« Le temps ne veut pas faire demi-tour… » mia mckullan & mason bradford
Si il y avait bien une personne que Mason aurait parié, cru pouvoir le supporter jusqu’au bout, en dehors de sa sœur, c’était bien elle qui se tient devant lui, Mia McKullan. Il n’avait pas cru bon de prendre de ses nouvelles, de l’appeler ses dernières semaines. Leur relation est faite de bas et de haut. Surtout de bas, depuis qu’ils se sont séparés en 2019, depuis qu’elle lui a tourné le dos, pour une énième dispute. Trop d’arrogance, de je m’en foutisme en lui, et il n’a pas supporté ses paroles amère. Elle n’a pas supporté son indifférence. Il ne saurait exactement ce qu’elle pouvait lui reprocher, peut-être n’était-il pas simplement fait l’un pour l’autre, Mason ne se pose guère de question, en réalité. Mais elle est là, devant lui, dos tourné en direction de cette étendue. Lui, se tient à distance, juste derrière elle. Il aimerait combler cette putain de distance qu’il a instauré lui-même, par la force des choses. Il aimerait lui promettre que désormais tout ira, qu’ils sont faits pour se tenir la main et avancer. Mais c’est faux, entièrement faux, totalement faux. Et ça lui fait un mal de chien à Mason de ne pas avoir été à la hauteur. De ne pas avoir été présent pour elle, de ne pas avoir été à ses côtés. Il ignore tout ce qu’elle a enduré ses derniers temps, ce par quoi elle est passée pour se retrouver face à cette étendue d’eau qu’elle connaît aussi bien que lui. La planche à ses pieds. Il fronce les sourcils alors qu’il s’aperçoit qu’elle reste distante à tout ce qui l’entoure. Qu’est-il devenu de la Mia qu’il connaissait ? La téméraire, celle qui ne lâchait jamais ? Celle qui était capable de déplacer des montagnes pour ses rêves, ou par amour ? Envolé loin, quand il relève ses yeux sur elle, et qu’il la regarde de loin. Il se demande ce qu’il fout là, ce qu’elle pourrait bien lui dire aujourd’hui. Elle n’allait sans doute pas l’accueillir les bras ouverts, le cœur en joie. Elle n’allait pas être satisfaite de se retrouver face à ce passé de sa vie, et pourtant, il aurait voulu lui apporter tant. Il aurait voulu qu’elle le voit comme ce sauveur, comme ce pilier. Parce que malgré tout, elle est un peu comme une sœur, essentiel à un équilibre qu’il a fini par perdre, par laisser échapper au fil du temps. Ses pas parviennent à se faire entendre aux oreilles de l’Australienne qui ne tourne pourtant pas son regard sur lui, qui ne l’affronte pas directement. Est-ce qu’elle lui en voudrait ? En serait-elle capable ? De pas être venu la voir à l’hôpital. Il serait mentir que de dire qu’il ne savait pas. Ici, tous le savait. Mais il n’avait jamais trouvé le courage de se rendre jusqu’à son chevet. Probablement parce que tomber sur Dylane ou sur Nick d’ailleurs, n’était aujourd’hui plus dans ses plans. « Mia ?! » Sa voix brutalise le silence, c’est rauque, c’est fort, assez pour que ça parvienne jusqu’à son oreille, alors qu’il met sa main sur son épaule, « qu’est-ce qu’il se passe ? » Pourquoi est-elle ici, et pas dans l’eau ?
Mon regard fixe l’horizon depuis quelques minutes. Mon corps est figé, incapable de bouger. L’océan a perte de vue m’effraie… Parce que le dernier souvenir qu’il me laisse est mauvais. Cette eau a failli m’emporter avec elle pour de bon alors qu’elle a toujours été une échappatoire. Un moyen pour moi d’oublier quelques instants tous les maux. Et pourtant, ce matin, je suis incapable ne serait-ce que de mettre un orteil dedans. Un cauchemar… Que je fais encore toutes les nuits et qui, pourtant, est réel. Une noyade à laquelle j’ai réchappé, alors que mes pensées étaient ailleurs. Absorbées par le retour de mon père et tout le reste. Depuis, je n’ai pas remis un pied ici. C’est la première fois depuis cet accident de surf fin septembre. Pratiquement deux mois. Je ne prends la peine de revenir que maintenant, bien que j’en ai eu envie plus d’une fois, même lorsque je portais encore mes béquilles. Parce que je passais mes journées à ruminer, à ressasser, à être en colère. J’en ai été incapable cependant. Alors aujourd’hui, je prends mon courage à deux mains parce que c’est trop… beaucoup trop. Que j’ai besoin de me changer les idées. Mais, à cette heure, je me rends compte que je ne parviendrai jamais à y retourner…
Pourtant, ils sont nombreux les surfeurs ce matin. Les vagues secouent l’océan frénétiquement, la brise est agréable et les rayons du soleil transpercent les quelques nuages qui se trouvent ici et là. J’ai envie d’y aller… mais j’ai peur. Peur que ça recommence, peur de me retrouver à nouveau sous l’eau sans pouvoir m’en extirper. Ma planche est alors à mes pieds, ma combinaison est mise jusqu’au niveau du bas du ventre. Je reste figée… Jusqu’à ce que ce silence soit interrompue « Mia ?! ». Je ne me retourne pas, j’ai reconnu sa voix. Mason. Je n’ai pas envie de le voir, pas maintenant. Parce que je n’ai pas besoin qu’il me rappelle que lui aussi fait partie des déceptions « Qu’est-ce qui se passe ? ». Sa main se pose sur mon épaule et instinctivement, je la baisse pour lui faire enlever et répond fermement « Rien ». Une réponse facile, qui ne m’oblige pas à m’éterniser, surtout auprès de lui. Lui que je n’ai pas vu depuis bien longtemps, lui qui n’a pas daigné important de prendre de mes nouvelles suite à mon accident, lui qui était pourtant bien au courant. « Tu peux passer ton chemin, je vais bien, merci de t’en inquiéter…enfin ! ». Une pique, pour tout ça parce que c’est mérité. Et parce qu’il le veuille ou non, s’il persiste, il va se voir accuser de tous les maux. En partie injustement...
« Le temps ne veut pas faire demi-tour… » mia mckullan & mason bradford
Il avait espéré qu’elle soit la bonne, qu’elle soit celle sur qui il pourrait se reposer pendant les lourdes tempêtes. Il avait espéré qu’elle soit celle pour qui, il se serait battu, coûte que coûte, contre l’univers. Comme si elle pouvait être la seule dans sa vie, à le faire sortir de ses gongs, à le comprendre. A l’émouvoir. Il avait espéré tout oublier dans ses bras, pouvoir rompre cette solitude permanente et qu’elle puisse le secourir, l’épauler de ses maux. Il aurait tout donné, à l’époque pour elle, mais rien de cela n’avait été suffisant. Lorsque Mia venait de refermer ce chapitre, puis ce livre, lorsqu’il avait compris que tout n’était que passé, entre eux. Il avait eu mal, mais rien n’avait pu sortir de lui. Il ne l’avait montré à personne, et avait pris ses distances. Comme il aurait dû faire depuis bien longtemps, et pourtant il lui arrive encore aujourd’hui, de songer à elle. A ce qu’il a perdu ce jour-là, et à toutes ses femmes qui ont partagés son lit en l’espoir qu’une, la remplace. Il n’a pourtant plus le droit d’y songer, se l’interdit, parce qu’ils se sont fait bien trop souffrir par le passé et qu’il refuse de voir cette vérité en face. La vie avec elle avait été compliquée, mais faite de beauté. La vie auprès d’elle, jamais il n’y avait réellement songé. Et c’était pas elle, le problème, mais bel et bien lui, parce que le basketteur ne vit que pour lui, pour sa passion, pour ses envies, égoïstement. Il n’y avait plus rien qui pourrait à présent le rattacher à cette histoire, et si il cherche tant à s’en débattre c’est aussi parce qu’elle lui rappelle trop les liens qui existent avec le reste de sa famille. Mia est proche de Dylane, et c’est même grâce à sa petite sœur qu’il la connaît… Il avait espéré pouvoir poser sa main sur son épaule, l’approcher de la meilleure manière mais elle ne lui en laissait pas le choix. Parce qu’elle vient, brutalement couper ce cordon, cette liaison entre eux. Parce qu’elle vient avec fermeté lui prouver qu’aujourd’hui, il n’a plus cette place dans sa vie. Qu’il n’est plus cette situation apaisante dans celle de la surfeuse. « Rien, » c’est froid, limpide et incolore. C’est tout ce qu’il déteste et redoute à la fois. Elle ne cherche même pas à argumenter, juste à le faire fuir, et ça la ressemble pas. « Et je vais m’en contenter ? » C’est ce qu’elle croit ? C’est sans aucun doute mal le connaître le basketteur et même elle, après ses années de déchirure, de descente lente et périlleuse pourrait ardemment le soulever, le constater si elle posait une énième seconde ses yeux dans les siens. Mais comme l’évidence qu’elle le fuira, autant qu’il la fuira, elle et le reste de sa famille. Elle et ce passé. Elle et leur histoire, il n’en saura jamais rien. « Tu peux passer ton chemin, je vais bien, merci de t’en inquiéter…enfin ! » Il fronce les sourcils, il n’a pas appris à s’excuser Mason, encore moins à se chercher des excuses à voix haute. Il soupire, avançant d’un pas pour se retrouver juste à côté d’elle, pour poser son regard dans la même direction qu’elle. Il reste un moment silencieux, un long moment, suffisamment pour ne plus savoir pourquoi il est venu jusqu’ici. Pourquoi il cherche à se faire du mal, qu’il la laisse lui en faire, aussi facilement. « Alors quoi ? Tu m’en veux ? » Il demande, conteste, brutalement. Cherchant à se débattre en vain, de cette situation qui le tiraille, l’échappe. De cette situation qui ne leur ressemble en rien.
