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 My Own Soul's Warning [Aleph - 1994]

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Message(#)My Own Soul's Warning [Aleph - 1994] EmptyDim 27 Déc - 17:14

Joseph lance la balle de baseball une énième fois. Les mains d’Alfie l’attrapent habillement, comme d’habitude. Ils n’ont peut-être pas placé assez de distance entre eux parce que le jeu est trop facile. Pourtant, si les deux auraient pu décider de reculer pour que le lancer devienne plus compliqué, aucun n’a fait un pas en arrière, comme s’ils appréciaient d’être si proches dans la cours de récréation. « Je veux jouer aussi ! » Lance Lily en courant vers les deux garçons, se séparant de son groupe d’amies qui se colorent les ongles avec des petites bouteilles de vernis à paillettes. « Non, c’est un jeu de garçon, laisse-nous. » Répond Joseph en attrapant la balle qui vole en sa direction. Sa sœur fronce les sourcils, croise les bras sur sa poitrine et tourne des talons. Joseph lui tire la langue comme le ferait n’importe quel frère qui aime bien se moquer de sa cadette. Il relance le petit objet sphérique à Alfie en se pinçant les lèvres, légèrement déstabilisé par ce que la présence de sa sœur lui a rappelé. Elle était témoin, hier soir, quand la main de Cyril a marqué la joue du jeune garçon avant que lui et son père ne disparaissent dans sa chambre pour approfondir la punition. Selon ses parents, Joseph a dit des choses horribles, des mensonges qui ne devraient pas sortir de la bouche d’un enfant aussi jeune. Parce qu’il ne comprend pas encore le monde, il n’a pas la maturité pour différencier le bien du mal. Il devrait seulement se laisser guider par Dieu, cet être surpuissant qui lui montre la voie à prendre depuis qu’il est assez grand pour soulever ses mains jointes vers le ciel. Mais Joseph a toujours été réticent, et c’est ainsi. Il n’a jamais eu l’impression que les choses étaient justes.

Le prêtre lui répète souvent qu’il est son préféré mais qu’il ne devait jamais rien dire à personne, pour ne pas faire de jaloux. Il dit que Dieu l’a choisi, lui, parce qu’il est différent des autres petits garçons qui fréquentent l’Église tous les dimanches. Il est plus sage, plus gentil et, donc, il mérite une attention particulière. Il sort parfois du lieu de culte avec une sucette sucrée entre les mains et il la fourre dans sa bouche pour profiter de sa saveur et oublier ce qu’il s’est passé derrière la statuette du petit jésus. Parce qu’il n’est pas stupide, Joseph, même s’il n’a pas les meilleurs résultats scolaires de sa classe : il sait que ce n’est pas normal qu’il soit le seul à mériter des friandises. Et puis, il n’y a que le jour d’Halloween qu’il a le droit de manger des sucreries jusqu’à ce que des caries apparaissent sur ses dents blanches. À peine onze ans et il comprend déjà que le monde mériterait d’être plus équitable.      

Hanté par le goût de framboise de la sucette qu’il a mangé dimanche passé, il ne voit pas la balle s’approcher de son nez à une vitesse considérable. Il se pousse sur le côté à la dernière seconde, s’évitant un ecchymose. La sphère roule sur quelques centimètres derrière lui. « Désolé, j’ai été inattentif. » Il a besoin de d’excuser à Alfie parce qu’il retarde le jeu. Le pas rapide, il va récupérer la balle et la fait tourner plusieurs fois entre ses doigts en reprenant sa place. Même, il s’approche davantage de son ami, à seulement deux mètres de lui. Il lui relance l’objet et l’échange reprend comme si rien ne s’était passé. Pourtant, les pensées du petit Keegan se font envahir progressivement par la couleur noire, qu’il déteste de tout son cœur parce que c’est cette dernière qui l’accueille lorsqu’il est jeté dans son lit, puis enfermé dans sa chambre. « Ali ? » Il demande, la voix soudainement plus timide. Il attend que les yeux du garçon se posent dans les siens. « Tu peux garder un secret, hein ? » Il ne devrait rien dire et une petite voix au fond de sa tête lui répète sans arrêt qu’il vaut mieux pour lui de se taire. Tu vas attirer des ennuis, les prochaines punitions seront encore plus marquantes, tes parents vont t’envoyer dans un pensionnat parce qu’ils auront trop honte de toi. « Un vrai secret. » Il ajoute, s’empourprant immédiatement, parce qu’il vient de défier son instinct qui lui ordonnait de ne rien dire. Pourtant, il s’approche encore plus, franchissant d’autres centimètres, et encore, et encore, jusqu’à ce qu’il arrive à la hauteur d’Alfie.            

@Alfie Maslow Oops. My Own Soul's Warning [Aleph - 1994] 394614564
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Message(#)My Own Soul's Warning [Aleph - 1994] EmptyDim 3 Jan - 12:12


@JOSEPH KEEGAN & ALFIE MASLOW ⊹⊹⊹ i tried going against my own soul's warning, but in the end, something just didn't feel right. Oh i tried diving even though the sky was storming, i just wanted to get back to where you are.

Son sourire disparaît quand la voix de Keegan Junior résonne et vient bouleverser leur quiétude, le regard noir d’Alfie qui ne quitte pas la silhouette de la plus jeune alors qu’elle exige de se joindre à eux. Si Joseph se montre franc mais conciliant lorsqu’il exprime son refus, Alfie se veut plus ferme bien que silencieux, en lançant la balle qu’il vient d’arrêter en direction de la tête de la gamine, celle-ci rebondissant sur sa cible pour être attrapée par Joseph. Les yeux rougis de Lily et son demi-tour rapide lui confirme qu’elle a été calmée, la gamine, alors que son sourire reprend place sur ses lèvres en se concentrant sur son ami, celui avec lequel il veut vraiment jouer. Surtout pas avec une fille et encore moins avec Lily Keegan, plutôt se prendre la balle dans la figure que d’accepter (enfin, en l’occurrence, c’est Lily qui a eu le droit à un tel traitement et même sa grimace de douleur n’a pas su le motiver à s’excuser à l’abri des regards des autres). Le ballon lui revient en mains et le plus jeune reste silencieux, les échanges entre les deux gamins n’ayant pas toujours besoin de se faire dans la cohue la plus totale, contrairement à ce que ces foutus adultes autour d’eux ont tendance à penser. Et aller à l’encontre des étiquettes que ces imbéciles de vieux leur collent n’est pas l’unique raison derrière le mutisme (surprenant, disons-le) d’Alfie ; ce silence lui permet d’observer son ami sans que son attention ne soit accaparée par leurs idioties qu’ils pourraient se raconter. Car il l’a perçu, la manière dont Joseph semble s’être renfermé après que Lily ait tourné les talons. Parce qu’il n’y a pas que cet élément, mais aussi les nombreuses fois où il parle dans le vide (certes, Alfie en a l’habitude, mais Joseph a souvent la décence de faire au moins semblant de l’écouter) sans parler de ces bêtises dans lesquelles le plus vieux ne le suit pas lorsqu’ils sont à l’église, comme s’il craignait des représailles alors que ça n’a jamais vraiment été un problème jusqu’à récemment. Alfie ne comprend pas et si en général il s’en fiche bien d’être dans l’ignorance, lorsqu’il s’agit de son meilleur ami (son seul véritable ami, mais chut, même s’il ne peut compter sur personne d’autre, le fait est qu’il est populaire alors c’est tout comme, non ?) Alfie n’accepte pas cette perspective.

