La logique voudrait que Clyde soit dans la salle de bain avec elle en ce moment, alors que l’attente est à son paroxysme, mais ils n’ont rien d’un couple et la brune refuse de bercer dans le sentimental par la force des choses. Cela ne leur ressemble pas, et ce n’est pas une grossesse hypothétique qui peut y changer quelque chose. Alors elle ferme la porte à double tour et se laisse tomber contre le mur en attendant que le résultat s’affiche tout en se doutant que le brun est aux abois derrière cette porte. Elle prend une longue inspiration et pose enfin son regard sur le bâtonnet avant de sentir sa respiration s’accélérer et sa vue se troubler alors que le petit écran affiche clairement que le résultat est positif. “Alors?” Elle sursaute, la brune, complètement perdue dans ses pensées alors que son esprit s’affole et la plonge dans tous ces traumatismes d’enfance qui l’empêchent de savoir comment réagir face à la bombe à retardement qu’elle tient entre ses doigts tremblants. Elle essaie de parler, mais les mots restent coincés dans sa gorge nouée, ses yeux fixant la porte close derrière laquelle elle devine que Clyde perd sans doute patience face à son silence. “Je peux rentrer?” Halsey secoue la tête, même s’il ne peut pas la voir, ses yeux se remplissant de larmes face à l’injustice de cette situation. Elle ne veut pas voir son monde s’écrouler et sa relation avec lui changer du tout au tout à cause d’une foutue grossesse non-désirée, elle ne veut pas faire face à tout ça et par-dessus tout, elle ne veut pas qu’il puisse la voir dans cet état. « Va-t’en. » lance-t-elle en passant sa manche sur son visage mouillé par les sanglots qu’elle essaie de garder discrets, pour qu’il ne se doute de rien. Elle semble oublier un instant qu’elle est chez lui et que par conséquent, il risque de trouver difficile d’abandonner son domicile. Mais pour l’heure, plus rien n’a de sens aux yeux de la brune.
Le silence qui se heurte à sa demande devrait lui mettre la puce à l’oreille, servir lui-même de réponse à sa question, et pourtant Clyde s’obstine à garder l’oreille collée à la porte dans l’attente d’un mot de la brune. Un instant seulement, le fossé qui se creuse entre eux ne l’atteint pas, et il se complaît dans la croyance que d’ici quelques secondes, ils seront rassurés quant à cette frayeur qui n’avait pas lieu d’être. Puis, enfin, lorsqu’il entend quelques sons étouffés et la voix d’Halsey qui lui parvient, c’est l’incompréhension, le doute et la panique. “Va-t’en.” “Quoi?!” Parce que dans aucun monde cette option n’est envisageable, et surtout pas dans le sien. L’information parvient finalement à son cerveau, et c’est la douche froide - il n’y a qu’une seule raison justifiant que la brune réagisse aussi mal, et il se refuse à mettre les mots sur ce qui se fraye pourtant un chemin dans son esprit. Il refuse que ce soit vrai, mais encore plus, il refuse d’être automatiquement rejeté hors de l’équation alors qu’il apparaît pourtant désormais qu’il en fait partie, qu’il ou elle le veuille ou non. Alors, le brun s’éloigne d’un geste brusque de la porte tandis que ses bras viennent cogner dessus avant qu’il ne se prenne la tête entre les mains, perdu comme jamais quant au comportement à adopter. Il n’est pas question de défoncer la porte, mais il l’est encore moins de partir de son propre appartement - le seul autre lieu où il pourrait se réfugier sans que personne ne lui pose de questions, ce serait chez la brune, et cela ne semble pas comme la meilleure idée en cet instant. Il aimerait la supplier et lui faire comprendre qu’il veut être là pour elle, qu’elle a besoin de lui quand bien même elle le hait peut-être terriblement désormais, mais supplier n’a jamais été dans ses gênes. Pas même pour elle, pas même pour eux. Alors il fait un pas en arrière, puis deux, souffle un bon coup et s’empare de sa veste puis de son téléphone. A cet instant, il espère encore qu’elle va se raviser, lui hurler de rester, ou à défaut, l’appeler dans la minute lorsqu’elle aura réalisé ce qu’elle vient de lui dire. “C’est bon, je m’en vais.” Et la porte claque, gong terrible sur une nouvelle qui l’est tout autant.
