Depuis quelques jours déjà de nombreuses personnes passaient la porte de sa maison. On venait lui donner des condoléances, lui amener des plats préparer ou encore lui compter les louanges de Ian. Elle, elle ne voulait pas ça. Elle ne voulait pas voir tout ces gens à sa porte. Elle ne voulait pas accepter des plats alors qu’elle savait cuisiner mais surtout qu’elle ne voulait plus manger et elle ne voulait encore moins écouter les bonnes actions de son défunt mari. Elle, elle voulait rester prostrer chez elle, dans son lit ou son canapé enveloppé dans un tee-shirt de Ian pour sentir son odeur et pleurer toutes les larmes de son corps en maudissant le ciel, la terre et ces fichus incendies. Surtout, en ce maudissant elle-même que son cœur soit partagé entre deux hommes et pas seulement son mari qui aurait dû l’avoir tout entier. Bien sûr, Ian ne savait rien, elle avait tût pendant deux semaines le baiser qu’elle avait échanger avec son ami. Maintenant, elle ne pourrait plus lui avouer et elle se sentait coupable de ça. Surtout qu’Adam lui avait dit qu’Ian lui avait sauvé la vie, que c’était lui qui aurait dû mourir et que son mari lui avait demandé de lui dire qu’il l’aimait. Elle aussi l’aimait. Elle l’aimait tellement mais tous les sentiments se mélangeaient. En ce moment, la tristesse, la honte, la colère et l’amour étaient tous à des degrés si élevés qu’elle ne savait plus comment réagir ni comment son corps pouvait absorber tout ça. Elle savait donc que d’ici quelques instants, elle allait exploser et demander à tout le monde de sortir de chez elle. Les funérailles n’étaient pas encore passées alors elle savait que le manège allait durer encore un peu et elle ne le voulait pas, ne le supporterait pas.

C’était la première fois qu’elle perdait un être si cher à son cœur et elle ne savait pas comment réagir. Elle n’avait jamais imaginé une telle peine ni un tel mélange de sentiments. En réalité, on ne peut pas imaginer tant qu’on ne l’a pas vécu. Elle aurait dû s’en douter, le savoir. Elle s’arrêta dans la cuisine, rangea les différents plats qu’on lui avait fait pour l’aider. Mais elle était seule, elle n’avait pas besoin de tout ça. Pas maintenant, jamais. Elle tenta de penser à autre chose pendant que dans le salon, plusieurs voix s’élevaient. Pourquoi avait-il fallut que son mari soit si apprécié ? C’était un ange, elle le savait, le meilleur homme qu’elle ait jamais connu de sa vie. Celui qui avait donné sa vie pour son ami, le meilleur amie de Kaya. Celui qui vous ouvrait la porte dès quand il voyait que vous arriviez, celui qui vous aidait à porter vos courses jusqu’à votre voiture, qui allait tondre votre jardin si vous aviez la jambe dans le plâtre, celui, qui vous emmenait à l’hôpital pour soigner une cheville foulée alors que vous croyez qu’il allait rentrer chez lui et vous laissez seul. Parce que oui, vous ne vous connaissiez pas et donc il était impensable pour vous qu’il puisse faire ça. Pourtant, il l’avait fait, il l’avait fait et c’était à partir de là qu’avait commencé leur relation qui elle ne l’avait jamais imaginé irait jusqu’au mariage, jusqu’à l’envie de fonder une famille ensemble. Elle avait perdu son roc et elle ne voulait pas partager cette peine avec tout le monde. C’était bien trop dur.  Alors, lorsqu’elle entendit la sonnerie à sa porte près d’une demi-heure après le départ de tout le monde, elle voulut se cacher, prétendre qu’elle n’était pas là et se mettre en chiant de faïence dans le canapé. Après un terrible effort suite à un autre retentissement de sonnerie, elle fini par se lever et ouvrir la porte. Elle était prête à dire à la personne de partir mais celle en face d’elle était une excellente surprise. Elle sauta à son cou. Voilà une personne qu’elle était contente de voir. « Je suis si contente que tu sois là. » Elle resserra un instant son étreinte avant de lui proposer de rentrer.

