Noël approche à grands pas. L’excitation dans les rues de Brisbane se ressent depuis plusieurs semaines, les personnes sont nombreuses dans les centres commerciaux pour réaliser les derniers cadeaux avant la date fatidique. Je fais partie de ces personnes mais pour une toute autre raison. J’ai besoin d’une robe pour le bal de Nöel organisé par la mairie de la ville. Je n’ai pas de rendez-vous galant ni quelqu’un avec qui y allait. Je m’y rends uniquement dans le cadre du travail. En effet, mon rédacteur en chef m’a missionné de faire un article sur cet événement qui a lieu chaque année à Brisbane. Il a été évidemment de son petit commentaire en me disant qu’il m’avait connu plus excitée à l’idée de m’y rendre. Le regard que je lui ai jeté à ses mots l’ont convaincu de ne pas en dire davantage. Car en effet, le cœur n’y était pas contrairement aux autres années. D’habitude, à défaut d’avoir un partenaire, je m’y rendais avec Knox. Souvent, nous finissions tout deux par trouver un partenaire directement sur place. Mais cette année serait différente. Parce qu’il y a eu cette grosse dispute entre nous et qu’il a juste claqué la porte de notre appartement. Il est malade, il a besoin de se faire soigner, mais il ne veut rien entendre. Alors évidemment, ça ne pouvait qu’exploser entre nous. Mais son absence est compliquée à encaisser pour moi, surtout quand ceci s’ajoute au reste…
Vêtue d’une longue robe, j’entre alors seule dans cette immense salle de bal. Il y a déjà beaucoup de monde et le maire de la ville m’attend de pied ferme afin d’être certain que cet événement sera mis en avant à sa juste valeur. Après quelques échanges, où il me guide un peu partout à travers la salle, il me laisse seule pour aller discuter avec d’autres convives. Je me dirige alors vers le buffet où d’excellents petits mets sont entreposés, donnant l’eau à la bouche. A défaut d’être accompagné, j’aurai au moins la nourriture pour me réconforter. Je prends alors quelques photos de la salle mais aussi des mises en bouche qui accompagneront mon article. Je note quelques idées de points à développer pour mon article avant de ranger mon téléphone dans ma petite pochette. « Mia ? ». Je me retourne alors, reconnaissant la voix d’un ami à moi. Je lui adresse un sourire mais lorsque je vois la personne qui l’accompagne, mon regard se fige. « Je voulais te présenter A… » « Alec Strange ». Mon ami me regarde d’un air interloqué, j’affiche alors un sourire à son attention « J’ai écrit un article sur Monsieur Strange il y a quelques mois de ça » « Oh, le monde est petit. Je me suis dit comme tu es là pour le boulot ce soir, peut-être que vous pourriez faire un peu plus ample connaissance, fin je veux dire que ça pourrait être un point que tu pourrais souligner pour ton article ». Je le regarde alors d’un air suspicieux, parce que je comprends très vite ce qu’il tente de faire. « Bref, je vous laisse discuter tranquillement, peut-être même prendre une coupe de champagne ensemble pour célébrer la magie de Noël… ». Il s’interrompt parce qu’il voit très bien le regard que je lui jette « Bref, on m’appelle. A plus ». Je lève les yeux au ciel alors que je le regarde s’éloigner, non sans un sourire au bout des lèvres. Quand cependant mes yeux se reposent sur Alec, c’est différent. Mon sourire disparait et voilà que nous nous retrouvons tous les deux, face à face, se fixant dans le blanc des yeux, un silence s’installant, lourd. Car notre dernière rencontre s’était encore une fois mal terminée, une rencontre qui s’était conclue par l’idée que lui et moi devions nous détacher définitivement. Alors pour une fois, je suis celle qui fuit « Si tu veux bien m’excuser… ». Je le frôle alors en passant à ses côtés, prétendant devoir retrouver quelqu’un, alors qu’il n’en est rien…
Le cadre est idyllique, tout semble parfait et sorti tout droit d’un conte de fée. La musique, le buffet, la décoration… tout est agencée de sorte à nous faire rêver. Alors oui, en y entrant, j’ai un pincement au cœur. Parce que j’y suis seule et que tout le monde semble heureux autour de moi, notamment les couples qui sont tout de même nombreux. Ils sont sublimement assortis et leurs sourires et leur bonheur sont communicatifs. La musique retentit dans la salle et certains sont déjà sur la piste de danse, quand d’autres sont autour du buffet, ou encore discutent en laissant échapper quelques rires francs ou peut-être camouflant finalement une vérité qui est tout autre. Je fais partie de ceux qui se trouvent à hauteur du buffet, à défaut d’avoir quelqu’un à mes côtés. Parce que je suis là avant tout pour le travail, que je me suis proposée parce que je n’avais rien d’autre de prévu et peut-être aussi parce que je n’avais pas envie de totalement me priver du bal cette année. L’écriture de cet article était donc une bonne excuse…
Excuse que je regrette lorsqu’il se trouve devant moi. Que cet ami vient à ma rencontre pour me le présenter, ignorant que lui et moi nous nous connaissons déjà. Bien plus que ce que nous voulons le laisser paraitre « Oui Mademoiselle McKullan a écrit un très bel article ». Si cette histoire se résumer seulement qu’à cet article que j’ai pu écrire sur lui en juillet dernier… Non, cet article a été le commencement de cette relation, une relation tout autre, finalement que nous n’avons toujours pas défini mais qui a été bien plus que ce que nous voulons qu’elle soit à la base. Cet ami qui pensait bien faire en nous présentant l’un en l’autre, dans un but uniquement qu’on finisse la soirée ensemble voire plus, s’éclipse alors. Et me retrouver seule, face à lui, avec ce silence pesant est insoutenable.