Il l’accepte encore moins alors qu’il manque de réitérer son geste à l’encontre du mauvais Keegan lorsque Joseph évite de justesse la balle lancée en sa direction. « T’inquiète. » Dans d’autres circonstances, il n’aurait pas hésité à le traiter de naze ou à souligner à quel point il est plus fort que lui, mais pas aujourd’hui, pas maintenant. Alfie n’a peut-être que dix ans, mais pour l’avoir souvent vu de la part de ses parents, il le reconnaît ce regard lourd de sens. Sauf que cette fois-ci, l’intérêt ne semble pas porter dans une quelconque réprimande qui pourrait lui être offerte, mais dans quelque chose de bien plus grave et, surtout, qu’il est incapable d’identifier. Ou plutôt, que dans son égoïsme déjà caractéristique à cet âge-là, il ne veut pas identifier. De l’inquiétude, mais surtout de la tristesse et c’est tout ce à quoi le plus jeune n’aime pas être confronté. Mais Joseph est son meilleur ami, les règles lui imposent d’être là pour lui, encore plus alors qu’il perçoit sa manière de réduire la distance entre eux malgré la poursuite de leur jeu, de quoi intriguer toujours plus un Alfie au cerveau continuellement en action, qui cogite, cogite, à s’en fatiguer tout seul. Il a quoi, Joseph ? Pourquoi il est mou, aujourd’hui ? Pourquoi il ne l’a pas encore traité d’idiot de toute la journée ? Pourquoi il a juste tiré la langue à Lily au lieu de l’insulter au passage ? Pourquoi il se rapproche ? Pourquoi il le regarde comme ça ? Pourquoi il a raté le ballon, lui qui a de meilleurs réflexes que lui ? « Ouais ? » Il demande, le regard d’Alfie qui papillonne autour d’eux avant que le silence ne l’oblige à se poser sur Joseph pour exiger la suite des explications. « Ouais, bien sûr. » Bien sûr qu’il sait garder les secrets, Alfie, pas parce que sa loyauté est grande, mais parce que son désir d’avoir des informations sur autrui en cas de besoin est toujours utile. Voyez, depuis qu’il a vu Lily écrire le prénom d’Aaron dans son carnet, il sait qu’il peut avoir son goûter lorsqu’il le demande, parce qu’il a promis de garder le secret, mais pas de ne pas l’utiliser contre elle. C’est toute la nuance. « Parce que y’en a des faux ? » Il demande, son sourire de sale gamin sur ses lèvres, alors que la proximité définitivement réduite entre eux le convainc de ravaler celui-ci pour tenter d’être sérieux, Alfie se plongeant à nouveau dans un mutisme qui lui est inhabituel, signe que l’heure est grave.
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Message(#)My Own Soul's Warning [Aleph - 1994] EmptyDim 3 Jan - 14:37

C’est vrai que les deux garçons, habituellement turbulents, sont plutôt calmes ce midi. Même leurs lancers de balle sont dociles et calculés alors qu’ils ont tendance à terminer leurs trajectoires contre les vitres de l’école ou contre les autres élèves qui parsèment la cour. Même, quand Lily s’est approchée d’eux en pensant que le jeu pouvait accueillir une troisième joueuse, il l’a rejetée sans artifices. C’est plutôt Alfie qui s’est occupé de la ridiculiser comme il sait si bien le faire en la prenant pour cible. Évidemment que Joseph a souri en le regardant faire parce qu’il est le plus drôle des gamins de sa classe, du village, de l’Australie sans aucun doute. Il a ensuite rattrapé la balle en ricanant discrètement, espérant que ça ne se retournera pas contre lui puisque sa sœur le pointe toujours du doigt quand elle cherche un coupable. « C’était Alfie ! » Il lance, assez fort pour que Lily l’entende même si elle ne s’est pas arrêtée dans sa lancée. Il se retourne vers son ami, un sourire vrai tapissé sur ses lèvres mais il le reperd rapidement quand leur échange reprend en silence. C’est difficile pour lui de chasser le nuage gris qui flotte au-dessus de sa tête. Il remercie silencieusement son meilleur ami de ne pas l’interroger quant à la raison de son calme inhabituel. Il n’a pas l’impression de pouvoir trouver les mots pour expliquer ses émotions, de toute façon, parce qu’on l’a trop souvent puni quand il dit ce qui presse son cœur.

Pourtant, Alfie est là pour lui en ce moment. C’est sa gestuelle, sa façon de le regarder, ses yeux compréhensifs ; il a l’impression qu’il peut lire dans ses pensées et que ça ne servirait à rien de l’épargner de ce secret qui lui bloque la gorge. Et puis, il lui fait confiance. Il le croira, contrairement à ses parents qui ne veulent pas avaler un seul mot provenant de leur fils menteur qui ne cherche qu’à avoir de l’attention. Mais si seulement ils comprenaient que, au contraire, il veut disparaître pour ne plus être la cible d’un homme qui abuse de son pouvoir. Alors le petit Keegan tente, demandant au petit Maslow si ce dernier est capable de garder un secret – et il en doute pas une seconde, ils sont comme des frères. Ils seront toujours présents l’un pour l’autre même dans les moments où un des deux se perd. C’est à ça que servent les amis. « Ouais, bien sûr. » Soudainement plus nerveux parce qu’il comprend qu’il a eu le feu vert pour aborder un sujet tabou entre les murs de sa maison, ses lèvres se pincent et il hésite plusieurs secondes, s’approchant très lentement d’Alfie pour réduire la distance qui les sépare. Seul lui a le droit d’entendre ce qu’il s’apprête à dire. Et, même, il n’a pas l’intention de sauter dans le cœur du sujet immédiatement. Il n’a pas l’impression de comprendre tous les enjeux ; il sait seulement que quelque chose cloche et que les autres enfants ne font pas ce que lui fait. Le prête lui a bien dit : il est le seul qui mérite ses faveurs. « Parce que y’en a des faux ? » Son regard se pose sur le sol et il fixe ses chaussures abimées. Sa gorge s’est soudainement nouée mais il se secoue les puces pour ne plus sentir les coups de la ceinture de son père contre son dos nu. « Certaines personnes ne veulent pas me croire, mais je sais que toi tu me croiras. » Il serre la balle entre ses mains pour y enfoncer ses ongles, puisant au plus profond de lui un semblant de courage. « Tu as déjà regardé la définition de sexualité dans le dictionnaire ? » Il relève très doucement la tête pour voir la réaction de son meilleur ami. Tous les élèves de sa classe l’ont déjà fait. C’est dans la nature des jeunes de vouloir en savoir plus sur ce côté qui leur est caché. Jamais il n’a entendu parler de ça entre les quatre murs de sa maison. Lily pense probablement encore que c’est une cigogne qui l’a posée devant la porte de cette dernière pour ensuite être découverte par Cyril et Marie. « On n’a pas le droit d’en parler, je sais. C’est un péché. » Dieu a inventé la sexualité pour en faire don aux couples mariés. Un enfant ne devrait jamais aborder ce sujet, c’est mal. « Je veux juste savoir si tu sais ce que c’est. » Et il repose honteusement ses yeux sur ses pieds.      
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Message(#)My Own Soul's Warning [Aleph - 1994] EmptyMer 13 Jan - 13:54

