Vous demeurez sur le seuil de ta suite et il te semble que votre priorité repose en l'acte d'annihiler toute distance entre vous. Tes mains demeurent sur son corps, ses doigts arpentent ton épiderme. Vos souffles se mêlent, les cœurs tambourinent, son parfum t'enivre, ta chaleur l'enlace. Une partie de ton être craint que tu hallucines ce moment tant il semble inespéré, tiré d'un rêve cruel. Quelles étaient les probabilités pour que vous vous retrouviez dans le même avion, côte à côte ? Quelles chances figuraient dans le tableau de l'univers pour que vos ondes semblent s'élever vers les mêmes chocs ? Le risque zéro a beau ne pas exister, tu te sens chéris par la destinée, tant que tu comptes bien tirer tout le bon de cette situation.

Tu lui souffles ne pas vouloir qu'il parte. Il n'y a plus de place au jeu. Tu ne tournes pas plus autour du pot, désormais, car l'instant te semble crucial, vital. Tu crains que le Buckley s'évapore dans la nature quand vraiment, tu es celui qui a imposé une distance entre vous deux. Tu redoutes le faire fuir, lui donner des motifs pour qu'une annexe ne soit pas rédigée à votre histoire. Cependant, le blond répond à ton baiser et finalement, progressivement, vous appréhendez le lit king duquel est dotée la suite d'hôtel. Le matelas est si confortable que tu te sens comme sur un nuage et à mesure que les draps se tirent, les vêtements jonchent le sol. Tu l'embrasses, le caresses, le redécouvres, le remémorises. Peau contre peau, tu ne parviens pas à te rassasier de lui. Vous êtes dorlotés dans l'intimité de cette chambre luxueuse, recueillis sous l'anonymat de la couette qui vous abrite. Ton bras autour de son flanc comme pour assurer votre étreinte, ton corps réagit sans scrupule à ses actions, bien que la fatigue commence dangereusement à te guetter. Le rythme ralentit, tu traces doucement des sillons dans le dos du garçon tels des tablatures, y pianote parfois de nouveaux airs, et si tu te sens choyé dans ce cocon que vous formez, tu remarques les yeux grands ouverts de ton interlocuteur. "You okay?" Tu questionnes, le fantôme de sa douceur sur tes lippes.

Perdu dans tes pensées. Tu appréhendes les tourments qui vont frapper à ta porte d’un moment à l’autre. Tu as du mal à profiter du moment présent sachant que tu viens de faire bien trop de chose que tu t’es autorisé que deux fois par le passé. Deux fois. Dont une avec Levi. Tu ne te souviens pas de tout. Les deux totalement sous l’influence. Cette fois tu es sobre. Tu n’as pas cette soupape de secours pour mettre toutes tes excuses sur l’alcool et la drogue. Pour avoir une raison meilleure que juste ton envie sincère de vouloir un moment intime avec Levi. Tout porte à croire que tu as avancé de ce côté là. He’s not in pain when I kiss him. Ah oui. Tu n’as pas oublié ca. Tu t’y accroches. Tu sais qu’un revers risque de venir à la tronche d’un moment à l’autre. "You okay?" Tes yeux bien dans les siens toujours. Sa main sur toi. Vos corps collés. Ta jambe contre la sienne.

"I don’t know..." Ton cœur qui bat fort de part cette vérité que tu lui donnes en toute honnêteté. Il sait les enjeux pour tes tourments quand vous êtes ensemble. Ta tête te cri de fuir mais ton cœur n’arrive pas à s’en résoudre. Il te donne tellement d’amour et de bienveillance. Tout a l’air possible à ses côtés. Tu sais que tu as un long chemin à parcourir avant de t’assumer entièrement mais tout ce que tu t’autorises dans ses bras, c’est tellement de démons que tu affrontes à chaque instants. Levi est patient. Levi est parfait. Tu ne voudrais faire ce bout de chemin avec personne d’autre que lui. "I will probably need a few drinks at some point..." Tu détournes tes yeux de lui. Ton corps entier même. Sur le dos. Tu regardes le plafond quelques secondes avant de te redresser pour essayer de localiser le mini bar. Tu ne plaisantais pas. Tu as juste peur de tes pensées éventuelles. Et puis tu te rappelles que c’est lui qui est physiquement malade de vous deux. Tu te sens presque pas légitime dans tes problèmes psychologiques. Lui risque sa vie. Toi juste ta réputation aux yeux de ta famille. Y’a un grand écart. Tu reportes ton attention sur Levi. Ton corps redressé sur tes coudes. "Do you drink?" De manière générale. Tu ne sais pas s’il y a des choses qui lui sont pas recommandées. Tu veux vraiment savoir, mais tu veux aussi parler, t’occuper l’esprit. Pour ne pas laisser tes démons prendre le dessus et gâcher ton moment. Continuer de gâcher ta vie. Tu sais que tu es safe. Tu sais que Levi ne va rien dire. Tu sais qu’il n’a pas mis des caméras et qu’il ne va pas envoyer les preuves de tes actes à ton père. Tu le sais très bien et pourtant, tu ne cesses de te le répéter afin de te rassurer.