Un verre. Deux verres. Puis trois, puis quatre, puis j’ai perdu le compte. Je l’ai accompagné dans son deuil, celui qui l’a emporté dans cette descente aux enfers qu’il connaissait depuis. Un soir dans un bar. Il est là, seul, le regard dans le vide, une mine fatiguée, égratignée par l’épreuve qu’il était entrain de traverser avec sa famille. La perte d’un frère dans un terrible accident. Je m’étais installée à ses côtés, posant ma main délicatement sur son épaule, pour lui signifier que j’étais là et que je ne le laisserais pas tomber, que je ne laisserai pas seul, même si c’est ce qu’il voulait. Alors oui, les verres s’étaient enchaînés, il avait laissé un peu les mots s’échapper de sa bouche sur ce deuil bien trop difficile. Sa haine aussi, accusant sa petite sœur d’en être responsable. J’ai essayé de l’apaiser, le raccompagnant chez lui non sans mal, car je n’étais pas dans un meilleur état. Je le soutenais pour le mettre dans son lit, il s’est arrêté, nos regards se sont perdus l’un dans l’autre quelques secondes. Les choses se sont ensuite enchaînées, un baiser échangé et puis une nuit dans les bras l’un de l’autre. Six mois. C’est le temps que ça a duré. Un simple dérapage sous l’effet de l’alcool et pourtant nous avons essayé plus. J’ai essayé plus. Car à mes yeux, les efforts n’allaient que dans un sens. Je me suis raccrochée plus d’une fois, trouvant l’excuse qu’il était dans le deuil et que cela expliquait son comportement avec moi… avec sa famille aussi. Je me disais alors que ça lui passera, qu’il finira par s’apaiser et que je ne le laisserai pas tomber pour autant. Mais il y a eu cette fois de trop. Cette fois de trop où j’ai dû faire un choix. Celui de le quitter. Parce que six mois à vivre une relation gardée secrète aux yeux de tous, où j’espérais qu’en avançant au fil du temps tout deviendrait plus stable entre nous, qu’il s’investirait dans notre relation et qu’il me montrerait qu’il veut réellement faire ce bout de chemin à mes côtés, m’ont épuisé. Emotionnellement, physiquement. Tout a pris fin. Ça a fait un mal de chien. Un mal que je connais encore aujourd’hui, qui semble inévitablement revenir dans ma vie, comme un cercle vicieux duquel je ne pourrais y échapper. « Et je vais m’en contenter ? » Je ne veux pas poser mon regard dans le sien. De peur peut-être de flancher en le voyant alors que je veux garder la tête haute, que je ne veux pas me montrer vulnérable devant lui aussi. « Ce serait bien ton genre ». Parce que j’ai été tellement déçue par lui, très peu soucieux de ce que j’ai pu ressentir, très peu touché par notre rupture, que je sais qu’il pourrait s’en contenter, évitant ainsi d’affronter des problèmes. Surtout les problèmes des autres alors que lui ne parvient pas à faire face aux siens. « Alors quoi ? Tu m’en veux ? ». Mon regard qui était plutôt inerte sur l’horizon vient enfin se poser sur lui, accompagné d’une colère qui se manifeste tout à coup, alors que mon sang n’a fait qu’un tour après qu’il ait prononcé ses paroles « Pourquoi je t’en voudrais ? Pour ne pas t’être inquiéter pour moi ? Pour ne pas avoir daigner me rendre visite ou ne serait-ce que prendre de mes nouvelles alors que tu étais au courant ? Non, pas du tout Mason. Je ne te reprocherai jamais rien, tu es tellement… ». Dans mon ironie, je m’interromps, comme pour reprendre mon souffle « toi ! ». Je n’attends plus rien de lui.
« Le temps ne veut pas faire demi-tour… » mia mckullan & mason bradford
Elle lui aurait tout pardonné, tout excuser… Ou presque. Sa descente aux enfers avait été mal vécu par le reste de sa famille, son éloignement avec, mais jamais le surfeur avait réellement voulu leur faire du mal, les toucher comme il l’a fait. Jamais il n’avait été ce poison qu’il est aujourd’hui, ce poids dans la vie de celle qui se tient devant lui, froide et silencieuse. Elle ne peut plus rien faire pour lui, elle l’a tant aidé par le passé. Parce que Mia a toujours secouru les âmes en peine, sans jamais prendre de précaution, elle a toujours tendu cette main généreusement vers lui, quand lui se renfermait dans ses propres idées. Tommy était quelqu’un de si important dans sa vie qu’il refusait. Refusait qu’il en soit aussi fatal. Il voulait une seconde chance pour son frère, il voulait juste se réveiller et qu’on lui dise que tout ça n’est qu’une stupide erreur, un cauchemar et qu’il pourra bientôt serrer Tommy dans ses bras. Mais il le sait, qu’on ne se relève jamais entièrement de tout cela. Que les plus forts arriveront à se relever, à marcher dans cette lumière. Lumière qui l’aveugle, lumière qu’il repousse du plus profond de son âme. Il veut se faire mal Mason, il veut se détruire à sa façon pour se sentir vivant… Lui… Comme pour prouver qu’il est encore bien là, qu’on puisse parler de lui dans les journaux. Il perd toute notion de vie. Il perd ce besoin de sortir la tête hors de l’eau. Elle reste intouchable, distante. Elle reste dos à lui sans vouloir se retourner, observant cette mer qu’elle a tant chérie par le passé. Où ils ont passés leur meilleur moment ensembles, sans doute… « Ce serait bien ton genre, » il déteste cette vérité à présent, il déteste qu’on le mette devant les problèmes, qu’on lui renvoie cette balle. Mais il l’a peut-être un peu mérité. Assez pour entendre ses mots, pour que ça ne le touche pas assez aux yeux de la blonde. « Tu parles comme si… » Il se coupe, s’arrête un instant, s’interrompant même dans ses propres idées qui deviennent flou, alors il s’ose un pas vers elle, à côté d’elle, fronçant les sourcils sans même poser son regard sur sa silhouette. « On s’était promis des choses… » Et qu’importe ceux qu’ils ont partagés, les discours qui vont à l’encontre de ce qui s’est passé depuis ses derniers mois, elle aura toujours cette place importante dans sa vie, malgré ce qu’il prétendra à voix haute, bien trop fier pour ne jamais le reconnaître. « Pourquoi je t’en voudrais ? Pour ne pas t’être inquiéter pour moi ? Pour ne pas avoir daigner me rendre visite ou ne serait-ce que prendre de mes nouvelles alors que tu étais au courant ? Non, pas du tout Mason. Je ne te reprocherai jamais rien, tu es tellement… Et finalement elle reprend son souffle, avant de chuchoter, suffisamment pour qu’il l’entende, toi ! » Il soupire Mason, elle n’a visiblement pas compris que le problème ne venait pas d’elle, mais de Dylane. Que si il n’avait pas été là pour elle, pour la soutenir, pour l’épauler c’était surtout parce qu’il ne voulait pas affronter sa sœur. « Tu comprendrais pas… Tu n’comprendrais pas la raison de mon silence… » De son absence aussi. Parce que la vérité est bien là, son silence est pesant, éphémère. Il préfère se taire, comme souvent, la laissant croire ce qu’elle désire, après tout, peut-elle espérer plus de sa part ? Peut-elle espérer le retrouver ? C’est désormais un peu tard pour y penser…
Je m’étais interposée entre lui et sa sœur, j’avais tenté de le défendre bien des fois alors qu’il était en tort devant Nick et Dylane. Les deux ne comprenaient pas pourquoi d’ailleurs j’avais cette position. Puisqu’évidemment, tout le monde ignorait ce qui se passait entre nous. Je m’étais investie, c’est vrai, au point de perdre raison et de m’oublier. Oublier mon bonheur, oublier que j’avais le droit à être considérée, à être aimée dans cette relation. Et pas attendre indéfiniment que les choses se débloquent peut-être. Et avec Mason, les choses ne se sont jamais débloquées et ne se serait jamais débloquées. Parce qu’il était entré dans une spirale infernale, de laquelle il n’était pas décidé à sortir. Je ne pouvais continuer à le suivre, pour mon bien. Et parce que, quoi que je fasse, cela n’avait finalement aucune importance. Alors oui, je suis déçu, déçu de la personne qu’il est devenu, ou plutôt qu’il a choisi de devenir. J’aurai aimé qu’il s’en sorte depuis, que ce soit à mes côtés ou non, mais même en me retirant, cela n’avait rien changé. Désormais, Mason faisait la une des presses à scandales, et était plus connu pour ses déboires que pour son talent professionnel. Alors forcément, quand il est à mes côtés, dans un moment où je me sens au plus bas et totalement vulnérable, ça n’aide pas. Parce qu’il est la dernière personne que j’ai envie de voir et qu’il ne sera jamais capable d’être celui sur qui je peux compter pour trouver un peu de réconfort. Il n’a jamais eu ce rôle et ne l’aura jamais. Je m’y étais résolue depuis bien longtemps. Alors oui, il est capable de se contenter de ma réponse qui prétend qu’il n’y a rien et que tout va bien dans le meilleur des mondes. C’est bien son genre, et je n’en démordrais pas, sauf preuve du contraire… « Tu parles comme si… ». Il s’interrompt, me faisant arquer un sourcil et pourtant pas tourner le regard vers lui « on s’était promis des choses ». Je ris, un rire qui sonne faux évidemment, pour camoufler la colère qui se manifeste malgré tout « Promis des choses ? Toi et promesses dans une même phrase ? C’est contradictoire hon’ ». Mon ton ne peut être plus sarcastique à ce moment-là. Parce qu’il ne m’a jamais rien promis, même sans parler de notre relation, ne serait ce que pour notre amitié, il ne m’a jamais promis d’être là pour moi. Alors oui, après tout pourquoi je lui en voudrais de ne pas avoir daigné prendre de mes nouvelles alors qu’il savait pour mon accident, qu’il pourrait être un de ceux qui m’aiderait notamment à renouer avec cette passion qui a disparu au même moment où j’ai disparu sous cette vague ? « Tu comprendrais pas… Tu n’comprendrais pas la raison de mon silence… ». Et là, c’est trop. Je lui fais face désormais, mes mains sur les hanches, le toisant du regard, un regard qui s’est assombrit et qui, si cela était possible, le fusillerai sur place « Bien sûr, Mason, je ne t’ai JAMAIS comprise de toute façon. Autrement, nous n’en serions pas là toi et moi ». Je crache mon venin sans ménagement, parce qu’il y a plus que ça au fond, plus que ma colère pour Mason et que j’ai besoin que ça sorte « Mais j’ai compris, bien sûr, tu te défiles. Parce que tu es incapable de faire face à ta famille. Mais ça ne change pas ça, ça ne changera jamais. Tu resteras ce mec minable qui se laisse complètement aller parce qu’il n’a pas le courage d’affronter les siens et de reconnaitre ses torts. Oui c’est tellement plus facile comme ça ! ». Je suis virulente, je sais qu’il peut répondre sur le même ton et que ça peut être explosif. Mais ça doit sortir. Parce que ça me permet aussi d’évacuer cette colère que j’ai contre moi, incapable d’affronter cette nouvelle peur face à l’océan déchaîné, mais aussi contre celui qui hante mes pensées depuis quelques mois, qui me fait penser à Mason, qui est lui aussi un lâche, et qui me fait souffrir comme lui. J’attrape alors la planche qui se trouve à mes pieds et lui jetant un dernier regard j’ajoute « Maintenant, j’ai mieux à faire que de rester planter à parler avec toi Mason ». Je m’avance alors vers l’océan d’un pas déterminé. Et pourtant je me stoppe à nouveau, alors que mes orteils peuvent sentir l’eau les frôler doucement…