Alors, je m’excuse et commence à partir, en le frôlant. Parce que je n’arrive pas à le regarder davantage quand j’ai devant moi un homme que je n’arrive pas à oublier et que le voir dans ce costume qui lui va à merveille ne m’aide en rien. Encore moins ici, ce soir, à ce bal de Noël où tout est censé être qu’émerveillement et perfection. En apparence en tout cas. Mais ça ne le sera jamais pour nous deux, alors je fuis. « Attend… ». Et je sens sa main saisir délicatement mon poignet pour me retenir. Alors peut-être à contre cœur, je pivote doucement pour lui faire face à nouveau, plongeant mon regard dans le sien. Un instant peut-être j’ai voulu qu’il me retienne. Parce que malgré tout, l’oublier est difficile, encore plus s’éloigner à nouveau de lui… Même s’il n’y a que cette issue de possible. « Comment tu vas ? ». J’hausse les sourcils comme surprise par cette question. Comme s’il ne trouvait rien d’autre à me demander, surtout lorsqu’il connaissait très certainement la réponse « Je ne vais pas prétendre que je vais bien Alec, mais ça tu le sais très bien… ». Je n’ai pas envie de faire semblant, je n’ai pas le courage de me battre ce soir, pas ici en tout cas, pas lorsque nous ne sommes pas à l’abri de regards indiscret « Et je pense qu’on est deux dans ce cas ». Parce que je vois bien la manière dont il me regarde depuis tout à l’heure. Et que je sais qu’il est aussi mal que moi, même s’il est fort pour prétendre le contraire, pour mentir juste pour ne pas me l’avouer ou tout simplement pour ne pas se l’avouer à lui-même. Sa main relâche mon poignet doucement « Tu es magnifique ». Nos regards retombent indéniablement l’un dans l’autre et son compliment ne me laisse pas indifférente. Au contraire, j’ai besoin de reprendre mon souffle pour ne pas flancher lorsque je me perds dans ses yeux. Surtout quand je manque de lui répondre que je le trouve incroyablement attirant dans ce costume mais que je me garde de lui dire, parce que je sais que ça ne changera rien… et que ça n’aidera pas « Merci » je murmure simplement.
Un serveur approche et Alec attrape deux verres de champagne. Il m’en tend un que je ne refuse pas « On trinque à notre échec ? ». Une pointe de sarcasme se laisse entendre dans cette question et pourtant un mince sourire s’affiche sur mes lèvres car résignée face à cette situation qui ne changera pas. Je soupire avant de boire une bonne gorgée de ma coupe. Parce que je vais en avoir besoin en le sachant ce soir dans cette salle de bal, où je ne pourrais pas être à ses côtés, où nous ne feront pas partie de ces couples insouciants et heureux, dansant et riant sans ménagement. Mon regard, porté sur ceux-ci, s’attriste malgré tout. « Tu es là pour quelle raison ? », je lance alors doucement. Je ne devrais pas m’attarder à ses côtés, pourtant j’y reste… indéniablement…
Une question banale, à laquelle j’aurai pu répondre sèchement, ou prétendre en disant que j’allais bien. Pourtant, je préfère jouer la carte de l’honnêteté et d’un ton calme lui dire que c’est l’opposé. Impossible autrement après notre dernière rencontre où nous avons décidé de nous éloigner définitivement. Alors qu’il sait et que je sais aussi que ce n’est pas ce que nous voulons tous les deux. C’est aussi pour ça que je me permets de lui dire que je sais que lui-même ne va pas bien. Il semble surpris, un petit sourire s’esquissant sur ses lèvres. Il ne dément pas, ne prétend pas le contraire lui non plus. Ainsi, mon regard s’attriste davantage.
