Kaya était partie pour voir un ami ce soir. Un très bon ami depuis les années passées. Il s’agissait du chef de Ian lorsqu’il était pompier, encore en vie. Ils s’étaient d’abord rencontrés lors de divers repas auxquels la jeune femme était invitée étant la compagne de Ian. Avec le temps, elle avait créé de nombreux liens avec plusieurs collègues de son mari mais peu dont elle était aussi proche. Ca avait été progressif, le temps s’installant. Elle était bien contente que les choses se soient passées comme ça d’ailleurs. C’était plus facile à gérer. Leur amitié n’en était que plus forte. Elle était donc impatiente de retrouver Jaylen. Pourtant, ces derniers temps, c’était rare qu’elle soit impatiente pour quelque chose. Elle tentait petit à petit de refaire sa vie, de se reprendre en main mais c’était difficile. Du coup, il était compliqué pour elle d’être vraiment excitée ou impatiente pour quelque chose. Les seules choses pour lesquelles elle l’était, se trouvait être en compagnie de sa sœur, de sa mère ou d’aller travailler. Récemment, c’était aussi de retrouver son petit chiot. Elle l’avait trouvé, tout seul et en mauvaise forme lors d’un jogging. Le vétérinaire n’avait pas trouvé de puce ou de tatouage. Elle avait donc affiché quelques affiches mais sans aucune réponse pour le moment. Elle allait le garder jusqu’à ce que quelqu’un vienne le récupérer ou jusqu’à la fin de sa vie, elle ne savait pas encore. Pourtant, elle s’attachait chaque jour un peu plus à cette boule de poils et elle ne voulait plus s’en séparer. Elle espérait que personne ne vienne le demander.

Kaya allait donc sortir au restaurant avec Jaylen. Ca n’avait jamais été son endroit préféré pour retrouver quelqu’un mais avec le temps, elle y était habituée. Elle savait ce qu’il fallait qu’elle fasse pour éviter d’être trop stressée d’avaler trop de calories. Elle avait donc fait une petite diète pendant sa journée. Rien de bien extravagant car elle savait que sinon, elle risquait de prendre du poids. Elle n’avait pas eu le temps de regarder le menu sur internet mais elle ne doutait pas que son ami avait pris un restaurant où elle pourrait manger végétarien. Elle l’était depuis l’âge de dix ans et il ne l’avait donc jamais vu manger de la viande ou du poisson. Elle ne s’offusquait pas des gens qui le faisaient, chacun son truc. Elle, elle avait toujours pensé que ce n’était pas compatible avec ses convictions. Et puis elle trouvait ça dégoutant d’élever des animaux seulement pour les tuer et les manger. Oui, il y avait bien des espèces carnivores mais ça, c’était autre chose.

Elle venait de terminer sa promenade avec son petit labrador pour lequel elle n’avait toujours pas trouvé de nom. Il fallait que ce soit quelque chose de simple et joli. Et puis, si quelqu’un venait le réclamer, elle ne serait que plus triste. Elle regarda sa montre et se précipita dans la salle de bain. Elle allait être en retard et elle détestait ça. Ce n’était pas son genre. Elle passa rapidement sous la douche, se maquilla légèrement et rapidement, agrippant peu après la robe qu’elle avait sortie ce matin là. Elle s’était dit que ce serait plus facile si tout était prêt avant de partir travailler. Depuis la mort de Ian, elle restait plus longtemps au travail sans vraiment sans apercevoir alors elle c’était dit que c’était mieux si elle préparait tout pour éviter de se retrouver dans une situation de crise. Elle avait aussi mit une alarme pour éviter de sortir trop tard et avoir le temps de promener son chien. Elle avait bien fait même si le timing était juste. Vingt minutes plus tard, elle était propre et prête pour la soirée. Elle repéra l’adresse du restaurant. Elle voyait où c’était ce qui lui permettrait de ne pas tourner en rond. En même temps, elle était née et avait toujours vécu à Brisbane. Elle connaissait donc la ville comme sa poche. Elle avait choisi de prendre sa voiture électrique. Dès qu’elle le pouvait, elle évitait de la prendre mais ce soir, il faudrait bien qu’elle rentre et ça lui éviterait d’attendre un taxi ce qui au fond, revenait au même. Elle finit par arriver devant le restaurant, ayant repéré Jaylen depuis plusieurs pas déjà. Elle sourit. « Coucou toi. Désolée pour le retard. Ca été la course contre la montre. Tu vas bien ? » Elle commença à se diriger vers l’entrée en compagnie de son ami.

