Quand bien même Clyde venait de se montrer honnête - ce qui n’était pas toujours gagné avec lui - et de jouer carte sur table avec le Walker, ce dernier resta mutique en hochant la tête alors que le journaliste continuait de se diriger vers le coffre qui contenait visiblement le stock d’alcool qui ne devait pas être mince. Il finit par attraper la bière que lui tendait le brun, qui ne semblait pas encore décidé sur l’attitude à adopter face à lui. En soit, il ne pouvait que le comprendre, étant donné qu’il se méfiait lui-même comme de la peste des personnes sur lesquelles il pouvait avoir le moindre doute. Alors, maintenant que Clyde venait de lui révéler qu’il agissait pour les pires gens qui existaient - les médias - nul doute qu’il ne tombait pas dans la catégorie favorite du Walker. “Je peux au moins savoir ton prénom?” “Clyde” qu’il répondit du tac au tac avant de prendre une gorgée à son tour, un sourire mystérieux sur les lèvres. Il ne lui voulait aucun mal mais comprenait amplement sa méfiance, même s’il espérait réussir à dérider le brun, car il ne voulait pas devoir partir tout de suite maintenant qu’il avait découvert un tel endroit. “Clyde Wakefield, je fais de l’investigation.” All in, désormais. “Tu peux demander à Lexie, mais elle me traitera peut-être de con, cela dit.” A bien y réfléchir, Clyde ne se trouvait pas dans la meilleure position en ayant décidé d’être honnête - car pour peu que le brun prenne l’opinion de sa sœur pour argent comptant, il ne porterait peut-être pas non plus Clyde dans son cœur. A vrai dire, les deux employés d’ABC avaient connu des débuts difficiles, Clyde doutant du sérieux de la jeune femme et par extension de sa propension à faire la une des journaux, chose qu’elle lui avait renvoyé à la figure avant qu’ils ne se calment tous deux et que leur matinée passée ensemble finisse enfin par porter ses fruits. Les interviews qu’ils avaient menées s’étaient bien passées, mais cela ne voulait pour autant pas dire qu’ils étaient bons amis - loin de là, tant ils étaient différents.

“Pas que ça change la donne maintenant, de toute façon tu es là et tu sais tout. Je sais que je ne t'achèterais pas.” Et c’était bien dommage, car en d’autres circonstances, Clyde était pourtant exactement le genre d’homme que l’on pouvait acheter - il en avait même fait son gagne pain secondaire, qui lui avait finalement rapporté bien plus gros que ses activités officielles. Il se garda pourtant bien de préciser cela, préférant hocher la tête et laisser ses yeux passer de la bière aux bécanes, avant de se poser à nouveau sur Channing, pour éviter une confrontation de regards qui n’avait pas lieu d’être. Il n’était pas question d’établir un rapport de force - ce qui était bien rare chez Clyde, mais avait tout à voir avec les bécanes, qui faisaient partie de ses passions qui n’étaient pas encore infiltrées par ses calculs constants. Il aurait tout intérêt à faire chanter Channing, ou mieux, à monter un dossier béton pour faire état de ce qu’il se passait ici, mais il savait par avance qu’il aurait envie de revenir - et rien que pour ça, il ne comptait pas piper mot à ce propos. “Y a pas besoin de m’acheter, j’ai pas l’intention de dire quoi que ce soit.” Son ton était calme, neutre, et il le voulait aussi sincère que possible alors qu’une nouvelle gorgée de bière venait couler le long de sa gorge. “Au contraire, j’attendais que ça de trouver un endroit pareil.” Et il était réellement impressionné, à en juger par ses sourcils arqués à chaque fois qu’il passait les yeux sur toutes les bécanes rassemblées. “On a tous des trucs à cacher, et des fois mieux vaut que ça reste comme ça.” Et lui en avait beaucoup, dont il n’était pas question que l’existence soit dévoilée, même parfois aux personnes les plus proches de lui. En revanche, cela ne l'empêchait pas d'aller creuser dans les secrets des autres, surtout lorsqu'ils ne méritaient - mais du peu qu'il en voyait, Channing ne faisait pas partie de cette catégorie.

