La soirée touche à sa fin, la salle de bal se vide de ses occupants, tout le monde trouvant la voie de la sortie. Nous empruntons le même chemin, Alec et moi, main dans la main. Lorsque j’ai passé ses portes quelques heures plus tôt, je n’aurai jamais imaginé en ressortir accompagner, et encore moins à ses côtés. Oui, il y a sûrement une certaine lassitude à se fuir, à continuer à se faire du mal en cherchant à se détacher définitivement. Il est trop tard pour faire marche arrière, pour revenir sur ce que nous ressentons l’un pour l’autre. L’occasion était trop belle pour la laisser s’échapper, pour ne pas savourer la beauté du moment. La magie peut retomber à la seconde et pourtant. Pourtant, la soirée ne s’arrêtera pas là, pas après ce bal de Noël. Elle se poursuit en effet, dans cette rue que nous traversons, rejoignant sa voiture pour nous réfugier dans un endroit où nous pourrons être que tous les deux. Sans personne autour.
« Oui ». Chez lui, chez moi peu importe tant que cette soirée ne s’achève pas immédiatement. J’avoue cependant préférer aller chez lui car je n’ai pas envie de retrouver mon appartement. Pas après cette soirée qui m’a aussi permis d’oublier d’autres problèmes. Mais aussi et sûrement par crainte qu’il ne paraisse encore plus vide quand tout s’écroulera le lendemain… Je ne veux pas y penser. Alors, je me contente de sourire et prend place dans sa voiture alors qu’il joue les gentlemen. La route est plutôt rapide du quartier central à Toowong, nous retrouvant très rapidement devant sa maison. Une maison dans laquelle je n’ai pas remis les pieds depuis de long mois. Depuis cette fin août où tout s’est arrêté… Où il a fini par me demander de partir dans une indifférence totale. Evidemment, cette vision me revient alors que je descends du véhicule. Cette vision de moi, sur son perron, après avoir claqué la porte définitivement, les larmes aux yeux. Comme un besoin de retrouver mon souffle après avoir ressenti une douleur indéfinissable pour un homme que je ne connaissais depuis un peu plus d’un mois. Cet homme qui, malgré tout, a su revenir sans cesse vers moi depuis, me montrant que je n’avais pas été la seule à m’attacher…
Nous pénétrons dans la maison et l’accueil chaleureux d’Otis me fait apparaitre un immense sourire sur les lèvres « Bonsoir mon beau » je fais alors que je m’accroupis à sa hauteur pour lui donner autant de caresses qu’il en demandait. Alec l’appelle pour qu’il retourne dans son panier, celui-ci s’exécutant immédiatement. J’avance alors en direction du salon, déposant mon petit sac sur le canapé. « Un dernier verre ? ». Je tourne ma tête vers lui et acquiesce « Avec plaisir ». Alors qu’il s’occupe à nous servir deux verres, j’examine d’un peu plus près son living room, comme si je le redécouvrais. Mon regard s’attarde sur un des tableaux qui orne le mur. Je m’y perds un peu en examinant chaque millimètre, les traits fins, les couleurs, les contrastes, cherchant aussi à en comprendre la signification… Et puis je sens qu’il approche et surtout cette main qui glisse sur ma hanche, ce baiser sur mon épaule et surtout son souffle sur ma peau qui me fait vaciller… encore « Madame est servie ». Je penche alors doucement la tête et attrape le verre de vin qu’il me tend, sans pour autant me reculer de lui « Merci » je murmure alors. J’en bois une gorgée avant de reporter mon regard sur le tableau, ma tête prenant légèrement appuie sur lui, pour profiter un peu plus de cette étreinte qu’il m’offre « Si un jour je parviens à atteindre un tel niveau, je t’offrirai une de mes œuvres puisque tu sembles aimer les belles choses ». Un sourire espiègle apparait au coin de mes lèvres alors que je pivote doucement vers lui pour lui faire face. Ma main libre vient passer derrière sa nuque que je caresse doucement « En attendant que cela arrive… » je me hisse sur la pointe des pieds pour atteindre