J’accepte la coupe de champagne qu’il me tend, alors que là aussi, je pourrais la refuser et fuir. Non à la place je reste à ses côtés et je ne peux m’empêcher un commentaire cinglant qu’il semble ne pas apprécier « Dit pas ça ». J’hausse les épaules en guise de réponses alors que je bois une gorgée de champagne, une quantité plutôt importante. « Moi je trinque à ton bonheur ». Je me stoppe net, retirant la coupe de mes lèvres en le fixant. Ses mots me touchent mais me font du mal aussi. Parce que, la seule chose qui me traverse l’esprit quand il me dit ça, c’est de me demander comment je peux connaitre le bonheur quand je n’ai pas la possibilité d’être à ses côtés ? Alors que c’est la seule chose qui me rendrait réellement heureuse ? Et en même temps, je m’en veux. Je m’en veux de penser ça alors que je connais désormais la vérité sur lui, que j’ai pu voir son vrai visage… Et que je sais que tout cela est juste impossible… Alors, mon regard se ferme et je préfère changer de sujet, lui demandant les raisons de sa venue à ce bal de Noël « Pour le restaurant ». Et indéniablement, on y revient. Parce que je comprends qu’il est là aussi pour plus que ça, le restaurant n’étant qu’une façade, comme il a su me l’expliquer lors de notre dernière conversation. Il est là aussi pour le Club sûrement, pour faire bonne figure, bonne pub à ses activités illégales. Je ne réponds rien, préférant faire abstraction sur tout ce que je sais.
« Tu es venue seule ? ». Sa question est posée différemment de la mienne. Il ne me demande pas les raisons de ma présence mais souhaite savoir si je suis venue accompagnée. Je mentirai en disant que ma question précédente ne sous entendait pas la même idée. Un sourire amusé s’affiche sur mon visage, posant à nouveau mon regard sur lui « Il semblerait » je fais en montrant avec ma main autour de moi, pour lui signifier que s’il n’y avait personne à mes côtés, c’était tout simplement parce que je suis bel et bien venue seule « Je suis là pour le travail, pour écrire un article sur le bal ». Je bois une autre gorgée, déposant ma coupe déjà terminée sur le plateau d’un autre serveur passant par-là « Ca ne m’enchante pas plus que ça, j’aurai préféré être ici pour d’autres raisons… Mais à défaut, je n’ai trouvé que cette excuse… Pathétique tu ne trouves pas ? ». Le sarcasme est la seule arme que je semble avoir trouvé ce soir. Peut-être aussi pour éviter de montrer mon appel au secours, pour camoufler ce mal que je ressens car la seule personne avec qui j’aurai aimé partager cette soirée n’était autre que lui. Mais je ne pouvais pas lui dire, pas quand je lui ai demandé de sortir de ma vie… Je soupire alors, reportant mon regard sur la salle qui est de plus en plus occupée, apercevant au loin un ami à moi, au bras d’une jolie brunette vêtue d’une belle robe rouge. J’arque alors un sourcil mais malgré tout je souris en voyant cette tête familière. « Tu aimes Noël Mia ? ». Je suis prise au dépourvue par sa question. Lentement, mes yeux viennent rencontrer les siens et j’acquiesce d’un signe de tête « Je l’aime quand il peut être magique… Mais cette année encore, ce ne sera pas le cas », je lance alors, ma voix ne pouvant dissimuler une certaine tristesse. Parce que les Noël que j’ai aimé sont de lointains souvenirs, comme celui de moi, gamine dans les bras de mon père, en train d’ouvrir mes cadeaux de Noël… Ou encore la moi d’il y a quatre ans, quand je pensais avoir trouvé l’homme de ma vie… Mon regard encore planté dans le sien me déchire le cœur, je préfère alors le détourner une nouvelle fois pour ne pas flancher…
Peut-être que j’aurai pu trouver quelqu’un pour m’accompagner ce soir. Un simple ami, un collègue ou encore un mec rencontré la veille dans un bar. Mais je n’en avais pas le cœur. Pas le cœur de prétendre que tout allait bien, que ça m’était complètement égal de ne pas être avec lui à ce bal. Que je le veuille ou non, je n’arrive pas à me détacher, je n’arrive pas à l’oublier alors que la raison voudrait que ce soit le cas. Je lui ai demandé, je lui ai dit qu’il fallait qu’on s’éloigne définitivement pourtant… Mais cela semblait impossible. Ce bal de Noël était un événement que je ne manquais jamais. Cette année, il avait une saveur différente pour les raisons exposées juste au-dessus mais aussi parce que j’étais en froid avec Knox. Ma seule excuse a été de venir pour le boulot, me proposant pour rédiger l’article sur le bal « C’est pas pathétique ». Le trait d’humour que je fais ne semble pas lui plaire et il me le fait comprendre à sa manière de réagir face à ma remarque. Je n’ajoute rien, préférant porter mon regard sur la salle en mouvement.
Il me surprend avec sa question me demandant si j’aimais Noël. Là encore, je préfère être franche, ne pas camoufler ce que je ressens vraiment en lui avouant que j’aime Noël que lorsqu’il peut être magique. Mais que je me résigne à ce que cette année, ce ne soit pas le cas. Parce que cela fait plusieurs années qu’il en est ainsi, et que l’année 2020 n’échappera pas à la règle. Je ne dissimule pas une certaine tristesse en lui répondant, mes sourcils se fronçant légèrement alors qu’un mince silence s’installe. Je ne lui retourne pas la question, non pas parce que ça ne m’intéresse pas, mais parce que j’ai peur de faire face encore à un mur.