Il a été bien compliqué pour Kaya de continuer à avancer. Comment le pouvait-on lorsque la personne qui vous connait le mieux n’est plus. Au bout d’un moment, ça doit être plus facile de se dire qu’il n’est pas parti par choix mais par obligation. Parce que le choix, il ne l’a pas eu si ? Il aurait pût éviter de sauver Adam mais elle connaissait trop bien son mari pour s’avoir que ce n’était ni son genre ni ses intuitions. Et puis, il s’en saurait voulu toute sa vie, elle le savait. Kaya n’en voulait d’ailleurs pas au vivant. Elle en voulait juste parfois à Ian de ne plus être là, de ne pas avoir pensé qu’elle serait seule sans lui. C’était le plus dire moralement mais bon, ses propres trahisons lui faisaient mal car elle ne pourrait jamais se racheter, se faire pardonner. Elle devrait avancer sans plus y penser mais la culpabilité, c’est dur de s’en défaire. Il était donc parfois difficile de voir des personnes qui les connaissaient tous les deux et les prenaient pour un couple parfait ou juste un très bon couple. Ils l’étaient oui, mais eux, ne se doutaient pas de ce qu’elle avait fait et elle ne pouvait d’ailleurs pas le montrer ou le dire. Ils n’étaient que deux au courant et c’était surement mieux comme ça. Elle ne doutait pas cependant qu’un jour ça serait mis à la lumière pour certaines personnes, les plus proches d’elle.

Elle a cependant décidé d’avancer, petit à petit parce qu’il faut réapprendre à marcher avant de courir non ? Elle avait donc accepté l’invitation de Jaylen avec plaisir. De toute manière, c’était un des rares à qui elle ne disait pas non. Parce qu’il était là depuis le début de cette épreuve et qu’il lui envoyait encore des sms pour savoir comment ça allait, lui proposait même qu’ils se voient. En six mois, beaucoup ne se souciaient plus de tout ça et avaient repris leur vie, presque comme si rien ne c’était passé parce que ce n’était pas eux qui étaient au contact d’Ian tous les jours. Elle ne pouvait pas leur en vouloir, ça faisait juste mal parfois bien qu’elle soit aussi contente de ne plus avoir cette foule chez elle. Elle arriva un peu en retard à cause d’une mauvaise gestion de timing mais son grand frère de cœur ne lui en voulait pas. Ils se firent la bise, s’étreignirent rapidement avant de rentrer dans le restaurant. « C’est gentil, tu lui feras un bisou de ma part. » Elle laisse Jaylen gérer la réservation. C’est lui qui a tout fait comme toujours ces derniers temps. Il prend les rênes. Excepté pour le choix de leur table. Elle sourit, se dit qu’il ne faisait pas si froid dehors et lui propose donc cette solution. « Dehors plutôt, on apprécia mieux la vue. » Il pourrait aussi fumer bien qu’elle trouvait cette habitude embêtante mais personne n’est parfait. Elle se laisse entrainer jusqu’à leur table, s’asseyant puis leur servant de l’eau. Habitude qu’elle a toujours avant chaque repas. « Oh ça va, on fait aller, un jour à la fois. Je ne pleure plus tous les jours, c’est un bon début.» Elle sourit parce qu’elle était contente de le voir. Ce sourire n’était donc pas factice même s’il l’avait connu plus heureux.