code par EXORDIUM. | Images par Oblivion

Kaya était fatiguée de toute l’agitation qu’il y avait chez elle. Elle voulait qu’on la laisse tranquille, qu’elle puisse faire ce qu’elle voulait. Elle faillit crier à tout le monde de sortir mais ça ne se faisait ça. Enfin, elle ne s’était pas dérangée de le faire quelques jours plus tôt. Aujourd’hui, elle était juste plus raisonnable et elle s’énervait elle-même. Heureusement, ils finirent par partir. Le silence dans la maison était bizarre, pesant comme s’il savait que jamais plus les rires ne se ferraient entendre. Leurs rires d’amoureux, enlacés en s’embêtant. C’était tout d’un coup trop calme. Elle voulait du bruit. En fait, elle ne savait pas ce qu’elle voulait car si elle mettait la télé ou de la musique, elle en serait presque à casser la télé ou la radio. D’ailleurs, alors qu’elle était prête à se recroqueviller sur elle-même, elle entendit la sonnerie de la porte. C’était difficile, trop difficile. Excepté lorsque la porte sourire. La tension diminua un peu. Elle sourit au surnom qu’il lui donne. Elle l’aime bien ce surnom, elle y est habituée. Au moins quelque chose qui ne change pas. « Hey beau gosse. » Elle se blottit alors dans ses bras parce qu’elle a besoin de sa chaleur, à besoin de lui. C’est étrange de se dire que quelques années plus tôt, ils ne se connaissaient même pas. Ils étaient deux parfaits inconnus et désormais, elle n’imaginait pas sa vie sans qu’il ne soit dedans. Il lui avoua ne pas être sûr que ce soit une bonne idée qu’il soit là. Au fond d’elle, elle ne le savait pas non plus mais elle aimait sa présente et la chaleur de ses bras alors ça ne pouvait qu’être bon non ? « Oh, je préfères t’avoir toi que cinquante des personnes qui vienne de partir. » Elle ne savait pas s’il y en avait eu autant mais trop à son goût. Lorsqu’il lui dit qu’il ne lui demandait pas comment ça allait, elle sourit. Au moins quelqu’un qui était lucide parce que cette question alors que l’on vient de perdre un être cher est plus que stupide. Elle ne peut s’empêcher de dire ironiquement. « Disons que si tu as envie d’entendre que j’aimerai bien tout casser dans la maison en espérant que ça le ferra revenir, tu es au bon endroit. » D’ailleurs, ce n’était pas comme si elle n’avait pas déjà commencé à casser de nombreuses choses. Ce n’était franchement pas une très bonne idée parce qu’il faudrait qu’elle rachète ce qu’elle cassait mais au moins, ça lui enlevait un peu de colère. Pas trop non plus car la douleur était trop récente, faisait encore bien trop mal pour qu’elle puisse ne pas être en colère ou juste que sa peine puisse s’apaiser.

Elle resta dans ses bras encore un petit moment. Ca lui faisait du bien. Elle aurait pût rester comme ça pendant longtemps. Elle ne sentait d’ailleurs pas vraiment le froid qui pourtant glaçait ses joues. Ca lui faisait du bien, l’apaisait peut-être aussi comme si le mal par le mal était le meilleur remède au monde. Lorsqu’il lui proposa de rentrer, elle se dit que tous n’étaient pas façonnés pareil ou alors, c’était juste le moment qui faisait qu’elle appréciait la froideur de la journée. « Oui, rentrons. Il ne manquerait plus que tu deviennes un glaçon. » Un glaçon ? Qu’est-ce qu’elle en ferrait d’ailleurs ? Son frigo en était rempli en plus et elle ne savait même pas pourquoi elle s’était entêtée à en faire autant alors que ce n’était même pas l’été. Elle ne se souvenait même pas qu’elle les avait préparé pour une soirée qu’ils avaient prévus avec des amis. Quand avait-elle eu le temps de prendre cette décision ? Elle se tourna alors vers Jaylen. « Tu veux du café pour te réchauffer? J’en ai trois cafetières presque pleines, comme si je ne savais pas m’en faire tu sais. Et j’ai à manger à foison si jamais tu as aussi faim. » Elle savait que les gens avaient fait ça pour l’aider pour éviter qu’elle n’ait à se préparer du café ou à manger mais franchement, ça l’énervait plus qu’autre chose. Déjà parce que bon, le café c’est bien mais c’est encore meilleur quand il vient juste d’être fait. Et puis, elle n’avait pas vraiment envie de rester éveiller à repenser à ce qui s’était passé quelques jours plus tôt et ensuite, si on la connaissait assez bien, on savait que la nourriture et elle, c’était un drôle de mélange. Elle mangeait mais jamais trop. Enfin elle allait tout congeler et sortirait lorsqu’elle en aurait besoin mais si Jaylen voulait en prendre, ça l’arrangerait. Quoique Nico passerait le lendemain et il lui fallait des provisions à celle-ci.