Elle s’en veut de lui offrir un silence en retour à sa question, et elle s’en veut encore plus de lui demander de partir alors que sa demande est justifiée. Il aimerait connaître le résultat du test, mais Halsey est tout simplement incapable de formuler à haute voix ce qu’elle a sous les yeux, parce que ça lui semble impossible. Elle ne peut pas accepter, ça lui paraît improbable comme situation et elle refuse de l’accepter, même si le bâtonnet sous ses yeux semble la narguer avec son résultat sans équivoque. “Quoi?!” Le brun s’exclame derrière la porte dans un savant mélange de surprise et de colère qu’elle ne peut que comprendre, ce qui ne l’empêche pas de s’enfermer dans un mutisme buté. Elle est trop choquée pour savoir quoi dire, quoi faire, alors que son monde s’écroule et qu’elle n’a aucun moyen de l’en empêcher. Elle sursaute une nouvelle fois quand il frappe un coup sur la porte avant de l’entendre s’éloigner de quelques pas. L’oreille tendue, Halsey comprend qu’il la prend au mot et qu’il s’empare de ses clés avant de se diriger vers l’entrée. “C’est bon, je m’en vais.” Il referme derrière lui avec violence et enfin, la brunette se laisse aller. Les larmes coulent le long de ses joues et sa respiration se fait plus difficile tandis qu’elle prend conscience de l’ampleur du problème. Elle le veut près d’elle autant qu’elle le veut le plus loin possible, pour ne pas avoir à entendre ses excuses lorsqu’il essaiera de lui faire comprendre qu’il ne peut pas assumer quoique ce soit avec elle. Parce qu’une part d’elle sait que c’est ce qu’elle ferait si elle était à sa place, alors pourquoi s’attendre à une réaction différente de sa part ? Il valait mieux qu’elle s’attende au pire, au moins la déception serait moins violente. Une fois qu’elle est certaine qu’il est parti pour ne pas revenir, la brune s’autorise à sortir de la salle de bain en reniflant, ayant besoin d’une nouvelle tasse de café pour faire passer la pilule – comble de l’ironie. Sans même réfléchir, elle en fait pour eux deux, une habitude qui se veut tenace en dépit des années, et une fois sa tasse servie, elle s’allume une cigarette en essayant de ne pas penser au fait que ce geste était nocif pour elle, mais pour cette chose qui avait décidé d’élire domicile dans son ventre. Seigneur.
La porte claque si fort en comparaison des pas du brun, qui marquent un coup d’arrêt brusque et pourtant si silencieux alors qu’il vient à peine de faire un mètre ou deux hors de chez lui. Il est parti vite, trop vite, car il ne voyait plus d’autre option dans laquelle il ne passait pas pour l’homme qu’il n’est pas - celui qui insiste, qui supplie, qui s’écrase. Il a de nombreux défauts et certains seraient tentés de qualifier ainsi son ego, mais pour lui il s’agit davantage d’un mécanisme de survie, qu’il traîne depuis plus de trente ans déjà et qui ne l’a jamais desservi. Ne pas laisser ses émotions et ses sentiments prendre le pas sur sa liberté - promesse qu’il a depuis bien longtemps foulée en laissant Halsey occuper la place qu’elle possède aujourd’hui dans sa vie, qui va à l’encontre même de son instinct de préservation le plus primaire. Et pourtant, c’est bien car il s’agit de la brune qu’il est resté aussi longtemps qu’elle voulait de lui, et qu’il se refuse à insister dès lors qu’elle a décidé de le rejeter.
