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@clyde wakefield

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Il n’avait pas mis longtemps avant de laisser son instinct et ses réflexes parler, Ezra. Dès l’instant où il avait reconnu les décorations militaires bien distinctives sur les flancs de l’hélicoptère, il avait compris que quelque-chose n’allait pas. Et que, s’ils voulaient rester en vie en étant libres encore quelques instants, Clyde et lui se devaient de se mettre à courir - et vite. Les deux jeunes hommes passèrent par leur camp pour ramasser à la volée quelques affaires qui pourraient leur être utiles, notamment de quoi se défendre, et ils ne prirent pas plus de temps pour venir détaler de nouveau comme des lapins à la suite. Là où ils avaient une chance de s’en sortir, c’était que l’hélicoptère était encore dans l’air lorsqu’ils l’avaient repéré. Et, également, qu’ils connaissaient désormais l’île par coeur à l’avoir parcouru en long, en large, en travers pendant les six derniers jours.

« Putain comment ça se fait?! » Clyde avait pris l’initiative de venir se mettre à parler tout en continuant de courir, et Ezra était plutôt impressionné qu’il ait compris que les deux activités se devaient d’être combinées ici pour qu’ils espèrent s’en sortir. « On a été balancés? » La forêt s’étendait enfin devant eux et si Ezra vint grogner, ce n’était pas pour la nouvelle vue qui s’offrait à lui mais bien en rapport avec les paroles de Clyde. Ses pensées avaient plutôt été focalisées sur des idées qui leur permettraient de se planquer le plus rapidement de l’hélicoptère et des personnes qui se devaient de se trouver à son bord, et non trop sur la partie du comment ils avaient été retrouvés - même si l’idée qu’ils aient été balancés lui chatouillait forcément l’esprit. « Je sais pas. » Ce qui était vrai, en réalité. Ezra vint éviter un amas de branches pour venir sauter par dessus un tronc d’arbre par la suite, un de deux qu’ils avaient du abattre les premiers jours lorsqu’ils étaient arrivés sur place. Ce qui voulait dire qu’ils se dirigeaient vers la cascade. « Je vois pas d’autres idées. » Qu’il vint expirer, malgré lui, entre deux inspirations d’un souffle qui se faisait court à cause de la course effrénée dans laquelle ils s’étaient lancés..

Clyde puisait dans toutes les forces qu’il avait emmagasinées ces derniers retours pour courir aussi vite que possible et se soustraire à la vue de l’hélico en disparaissant dans la forêt. Son esprit le poussait encore à croire qu’ils pouvaient s’en sortir à condition de fuir - mais fuir où? Le bord de l’île n’était qu’à deux kilomètres et s’il s’agissait vraiment de l’armée leurs trousses, elle aurait vite fait de fouiller la totalité du périmètre. Ils ne pouvaient qu'espérer gagner du temps, mais celui-ci attendrait son terme bien assez vite. Alors, à défaut d’accepter l’idée qu’ils étaient faits comme des rats et que le champ de leurs possibilités était désespérément réduit, Clyde ne put s’empêcher de rager sur ceux qui les avaient sûrement balancé. “Je sais pas.” Et pourtant c’était son putain de job de s’assurer que personne ne les balance, et c’était uniquement car Clyde pensait qu’il avait correctement assuré cette partie du plan qui l’avait suivi à bord de son hélico en premier lieu. “Je vois pas d’autres idées.” “Putain et toi qui disait que t’avais tout prévu!” Il aurait bien craché par terre, le brun, mais il était déjà suffisamment à bout de souffle pour que siffler en direction d’Ezra demande un effort - qu’il tenait pourtant à faire, ne serait-ce que pour évacuer toute la frustration et la rage qui l’avait envahi.

Au bout de cinq minutes de course effrénée, ils finirent par arriver au bord de la cascade dans laquelle ils venaient se rincer chaque jour. Clyde se plia en deux un instant pour reprendre son souffle, avant de relever des yeux brillants vers Ezra. “Et t’as un plan pour cette partie-là?” Oh qu’il espérait que l’autre lui réponde que oui, mais oh qu’il craignait qu’il s’agissait en réalité d’un non qui ne souffrait d’aucun doute.