code par EXORDIUM. | Images par Oblivion

Kaya est censée être forte, plus rien n’était censée l’ébranler. Depuis qu’elle était sortie de l’hôpital après qu’elle soit devenue anorexique à l’âge de seize ans, elle s’était promise de ne plus se sentir désemparée. Bien évidemment, la vie ne lui avait pas facilité les choses. Ses deux fausses couches l’avaient emmené vers des fonds peu recommandables mais Ian avait été là pour la soutenir. Il avait été présent à chaque pas et elle en avait fait de même. Toujours à s’épauler l’un et l’autre. Malgré l’humeur festif et joyeux de la blonde ça n’était pas toujours facile car le travail lui prenait beaucoup de temps et d’énergie. De l’extérieur, ils passaient souvent pour le couple idéal et il l’était probablement avec de rares disputes. Ils étaient proches comme Kaya n’aurait jamais cru l’être de quelqu’un. Seules sa sœur et sa mère avaient le privilège d’être aussi proches qu’elle l’était de son mari. Elle l’aimait de tout son cœur même si récemment, elle s’était surprise à ressentir des sentiments fort pour un autre homme. Elle l’avait même embrassé et depuis, elle était perdue. Ca s’était passé deux semaines avant que Ian ne meurt et en elle, tout était chamboulé. Elle avait trahi son mari et elle avait du mal à s’en remettre. Ses derniers mots avaient été pour elle et elle, elle était ailleurs dans son esprit. Elle se sentait donc comme une imposteur dans tout ce qui était en train de se passer et ne pouvait même pas l’avouer à quelqu’un. Même Nico n’était pas au courant de son ressenti et pourtant, elle s’avait tout d’elle.

Les journées depuis la mort de Ian étaient donc longues et compliquées pour son mental. Déjà parce que tout le monde venait la voir sans savoir si elle en avait envie mais en plus, elle devait prétendre. Prétendre que tout allait vite reprendre le cours des choses, qu’elle était moins faible et seule que ce qu’elle était réellement. Paraître… il fallait toujours paraître et c’était fatiguant. Les rares personnes avec qui elle ne paraissait pas était ses amis les plus proches. Elle estimait que Jaylen en faisait parti depuis toutes ces années et puis, il ne devait quand même pas être idiot pour penser que tout allait bien. Malgré tout, elle était contente de le voir et c’était bien pour ça d’ailleurs qu’elle s’était jetée dans ses bras ; contente que ce soit quelqu’un qu’elle aimait qui soit là. Elle n’aurait peut être pas à faire la conversation tout le temps. Elle aurait d’ailleurs du mal à redevenir comme avant, elle le sentait. D’ailleurs, elle qui n’était pas du genre à s’énerver pour rien était tellement en colère qu’elle avait cassé plus d’une chose dans la maison. Jaylen lui conseilla de se mettre à la boxe. Petit bout de femme qu’elle était, elle ne se voyait pas faire ça et encore moins en ce moment. « Non, je n’ai jamais essayé pour dire vrai. Peut être plus tard, je ne vois pas trop comment ça peut me défouler tout ça. Je sais qu’on dit que c’est le cas mais je n’y crois pas vraiment. » Elle préféra éviter de lui dire qu’elle s’était blessée déjà plusieurs fois. La douleur vive lui faisait du bien, la faisait se sentir vivante même si encore plus mal qu’avant. Elle estimait qu’elle devait souffrir après ce qu’elle avait fait à Ian, que c’était d’ailleurs mieux comme ça. L’avouer serait pousser les gens à la prendre pour une folle alors elle préféra s’abstenir. C’est bien pour ça que lorsque le jeune homme lui suggéra de rentrer parce qu’il faisait froid, elle ne dit rien. Elle, elle aimait cette fraîcheur bienvenue après autant de personne autour d’elle malgré la chaleur des bras du brun. Elle l’invita donc à rentrer pour éviter qu’il ne se transforme en glaçon. Elle sourit d’ailleurs à sa remarque. Ce serait bien dommage oui. Elle ne voudrait pas le perdre pour ça. Elle lui proposa d’ailleurs un café pour qu’il se réchauffe un peu. Lorsqu’il lui répondit positivement, elle en versa dans une casserole pour le faire réchauffer. « Je ne te promets pas la qualité. Je ne sais même pas qui a fait cette tournée. SI jamais il n’est pas bon, il y en a d’autres. » Oui deux autres entières. S’il ne s’agissait que du café, ce serait bien mais ce n’était pas le cas. La nourriture aussi était abondante, bien trop lorsque l’on savait ce que Kaya mangeait. Peut être que la mort de Ian changerait les choses mais elle n’y croyait pas vraiment. Elle en proposa donc à Jaylen. Après tout, il avait peut être faim même si ce n’était pas le cas. Sa réponse l’a pris par surprise. Il était vrai qu’elle n’avait pas pensé qu’au pire, elle pourrait tout donner ou une grande partie. Elle en aurait peut être même jeté avant de penser à ça. Elle qui était altruiste de nature était bien mal en point dis donc. « Je n’avais pas du tout pensé à ça effectivement. Je pense que ça sera une bonne chose oui mais pas aujourd’hui. » Ce soir là, elle n’avait d’ailleurs envie de rien et certainement pas bouger hors de sa maison. Elle choisi dans le placard deux tasses de café. Manque de chance, c’était deux tasses que Ian avait acheté lorsqu’ils s’étaient mis ensemble. Deux tasses duos de Mister Best looking guy et Miss Perfection avec deux grands sourires. Elle regarda alors ailleurs et en pris deux dépareillées avant de les remplir de café. Ces là étaient à Ian avant même qu’ils ne se connaissent et il n’avait jamais voulu les jeter. « Et voici pour toi. » Ses yeux étaient remplis de larmes mais elle engouffra vite dans tête dans la tasse. Au moins, elle pourrait prétexté que c’était la chaleur du café qui lui faisait monter les larmes aux yeux.