L'essence du rêve éveillé te pourchasse, t'enlace, te happe. Tu mémorises la chaleur de son corps contre le tien comme si tu redoutais son absence plus que tout. Tu ancres la douceur de ses caresses, le profond de son regard. Tu retiens la sensation de sa jambe qui se colle à la tienne, spontanément ou pas, mais ce moindre geste ne te laisse certainement pas indifférent. Tu fermes les yeux ici et là, pour savourer davantage l'impact gigantesque dont jouissent ses mains sur ton corps, pour te délecter de ce parfum qui lui est, à tes yeux, unique.

Puis tu soupçonnes les doutes qui le taraudent. Tu t'imagines la bande de vos derniers échanges rejouer dans son esprit sous la discordance des torsions de son passé. Attentionné, tu lui demandes s'il va bien et c'est l'ignorance qui est exposée. Tu le couves du regard, comme si tu t'espérais capable d'annihiler ses démons en les fusillant sans scrupule de tes pupilles. Tes doigts tracent des sillons dans son dos, à la fois armés du désir de le rassurer et de lui faire du bien tout comme celui de ne pas rompre de suite de votre proximité. Puisque tu augures grosso modo ce qui se trame au traitement des songes du Buckley, tu connais ces tourments pour avoir été témoin de leur couperet chez l'homme qui te fait vibrer à de multiples reprises. "I will probably need a few drinks at some point..." Tu acquiesces et il s'allonge sur le dos avant de se redresser. "Do you drink?" Un bref rire file entre tes lèvres. "I sure do," tu prononces avec malice avant de t'extirper du lit et de dévaliser le mini bar que tu ramènes sur le matelas. "What does your heart desire?" Tu questionnes avec un sourire, fier de ta facétie. "Plus, alcohol makes one feel warm," Even if you make me feel even warmer. Tu ajoutes en analysant les petites bouteilles à votre disposition. Tu ne sais pas si Asher l'a remarqué, mais depuis ton retour sur les planches en dépit de ton cancer, tu as troqué tes t-shirt et tes shorts pour des pantalons et des hoodies, la maladie et le traitement te procurant promptement la sensation de froid. "Wanna mingle?" Tu suggères de mélanges les boissons, toujours dans l'ambiguité.

"I sure do, » Ton visage était pensif, mais maintenant il se fend en un sourire. Content de savoir que tu vas pouvoir partager quelques cuites avec lui à l’avenir. Car oui, avenir avec Levi tu as bien l’impression que c’est ce que vous venez d’acter. Tu n’as aucune idée de ce dont ça aura l’air, mais t’as hâte, autant que peur. Et tu veux surtout pas passer à côté de ça. T’as l’impression qu’il est l’unique personne sur cette planète qui te correspond en tout point. Si c’est pas lui, ce sera personne et tu es si seul. D’avoir pu goûter à lui avant qu’il s’en aille, tu sais exactement tout ce dont tu as été coupé. Ta vie n’a pas été mieux sans lui. C’est la merde dans tous les cas, alors autant que tu aies son parfum à respirer, sa peau à toucher.