« Le temps ne veut pas faire demi-tour… » mia mckullan & mason bradford
Il a mal mais jamais il ne lui laissera rien voir, il prétendra être au-dessus de tout ça, d’elle et de cette vie qu’il n’a jamais totalement désirée – sans pour autant prétendre à mieux. Sans se donner les moyens de grandir, d’être apprivoisé. Parce que c’est ce qu’elle a tenté, autrefois. Pénétrer dans son monde, en faire de lui, son propre monde. Mais il n’a rien voulu donner, rien voulu montrer. Que sa froideur, son inaptitude à aimer. Et puis… Elle est partie, c’est tout ce qu’il se souvient. Elle lui a tourné le dos, ses talons claquant sur le sol, et il s’est retrouvé confronté à lui seul. Confronté à cette solitude devenue permanente, parce que c’était son choix, parce qu’elle a arrêté de se battre pour lui. Parce qu’elle l’a écouté pour une fois, quand il hurlait vouloir être seul. Parce que derrière ses cris, rien n’était assez vrai. Mais elle est partie, et il a été piégé dans son propre jeu. Il n’a jamais pu réellement s’en soulever, se sauver. Il n’a jamais su remonter la pente comme il aurait dû le faire. Il a été brisé au même moment qu’il l’a brisé elle aussi. Il a été anéanti à cette même sensation, qu’elle a cherché à lui renvoyer. Parce qu’elle ne devait pas être seule à souffrir, lui aussi mériter ce titre, lui aussi le mériter plus que n’importe qui. S’ils ont gardés cette amitié secondaire, tout n’était qu’un fil instable, le tout reposait sur presque rien. Presque rien, si bien qu’aujourd’hui, ils ne sont plus que deux étrangers, deux âmes qui ne se comprennent plus. Elle le déteste et il ne fera rien pour rompre ses chaînes, pour soulever ce menton. Il ne s’approchera plus jamais d’elle, encore moins de son cœur. Il la laissera en paix, se heurtant à d’autres chaînes, à d’autres corps que le siens, parce qu’il ne saura jamais s’attacher à quiconque. Parce qu’il ne possède que de manière éphémère ses cœurs, jouant avec la braise, tournoyant les corps les uns après les autres sans y trouver aucun autre remède à son sort.
Mais elle se tient droite, devant lui, le dos tourné. Son cœur se heurte à cette situation qui lui échappe, alors qu’il aimerait lui tendre cette main, qu’elle la saisisse, juste une dernière fois. Une toute dernière fois. Il aime jouer avec le feu Mason et il suffit qu’elle se détache de lui, qu’elle ne lui appartienne plus, pour qu’il la veut de nouveau près de lui. Il ne l’aimera jamais comme il le devrait. Il ne l’aimera jamais comme elle, elle a autrefois aimé. Aussi fort, aussi bien. Et ça apparaît devant lui, translucide, le chemin qui s’éclaircit. Qui le brise, la tempête qui s’abat en lui, tapant sans inconstance sur sa peau. Ses hurlements imperceptibles alors que ses yeux ne quittent plus sa chevelure. Son corps. « Promis des choses ? Toi et promesses dans une même phrase ? C’est contradictoire hon ? » Elle est hautaine, méprisante. Elle cherche à le piquer de bien des façons, et il la déteste tellement pour ça. Pour ce qu’elle parvient encore à lui faire vivre, à lui faire ressentir. Alors qu’il se veut froid, mort, inerte. Alors qu’il perd pied. Il se noie mais elle ne viendra plus le sauver. Elle ne viendra plus jamais le sauver, désormais. « Arrête ! T’es pathétique ! » Il souffle, elle savait pourtant ce qu’il en était avec lui, en sortant avec un homme comme lui. Il n’a jamais rien promis, c’est elle qui a cru bon pouvoir le changer, elle a tout tenté, tout essayer. Et si demeure en lui le besoin de la reconquérir, jamais il ne parviendra à en tirer un mot. Et puis, elle se retourne. Avec violence, elle l’affronte comme rarement elle ne l’a fait pas le passé. « Bien sûr, Mason, je ne t’ai JAMAIS comprise de toute façon. Autrement, nous n’en serions pas là toi et moi… » Il n’avait pas besoin de jouer auprès d’elle, d’être une autre personne, elle le détestait suffisamment pour prétendre n’avoir rien à se reprocher. Il était fier, prétentieux, d'une arrogance qui ne la surprendrait probablement pas. « Nous recherchions pas la même chose… » Elle, elle recherchait le grand amour, elle voulait qu’il soit ce qu’il n’a jamais été pour quiconque, qu’il devienne cette brebis égarée dans son lit, et qu’il s’ouvre à elle, comme rarement il n’a pu le faire par le passé. Elle voulait vivre avec lui, le grand amour, celui qui dépasse tous les critères. Un besoin avide de se confier à lui, d’être protégée, aimée. Ce que toutes femmes passionnées désirent. Lui, il ne recherchait pas le grand amour, juste à passer du bon temps, il s’est servi d’elle, sans trouver la force de le dire ouvertement. Encore aujourd’hui, il fuira. « Tu as toujours cru en l’amour Mia… » Pas lui… Jamais… Pas même aujourd’hui. « Mais j’ai compris, bien sûr, tu te défiles. Parce que tu es incapable de faire face à ta famille. Mais ça ne change pas ça, ça ne changera jamais. Tu resteras ce mec minable qui se laisse complètement aller parce qu’il n’a pas le courage d’affronter les siens et de reconnaitre ses torts. Oui c’est tellement plus facile comme ça ! » Il serre ses poings, son regard se durcit, il voudrait la faire taire, qu’elle retire ses mots outrageusement vrai. Mais qui le poignarde. Dont il ne voudrait plus rien ressentir, mais sa carapace n’est pas aussi solide qu’il l’avait souhaité. « La ferme McKullan ! » Il crie plus fort qu’elle, cette voix qui résonne sur cette plage presque déserte. Lui, qui sait être silencieux habituellement, ne peut pas l’accepter, à présent. A présent qu’elle cherche à lui faire mal, à le piquer de la manière la moins subtile qu’elle le devrait… « Maintenant, j’ai mieux à faire que de rester planter à parler avec toi Mason… » Il reste sans bouger, immobile à la regarder tourner les talons. Comme autrefois. Comme il y a quelques années, « t’es comme moi… » Il lui renvoie en pleine figure, la provoquant. Alors qu’elle s’arrête près de l’eau, laissant la vague venir jusqu’à elle, et repartir. « T’es incapable d’y faire face… » A cette étendue d’eau, il crie, rage, peste. Il n’serait pas capable de lui faire plus de mal, si ce n’est ce qu’il lui a déjà fait endurer, et c’était déjà suffisant…
Il a laissé sa trace et a même creusé cette blessure béante qui pourrait porter le doux nom de déception. Il y rejoint Lukas avant lui et bien sûr mon père qui est à l’origine de celle-ci. Une blessure que je peine à fermer depuis des années, parce que je ne fais qu’enchaîner ces mêmes déceptions, celle où je me sens intouchable, sur un piédestal, heureuse, certainement amoureuse et puis… tout retombe en un rien de temps. Je lui ai trop donné. Il le sait. Seulement, je n’arrive pas à le regretter non plus. Parce qu’on a eu nos moments où tout était facile, où il a su me donner en retour. De minces instants, peut-être trop rare, mais que je n’oublierais pas. Que je ne regretterais jamais. Pourtant, la rancœur est là, une rancœur qui peine à disparaitre depuis presque deux ans que cette relation s’est terminée. Parce que je ne veux pas croire qu’il s’est joué de moi, parce que j’espère, sûrement à tort, qu’il y avait plus que ça de son côté. Je m’acharne, espérant un jour l’entendre dire qu’il regrette de ne s’être pas donné à fond dans cette relation, qu’il aurait aimé qu’on aille plus loin, qu’il aurait aimé me garder à ses côtés plus longtemps. Mais à aucun moment depuis cette rupture, il ne m’a montré des regrets de m’avoir perdu. Bien plus que cette proximité physique entre nous, nous avons aussi perdu notre entente d’autrefois. Celle qui nous a permis d’avoir des atomes crochus en un rien de temps alors qu’il n’était que le frère de Dylane. Et qui nous a aidé à nous rapprocher indéniablement et à former ce que nous avons été pendant six mois. Parce que même poser des mots sur cette relation, finalement, je n’y arriverai jamais. Je ne sais pas ce que nous étions quand je ne sais pas ce que j’ai pu représenter pour lui durant ce court laps de temps…
Sur cette plage, je suis incapable de le regarder, il ne sort de ma bouche que des paroles amères, des reproches à son égard. Parce qu’il a cette facilité de faire mine de rien alors qu’il a tout à se reprocher. Pourtant, je dois reconnaitre qu’il a tenté de se montrer attentif en me demandant ce qui se passait, ses paroles accompagnées par cette main posée sur mon épaule. Je l’ai repoussé parce que je n’arrive pas à faire semblant quand je n’ai pas eu de ces nouvelles depuis, alors qu’il était au courant. Et que ça ne fait que confirmer cette idée que lui et moi, cela n’a rien représenté à ses yeux… « Arrête ! t’es pathétique ». Un rire forcé se fait entendre de ma part alors qu’il me traite de la sorte « Bien sûr, tu as raison Bradford, c’est moi qui suis pathétique ». C’est encore mauvais, ironique à souhait mais je ne sais plus comment réagir avec lui. Et puis, ma patience atteint ses limites, et là, je finis par bouger, osant le confronter, me mettant face à lui. Il prétend que je ne peux le comprendre, comprendre ses agissements. Alors je crache, je lui jette à la figure ma colère quand il ose me dire ça quand j’ai tout essayé pour le comprendre justement. « Nous recherchions pas la même chose… ». Mon regard s’assombrit davantage, alors qu’il me balance ça sans ménagement « Clairement. Mais ose me le dire Mason, ose me dire ce que tu recherchais. Une pathétique nana à mettre dans ton lit c’est ça ? C’est ce que j’ai été pour toi n’est-ce pas ? Que tu as tenu à garder six mois cela dit, un record sûrement de ta part. Je dois me sentir privilégiée j’imagine ». Mes paroles s’enchaînent, je ne réfléchis même pas aux répercussions que cela peut avoir, ni réfléchit à ce qu’il va sûrement me renvoyer, appuyant lui aussi encore plus où ça fait mal. « Tu as toujours cru en l’amour Mia… ». « Peut-être à tort surtout quand je me rends compte du temps que j’ai perdu avec toi, ou avec d’autres ! ». Du tac au tac là aussi, je ne retiens plus cette colère que je retiens depuis trop longtemps, accumulée à d’autres plus actuelles. Plus de barrières, plus de faux semblant je lui balance alors que j’ai très bien compris sa lâcheté. Il n’apprécie pas, je vois son corps se tendre, son visage qui se ferme. « La ferme McKullan ! ». Il me crie dessus et je me tais. Quelques secondes. Sans pour autant lâcher son regard. Je lâche alors, avec un ton à l’opposé du précédent « Tu sais que j’ai raison… Et tu vois bien que je te comprends plus que tu ne veux le penser ».