code par EXORDIUM. | Images par Oblivion

Kaya avoue avoir cassé déjà de nombreuses choses chez elle. Beaucoup de bibelot qui lui passait sous la main mais rien de trop important ou presque car elle avait cassé ce joli vase qu’ils avaient déniché dans une petite boutique. Ils emménageaient à peine ensemble à l’époque et ils découvraient les goûts de l’autre en décoration. Pas que des goûts communs d’ailleurs mais ce vase là avait été un coup de cœur pour tous les deux. Elle avait eu beau le casser par inadvertance, cela lui faisait désormais mal. Alors lorsqu’il lui proposa de faire de la boxe, c’était peut être une solution mais elle ne savait pas pourquoi, elle préférait se déchainer sur quelque chose qu’elle avait, comme si c’était un plus grand exutoire. "Tu sais ce qu'on dit ? Faut jamais remettre à plus tard ce qu'on pourrait faire maintenant." Elle sourit. Il n’y avait que lui pour tenter de lui remonter le moral en lui faisant faire du sport. Dans d’autres circonstance, ça aurait été une bonne idée mais là, ça tête n’était pas à ça. « Oui mais ce dicton ne précise jamais que parfois, ça fait du bien de dormir sur ses idées. » Parce que parfois, il faut réfléchir avant de faire quelque chose pour se rendre compte que ce n’était pas ce qu’il fallait faire. Evidemment, avec le sport c’était différent. "J'peux t'embarquer dans ma voiture. Et on peut aller essayer." Elle ne put s’empêcher de serrer un peu plus contre lui parce qu’il lui avait manqué même si elle l’avait vu peut de temps au part avant. « Pas aujourd’hui, il fait trop froid mais un autre jour oui. » En réalité, elle n’a pas froid mais c’est une excuse comme une autre. Elle ne veut pas le vexer. Elle n’a juste pas envie de faire du sport en ce moment. D’ailleurs, tant qu’il serait là, elle ne casserait rien ou sinon, sans faire exprès parce que ça arrive de faire tomber quelque chose.

Ils rentrèrent alors se mettre au chaud et elle lui proposa un café. Elle en avait plusieurs cafetières et elle savait déjà qu’elle ne terminerait pas tout. Parce qu’elle ne voulait pas rester réveillée. Au contraire, elle voulait s’endormir et rêver à son couple, espérant que son mari serait de nouveau là le lendemain matin. C’était se torturer mais c’était tout ce dont elle avait besoin à ce moment là pour la rassurer. Ca et les personnes auxquelles elle tenait le plus. Pas comme ces presque inconnus présents aujourd’hui. Ils étaient surtout du côté de la famille à Ian et même si elle connaissait toute sa famille, elle n’était pas prête à partager son deuil avec eux. Pas encore en tout cas. "Oh, t'inquiète. Un café, ça reste un café." Elle annonça à son ami qu’en plus d’une tonne de café, elle avait une tonne de nourriture. Elle qui mangeait peu de base n’avait pas vraiment envie de manger maintenant. Elle savait que ça partait d’une bonne attention mais les quantités étaient bien trop grande pour une seule personne. Jaylen lui proposa alors de les donner. C’était peut être la solution effectivement mais là encore, elle n’était pas motivée pour aujourd’hui. "Pas aujourd'hui, ok. Mais si tu veux de l'aide, t'hésites pas. Ca sera avec plaisir de t'aider. " Elle sourit. Non, aujourd’hui, elle ne le voulait pas. Elle n’avait pas envie de se déplacer, d’aller aider quelqu’un ou quoi que ce soit. C’était peut être égoïste mais elle n’en avait juste pas la force. « Oui promis, je t’appelle dès que je me suis décidée. Elle n’avait plus la force de rien excepté peut être de faire encore semblant car lorsqu’elle donne le café réchauffé à son ami, ses yeux sont brillants. Elle tente pourtant de faire face, de ne pas pleurer devant lui. "Tu sais que ... si tu veux pleurer ... T'as pas besoin de te cacher." Elle sourit, à envie de dire qu’elle le sait bien mais elle n’y arrive pas. La fumée du café lui chauffe un peu plus les yeux et les larmes commencent alors à couler sur ses joues. Elle relève la tête penaude parce qu’elle devrait être plus forte non ?