« C’était Alfie ! » Il lève les yeux au ciel par automatisme, le dénommé Alfie, à l’entente de cette justification qui arrive à ses oreilles plusieurs fois par jour. Il devrait s’offusquer que cette fois-ci, elle vienne de son meilleur ami. Celui qui n’est pas supposé le vendre de telle façon, mais il est bien trop satisfait que Lily sache qui accuser qu’il ne réagit même pas, à part pour lever son plus beau majeur à l’encontre de Joseph pour lui faire comprendre qu’il n’apprécie pas son attitude (plutôt que d’admettre que oui, il lui en est reconnaissant d’avoir signalé sa faute – et par conséquent, son existence – à Lily). « Oops. » Qu’il se contente de marmonner, conscient qu’aucun des deux Keegan ne peut l’entendre, le sourire néanmoins fier qui trône sur ses lèvres du haut de ses dix ans et son goût certain pour la provocation déjà bien ancré en lui. Il ne saurait expliquer d’où ce plaisir vient, seulement il est beaucoup trop contraint à se ranger dans des cases et à obéir à la maison, Alfie, alors qu’il entre dans cet âge où il commence à faire ses premières expériences. Premiers émois, premières découvertes de son corps, première interrogation de « grand ». C’est justement dans cette dernière catégorie qu’il se situe aujourd’hui tandis que Jo lui confirme ne pas être dans son assiette. Il aurait dû le parier, peut-être qu’il aurait gagné quelque chose – il ne sait pas exactement quoi, mais c’est la fierté d’être désigné gagnant qui aurait été le plus beau des prix. Quant à savoir s’il peut garder un secret, Alfie, bien sûr qu’il le peut : comment pourrait-il avoir des avantages sur autrui lorsqu’il a besoin d’eux s’il répète tout ce qu’on lui dit ? Bien sûr, ceci ne s’applique pas à Joseph parce qu’ils sont supposés être meilleurs amis, mais Alfie sait aussi que la semaine dernière il appréciait Cody alors que cette semaine il lui a collé son poing dans la figure – alors l’amitié, c’est pas vraiment une science exacte. M’enfin, dans l’immédiat, Joseph fait toujours preuve d’exception qui confirme la règle : il lui colle son poing de temps à autre, mais ils sont quand même toujours amis.

Le plus vieux se rapproche avec discrétion, comme s’il avait peur d’être interrompu ou entendu par qui que ce soit et à son attitude, Alfie comprend que c’est du sérieux, qu’on ne rigole plus. C’est un problème pour le jeune Maslow, d’ordinaire habitué à tout tourner en dérision, que de comprendre que cette fois-ci, il ne le pourra pas, même s’il ne peut pas totalement chasser le naturel et qu’il ne manque pas d’interroger son ami sur les faux secrets qui contrasteraient avec ce vrai secret qu’il doit lui confier. « Sauf si c’est encore pour me dire que Lily est d’accord de me donner son dessert à la cantine et qu’en fait je découvre que c’est pas le cas et qu’elle me frappe. » Devant tout le monde, qui plus est. Mais Alfie conclut sa réflexion d’un rire, conscient que Joseph ne parle pas de ces secrets-là et qu’il devra bien le croire, cette fois-ci. Le plus jeune veut faire comprendre, maladroitement, à son ami qu’il n’a pas à se sentir aussi gêné, tandis qu’Alfie tend l’oreille, se rapproche de son meilleur ami pour être attentif – mais pas trop non plus, il faudrait pas que les gens se moquent de leur proximité, plus pour Joseph que pour lui, parce qu’il s’en fiche bien quand on lui dit qu’il est amoureux de Martin parce qu’il lui a fait un bisou sur la joue dans l’euphorie de leur victoire au foot. À la question de Joseph, il hoche la tête pour répondre par l’affirmative – bien sûr qu’il l’a déjà cherché et même qu’il a déjà vu une fille toute nue dans un magazine que Toby avait piqué à son père et fait passer dans la cour de récréation. « Tu crois vraiment à ses conneries de péchés ? » Il pouffe légèrement avant de reprendre son sérieux. Il oublie parfois que Joseph et Lily sont faits du même sang et que si la deuxième croit dur comme fer en toutes ces bêtises qu’ils entendent sur les bancs de l’église, le premier est éduqué de la même manière. Lui, il a tendance à ne croire que ce qu’il voit et ses premières questions sur le sujet étant souvent restées floues d’explications concrètes, ça n’a fait qu’envenimer son désir de comprendre et de provoquer, conscient d’avoir touché un point sensible que personne n’est pourtant en mesure de lui expliquer. « Oui, oui, je sais. » Il confirme, fronçant les sourcils. « Pourquoi tu veux qu’on en parle ? » Alfie interroge, s’en fichant bien que la sonnerie retentisse derrière eux.