Je tourne les talons, je n’ai pas envie de rester plus longtemps à ses côtés. Alors j’avance vers l’océan, déterminée, me disant que la colère que je peux ressentir à son égard va m’aider à affronter cette peur que j’ai désormais. Il ne démord pas pourtant, ne lâche pas le morceau en lâchant un « t’es comme moi… » que je préfère ignorer. Et je me fige. Et il en rajoute « T’es incapable d’y faire face… ». Mon sang ne fait qu’un tour, mêlé à une certaine peine parce qu’il a raison. Je soupire et lâche fermement ma planche que je laisse retomber sur le sol. Je reviens sur mes pas, décidé. Arrivé à sa hauteur, je le repousse « Tu n’en sais rien ! Tu n’as jamais essayé de me comprendre Mason, tu ne t’es même pas rendu compte de quoi j’étais capable ! Pour toi, pour nous. Alors pour moi tu n’en sais rien ! ». Je le repousse à nouveau alors que j’essuie d’un revers de main cette colère mélangée à de la tristesse qui commence à bien trop prendre d’ampleur et qui devient visible. Vulnérable, je ne veux pas l’être, surtout pas devant lui, surtout pas pour lui.
« Le temps ne veut pas faire demi-tour… » mia mckullan & mason bradford
Elle aurait pu être la bonne pour lui, Mia. Elle aurait pu être celle qui l’aurait apprivoisé, mais rien que d’y penser le surfeur repousse cette idée dans les méandres de son âme. Rien que de constater cet échec, de se rendre compte de ce mal, l’a fait fuir. Jamais, elle ne pourra le lui pardonner – et ce n’est probablement pas ce qu’il recherche. La simplicité n’a jamais été son fort, lui il tente de se débattre en vain. Il a l’impression de boire la tasse, et qu’importe qu’il est pied ou pas, il ne parvient totalement à se sortir de cette emprise. Comme si quelqu’un d’extérieur avait sa main sur sa tête et qu’on l’y obligé. Que cette tasse, quoi qu’il fasse, quoi qu’il dise, il n’y échappera jamais. Elle aurait tout donné à une époque, tout donné pour lui, sans qu’il ne veuille accepter son aide. Elle a tenté tant de fois de le secourir, de l’aider à se reconstruire auprès de sa sœur, de sa famille – mais buté, il n’a jamais su accepter qu’une main se tende vers lui. Il n’a jamais accepté la critique, même – et surtout, quand elle était fondée. Il n’a jamais pu tolérer la présence de la journaliste dans sa vie, pas comme il aurait dû. Il aurait eu tant à apprendre d’elle pour s’épargner toute ses erreurs, il aurait dû l’écouter, veiller sur elle comme un grand frère protecteur l’aurait fait, l’accompagner dans ses démarches, dans ses peurs, comme elle, elle l’aurait fait… Mais tout est vide à présent, il a l’impression d’être au bord du précipice. Il aimerait qu’elle lui tende sa main, qu’elle vienne le sauver, une toute dernière fois, sans savoir si cette fois il accepterait cette main, ce verdict. Il est au bord du précipice, et il est prêt à tomber, à ne plus rien pouvoir retenir, pas même elle. Surtout pas elle. Son cœur est lourd, se confondant avec les autres organes sans importance de son corps pourtant inerte, sans vie. Parce qu’il est mort de l’intérieur. Parce qu’il n’existe plus vraiment de Mason Bradford sans Tommy. Sans le seul qui le raccroche à cette vie qu’il a longtemps incompris, il a envie d’hurler. Hurler si fort que même tous ses sens se réveilleront à l’instant même. Hurler parce qu’il pense que ça résoudrait bien des problèmes. Mais il se voile la face Mason. Comme toujours, rien ne sera assez bon, assez doux que d’avoir Mia de son côté. Il est fier, buté, pour s’en rendre compte. Il est prétentieux et arrogant, Mason. Bien trop pour l’admettre. Alors il feintera cette indifférence avec elle, avec toutes ses personnes qui le côtoie. Parce qu’il n’est que mépris… « Bien sûr, tu as raison Bradford, c’est moi qui suis pathétique, » elle ne se retourne pas, elle ne le regarde pas. Putain c’est douloureux, ça fait mal, ça le déchire, et sa voix est cassée, éteinte par cette douleur qui le tiraille. Qu’il refuse. Sa voix est si basse qu’elle seule peut l’entendre, si elle fait un effort. Sa voix s’empresse de dire ses mots qui se déchirent les uns aux autres, sans même que ses lèvres n’en fassent une barrière. « Retourne-toi… » Il l’implore, comme il ne l’a jamais fait. Il l’implore, parce qu’il n’a pas appris qu’on lui résiste, qu’on le fasse passer pour un mort. Il l’implore, parce que c’est douloureux. Et parce que, putain, ce n’était pas comme ça que ça devait se passer entre eux… « Regarde-moi… » Des mots qu’il ne contrôle pas, qu’il hait en même temps qu’elle les entend… Elle aussi… Et elle se retourne, elle le foudroie du regard, il l’affronte. Son cœur qui bat, ses tempes qui résonnent, son corps qui se durcit. Ses poings qui se serrent. Je t’en prie Mia, déteste-moi, haïe-moi… « Clairement. Mais ose me le dire Mason, ose me dire ce que tu recherchais. Une pathétique nana à mettre dans ton lit c’est ça ? C’est ce que j’ai été pour toi n’est-ce pas ? Que tu as tenu à garder six mois cela dit, un record sûrement de ta part. Je dois me sentir privilégiée j’imagine… » Il a un moment de recul, d’hésitation. Il a un moment où il ne sait plus sur quel pied danser, elle le déstabilise. Pas parce que c’est elle, pas parce qu’il aurait souhaité mieux ou pire. Mais parce qu’une part de lui sait qu’elle a raison. Parce qu’il n’a jamais été foutu d’aimer quiconque, et Mia ne déroge pas à cette règle. « Arrête… » Comment pourrait-il répondre au mieux à cet affront ? Elle l’affronte et il fuira. Ca a toujours été ainsi, n’est-ce pas ? Mais ses yeux qui se relèvent sur elle, décidé à lui faire aussi mal qu’elle le fait actuellement. Bien décidé à se déchirer mutuellement si c’est qu’elle attend de lui. « J’ai écris ton nom sur une liste… Parmi tant d’autres… » Il crache, mesquin, du haut de son arrogance. Fier, un sourire qui se dessine au coin de ses lèvres, ne voulant se laisser dominer par elle. Par aucune femme, « c’est ça que tu voulais entendre hein ? » Sa voix est plus calme, mais les mots aussi durs. « Peut-être à tort surtout quand je me rends compte du temps que j’ai perdu avec toi, ou avec d’autres ! » Ca le touche pas, il hausse les épaules en tournant son regard ailleurs, sans même prendre la peine de répondre. Elle sait ce qu’il ressent des sentiments, de l’amour. Elle sait exactement ce qui traverse sa tronche à cet instant précis. « Tu sais que j’ai raison… Et tu vois bien que je te comprends plus que tu ne veux le penser… » Qu’elle conclut sans même le lui reprocher. Parce qu’elle est là, l’évidence. L’évidence qu’elle lui tourne le dos, une fois de plus. Une fois de trop. L’évidence que ce trou béant ne sera jamais recollé, ni re comblé. L’évidence que désormais, ils appartiennent à deux mondes différents, et que rien ni personne ne saura les réunir. Que leur histoire s’arrête ici…
Vraiment ? Mason la fixe, de longues secondes, peut-être de longues minutes, sans réagir. Sans vouloir la retenir. La planche que tient son bras, ses yeux qui ne la quitte plus. Cette silhouette qui a appris à ne faire qu’un avec lui, durant quelques minables mois. Et puis … Le néant, le vide. Quand il hurle, quand il crie. Quand il estime devoir encore exister pour elle. Quand il ne veut pas être un fantôme. Elle complète de nouveau cette distance, refait surface devant lui. Elle a ce truc qu’il ne lui connaissait pas quand elle lui hurle dessus, quand elle lui tape sur le torse. Un coup. Deux coups. A répétition. « Tu n’en sais rien ! Tu n’as jamais essayé de me comprendre Mason, tu ne t’es même pas rendu compte de quoi j’étais capable ! Pour toi, pour nous. Alors pour moi tu n’en sais rien ! » Il ne bronche pas Mason. Il ne recule pas, n’avance pas. Il ne fuit pas Mason. Il la laisse faire. Il lui laisse tout lui reprocher. Avant qu’il ne décide de retenir son bras, face à un énième coup qu’elle ne parviendra plus à lui donner. Il lui fait face, la regarde dans le blanc des yeux, sans sourciller. « Tu aurais été capable de quoi ? » Qu’il crache finalement, avec lui-même ce poison qui se répand dans ses veines. Ne voulant interrompre ce contact visuel, mais aussi, ce contact physique. « Tu n’aurais rien pu faire… » Devant sa descente aux enfers. Devant son repli. Elle aurait davantage souffert. C’est ce qu’il pense, alors qu’il s’avance vers elle d’un pas, suffisamment pour se rapprocher d’elle, beaucoup trop pour reprendre une contenance habituelle. « Déteste-moi… » C’était son seul souhait. Qu’elle n’en soit pas indifférente.