Le serveur revint vers eux. Elle commanda comme à son habitude un mojito laissant son ami commander à son tour. « Dis moi, comment ça va avec Lisbeth ? Tout se passe bien ? » Non parce qu’elle savait qu’on avait tendance à la protéger ou ne pas tout lui dire parce qu’elle était encore en deuil. D’un côté c’était bien, d’un autre, elle se sentait alors exclue. Elle était capable d’être heureuse pour les autres désormais.

Kaya arrive en retard de quelques minutes. Les problèmes de timing, ça arrive parfois et c’était le cas aujourd’hui. Jaylen ne lui en veut pas et c’est bien gentil. Certains auraient pût penser qu’elle n’y mettait pas du sien et qu’elle aurait préféré qu’il ne soit pas là mais ce n’était pas le cas. Elle aimait être voir le jeune homme. Elle l’embrasse donc puis lui dit de faire de même à sa compagne. Kaya s’entend très bien avec Lisbeth et elles sont même devenues de bonnes amies alors c’est naturel. Elle ne peut s’empêcher de rire à la réflexion de son ami. Elle imagine bien la scène. Il rentre chez lui et retrouve Lisbeth. « C’est de la part de Kaya » et l’embrasse passionnément. La blonde n’était pas de ce bord là alors ça serait bien étrange. Lisbeth en serait surement étonnée. « C’est toi qui voit mais tu lui dis que le mien est plus platonique hein. » Elle lui fit un clin d’œil. Il ferrait ce qu’il voulait pas bon, il ne fallait quand même pas faire peur à Lisbeth non plus.

Ils s’avancèrent alors vers le restaurant avant qu’elle ne choisisse de se manger dehors. Il faisait bon ce soir là alors autant en profiter. Surtout que la vue était très jolie. Il lui demanda alors comment ça allait et elle lui dit la vérité. Ce n’était pas évident tous les jours mais elle se réadaptait petit à petit. Il le fallait bien, elle n’allait quand même pas se morfondre toute sa vie même si certains jours, elle le voudrait bien. Il y avait les hauts et les bas. « Exactement, des mini pas. » Parce qu’elle n’avait pas le choix. Il fallait qu’elle continue de réapprendre à être seule. Redevenir une femme célibataire après autant de temps n’était pas évident car à la fin, il s’agissait souvent de la communion de leurs deux idées. Désormais, elle devait se diriger vers ses idées purement à elle et ce n’était pas évident. Il lui annonce qu’il sera toujours là pour elle si elle a besoin. Enfin presque mais elle peut l’appeler. Elle sourit. Elle lui en est reconnaissante mais ce n’est pas évident pour elle d’être dépendante des autres même si eux ne le voit pas forcément comme ça. « Oui je sais, c’est gentil mais je ne veux pas t’embêter. Tu as Lisbeth à t’occuper et puis, ce sont les soirées les plus difficiles, quand tu te retrouves seule au lieu d’être blottie contre ta moitié. » Lorsqu’il n’y avait qu’eux et qu’elle restait dans les bras de son mari à lire ou juste pour en profiter. Il lui manquait surtout cette chaleur. Celle d’un être qui est là pour vous le soir à vous écouter parler de votre travail, de tout et de rien. Leurs discussions lui manquaient, se réveiller auprès de quelqu’un aussi. Il fallait pourtant qu’elle s’y fasse et si plusieurs mois étaient passés, elle n’arrivait pas encore à l’accepter.

Le serveur vint alors leur demander ce qu’ils prenaient en apéritif. Elle prit son cocktail habituel et Jaylen la suivi sur sa lancée. Elle lui demande alors comment ça se passe avec le brunette. Elle est contente de savoir que tout se passe bien et même mieux qu’avant. Elle ignorait si c’était le cas lorsque l’on perdait quelqu’un de vue et se remettait avec elle. Ca ne lui était jamais arrivé alors peut être que c’était normal. « Ah mais c’est super ça. Je suis vraiment contente pour toi, tu mérites tout le bonheur que l’on peut avoir. » Si elle venait de perdre sa moitié, elle était contente que lui retrouve la sienne. Ce n’était pas vraiment juste mais c’était comme ça. Le serveur revint avec leur deux verres. Elle sourit, et le porte à mi table pour trinquer avec le pompier. « A la nôtre et tes amours avec plein de bonheur en perspective. » Elle espérait vraiment que ça marcherait pour lui.