@Joseph Keegan :l:
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Message(#)My Own Soul's Warning [Aleph - 1994] EmptySam 16 Jan - 14:25

Joseph n’est habituellement pas un délateur mais, s’il a informé sa sœur quant à l’origine du lancer de la balle dans son dos, c’est seulement pour éviter qu’elle ne rapporte les faits à leurs parents le soir venu. Elle ne se gênerait pas pour s’en plaindre parce qu’elle ne manquera jamais l’occasion de prouver à toute la famille qu’elle est la petite fille parfaite et que son frère, quant à lui, a hérité de tous les défauts du monde. Elle sait comment s’y prendre pour être aimée, Lily, et cette caractéristique chez elle la mènera loin ou, au contraire, la freinera. Mais, pour le moment, l’ainé de la fratrie préfère blâmer le véritable responsable de la plaisanterie parce qu’il ne supporterait pas de se faire punir une autre fois, pas après l’horrible nuit qu’il a passée. Heureusement, sa sœur était encore là pour éponger les lacérations fraiches dans son dos. Même si elle ne sait pas tenir sa langue et garder un secret, elle est toujours présente pour s’occuper de lui quand personne d’autre ne le fait. Elle doit bien l’aimer, Joseph, au fond, et la réciprocité n’a jamais été remise en doute.

Le petit jeu devrait s’éterniser comme d’habitude, puis se transformer en une course entre les buissons qui parsèment la cour, ou en une bataille de poings mous (parce qu’ils ne se tapent jamais pour se faire mal, les deux amis, mais ils apprécient tout de même de jouer au roi du monde). Pourtant, le tempérament du plus vieux reste stagnant, comme si le fait de lancer cette balle n’alimentait pas davantage son envie de dépenser de l’énergie pendant la pause du midi. Et il sait bien qu’il est ennuyant parce qu’Alfie reflète son attitude sans s’en rendre compte. Il est calme, lui aussi, il semble pouvoir lire dans ses pensées sans toutefois pouvoir y déceler les atrocités qui s’y trouvent. Cependant, si Joseph arrive à taire la vérité depuis trop longtemps déjà, il a besoin de se faire entendre, de se faire écouter, puis de se faire croire. Il avait rassemblé assez de courage la veille pour avouer les torts du prêtes à ses parents qui ont cru bon de châtier, de le censurer, parce que jamais une figure religieuse aussi importante ne commettrait un tel pêché. Ce serait de remettre en question l’authenticité du christianisme. Mais Alfie n’a jamais été comme tous ces autres adultes qui joignent leurs mains vers le ciel en espérant être écouté parce celui qui n’existe probablement pas, selon les deux enfants méfiants. « Sauf si c’est encore pour me dire que Lily est d’accord de me donner son dessert à la cantine et qu’en fait je découvre que c’est pas le cas et qu’elle me frappe. » La répartie lui arrache un sourire assez longtemps pour qu’il replonge son regard brillant dans les yeux de l’autre garçon. Il secoue la tête de droite à gauche. « Je ne pensais pas qu’elle allait te frapper pour ça. » Il admet, haussant les épaules, mais se secouant rapidement les puces pour retrouver son sérieux. Il veut qu’Alfie lui confirme qu’il peut garder ses lèvres cousues et que son secret sera bien gardé entre ses deux oreilles. Enfin, il confirme qu’il en est capable et Joseph se met à tourner autour du pot, incapable de balancer l’information comme elle est. Ce serait trop cru et il ne sait même pas si son ami connait les mots qu’il va employer. « Tu crois vraiment à ses conneries de péchés ? » Il ne réagit pas vraiment, réfléchit un moment, puis répond négativement : « Non. Si j’y croyais, je ne t’en parlerais pas. » Il est plus sincère que jamais, défiant sans craindre des représailles. S’il avait prononcé ces mots devant Cyril, il l’aurait regretté. « Oui, oui, je sais. » Il sait, alors. Il connait les termes qui sont habituellement tus devant les enfants de leur âge. La sonnerie annonçant la fin de la pause résonne dans toute la cour et Joseph jette un seul coup d’œil à Alfie pour comprendre qu’il n’a pas l’intention de bouger. Lui non plus, alors. « Je pense que… » Il s’arrête, cherche les mots, ne les trouve pas aussi facilement qu’il aurait espéré. « Je pense que j’ai fait des choses que je n’aurais pas dû faire. » C’est ainsi, dans sa tête : il a laissé le prêtre de leur Église l’approcher. Il ne l’a pas repoussé parce qu’il avait trop peur : alors il a consenti sans vraiment s’en rendre compte. Tout est de sa faute. « Tu te souviens quand Père David a voulu me parler après la messe de Noël ? L’année passée. Il m’a donné une sucette et tu étais jaloux. » Il esquisse un sourire qui se fige rapidement en un rictus horrifié. « Il.. Enfin… Je…. » Non, il est incapable de formuler la moindre phrase. « Je n’arrive pas l’expliquer. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Mais ça a continué depuis ce jour-là, presque tous les dimanches. Il dit à mes parents qu’il a besoin de me voir pour m’aider à me remettre sur « le droit chemin ». Mais… Je ne pense pas qu’il le fait avec toi, pas vrai ? Il me parle souvent de toi, il me dit que je ne devrais pas faire comme tu fais parce que c’est mal et… Ensuite… » Il se pince les lèvres, ses yeux s’humidifiant au fur et à mesure qu’il partage ses pensées lourdes. « Ali, il me dit que tu es mauvais pour moi et que… lui… Il peut m’aider. Mais je n’arrive plus à le regarder dans les yeux depuis qu’il… m’aide… »      

@Alfie Maslow :l:
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Message(#)My Own Soul's Warning [Aleph - 1994] EmptyJeu 4 Fév - 11:33