Je n’ai jamais fait semblant à ses côtés, je n’ai jamais prétendu. Tout ce que j’ai fait pour lui, je l’ai fait en y mettant tout mon cœur, toute ma volonté. Parce qu’il en avait besoin après la perte de son frère Tommy dont la disparition a été tragique, déchirante pour la famille Bradford… Je connaissais aussi Tommy et sa mort m’avait bouleversé. Alors j’ai voulu être là pour eux. Dylane avant tout, parce qu’elle avait assisté à l’accident, impuissante. Qu’elle n’arrivait plus à se relever après ça, et comment le faire quand vous venez de perdre un membre de votre famille ? Elle était et est toujours ma sœur de cœur, la petite sœur que je n’ai jamais eue et que je me suis promis de protéger coute que coute. Je suis devenue plus proche de Nick également que j’ai aidé dans sa reconversion professionnelle notamment, le jeune homme ne voulant plus quitter sa famille et souhaitant s’installer sur Brisbane pour du plus long terme. Et puis, il y a eu Mason… Mon attention pour lui a été différente, tout autre. J’aurai pu le haïr surtout lorsqu’il a reproché à Dylane d’être responsable de la mort de Tommy. Pourtant, à mes yeux, ses paroles n’étaient prononcées que sur le coup de la colère, une façon pour lui de camoufler son mal, de rejeter la faute sur quelqu’un parce qu’il fallait bien quelqu’un à blâmer après tout… Alors oui, peut-être ai-je voulu apaiser les choses en premier lieu lorsque je me suis assise à ses côtés dans ce bar. Être l’épaule sur laquelle il pouvait se reposer s’il en avait besoin. Je ne pouvais imaginer son chagrin mais je ne pouvais pas le laisser l’affronter seul. Il a toujours été le frère de Dylane, avec qui j’avais fait quelques sessions de surf, compétiteur dans l’âme que nous étions tous les deux. Celui avec qui je riais le plus, surement. Peut-être est-ce pour cela que je me suis attachée, que je n’ai pas voulu le laisser tomber. Peut-être aussi parce qu’il m’attirait physiquement. Parce qu’il n’a eu aucun mal à me mettre dans son lit, lorsqu’il m’a embrassé ce soir-là. Je pourrais trouver l’excuse de l’alcool, et c’est sûrement ce que je dirais si sa sœur venait à le découvrir. Mais en quoi serais-je légitime quand on sait que cette relation n’a pas été qu’une simple histoire d’un soir ? Qu’elle a duré six mois ? Six mois à ses côtés, où j’ai bataillé, où j’ai tenu pour lui… Où j’ai cherché à le comprendre, où j’ai été conciliante bien plus que de raison. Je voulais l’aider à s’apaiser, l’aider à retrouver le droit chemin. J’ai échoué. Est-ce que je m’en blâmais pour autant ? Oui, au fond, il y avait ce goût amer, comme une sensation d’inachevé, d’échecs. Parce que j’aurai tout donné pour qu’il se sorte de ce trou dans lequel il ne faisait que s’enfoncer de plus en plus. Alors j’ai baissé les bras. Comme là actuellement sur cette plage où je n’ai même plus envie de le regarder, peut-être pour ne pas ressentir les regrets, peut-être aussi pour ne pas retomber dans la douleur que cette relation a laissée en moi. Pour ne pas affronter cette déception supplémentaire. Je le fuis du regard, mes yeux n’ont pas encore croisé les siens… Peut-être la peur de flancher à nouveau aussi face à lui. Et pourtant, après tant de paroles échangées, il me supplie. Il m’oblige « Retourne-toi… » Je reste de marbre et pourtant, ses mots me transpercent de part et autre. Je ferme les yeux, comme si cela allait le faire disparaitre. Il n’abandonne pas « Regarde-moi… ». Je sens ma gorge se nouait. J’ai l’impression que c’est sa manière de m’appeler au secours… Mais je ne peux plus avoir ce rôle, je ne veux plus l’avoir quand il n’a fait que me rejeter alors que j’ai été présente pour lui pendant tout ce temps. Je soupire et finalement, je m’exécute. Non pas pour répondre à son appel. Mais pour lui balancer des vérités qu’il n’aimera pas entendre mais qu’il doit pourtant se prendre dans la figure, même si je sais que cela n’aura aucune répercussion sur lui, sur son comportement. Ce n’est pas maintenant que mes mots auront du poids quand ils en n’ont pas eu par le passé. Mais j’ai besoin de lui dire.
Alors il attaque à son tour, et puis je m’emporte. Non, lui et moi ne recherchions pas la même chose. Non, pour lui, je n’étais qu’une nana de plus dans son lit. C’est ce que j’affirme. Et j’espère qu’il me contredira. Même si je connais le personnage et que l’espoir qu’il le fasse est mince « Arrête… ». Je me tais dans mon énumération, attendant qu’il me dise au fond que je n’étais pas juste une fille parmi d’autres. Et pourtant, dans son regard, je sais qu’il ne le fera pas « J’ai écris ton nom sur une liste… Parmi tant d’autres… ». Ça fait mal, atrocement mal, au point que je suis incapable de répliquer. Sûrement parce que ce serait lui procurer encore plus de joie, cette joie qu’il se fait de me faire souffrir, de me faire payer de lui avoir balancer une vérité qu’il n’aura jamais le courage d’entendre. « C’est ça que tu voulais entendre hein ? ». Je joue l’indifférente, je tente du moins « Parce que tu pensais vraiment que je m’attendais à une autre réponse de ta part ? Que tu aurais avoué » je m’avance un peu plus vers lui « que j’ai compté ? Que j’ai été plus ? Que tu as eu mal à en crever quand je suis partie ? ». Je cherche dans son regard cette faille. Cette faille qui me montrera que j’ai compté. Je cache ma déception alors que ma gorge se serre parce que je peux encore entendre les paroles prononcées se répéter dans ma tête…
Je m’éloigne. Je préfère, parce qu’il ne fait que me rendre mal, qu’il ne réagit à rien, qu’il ne changera jamais. C’était peine perdue. Il n’a plus sa place dans ma vie désormais, parce que lui appartient à la longue liste des déceptions. Qui n’a fait que s’agrandir ces derniers jours. Qui continuera sûrement à grossir quand je me rends compte que ma vie ne semble se résumer qu’à un seul et même mot : déception dès que je fais une nouvelle rencontre, que je m’attache trop. Peut-être devrais-je arrêter, me renfermer définitivement pour ne plus connaitre cette souffrance répétitive. Il ne lâche pas pourtant. Il renchérit et ma colère explose alors que je m’approche de lui, que je le repousse, lui donnant un coup, un deuxième… où je lui reproche tout ce qu’il n’a pas fait pour nous alors qu’à l’inverse, j’ai été capable de tout pour lui. Il ne réagit pas jusqu’à se saisir de mon bras, pour éviter un troisième coup. « Tu aurais été capable de quoi ? ». Je regarde cette main qui s’est emparé de mon bras, sans pour autant m’en défaire. Je relève alors la tête pour planter mes yeux à mon tour dans les siens « De tout Mason ! Tu ne t’en es pas rendu compte alors que je suis restée six mois à tout accepter ? A accepter tes excès de colère, à accepter tes retours de soir de match dans un état lamentable, à accepter d’être inexistante à tes yeux ? A prendre ta défense devant Dylane, devant Nick ? ». Je m’interromps, comme un besoin de reprendre mon souffle « Tu veux d’autres exemples ? ». Mon ton est empli de haine alors que je lui balance tout ce qu’il n’a pas été capable de voir pendant ces six mois. « Tu n’aurais rien pu faire… ». Et je dois me rendre à l’évidence, parce qu’il a raison « Parce que tu n’as pas accepté que je te vienne en aide. Et que tu ne veux tout simplement pas qu’on te vienne en aide Mason ». Je lance alors sur un ton plus calme, comme las de me battre. Alors il fait ce pas de plus vers moi et cette proximité devient difficile à supporter. « Déteste-moi… » Il semble me supplier, il ne semble chercher que ça, qu’on le déteste. Ma gorge se serre, je récupère mon bras de son emprise avant de murmurer « C’est déjà le cas… Depuis longtemps ». Je prononce alors à regret, mon regard balayant le sol. Pourtant, j’ose à nouveau l’affronter « Félicitation, tu as obtenu ce que tu voulais ».