« Danse avec moi ». Mon estomac se noue alors qu’il prononce ces quelques mots. Des mots auxquels je ne m’attendais pas, pas ce soir, pas venant de lui en tout cas ; pourtant, il semble déterminé, se postant devant moi, réitérant sa demande « Tu voulais me voir danser non ? Danse avec moi ». Il fait écho à une de ces discussions d’août que nous avions eu alors que lui et moi étions dans sa cuisine à préparer le petit déjeuner, sorte d’aperçu d’une vie de couple normale qui aurait pu être la nôtre. Je regarde cette main tendue, silencieuse, alors que ma gorge se serre, incapable de prononcer quoi que ce soit. Je n’ai pas envie de refuser et il me facilite la tâche à ne me donnant pas le choix. Il m’entraîne alors avec lui sur la piste de danse. Sa main vient alors se glisser dans le creux de mon dos alors que la mienne vient se poser sur son épaule, l’autre étant attachée à la sienne. Je relève doucement mon regard dans le sien, cette proximité me faisant frissonner. Pourtant, pour rien au monde, je ne fuirai. Parce que c’est ce dont j’avais envie et que malgré tout, ce petit rêve de passer cette soirée à ses côtés est entrain de se réaliser… Il me fait tournoyer puis me rapproche à nouveau de lui, ma main venant se poser sur son torse « Je suis né à Las Vegas. Noël a jamais été une fête heureuse chez moi. Et avec mon frère, on a jamais vraiment réussi à créer quoique ce soit d’heureux à Noël, même ici ». Il se livre, sans que je ne lui demande rien, ce qui me touche. Mais ce qui me peine le plus sont ses mots. Des mots qui traduisent un passé difficile et malgré cette réussite illégale, une vie qui est loin d’être heureuse… « Pourquoi cela ne l’a jamais été Alec ? » je lui demande malgré tout, doucement, pour ne pas le brusquer non plus. Nous continuons à danser au rythme de la musique, nos regards toujours ancrés l’un dans l’autre « Des soirées comme ça, ça me donne envie de vraiment le fêter parfois ». Et alors, avec ce qu’il vient de me dire, ma main remonte jusqu’à sa nuque, venant caresser doucement ses cheveux, un petit sourire étirant mes lèvres « Tu as le droit d’être heureux Alec… Et si cette soirée te donne envie, alors faisons en sorte que tu puisses la vivre… comme il se doit ». Je me résigne. Ce soir, je me résigne à vouloir fuir, à penser à tout ce que je sais sur lui, à briser cette sorte de promesse que je me suis faite à moi-même de m’éloigner définitivement de lui. Je redescends ma main sur son torse, ma tête venant se reposer quelques secondes sur lui « Accordons-nous encore cette soirée… » je souffle alors. Je relève mon regard vers lui doucement « Parce que cela fait trop longtemps que tu te prive d’une fête que tu mérites de vivre comme tout le monde… et que je n’en ai pas connu des comme ça depuis longtemps… ». Je sais. Je sais que je vais le regretter à la fin de la soirée, ou dès le lendemain. Mais le cadre et tout ce qui nous entoure font que je me laisse porter par la magie de Noël…
« Disons que pour mon père, c’était l’excuse pour être encore plus violent que d’habitude ». Je découvre une part de son passé que j’ignorais. La violence de son père. Il ne m’en avait jamais parlé, tout comme il ne m’avait jamais parlé de ses parents. Mon regard triste le fixe alors qu’il me berce au rythme de la musique. Puis j’essaye de faire le lien… entre la violence qu’il a subi gamin et la violence qu’il a pu laisser exploser dans cette ruelle sombre. Était-ce donc ça finalement ? Cela me peine davantage mais je n’ai pas envie de repenser à ce visage qu’il m’a montré involontairement ce soir-là. Parce que l’instant est trop magique, que je me retrouve enfin dans ses bras que je n’ai plus envie de quitter. Qu’il me tarde de retrouver même lorsqu’il ne fait que me faire tournoyer quelques secondes. « C’est loin tout ça. Ça n’a plus d’importance ». J’accepte et comprends qu’on ne s’épanche pas plus sur le sujet.