code par EXORDIUM. | Images par Oblivion

Kaya est perdue. Elle a envie de rien. Sortir ? Non pas du tout, Manger ? Non plus. Boire ? Encore moins. Tout ce qu’elle veut c’est qu’il revienne près d’elle. Elle veut se blottir dans ses bras, s’excuser et lui dire qu’elle n’a jamais voulu le quitter. Lui dire que ce baiser c’était rien et que lui seul a jamais compté pour elle. C’est vrai et faux à la fois mais elle ne veut pas se l’avouer. Parce qu’à cet instant, c’est de lui qu’elle doit faire le deuil, personne d’autre. Alors lorsque Jaylen lui propose alors d’aller se défouler. Elle n’en a pas la force. Elle vient de passer un après midi horrible avec toutes ces personnes qui l’ont embêté. Elle ne se sent pas vraiment capable de faire quoi que ce soit. Ils l’ont épuisé mentalement et il faut croire physiquement aussi. Alors s’embarquer dans une séance de sport, ce n’est pas son idée non plus du moment à passer. Elle sait qu’il veut l’aider mais elle ne veut pas être aidé. Pas tout de suite en tout cas. Elle ne se sent pas prête à mériter d’ailleurs d’être aidé. Pas prête à mériter quoique ce soir après ce qu’elle a fait à son mari. Certains trouverons qu’elle dramatise, elle, elle sait qu’elle a brisé les liens du mariage. Elle se demande d’ailleurs si ce n’est pas de sa faute ce qui est arrivé à Ian. Elle se dit que la coïncidence est trop forte bien qu’elle sache qu’on ne peut rien faire contre non plus. Elle était juste vraiment perdue.

Elle sourit en tout cas lorsqu’il lui dit qu’il n’allait pas la kidnapper. Il ne manquait plus que ça bien que ça aurait peut être pu lui faire du bien qu’on la force à faire quelque chose. Enfin, ça ne faisait qu’à peine une semaine que son mari était mort alors il fallait aussi la comprendre et qu’elle se comprenne elle-même. Elle n’allait pas arrêter son chagrin d’un coup. Ca aurait put être sympa d’avoir une baguette magique qui vous efface tous vos sentiments et vous fait passer directement à la situation suivante. Il lui dit alors qu’il faisait trop froid pour la plage. Ayant chaud, elle ne le pensait pas vraiment mais vu qu’elle avait dit qu’elle aussi elle avait froid, elle préféra ne pas changer d’histoire en cours de route. « Oui tu as raison. Et puis il doit y avoir du vent. » C’était surement ça le plus embêtant, le vent qui lui aurait fouetté le visage. Bien qu’au fond, avoir mal à cause d’autre chose aurait été bien sympa à cet instant. Elle avait envie de penser à autre chose et en même temps, avait envie de rester à le pleurer. Elle fit alors entrer et lui proposa un café. Il n’était vraiment pas terrible mais bon, on l’avait fait pour l’aider alors elle ne voulait pas trop juger non plus. Jaylen cependant ne tenait plus. Il était trop mauvais pour lui. Elle sourit. « Attend, je vais t’en faire un bon. » Enfin, un comme elle les aime en tout cas. Elle vida la cafetière préparée dans une carafe vide avant de se mettre au travail. Au moins, ça l’occupait un peu. « Tiens, il devrait être meilleur. » Elle se replongea dans sa tasse. La chaleur lui piqua les yeux et les larmes montèrent. Elle ne veut pas lui montrer parce qu’elle est du genre joyeuse normalement. Elle n’est pas le moins du monde du genre à pleurer. Elle peut cependant pas empêcher les larmes de couler. Alors lorsqu’il la prend dans ses bras, elle se laisse aller. Ce n’est pas comme si elle n’avait pas déjà pleuré aujourd’hui. Il fallait croire que ses larmes sortaient d’un puits sans fin.