Pourtant, il meurt d’envie de connaître la réponse à ce foutu test et d’essayer d’imaginer ce à quoi la suite va ressembler pour eux - car envers et contre tout, il n’imagine pas un instant que cette porte claquée représente un adieu définitif. Simplement temporaire, le temps qu’elle se calme, et qu’il remette ses esprits en ordre pour comprendre enfin qu’il lui faudra irrémédiablement faire face à son putain d’ego pour repasser la porte de chez lui. Alors, en attendant, il laisse ses pas traîner dans la rue jusqu’à se retrouver face au lieu qu’ils ont foulé, à deux, à peine quelques minutes plus tôt. Un instant, il hésite, fait un pas à l’intérieur puis ressort, se gratte la tête pour se demander s’il n’est pas devenu fou puis râle contre lui-même et se retrouve enfin à la hauteur du comptoir qu’il vient à peine de quitter. L’employé le reconnaît - difficile de s’attendre au contraire - et lève un sourcil surpris, alors que Clyde se laisse aller à la plus hasardeuse des questions qu’il ait jamais posées - est-ce qu’il existe une chance sur un milliard pour qu’un test se révèle négatif? Lorsqu’il obtient la réponse qu’il n’attendait presque plus, ses doigts claquent et il fait signe qu’on vide l’étagère d’un de chaque - au cas-où, et peu importe à quel point l’employé le fixe comme s’il était le dernier des demeurés. L’idée ne lui semble pas si irréaliste, du moins jusqu’à ce qu’il se retrouve à nouveau sur le pas de chez lui, une dizaine de tests dans un sac en carton auquel il s'agrippe sans raison avant de se décider à tourner les clés dans la serrure. A bien y réfléchir, c’était une idée de merde, en fait.
Maintenant que Clyde a bel et bien quitté l’appartement, Halsey se sent encore plus seule que lorsqu’elle était affalée sur le sol de la salle de bain après avoir pris connaissance du résultat de ce test. Et c’est de sa faute, parce qu’elle lui a demandé de partir et qu’il n’a fait que l’écouter pour apaiser une éventuelle colère, éviter une possible dispute. C’est sa façon de se défendre à la brune, elle préfère couper court avant de se retrouver dans une spirale infernale où elle ressortirait blessée par la personne à laquelle elle tient le plus. Parce qu’elle lui a donné ce pouvoir à Clyde, sans même qu’il ne s’en rende compte, probablement. Et maintenant ils se retrouvent à gérer une situation qui leur tombe dessus comme une enclume, et elle ne parvient même pas à le faire en sa présence. Elle ne sait pas ce qu’elle retrouvera dans son regard lorsqu’il sera face à elle et elle a peur, elle appréhende. Quand elle sort de la salle de bain, elle se doute qu’il ne va pas tarder à revenir – parce qu’après tout il s’agit de son appartement, hein – mais elle profite de ces quelques minutes de répit qu’il a accepté de lui offrir, parce qu’il est comme ça, Clyde. Lui doit savoir que les résultats ne sont pas ce qu’ils espéraient et forcément, la nouvelle ne doit pas être facile à digérer pour lui non plus, et elle se demande ce qu’il pense et ce qu’il fait en cet instant. Ses sourcils restent froncés et elle frotte une nouvelle fois ses yeux rougis par les larmes qu’elle s’en veut de faire couler pour ça, parce qu’elle aimerait être un peu plus forte. La cigarette qu’elle allume lui fait du bien, elle l’apaise et la réconforte un petit peu. Elle l’oblige même à prendre un peu l’air et à poser son regard sur la vie là dehors qui elle, ne s’est pas arrêté d’avancer. Perdue, ses yeux fixent un point au loin quand son attention se reporte sur la porte d’entrée, parce qu’elle entend un bruit de clé et qu’elle comprend qu’il est de retour. Son cœur s’affole à nouveau, et elle lève le nez vers lui afin que leurs regards se croisent et se comprennent, le temps que les mots parviennent à suivre le rythme. « Salut. » Lance-t-elle finalement sans trop savoir quoi dire, haussant un sourcil en apercevant le sac auquel il s’accroche. « C’est quoi ? » Commencer par des banalités avant de rentrer dans le vif du sujet, ça n’est pas un mauvais plan, pas vrai ?