tw/abus sexuels

Il y a quelque chose qui cloche avec la façon sérieuse dont Joseph l’interpelle ; ce n’est pas dans les habitudes du plus vieux d’avoir le visage aussi fermé, sauf quand Alfie l’a bien trop provoqué et qu’il se retient de le frapper – c’est-à-dire, de vraiment le frapper et pas juste pour rigoler. Quoi qu’il en soit, si Alfie du haut de ses dix ans prend déjà l’habitude de fuir ce genre de discussion, il saisit très vite qu’il n’y a aucune échappatoire à cet instant. Il sait qu’il n’est pas toujours le garçon le plus sympa, ni l’ami le plus fidèle, mais Joseph est le seul qui peut se vanter de faire émerger de telles qualités chez Alfie. Même les parents de ce dernier perdent peu-à-peu l’espoir d’arriver à gommer ses défauts pour en faire le parfait petit garçon dont ils rêvent. C’est très probablement pour cette raison qu’il devient, jour après jour, l’enfant de leurs cauchemars, avec ses provocations, son répondant et tous ses traits de personnalité qui se dessinent et que l’on n’ose pas encore nommer par espoir qu’ils disparaissent le plus vite possible, semblant peu adapté pour un enfant aussi jeune aux tendances pourtant bien trop matures pour son âge. Mais c’est cette maturité qui le sauve aujourd’hui lorsqu’il comprend où veut en venir Joseph, lorsqu’il lui pose des questions qui seraient susceptibles de donner la mort à ses parents par la simple évocation de ce mot tabou à la maison, sexualité. Ils sont trop jeunes pour ça qu’ils n’arrêtent pas de dire, pour poser des questions ainsi ; ce n’est pas de leur âge et ils n’ont probablement pas tort parce qu’une part d’Alfie est encore dégoûtée par tout ce qui s’en rapporte, alors qu’une autre se monte probablement plus curieuse qu’elle ne le devrait. Dans tous les cas, le peu de connaissances qu’il possède dans le domaine lui sont néanmoins utiles pour confirmer à son meilleur ami que oui, il n’est pas totalement paumé sur cette histoire (et même si c’était le cas, il bomberait le torse à prétendre qu’il sait très bien de quoi il parle alors qu’il n’en a pas la moindre idée). Ce dont il est sûr, par contre, c’est qu’il ne croit pas vraiment à ces histoires de péchés, Alfie, même si une fois par semaine il est forcé de faire semblant pour le bien de ses parents (quand même, il a beau dire qu’il ne les supporte pas, il les aime de tout son cœur et il ne voudrait pas leur causer plus de peine que ce n’est déjà le cas). C’est beaucoup trop abstrait pour qu’il puisse y croire ; et s’il ignore d’où cet esprit rationnel lui vient puisque définitivement pas issu de l’éducation de ses parents, la question qu’il se pose à cet instant est surtout de savoir pour quelle raison Joseph serait susceptible d’être lui-même un fervent admirateur de tels concepts. Il pousse un soupir de soulagement quand son ami lui confirme qu’il n’y croit pas plus que lui, un large sourire s’affichant sur le visage juvénile d’Alfie qui peut compter sur son plus fidèle allié. Si sa réponse l’avait déçu, il n’en serait plus un. Pour quelques heures, il est vrai, mais quelques heures durant lesquelles il aurait fait de la vie de Joseph un enfer. « Ouais, je vois. » Non, il ne voit pas du tout, mais ça lui permet de maintenir sa position de force ; après tout, c’est bien Joseph qui vient se confier à lui, qui l’alpague de la sorte – signe qu’il a du pouvoir, de la connaissance, n’est-ce pas ? Autant poursuivre sur cette fois.

Son regard ne quitte plus celui de son ami, ses yeux se plissent ; façon de lui dire d’accoucher, avant que ses sourcils se froncent. Bien sûr, le gamin impatient qu’est le Maslow ne laisse pas son ami terminer ses explications avant de lui couper pour lui demander : « c’est-à-dire ? » Quel genre de choses ? Il ne comprend pas vraiment, le gamin de dix ans, qui prétend être un expert sur tout alors qu’il ne sait quasiment rien. À la question de Joseph, il secoue vivement la tête, ponctuant sa réaction d’un : « c’était pas juste » de mauvaise foi ; bien sûr que c’était justifié de ne pas lui offrir une sucette en vue des bêtises qu’il fait constamment, puisque l’éducation marche à la récompense et qu’il fait tout pour ne pas être sur le podium des bons élèves. Il ne peut pas prétendre au prix s’il ne participe pas à l’effort, c’est certain. Il aurait pu poursuivre sur cette voie en se moquant de ce retournement de situation, faisant de Joseph un bon élève alors qu’il n’arrive pourtant pas à la cheville de Lily, mais son visage désormais horrifié convainc le jeune Alfie de s’en arrêter-là. Il ne comprend pas grand-chose, mais là, il comprend qu’on ne plaisante plus. « Tu veux dire qu’il te donne des sucettes tous les dimanches ? » Quel connard. Il ne plaisante pas Alfie, quand il pense avoir cerné le mystère du discours de Joseph et ce n’est que lorsqu’il s’interroge sur le pourquoi c’est aussi important qu’il se doute qu’il passe à côté d’un détail. « Il te dit ça ? Mais il se prend pour qui, ce vieux plouc ? » Il s’offusque en comprenant qu’il essaie de retourner son meilleur ami contre lui ; il sait qu’il n’est pas un exemple, Alfie, qu’il est très loin de l’être, mais c’est ignoble ce qu’il fait et il sent son amitié avec Joseph en danger sur les dires d’un homme d’église. Les parents de Joseph ont déjà essayé de les séparer, si d’autres s’y mettent, il va vraiment perdre son meilleur ami et il n’est pas du tout d’accord avec ça. Qu’ils se mêlent de leurs affaires, les adultes, ils ont bien assez à faire de leur côté pour foutre la paix aux plus jeunes.

Néanmoins, ses pensées qui virevoltent de part et d’autres reviennent sur Joseph lorsque les yeux de celui-ci s’humidifient et que son discours se ponctue de hoquet. Les yeux d’Alfie s’écarquillent, tandis qu’il hurle merde dans sa tête, qu’est-il supposé faire de ça ? Il n’a jamais vu son ami dans un tel état et il ne sait pas comment réagir. Quand sa mère pleure, il se contente de s’asseoir à côté d’elle en s’excusant d’être aussi turbulent, mais là, il ne sait pas comment réagir. Est-ce encore sa faute ? Est-ce que le fait que le Père David retourne le cerveau de Joseph justifie qu’il doive s’excuser ? Non, finalement, la question est tout autre quand Alfie se concentre sur le plus important ; quelque chose cloche, mais quoi, exactement ? « Il t’aide ? » Il interroge, faisant fi de ce qui le concerne, car, justement, ça ne le concerne pas. « Jo... il t’aide comment ? » Et il persiste, Alfie, tout en sachant qu’il ne le devrait pas et que le terrain sur lequel ils s’aventurent tous les deux va bien au-delà des préoccupations qui devraient être les leurs ; autant que c’est justement parce qu’ils sont jeunes que jamais du crédit ne sera accordé à ce qu’ils peuvent dire.