code par EXORDIUM. | Images par Oblivion

Kaya avait rencontré son mari par hasard lors d’une soirée à l’université. Elle s’était foulée la cheville et il l’avait accompagné à l’hôpital comme un vrai gentleman. Ils avaient pris le même taxi et elle avait pensé qu’il rentrerait chez lui. Elle ne lui en aurait pas voulu le moins du monde mais il était resté. Ils avaient discuté et il l’avait même raccompagné chez elle. Les choses s’étaient faites naturellement, en douceur et elle s’était toujours dit que c’était à ça que devait ressembler le début d’une vraie histoire d’amour. Elle avait eu de la chance de le trouver. Il avait été là pour les épreuves difficiles et pour l’aider à ne pas sombrer. C’était grâce à lui qu’elle était devenue aussi forte bien qu’elle soit une battante à la base. Le problème était que désormais, elle était seule, sans lui pour l’épauler. Cela ne faisait que quelques jours que l’incident s’était passé. Elle avait encore du mal à y croire et espérait toujours le voir ouvrir la porte et la prendre dans ses bras. Elle l’espérait de tout son cœur même si elle savait qu’il ne l’aurait jamais laissé tout seule aussi longtemps. Depuis qu’ils s’étaient rencontrés, ils n’avaient passés que quelques jours séparés et c’était seulement parce que l’un et l’autre profitaient de leur famille. Kaya était très proche de sa sœur et de sa mère alors il n’était pas rare qu’elles partent toutes les trois pour quelques jours ou une semaine tandis que lui en faisait de même avec sa famille. Ca leur faisait du bien de se ressourcer et c’était donc la seule raison pour laquelle ils se retrouvaient si loin l’un de l’autre. Aujourd’hui, c’était différent. Elle ne le reverrait plus jamais. Elle devait l’accepter mais ne s’y faisait pas encore. Elle était bien trop vulnérable et épuisée moralement pour accepter d’ailleurs de faire quoi que ce soit. Sortir pour aller faire du sport n’allait pas l’aider aujourd’hui. Elle aurait pu éventuellement aller à la plage bien que ça lui aurait rappelé lorsqu’Ian lui avait demandé sa main. C’était à Sydney et sous les étoiles. Elle avait dit oui tout de suite. Il était donc préférable qu’ils restent là. Ils prétextèrent qu’il faisait trop froid. « Oui c’est ça, ce n’est pas le moment. » Non, si elle était malade, elle ne pourrait pas se lever ou aller au travail. Elle allait avoir besoin de ça pour pouvoir continuer à avancer.

Elle lui annonça alors qu’elle avait trop à manger dans le frigo. Elle qui avait un estomac de moineau, les gens ne la connaissaient définitivement pas. Avec le café, c’était un peu différent mais pour le moment, elle n’était pas prête à boire toute une cafetière. Cela l’obligerait à rester réveiller et au contraire, elle préférait s’endormir et pourquoi pas faire de beaux rêves où elle retrouvait Ian. Il y avait aussi les cauchemars mais avec le temps elle finirait par s’habituer. « Oui, je ne sais pas comment ils font. JE pense qu’ils veulent en boire toute la journée mais du coup, ça n’a plus de goût. » Combien de fois elle s’était retrouvé à boire du café plus transparent que noir. Elle qui ne buvait que ça pour éviter de prendre du poids était à ce moment là déçue et elle n’arrivait pas à finir sa tasse. Le sien était plus fort et c’était ce qu’elle allait lui préparer. Elle lui tendit alors la tasse et sourit à sa remarque. Oui, elle savait faire du café mais ça n’allait pas ramener son mari. Elle se cacha d’ailleurs derrière sa tasse, la fumée lui piqua les yeux. C’est en tout cas se qu’elle prétendait car son regard commençait à se remplir de larmes. Elle ne voulait pas pleurer, pas maintenant alors que Jaylen était là. Il fallait qu’elle soit forte. Cependant, elle n’arriva pas à se contenir. Les larmes commencent à couler et alors qu’il la prend dans ses bras, elle se laisse aller. Elle ne croit pas vraiment à ce qu’il dit mais peut être qu’un jour, elle se prouvera à elle-même le contraire. Elle pleure pendant un long moment, en silence. Les larmes finissent par se tarir pour le moment. Elle reste encore un peu dans ses bras avant de se détacher de lui. « Je suis désolée pour ça. » Pour le moment qui venait de se passer même si elle avait le droit de faire son deuil , elle n’aimait pas pleurer devant quelqu’un.