Kaya aime beaucoup Lisbeth. C’est devenue une bonne amie qui a été là pour elle lorsqu’elle en a eu besoin. Alors oui, elle l’adore mais de là à aller l’embrasser un peu trop passionnément, pas vraiment. LA blondinette n’était pas de ce bord ou tout du moins n’avait jamais vraiment essayé. Jaylen la taquinait donc là-dessus ce qui la faisait rire. "J'verrais." Elle lui dit à nouveau. « Nan mais elle va me regarder bizarrement après, fait pas l’idiot. » Elle sait qu’il le ne le fera pas mais on ne sait jamais, il vaut peut être mieux qu’elle précise ce qu’elle désire.

Ils se dirigent alors vers le restaurant puis la terrasse. Ce soir, elle choisissait. Il fallait dire qu’il ne faisait pas trop froid et la demoiselle préférait l’air frais alors c’était comme une évidence pour elle. Il lui demanda alors comment elle allait. Et lui dit la vérité. Ca allait mieux mais pas trop non plus. Elle prenait son temps car elle savait pertinemment qu’elle n’était pas prête à aller trop vite. Son mari lui manquait toujours autant et elle se demandait lorsque cela différent. Quand la peine s’atténuerait elle ? Certes, elle avait un peu moins mal que le jour où elle avait apprit sa mort mais c’était juste un peu différent. Il fallait dire que la culpabilité n’aidait pas vraiment à ce qu’elle aille mieux. Elle devrait surement en parler à quelqu’un mais elle ne veut pas qu’on la juge ou que l’opinion de ses proches changent. Il fallait dire que Ian était le mari idéal, parfait et que le fait qu’elle était en train de tomber amoureuse de quelqu’un d’autre et embrasse cet ami était une chose qu’elle ne se voyait pas dire à qui que ce soit. "Vaut mieux ça que de faire le grand écart et de se casser la figure." Elle sourit. C’était certain que ça serait trop pour elle le grand écart. En plus, malgré tout le sport et le streching qu’elle faisait, elle n’avait jamais vraiment été doué pour faire un cran écart. « Oui, c’est sûr. De toute manière, je ne suis pas prête pour le grand écart. » Il lui dit alors qu’elle pouvait l’appeler lorsqu’elle le voulait mais elle ne voulait pas le déranger. C’était peut être idiot mais elle ne voulait être un poids pour personne. C’était une grande fille qui devrait s’avoir se débrouiller toute seule après tous ces mois passés. Et pourtant, elle avait bien du mal à ce que ce soit le cas. Elle était en général plutôt dans le déni qu’autre chose. "Mais tu ne m'embêtes pas blondie. Pense pas à ça." Elle sourit. Il était tellement adorable qu’elle ne savait pas vraiment quoi dire. Il était vrai qu’elle pouvait l’appeler mais si Lisbeth était présente, elle ne voulait pas qu’il laisse la brunette pour elle en tout bien tout honneur. « C’est toujours ce que l’on dit mais je ne vais quand même pas te réveiller à 3h du matin. » Dérangée, elle avait cette peur et puis pendant la nuit, ça serait encore pire. Surtout qu’il fallait avouer que c’était là où elle se sentait le plus vulnérable, le plus mal car elle n’avait pas la chaleur et le réconfort humain auquel elle était tant attaché. "Sinon, j'ai une astuce." Elle le regarde intriguée. Une astuce pour quoi exactement ? "Une peluche géante. Ca peut être pas mal." Elle ne peut s’empêcher de sourire. "C'est doux. T'as moins de risques de te prendre la tête et de te disputer avec la peluche." Elle rit. « Ca c’est bien vrai, c’est moins embêtant qu’un homme. Je devrais peut-être essayer oui. » Après tout, c’était une solution comme une autre pour tenter de s’apaiser sans la présence de quelqu’un à ses côtés. Elle pourrait éventuellement diminuer la taille de la peluche au fur et à mesure où les choses iraient mieux. Puis franchement, qu’avait elle à perdre ? Surtout que comme il le disait, au moins, elle n’aurait pas à se disputer avec quelqu’un.