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De nombreuses pensées se bousculaient dans son esprit. Il pouvait même entendre son coeur s'affoler un peu, sans qu'il n'y puisse rien. Channing était pourtant d'un ordinaire calme, et savait se contrôler dans bon nombre de situations. Garder les idées claires était son mot d'ordre, quoiqu'il arrive. Mais dans l'immédiat, l'héritier sentait le sol se fissurer sous ses pieds, impuissant. et c'est ce qui le terrifiait. Il prit une gorgée de sa bière, regardant le journaliste après lui avoir tendu la sienne. « Clyde. » il ne mentait pas. Dans l'attitude et la voix de l'homme, il en était certain. Mais son sourire sur ses lèvres faisait persister le doute chez le brun. Il ne mentait pas, mais ne lui disait pas tout non plus. Il n'avait aucune raison valable de le faire, et ils en étaient tout deux conscients. « Clyde Wakefield, je fais de l’investigation. » pourtant, à nouveau, il jouait la carte de l'honnêteté. La raison lui échappait encore, à moins que l'autre soit véritablement bien intentionné. Au fond, était-ce possible ? pouvait-il l'espérer ? Le fait de subir la situation et de se torturer l'esprit ne l'aidait en rien à rassembler ses idées. « Tu peux demander à Lexie, mais elle me traitera peut-être de con, cela dit. » Un sourire vint étirer le coin de ses lèvres, ce dernier un peu nerveux ceci dit. Il connaissait bien sa petite soeur, et si Clyde était aussi honnête qu'il semblait l'être alors effectivement le feu avait dû rencontrer l'essence. « Beaucoup sont des cons pour Lexie. » avoua t'il en lui jetant un regard chaste. Il lui offrait des informations sur sa personne comme pour les mettre sur un pied d'égalité, mais Chan n'en restait pas moins méfiant. C'était stupide dans un sens, mais les possibilités qui s'offraient à lui n'étaient pas nombreuses. Il en avait deux. Se mettre à sourire comme un idiot, lui taper sur l'épaule et faire comme si tout cela ne l'atteignait pas, ou à l'image de la franchise du journaliste être sincère sur son ressenti. Channing n'avait pas hésité une seconde avant d'opter pour la seconde option.

Tous les médias ont un prix, dans une situation ordinaire. Ils font partis de ceux qu'on peut acheter, et en l'occurrence le brun aurait sûrement eu la somme nécessaire. Mais dans leur situation, aucun nombre à plusieurs zéros ne changerait la donne. Ce n'était pas un paiement numéraire que voulait le motard. Le Walker continua de s'avancer entre les bécanes, buvant sa bière à petites gorgées pour éviter de devoir retourner au coffre trop tôt. Il faisait ça depuis des années, et pourtant l'ambiance l'électrisait toujours autant. Détail qu'il prit soin de remarquer également chez son partenaire. « Y a pas besoin de m’acheter, j’ai pas l’intention de dire quoi que ce soit. » Le brun s'arrêta lentement pour le regarder, fronçant un peu les sourcils. Il voulait le croire, du plus profond de son être. Son ton neutre et sincère sonnait terriblement vrai. Il le laissa poursuivre en silence. « Au contraire, j’attendais que ça de trouver un endroit pareil. On a tous des trucs à cacher, et des fois mieux vaut que ça reste comme ça. » Lentement, ses épaules retombèrent et Channing eu l'impression de pouvoir respirer à nouveau. Il s'autorisait cette fois à vraiment y croire et un léger souffle s'échappa de ses lèvres. Il ne pouvait que le rejoindre sur ses paroles. Certains démons sont en sécurité où ils sont, et il est préférable de les y laisser. Il ne s'attarda pas sur ce qu'il pouvait bien cacher toutefois, cela ne l'intéressait pas dans la mesure où il se rangeait de son côté dans les courses. C'était tout ce qui l'importait. « Dans ce cas, bienvenue. » Il leva sa bière à moitié pleine vers lui, s'autorisant à sourire un peu et à relâcher la pression. Il avait beaucoup de chance cette fois-ci, et il avait bien l'intention de conforter Clyde dans sa décision.

Les deux hommes passèrent le restant de la nuit à parler et partager quelques bières, admirant les bécanes rutilantes des participants, avant de rentrer à leurs domiciles respectifs un peu avant le lever du soleil. et pour couronner le tout, bien sûr, Clyde habitait également à Spring Hill. Le fils des Walker n'était pas prêt d'oublier ni cette nuit, ni le journaliste.

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