« Le temps ne veut pas faire demi-tour… » mia mckullan & mason bradford
Mason se confronte à Mia du mieux qu’il peut : comme toujours, mal. Epris d’un sentiment d’inconfort, voulant croire à sa réussite alors qu’il ne fait que s’enfoncer davantage. Elle aurait tant à lui reprocher, tant à le haïr, mais elle n’est qu’indifférente. Elle n’est qu’une chose éphémère dans sa vie, ne voulant pas se laisser émouvoir ou attirer de nouveau dans ses filets : et il en ferait de même à sa place. Mais il ne voit pas le mal qu’il lui fait, il ne conçoit pas qu’elle puisse être passée à autre chose, alors que lui-même lui a tourné le dos, il fût un temps. Il ne conçoit pas qu’elle puisse s’en être mieux sorti que lui. Il ne doute pourtant pas de sa force, de son caractère. Il ne doute pas une seconde qu’elle se relèvera toujours, quoi que ça lui en coûte, même avec son genou à terre. Qu’elle ne se laissera plus démotiver, plus piéger dans son propre filet. Qu’elle puisse passer à présent à autre chose que sauver et défendre une tête de mule, parce qu’il n’en vaut pas la peine, parce qu’il n’a jamais rien fait pour qu’elle reste sienne, et aujourd’hui, il peut saigner, hurler, il devra s’en contenter. « Parce que tu pensais vraiment que je m’attendais à une autre réponse de ta part ? Que tu aurais avoué … que j’ai compté ? Que j’ai été plus ? Que tu as eu mal à en crever quand je suis partie ? » Un soupire qui sort de ses lèvres, « C’était ton choix, même si il l’a cherché, ça n’aurait jamais pu fonctionner entre nous, de toute évidence. » Parce qu’il le pense. C’est tout ce qui a de plus mauvais entre eux, c’est lamentable, cuisant, impur. Et il a mal le basketteur. Il a mal comme rarement il a eu mal par le passé, et comme il aura rarement mal à l’avenir. Parce que quoi qu’il dise, il l’a laissé entrer dans son monde, pas comme elle l’avait souhaité, pas comme il l’aurait dû. Mais elle a bien été là pour lui, et savoir qu’aujourd’hui, il ne pourra plus jamais compter sur elle, il ne pourra plus jamais voir ses yeux brillants quand elle le regardait, ça fait mal. Affreusement déchirant, il ne veut plus de cette douleur lancinante, qui le pèse un peu plus. Elle revient à la charge, en pesant ses mots, en voulant taper fort. « De tout Mason ! Tu ne t’en es pas rendu compte alors que je suis restée six mois à tout accepter ? A accepter tes excès de colère, à accepter tes retours de soir de match dans un état lamentable, à accepter d’être inexistante à tes yeux ? A prendre ta défense devant Dylane, devant Nick ? » Il voudrait qu’elle cesse, qu’elle se taise. Il voudrait ne jamais avoir été là, sur cette plage, parce que fuir, ne pas voir la réalité en face est bien plus facile, plus agréable que ses mots. Que ses paroles, alors qu’il est conscient qu’elle les pense, les uns après les autres. « Tu veux d’autres exemples ? » Elle s’est interrompue, mais cette question le heurte, parce qu’elle en a d’autre ? « Tu mens… » Qu’il crie sans se soucier de cette plage, de ses personnes au loin. Son cœur hurle, son regard n’est que poison quand il s’attarde sur sa silhouette, « si ça avait été si compliqué pour toi, fallait songer à partir, quitter le navire… » Sa voix sombre dans le chaos, son cœur est anéanti, mais il reste bien vivant, entier, un personnage qui ne se laissera pas berner dans ce mensonge, dans cette impression de vouloir dépasser l’autre. « Parce que tu n’as pas accepté que je te vienne en aide. Et que tu ne veux tout simplement pas qu’on te vienne en aide Mason… » Et parce que la certitude que ce jour ne viendra plus jamais pointe le bout de son nez, il la regarde flirter avec ses ressentis, comme si elle s’était déjà faite au nouveau personnage devant elle. A ce qu’il est devenu aujourd’hui, si différent de l’homme qu’elle a aimé autrefois, et soutenu. Deux mondes à part, deux êtres que tout sépare. Mais qui semble ne faire qu’un aujourd’hui. « Parce qu’il est déjà trop tard Mia… » Et parce qu’à l’époque, il n’avait pas besoin d’aide… Il le croyait dur comme fer. « C’est déjà le cas… Depuis longtemps, qu’elle avoue quand il l’implore de le haïr, de le détester. Parce que ça fait mal, mais qu’il n’en montrera aucune trace, aucun mot ne sera assez fort pour le dire. Félicitation, tu as obtenu ce que tu voulais… » Elle est froide, distante. Elle est tout ce qu’elle n’a jamais été avec lui, et il la regarde, la contemple sans vouloir l’accepter, totalement. « J’ai gagné, tu as perdu… » Et cette tension qui redescend, alors qu’il n’en pense pas un mot mais que le paraître est bien moins douloureux que cette vérité. Parce que désormais entre eux, il n’y a plus de désir, plus de paix. Que de la provocation, de l’arrogance, de la fierté. Et de l’animosité.
Je ne suis plus la même que deux ans en arrière lorsque lui et moi formions encore un couple. Un couple, que dis-je, en fait je n’en sais rien ce que nous étions. Parce que nous étions quelque chose c’est certain mais visiblement quelque chose d’indéfinissable, parce qu’il a toujours refusé de nous définir. Mais oui, aujourd’hui, c’est une jeune femme différente qu’il a devant lui. Une jeune femme qui ne se laissera plus émouvoir, qui ne flanchera plus. Non, c’est un tout autre visage que je lui dévoile sur cette plage. Je ne le ménage plus, je ne veux plus utiliser de pincettes avec lui. Je ne montre plus aucune compassion à son égard parce que la situation dans laquelle il est, c’est lui qui l’a voulu. Il est l’unique fautif dans l’histoire. Alors oui, je lui tiens tête, je lui balance avec froideur tout ce que j’ai sur le cœur depuis tout ce temps. Tout ce temps où je me suis retenue de lui dire ce que je pensais réellement. Usant d’un masque dissimulant une rancœur que je porte depuis la fin de notre relation. Prétextant que je pouvais conserver un semblant d’amitié avec lui en allant surfer à ses côtés de temps en temps. Mais le vase a débordé, la goutte d’eau de trop lorsqu’il n’a pas eu la décence de prendre de mes nouvelles après mon accident. L’excuse sûrement de la peur de croiser sa famille en venant me rendre visite. Foutaise. Il ne change pas, il ne changera jamais. Comme il ne sera jamais capable de me dire ce qu’il a pu ressentir à l’égard de notre relation et surtout de notre rupture… « C’était ton choix, ça n’aurait jamais pu fonctionner entre nous, de toute évidence ». Mon sang ne fait qu’un tour. Il a le culot de m’accuser, de me blâmer. Je ris, un rire mauvais, faux pour éviter d’exploser « Et je n’ai aucun regret de l’avoir fait. Aucun ! ». Mon regard est noir, parce qu’il a ce côté indifférent qui m’horripile, qui me donne envie de lui faire du mal comme il m’en a fait et continue de m’en faire par ses paroles.
« Tu mens… ». Il me crie alors que je lui énumère tout ce que j’ai toléré pendant notre relation. Là encore, cela ne fait qu’alimenter la colère que j’ai en moi, la haine que je lui porte et qu’il peut lire sans aucune difficulté dans mon regard « Je mens ? Alors dis-moi, toi, comment elle était cette relation ? Qu’est-ce que tu as fait à ton tour pour nous ? Vas-y je t’écoute ! ». Je m’approche encore un peu plus de lui, l’incitant à répondre à cette question même si je sais très bien qu’il ne le fera pas, répondra à moitié ou mentiras. Parce que le mensonge c’est tout ce qu’il le définissait désormais, sa vie entière n’était que mensonge « Et pour moi ? ». Parce qu’elle était là la réelle question. Si je mentais, si je n’ai pas fait tout ça pour lui, et qu’il ne veut pas à son tour reconnaitre tout ce que je lui reproche, alors qu’il m’explique son point de vue. « Si ça avait été si compliqué pour toi, fallait songer à partir, quitter le navire ». Et il en rajoute… il en rajoute des couches qui me font le détester encore plus. Au point où je me demande comment j’ai pu m’enticher de lui, comment j’ai pu me laisser berner, comment j’ai pu me faire prendre au piège par un type pareil ? Qui n’a aucun cœur, aucune bonté, qui se réjouit de me faire autant de mal. Comment ai-je pu être aussi stupide. Alors c’est avec mépris que je le regarde « Qui te dit que je n’y ai jamais songé ?! ». Parce que s’il pensait que l’idée ne m’avait jamais traversé l’esprit, il se trompait totalement. J’ai juste eu le courage de rester, pris mon mal en patience… Tout ça pour quoi finalement ? C’est ainsi qu’apparaissait les regrets. Tout comme les regrets d’avoir pu penser que j’aurai pu lui venir en aider. Le sortir de ces méandres dans lesquelles il s’est laissé peu à peu sombrer. Non, il n’a pas accepté cette main tendue. La mienne, celle de son entourage… « Parce qu’il est déjà trop tard Mia… ». C’est un regard triste qui se porte sur lui. Malgré tout, il avoue, il reconnait que plus rien ni personne ne pourra l’aider. Qu’il est déjà arrivé bien bas. Et même si j’essaye de rester forte face à lui, de montrer que plus rien ne m’atteint, que sa situation ne m’attriste pas, ce n’est que façade. Au fond, j’ai mal pour lui parce qu’il a compté. Et qu’il compte toujours même si je ne veux plus lui montrer. Je me contente de soupire alors, parce que je n’ai plus rien à ajouter, pas quand mes mots n’ont plus aucune répercussion de toute façon. Ce qu’il cherche finalement, c’est que je le déteste. Il me le demande ouvertement. Ma réponse est sans appel, je le déteste. Il semble fier d’y être parvenu « J’ai gagné, tu as perdu… ». Ma gorge se serre, sa réaction me blesse, je préfère alors tourner les talons en guise de réponse. Je pars récupérer ma planche près de l’eau, de toute manière je n’arriverais pas à affronter l’océan aujourd’hui surtout pas après notre discussion. Je repasse à ses côtés avec ma planche, mon regard noir et pourtant humidifié se pose sur lui « Aurevoir Mason ». Je le bouscule et prend la direction de la sortie de la plage.
