“Arrête de faire l’enfant, Clyde.” C’était tout ce que ses aveux et ses souvenirs difficiles lui inspiraient, des railleries comme si le sujet ne méritait pas un peu plus de sérieux? Ezra n’avait jamais rien respecté, et si cela ne surprenait désormais plus Clyde, son visage vint se fermer encore davantage devant la réaction du blond. “T’aurais jamais eu le courage de venir te tirer une balle dans le pied, à d’autres mais pas à moi.” Peut-être, peut-être pas, et la vérité était qu’il ne le saurait désormais jamais, car le Beauregard ne lui avait pas donné cet échappatoire. Il avait préféré prendre la décision pour lui, alors que Clyde était pourtant le premier concerné puisqu’il avait dû subir des mois de rééducation à la suite de cela. “Prétends pas me connaître plus que les autres.” Pas maintenant qu’il lui envoyait à la figure que leur amitié n’avait été que du vent. Si Ezra était capable de lui tirer dessus sans broncher et sans le regretter, alors Clyde doutait qu’il ait retenu tant de choses que cela sur lui, son vrai caractère et ses pensées, choses qu’il ne donnait à voir qu’aux privilégiés.

Mais après tout, Clyde avait peut-être bien fait de se tirer de l’emprise du Beauregard avant de devenir comme lui, départi de remords et d’émotions, éternellement seul. “Ferme la.” Ca tombait bien, il n’avait rien d’autre à ajouter, pas maintenant qu’il avait craqué le seul espace existant dans la carapace d’Ezra, qui n’avait comme d’habitude d’autre répartie que l’attaque. “Je me débarrasserais de toi plus rapidement.” “Ferme la.” Clyde aussi savait être insupportable, lorsqu’il en avait envie, et cela le démangeait bien trop maintenant qu’Ezra avait réussi à raviver, pour ne pas dire creuser, ses anciennes blessures. “Tu sais très bien que je rigole pas sur ce point là.” “Moi non plus je rigole pas. Mais t’es incapable de prendre quoi que ce soit au sérieux si ça touche pas ta petite personne.” Alors s’il voulait secouer Ezra une bonne fois pour toutes, le faire sortir de cette suffisance permanente que Clyde avait rêvé de briser des dizaines de fois, peut-être qu’il n’y avait qu’une manière d’y parvenir. Une seule, la pire. “Pas étonnant qu’Emily se soit tirée elle aussi.”

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***
« Prétends pas me connaître plus que les autres. » Et pourtant, c’était exactement ce qu’Ezra était en train de faire. De prétendre connaitre Clyde plus que n’importe quelle autre personne évoluant dans leur entourage, commun et autre. Et pendant longtemps, il aurait pu s’en vanter de le connaitre mieux que les autres. Pendant des années, le Beauregard pouvait effectivement concourir pour être celui qui connaissait le mieux le brun. Ils passaient tellement de temps ensemble qu’ils avaient appris à se comprendre en un regard, sans un mot. Cette habitude s’était d’ailleurs révélée plus d’une fois d’une grand utilité lors de leurs nombreuses missions communes. Mais Clyde n’avait pas tort sur un point cependant: ce n’était plus désormais le cas. Ezra pouvait toujours prétendre, mais ça en resterait là - il prétendrait.

Tout comme Clyde ne pouvait plus se permettre de jouer à la réciproque, car elle n’était pas plus vraie. Il avait connu Ezra et ça en restait là. Alors forcément, lorsqu’il vint appuyer sur un des points qu’il connaissait par coeur chez lui, cela vint d’autant plus blesser Ezra. Il ne supportait pas en venir à ce sujet là - le seul sujet personnel qui le faisait dérailler rapidement. Clyde pouvait venir jouer avec tout ce qu’il voulait, mais pas ça. « Moi non plus je rigole pas. Mais t’es incapable de prendre quoi que ce soit au sérieux si ça touche pas ta petite personne. » La mâchoire d’Ezra s’était quelque peur resserrée, venant détailler les muscles de cette dernière. La main qui tenait sa clope n’était plus aussi stable que précédemment due aux légers tremblements qui la parcouraient désormais. Son coeur, de toute évidence, en était venu à louper un battement pour repartir deux fois plus rapidement dans la course. « Pas étonnant qu’Emily se soit tirée elle aussi. »