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« Putain et toi qui disait que t’avais tout prévu! » Il vint grogner, entre ses dents, mais ne vint pas relever de suite la remarque de Clyde. Déjà, malheureusement parce-qu’il avait raison l’enfoiré. Dans les plans théoriques d’Ezra, tout avait été planifié au millimètre près et ce type d’incident n’était en rien supposé arriver. Ils se devaient de couler de beaux jours encore pendant une semaine avant de voir quelqu’un débarquer pour les sortir de là. Ils devaient faire profil bas encore un instant, afin de ressortir au moment où les médias auraient arrêté de s’intéresser à eux et qu’ils pourraient plus facilement passer au travers des mailles des filets de la police.

Rien de tout ça semblait se mettre en place présentement, alors qu’ils courraient à en perdre haleine et à s’en crever les poumons. L’air qui sifflait à travers les dents et le désespoir qui s’entendait dans leur souffle.

Finalement, ils arrivèrent à la cascade au bout du chemin emprunté après quelque-chose comme cinq bonnes minutes de course sans s’arrêter. « Et t’as un plan pour cette partie-là? » Même si ce n’était en réalité pas le cas, une seule réponse venait s’imposer à Ezra présentement. « Donne moi une minute. » Même s’il savait pertinemment qu’ils n’avaient aucune minute à perdre et surtout pas celle qui était en train de s’écouler. Ils se devaient de profiter de leur maigre avance pour se sortir de là au plus vite. Ils se devaient de trouver une solution rapidement s’ils ne voulaient pas que le militaires aient terminé de ratisser l’île lorsqu’ils trouveraient comment s’échapper.

« Suis moi. » Qu’il vient siffler entre ses dents, exactement dix-sept secondes après qu’Ezra ait prononcé sa dernière phrase. Ce n’était pas le plan idéal mais de toutes façons, tout semblait plus brillant et approprié que de rester allongés sur la plage à attendre de se faire choper. Venant reprendre un petit rythme de course, Ezra vint passer par le chemin qui menait dans la grotte derrière la cascade - au moins, ils ne seraient plus à découvert ici et ça donnerait un brin de fil à retordre aux militaires. Le sentier s’enfonçait quelque peu dans les profondeurs, la chaleur du soleil tapant l’île en ce milieu d’après-midi n’était plus autant présente désormais. Les parois de la grotte se faisaient plus luisantes d’humidité et bientôt, la luminosité n’était plus celle qu’ils avaient connu jusque là. Mais Ezra était déjà venu aussi loin, sur les deux premiers jours où il n’avait cessé d’explorer l’île. Au moins, il savait où ils allaient.

Citation :

WIN: un chemin leur permettant d'accéder à une autre île de l'archipel se découvre sous leurs yeux (wahou).
SO CLOSE: ils tombent dans un cul de sac, mais un peu de lumière filtre encore pour qu'ils puissent faire demi-tour avant l'arrivée des militaires.
FAIL: Ezra glisse sur un sol plus humide que les autres, tombe dans un trou, qui le fait tomber dans un piscine géante sous-terre (good luck pour sortir de là maintenant).

Clyde pouvait jurer autant qu’il voulait sur la tête d’Ezra, cela ne changerait rien au fait que la situation catastrophique qu’il avait redouté était en train de se produire. Pire, il y avait une part de responsabilité non négligeable, car personne ne l’avait forcé à monter dans cet hélico - quand bien même il refusait d’admettre qu’Ezra n’était pas plus à blâmer que lui. Lorsqu’il avait fait le choix de le suivre, il l’avait fait en toute conscience, et ne pouvait maintenant que se mordre les doigts d’avoir suivi un plan qu’il ne connaissait aucunement. “Donne moi une minute.” On a pas une minute, qu’il voulut lui cracher à la figure avant de reporter son attention sur les bruissements de l’air indiquant que l’hélico devait sûrement survoler la forêt à l’heure actuelle. Alors qu’il se retournait vers la grotte sans savoir si le chemin qu’il avait aperçu à l’intérieur menait quelque part, Ezra s'engouffra sous la cascade. “Suis moi.” Le plus urgent était de s’éloigner de la vue des militaires, et Clyde suivit donc son acolyte sans broncher davantage, les pupilles tout aussi dilatées que ses mâchoires étaient désormais contractées.