Il ne faut pas bien longtemps à Clyde pour repérer les larmes séchées et les yeux rougis de la brune, sans avoir finalement besoin de demander l’origine de tout cela. La question lui brûle la gorge, mais il connaît déjà la réponse - sans doute aura-t-il besoin de l’entendre, mais se jeter sur Halsey à peine la porte franchie n’est pas une bonne idée et il le sait. Alors, pendant un court instant, ils se fixent sans qu’aucun mot ne vienne briser le seul moment de calme et d’entente qu’ils connaissent aujourd’hui. Il espère que le simple regard qu’il pose sur elle suffira à la faire changer d’avis, à ravaler son indépendance et son besoin de tout contrôler pour l’informer de ce qu’il a le droit de savoir, car il s’agit aussi de lui. “Salut.” Ce n’est pas tout à fait ça, mais c’est déjà un pas qui lui permet de lâcher un soupir en réalisant qu’elle ne compte pas le mettre dehors une fois de plus - du moins, pas tout de suite. “Salut.” Son ton à lui se veut posé mais ferme. Il est là pour rester et ne repartira plus, peu importe ce qu’elle lui lancera à la figure. “C’est quoi?” Une connerie? Il se racle la gorge, Clyde, bien mal à l’aise de devoir expliquer l’idée qui lui a traversé l’esprit lorsqu’il a décidé de prendre la décision la plus illogique de son histoire - dix tests, était-ce vraiment utile? “Je… On m’a dit que les tests étaient pas tous fiables.” Parce qu’elle n’a pas eu besoin de prononcer les mots, mais il se doute de l’annonce du premier. “J’sais pas, j’y connais rien moi.” De toute évidence, en effet. Puis, plutôt que de perpétuer un suspens qui n’a pas lieu d’être, il sort un test et un seul du sac. “Au cas-où…” Au cas-où ils soient le cas sur cent qui déconne, qui ne suit et ne suivra jamais les règles - après tout, il s’agit de l’histoire de leur vie. Alors, le brun fait un pas de plus vers Halsey et dépose le sachet sur la table, comme pour ne pas avouer directement le ridicule de sa dernière idée en date, qui en serait presque amusant s’ils n’étaient pas tous deux sur le point d’exploser.
La brune est soulagée de voir qu’en dépit de sa demande de quitter l’appartement, Clyde ne semble pas lui en vouloir. Au contraire, il pose un regard exempt de toute rancœur sur elle, et ça la rassure. Elle s’autorise à faire un premier pas vers lui, pas encore prête à lui dire ce dont il se doute déjà. “Salut.” Un maigre sourire étire les lèvres de Halsey tandis qu’elle désigne d’un geste le sac qu’il tient entre ses doigts, avide de savoir ce qu’il a pu fabriquer pendant qu’elle s’appesantissait sur son sort, seule dans la salle de bain. La question a l’air de le mettre mal à l’aise et elle hausse un sourcil, la brune, curieuse au point de jeter sa cigarette au loin pour se rapprocher de lui. “Je… On m’a dit que les tests étaient pas tous fiables.” Cette fois, la jeune femme ne peut retenir sa surprise en prenant conscience qu’il est retourné acheter des tests à cause de sa réaction, une façon à lui de lui montrer encore une fois qu’il est là, alors qu’elle fait tout pour le repousser. “J’sais pas, j’y connais rien moi.” Et elle non plus, mais elle trouve qu’en cet instant, il gère bien mieux la situation qu’elle. “Au cas-où…” Son regard se pose sur le test qu’il dépose sur la table avec précaution et un soupir s’échappe des lèvres de la brunette qui retient péniblement un nouveau flot de larmes. Sans rien dire, elle s’avance et se laisse aller dans ses bras, là où elle puise tout le réconfort dont elle a besoin. Ils ne se disent pas souvent les choses, mais ce genre de geste laisse peu de place à l’interprétation. Les yeux fermés, elle respire son parfum en espérant que ça ne soit pas la dernière fois qu’elle pourra profiter de son étreinte et enfin, elle attrape le test et se dirige à nouveau vers la salle de bain. « Je suppose que ça ne sert à rien de faire durer le suspense. » Sa voix est dure, mais c’est parce qu’elle essaie de pallier la terreur qui prend possession d’elle rien qu’à imaginer que le résultat soit positif, une fois de plus. Elle referme la porte et se plie à nouveau à l’exercice, sauf que cette fois, elle ne se laisse pas tomber au sol en attendant l’inévitable. A la place, elle ouvre à nouveau la porte et l’interroge du regard. « Tu viens ? »