Emily. Des mois et des années qu’il n’avait pas entendu autre chose que ses propres souvenirs venir lui souffler ce prénom. Autant de temps, presque, qu’il s’était forcé à ne pas laisser ses pensées divaguer dans cette direction là. Emily - et tout le corps d’Ezra semblait comme pris d’une vague d’émotions et de légers tremblements allant avec. Deux options s’offraient à lui, présentement. Soit il autorisait ses émotions à l’envahir alors que son coeur se réduisait déjà en miettes dans sa poitrine, réduisant par la même occasion le peu de fierté qu’il gardait face à Clyde devenir néant et lui donner la victoire. Soit, il prenait l’autre option disponible.

Le poing de la main qui ne tenait pas la cigarette vint alors s’abattre le long de la ligne de la mâchoire de Clyde.

Peut-être qu’il l’avait cherché, ce coup de poing, peut-être qu’il attendait depuis des mois que les non-dits et les trahisons éclatent comme le bruit de sa mâchoire au contact des doigts refermés d’Ezra. Peut-être qu’il se satisfaisait de voir qu’après maintes et maintes tentatives pour tirer une quelconque émotion hors de la carapace du Beauregard, il avait réussi à le faire littéralement disjoncter comme il l’avait si peu vu par le passé. Ezra aimait bien parler, blesser avec les mots à défaut d’avoir toujours un flingue à disposition - mais les poings, c’était une arme de lâche, l’arme de ceux qui n’arrivaient pas à se contrôler et à être suffisamment méthodiques pour trouver des méthodes plus clean de se venger. Alors Clyde avait appuyé là où il ne savait que trop bien qu’il lui ferait le plus de mal, au blond, sans savoir pourtant s’il irait jusqu’à le mettre par terre pour avoir osé. C’était chose faite, et il se retrouvait désormais à manger du sable même s’il n’avait pu lâcher un rire caustique en se relevant. “Les voilà, tes couilles. J’avais un doute.” Oh qu’il était facile de se cacher derrière un flingue - pour Ezra, du moins - mais il était bien plus complexe de laisser ses sentiments transparaître derrière cette violence innée que les deux cachaient pourtant au fond d’eux. Ne devenait pas braqueur n’importe qui, et cette tendance à régler les différends de manière radicale faisait partie du métier.

Clyde vint essuyer d’un revers de main les grains de sable au coin de sa bouche, avant de s’approcher d’Ezra comme s’il ne lui tenait pas rigueur de son geste. Faux, si faux. Ce n’était que le point de départ de ce qu’il avait aussi rêvé de faire bien trop de fois pour laisser passer sa chance désormais - alors que son poing partait à son tour pour lui décocher un droit en pleine mâchoire.

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Ezra vint sentir la douleur se diffuser de ses phalanges à son poignet, remontant jusqu’en haut de son bras, au même moment où le son de son poing s’abattant contre la mâchoire de Clyde se entendre. Le coup était parti bien plus rapidement qu’il n’aurait pu imaginer, et ceci démontrait bien qu’il y avait des sujets à ne pas aborder. En parlant d’Emily, le brun s’était donné un pare-droit qu’il n’avait pas le loisir de s’offrir. Le Beauregard ne serait alors absolument pas désolé des conséquences que sa chair contre la sienne pourrait avoir, car Clyde était le premier à avoir dépassé la ligne à pas ne franchir. « Les voilà, tes couilles. J’avais un doute. » Un grognement, bien distinctif et un brin animal, se fit entendre à travers le lèvres d’Ezra dont le regard s’était voilà d’une brume noire. Si le Wakefield ne cherchait pas à mourir ce jour, il ne savait trop comment interpréter le comportement provocateur de ce dernier. Il était quasiment le seul sur cette terre à être au courant pour Emily, et venir parler de la demoiselle devant Ezra revenait presque à déclarer vouloir en finir avec la vie. Il le savait; ce n’était pas le genre de souvenir partagé que l’on pouvait oublier. Il savait également très bien comment le Beauregard allait réagir lorsqu’il entendrait ce prénom là - surtout sifflé entre ses dents à lui.