Que je le veuille ou non, mon regard ne fait que s’attendrir alors que cette proximité, inimaginable et surtout inenvisageable quelques minutes plus tôt nous rapproche malgré tout. Elle me fait oublier tout le dégoût et toute la déception que j’ai pu ressentir jusqu’à maintenant. Non, au contraire, cette proximité fait ressortir voire exacerbe ce que j’essaie d’oublier, d’enfouir au fond de moi depuis cette découverte : des sentiments qui ne font que croitre avec le temps au lieu de s’amenuir. Cette attirance que j’ai pour lui, ce besoin que je ressens d’être avec lui quand nous ne sommes pas ensemble, ce manque indéniable de sa présence. Dans ses bras, je me sens transportée à un autre temps où tout est plus simple, plus facile entre nous. Où cette histoire en août n’aurait jamais pris fin, où il n’appartient pas au Club, où il ne fuirait pas devant mes questions. Où il aurait accepté de me donner plus, où il aurait accepté de vivre une relation sérieuse avec moi…
Alors je lui propose. Je lui propose qu’on s’accorde cette soirée de répit. Parce qu’il mérite, malgré tout, de vivre un Noël comme il se doit, de savourer cette magie si belle, surtout dans ce cadre si parfait où nous nous trouvons. Autant pousser l’illusion à son paroxysme. Même si oui, la chute n’en sera que plus terrible. Il me fait tournoyer et me répond un « D’accord » qui fait naitre un sourire radieux sur mon visage. Je l’observe alors que nous dansons toujours sur ce rythme lent, comme pour réaliser que c’est bien dans ses bras que je me trouve. Il semble apaiser tout à coup et je retrouve cet Alec qui m’a fait flancher dès notre première rencontre. Notre danse était plus rythmée, plus sensuelle comparée à celle-ci mais son regard avait le même effet que présentement. Mon cœur s’accélérait dans ma poitrine et il m’attirait, me donnant envie de l’embrasser sans tarder. Pourtant, je me retiens, tout comme lui certainement alors que la musique s’arrête, signant la fin de cette danse que nous venons de partager. Ses mains sur ses joues me font poser les miennes sur ses poignets, délicatement alors que son front trouve le mien. Je ferme les yeux, sentant son souffle proche du mien. « On va tester le buffet ? Ou tu as déjà eu le temps de tout picorer avant que j’arrive ? ». Je ris doucement alors qu’il relâche son étreinte. Une de mes mains restent accrochée à son poignet pour glisser ensuite dans sa main « Je n’en ai pas eu le temps, on est venu me présenter un homme très élégant ». Manière subtile de lui retourner le compliment qu’il a pu me faire plus tôt lorsqu’il m’a lancé que j’étais magnifique.
Nous nous dirigeons dans vers le buffet, ma main ne quittant pas la sienne. Je regarde un peu ce qui est proposé et attrape une première bouchée que je tends à Alec « Je laisse le spécialiste goûter avant » je lance alors que j’approche la nourriture de sa bouche. Pas de signe de dégoût de sa part, j’en attrape une pour moi « Pas mauvais » je lance alors que j’en attrape une deuxième, démontrant encore ma trop grande affection pour la nourriture. « Tiens tu devrais essayer celle-là aussi ». Je ne lui laisse pas le choix lui tendant une nouvelle bouchée. Je m’approche alors doucement, alors qu’il déguste, riant doucement « Tu en as un peu… » J’attrape une serviette pour venir passer celle-ci sur le coin de sa bouche « là ». A nouveau, cette proximité revient et me fait frissonner. Je le regarde alors que je finis d’essuyer le coin de ses lèvres et que mes yeux les observent avec envie. Je me retiens, une chose que je n’ai jamais faite pourtant, même lors de nos disputes les plus virulentes.
Une première danse partagée et j’espère qu’elle ne sera pas la seule et unique ce soir. Pas lorsque j’ai goûté à ce plaisir d’être dans ses bras, à être émerveillé par ce moment et qu’il accepte qu’il dure un peu plus longtemps que la dernière fois. Une soirée, c’est ce que nous nous autorisons. Le temps s’arrête, toutes les raisons qui nous pousseraient à ne pas être ensemble sont enfermées dans un placard à clé le temps de quelques heures. Parce qu’il a droit à mes yeux, malgré tout, à savourer la magie de Noël, et parce qu’égoïstement, j’en ai besoin aussi.
Près de ce buffet, je reste la même qu’il a pu découvrir tout le long de ce mois d’août que je suis incapable d’oublier. Parce qu’il a laissé une empreinte indélébile dans ma tête et peut-être même dans mon cœur sans que je m’en rends compte ou ne veuille l’admettre. Alors, je lui approche une première bouchée de ses lèvres et lui demande son avis « C’est pas mal ». Je goûte à mon tour et attrape un deuxième à peine terminé parce que je ne sais pas faire semblant, jouer la fille mijaurée qui ne mange qu’une feuille de salade. Il me connait et le rire qu’il laisse échapper me fait sourire. Et alors que je m’approche de lui avec une serviette pour lui essuyer le coin de la bouche, l’envie est omniprésente. L’envie de ses lèvres contre les miennes, de rompre ces quelques millimètres qui nous séparent… Je me mordille la lèvre inférieure « Il n’y en a plus ? » je réponds alors par un simple non de la tête alors que je le fixe toujours. Alec détourne le regard vers le buffet et j’en fais de mal « Tu devrais goûter les macarons. Framboise ou chocolat ? ». Je suis tentée par dire les deux mais je fais quand même un choix. « Chocolat » je réponds en lui prenant celui-ci des mains, sourire aux lèvres. La tension est palpable, je sens son regard sur moi et ce serait mentir que de dire que je n’en fais pas de même. La nourriture n’a plus l’importance qu’elle avait pu avoir lorsque j’étais entrée dans cette salle, me disant que le buffet serait mon refuge pour me faire oublier cette sensation d’être seul. Pourtant, j’ai pu apercevoir deux de mes proches amis, Adam et Pete, dans la salle, tout deux en charmante compagnie. Pour autant, je n’aurai pas été les interrompre dans leur rendez-vous galant. Désormais, je ne leur prêtais même plus attention, faisant abstraction de tout ce qui pouvait se tenir autour de nous, comme enfermée dans cette bulle invisible avec lui. « On va faire un tour sur la terrasse ? ». « Avec plaisir » je lâche alors que sa main se glisse dans la mienne, un frisson parcourant encore mon corps. Le moindre contact avec lui avait ce même effet, un effet que je ne pouvais ignorer.