Un instant, il se demande si la brune va hésiter à le foutre dehors pour avoir osé prendre un libre arbitre qui devrait plutôt lui être réservée, ou si elle va s’amuser de tant de bêtises. Finalement, il est presque surpris de la voir se pincer les lèvres pour retenir ce qu’il imagine être un nouveau flot de larmes, à en juger par ses yeux bouffis et ses joues rougies qui ne la rendent pourtant pas un instant moins belle à ses yeux. Il aimerait la prendre dans ses bras mais n’ose réellement faire un pas de plus après la manière dont elle l’a éloigné, et il ne peut donc retenir un soupir de soulagement lorsque la brune elle-même fond sur lui. Il aimerait la serrer comme jamais mais se retient chastement, préférant profiter de quelques secondes de silence pour plonger son visage dans ses cheveux et se perdre au même endroit que celui où il aurait naïvement aimé passer la journée.
Puis il la laisse se détacher à regret et ses doigts glissent sur le test qui change de main - après tout, cette idée n’est peut-être pas la pire qu’il ait jamais eue. “Je suppose que ça ne sert à rien de faire durer le suspense.” A croire que l’habitude commence étonnamment à se forger - ou plutôt, que la brune est prête à tout pour entretenir l’espoir d’une plus heureuse nouvelle. Alors il hoche la tête et la laisse disparaître dans la salle de bain, toujours aussi peu patient quant à l’issue de ce test qui semble durer des heures - il serait presque prêt à parier qu’il est plus long que le premier, tant le doute est désormais insupportable. “Tu viens?” Il la regarde avec circonspection, la porte qui s’ouvre sur une Halsey bien loin de celle qui lui a intimé de partir de chez lui même pas quinze minutes auparavant. Il finit par s’avancer un peu maladroitement, le brun, tandis qu’il ne peut s’empêcher de se passer une main presque tremblante sur le visage. Les sautes d’humeur et les émotions qui tirent d’un extrême à l’autre, c’est un truc de femme enceinte, n’est-ce pas? Oh non. "Ça dit quoi?” Car là, c’est à n’y plus rien comprendre.
Cette étreinte lui fait du bien et la rassure lorsqu’il la serre contre lui dans ce qui semble être un soupir de soulagement. Elle regrette de lui avoir demandé de partir mais il fallait qu’elle réfléchisse seule à ce que cette éventuelle grossesse peut bien impliquer pour eux, pour elle. Le fait qu’il ait songé à en prendre un autre est plutôt remarquable, compte tenu de la situation, et elle se détache de lui pour refaire une tentative, espérant que l’issue sera négative cette fois. Elle referme la porte dans un soupir, refaits les exacts mêmes gestes, et lui ouvre ensuite pour lui offrir la possibilité de venir, cette fois-ci. Lui-même est étonné de ce brusque changement d’attitude, mais elle s’efforce surtout de mettre son égoïsme sur pause pour le faire participer, tentant d’étouffer la crainte qui prend possession d’elle à l’idée de ce qu’il pourrait dire ou faire si à nouveau, le test est positif. "Ça dit quoi?” En retrait malgré tout, Clyde pose un regard inquiet sur elle tandis qu’elle en fait de même, mais sur le bâtonnet qu’elle tient entre ses mains. « Négatif. » Lâche-t-elle finalement avant de froncer les sourcils et de relever le nez vers Clyde. « Ça veut dire quoi ? » Elle observe à nouveau le résultat avant de passer une main fatiguée sur son visage. « Comment on peut avoir un résultat positif suivi d’un résultat négatif ? Ça n’a aucun sens ! » Sa voix trahi son irritation et surtout, son anxiété. La brune aimerait être fixée, savoir à quoi s’attendre afin de prévoir la suite, et la voilà plus troublée que lors du premier test. « Je pensais que c’était fiable ces trucs-là. » Conclut-elle en le jetant à la poubelle en levant les yeux au ciel, ne sachant comment réagir face à l’agitation qui s’emparait d’elle. « Tu dois penser que je suis folle. » Lâche-t-elle ensuite en l’observant, lui qui reste muet alors qu’elle ne peut retenir les émotions contradictoires qui s’emparent d’elle face à cette situation absolument impensable.