La seule logique qui pouvait expliquer ces paroles était donc la suivante: Clyde mettait volontairement le feu aux poudres. « Ferme là, Clyde. Ferme. La. » La colère montait et se mettait à parcoure les veines d’Ezra à la vitesse de la lumière. S’il était d’un tempérament sanguin d’ordinaire, lorsqu’on le forçait à affronter ce sujet là, être sanguin devenait un compliment. Il n’aurait pas besoin de quelconque arme autre que ses propres mains pour réduire à néant Clyde, s’il le fallait. Ce n’était pas le but de son plan tout autant que ce dernier avait été mis à mal à partir du moment où les yeux du blond avait croisé ceux de l’autre gars. Mais s’il fallait en arriver là - le poing de Clyde venait lui donner l’effet miroir de son propre geste semblait vouloir opter pour cette option là également, alors qu’Ezra venait être quelque peu projeté en arrière sur le transat.

D’un geste agile, reprenant presque instantanément son équilibre, Ezra vint s’extirper de son assise, ne pouvait mener un combat de façon propre en étant le cul sur une surface. Il en profita pour venir cracher les quelques gouttes de sang qui venaient parcourir sa bouche, lui donnant ce coup de fer si particulier et pourtant trop connu par les papilles du Beauregard pour que ce fusse normal. « Pourquoi, hein, Clyde ? » Sa respiration était quelque peu saccadée, entre les émotions de l’évocation d’Emily et le fait de devoir encaisser le coup de Clyde. Il était habitué malheureusement à en venir à ce type de situation, cependant il y était plus habile quelques années auparavant. Et surtout, il n’avait jamais eu à subir de coup de la part de celui qu'il avait nommé ami pendant tout ce même temps. « Pour te venger ? C’est petit. » Et c’était surtout tellement immature de sa part - mais sur cette partie là, Ezra devrait feinter la surprise pour faire croire à cette dernière. Finalement, il vint relever son regard vers son ombre, celui qui avait été derrière lui à le suivre tel un adorable chien de compagnie, alors qu’une de ces mauvaises lueurs vint traverser les prunelles d’Ezra.

Citation :

WIN: Ezra vint soulever le transat pour l'envoyer dans la tronche de Clyde, type you flip a table.
SO CLOSE: en voulant se baisser pour soulever le transat, Ezra dérape et manque de tomber dans le sable. Il se rattrape sur les mains avant de venir faire face contre terre.
FAIL: il manque pas de tomber dans le sable, il tombe directement sans atteindre le transat. Oui, il mange du sable présentement.

“Ferme là, Clyde. Ferme. La.” Oh, la fermer, il pouvait, maintenant que l’occasion de lui renvoyer son coup de poing se présentait à lui comme sur un plateau d’argent. Le type était encore assis dans son transat - qu’à ce que ne tienne, il ne tomberait pas bien plus bas, alors. Clyde grogna à son tour alors que son poing venait heurter la mâchoire d’Ezra, qui se releva en crachant du sang alors que le brun secouait son poignet comme pour réaliser que cela faisait tout aussi mal qu’un bien fou. Cela faisait un bon moment qu’il n’avait pas frappé quelqu’un, mais l’adrénaline qui commençait à envahir son corps lui rappelait à quel point cela avait quelque chose de grisant - surtout lorsque l’autre en face le méritait. Et du point de vue de Clyde, il le méritait amplement, car ce n’était pas un coup ou deux (ou dix) qui allaient pallier à une balle dans le pied. “Pourquoi, hein, Clyde?” Est-ce qu’il y avait toujours besoin d’une bonne raison pour frapper quelqu’un? La colère enfouie et les ressentiments latents ne pouvaient-ils pas suffire à justifier ce déchaînement soudain de violence? “Pour te venger? C’est petit.” “Mais ça fait du bien, crois-moi.” A en juger par le sourire carnassier qui avait envahi le visage du brun, il était difficile de ne pas le croire sur parole. “A défaut de te coller une balle quelque part pour te faire comprendre.” Chose qu’il n’avait en réalité aucune intention de faire, car il ne souhaitait pas blesser Ezra à ce point - mais le faire sortir de ses gonds et se défouler sur sa belle gueule était bien trop tentant pour passer à côté. Alors qu’il s’approchait une nouvelle fois du Beauregard de manière moins aisée et affirmée qu’il l’aurait espéré - la faute à ce foutu sable - il ouvrit des yeux surpris en voyant Ezra piquer la tête la première dans le sable blanc. Alors que son poing était déjà prêt à continuer les festivités, Clyde ne put s’empêcher de lâcher un rire mauvais devant cette vision qui, en d’autres circonstances, aurait pu être réellement amusante. “T’abandonnes déjà? Me force pas à frapper un homme à terre.” Car le brun n'avait pas beaucoup d'éthique, mais il y avait tout de même certains principes auxquels il préférerait ne pas déroger.