Tu n’as même pas besoin de te lever du lit pour choper le contenu du mini bar parce qu’il le fait. Tes yeux le regardant évoluer dans sa suite en sous vêtement. Tu profites de cette vue que tu n’as pas eu assez dans ta vie. Il ramène de quoi boire sur le lit. Tu t’assois un peu plus confortablement. Tes pieds mélangés avec le drap. "What does your heart desire?" Tes yeux qui passent des bouteilles à Levi. I know what you’re doing here. Avec ses phrases à mille sens toujours. Il a ce sourire tout fier de petit con sur les lèvres. "Plus, alcohol makes one feel warm, » Tu n’avais jamais fait le rapprochement avec ton amour pour l’alcool et ton manque de bras dans lesquels te blottir. Mais là, d’un coup, tu vois plus que ça. Tu as aussi tes yeux de nouveau braqué sur les bouteilles et surtout les mains de Levi qui les manipulent. "Wanna mingle?" Tu remontes ton regard à son fucking beau visage. Un sourire amusé sur les lèvres.

« You really love that hmm… » Tu précises pas quoi. Tu essaies de jouer à son jeu. Ça fonctionne plus que bien car ton esprit se focalise sur lui et ses conneries. Ton coeur bat vite de l’avoir là en face de toi, tous les deux si peu vêtu, dans une suite d’hôtel. Tous les deux à être juste heureux la présence de l’autre. « I wanna keep things off my mind, that’s for sure… » Tu n’y penses pas mais si quand même. Tu veux que ça continue comme ça. Tu prends une des mignonnettes au hasard parce que la vérité c’est que tu t’en fiches de ce que c’est tant que y’a de l’alcool.« Keep talking. That helps… » Tes yeux qui se reposent sur lui. Sur sa main gauche de nouveau. « Weren’t you supposed to be a married man? » T’avais vu ça sur internet. Peut être bien que tu as fait des recherches un peu pousser sur Levi et peut être bien que tu as regardé de plus près qu’il ne le faudrait un compte Twitter d’une fan de Levi qui donnait vraiment beaucoup d’infos, qui scrutait beaucoup de choses avec des photos de paparazzi ou photos volés à l’appuie parfois. Tu as toujours la petite bouteille dans ta main. Tu t’occupes les mains plus qu’autre chose. Sa main gauche à lui par contre, tu ne l'as pas halluciné, il n'a pas d'alliance.

Ton cœur manque irrémédiablement un battement lorsque tu parviens à dérider ses traits pour faire naître un sourire sur ses lèvres, que tu aspires, avide, à évanouir contre les tiennes. A ces moments-là, tu ressens le sentiment d'accomplissement, comme si tu venais de réaliser quelque chose de précieux, de rare, de magique. Et bien sûr, son sourire ricochant des éclats au sein de l'azur de ses yeux ne te laisse infailliblement pas de marbre.

Tu quittes le matelas afin d'aller dévaliser le mini-frigo des petits échantillons d'alcool. Si vous venez à en manquer, tu es toujours prêt à appeler le room service afin de vous ravitailler davantage. Tu étends le butin sur la couette défaite, prêt à être inventif, aux aguets pour toujours déstabiliser le garçon en partiellement dévêtu sur ton lit. Fièrement, tu discutes, tu aguiches, tu nargues et il te répond par un rictus amusé que tu incombes à ta victoire.

« You really love that hmm… » Tu ne peux plus t'empêcher de sourire, au risque d'en avoir les maxillaires épuisées. « Don't you? » Tu rétorques, le défi faisant vibrer ton timbre, tes sourcils se haussant en pure arrogance. « I wanna keep things off my mind, that’s for sure… » Tes yeux passent du minois de ton interlocuteur aux différentes bouteilles. Une disparaît rapidement, choix d'Asher. Sur cette phrase-là, tu te retiens de répliquer car tu ne souhaites pas brusquer l'artiste, ni le faire parler de quoi que ce soit qu'il souhaite de toute évidence fuir. « Keep talking. That helps… » « I know, right, » tu prononces avec insolence en t'installant plus confortablement sur le lit, ne manquant pas d'en profiter pour éliminer quelques centimètres de distance entre vous. Ta main gauche s'arrête sur une bouteille de vin blanc que tu rejettes sur le lit avant de prendre du whiskey.  « Weren’t you supposed to be a married man? » Tu lui lances un regard, considères ses traits, la question t'ébranlant plus que tu ne l'apprécierais. « Yup, » tu confirmes néanmoins sur un ton que tu veux détaché. Impossible de lui mentir. « But I'm not anymore. » Tu dévisses la bouteille et la tends vers Asher, l'invitant malicieusement à trinquer. « Wanna more details? » She wasn't the right fit. She wasn't even a fit. We did not married each other out of love, we did because she wanted me my cancer to get taken care of, the first time it crept up into me, despite me not wanting to even fight it. It wasn't right. It never was ; and never could have been.