A croire que l’expectative n’est pas prête de retomber, qu’ils sont condamnés à errer dans cet entre-deux fait de doutes et d’incertitudes dans lequel l’espoir ne meurt jamais vraiment. “Négatif.” Ça veut dire quoi? “Ça veut dire quoi?” Ah. Ils sont là, deux adultes aux visages creusés par le stress autour d’un petit objet qui leur cause pourtant les incompréhensions les plus grandes. “J’en sais rien putain…” Il a l’insulte facile Clyde, lorsqu’il ne fait pas l’effort de formuler des idées plus réfléchies que ce qui lui passe instantanément par la tête - et la réflexion, c’est justement ce qui lui manque à l’instant, quand bien même il n’y a pas mal grand chose auquel réfléchir. Car ils ne savent pas, et se retrouvent au point de départ, en pire, puisqu’il est désormais impossible d’espérer une issue quelle qu’elle soit. “Comment on peut avoir un résultat positif suivi d’un résultat négatif? Ça n’a aucun sens! Je pensais que c’était fiable ces trucs-là.” “Moi aussi, mais le mec m’a dit qu’il y avait souvent des erreurs. C’est pour ça que…” Pour ça que quoi, Clyde? Pour ça que tu as acheté dix tests différents? Heureusement pour lui, son aveu presque honteux est interrompu par Halsey qui jette le test dans la poubelle d’un geste de colère que le brun peut difficilement remettre en cause. “Tu dois penser que je suis folle.” Il en pense beaucoup de choses de toute cette situation, le brun, mais certainement pas qu’elle est folle. “Non, pas du tout” qu’il lâche en essayant de lui sourire maladroitement avant de ressortir de la pièce pour attraper son téléphone resté sur la table. S’il s’écoutait, il aurait proféré plus de jurons que socialement acceptable et aurait profité qu’elle le foute à la porte pour s’évader loin, très loin. La situation les rend fous tous les deux, mais Clyde prend sur lui autant que possible - car ce qu’il veut, c’est une réponse, et il la cherche désormais en pianotant frénétiquement sur son téléphone à la recherche de n’importe quelle information qui les sortirait de cette incertitude. “Apparemment quand les tests marchent pas il faut faire une prise de sang. C’est plus fiable.” C’est une bonne chose qu’il ait un ami médecin, en fin de compte.