Après quelques secondes d’avancée périlleuse sur le sol humide alors que la luminosité ambiante se réduisait peu à peu, Clyde entendit une pierre rouler au sol avant de voir Ezra glisser brusquement devant ses yeux et disparaître de sa vue, directement dans une crevasse. Le brun se jeta à genoux pour découvrir une étendue d’eau sous leurs pieds - enfin, sous ses pieds à lui seul désormais - sans doute reliée à la cascade. Lorsqu’Ezra sortit enfin la tête de l’eau, Clyde songea un instant - et un instant seulement - à le laisser là à son sort. Mais premièrement, s’il sortait libre d’ici il ne toucherait jamais un cent du pactole, et deuxièmement, l’idée de savoir Ezra mort noyé au fin fond du Pacifique ne le satisfaisait pas entièrement non plus. Il se laissa donc glisser au bord de la crevasse avant de crier, pour que sa voix se fasse entendre malgré les échos incessants créés par les jets d’eau. “Essaie de tendre la main!” L’eau dans laquelle était plongée Ezra était mouvementée, baissant et augmentant au rythme de vagues créées par la force de la cascade, si bien que Clyde n’était pas réellement sûr de réussir à attraper sa main lorsque la hauteur de l’eau leur permettrait de se rapprocher. Mais surtout, il n’était pas certain d’avoir la force de remonter le blond sans plonger à son tour - et pourtant, aucune autre option n’était réellement envisageable. La survie passait avant les querelles personnelles, apparemment.

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Il était déjà venu jusque là, Ezra, durant ses périples de découverte - cependant, il n’avait pas l’armée à ses trousses et ne risquait pas de se faire envoyer en taule à tout moment les autres fois. A ses yeux, c’était l’unique et seule raison pour laquelle il ne vit pas que la pente était un brin plus glissante à cette endroit là, qu’il ne fit pas que la pierre sur laquelle il prenait appui n’était plus aussi stable que le reste. C’était à cause du stress engendré et des enjeux nouvellement révélé qu’il en vint à faire le geste de travers de trop, et à dégringoler sur deux à trois mètres, finissant par un plongeon magnifique dans une eau noire - les pieds en premier.

Après s’être débattu pendant une bonne trentaine de secondes, Ezra réussit finalement par stabiliser sa position avec une tête en dehors de l’eau plutôt que dedans. « Fuck. » Ils n’avaient pas besoin de ça pour se trouver dans de beaux draps. Surtout que désormais, c’était Clyde qui avait la meilleure position des deux, Ezra ne pouvant survivre sans lui. Il n’aimait en rien cette situation, mais le fait de venir rapidement comprendre ça ne l’enchantait pas davantage. « Essaie de tendre la main! » Les mots du brun se faisaient entendre faiblement par dessus le bruit de l’eau, qui ne cessait de clapoter et de venir s’abattre contre les parois rocheuses de la grotte. Ezra ne devait cesser de nager à contre courant pour tenter de rester à hauteur du Wakefield et, effectivement, tenter de venir tendre la main. Le niveau de l’eau en venait à varier selon les moments où les vagues se faisaient tantôt plus fortes, tantôt plus timides, et rester à portée de main relever d’un championnat olympique. « C’est ce que je fais abruti ! » L’insulte n’était pas nécessaire mais essentiel pour garder le moral des troupes, surtout. Le fait de pouvoir venir incendier Clyde aidait Ezra d’une manière qu’il ne comprenait guère.

Il ne fallait cependant pas qu’il l’insulte trop fort et trop de fois, sinon il allait finir par réellement l’abandonner à son titre sort et Ezra ne pourrait jamais se réchapper de cet endroit de malheur - là où il l’appelait île du paradis encore le matin même. « Arrête de bouger ! » Qu’il osait dire, là où c’était lui que le courant ne savait laisser stable. Finalement, et après plusieurs fois à se voir boire la tasse car sa main refusait de rester accrochée à celle de Clyde - il soupçonnait d’ailleurs ce dernier de le laisser retomber dans l’eau exprès -, le Beauregard réussit à avoir une prise solide sur le bras de son acolyte afin de venir se rapprocher du bord. Il n’avait pas de prises pour les mains à même la roche, ils allaient devoir compter sur leurs muscles pour venir remonter le jeune homme de la surface de l’eau. « J’espère que t’as pas esquivé la muscu en plus du cardio, Wakefield. » Même si la blague était de mise, le sérieux primait en cet instant: il était hors de question de retourner nager en eaux troubles.