Le serveur revint avec les boissons. Elle sourit en voyant son mojito. Son cocktail fétiche par excellent. "A la nôtre !" Oui à la leur et surtout à la sienne à lui. Elle était contente de savoir que les choses s’amélioraient ou tout du moins étaient encore plus fortes pour ses amis. Ils méritaient tous les deux d’être heureux et c’était bien ce qu’elle espérait pour lui. Elle prend une première gorgée. "Hmmm ... pas mal." Elle est d’accord. Il est pas mal du tout. Pas le meilleur qu’elle ait connu mais il y avait eu bien pire. "Tu sais déjà ce que tu vas prendre ?" Elle regarde le menu, elle ne le sait pas vraiment, pas encore en tout cas. « Oh probablement une salade. Quant à savoir laquelle, ça c’est autre chose. Et toi ? Tu sais déjà j’en suis sûre. » Elle sourit, il était plus gourmand qu’elle alors elle de doutait pas que son choix soit déjà avancé ou tout du moins qu’il ait une idée. Pour elle, c’était différent. Au restaurant, elle prenait souvent des salades, plus faciles à choisir car plus souvent végétariennes. Cela devenait plus fréquent de trouver des plats végétariens dans les restaurants mais ce n’était pas encore la majorité. Cependant, elle vit sur le menu des lasagnes végétariennes. Ca pouvait être une bonne idée.

Kaya savait qu’en ce moment elle n’était pas forcément la fille la plus fun à avoir à ses côtés. Elle tentait tant bien que mal de remonter la pente mais ce n’était pas comme si elle y arrivait vraiment. Elle ne le montrait pas, prétendait au contraire que tout allait bien, que tout était redevenu normal dans sa vie. Ce n’était pas évident de toujours cacher ses vraies émotions. Il fallait sans cesse qu’elle fasse attention à ce qu’elle disait et franchement, ce n’était pas son truc préféré. Elle qui préfère dire la vérité et vivre simplement se retrouvait à marcher sur des œufs. Parce que oui, elle est toujours en deuil alors que chacun à repris sa vie d’avant. Elle ne peut pas leur en vouloir mais pour elle, c’est bien différent. Cependant, avec Jaylen à ses côtés, elle peut se permettre de dire la vérité. Il l’a vu au plus bas et maintenant, elle va mieux. Pas entièrement mais elle fait des progrès. Des bébés pas comme on dit, chose bien meilleures que si elle faisait un pas trop grand pour retomber après. En tout cas, elle était contente de le retrouver. Il lui faisait du bien. Elle lui avoua cependant que les nuits étaient les plus dures. Elle qui était habituée à dormir entre les bras de son mari se retrouvait seule dans un grand lit. Il fallait qu’elle y prenne l’habitude mais ce n’était toujours pas le cas alors lorsqu’il lui avait dit qu’elle ne devait surtout pas hésiter à l’appeler, elle sourit. A trois heures du matin, ce n’était sûrement pas la meilleure des choses et lorsqu’il lui dit qu’effectivement il préférait pouvoir dormir un peu, elle fit mine de bouder. « Tu vois, même pas tu fais des efforts. » En même temps, elle comprenait. Et puis, ce n’était pas comme si elle allait vraiment aller le réveiller à cette heure là. Il fallait qu’elle trouve un moyen pour s’endormir en paix et rapidement. Chose pas toujours évident. Jaylen lui donna même une astuce. D’extérieur, ça pouvait sembler idiot mais en y réfléchissant bien, ça ne l’était pas tant que ça. Après tout, au moins, elle aurait une présence à ses côtés même si c’était seulement une peluche. Les détails qu’il lui donnait était tout à fait acceptable bien que là maintenant, ça ne l’aurait pas dérangé que de se retrouver à se disputer avec son mari. Tout pour qu’il soit enfin là à ses côtés. « Oui c’est vrai, il y a moins d’inconvenances qu’un être humain mais bon, la compagnie c’est bien aussi. Je ne sais pas si je prendrai un animal mais qui sait, tout est possible. » Il était vrai que malgré sa passion pour la planète et les animaux, elle n’avait jamais pris le temps d’en avoir un. Cela était notamment dû au fait qu’ils n’étaient pas souvent à la maison et que du coup, elle ne voulait pas laisser la pauvre bête seule. Elle aurait pu en prendre plusieurs mais elle trouvait que le problème était le même. Et puis au fond, Ian lui suffisait amplement. Maintenant qu’elle était seule et en manque de présence, c’était peut être la solution idéale. Au moins, elle aurait de quoi s’occuper et surtout aurait une présence le soir avec elle.