La vue depuis la terrasse laisse entrevoir les nombreux immeubles illuminés de la ville, l’agitation qui se fait entendre en dessous du city hall, la patinoire dont les rires résonnent jusqu’à nous, la musique ambiante de la salle de bal mais aussi des musiciens dans la rue, reprenant des grands classiques de Noël. Un instant, mon regard est captivé par tout ça alors qu’Alec m’a lâché la main. Un groupe qui se trouvait aussi là finit par rentrer. Leurs mouvements me font reposer mes yeux sur Alec avec qui je me trouve maintenant seule. « Mon prénom. C’est Finn. Pas Alec. Je devrais dire c’était… Finn ça fait longtemps qu’il n’existe plus. Je crois même que maintenant je préfère Alec ». Une autre confession, une de plus en un laps de temps si court alors qu’il n’est jamais parvenu à le faire en un mois de relation et qui avait eu raison de notre séparation. Je m’approche, comme attirer par lui indéniablement. Ça me touche une nouvelle fois qu’il me dise la vérité. La vérité sur sa véritable identité « Enchanté Finn » je fais alors que je tends ma main pour qu’il me la serre. Comme si nous partions sur de nouvelles bases, comme si je nous laissais la chance de reprendre tout depuis le début. Un sourire reconnaissant est présent sur mon visage. Parce qu’en me disant ça, il me montre aussi qu’il me fait confiance. Et alors que sa main vient serrer la mienne, je ne la lâche pas, la resserrant délicatement pour m’approcher à nouveau de lui alors que nos deux mains enlacées retombent lentement « Ou Alec, j’avoue le préférer aussi » je murmure alors, sourire amusé avant de reprendre un petit air sérieux « Merci… » .Il le comprendra ou pas, mais je le remercie parce qu’il s’ouvre un peu plus. Même si cela peut paraitre anodin, ça ne l’est pas à mes yeux. Surtout après tout ce qui s’est passé, après tout ce que j’ai pu découvrir. Je lâche à nouveau sa main, reprenant une certaine distance comme pour ne pas être la première à craquer à cette envie que j’ai de retrouver son corps. J’ai besoin de reprendre mon souffle, tournant le regard à nouveau vers la vue imprenable sur la ville. Les mots qui suivent vont me faire me stopper alors que je me dirigeais doucement vers la rambarde « Tu me rends heureux Mia. Tu me donnes envie de… cette vie-là ». Un frisson, encore un, visible à l’œil nu, le tremblement de mon corps entier se manifestant en surface. Je me retourne, figée cependant, incapable de faire un pas vers lui. Là encore il se livre… Sur ce qu’il ressent en ma présence. Il avait refusé de le faire en cette fin d’aout, tout comme toutes les autres fois où nous nous sommes revus. Mon regard croise le sien et alors que mon cœur s’accélère, il brise la distance entre nous, pour venir me saisir le visage de ses deux mains et m’embrasser. Cette fois, il ne durera pas une fraction de secondes car je m’agrippe à lui, passant mes bras derrière son cou et prolongeant ce baiser tendre qu’il m’offre. Tout ça m’a trop manqué, il m’a manqué. J’approfondis ce baiser en mêlant ma langue avec la sienne. Quelques secondes encore et doucement, nos lèvres se délient. Ma main droite caresse ses cheveux doucement, sur la pointe des pieds je plonge mon regard dans le sien et murmure alors « Il ne tient qu’à toi de t’autoriser à avoir cette vie-là ». Je marque une pause, le regardant un peu plus intensément « Je suis là Alec. Je n’arrive pas à t’oublier… Je n’en ai pas envie. Ta présence me manque un peu plus à chaque fois… ». Ma gorge se serre alors que je prononce ces derniers mots. Et comme pour ne pas me montrer vulnérable, mes lèvres retrouvent les siennes à nouveau, plus fougueusement cette fois. Peut-être aussi pour éviter d’en dire trop, de peur que l’illusion ne déchante trop vite.