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Ezra aurait pu se demander comment en étaient-ils arrivés ici, à se regarder avec des yeux noirs de la sorte et de la haine dans le regard. Il aurait pu imaginer mille et un scénario, s’il n’avait pas la vérité criante sous ses yeux. Il connaissait l’histoire, il connaissait le début tout du moins - le seul élément qui lui échappait, c’était pourquoi Clyde avait décidé de venir appuyer sur ce point là en particulier. « Mais ça fait du bien, crois-moi. » Il avait envie de venir lui arracher, le sourire qui se dessinait sur ses lèvres. Clyde avait un ait des plus insupportables en cet instant, ce qui n’aidait pas à Ezra à venir retrouver un semblant de calme. « A défaut de te coller une balle quelque part pour te faire comprendre. » Il n’était même plus d’humeur à venir lever les yeux au ciel, Ezra, alors que pourtant c’était là sa réaction préférée de tous les temps.

Non, à la place, il vint pour une raison que lui-même ignorait, déraper dans le sable alors qu’il tentait de venir faire en pas en avant pour venir refaire l’autre côté du portait de Clyde. A la place, il vint manger une quantité de sable qui n’avait rien de physiologique. Le rire du brun ne se fit pas prier pour se faire entendre à travers toute l’île et même surement jusqu’à l’autre bout de l’archipel. Oh, qu’il avait mal, l’égo d’Ezra. Physiquement, ça allait bien - autant bien que c’était possible après s’être mangé un pain dans la mâchoire; mais depuis l’extérieur, pas celui avec la mie. « T’abandonnes déjà? Me force pas à frapper un homme à terre. » Le Beauregard ne put même pas venir serrer davantage les mâchoires, il avait encore trop de sable dans la bouche pour se permettre ce geste. Se relevant à l’aide de ses mains, il vint s’asseoir sur ses talons avant de cracher le château de sable qui se formait sur sa langue. « C’est toi qui va venir embraser le sol tu vas voir. » Alors, prenant une impulsion sur ses pieds, il vint plonger en avant en direction des tibias de Clyde, en ayant l’intention de lui faire un pacage et de l’emmener au sol avec lui.

Citation :

WIN: il arrive à faire tomber Clyde à la renverse, façon rugby, oyé.
SO CLOSE: il était trop loin et arrive juste à enrouler ses bras autour des chevilles, sans faire tomber l'autre.
FAIL: vous reprendrez bien une bouchée de sable pour aller avec votre sable ?