son cou « je peux t’offrir autre chose… ». Mes lèvres viennent alors glisser sur son cou, déposant un premier baiser. Délicatement, mon regard vient rejoindre le sien, exprimant clairement cette envie qui renait en moi. Ma main descendant peu à peu sur son torse, elle vient finalement se faufiler sous sa chemise, le contact d’avec sa peau me faisant mordiller ma lèvre inférieure. Et puis, un nouveau sourire apparait, amusé « A moins … » je retire ma main et je m’éloigne un peu de lui, amenant doucement mon verre à mes lèvres, le regard joueur. Une fois ma gorgée prise, j’ajoute « qu’on essaye de résister et voir lequel des deux craque le premier ». Je joue, parce que ce jeu avec lui m’a manqué. Mais le manque de son contact, de sa peau, de son corps contre le mien sont certainement plus fort… ce qui ne m’aidera pas à résister bien longtemps. A moins que lui le premier refuse de jouer et ne veuille plus perdre une seule seconde. Parce qu’indéniablement, depuis cette fin août, le manque est réciproque des deux côtés…
Je me retrouve dans ses bras, alors que j’observe ce tableau avec intérêt. Une sensation qui me fait vibrer, qui me fait me sentir vivante. Parce que c’est tout ce que j’ai voulu depuis ces mois où nous n’avons cessé de nous repousser, de nous refuser d’être peut-être heureux ensemble. Je savoure, je savoure chaque minute, chaque seconde parce que je sais que cette relation reste fragile et que cette soirée ne va pas être la solution à tous nos problèmes. Le calme avant sûrement une prochaine tempête. Je ne veux pas y penser, je me laisse aller, lui montrant le désir qui commence peu à peu à reprendre le dessus, le désir de me perdre dans ses bras cette nuit, d’effacer cette trop grande distance physique qui s’est creusé pendant ces derniers mois entre nous. Alors je me tourne vers lui, venant caresser sa nuque doucement alors que je sens sa main dans mon dos. La mienne finit par venir se perdre sur sa peau et pourtant, je finis par rompre tout rapprochement. Par plaisir, par envie de jouer un peu, de le voir craquer le premier. Il grogne je l’entends et ça m’arrache un sourire.
« On pourrait ». Je le vois prendre soin de déposer son verre avant de s’approcher doucement de moi, nos regards ne se quittant plus. Je sais que je ne parviendrai pas à résister bien longtemps surtout lorsque je le vois si entreprenant. Sa main sur ma joue qui glisse ensuite le long de mon corps jusqu’à mes hanches me fait frissonner, encore plus quand il me saisit avec les deux mains. Je me cambre un peu alors qu’il me colle contre lui, pouvant sentir son corps alerte et désireux du mien. Il joue à son tour, s’amusant à me faire languir et quand il approche ses lèvres des miennes, qu’ils les effleurent brièvement, mes mains passent autour de sa taille pour retrouver le contact de sa peau sous sa chemise « On pourrait tenter de résister ». Un supplice en réalité et pourtant je prends sur moi. Pour l’instant. Il me fait alors pivoter, surprise par cette facilité déconcertante qu’il a de le faire. Il m’embrasse alors sensuellement dans le coup, je sens son souffle chaud sur moi alors que je penche ma tête sur le côté, fermant les yeux pour mieux savourer. Peut-être aussi pour résister d’autant plus. « Ca pourrait durer des heures ». Clairement, je ne le pourrais pas et je le sais surtout lorsqu’il vient à remonter ma robe, que sa main brûlante se pose sur ma cuisse et remonte dangereusement. Ma main rejoint la sienne sur mon ventre alors que je me mordille l’intérieur de la joue « Ou toute la nuit ». Il joue avec mes nerfs, avec ce désir plus que présent en moi, bouillant de l’intérieur à ne plus pouvoir me contenir. Parce qu’il descend en plus la fermeture de ma robe, et ressentir encore son souffle proche de mon oreille et sa voix autant chaude que celui-ci me fait définitivement vaciller « Qui craquerait le premier tu crois ? ».