« Enchanté Mia ». J’ai l’impression de revenir au mois de juillet, lors de notre première rencontre dans cette boite de nuit. J’étais venue seule ce soir-là. Il était venu m’aborder alors que j’étais assise au comptoir. Je me souviens très bien de cette première fois où mon regard s’est planté dans le sien. Je l’ai trouvé incroyablement séduisant et le son de sa voix m’avait séduite immédiatement, notamment lorsqu’il a prononcé ces exacts mêmes mots. Le même effet se produit alors qu’il les prononce à nouveau, qui peut laisser présager un nouveau départ entre nous, une sorte de seconde chance que je lui donnerais… Il me montre qu’il la mérite en me dévoilant son vrai prénom, ou en me racontant une petite partie de son enfance. « Alec ça me va ». J’observe son sourire alors qu’il rit lentement, examinant chaque centimètre de son visage, remontant jusqu’à ses yeux d’un bleu déconcertant. Je le remercie alors de s’ouvrir, m’éloignant de lui pour ne pas flancher trop vite.
Puis il prononce ces mots où il m’avoue des sentiments qu’il refoule certainement depuis ce mois d’août où tout s’est terminé. Et qui me font me dire qu’il y avait bien plus entre nous qu’une simple histoire avec une deadline. Que j’ai eu raison d’avoir eu cet espoir, de me dire qu’il tenait à moi plus qu’il ne voulait l’admettre, notamment après avoir prononcé cette phrase à l’hôpital. Un baiser échangé et je m’ouvre à mon tour sur ce que je ressens… Un autre baiser en découle et il prolonge encore plus celui-ci en me serrant davantage contre lui. Je sens une chaleur naitre en moi, comme un désir qui se manifeste, l’envie de faire plus qu’échanger des baisers sur cette terrasse. Mes mains glissent autour de sa taille, passant sous sa veste de costume, tentée de les glisser sous cette chemise qui lui va si bien, mettant en valeur sa musculature plus qu’avantageuse. Ses lèvres viennent s’attarder dans mon cou, me faisant pencher la tête sur le côté, savourant chacun d’eux alors que je sens son souffle sur ma peau « Je peux pas t’oublier non plus ». Un autre baiser cette fois sur mon épaule et encore un murmure dans l’oreille qui me fait vaciller « Et ça devient encore plus difficile quand tu es habillée ainsi ». Un sourire amusé s’affiche sur mon visage alors que je recule un peu ma tête pour retrouver son regard « Je devrais m’en excuser ? » je lance alors, riant doucement. Ma main vient caresser son torse délicatement avec un air joueur et désireux de plus « Tu ne me facilite pas la tâche non plus Alec… ». J’approche mes lèvres des siennes à nouveau, comme si j’allais réitérer un baiser. Je m’arrête à quelques millimètres, comme pour le narguer et le défier de résister.
Interrompus par des personnes qui viennent sur la terrasse, Alec se recule un peu et je passe une main dans mes cheveux pour replacer une mèche derrière mon oreille « On retourne danser ? avant que je ne me décide à te kidnapper je sais pas où ». J’arque mon sourcil, non pas parce que le mot kidnapper me fait penser à ses activités illégales mais plutôt par curiosité de savoir quelles étaient ses réelles intentions, même si le regard qu’il me jette ne laisse planer aucun doute. « Enfin kidnapper, façon de parler ». Je ne peux m’empêcher de rire doucement et je me hisse sur la pointe des pieds pour atteindre son oreille, de sorte à ce qu’il soit le seul à entendre « Cette idée de kidnapping « façon de parler » » je fais en mimant des guillemets « ne me dérange pas le moins du monde ». Je retombe sur mes pieds, me mordillant à nouveau la lèvre inférieure. « Rappelle moi l’époque où je savais te charmer s’il te plait, j’crois que j’ai oublié ». Sa main se glisse dans la mienne pour retourner dans la salle « Crois moi, tu y arrives toujours aussi bien » je lance sur un ton un peu désespéré, qui n’est utilisé que pour le taquiner.
De retour dans la salle, la piste de danse semble encore plus occupée que lorsque nous l’avons quitté. Pourtant, nous nous frayons un chemin parmi la foule, pour y trouver notre place et un slow est lancé à ce moment-même. Ma main retrouve la même position que plus tôt. Mais cette fois, l’atmosphère entre nous est différente. Plus proche, je le dévore du regard, ma main caressant son épaule alors que nous dansons lentement au rythme de la musique. Je pose ma tête contre son torse à nouveau, me laissant bercer par ses pas, silencieuse un instant, fermant les yeux. J’hume son odeur, comme pour m’en imprégner, en garder un souvenir si tout ça se termine subitement… Je chasse cette idée de ma tête, la relevant pour le regarder, inlassablement « Je ne regrette rien Alec… Quoi qu’il arrive, je ne regretterai jamais notre rencontre, cette relation, ses … » je me stoppe, sentiments ne pouvant sortir malgré tout « cet attachement que j’ai pour toi ». Ma main vient caresser sa joue alors que je me hisse à nouveau sur mes pieds pour venir l’embrasser, un subtil baiser, bref mais qui conforte ce que je n’ai pas réussir à dire. Les sentiments sont omniprésents, c’est certain, et à ce moment-là, je perds pied. Sans regret.