La vision d’Ezra plus bas que terre, ou du moins aussi bas que le sable à l’heure actuelle, restait quelque chose de particulièrement satisfaisant à observer. Clyde n’était pas vicieux au point d’en profiter pour le maintenir au sol - ou pire, l’y enterrer, c’était une idée, non? - et il se contenta donc de le regarder d’un air mauvais alors que le Beauregard se redressait sur ses talons pour venir cracher le sable blanc dont le goût n’était certainement pas aussi agréable que la vue. “C’est toi qui va venir embrasser le sol tu vas voir.” Ah ouais? Parce qu’à en juger par leurs positions mutuelles, Ezra n’était pas vraiment dans la plus adaptée pour proférer des menaces que Clyde ne craignait même pas assez pour répliquer. Quoi que. “J’attends de voir, ouais.” Les sourcils haussés, il n’attendait en effet qu’une chose : que l’autre se relève et qu’ils puissent continuer leur affaire comme deux hommes. Qu’à cela ne tienne, Ezra préférait la jouer version bac à sable, et il profita de l’immobilité de Clyde pour lui fondre les chevilles en espérant le faire tomber à la renverse. Du moins, c’était l’idée que Clyde s’en faisait, puisqu’il ne fit rien d’autre que tanguer - c’était une blague, ou c’était une blague? Agacé, il siffla avant de secouer les jambes pour mettre deux coups dans les bras d’Ezra et se libérer de l’emprise de ses mains avant de faire un pas de côté. “Relève-toi, bordel. Tu la trouveras pas là ta dignité, faudrait creuser trop loin.” Il le pensait à moitié, ayant admiré Ezra bien trop longtemps pour réellement le considérer comme un moins de rien. Néanmoins, Clyde commençait à s’échauffer sérieusement et n’avait plus qu’une idée en tête : qu’ils règlent vraiment leurs comptes, comme si cela allait suffire à expier toutes les erreurs et les non-dits qui traînaient depuis trop longtemps. Comme si cela pouvait réellement s’arranger.

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Il tentait vraiment, Ezra. Il ne savait pas en revanche si c’était le poids de la culpabilité de les avoir amené dans cette situation ou si c’était simplement son égo qui ne savait plus tenir tout seul sans souffrir, mais il vint manger de bien trop près le sable - et cela ne vint pas réellement lui plaire. Il tenta de venir se relever au mieux, ne voulant pas rester dans cette position trop longtemps et donner la satisfaction entière à Clyde de profiter de la vue. « J’attends de voir, ouais. » Et il ne vint pas laisser davantage de temps à l’autre d’attendre de voir, justement. Les mots n’étaient plus suffisants et des actions devaient être mises en place, si bien qu’Ezra vint prendre son élan pour venir plaquer le Wakefield à terre.

Il était cependant venir surestimer ses capacités à venir le mettre à terre en démarrant du sol car il ne réussit qu’à venir à peine faire tanguer Clyde, alors que ses bras s’étaient enroulés autour de ses chevilles. Non seulement, il avait été ridicule en se vautrant face contre terre dans le sable, mais il ne rattrapait en rien le niveau en venant câliner la partie la moins glamour surement du corps de son ancien acolyte. « Relève-toi, bordel. Tu la trouveras pas là ta dignité, faudrait creuser trop loin. » C’en était trop, pour Ezra. Il ne désirait pas que Clyde continue de se moquer de lui de la sorte alors qu’il lui avait sauvé la peau - et plutôt deux fois qu’une. Il était ingrat, et ne savait être reconnaissant envers la personne qui avait pris soin de le garder en vie pendant tant de temps. Non, il préférait s’en moquer, venir le ridiculiser - même si Ezra semblait se charger en grande partie de ce côté là tout seul - et venir ressasser de vieux souvenirs douloureux.

Alors, ne pouvant venir accéder au si beau visage de Clyde d’où il était - pas d’où il se tenait, étant toujours allongé à même le sable -, Ezra vint donc prendre l’autre option qui se présentait à lui: il vint mordre Clyde. De toutes ses forces, ses dents vinrent se resserrer autour de la cheville du jeune homme, alors qu’Ezra venait grogner tel un chien enragé en exécutant son geste.