“C’est ce que je fais abruti!” Et ça, Clyde aurait préféré ne pas l’entendre par-dessus les échos de l’eau, tant cela lui donnait envie de retirer sa main et de poursuivre son chemin comme s’il n’avait simplement pas vu Ezra glisser. Loin des yeux loin du cœur, qu’ils disaient? Le brun se retint pourtant d’émettre toute remarque pour se concentrer sur la main de son acolyte qu’il n’arrêtait pas de frôler sans jamais réussir à avoir une prise solide. Le bruit de l’eau donnait une idée assez précise du tumulte dans lequel était plongé Ezra alors qu’il tentait avant tout de se maintenir à flot et de ne pas être emporté sous la roche par le courant. “Arrête de bouger!” Oh il allait se le faire. Il allait même le remonter seulement pour pouvoir mieux lui éclater la mâchoire une nouvelle fois, tant le blond commençait à lui taper - encore plus, si seulement c'était possible - sur le système.

Clyde finit enfin par accrocher solidement le bras d’Ezra, les deux corps tendus l’un vers l’autre sans qu’ils n’aient pourtant d’autre levier que leur propre force. “J’espère que t’as pas esquivé la muscu en plus du cardio, Wakefield.” “Ta gueule!” Vraiment, le silence était de mise maintenant que Clyde sentait ses muscles se déchirer un à un alors qu’il puisait dans toutes ses forces pour remonter ce qui lui semblait être un poids mort de la seule force d’un bras. Comme si leurs positions n’étaient pas assez critiques, le courant imposait une contrainte de plus qui offrait une résistance, au point que Clyde se mit un instant à douter qu’il arrive à remonter Ezra un jour. Enfin, lorsqu’il eut l'impression que le blond était sur le point de pouvoir saisir la roche lui-même, il sentit son corps entier glisser en direction du trou d’eau sans même avoir le temps de tendre un bras pour s’accrocher - et plongea la tête la première à son tour, ne manquant pas d’envoyer Ezra par le fond dans le même temps. Lorsque le courant l’attira sous la roche et qu’il dut se laisser emporter plutôt que d’être réduit à l’état de bouillie, il prit une dernière bouffée d’air, priant que le cours de l’eau le ramène à la cascade.

Spoiler:

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Ce fut après une lutte qui semblait ne jamais vouloir se terminer qu’Ezra finit par réussir à attraper la main de Clyde. Cette dernière lui avait échappé plus d’une fois, le courant et l’humidité de l’endroit étant contre eux présentement. Et alors que le Wakefield tenait sa vie dans sa main - littéralement -, Ezra ne put cependant pas s’empêcher de venir y glisser une petite blague. « Ta gueule! » Qui, apparemment, ne fut pas bien reçue par Clyde. Était-ce pour ça que ce dernier vint plonger volontairement tête la première dans l’eau à son tour au bout d’à peine quelques instants d’efforts ? S’était-il dit qu’après tout, ils pouvaient se permettre une petite baignade afin de se sentir frais et propre avant de se faire attraper par les militaires ? C’était peut être Ezra, l’idiot, qui n’avait pas pensé à tout ça lorsqu’il était arrivé le premier dans l’eau agitée.

Il n’eut cependant pas le temps de suite de venir insulter Clyde car il était trop occupé à tenter de rester en vie. Le courant ne leur était plus favorable en rien, et ce dernier les emporta bien plus rapidement et avec une force nouvelle plus loin dans la grotte. Le noir fut complet quelques instants plus tard et Ezra crut voir sa vie défiler devant ses yeux lorsqu’il vint prendre une dernière inspiration d’air avant de passer dans une partie de la rivière complètement cloîtrée sous la roche.