Il lui demanda alors ce qu’elle voulait manger. Elle n’avait pas encore tout à fait décidé Il fallait dire aussi qu’être végétarienne était souvent un inconvénient bien que les restaurant s’adaptent de plus en plus. Jaylen lui semblait toujours autant manger. Elle sourit. "Toujours aussi mangeur à ce que je vois. » Ce n’était pas méchant du tout, juste une constatation. Ils eurent à peine le temps de terminer de parler de leurs idées que le serveur arriva et leur demanda s’ils avaient choisi. C’était le cas pour le futur papa et elle aussi. Elle se décidait souvent quand elle disait les plats à voix haute. « Oui moi aussi. Je vais prendre une salade césar en entrée et des lasagnes végétariennes. » Elle laissa Jaylen passer sa commande et profita que le serveur commence à partir pour lui en demander plus sur son travail. « Alors dis moi, le travail se passe comment ? » Elle se rappelait le temps où Ian était lui aussi en train de combattre le feu. Chose qui lui avait coûté la vie. Cependant, elle ne pouvait pas lui en vouloir d’avoir voulu sauver un ami. C’était dans sa nature bien qu’elle était préférée qu’il soit en vie aujourd’hui.

Depuis qu’Ian avait quitté ce monde, Kaya avait eu des périodes plus ou moins difficiles. Le début avait été très compliqué. Elle pleurait sans arrêter sans même savoir ce qui déclenchait ses larmes. Aujourd’hui, c’était différent. Elle avait ses moments de solitude et de tristesse mais ils étaient moins présents. Comme si cela commençait à faire assez longtemps qu’il était parti. Ce n’était évidemment pas ce qu’elle désirait car il était clair qu’elle ne voulait toujours pas le perdre malgré que ce soit déjà le cas. Il était parti et elle l’avait alors perdu à tout jamais. Elle n’avait pas d’enfant pour l’apercevoir dans ses yeux ou le caractère. Alors elle était définitivement seule. Elle commençait à l’accepter bien que pour dormir ce soir autre chose. Dans leur grand lit vide, elle avait du mal à s’endormir. Elle ne pouvait plus se blottir contre personne ni espérer qu’il rentre juste tard. Parce qu’après tout, il n’était pas toujours présent lorsqu’elle s’endormait. Son métier faisait qu’il pouvait être appelé à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Alors lorsqu’elle lui dit que les nuits étaient les plus dures surtout vers quatre heures du matin et qu’il lui dit qu’il voulait dormir, elle ne put s’empêcher de faire une moue alors qu’elle le taquinait. "Moi ? Jamais voyons, tu me connais mieux que ça. » Et c’était bien pour ça qu’il le lui disait. Depuis toutes ces années à apprendre à se connaître, il savait qu’elle était du genre taquine et à aimer rire. Dernièrement, c’était un peu plus compliqué mais c’était ce qu’elle avait toujours aimé. Ils parlèrent alors de différents moyens pour qu’elle se sente moins seule. La peluche arriva en première. Au début, elle trouvait ça idiot mais finalement, est-ce que ça l’était vraiment ? "Oui c’est surement mieux comme ça. Je ne me vois pas avoir un animal pour le moment." Elle ne savait pas qu’en disant ça, elle allait finir par opter pour un chien au lieu d’une peluche. Pas parce qu’elle allait le décider par elle-même mais parce qu’un petit chien abandonné allait faire son apparition dans sa vie.

