrippe à moi en cachant ses yeux, ce qui me permet de sourire comme je le souhaite, appréciant tout particulièrement ce contact. J'enroule mon bras autour d'elle, ma main reposant sur le bas de son dos que je caresse du bout des doigts. Au bout de plusieurs minutes, je me rends compte que la brune s'est endormie contre mon torse. « Mmmh… Je veux pas que ça s'arrête… James...» Cette voix si sincère me réchauffe le cœur plus que je ne l'aurais imaginé. Je me penche lentement à son oreille. Je suis toujours là... murmurais-je tendrement. Je passe ma main dans ses cheveux pour les dégager de son visage et avoir tout le loisir de l'observer. Elle est si mignonne ainsi, endormie. Si paisible, si belle... Je souris tout seul, comme un idiot. Je viens déposer un baiser sur son front, et délicatement la fait glisser pour que sa tête repose sur mes jambes, sur un oreiller que je viens de déposer. Je remonte une couverture qui traîne à ses jambes jusqu'à ses épaules, puis j'éteins la télévision. Bonne nuit Gaby, fais de beaux rêves. L'anglaise marmonne quelque chose dans son sommeil et je viens attraper une de ses mains, avant de moi-même fermer les yeux, bercer par les lumières de dehors ainsi que la respiration de la jeune femme. Je m'endors très rapidement, non pas dans les bras de Morphée mais dans ceux de Gabriella.

The End.