Qu’est-ce qu’il foutait au juste, Ezra, toujours allongé à même le sable alors que la situation semblait leur avoir prouvé à tous les deux qu’il ne s’agissait pas là de la meilleure position pour se livrer la lutte acharnée que son regard semblait pourtant vouloir voir arriver? Clyde était à deux doigts de le relever lui-même - parce que quoi qu’il en soit, il ne frapperait pas un homme à terre - pour lui asséner le prochain coup qui lui démangeait déjà le poing. Pourtant et contre toutes attentes, le blond le surprit en s’approchant - en rampant, serait un terme plus approprié - jusqu’à ses jambes alors que Clyde restait cloué sur place, tentant tant bien que mal de comprendre le plan d’Ezra qui lui semblait absolument inexistant. Et avant qu’il n’ait pu insulter une nouvelle fois son intelligence qui semblait s’être tirée en même temps que le poisson qu’il n’avait pas réussi à pêcher à grands cris le même matin, le Beauregard vint planter ses dents dans sa chair alors que Clyde lâchait un cri de douleur mêlé de surprise. “Putain mais t’es fou!” Fou, peut-être, mais il avait réussi son coup alors que le brun tentait de serrer les dents pour ne pas crier plus fort et lui donner la satisfaction de lui avoir vraiment fait mal - qui eût cru qu’une morsure pouvait être aussi douloureuse? Clyde se rappelait difficilement de la dernière fois où quelqu’un l’avait mordu - sans doute car cela remontait réellement au temps des bacs à sable - mais il n’aurait jamais cru qu’Ezra tomberait aussi bas. Alors, plutôt que de le raisonner et de s’adresser enfin à lui d’adulte à adulte, il plongea d’un bond sur son ancien acolyte pour le forcer à lâcher sa cheville, alors qu’ils partaient tous deux dans un roulé boulé sur le sable. “T’as vraiment. Un problème. Avec les pieds.” qu'il tenta de crier, déjà à bout de souffle à cause de leur lutte intestine. Et un pied, c’était justement ce qu’il allait se prendre dans la tête si Clyde arrivait à ses fins dans ce méli-mélo de bras et de jambes qui n’avait désormais plus aucun sens. Si Ezra avait un fétichisme caché à lui avouer, c'était le moment.

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Clyde commençait déjà à se débattre pour se sortir de l’emprise des bras d’Ezra lorsque l’idée de venir mordre dans le gras lui parcourut l’esprit. Ce n’était ni une idée de génie, ni la meilleure qu’il ait jamais eu - parce-qu’il n’avait, d’ordinaire, que des idées de génie -, mais ça lui omettrait de riposter après s’être étalé par deux fois aux pieds de l’autre homme là où il tentait de redorer son égo. « Putain mais t’es fou! » Le cri qu’avait poussé Clyde était des plus satisfaisant, cependant. Il venait du coeur et Ezra pouvait l’entendre dans la moindre note qu’il atteignait avec sa voix. Alors, ses dents se desserrent de sa cheville pour venir esquisser un sourire satisfait - un sourire presque carnassier. Cela concorda parfaitement avec le moment où les mains de Clyde en vinrent à le repousser, cherchant à se libérer pour de bon du blond accroché à lui par les dents. « T’as vraiment. Un problème. Avec les pieds. » Mais Ezra n’avait pas donné son dernier mot, et ne voulait pas totalement lâcher Clyde sous prétexte qu’il n’était pas content et que ça le faisait râler de voir le Beauregard s’accrocher à lui de la sorte. « J’ai un problème avec toi, et t’as des pieds. On peut faire un raccourcis mais il sera pas juste. » Au moins, avoir réussi son coup l'avait quelque peu déridé et il était moins sur les nerfs que l’instant d’avant.

Finalement, après avoir lutté pendant quelques minutes, Ezra vint lâcher les bras de Clyde pour venir rouler sur le sable et se dégager de l’emprise de son acolyte de galère. Il se releva sur ses genoux ensuite, relevant un regard sablé vers le jeune homme - pas qu’il le trouvait craquant, simplement qu’il n’y avait plus une seule parcelle de son corps laissée en paix par le sable. « Mentionne plus son prénom et peut-être qu’on arrivera au bout des treize jours sans que l’un de nous deux - toi - finisse avec la tête au bout d’un pique. » Il vint, avec grand peine, se relever complètement, retirant le able de ses cheveux, de ses poches, et de tous les endroits où il était facile de s’en débarrasser. « Je vais chercher de quoi diner. » Et il vint tourner le dos au Wakefield. Maintenant que la vague de colère était passée, il ne voyait pas l’intérêt de retourner au combat. Clyde avait toujours été meilleur que lui, dans ce domaine là de toutes façons, et sans arme au poing il n’irait pas bien loin. Autant aller pêcher de quoi se nourrir le soir même et laisser les mauvaises ondes reposer plus loin - si elles pouvaient venir étouffer Clyde, en revanche, il en disait pas non et ne serait responsable de rien du tout dans cette histoire; ça permettrait de laisser sa conscience un peu plus en paix.