« Don't you? » Il n’aura pas de réponse de ta part. Il est vraiment t’en train d’être le petit con qu’il est si souvent. Tu le préfères comme ça que ne pas l’avoir près de toi. Son sourire de petit con c’est celui que tu préfères sur son visage. T’es vraiment bien atteint Asher. « I know, right, » Nouveau sourire amusé sur tes lèvres de l’entendre répondre de la sorte. Tu le vois s’approcher de toi également. T’as pas grand chose à faire pour le toucher. Il est si près. Tes yeux qui restent assez focus sur sa main gauche. Tellement que tu lui poses la question à ce propos. Il te semblait marié. « Yup, » Ce compte fan twitter était bien au courant donc. « But I'm not anymore. » Tu sens bien que ta question lui a un peu coupé court à sa performance de petit con. Il tend la bouteille vers toi et tu débouches celle que tu as entre les mains pour le suivre. A tes yeux, vous êtes officiellement un duo. Tu te dois de le suivre dans son invitation à boire avec toi.

« Wanna more details? »
« Nope. »

Tu trinques et boit aussitôt la majorité du contenu de ta petite bouteille d’un trait. L’alcool brûle ta gorge et ça te fait du bien. Tes yeux se reposent sur Levi alors que tu te lèches les lèvres après ta longue gorgée. Tu te dis que si il a envie de te dire, il le fera. Il n’attendra pas ton approbation. Mais clairement tu n’as que faire de savoir les détails de cette histoire là. S’il était en train de tromper sa femme, ça ne t’aurait pas dérangé plus que ça non plus. Il est responsable de ses actes et toi t’es juste là à être faible pour lui comme toujours. Lui qui t’a tant manqué. Et puis tu entends ton téléphone sonner. Tu fronces le nez, te sors du lit pour récup’ ton jeans au sol. Tu sors ton tél de ta poche et tu vois qu’il s’agit de Johnny. Tu coupes l’appel. Tu comptes pas répondre. « I have to text him something. » Tu te rassois sur le lit et tu finis l’alcool de la bouteille avant d’aller en choper une autre aussitôt. Là c’est les emmerdes qui commencent. Tu savais que la réalité allait te rattraper bien vite. Tu es déjà en train de réfléchir à mille scénarios que tu peux lui inventer. T’as loupé un meeting. Tu le sais. T’as aussi vu les messages qu’il t’a envoyé après un bref coup d’oeil à WhatsApp. T’avais pris soin de mute sa conversation pour ne pas être dérangé, mais faut croire qu’à 22h passé il a décrété que c’était l’heure de passer aux coups de fils. Parce que voilà que le téléphone sonne de nouveau. Tu soupires en coupant le son de ton tél que tu jettes devant toi sur le lit comme si c’était un objet du diable. L'écran éclairé du nom de Johnny et le vibreur qui ne s'arrête pas.

Il sourit, amusé, et tu te plais à le percevoir moins crispé, en dépit de son appétence pour les mignonettes disposées entre vous telles des munitions, des échappatoires, des excuses, des vecteurs à émotions. Tu le scrutes, le décryptes, armé de l'espoir qu'à mesure des minutes que vous passez ensemble, les heures loin l'un de l'autre s'effacent. L'impression de rattraper le temps perdu avec lui à une vitesse aussi folle que les chimères de votre histoire te séduit, tu te berces de l'illusion que bientôt, tout sera comme avant, avant cette sinistre et sale rupture, cette période de flou artistique et de déchéance toxique. Il n'y a que quelques centimètres qui vous séparent et tu milites pour ne pas les annihiler sans merci, parce qu'autant tu as envie d'être proche de lui physiquement, autant tu as besoin de renouer avec lui psychologiquement également.

Il t'interroge sur ton ex, tu lui expliques aussi brièvement que franchement que tu as certes été marié mais que tu es désormais divorcé. Tu lui proposes davantage de détails, question de taire les éventuelles interrogations qui pourraient le tourmenter, mais Asher semble s'en ficher, ce qui te va parfaitement. Un sourire en coin satisfait apparait sur tes lippes lorsqu'il te balance son "Nope" indifférent et oriente sa passion vers les bouteilles d'alcool.