code par EXORDIUM. | Images par Oblivion

La plage ne semblait pas une idée si mauvaise pour Kaya qui avait chaud mais elle n’avait pas vraiment envie de bouger. Il fallait dire que depuis quelques jours, c’était comme si on lui avait enlevé toute sa capacité à pouvoir bouger. Pour certains, ça aurait eu l’effet inverse. Ils seraient en train de chambouler toute la maison à faire du ménage. Elle, elle avait du mal à accepter ce qui était arrivé. Elle avait du mal à se dire que jamais plus elle ne reverrait son mari et qu’il fallait qu’elle continue de vivre. Ca ne semblait pas être possible du tout et même marcher un petit peu lui semblait interminable. Elle qui pourtant faisait du sport tous les jours n’étaient plus du tout enthousiasmée ou même n’avait pas l’envie d’en faire. Elle espérait que ça ne durerait pas trop longtemps pour ne pas prendre des kilos. Oui, même pendant cette période elle y pensait encore bien que là tout de suite, ça ne l’aidait pas à vouloir se bouger. Elle fit donc comme si elle était de la même idée que son ami. Après tout, ça serait quand même dommage qu’il tombe malade. Quoiqu’au fond, cela l’empêcherait bien de finir comme Ian. Ca ne serait peut être pas une si mauvaise chose. Elle se demanda ce qui se passerait si Jaylen aussi venait à mourir en action. Elle ne devait pas penser à ça ou sinon, elle allait retourner à être miss fontaine. « Oui, ce n’est pas vraiment mon truc de rester sans rien faire parce que je suis malade ou pas d’ailleurs. » Kaya était plutôt du genre à bouger. Elle avait du mal à tenir en place. Elle arrivait à se canaliser avec son mari mais ce n’était pas toujours évident.
Pour éviter d’attraper froid, elle laissa Jaylen entrer dans la maison. Il y avait une forte odeur de café avec toutes les cafetières qu’on lui avait fait sans qu’elle n’en comprenne l’intérêt. Peut être comme ils étaient en train de le dire parce qu’une personne n’aimait pas le café d’une autre mais n’osait pas l’avouer. Kaya ne s’en serait pas offusquée mais bon, certains sont susceptibles d’un pas grand-chose. « Oui peut être que les gens sont trop gentils . Il faut dire aussi que l’on critique rarement quelqu’un qui nous aide. Et puis, eux doivent penser qu’il est bon sinon, ils le changeraient » Parce qu’il est vrai que si on est une personne sympathique, on n’osera pas dire que l’on n’aime pas le café proposé parce que les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas. Elle aimait plutôt le café noir sans rien y ajouter. Certains préféraient le jus de chaussette qu’ils pouvaient boire toute la journée. C’était une conception différente de d’utilité du café.

Cependant, la jolie tête blonde ne resta pas longtemps à parler de café. Il fallait dire qu’elle tentait du mieux qu’elle pouvait de cacher les larmes qui se préparaient à cause de la fumée qui ravivait ses yeux encore humides. Elle ne put s’empêcher de les laisser couler. Elle aurait préféré que ce ne soit pas le cas. Elle aurait voulu ne pas pleurer, être immunisée de tout. Au fond d’elle, elle ressentait une peine immense mais elle aurait préféré ne rien ressentir. Ca aurait été tellement plus facile. Excepté qu’elle n’est pas ce genre de personne alors elle n’a plus qu’à accepté qu’elle sera encore à pleurer les prochains jours ou semaines. Elle s’excusa pour Jaylen dont la chemise était désormais mouillée. Il fallait dire que la petite fontaine en elle ne semblait pas se tarir. Elle s’excusa mais il ne lui en voulait pas. Elle sourit à sa réflexion. « Tu vas avoir de la chance alors. » Elle tenterait quand même de ne pas trop pleurer mais elle n’était vraiment pas sûre que ça puisse l’aider. Elle sourit à la réflexion de son ami. A la cuisine ou dans le salon, la présence de Ian lui semblait toujours aussi forte alors l’un ou l’autre ne l’embêtait pas. « Oui, on peut. » Elle se dirigea en compagnie de son ami vers le canapé. « Tu veux qu’on regarde un film ? » Kaya ne se sentait pas vraiment capable de parler de Ian ou d’autre chose sans sentir les larmes monter en elle. Ca pouvait être une solution bien qu’à l’origine, elle ne soit pas trop films. Au moins, ça lui laissait une large panoplie de films à regarder.