Vaincue je le suis et à vrai dire je m’en fiche. Je me retourne alors, attrapant son visage de mes deux mains et venant sceller mes lèvres aux siennes fortement. Lui offrant un baiser qui lui fait comprendre que je ne veux plus jouer, que mon envie est si grande que je ne peux attendre une seconde de plus. Le message est clair, je détache mes lèvres des siennes pour venir me saisir des boutons de sa chemise un à un. Mon regard ne le quitte pas et ma manière de faire traduit une certaine impatience. Lorsque celle-ci est totalement déboutonnée, je le tire par le col pour l’approcher à nouveau de moi et lui glisser subtilement « Il semblerait que j’ai craqué la première » je susurre alors, mes lèvres à nouveau proches des siennes. Mes mains viennent alors le libérer de sa chemise que je laisse retomber sur le sol. J’observe son torse sans aucune honte, un sourire malicieux au coin des lèvres « Ca m’avait cruellement manqué… tout ça » je fais en agitant le doigt. Un clin d’œil aussi à des mots prononcés de sa part au mois d’août. Ma robe, détachée, finit par glisser le long de mes épaules, non sans un peu d’aide de ma part. Je la laisse tomber elle aussi sur le sol, ne me retrouvant désormais qu’en sous-vêtement face à lui « Mais tu aurais craqué aussi rapidement n’est-ce pas ? » Je joue encore un peu, sourire malicieux fièrement affiché, avant que mon corps vienne se coller au sien à nouveau. Parce que le désir est trop fort, que chaque parcelle de mon corps a besoin de se sentir en contact avec le sien. Mes mains glissent sur ses bras musclés, caresse son torse qui l’est tout autant. Elles viennent progressivement attraper la ceinture de son pantalon pour commencer à la dégrafer. Mes lèvres reprennent possession des siennes pour un échange langoureux entre deux êtres qui ne veulent plus faire qu’un.
Cela fait trop longtemps. Plusieurs mois que je n’ai pas retrouvé la chaleur de ses bras, de sa peau. Quatre mois sans aucun contact physique, si ce n’est ce baiser volé lors de cette soirée de Diwali. Un baiser furtif échangé avant que cet instant magique soit à nouveau brisé par la réalité des choses. Ce soir, ce ne sera pas le cas. Parce que nos deux corps sont attirés mutuellement l’un à l’autre et n’éprouvent que du désir à s’unir. Je voulais jouer un peu, faire languir un petit peu plus le plaisir de se retrouver, mais celui-ci dure depuis trop longtemps pour qu’on fasse preuve de patience. Je craque la première, venant retrouver ces lèvres qui m’ont tant manqué, échangeant un baiser plus qu’équivoque sur la suite de la soirée. Je l’avoue, le reconnait à voix haute, j’ai flanché la première « Il semblerait », il a ce sourire qui fait qu’un apparait aussi sur mon visage au même moment où mes mains viennent dégrafer un à un les boutons de sa chemise. Mon impatience se traduit au travers de la manière que j’ai de la lui retirer, nos regards ne se quittant plus, comme si cela faisait trop longtemps que nous nous étions pas vus. De cette manière en tout cas, nos vêtements commençant à tomber un à un au sol, moi me retrouvant en simple lingerie face à lui. Mon corps vient se coller alors au sien, échangeant un énième baiser avant de finalement me saisir de la ceinture de son pantalon pour commencer à lui retirer…
J’ai l’impression de flotter alors que je suis encore dans ses bras. Mon cœur peine à retrouver un rythme normal alors que je le serre contre moi tendrement, après cet échange un peu plus sauvage. Ma main caresse ses cheveux pendant ce petit laps de temps dont nous avons besoin pour retrouver nos esprits. Un sourire radieux s’affiche sur mon visage alors qu’il vient retrouver mes lèvres pour échanger un baiser « Ca aussi ça m’a manqué » « Et moi donc » je fais alors que mes doigts glissent doucement le long de son torse. « Viens ». La soirée n’est pas terminée pour autant, je ne compte pas rentrer chez moi et passer la nuit dans mon lit, seule. Il m’amène avec lui, me portant à nouveau pour me mener cette fois dans sa chambre à l’étage. Il semble ne plus pouvoir se passer de mes lèvres, nos baisers démontrant la passion que nous ressentons l’un pour l’autre. Je ris doucement quand il tente de ne pas louper une marche qui nous vaudrait une belle chute. Je m’en amuse un peu, essayant de le perturber en venant retrouver ses lèvres avec des baisers furtifs. Arrivé dans la chambre, il me dépose délicatement sur le lit et avant de me rejoindre murmure un « Tu es belle » qui me fait sourire, mon regard montrant à quel point ses mots me font plaisir « La vue n’est pas mal d’ici aussi » je lance alors sur le ton de l’humour. Il vient me rejoindre, grimpant sur moi, sa main venant trouver ma joue délicatement. Je ne cesse d’avoir ce sourire au bout des lèvres qui montrent à quel point je suis heureuse à ce moment même. Nos regards ne se quittent plus, tout comme nos lèvres qui ne cessent de se retrouver. Nous échangeons un baiser tendre, mes bras passant autour de son cou. Et lorsqu’elles se séparent, mes deux mains caressent ses cheveux, mes yeux viennent trouver les siens, me noyant dans ce regard bleu océan qui me fait tant chanceler « C’est parfait… ». Cette danse à l’unisson quelques minutes plus tôt, comme cette soirée à ses côtés, à danser avec lui au bal de Noël… Ou ne serait-ce que cet instant même… Lui l’est tout autant à mes yeux à ce moment-là, me faisant oublier tout ce qui devrait me faire fuir. Une de mes mains vient caresser sa joue, je me rends compte en l’observant que je ne peux plus me passer de lui, que je n’ai plus envie de le quitter, que je ne veux personne d’autre que lui. Mon cœur s’accélère alors que je l’observe intensément… Et puis, je décide de ne pas mettre plus de mots sur ce que je ressens, sur mes peurs aussi qui refont un peu surface car je sais que je vais devoir me rendre à l’évidence à un moment ou à un autre « Je suppose qu’on est censé dormir maintenant… » je me redresse un peu juste pour pouvoir venir déposer un baiser délicatement dans son cou « A moins que… » je le repousse un petit peu « On ne dorme pas de la nuit comme on a pu le faire de nombreuses fois ? ». Je le repousse encore, l’obligeant à se retrouver sur le dos, une de mes jambes venant chevaucher la sienne, alors que mes doigts parcoure inlassablement son torse.