@Joseph Keegan :l:
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Message(#)My Own Soul's Warning [Aleph - 1994] EmptyMar 9 Fév - 18:45

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Il est pétrifié, Joseph, alors qu’il fait confiance à Alfie depuis toujours. Ils se sont échangé mille et un secrets dans la cour de récréation, des plus banals aux plus lourds, mais jamais les sujets qu’ils ont abordés dans le passé peuvent tenir tête à ces mots bloqués dans la gorge du plus vieux ce midi. Il n’est plus question d’obéir aux ordres de la cloche qui amène tous les élèves à se rassembler devant l’école : il n’y a plus que lui et son meilleur dans une toute petite bulle qui devient de plus en plus intime. Personne ne peut les entendre, personne ne peut rire en les pointant du doigt parce qu’ils sont des garçons et qu’ils ne devraient pas faire comme les filles. Lancer la balle, c’est un jeu de garçon, faire des secrets, c’est un jeu de filles. Mais Joseph a bien conscience qu’il ne s’agit plus de jouer comme le font tous les enfants de leur âge mais plutôt de se libérer d’un poids qui devient de plus en plus insoutenable au fur et à mesure qu’il accumule les sucettes qu’il n’arrive même plus à manger ; il les empile dans une boîte sous son lit pour empêcher Lily de les trouver. Il ne lui donnera jamais ce fardeau. Mais Alfie ne comprend pas tout de suite quand son ami lui rappelle ces bonbons qui ne trouvent que ses mains à lui. Joseph secoue la tête de droite à gauche. En effet, ce n’était pas juste, mais pas pour les raisons qu’il pense. « Tu veux dire qu’il te donne des sucettes tous les dimanches ? » Seulement deux années les séparent et, pourtant, les yeux du turbulents sont brillants de jalousie. Comme s’il était réellement question d’une stupide sucette. Pendant un instant, Joseph reste muet et réfléchit. Peut-être devrait-il garder ce secret pour lui-même ? Est-ce que ça fait de lui un mauvais ami s’il implique le plus jeune dans cette histoire d’adultes ? Non. Ça fait de lui un ami qui ressemble assez de courage pour demander de l’aide là où il peut en trouver. « Il te dit ça ? Mais il se prend pour qui, ce vieux plouc ? » Cette fois, ça le fait réagir quand Joseph révèle que le prêtre ne le porte pas dans son cœur. Il devrait être ravi d’entendre cette nouvelle mais il ne se doute toujours pas que son meilleur ami ne reçoit pas de cadeau les dimanches. Haussant mollement les épaules, le garçon affiche une moue perdue pour faire comprendre à son complice qu’il ne sait pas pourquoi il entend sans cesse qu’Alfie est mal pour lui, qu’il n’est pas une bonne influence et qu’il devrait trouver d’autres amis avant que ça soit trop tard. À ses yeux, il est l’unique personne qui arrive à le comprendre – sa sœur arrive aussi à lire dans ses yeux mais elle n’est jamais dans son camp, préférant jouer la carte de l’obéissance pour ne pas subir les mêmes conséquences que son frère. Il ne peut pas lui en vouloir d’avoir peur de subir son sort, il donnerait tout ce qu’il a pour quitter cette famille. Les parents d’Alfie pourraient peut-être l’adopter ? Il voudrait bien un frère, un vrai. L’idée s’échappe rapidement de sa tête quand il poursuit le fil de ses pensées, admettant finalement que père David le rend terriblement mal.  « Il t’aide ? » Il baisse les yeux, honteux, peiné, tétanisé, aphone. Il aurait espéré qu’Alfie puisse lire dans ses pensées et voir les images qui s’y trouvent. Il n’aurait pas besoin de raconter cette histoire dégoûtante. Le brun insiste mais Joseph n’arrive plus à détacher ses yeux du sol. Il n’entend plus le vent qui soulève les feuilles mortes ni le brouhaha des élèves qui entrent à l’intérieur en faisant la queue. « Père David… » Non, c’est trop difficile. Et un professeur s’approche dangereusement d’eux en lançant leur nom. « Joseph, Alfred ! » Sa voix rauque arrache une grimace paniquée au premier cité qui secoue vivement la tête sans vraiment s’en rendre compte : il ne veut pas que ce vieil homme entre dans leur bulle. Ce dernier n’est plus qu’à trois mètres d’eux quand l’apeuré arrive finalement à murmurer à l’intention de son ami, sa bouche si près de son oreille pour empêcher le monde de l’entendre : « Il me touche. » D’une façon qui lui hérisse les poils et qui lui refile la nausée. Plus que deux mètres, l’enseignant s’apprête à attraper le poignet des deux récalcitrants mais les yeux gonflés de larmes de Joseph s’accrochent à ceux d’Alfie et il semble le supplier du regard. Ne le laisse pas me toucher lui aussi. J’ai besoin d’aide, tu es le seul qui m’écoute réellement.  

@Alfie Maslow :stayawake:
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Message(#)My Own Soul's Warning [Aleph - 1994] EmptyVen 19 Fév - 11:57