code par EXORDIUM. | Images par Oblivion

Kaya est normalement du genre à bouger, à s’occuper toute la journée ce qui d’ailleurs énervait souvent son mari. Il fallait souvent qu’il la fasse s’arrêter pour que ce soit le cas. Il savait la contenir, l’aider. C’était vraiment l’homme parfait. Elle ne comprenait pas pourquoi il n’était plus là. Pourquoi lui avait-on enlevé si tôt l’homme qu’elle aimait. Etait-ce pour la punir parce qu’elle avait embrassé un autre homme ? N’aurait-ce pas dû être l’inverse ? Elle qui aurait du mourir dans ces cas là ? Elle n’y comprenait rien et ça l’énervait.

Ils entrèrent alors dans la maison parlant de ce que les invités avaient laissés à la veuve. Trop de choses à son goût même si elle savait qu’ils faisaient ça pour l’aider. Le problème était qu’elle ne voulait pas d’aide. Elle voulait qu’on la laisse tranquille. Elle voulait retrouver son mari qu’elle ne retrouvera d’ailleurs plus jamais. C’était trop tard et ce que n’était pas des plats préparés avec gentillesse ou du mauvais café qui allait changer ça. Non décidemment, rien ne pouvait plus changer. Elle tentait cependant de se montrer forte devant son ami. Parce que Kaya n’était pas le genre de femmes à montrer ses émotions. Non, elle préférait les enfouir ou alors, elle les partageait avec sa mère ou sa sœur parce qu’elles , elles l’ont vu au plus bas. Elle préfère le faire devant ses amis et ce n’était pas l’intention qui était prêtre de changer. « Oui, parfois on se vexe d’un rien mais chacun à sa sensibilité alors ce n’est pas facile à juger. » Parce que certains sont plus sensibles que d’autres, se braquent plus facilement à cause de leur caractère ou de ce qui s’est passé dans leur vie. C’était difficile à juger bien qu’elle soit d’accord sur le fait que souvent on se braquait pour rien alors que ce n’est qu’une remarque faite pour tenter d’améliorer les choses.

Elle ne peut alors s’empêcher de pleurer. Elle en a marre, elle ne veut pas que Jaylen la voit comme ça mais elle ne peut pas s’en empêcher. Est-ce normal ? Est-ce mieux comme ça ? C’est ce qu’il semble lui dire. Et pourtant, elle a déjà tellement pleuré qu’elle aimerait que ça s’arrête. Ce n’est vraiment pas quelque chose qu’elle veut continuer de faire. Pourtant, dans les bras de son ami, elle ne peut s’en empêcher. Elle le fait et ça lui fait du bien. C’est bizarre d’ailleurs parce que normalement, ce sont plus des larmes de colère qu’elle a en elle que de tristesse. Elle lui dit alors qu’il aura de la chance car elle trempe un peu trop la chemise de son ami. Ce n’est peut être pas de la chance d’ailleurs.
Il lui propose alors de regarder un film. Elle est partante parce qu’au fond, elle ne sait pas quoi lui propose de plus. Elle n’a d’ailleurs la force de rien. Il lui propose de l’horreur car c’est mieux qu’un film romantique. Et pourtant, s’ils mettent de l’horreur, ils ne sont pas prêts de se quitter. « Tu sais que si on met de l’horreur, il faudra que tu restes dormir avec moi. Je déteste ça et je regarderai tout le temps sous le lit ou dans la maison au moindre bruit. Peut être plus de l’action du coup ? Parce que comme tu dis, pas besoin de fils romantiques en ce moment. » Non, pas de romantisme qui lui ferrait penser à Ian, pas non plus d’horreur qui la ferrait regarder partout dans la maison. Ils ne restent pas grand-chose du coup. De la comédie pourrait être pas mal mais elle n’a pas le cœur à ça. De l’action cela lui ferrait peut être oublier un peu ce qu’elle ressent. Elle s’assoit alors dans le canapé et attrape la télécommande qui est rangée à sa place. C’est bizarre parce que seul Ian la rangeait là. Elle n’a pas du regarder la télé depuis sa mort. Elle ne sait plus en fait. « Tu me dis quand il y en a un qui te paraît bien ? » Parce qu’elle, elle ne connait pas trop les films, elle en regarde peu.

code par EXORDIUM. | Images par Oblivion