Mais il avait eu tort de penser que cela était le pire. Non, le pire les attendait désormais devant eux, alors que la rivière avait de nouveau une surface et que le courant s’accélérait. Ils ne pouvaient rien faire, si ce n’était voir la chute de la cascade arriver au loin. Au moins, ils avaient de nouveau la tête hors de l’eau - et bientôt l’impact allait leur permettre d’avoir la tête détachée de leur corps. « Clyde, devant ! » Il tentait quand même en vain de venir nager à contre courant, de vouloir rejoindre une des deux rives, tout mais pas la suite qui se préparait sous leurs yeux. Ce fut à ce moment là, alors qu’il s’y attendait le moins, que le pied d’Ezra vint heurter un rocher dans le fond de la rivière - ce qui voulait dire qu’il avait de nouveau pied. Il eut du mal à comprendre comment c’était possible, mais le temps n’était plus aux questions mais à la réaction. Alors, il vint dans un premier temps ralentir sa course en agrippant à la main le sol rocheux - y perdant peut être un ongle ou deux dans le processus.

Les secondes durant lesquelles sa tête était plongée sous l’eau semblèrent durer une éternité, alors que Clyde se repassait en boucle toutes les pires manières de mourir - et après réflexion, celle-ci remportait la palme. L’oxygène se faisait de plus en plus rare en ses poumons, et lorsque le ciel apparut de nouveau à ses yeux, il n’eut même pas le temps d’être soulagé que les vagues de plus en plus violentes l’écrasèrent à nouveau. Ezra refit surface à quelques mètres devant lui, tentant lui aussi par tous les moyens de rester à flot et de lutter contre le courant qui les attirait inexorablement vers ce qui ressemblait à… du vide. “Clyde, devant!” La cascade. A croire que ses prières avaient été entendues, quand bien même le brun espérait naïvement que le courant les porterait en eaux calmes dont ils pourraient sortir indemnes - no, no. Des dizaines de jurons coururent à travers son esprit, alors que son souffle court l’empêchait de prononcer autre chose que des onomatopées ne faisant réellement sens, maintenant que l’épuisement physique se faisait ressentir.

Soudainement, il vit Ezra se stabiliser au milieu du courant alors qu’il lui arrivait dessus à une vitesse incontrôlable. Clyde tenta désespérément d'agripper la première chose qui pourrait lui tomber sous la main, mais ses tentatives demeuraient vaines tandis qu’il ne faisait qu'abattre des grands coups dans une eau cristalline qui lui donnait l’impression de transpercer du vide. Alors, il donna quelques grandes impulsions dans ses jambes pour se rapprocher au plus près de son acolyte, avant de tendre la main à son tour. “Ezra!” C’était au blond de le rattraper cette fois, ou bien de le laisser dévaler le reste du courant qui l’emporterait une dizaines de mètres plus bas au terme de leur fuite qui ne serait qu’un retour à la case départ, ou presque.

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Le courant de la rivière ne cessait de sembler s’accentuer de mètre en mère parcourus, alors que les doigts d’Ezra cherchait désespérément une prise pour arrêter d’avancer de la sorte. Le bout du fil d’eau se terminant dans quelques instants par une chute brutale - autant dans le degré que prenait la pente que pour sa finalité -, le Beauregard n’avait guère envie d’aller voir plus loin ce qu’il s’y passait. Ses ongles venaient donc agripper la moindre pierre qui venait à se présenter à lui, et finalement, après qu’il ait pensé que sa vie allait une nouvelle fois défiler devant ses yeux, il réussit à trouver une prise. C’était fragile et à peine solide, mais elle était là, oasis dans le désert. Il vint donc arrêter complètement sa course, venant prendre le courant en plein visage alors que le reste de son corps semblait vouloir continuer la descente.