Ils parlèrent alors de ce qu’ils allaient manger. Il était toujours aussi difficile pour elle que de parler de nourriture. Elle s’obligeait à le faire parce que c’était plus sain et pour ne pas oublier les efforts de son mai pour l’épauler. Il fallait qu’elle fasse croire que ça ne la dérangeait pas et c’était bien ça le plus compliqué. "Tu sais que c’est une fausse excuse. » Elle rit. Au fond, elle pouvait comprendre qu’avec le métier qu’il faisait, il avait besoin d’énergie. Le serveur arriva alors au même moment pour prendre leur commande. Elle parla la première, laissant son ami commander par la suite. Elle rendit les cartes au serveur, le laissant s’en aller avant de demander à Jaylen plus d’information sur son travail. Ian lui racontait toujours sa journée et elle se retrouvait désormais sans nouveauté. Pas que ce soit non plus une mauvaise chose parce que si on ne regardait que le nombre d’incendie qu’il y avait, ce n’était pas vraiment très concluant. Bon, il y avait des petits bien entendu mais aussi des plus gros comme celui qui avait coûté la vie à son mari. "Oui je me doute. Ca ne doit pas être facile tous les jours d’affronter le feu. J’espère juste que les gens ne le font pas exprès." Parce qu’utiliser des équipements ou mourir à cause d’un pyromane, n’était pas l’idée que les pompiers se faisaient de leur travail. Elle se demanderait toujours pourquoi certains pyromanes faisaient brûler autant de choses. Certes, il aime voir le feu mais quand même, tuer des gens par la même occasion, c’est une bien drôle d’idée.

La conversation se retourna alors vers elle. Elle ne savait pas trop quoi lui dire. Depuis qu’elle se retrouvait seule, elle tentait de retrouver un sens à sa vie mais elle avait bien du mal à ce que ce soit le cas. Elle s’était cependant rapprocher de la fondation Keynes et c’était un gros changement dans sa vie. Elle espérait qu’elle pourrait aider les gens et pourquoi pas s’aider en même temps. « Je suis devenue bénévole pour la fondation Olivier Keynes. J’aide les personnes qui ont des problèmes notamment avec le droit et aussi par rapport à leurs poids. Bon je ne suis pas forcément la meilleure pour ce dernier point mais on y arrive petit à petit. » Et puis, en aidant les autres, peut être qu’elle arriverait à faire rentrer dans sa tête que ça vaut pour elle aussi.

Une peluche était peut-être ce qu’il lui fallait. Après tout, si elle en prenait une grosse, elle pourrait se blottir contre elle. C’était peut être l’occasion pour elle et surtout l’occasion pour elle se pouvoir à nouveau dormir. Depuis la mort d’Ian, elle avait bien du mal à ce que ce soit le cas. Elle dormait par à coups et si elle se réveillait, se rendormir était vraiment une galère. Avant, c’était différent. Même si elle dormait seule lorsqu’il travaillait de nuit, elle savait qu’il reviendrait. Peut être pas cette nuit là mais la prochaine et cela la rassurait et l’aidait à dormir. Elle tentait d’éviter de se dire qu’un malheur pourrait arriver car alors il se serait produit et elle n’aurait jamais dormi. Maintenant que le drame était arrivé, elle se disait qu’elle avait bien fait de profiter du temps où son mari était encore en vie. « Pas de soucis, je te dirai si j’ai besoin d’aide ou si je l’ai trouvé. » On allait probablement la regarder bizarrement et elle devrait alors dire que c’était pour un enfant. Bien que franchement, juger quelqu’un pour quelque chose qu’il aimait, c’était vraiment pas normal. Enfin on veut être dans la norme alors on ment comme souvent on pourrait se mentir à soi même. La ca serait différent. On ne lui poserait probablement pas la question pensant qu’il s’agira d’un cadeau pour un enfant ou un bébé.