“J’ai un problème avec toi, et t’as des pieds. On peut faire un raccourci mais il sera pas juste.” Ouais, whatever. Clyde ne démordrait pas du fait qu’Ezra avait une case manquante pour penser que se jeter sur lui et l’achever à coup de morsures était une idée ingénieuse - franchement, même de sa part, Clyde se serait attendu à mieux. Le temps n’était cependant plus aux piques, et les deux hommes roulèrent pendant de longs instants sur le seul, sans qu’aucun d’eux ne lâche l’affaire qui ne semblait pourtant pas avoir d’issue. Étonnamment, Ezra vint se raisonner le premier, tandis qu’il lâchait enfin Clyde pour s’écarter de lui, crachant du sable tandis que le brun en profitait pour faire de même.

Quelle idée de merde de s’attaquer au Beauregard sur un tel terrain - et il ne s’en rendait compte que maintenant, alors que ses yeux le piquaient terriblement à cause de tous les grains venus s’y frotter. “Mentionne plus son prénom et peut-être qu’on arrivera au bout des treize jours sans que l’un de nous deux - toi - finisse avec la tête au bout d’un pique.” Clyde en profita pour se relever en même temps, époussetant ses vêtements en direction du blond - s’il pouvait s’en prendre une partie dans la tête, tant mieux - comme pour lui signifier que ses menaces ne lui faisaient ni chaud ni froid, alors qu’il ne se départissait pas de son regard assassin. Leur lutte avait eu le don de faire redescendre quelque peu la pression, maintenant que sa rancœur et sa colère avaient franchi la barrière de son esprit, et qu’il avait pu les faire ressentir physiquement à Ezra. “J’en serais pas si sûr si j’étais toi.” Que ce soit Clyde qui finisse avec la tête empaillée, ou qu’ils survivent à ces prochains jours - deux options entre lesquelles il était libre de choisir. “Je vais chercher de quoi dîner." Alors que le blond tournait les talons, Clyde ouvrit la bouche pour laisser filtrer une dernière remarque blessante - car il n’y en avait jamais assez, n’est-ce pas? - lorsque son attention fut détournée par un bruit lointain qui lui fit tourner la tête. Un bruit de moteur et d’hélices tout à la fois, alors qu’il ne distinguait pour l’instant qu’un point noir à l’horizon. “Dis-moi que c’est tes mecs qui viennent dîner.” Champagne?

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Ce n’était pas par gaité de coeur qu’Ezra était venu cesser le combat. Ce n’était pas là son intention première, lui qui s’était jeté surement en premier sur Clyde pour venir le détruire - dans le futur, lorsqu’il raconterait l’histoire de l’île déserte, il préciserait bien que tout ça était à l’initiative de l’autre bien sûr -, mais il devait se rendre à l’évidence qu’ils n’allaient nulle part en agissant de la sorte. Et puis, il avait trop de sable partout pour ne pas être lesté par ce dernier. « J’en serais pas si sûr si j’étais toi. » Il leva les yeux au ciel, bien sur qu’il vint réagir en première instance de la sorte. Clyde qui tentait toujours d’avoir le dernier mot, qui tentait encore de se démarquer et de démontrer qu’il n’était pas qu’un simple suiveur - à qui il voulait, mais pas à Ezra; il savait qu’il pouvait penser par lui-même mais que lorsqu’il le faisait, ses idées ne valaient pas spécialement le détour.