« Ezra! » Il pensait également qu’il aurait plus de temps pour venir penser à la suite du plan, qu’il aurait un instant supplémentaire pour venir trouver la prochaine étape. Mais c’était sans compter sans le support infaillible et parfait de Clyde, qui semblait toujours à l’étape d’avant dans le plan - à savoir arrêter d’avancer dans la rivière pour ne pas prendre la chute d’eau qui le ramènerait rapidement à la case départ. Ce serait mentir donc, qu’en voyant la main du Wakefield tendue vers lui, qu’Ezra n’ait pas eu un grognement. Clyde ne pouvait pas l’entendre bien sur, il ne faisait pas assez de bruit par dessus celui du courant pour être audible. Mais ce grognement vint être accompagné d’une pensée qui se trouvait être la plus logique de toutes. S’il n’attrapait pas la main de Clyde alors que ce dernier bataillait pour rester parmi les vivants, il irait rejoindre les enfers dans une poignée de seconde - à défaut de rester à ses côtés suite à une poignée de main bien placée. S’il ne lui venait pas en aide, leur binôme ne serait plus qu’une personne et Ezra avait plus de chances de s’en sortir. Il pourrait prétendre que Clyde l’avait kidnappé et amené sur cette île, après l’avoir trahi sur leur amitié et sur toute la ligne et -

- et finalement, avant qu’il n’ait le temps de comprendre ce qu’il était en train de faire, la main libre d’Ezra vint attraper avec une force qu’il ne se connaissait pas la paume de Clyde. Il vint s’y accrocher de toutes ses forces, tentant de combattre un courant qui n’était en rien de leur côté depuis le début. Il ne savait ce qui l’avait poussé à venir réagir de la sorte, là où avait réduit à néant bien plus facilement la vie d’autres gars avant Clyde. Mais le voilà qu’il venait déployer des forces surhumaines pour aider son acolyte d’un jour et d’une vie. « Fais. Des. Putain. D’EFFORTS. » Parce-qu’ils avaient vu ce qu’ils se passaient quand la force n’était pas également répartie entre les deux et que seul l’un des jeunes hommes montraient ses efforts de musculation pour rapatrier l’autre auprès de la surface.

Cependant, et contre toute attente, l’instant d’après ils arrivaient tous les deux à rejoindre la berge de la rivière, là où le courant se faisait plus clément et là où surtout, ils pourraient se sortir de ce torrent insupportable.

Clyde n’était pas certain de ce qui l'attendait s’il dévalait le reste du courant pour se faire emporter par la cascade et terminer une dizaine de mètres plus bas - un retour à la case départ, l’armée, ou même la mort. Parmi toutes les expériences qu’il lui avait été donné de vivre jusque là, tomber d’une cascade n’en faisait pas partie et ses yeux roulaient dans ses orbites à l’idée que sa vie puisse trouver sa fin, et ici et maintenant, à l’autre bout du monde et en piètre compagnie, pour ne rien arranger. Alors, il lança sa main aussi loin que possible tandis que tous ses muscles travaillaient de concert pour la faire attraper qu’Ezra lui avait miraculeusement tendu. Ce n’était pas le moment de réfléchir au pourquoi du comment ils en étaient désormais rendus à se sauver mutuellement la vie, plutôt que profiter de l’occasion pour se débarrasser l’un de l’autre. “Fais. Des. Putain. D’EFFORTS.” Au lieu de lui donner envie de lui hurler dessus à son tour, cela ne fit qu’accentuer les efforts du brun qui lâcha un cri de colère, de douleur et de peur tout à la fois en tentant désespérément de trouver accroche sur la rive.

Au terme de secondes semblables à des heures, les deux braqueurs vinrent se hisser sur la berge, alors que Clyde se laissait rouler au sol pour ne plus bouger durant quelques instants. Tout son corps lui criait de rester ainsi, immobile, alors que le menace de l’armée revint pourtant faire surface dans son esprit, maintenant qu’ils n’étaient plus sur le point de se noyer. “Merci.” Le mot ne lui brûlait pas tant la gorge qu’il l’aurait imaginé, au point qu’il aille jusqu’à fixer Ezra pour lui lancer un regard entendu - son aide n’était pas passée inaperçue, bien au contraire. A croire que derrière leurs insultes et leurs coups, aucun d’eux n’était réellement capable de regarder l’autre crever sous ses yeux. Pour autant, cette solidarité retrouvée ne changeait rien au fait que les feuillages bruissaient de plus en plus alors que des militaires en treillis se faisaient désormais apercevoir en bas de la falaise. Clyde se saisit du téléphone satellite qui était resté coincé au fond de sa poche tout ce temps, même si le passage dans l’eau l’avait rendu inutilisable. D’un geste de rage, il le lança dans le courant avant de se prendre la tête entre les mains. “On est faits, y a nulle part où aller.”