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Gamin égoïste, il n’accorde que très peu d’attention aux autres, Alfie. Quand sa mère pleure parce qu’un voisin a encore fait une remarque désobligeante sur l’éducation du petit Maslow, il se contente de s’asseoir à côté d’elle. Lorsque son père le réprimande pour les mêmes raisons, il le défie du regard. Lorsque Lily est blessée par les remarques qu’il fait, il hausse les épaules. Mais lorsque Joseph s’exprime, Alfie réagit toujours. Quand son ami prétend être blessé par son coup pour mieux lui faire baisser sa garde et l’attaquer en retour, il ne manque pas de le pousser encore plus fort pour lui faire payer son affront. Lorsqu’il l’imite pour l’emmerder, Alfie surenchérit à outrance. Lorsqu’ils se font gronder pour une bêtise qu’il a initiée, il fait le coq devant Joseph pour faire comprendre à celui-ci que ce n’est pas si grave. Pourtant, aujourd’hui, les yeux mouillés et la voix tremblante de son meilleur ami lui font comprendre que oui, l’heure est grave. Et c’est un problème ; parce que cette fois-ci il ne pourra pas le frapper plus fort ou se moquer plus exagérément, cette fois il faut qu’il adopte une autre attitude et le gamin désensibilisé, aux tendances sociopathes d’après sa propre mère, qu’il est n’a aucune idée de la façon dont il est supposé réagir. Il est hors de question d’envahir l’espace vital de Joseph même s’il l’aimerait, il comprend bien vite que c’est le fond du problème et il ne voudrait pas y contribuer. Il y a peu d’individus pour lesquels il réfléchirait ainsi, Alfie, mais à cet instant il essaie de trouver la solution la plus adéquate à défaut de la meilleure. Difficile de lire quoi que ce soit dans le comportement de Joseph, ses yeux rivés vers le sol et sa voix soudainement inexistante – pourtant, c’est très exactement pour toutes ces raisons qu’il arrive à lire en lui et qu’il comprend que les choses sont graves. Oui, mais à quel point ? Le gamin n’a pas encore tous les codes des pires travers de la société (desquels il se rendra coupable d’ici peu d’années), l’église vise à les éloigner de toute cette réalité et c’est un défaut autant qu’une qualité. Il est partagé entre le fait d’être tenu dans l’ignorance et de pouvoir poursuivre cette vie d’enfance et l’agacement qu’on les tienne trop souvent éloignés de la vérité : le monde fait peur et ceux qui le composent encore plus. À commencer par cet enseignant qui vient bouleverser cet instant. « Joseph, Alfred ! » La voix du professeur derrière eux résonne alors que la cour s’est vidée et Alfie n’accorde aucune attention à ce dernier. « Il t’aide comment ? » La figure d’autorité derrière qui se rapproche ne fait qu’accentuer l’agacement d’un Alfie en proie à ce trop plein d’émotions qu’il ne gère jamais de la meilleure des manières – au détriment de sa mère. Finalement, les trois mots redoutés sont prononcés et Alfie, pourtant encore si innocent à cette époque, comprend. Du moins, il comprend un peu, il comprend que ce n’est pas bien parce que l’infirmière scolaire leur a fait un cours là-dessus, en disant bien que si quelqu’un les touche et qu’ils ne sont pas d’accord, c’est mal. Mais en même temps, lui quand Lily ou Martin le touchent alors qu’il n’est pas d’accord, il a pas l’impression que ce soit désagréable – mais bon, ils ne sont pas des adultes alors ça doit peser dans la balance. C’est bien le problème, d’ailleurs, quand il s’imagine à la place de Joseph et qu’il imagine la tête du Père David, une grimace de dégoût ne peut s’empêcher de s’afficher sur son visage. « Mais c’est dégueulasse ! » Qu’il dit d’ailleurs, alors que la voix de l’enseignant résonne alors qu’il attrape le poignet d’Alfie et que ce dernier croise le regard de Joseph. « Vous le faites exprès ? En classe ! » « LA FERME. » Il hurle, Alfie, alors que son pied vient rencontrer l’entrejambe de son professeur – bien sûr celui-ci n’est pas d’accord qu’il le touche, mais c’est différent. Sa main libérée, il attrape celle de Joseph et tire sans ménagement sur celle-ci pour l’inciter à calquer ses pas sur les siens pour partir d’ici. C’est au bout de quelques mètres et avec l’assurance que son ami le suit, qu’il le lâche, restant devant pour décider de la destination qui les éloigne toujours plus de cet endroit de malheur. C’est cinq minutes plus tard, dans une ruelle, qu’Alfie décide enfin de s’arrêter pour reprendre son souffle ; convaincu que l’enseignant n’a de toute manière pas prévu de lancer une patrouille à sa recherche, mais satisfait d’avoir marqué la distance si tel est le cas. « Et toi, t’es pas d’accord. » Il reprend la conversation comme si de rien n’était, Alfie, ses mots encore entrecoupés par l’effort fourni. Ce n’est pas une question, mais une affirmation alors que l’état de Joseph suffit pour en être convaincu. « Tu te souviens de ce que madame Flanagan nous a dit ? » Il demande à son ami, ne lui laissant pas le temps de répondre ; il est impatient, Alfie, il parle beaucoup et laisse peu d’espace aux autres, même quand cela les concerne directement. « Que c’est pas bien si on l’a pas voulu et qu’on doit le dire à des adultes. Il faut qu’on en parle, Joseph, je crois pas qu’il a le droit de faire ça, non, j’en suis même sûr parce que sinon Flanagan nous en aurait pas parlé si c’était bien et puis même... c’est dégueulasse, il est vieux ce con, c’est igno-. » Il s’arrête là, peu convaincu que cette opinion puisse véritablement servir son ami. « Viens, on va aller lui régler son compte à ce connard. » Il achève d’un ton convaincu, sa main qui vient à nouveau se saisir de celle de Joseph bien plus fermement afin qu’il le suive, la colère l’aidant à déterminer à l’unanimité avec lui-même qu’il n’y a pas d’autres options.

@Joseph Keegan  My Own Soul's Warning [Aleph - 1994] 2954228499
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Message(#)My Own Soul's Warning [Aleph - 1994] EmptyMer 24 Fév - 15:23

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Joseph est nerveux. Son cœur court, hurle puis trébuche dans sa poitrine et ce n’est pas le genre d’émotion qu’il sait gérer. Il a toujours été un petit garçon très expressif – ce qui lui vaut toutes les punitions imaginables – et, devant un Alfie qui s’impatiente, il perd son ancre. Il calque trop souvent ses émotions sur les siennes comme s’il considérait qu’il en sait bien plus que lui sur la façon dont il faut réagir vis-à-vis une situation. Mais, à cet instant, il voit dans les yeux du blond que la panique s’est installée depuis le moment où il a parlé de ces sucettes récurrentes et ce n’est plus la jalousie qui dicte ses faits et gestes. Devant son impatience, il ferme les paupières et arrive finalement à murmurer les mots qui lui pèsent sur la poitrine : Père David le touche. Ce n’est pas un mensonge, contrairement à ce que ses parents peuvent penser. Ils disent qu’il veut seulement salir la religion comme d’habitude parce qu’il n’est qu’un petit délinquant qui veut en faire juste à sa tête. Ils disent aussi qu’il veut faire honte à leur famille. « Mais c’est dégueulasse ! » Il se replie encore plus sur lui-même, craignant de se faire blâmer aussi par son meilleur ami. Il ne saurait dire s’il est dégoûté par l’acte de la figure religieuse ou par ses propos qu’il pourrait lui aussi considérer absurdes. Mais, au fond de lui, il en confiance en son meilleur ami parce que leur haine envers le christianisme les a toujours unis : ils ont un ennemi en commun.  

Il le supplie du regard. Il le supplie de le sauver, de ne pas laisser les grosses mains ridées de l’enseignant s’agripper autour de son poignet. Et, parce qu’il n’y a personne dans cet univers qui le comprend mieux, Alfie réagit. Son pied se propulse dans l’entrejambe de l’adulte qui relâche immédiatement sa prise en se repliant sur lui-même comme un petit escargot effrayé. « LA FERME. » Un sourire immense étire les lèvres de Joseph qui semble avoir déjà oublié ses tracas. Il n’y a rien de plus rassurant pour lui que de voir son ami le défendre de cette façon qui lui est unique : il implose, balance ses bras dans tous les sens et ses jambes s’activent aussi rapidement que les idées destructrices fusent dans sa tête. Le brun n’a même pas le temps de reprendre son souffle qu’il se fait tirer par la main le plus loin possible. Il n’est pas question de remettre en question les choix d’Alfie : il le suivrait jusqu’au bout du monde parce que, lui, il le croit.  