« Le temps ne veut pas faire demi-tour… » mia mckullan & mason bradford
Si il y avait eu une seule personne pouvant le comprendre, le cerner, se faire entendre de lui, elle aurait eu le nom de Mia McKullan. Si il y avait eu entre eux cette étincelle du départ, la manière dont elle le regardait n’avait laissé aucun autre présage pour le basketteur que la conquérir. C’était naturel entre eux. Parti d’un rien, autour de quelques verres, elle a réussi à le faire sortir de ses retranchements sans même qu’il n’y voit réellement là, le problème de sa vie. Mason Bradford n’est pas un homme adepte aux confidences, il se cache bien souvent derrière ses pensées, ne voulant offrir aucun acte d’héroïsme de sa part, parce qu’il ne veut réellement voir les choses en face. Qu’on le mette devant ses problèmes et le fait accomplie. Il cherchera à éviter le plus possible qu’on lui rejette la faute, se cachant derrière ses propres idéaux qui sont bien souvent faussés. Mais dire que la McKullan n’en a pas l’habitude serait mentir, elle le connaît suffisamment pour anticiper ses paroles, pour se barricader comme lui le faisait à cette époque. Elle a appris à grandir Mia, à évoluer dans ce monde qui ne lui ressemble pas. Elle s’est forgé une nouvelle carapace d’acier – c’est du moins ce qu’elle tente de faire croire et même si Mason aimerait la lui percer, la lui faire chuter, il devine dans son regard avec aisance qu’entre eux plus rien ne sera comme avant. Qu’il ne fera plus partir de ce monde, plus parti de ses attentions désormais. Qu’elle finira par lui tourner le dos, et qu’il restera seul. Seul contre tous, ce n’était pas ce qu’il voulait ? Seul face au monde, n’étais-ce finalement pas ses actes qui l’y ont conduit ? « Et je n’ai aucun regret de l’avoir fait. Aucun ! » Elle insiste sur ses mots, le regardant presque de la tête au pied, et son air indifférent ne la touche plus, désormais qu’elle a compris son manège. Désormais il comprend vite qu’elle a fait une croix sur lui, sur leur histoire. Qu’elle vogue dans d’autres regards, qu’elle vibre pour d’autres cœurs. Qu’elle s’en est allée… « Pourquoi tu en aurais ? » Mais la réelle question, celle qui la démange plus que le reste, c’est sans doute de connaître ses regrets, à lui. De savoir ce qu’il ressent et ce que jamais, il n’avouera. Ce qu’il préfèrera enfouir du plus profond de lui, et cela même si elle finira par le haïr, par le détester. Plus que le monde entier, plus que sa sœur, sa famille. Il s’emporte, il ne devrait pas, la traitant de menteuse, voulant toucher le peu de chose qu’il pourra. La voir se raccrocher à cette dernière rame sans néanmoins le dire. A cette branche qui se casse toujours plus jusqu’à craquer sous ce poids. Jusqu’à rompre leurs propres chaînes. « Je mens ? Alors dis-moi, toi, comment elle était cette relation ? Qu’est-ce que tu as fait à ton tour pour nous ? Vas-y je t’écoute ! » Il la fixe un bref instant, bien trop court selon elle, bien trop longuement pour lui. Il n’en veut pas de son prétexte, de ses demandes. Il n’en veut pas de ses explications. Mais c’est quand elle avance en sa direction d’un pas, puis d’un autre qu’il déglutit, affrontant de la pire des manières cette attaque, impuissant. Parce que jamais il n’acceptera ce qu’il est devenu, encore moins ce qu’il aurait pu devenir si il lui avait laissé sa chance. Si il lui avait laissé emprisonner son cœur, si il se serait laissé panser ses plaies. Jamais, il ne l’aurait accepté, toléré, il aurait préféré passé pour le méchant. Celui qui n’a aucun cœur. « Et pour moi ? » Sa voix s’éteint sous cette demande dont il ne pourrait lui-même répondre. Ses yeux sombrent sur cette silhouette qui lui fait face et qui reste blotti à ses côtés comme si elle attendait à présent un geste, un mot de sa part. Mais qui est-elle pour penser qu’il finira par craquer ? Qui est-elle pour estimer qu’il lui doit des comptes ? « Je suis pas de ceux-là, Mia… » Ca pique, ses mots, ça le dérange mais pas plus que ce que son cœur piétiner ressent. Il le pense pourtant, qu’elle mérite mieux. Qu’elle mérite autre chose que ce poison qui se répand en lui, qui le déstabilise, le rendant presque inaccessible. « Et jamais je ne voudrais l’être… » Pour la première fois dans son regard, elle peut y lire une certitude, il ne comprend pas ce qui lui donne la force de gronder, de rager, de la renvoyer là où elle se retrouve malgré elle. Mais avec froideur et cruellement, il y arrive à merveille, jouant avec le feu, prônant le faux pour attirer le vrai. « Qui te dit que je n’y ai jamais songé ?! » Alors pourquoi est-elle encore là devant lui ? Pourquoi cherche t’elle encore à le changer ou à lui faire entendre raison si il n’a plus cette place spéciale à ses yeux ? « C’est ce que j’aurai fait à ta place… » Mais il n’a jamais été à sa place, encore moins dans celui d’une personne qui se bat pour l’autre. Il n’a jamais été autre chose qu’une personne qui cherche à se débarrasser de tout lien. Parce que c’est trop pesant, ou trop douloureux. Mais son silence parle pour lui, et elle ne le supporte pas. Cette manière qu’il a de ne pas affronter les choses aussi. « Aurevoir Mason… » Son visage qui le fixe un trop court instant, pas assez pour qu’il s’imprègne de ce regard porté sur lui, pas assez pour y lire ce qu’il devrait voir. Elle le contourne, mais pas suffisamment, car elle le frôle, assez pour le bousculer sur son passage, alors qu’il cherche des réponses, il cherche à savoir pourquoi il reste sur la défensive. Pourquoi il ne hurle pas, ne la retient pas comme il devrait le faire ?
La lumière s’éteint sur nos destins…
Et puis tout se bouscule dans sa tête, son corps parvient à se sortir de sa léthargie, ses sens lui font réaliser qu’il est en train de tout perdre. Mia avec. Il n’est pas prêt, pas prêt à la laisser s’échapper de ses griffes alors qu’elle n’est plus sienne. Elle devient l’objet de convoitise, l’objet défendu. Il ne devrait pas, lui faire plus de mal, mais il ne parvient pas à faire autrement. Son visage se tourne à peine, son corps se contracte, sa mâchoire est crispée. Et il revient devant cette réalité qu’il a finalement cherchée pendant des années. « Qu’est-ce que tu cherches à te prouver ? » A lui prouver, Mia ? Sa voix qui résonne, son cœur qui tambourine, ses tempes deviennent douloureuses. Il se retourne entièrement vers elle, alors qu’elle s’est figée sur place au son de sa voix. Une part d’elle voudrait quitter cet endroit mais elle n’y parvient totalement, et il le sait le basketteur. Rompant cette distance entre eux, sa main vient heurter de nouveau cette peau, son regard vacille sous ce contact éphémère. « Je veux pas que tu me quittes… » Sa voix qui est si basse, presque un murmure, alors qu’il fronce les sourcils, pas encore prêt à l’affronter de visuel. Il aura beau la rejeter, la repousser, Mia a partagé sa vie durant des mois, et elle le partage encore, malgré les hauts les bas, malgré cette tension naissante entre eux. Malgré son attitude à la fuir. Parce qu’il ne se rend pas compte de la chance qu’il a de l’avoir face à lui.
Parce qu’elle est celle qui le raccroche à ce passé. Douloureux…
Je prétends que je n’ai aucun regret d’avoir mis fin à notre relation. Ce qui est vrai car, si j’ai pris cette décision, c’était dans l’unique but de me dégager de cette relation toxique. Toxique au point où je ne pensais plus qu’à son bien à lui, au détriment du mien. Toxique aussi parce qu’il ne m’accordait pas l’importance que je pouvais lui accorder. Qu’il n’a pas pris la peine de se soucier de ce que je pouvais ressentir, vis-à-vis de cette descente aux enfers qu’il entreprenait doucement de suivre et de cette indifférence à laquelle je devais me confronter parfois de sa part. Au fond, cependant, il y a eu des regrets. Le lendemain, le surlendemain, quand je me suis réveillée seule dans mon lit, ou quand je n’étais pas dans le sien. Quand je n’avais plus aucun message de sa part, ou plutôt, que je n’avais plus de message à lui envoyer. Ou encore quand je me disais que je le laissais tomber, que cette rupture n’allait pas à l’aider à retrouver le droit chemin. Des doutes, il y en a eu sur cette décision. Qui n’a pas été facile à prendre, surtout lorsque vous êtes amoureuse de la personne. Mais qu’il faut se rendre à l’évidence, quand celle-ci, en retour, ne vous prouve pas qu’elle le soit… « Pourquoi tu en aurais ? ». Cette question, cette façon toujours aussi indifférente, ce côté incompréhensif qui lui va si bien de me demander cela ne fait qu’alimenter cette colère que je peux ressentir au fond de moi. Contre lui mais pas seulement. Parce que cette rencontre et la tournure de celle-ci est aussi la conséquence de tout ce qui se trame autour de moi actuellement. Mais ça il l’ignore. Il pense peut-être que cela est dû à mon accident uniquement. Mais aussi à cette rancœur que je peux éprouver contre lui. Mais non, Mason, il n’y a pas que ça. Il n’y a pas que toi non plus. Il n’y plus de toi tout court. Il n’y a plus de toi et moi. Il n’y en aura plus jamais. Je préfère ignorer sa question, ne pas répondre et me contenter de lui lancer ce regard noir qui exprime ma haine contre lui pour enfoncer le couteau, encore et toujours. Cette histoire est derrière nous, derrière lui, derrière moi. Pourtant je lui demande des comptes. Je veux qu’il me dise ce qu’il pense avoir fait pour notre relation. Pour moi. A quoi bon au final lui demander ça maintenant ? Peut-être pour ressentir une certaine paix intérieure, peut-être dans l’espoir qu’il me dise qu’il n’a rien fait et qu’il le regrette. Je sais que je n’obtiendrai pas ce genre de réponses de toute manière et il me le prouve « Je suis pas de ceux-là, Mia… Et jamais, je ne voudrais l’être… ». Cette certitude déconcertante qu’il a en prononçant ces quelques mots me fige un peu sur place. Mais en réalité, devrait-elle me surprendre autant ? Parce que je l’ai bien compris depuis longtemps et pourtant, lorsqu’il prononce ces mots, une certaine déception peut se lire sur mon visage. Je soupire, c’est l’unique réponse qu’il aura de ma part face à cette affirmation. Et puis il poursuit sur ce chemin, continuant à enfoncer le couteau, à se montrer méprisant, me demandant pourquoi je n’ai pas songé à quitter le navire bien avant. Il pense peut-être que je ne l’ai jamais fait, mais je lui affirme le contraire « C’est ce que j’aurai fait à ta place… ». Et là, un rire s’échappe d’entre mes lèvres, un rire qui sonne faux évidemment « Et tu ignoreras toute ta vie ce que c’est d’avoir été à ma place car tu es trop égoïste pour un jour faire tout ça pour quelqu’un… ». Mes mots sont cinglants, continuant à lui reprocher la personne qu’il est devenu et qu’il ne cessera jamais d’être.