Il m’emmène alors dans la chambre et alors que nous montons les escaliers, où plutôt qu’il les grimpe tout en me portant, je ne peux m’empêcher de le distraire en l’embrassant, ce qui ne manque pas de le distraire, au point qu’il manque de nous faire tomber « Tu me déconcentres ! » « Je suppose que je suis censé m’excuser ? ». Je prends un air faussement innocent alors que je resserre mon étreinte avant d’atteindre sa chambre. Il me dépose sur le lit, ne manque pas de me complimenter avant de me rejoindre, venant se mettre au-dessus de moi. Nos regards se trouvent inlassablement, ma main venant caresser ses cheveux. Après lui avoir dit que tout ce que nous venons de vivre était parfait, un silence s’installe. Je me perds dans son regard, j’analyse chaque centimètre de son visage, comme pour ne pas l’oublier. A ce moment-là, l’évidence me frappe ; j’aime l’homme qui se trouve en face de moi. Je l’aime au point que je n’ai plus envie de le quitter, que je veux rester dans ses bras indéfiniment. Mon cœur s’accélère, alors que je sens sa main caresser ma joue. J’aimerai lui dire tout ce que je ressens mais je me retiens. Peut-être parce que j’aurai besoin qu’il soit le premier à le faire, que j’ai peur de trop lui en demander et que cela finisse par le faire fuir… Comme cette soirée du mois d’août où je lui ai fait comprendre que je voulais plus et qu’il m’a repoussé sans ménagement…
A la place, je reprends ce petit jeu où on se cherche, où je laisse entendre que la nuit risque d’être courte. Je le repousse, me retrouve à mon tour sur lui, caressant son torse alors que lui vient s’amuser avec ma poitrine, ce qui ne me laisse pas indifférente « Dormir c’est surfait non ? ». Je ris doucement et vient alors me saisir de ses lèvres, échangeant un baiser tendre avec lui. Et puis, nos deux corps s’appellent à nouveau, voulant danser à l’unisson pour une bonne partie de la nuit, avant que nous finissions par nous endormir. Il me faudra peu de temps pour que je rejoigne le pays des merveilles quand je me sens si bien dans ses bras, que je ne veux plus quitter…
***
Et pourtant, au petit matin, cette réalité me rattrape. Je me réveille à ses côtés, il semble si paisiblement endormi. D’ailleurs, un sourire s’affiche sur mes lèvres, mais ce sourire est en réalité, empli de tristesse. Parce que je ne peux pas oublier qui il est vraiment, que je ne peux pas oublier l’homme que j’ai vu dans cette ruelle ce soir de novembre… Ma gorge se serre, mon estomac se noue et je préfère être celle qui fuit. Parce que j’ai peur de la confrontation qui aura lieu lorsqu’il se réveillera. Alors, doucement, après avoir pris le temps de caresser sa joue et d’avoir déposé un baiser sur celle-ci, je me lève et quitte son lit, allant récupérer mes affaires éparpillées sur le sol de son salon. Otis aura droit à une caresse sur la tête avant que je ne monte dans un Uber et reprenne le chemin de mon appartement, définitivement vide, alors que mon cœur se serre un peu plus que je m’éloigne de lui.