Il boit cul sec, se lèche les lèvres, repose son regard du septième ciel sur ta personne. Tu décides de t'allonger sur le lit question d'être plus confortable et alors que tu sélectionnes un nouvel échantillon alcoolisé, le téléphone du blond retentit. Tu ne vois pas qui appelle ni ne connais la nature des notifications mais ça capte la concentration de ton interlocuteur quelques instants. « I have to text him something. » Assurément, étant donné que l'engin sonne de plus belle. Tu pouffes de rire quand Asher lance l'outil de communication sur le lit avec dédain. « I have a better idea, » tu déclares avant de saisir le smartphone, après avoir lu que l'appelant était Johnny et déduis qu'il pouvait s'agir du duo du trentenaire. « Yup, » tu prononces après avoir décroché. « Yep, sorry mate, he's busy. He's workin on somethin important for your band. You won't regret it. Cheerio. » Tu raccroches et balances le téléphone où il vibrait initialement sur le matelas. Puis, tu te redresses et quittes le matelas afin de récupérer guitare et calepin. Ce dernier finit sur la table de chevet mais tu reprends place à côté d'Asher avec Gulliver sur les cuisses. « Since we are dealing with important work... » Tu introduis avant de débuter ton titre where do my bluebird fly, qui te semble tout désigné. Après tout, c'est ton succès en son honneur, l'essentiel de ta vie personnelle comme professionnelle.

Levi qui s’allonge sur le lit et ton téléphone qui n’arrête pas de sonner. Sûrement que tu serais en train de renouer le contact physique avec lui si le nom de Johnny n’était pas en train de briser tout le moment. Mais ça le fait rire à lui. C’est pas lui qui a la deuxième partie de son groupe en train de le harceler de coup de fil pour qu’il aille vaquer à ses responsabilités. Ton cerveau qui est en train de fuser pour trouver une bonne idée à lui raconter à Johnny. Hors de question que tu lui dises la vérité. Vraiment le seul truc qui ne t’es pas passé une seule seconde par la tête. « I have a better idea, » Et tu le vois prendre ton téléphone. Tu sens un truc bizarre dans ta poitrine de le voir faire mais tu ne l’arrêtes pas. T’as confiance en lui. Il peut pas te la faire à l’envers maintenant après tout ce qu’il t’a dit tout à l’heure. Quand bien même votre relation partirait de nouveau en travers, tu sais qu’il restera réglo du côté de tes souhaits qui sont surtout tes peurs les plus grandes. « Yup, » Ton coeur qui bat la chamade de le savoir actuellement au téléphone avec Johnny. Tu ne le quittes pas des yeux. « Yep, sorry mate, he's busy. He's workin on somethin important for your band. You won't regret it. Cheerio. » Ouais. Ok. C’est une bonne excuse. Mais franchement il va trouver ça suspicieux que tu ne lui aies pas dit clairement dès le départ. C’est sûr. Et puis Levi se lève du lit. Toujours en sous vêtement. Peut être que c’est l’unique truc qui t’apaise là. Il revient avec sa guitare. « Since we are dealing with important work... » Et il se met à jouer les accords de where do my bluebird fly. Chanson que tu connais plus que par coeur vu combien tu l’as écouté cette année. Tu l’écoutes, tu le regardes, mais tu n’arrives pas à t’enlever de la tête tous les questionnements de Johnny auquel tu vas devoir faire face dès que tu quitteras ce cocon. Ca se voit sur ton visage que tu cogites à la puissance mille. Et tu vas prendre une nouvelle mignonnette, tu cherches celle avec le degré le plus fort avant de la boire d’un trait alors que la voix de Levi est toujours dans tes oreilles. Y’a vraiment pas assez d’alcool dans ces trucs. Ca se boit trop vite. Tu soupires et c’est ton tour de t’allonger dans le lit, sauf que c’est pas réellement pour te mettre à ton aise… C’est plutôt pour mettre ton visage dans un des coussins et prétendre que tu n’existes pas. Tu fais l’autruche. Tu vas devoir t’expliquer à Johnny. Tu soupires et retournes ton visage parce que tu manques d’air au bout d’un moment. Tu te mets sur le dos. What am I doing. Why am I doing it now? Ca aurait pu attendre ton retour à Brisbane. Tu te frottes les yeux avant de prendre la parole.« You know he’s my roommate also. » En d’autres mots, tu ne pourras pas lui échapper bien longtemps si jamais c’est ça ta technique. Tu bosses avec lui, tu vis avec lui. What am I gonna do?