Je préfère alors couper court à notre conversation, à lui tourner le dos après avoir récupérer ma planche de surf, le bousculant volontairement en repassant à ses côtés. Et alors qu’il s’avouait pourtant vainqueur de cette bataille, faisant de moi ainsi une vaincue, j’entends à nouveau sa voix, comme s’il cherchait à me retenir d’une certaine manière, indirectement « Qu’est-ce que tu cherches à te prouver ? ». Je me fige, moi qui étais pourtant déterminée à quitter cette plage, pour m’éloigner de lui. Lui qui me rappelle tant un passé que j’ai envie d’oublier, me rappelant la naïveté dont j’ai fait preuve et dont je continue à faire preuve encore aujourd’hui. Je préfère l’ignorer, du moins c’est le choix que je fais… jusqu’au moment où je sens sa main à nouveau frôler ma peau, comme pour me retenir, m’incitant à lui faire face à nouveau. Et puis, il se met à murmurer ces quelques mots à peine audible « Je veux pas que tu me quittes… ». Je les ai entendus, bien sûr, je les ai bien saisis tous un à un. Alors lentement, je me retourne, alors que ma gorge se noue d’entendre cette sorte d’appel à l’aide auquel je ne veux pourtant pas céder… plus céder. Nos regards se croisent à nouveau, il n’y a plus une once de colère dans le mien, mais davantage de la tristesse. Je ne le repousse pas cette fois, alors qu’en me tournant sa main vient frôler la mienne un millième de secondes. Nous sommes proches physiquement, un silence s’installe alors que nous nous fixons. Du mal… voilà ce que ça me procure… Alors doucement, je reprends la parole « Je n’ai plus rien à prouver Mason… que ce soit à toi ou à moi-même. Je sais très bien que je t’ai trop donné, que ça m’a détruite un peu plus et que ça continue à me poursuivre encore aujourd’hui… La seule chose que je fais finalement c’est de fuir pour me préserver ». Aucun mot n’a été prononcé plus haut que l’autre, dénotant avec la tension palpable d’il y a encore quelques minutes. Je suis calme, et mon regard n’a pas quitté le sien, et je poursuis sur le même ton « Je ne voulais pas te quitter Mason… J’aurai voulu que ça fonctionne toi et moi, et tu en es conscient. Ca ne tenait qu’à toi. Mais tu as fait ton choix. Et maintenant, notre histoire est derrière nous. Il n’y aura plus jamais de nous. Malgré tes appels à l’aide… ». Parce que c’est ce qu’il a fait quelques secondes plus tôt en me demandant de ne pas le quitter. Un appel qui me déchire le cœur, surtout quand je suis dans l’obligation de l’ignorer, par choix. Ma gorge se serre davantage et je préfère alors baisser le regard plutôt que de continuer à affronter le sien.
« Le temps ne veut pas faire demi-tour… » mia mckullan & mason bradford
Mason ignore encore aujourd’hui ce qui est bon pour lui, ou mauvais. Il ignore réellement si Mia aurait pu avoir un autre rôle que celui qu’elle tient aujourd’hui auprès de lui, si il aurait pu lui laisser réellement la chance de le conquérir et de le rendre meilleur. Qu’est-ce qu’il serait capable de faire un jour pour une femme ? Il n’est pas en mesure de pouvoir répondre à cette question, alors qu’il a préféré faire demi-tour devant des sentiments naissants. Elle l’ignore, elle l’ignore, combien ça a été compliqué pour lui, de résister, d’arrêter de se laisser massacrer de cette sorte. Parce qu’il ne sera jamais comme elle le voudrait, il ne pourra jamais lui offrir un quart de ce qu’elle attendait de lui. Bien trop fier, orgueilleux, solitaire pour juste profiter du moment. Parce qu’elle n’est peut-être pas arrivé au meilleur moment de sa vie, il aime le penser, du moins. Que si tout cela s’était passé avant la mort de Tommy, peut-être qu’il aurait pu lui laisser la porte de son cœur ouverte. Peut-être aurait-il pu réellement lui montrer à quel point il était attaché à elle, - presque autant qu’elle. Parce qu’il doute l’être autant qu’elle. Mia est si différente de lui, elle a ce côté fonceuse, ce côté où elle ne lâchera jamais celui qu’elle porte dans son cœur – à condition qu’il ne lui fasse pas de mal. Elle sait se protéger, Mia. Et elle se protège aujourd’hui, de lui. C’est douloureux, ça le déchire quand il l’observe, silencieux, s’éloigner de lui. C’est douloureux quand cette voix résonne en lui, pour lui montrer cette réalité, qu’il ne supportera probablement pas. Mason est perdu, entre un passé dont il ne peut plus nier, et d’un futur qu’il tente de fuir, en vain. Son cœur qui bat, alors qu’il se laisse dominer par cette sensation de tout perdre, de perdre un peu plus que ce qu’il pensait déjà. Quand elle ose le dévisager, lui tenir tête. Quand elle se met à rire avec cette indifférence, son regard qu’il cherche à capter, à attirer. En vain. Si seulement elle savait. Si seulement elle savait que sans elle, tout ce qu’il a construit, tous ses mirages autour de lui, ne mérite pas d’exister. Elle est sa force Mia, elle est celle qui l’a toujours transporté. Et aujourd’hui, il vient de comprendre, de pointer du doigt sa perte. Ca le déchire de toute part mais il n’a pas le choix, que d’accepter sa sentence. Il ne veut pas la retenir, n’en aura pas le courage, ni la force. Coupable de ce fossé entre eux, il n’acceptera pourtant pas qu’elle vole auprès d’un autre. « Et tu ignoreras toute ta vie ce que c’est d’avoir été à ma place car tu es trop égoïste pour un jour faire tout ça pour quelqu’un… » Son indifférence est totale, elle veut lui montrer qu’il a tout perdu lorsqu’il y a deux ans il n’a pas su la retenir. Lorsqu’elle a claqué la porte de l’appartement et qu’il n’a pas su lui courir derrière. Quand elle lui a posé une seule question, et qu’elle n’a eu comme seul refuge, seule réponse : un silence. Et ça le touche, plus qu’il n’acceptera le montrer, plus qu’il ne voudra jamais le témoigner. Mais il ne peut plus revenir en arrière, il n’est pas quelqu’un qui revient sur ses positions, sur son passé. Qu’on s’appelle Mia McKullan. Qu’on soit la seule qu’il n’a jamais aimée. Il ne reviendra pas sur son passé. J’espère ne jamais te remplacer… Il ne le dira pas, mais le pense si fort, son regard l’appelle, lui crie de se retourner, alors qu’elle passe déjà son chemin.
Le laissant seul affronter ses démons.
Elle est déjà loin, trop loin pour qu’il laisse faire, ne réagisse pas. Elle est déjà loin, trop loin pour qu’il la laisse s’échapper, fuir. Alors il interrompt ce silence. Brise cette chaîne. Quand sa voix s’emmène jusqu’à elle, jusqu’à ses oreilles. Jusqu’à son cœur. Elle se fige Mia, elle se fige sous l’effet de ce poignard qu’il vient de lui planter, devant cet appel. Elle ne pourra plus venir le sauver, il le sait, mais c’est bien plus fort que lui, et il a besoin qu’elle vienne le sauver une dernière fois. Il a besoin d’elle, une dernière fois. Parce qu’il n’sait pas vivre sans elle Mason, il ne sait pas vivre sans Mia. Ses pas sont lents mais il finit par l’atteindre elle. Physiquement, moralement. Il finit par être qu’à quelques centimètres de Mia, et il pose sa main sur son avant-bras. Ce contact qui le fait revivre, de nouveau. Alors qu’il se pensait mort de l’intérieur, cette flèche qu’elle finira par arracher. Par laisser tomber au sol. « Je n’ai plus rien à prouver Mason… que ce soit à toi ou à moi-même. Je sais très bien que je t’ai trop donné, que ça m’a détruite un peu plus et que ça continue à me poursuivre encore aujourd’hui… La seule chose que je fais finalement c’est de fuir pour me préserver. » Elle est calme, le fixant comme lui l’avait fixé, il fût un temps. A l’époque. « Je ne voulais pas te quitter Mason… J’aurai voulu que ça fonctionne toi et moi, et tu en es conscient. Ca ne tenait qu’à toi. Mais tu as fait ton choix. Et maintenant, notre histoire est derrière nous. Il n’y aura plus jamais de nous. Malgré tes appels à l’aide… » Il fronce les sourcils, à ses derniers mots alors que son cœur se resserre. Noircissant le tableau, il ne comprend pas, il ne comprend plus. Ne sachant pas si il n’devrait pas juste la laisser partir. Si ce n’est pas inévitable à présent. La laisser vivre en paix, en aimer un autre. Il pensait qu’elle reviendrait. Parce qu’elle est toujours revenue vers lui. Il pensait qu’à eux deux, ils pourraient déplacer des montagnes, être l’un et l’autre contre le monde entier sans faire aucun effort de son côté. Sans lui montrer, lui prouver son attachement. Et aujourd’hui, il ne lui reste plus rien, plus que ses souvenirs… Mais sa main vient relever son menton, qu’il effleure à peine du bout des doigts. Il fixe les courbes de son visage, perdu, alors que ses lèvres viennent heurter les siennes sans même qu’il ne réalise ce qu’il est en train de faire. Il n’y a rien de passionnel, juste un dernier baiser avant de tourner les talons, lui aussi. « C’était un baiser d’adieu. » Qu’il souffle, se relevant au bout de longues secondes, lâchant le menton de la journaliste, pour lui tourner le dos. Mason Bradford avance désormais dans une autre direction qu’elle, pour la première fois, réalisant que tout est bien terminé avec Mia. Même si son cœur ne souhaite pas encore l’accepter. Il s’éloigne d’elle. Ne lui laissant pas le temps de réagir. Et elle ne lui courra probablement pas derrière.