« Jamais ». Un mot et tout est bien clair sur ses intentions, ce désir qu’il semble éprouvé quand le mien est au maximum du fait de cette proximité déconcertante. Cette facilité que nous avons à nous séduire à nouveau en un rien de temps, à retomber dans les bras l’un de l’autre, à se dévorer du regard. A défaut de pouvoir savourer cette attirance physique, parce que même si nous nous trouvons seul sur cette terrasse nous ne tenterons rien parce qu’à tout moment des personnes peuvent débarquer, je joue de cette envie réciproque. Je m’approche comme si j’allais à nouveau me saisir de ses lèvres, alors qu’il ne s’agit qu’une façon de plus de le faire languir, un jeu auquel nous aimions jouer. Un jeu qui me replonge aussi dans les souvenirs du troisième soir où nous avions tout fait pour résister au désir plus que brûlant entre nos deux corps. Un sourire amusé apparait sur mon visage alors que nous ne sommes plus seuls et qu’il est obligé de reculer, à ne pas céder à la tentation de m’embrasser une nouvelle fois.
Rien ne semble pourtant nous couper dans notre élan, dans cette envie de finir la soirée ailleurs, seul tous les deux. Il semble même déconcerté, perdant ses moyens face à moi ce que je trouve plutôt mignon finalement. Je le rassure, parce qu’il a beau avoir utiliser ce mot qui pourrait me pousser à fuir de nouveau, il arrive toujours aussi bien à me séduire. Bien plus que de raison, au point que ça en est décontenançant. « Tant mieux alors ». Son baiser sur ma main me fait frissonner, la chaleur de son souffle sur ma peau me faisant vibrer, mon corps réclamant davantage le sien.
Sur cette piste de danse, lorsque je le regarde, me rendant compte que j’apprécie d’être à ses côtés malgré toutes les raisons qui me pousseraient à m’éloigner, je n’ai aucun regret. Aucun regret de l’avoir rencontré, aucun regret d’avoir eu cette relation avec lui… Même d’éprouver des sentiments à son égard, de m’être attachée… Et même de ne l’avoir jamais vraiment repoussé totalement. Je lui dis ouvertement, sûrement emportée par la beauté du moment, par le romantisme qui s’en dégage et cette proximité qui me rend toujours aussi vulnérable en sa présence « Moi non plus je ne regrette pas ». C’est par un regard tendre que je réponds, ma main caressant toujours sa joue avant que nos lèvres se retrouvent encore une fois. Inlassablement attirées, tout comme nos corps qui réclament qu’à se retrouver, ressentant ce désir omniprésent en moi alors que je prolonge encore ce baiser, ne pouvant plus m’en détacher. Nous finissons par l’interrompre non sans un petit sourire de ma part, me rendant compte que plus rien n’existe autour de nous et qu’on se laisse emporter par nos envies sans nous soucier des éventuels regards sur nous.
« Tu as ce qu’il te faut pour ton article ». La musique se termine, il replace une mèche de cheveux derrière mon oreille alors que je le regarde encore et toujours. « Voyons… » je commence à répondre alors que nous quittons la piste de danse « J’ai noté tous les arguments du maire me vantant cet extraordinaire bal, ce sont ses mots pas les miens, qu’il a organisé. J’ai goûté plus ou moins au buffet, au champagne… J’ai pu entendre les musiques et eu le privilège de danser, ce qui n’était pas prévu », je lui lance un sourire malicieux avant de conclure « et » je m’approche doucement de lui « j’ai même admiré une vue plus que plaisante depuis la terrasse. Je pense que j’ai tous les arguments pour dire que ce bal était juste… magique ». Ce dernier mot lui est adressé parce que c’est grâce à lui qu’il l’a été. S’il n’avait pas été présent, je serai certainement partie depuis bien longtemps. Une certaine lueur apparait dans mes yeux, lueur d’espoir, mais aussi qui traduit qu’à ce moment même, je me sens bien, apaisée. « Je te kidnappe ? ». Et le peu de millimètre qui nous sépare sont à nouveau réduit à néant lorsque mes lèvres approchent son oreille pour susurrer « Je n’attends que ça ». Ma main alors sur son épaule prends le temps de glisser le long de son bras, pour retrouver sa main et l’emmener avec moi en dehors du city hall.
Dans la rue, encore bien animée, les lumières brillant tout autant que dans la salle de bal, je ne le lâche pas, comme de peur qu’il puisse m’échapper. Nous nous dirigeons alors vers sa voiture garée un peu plus loin sur Queen Street. Sur le chemin, quelques regards échangés, des sourires, quelques petits rires aussi lorsqu’un baiser est volé par ci par là. Un autre monde. Comme un univers parallèle qui nous permet de nous retrouver quelques heures, oubliant tout ce qui nous poussera sûrement à reprendre conscience, le lendemain, que tout ça n’est pas possible… « Je suppose qu’on va chez toi ? ». Parce que je n’ai pas envie de retourner dans mon appartement, même si ce soir il sera à mes côtés, je n’ai pas envie qu’il me paraisse deux fois plus vide quand il le quittera au petit matin.