Elle ne peut s’empêcher d’imaginer la tête de Jaylen s’il était tout rabougri comme il le disait si bien. Elle ne peut s’empêcher de rire. Après tout, avec le temps il le deviendrait peut être. Bon ça ne serait pas pour tout de suite bien évidemment mais ça lui arriverait probablement. Et s’ils étaient encore proches dans leur années de vieillesse, elle pourrait le voir d’une manière différente. « Oh je peux imaginer. Tu le seras surement lorsque tu seras vieux. » Ce n’était pas une obligation qu’il le soit mais il le serait probablement. Après tout, lorsque l’on devient plus âgé, c’est la vie qui prendre ce qu’elle a besoin et nous laisse plus aussi joli qu’avant. Quoique, ça dépend pour qui. Ils passent alors leurs commandes avant de changer de sujet. Ils parlent travail mais surtout celui de Jaylen. Avant, elle était au courant de beaucoup de choses, maintenant, ce n’était plus le cas. Elle ne savait pas si cela la dérangeait tellement mais la conversation avec son mari si. « Oui heureusement. C’est vrai que parfois on ne sait pas quoi faire non plus. On devrait nous apprendre ça à l’école. » Il était vrai que bien des accidents pouvaient être évités mais encore fallait-il que les gens soient éduqués dessus. L’école préparait à beaucoup de choses mais dans la vie pratique, pas tellement. Après tout, ils n’apprenaient pas à faire un budget ou à manger ni même savoir quoi faire si un feu se déclenchait. Ils apprenaient ça par eux même et c’était bien dommage. Avant, c’était différent, on formait vraiment les gens mais maintenant, si vous n’aviez pas de parents pour vous apprendre, c’était bien difficile de s’en sortir et de comprendre parfois les choses basiques de la vie. Elle ne trouvait pas ça normal mais apparemment, ce n’était pas près de changer. « Oui, ils mettent les autres en danger mais ils ne s’en préoccupent pas vraiment. » D’ailleurs, pourquoi s’en préoccuperaient-ils quand leur but est de voir les flammes les plus hautes possibles ?

La conversation se recentre alors vers elle. Malgré le temps passés loin de l’autre, elle n’a pas beaucoup de nouveautés à lui raconter. Elle peut simplement lui dire qu’elle est devenue bénévole dans une association. Cela lui fait du bien, lui change les idées. Et puis, ça m’occupe l’esprit. Je pense à des problèmes qui ne sont pas les miens, c’est le principal en ce moment. » Elle pouvait aussi contribuer à faire que ces jeunes aillent mieux et c’était très important pour elle. A leur âge, elle aussi avait eu des moments difficiles et elle avait pu s’en sortir grâce à l’aide de professionnels alors elle voulait faire de même. Enfin, elle n’était pas une professionnelle dans la santé mais si son expérience pouvait aider, alors ce serait une bonne chose. Et puis, peut être que ça l’aiderait elle-même. « Bien évidemment. Même si parfois, c’est bon aussi de prendre des plats préparés. » Elle n’était pas du genre à faire ça, regardant toujours avec minutie ce qu’elle mangeait mais elle savait que beaucoup de gens aimaient les plats préparés. Ils ne devaient donc pas tous êtres mauvais si ? Elle savait que beaucoup de colorants et d’additifs étaient ajoutés, ce qui par contre n’était pas bon pour la santé. Avec les séances qu’elle avait suivi plus jeune, elle était capable de reconnaître ce qui était bon pour la santé ou pas, les additifs, les sucres en plus à éviter. Et peut être avait-elle prit ça trop à cœur car désormais, elle regardait encore plus les aliments qu’elle choisissait. D’une bonne manière qui soit oui mais aussi elle ne s’autorisait plus vraiment les sucres ajoutés du tout et les plaisirs de la vie toute simple.