Ils s’observent et la lueur d’incompréhension dans leur regard s’intensifie en même temps que les questions se bousculent dans leur esprit. Un résultat positif et un résultat négatif, comment est-ce possible ? Halsey se demande si cette situation arrive régulièrement ou si elle est l’exception qui confirme la règle. “J’en sais rien putain…” La brune plisse les lèvres et réfléchit à voix haute, comme si ça allait pouvoir l’aider à y voir plus clair. “Moi aussi, mais le mec m’a dit qu’il y avait souvent des erreurs. C’est pour ça que…” L’irritation prend le pas sur l’incompréhension et la brunette l’écoute à peine, son attention étant focalisée sur ce test qui semble la narguer avec son résultat brumeux. D’un geste nerveux, elle le balance dans la poubelle avant de relever le nez vers lui, inquiète malgré tout de ce qu’il pourrait penser de la voir dans cet état-là – elle n’en est pas encore au stade de l’hystérie, mais pas loin quand même. “Non, pas du tout” Il lui sourit faiblement avant de sortir et de s’emparer de son téléphone. Elle l’imite, mais se dirige une nouvelle fois vers le balcon pour s’allumer une autre cigarette – c’est encore la seule chose qu’elle semble être en mesure de contrôler en ce moment, sa consommation de nicotine. Elle tire une taffe et l’observe pianoter sur son téléphone avec un air concentré, comme s’il était sur le point de faire une découverte magistrale, et elle se demande ce qu’il tape dans la barre de recherche ; comment disparaître sans laisser de traces ? Manipuler un test de paternité ? Elle s’en veut de lui porter de telles intentions, mais une part d’elle est encore étonnée de le voir ici avec elle. “Apparemment quand les tests marchent pas il faut faire une prise de sang. C’est plus fiable.” Voilà donc ce qu’il faisait. Il semble sincèrement impacté par l’idée de cette grossesse et en même temps, il cherche des solutions et n’a pas encore disparu en claquant la porte derrière lui. Halsey souffle la fumée sans cesser de le fixer et finit par hausser les épaules, fataliste. « Je vais prendre rendez-vous alors. » Le temps semble comme figé et elle ne sait pas quoi dire ou quoi faire maintenant que l’attente promet de s’étaler sur plusieurs jours, les laissant dans l’incertitude la plus complète jusque-là.
Trop occupé à pianoter son téléphone, Clyde ne réalise pas qu’Halsey tire sur sa cigarette comme si sa vie en dépendait, alors qu’il s’agit probablement de la dernière chose à faire. S’il a eu le réflexe de vouloir être fixé quant au test, il n’a pas celui de réaliser qu’avec cette action, la brune se fait du mal, fait du mal à cette chose potentiellement présente entre eux désormais. Alors, lorsqu’il relève la tête vers elle, la vision de la brune avec une cigarette en main n’est que celle qu’il a depuis dix ans et qu’il n’oserait désormais plus remettre en cause - quand bien même il espère qu’elle finira par arrêter, un jour. Car elle se tue à petit feu, et que si lui a été capable de s’éloigner de cette merde pour sa propre santé, il ne peut qu’espérer qu’elle fera de même. Pourtant, ce n’est pour l’instant pas sa préoccupation principale, et il secoue son téléphone en sa direction pour signifier qu’il a trouvé ce qu’il cherchait - un moyen de s’extirper pour de bon de cet état flottant dans lequel ils sont tous les deux plongés, rongés par l’inquiétude et l’incertitude. Cette fois, il voit bien qu’Halsey le fixe, comme si elle cherchait à comprendre ce qu’il peut bien faire alors qu’elle hausse les épaules d’un air fataliste. Que plus rien ne puisse la rassurer désormais est concevable, étant donné l’aide absolument inexistante que leur ont apporté les tests - néanmoins, il espère qu’il n’aura pas à la forcer à faire cette foutue prise de sang. Car si la jeune femme refuse, reporte, ou prétend qu’elle doit y réfléchir, il ne saurait l’accepter - il a besoin d’une réponse, et sa bienveillance envers Halsey trouvera ses limites si tôt qu’ils se diviseront à ce sujet. “Je vais prendre rendez-vous alors.” Les épaules de Clyde s’affaissent de soulagement alors qu’il esquisse un sourire désolé devant le visage dépité de la jeune femme. Ce n’est pas ainsi qu’il veut la voir, et être le témoin silencieux de son apathie est la pire expérience qu’il lui ait été donnée de vivre à ses côtés. “J’ai un pote qui bosse à l'hôpital, je te file son numéro il t’aura un rendez-vous dans la journée.” Le brun ne saurait souffrir de voir Halsey dans cet état plus longtemps, et les vingt-quatre heures qui se profilent jusqu’au résultat risquent d’être les plus longues jamais vécues.
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