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Ils eurent besoin de faire plis d’un effort pour réussir à se hisser, à tour de rôle, complètement sur la berge. Le courant les avait lessivé et la course qui avait précédé cette affaire n’avait rien arrangé. Mais ils  étaient désormais sains et saufs. « Merci. » Tournant sa tête, toujours allongé sur le dos, en direction de Clyde, Ezra finit par venir opiner du chef presque discrètement. Ils n’en étaient plus à savoir qui devait rendre des comptes à l’autre présentement, leur survie étant fortement compromise. Ezra le savait, Clyde le savait, et ce fut ce dernier qui vient s’exprimer sur le sujet en premier. « On est faits, y a nulle part où aller. » S’en était accompagné d’un mouvement de rage un lancer particulièrement bien effectué du téléphone dans la rivière qui avait failli les emporter pas plus tard que quelques minutes plus tôt. Venant soupirer un long coup, Ezra se releva sur ses coudes. Ils entendaient les militaires d’où ils se trouvaient, ce qui n’était pas bon signe. Ils avaient galéré pour arriver à l’endroit où ils se tenaient tous les deux désormais, mais les militaires étaient bien mieux équipés pour atteindre les endroits les plus creux et reculés. D’ici à quelques minutes, ils auraient les menottes autour des poignées et les flingues pointés sur leurs tempes.

Un frisson malsain vint parcourir l’échine du Beauregard, alors qu’il se forçait à se relever à son tour. « Je suis désolé, Clyde. » Un soupire vint accompagner ses mots. Quitte à ce qu’ils se retrouvent prisonniers, autant qu’il en profite pour exposer le fond de sa pensée à son ami avant qu’ils ne soient séparés. Surtout que ce n’était pas souvent, qu’il venait le faire, Ezra, exposer le fond de sa pensée - ou tout du moins pas quand cette dernière contenait des excuses et des regrets; lorsqu’il fallait insulter la mère de quelqu’un il était le premier à répondre à l’appel, en revanche. « C’était pas supposé se passer comme ça. » Il vint pincer ses lèvres en une ligne fine, époussetant l’eau et la terre de son pantalon -  comme si cela allait changer quelque-chose à la suite des événements. « Oh et pour pas que tu sois surpris, parce-qu’ils vont forcément nous en parler une fois qu'on sera attrapés… » Il vint hausser les épaules, comme si ce qu’il s’apprêtait à révéler n’était pas grand chose. « … j’ai fait sauter la banque, après qu’on soit partis et que les billets ont été évacués. Je comptais t’en parler plus tard mais comme je suis pas sur de te revoir… » Il n’en était pas peu fier, en réalité, de cette partie du plan. Et puis, ça donnerait du grain à moudre au moulin de Clyde pendant qu’il serait derrière les barreaux, à ruminer sa culpabilité d’avoir laissé ses hommes - morts désormais - derrière lui.

Un grappin, un premier, vint se faire percevoir derrière eux, du côté du vide de la cascade. Les militaires avaient trouvé leur planque, apparemment. Soupirant, Ezra vint sortir dans un espoir plus gros que le monde son paquet de clopes - malheureusement plein d’eau et ne leur servant plus à grand chose. « Et dire que je sais pas quand je pourrais fumer la prochaine. » Son soupire fut las, alors qu’il jetait le paquet émietté au sol. « En tous cas, ce fut un plaisir de faire ce braquage avec toi. Ca m’avait manqué. » Le sourire en coin qu’il vint afficher, lui, était des plus réels. Il n’avait jamais pensé dire ça un jour à propos de Clyde, mais il n’était pas déçu de le faire présentement. « Et désolé pour ton pied, aussi. Mais rappelle toi que c’est ce qui t’a sauvé ton petit cul la dernière fois. » Ce n’était malheureusement plus possible pour aujourd’hui, alors que les voix se faisaient oppressantes dernière eux, alors que leur dernier instant de liberté pointait le bout de son nez. « Oh, Clyde, n’oublie pas aussi: il n’y a pas de fumée sans feu. » Et alors qu’Ezra haussait un sourcil en direction du Wakefield, le prémisse d’un sourire carnassier faisant déjà son chemin jusque ses lèvres, un flingue militaire vint être pointé contre sa tempe.