Tout te semble si simple, désormais. Tu es convaincu que tu ne dois rien à personne, et cette nature qui te mouve, tu l'as même annoncée à Asher dès vos premiers échanges en lui déclarant que tu ne faisais aucune promesse. Certes, tu es revenu sur cette parole-là, comme s'il composait l'exception qui régissait toutes tes règles. C'est le pouvoir du Buckley, il te fait tant vibrer qu'il provoque des séismes dans ton mode de vie. Pourtant, tu es persuadé t'être bâti sur des bases solides, construites une brique par une brique à la sueur de ton front comme aux larmes de tes peines.

Alors bien sûr, c'est d'une aisance déconcertante et sans scrupule aucun que tu décroches et annonces à Johnny qu'Asher est occupé à travailler sur quelque chose d'important pour leur groupe. A tes yeux, le blond dispose d'un jeu d'enfant pour rebondir sur ces propos une fois qu'il aura d'éventuels explications à livrer à son acolyte musical. Puis, sans plus de tergiversations, tu profites de l'évocation aux éléments importants pour lui faire un live de l'un de tes titres à succès, l'un de tes morceaux qui lui revient.

Tu ne t'arrêtes pas de jouer bien que tu observes que ton interlocuteur ne va pas bien. Tu l'imagines fiévreux tant il semble préoccupé, tourmenté, déchiré. Il change de position, te tourne le dos, se voile la face, revient à la surface, et alors que tu termines ta composition, le silence vous étreint. Le nombre de mignonettes continue de diminuer, surtout par la consommation d'Asher. « You know he’s my roommate also. » Tu souris et émets un petit rire. « What else is he to you? » Tu questionnes, sans jugement ni jalousie aucune. Mais manifestement, Johnny a un pouvoir assez important sur Asher pour le mettre dans tous ses états, et cela, tu as envie que le blond en prenne conscience si ce n'est déjà fait. Tu augures qu'il n'est pas dérisoire dans l'existence du musicien : ils forment un duo, ils vivent ensemble, ce n'est pas anodin, il n'est pas n'importe qui, et Asher estime peut-être qu'il mérite son respect et se doit d'être de confiance vu leur investissement. « What d'you need to feel better? » Tu interroges. Les démons d'Asher ne te font pas peur. Tu te doutes que l'artiste n'est pas prêt à faire quelconque coming out ou parler de toi à son coloc ou quoi que ce soit s'apparentant à ce registre sensible, et jamais tu ne forceras Asher à révéler quoi que ce soit de sa vie privée. Tu respectes ses besoins, ses souhaits, ses envies. Ils te sont importants. Pour autant, tu ne veux pas le voir se ranger les sangs, et bien que c'est un tango enflammé qu'est de concerter les démons d'Asher à ses aspirations, tu te fiches bien de te brûler les pieds si cela signifie l'aider à se rescaper.

« What else is he to you? » T’as envie de répondre un ami mais de part le nombre de mensonges que tu lui dis depuis des années, tu ne sais pas si tu te sens légitime dans cette appellation. T’es tellement une fraude Asher. Tu as beau t’être détacher de ton père depuis de nombreuses années, l’image qu’il veut de toi depuis toujours est marqué au fer rouge dans ta tête. T’es tellement perdu dans tes propres pensées que tu ne prends même pas la peine de répondre à la question de Levi. Pourquoi tu te prends autant la tête Asher ? Et voilà qu’un nouveau flot de pensées t’emporte. Il ne suffit de pas grand chose pour que tout pète. Pour que ça vienne aux oreilles de ton père. Qu’il se doute. Rien que ça. Le doute. Tu ne veux pas ça. T’es déjà assez loin du plan de ton père. Il est hors de question qu’il pense qu’éventuellement y’a quelque chose entre toi et Levi. La paranoïa de cette éventuelle découverte de la part de n’importe qui te rend fou. Tu ne contrôles plus rien si cette idée est dans une autre tête que la tienne et celle de Levi. Tes yeux rivés sur le plafond. Tu réfléchis trop. « What d'you need to feel better? » Et puis ton regard qui baisse jusqu’à lui et là à ce moment précis, tu te dis que tu peux peut être rester avec lui pour le reste de tes jours et ne voir personne d’autre. Ils penseront que tu seras mort peut être mais tu serais juste enfin en train de vivre, sans te torturer sans réfléchir. « I don’t know… » Et tu te redresses pour prendre encore une dose d’alcool alors que tes yeux ne quittent pas la peau de Levi. Tu jettes la mignonnette déjà vide pour en prendre une autre. Tu ne le lâches toujours pas du regard. T’as juste besoin Asher, de ne rien dire à Johnny en dehors du contexte professionnel par rapport à Levi. Il n’a pas de preuve, il peut spéculer tout seul mais ni toi ni Levi ne lui confirmera ses hypothèses, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. « I need him not to ask questions. That’s what I need. » Tu hoches la tête en même temps que tu dis ces mots là. Ce serait parfait. Tu regardes la guitare de Levi dans ses mains alors qu’il est torse nu et clairement, c’est du porn que t’as sous les yeux.