Il préféra donc venir tourner les talons, s’en aller et partir vers de nouvelles aventures qui ne nécessiteraient pas de supporter la tronche de Clyde d’aussi près qu’il l’avait fait tout le long de l’après-midi - il ne savait pas qu’il était possible de venir faire une over-dose de la présence d’une personne. Ses pas se firent donc plus rapides et insistants sur le sable, tentant de mettre rapidement de la distance entre l’abruti et lui, le génie. Cependant, trop rapidement, un bruit sourd se fit entendre comme lointain de l’île, et força la curiosité d’Ezra à le faire s’arrêter. Plus que la curiosité, c’était surtout la façon dont l’adrénaline s’était mise à parcourir ses veines et son coeur à prendre un rythme bien plus accéléré que d’ordinaire qui lui faisait dire que ce n’était pas supposé se dérouler de la sorte.

« Dis-moi que c’est tes mecs qui viennent dîner. » Et bien qu’il aurait préféré ne pas se retourner pour voir de nouveau l’agréable - non - faciès de Clyde, il n’avait pas le choix que d’agir de la sorte s’il voulait identifier la source de ce nouveau bruit. Ses sourcils étaient froncés, et ses pas rebroussaient chemin. Il revint plus rapidement que prévu aux côtés du brun, espérant ne pas réussir à voir ce que c’était. « Ce serait pas du luxe, de voir des gens qui en valent la peine. » Pas ceux qui venaient vous rappeler vos pires souvenirs des dix dernières années. « Mais quand je disais un total de treize jours, je mentais pas… » Et donc, personne n’était supposé venir ici avant encore six jours complets. Personne n’était censé venir les déranger aujourd’hui. Et à mesure que l’hélicoptère avançait et que finalement, les tâches de tons marrons exclusivement réservées à l’armée se faisaient de plus en plus distincte sur les flancs de l’appareil, le coeur d’Ezra vit faire un arrêt - quelques secondes, avant de repartir de plus belle.

« Putain, COURS ! » Et déjà il détalait comme un lapin pour venir se réfugier dans la seule forêt présente sur l’île. Ils avaient été démasqués.

Plus le point noir au loin approchait, plus Clyde réalisait qu’il se dirigeait bien dans leur direction, alors que son instinct lui criait qu’il s’agissait là d’une très mauvaise nouvelle - pire que se retrouver coincé sur une île avec l’autre, et c’était dire. A moins qu’Ezra n'ait voulu lui révéler la réalité de son plan - ce qui n’aurait aucun sens, mais il faisait confiance au Beauregard pour avoir ce genre d’idée - il n’y avait aucune raison que qui que ce soit se perde sur une île aussi isolée, surtout pas en hélico. “Ce serait pas du luxe, de voir des gens qui en valent la peine.” Ouais, d’accord, il l’avait mérité mais était désormais bien trop absorbé par la vue de l’appareil qui s’approchait pour réellement relever la remarque d’Ezra.

Alors que Clyde mettait une main sur son front pour essayer de contrer la luminosité qui l’empêchait encore de comprendre à quoi ils avaient affaire, Ezra le réalisa avant lui alors qu’il était revenu le rejoindre sur la plage. “Putain, COURS!” L’armée, la putain d’armée, que comprit Clyde à son tour alors que les couleurs de l’hélico ne laissaient plus aucun doute. A en juger par la vitesse à laquelle le blond avait détalé sans l’attendre, Clyde doutait qu’il s’agisse là d’une blague, et ne tarda donc pas à se mettre à courir de toutes ses forces à sa suite. A part le téléphone satellite qui ne lui était pas d’une grande utilité pour l’instant, il n’avait rien sur lui, aucune arme qu’il puisse espérer utiliser pour se défendre. Alors qu’ils arrivaient à leur camp qui se situait à l’orée de la seule forêt tropicale présente sur cette île dont le tour était rapidement fait, Clyde récupéra son flingue avant de continuer sa course. “Putain comment ça se fait?!” qu’il hurla à l’intention d’Ezra, le souffle court mais les jambes poussées par une montée d’adrénaline. “On a été balancés?” Il s’agissait tout à la fois d’une réelle interrogation et d’une accusation, alors que le brun ne savait plus quoi penser maintenant que les conséquences de leurs actes s'abattaient enfin sur eux. Et à cet instant-là, il aurait volontiers repris une autre balle dans le pied, si cela lui permettait de s’en tirer - sans mauvais jeu de mot.