“Je suis désolé, Clyde.” Clyde aurait voulu lui en vouloir, lui hurler dessus, mais tout ce qu’il était désormais capable de faire consistait à serrer sa tête entre ses mains comme si cette réalité allait s’effacer pour laisser place à une autre. Comme s’il n’était pas lui-même tout aussi responsable de ce fiasco - celui de s’être pensé capable de doubler Ezra dans la banque, d’avoir fait foirer la moitié du plan et de n’avoir donc eu d’autre choix que de le suivre dans cet hélico, sur cette île de malheur. “C’était pas supposé se passer comme ça.” “Ouais.” Dans aucune version, ni celle d’Ezra ni celle de Clyde, et ils pouvaient se blâmer mutuellement tout comme lâcher l’affaire et réaliser que leurs exactions avaient enfin fini par les rattraper. Ils en avaient commis des braquages et des petits coups, avant que la justice ne les rattrape enfin - si seulement ils étaient vraiment déférés directement devant la justice, et pas passés à tabac par l’armée avant. “Oh et pour pas que tu sois surpris, parce-qu’ils vont forcément nous en parler une fois qu'on sera attrapés… j’ai fait sauter la banque, après qu’on soit partis et que les billets ont été évacués. Je comptais t’en parler plus tard mais comme je suis pas sûr de te revoir…” “T'as fait quoi?!” Les sourcils du brun s’arquèrent d’une surprise et d’une colère nouvelles, réalisant que les mecs qu’il avait envoyés en prison dans un ultime geste égoïste pour sauver sa propre peau étaient désormais morts. Comme dans un état second, incapable d’assimiler toutes les informations qui lui tombaient dessus à la fois, le brun n’eut même pas la force de déverser sur Ezra toute la frustration et la rage qui se faisaient à nouveau une place de choix dans ses pensées. Il avait envoyé ses mecs à la mort pour… ça? Pour les voix qui se rapprochaient, les grappins qui grattaient la roche et les armes qui n’allaient pas tarder à être pointées directement sur eux? Pour l’argent, pour la liberté, tout ce qu’ils ne toucheraient finalement même pas du doigt?

“Et dire que je sais pas quand je pourrais fumer la prochaine.” Même après avoir lâché une bombe pareille - sans mauvais jeu de mots - le blond n’était même pas capable de le regarder dans les yeux, préférant se perdre dans ses clopes qui n’avaient désormais plus la moindre espèce d’importance. “En tous cas, ce fut un plaisir de faire ce braquage avec toi. Ça m'avait manqué. Et désolé pour ton pied, aussi. Mais rappelle toi que c’est ce qui t’a sauvé ton petit cul la dernière fois.” Moins d’une minute plus tôt, Clyde aurait pu se laisser aller à la même confession, poussé par l’étau qui se resserrait désormais dangereusement sur eux. Pourtant, rien n’arrivait à dépasser les mots du blond qui tournaient en boucle dans son esprit, alors qu’il tapait du poingt sur le sol, déversant bien faiblement une partie de sa colère. “Sept jours? Sept jours qu’on est là et t’as rien dit avant?!” A quoi bon s’acharner, tenter de grappiller une explication à un homme qui lui inspirait tant de sentiments contraires et qu’il ne reverrait peut-être jamais. “Oh, Clyde, n’oublie pas aussi: il n’y a pas de fumée sans feu.” Leurs regards se croisèrent à l’instant où les militaires les encerclaient, bien trop de flingues pointés sur eux en même temps. Alors qu’Ezra se laissait emporter sans faire de vague, Clyde tenta de se débattre vainement, les yeux pointés sur son acolyte dont il avait envie de sortir les explications à coup de poings. Une putain de devinette, maintenant, vraiment? “Tu le paieras!” Il cracha à terre en direction d’Ezra, prêt à l’insulter une ultime fois alors qu’un goût métallique emplissait sa bouche et qu’un coup porté à sa tête le mettait hors d’état, instantanément.