« Let’s start writing. » Car une chanson, une véritable chanson que tu pourras exposer à Johnny, à ton label, sera la meilleure réponse à toutes ses questions que tu ne veux pas qu’il te pose. Tu sais très bien qu’il sera facile de faire monter Levi sur scène pendant ton set. L’inverse risque de ne pas être si simple, Levi doit avoir bien plus de sécurité autour de lui et de règles à suivre de part sa position de star de the Voice. Mais si t’as Levi sur ton set, avec une chanson originale, tu sais que ça va faire du bruit et tu sais que Johnny va être le plus heureux et il en aura rien à foutre de ce que t’as fichu avec Levi sans le prévenir. Y’a une chanson, y’a la foule pour vous voir… Tu te fais beaucoup de films mais c’est parce que tu sais que 1) vous allez réussir à écrire une chanson en moins de temps qu’il n’en faut. 2) Tu vas pouvoir le faire monter avec toi sur ton set. 3) La. photo dont Johnny rêvait vous la prendrait dans la matinée demain pour faire parler sur les réseaux et que les gens se pointent vous voir de part ce fait. Tu sais qu’il peut y avoir un beau ricochet de tout ce bordel. T’as l’impression de voir le futur mais c’est l’alcool qui parle. C’est Levi en boxers avec une guitare que tu vois et c’est la meilleure vue possible.  

Asher demeure allongé sur le lit, aux prises des déferlantes de tourments qu'il initie et qui le secouent sans cérémonie. Tu aimerais le protéger davantage, faire barrage contre ces tornades de débris du passé, ces cauchemars brisant ses aspirations, mais ceci ne relève que de l'utopie et la seule action que tu peux mener pour aider le Buckley à s'épanouir enfin est de lui apporter les matériaux nécessaires à ces outils qu'il doit lui-même se façonner. Tu aimerais tant qu'il s'assume davantage, qu'il envoie balader tous ceux pour qui il se dévore de l'intérieur. Cependant, c'est dans la nature du blond, et celle-ci t'est également précieuse. Alors plutôt, tu restes en suspens, démuni mais volontaire, à l'épauler et lui construire tendrement ce refuge dans lequel tu te plais à songer qu'il aime se blottir, au moins le temps de quelques minutes qu'il s'interdit.

Tu lui demandes ce qui pourrait l'aider à aller mieux, dans un souhait de le conduire sur cette voie qui pourrait ultimement le délivrer d'une partie de ces maux. Tu ne peux pas répondre à ce genre de questions pour lui, et même si tu peux soupçonner certaines réponses, il est le seul à pouvoir les articuler pour que la manœuvre ne soit pas vaine. « I don’t know… » Tu souris en coin, il saisit une nouvelle mignonette qu'il vide promptement. « I need him not to ask questions. That’s what I need. » Tu inspires profondément, tapotes musicalement sur la caisse de Gulliver. « You don't have to answer him, y'know, » tu précises en haussant les épaules, désinvolte.

« Let’s start writing. » La voilà, la solution. Tu attrapes le calepin et le stylo que tu avais posés sur la table de chevet et les lances à proximité d'Asher. Puis, tu te rapproches de sa silhouette avec ton instrument de musique. « Yup. Let's do this, rockstar. » Tu lui offres un clin d'œil complice et commences déjà à enchaîner quelques accords sur ta guitare, ceux qui te font penser à lui, à vous, à ces retrouvailles magiques tant elles t'étaient inattendues. Cette nuit providentielle, votre histoire aux nuances irréelles.