Leur course effrénée les mène… loin de l’école. À vrai dire, Joseph n’a pas vraiment compté les kilomètres parcourus et il ne reconnait pas immédiatement cette ruelle pour laquelle l’autre garçon a opté. Il reprend son souffle, le contenu de son estomac manque à plusieurs reprise de s’éjecter par sa bouche mais il ravale sa fatigue comme il sait si bien le faire. « Et toi, t’es pas d’accord. » Le corps courbé vers l’avant, il se redresse enfin en tirant une grimace d’épuisement. Il secoue la tête de droite à gauche, incapable de prononcer un seul mot, la gorge asséchée par la course. « Tu te souviens de ce que madame Flanagan nous a dit ? » Elle a dit beaucoup de choses. L’interrogé n’a même pas le temps de poser le doigt sur le sujet qu’Alfie reprend, excité comme souris qui a compris la théorie de la relativité. « Que c’est pas bien si on l’a pas voulu et qu’on doit le dire à des adultes. Il faut qu’on en parle, Joseph, je crois pas qu’il a le droit de faire ça, non, j’en suis même sûr parce que sinon Flanagan nous en aurait pas parlé si c’était bien et puis même... c’est dégueulasse, il est vieux ce con, c’est igno-. » Sa poitrine se serre au fur et à mesure qu’il lui répète ces mots qu’il a effectivement entendu une fois dans la classe, lorsque madame Flanagan est venue parler aux enfants des dangers qui les guette s’ils ne font pas assez attention. « Ignoble. » Il termine sa phrase, hochant la tête de bas en haut pour lui faire comprendre qu’il lui est reconnaissant de comprendre ce qui se passe dans sa tête à lui. La veille, il avait plutôt reçu une paume contre la joue quand il a qualifié le père d’un de ces adjectifs. « Viens, on va aller lui régler son compte à ce connard. » Il n’a pas le temps de réagir qu’Alfie empoigne à nouveau sa main. Il le retient de justesse avant de faire plus de cinq pas : il est plus grand que lui, il peut profiter de cet avantage pour empêcher son ami de faire une connerie qui empirerait sa situation. « Qu’est-ce que tu veux faire ? » Il demande, paniqué, les yeux humides. Il attrape à son tour son poignet pour le ramener dans la ruelle qui les cache du monde extérieur, qui les protège du monde d’adultes. À cet instant, plusieurs enseignants sont probablement déjà partis à leur recherche. « Je ne veux pas être encore puni. » Il ne lui donne pas plus de renseignements. Il n’est pas prêt à lui dire que ses propres parents lui font énormément de mal. Cyril en le frappant, Marie en ne réagissant jamais. « Tu t’en tires toujours mieux que moi, tu le sais bien. » Et c’est pour cette raison qu’il est toujours celui qui initie leurs petits jeux dévastateurs.    
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Message(#)My Own Soul's Warning [Aleph - 1994] EmptyJeu 11 Mar - 18:22

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Il dit toujours qu’on veut qu’on le prenne pour un adulte, Alfie, ou en tout cas plus pour le gamin qu’il n’est plus depuis longtemps, mais à cet instant il aurait tout donné pour retrouver l’innocence de ses premières années, son insouciance qui lui fait déjà défaut à mesure qu’il s’interroge toujours sur le monde autour de lui. Il énerve de nombreuses personnes avec ces questionnements souvent considérés comme futiles, il prend un malin plaisir à insister sur ceux-ci pour provoquer les autres ; mais à cet instant il aurait tout donné pour ne vouloir aucune réponse à ces questions. Pourtant, il les connaît déjà ces réponses lorsqu’il s’adresse à Joseph et comme son intuition le prétendait, il a son cœur qui se serre lorsqu’il prend conscience de la souffrance de son ami, le seul pour lequel il peut lui-même se mettre dans un état pareil. Ce n’est pas ce qui l’aide à prendre conscience des mots qui sortent de sa bouche sous l’effet de la surprise, qui enfonce Joseph plus qu’il ne l’aide alors que l’image de la situation qu’il croit comprendre s’imprime dans son esprit et le dégoûte aussi. Et peut-être que pour une fois dans sa vie, Alfie pense comprendre pourquoi les adultes ne leur disent pas tout, pourquoi il y a tant de choses pour lesquelles il reste dans l’ignorance ; parce que si c’est ça, le monde des adultes, il ne veut assurément pas en faire partie et il ne veut pas grandir comme il l’espère depuis si longtemps. Tout ce qu’il veut, à cet instant, c’est revenir en arrière. Pas quelques minutes pour ne pas avoir connaissance de cette révélation, mais quelques années feront l’affaire. Il est prêt à revivre les nombreuses punitions de ses parents, les jugements de ses professeurs et ses propres difficultés encore et encore si dans cette nouvelle réalité il peut éviter à Joseph d’être confronté à pareille situation, s’il peut espérer changer les choses maintenant qu’il est au courant. Et c’est le cas. Il ne peut pas effacer ce que son ami subit, il ne veut pas non plus l’interroge plus que de raison sur cela, mais ils peuvent agir, désormais. C’est trop tard pour certaines choses, mais par pour d’autres et à défaut de pouvoir réellement être d’une quelconque utilité à Joseph, son esprit déjà bien trop affuté et fourbe à son jeune âge s’active et s’émerveille de toutes les possibilités qu’il peut offrir au père David pour lui faire payer ses actes. Parce qu’il n’y a qu’ainsi qu’ils peuvent toucher à l’espoir d’une revanche, il est certain que leurs parents respectifs n’agiront pas, ne les croiront pas. Combien de fois Alfie s’est retrouvé à élaborer son plus beau mensonge simplement par pure envie d’emmerder ses pairs ou de se rendre intéressant ? De trop nombreuses fois, ainsi sa parole ne sera jamais écoutée, surtout pas pour quelque chose d’aussi important qui suppose qu’il l’a vu dans un livre, qu’il s’est renseigné par lui-même parce que voyons, on ne parle pas de ces choses-là. Et qu’on ne lui dise pas que ce n’est pas son rôle d’agir et de dénoncer les actes en question, en tant que meilleur ami c’est très exactement ce qu’il doit faire : prendre le risque de trahir la confiance de Joseph et de ruiner leur amitié par affection et besoin de le préserver de tout cela. Il est prêt à prendre le risque ; parce qu’il sait que Joseph ne le prendra jamais de lui-même, probablement trop effrayé par les conséquences qui suivront cette dénonciation. Mais lui, que risque-t-il ? Pas grand-chose ; ou du moins, pas grand-chose qui ne l’effraie réellement. Il peut se plaindre autant qu’il le souhaite de ses propres géniteurs, jamais ils ne lui feront ce mal là et il est sûr, Alfie, au fond de lui, qu’il serait même prêt à le croire et à le soutenir. Il lui faudrait de l’énergie avant qu’ils ne soient de leurs côtés, c’est certain, mais ce ne serait pas impossible contrairement à ce qui s’annonce avec les parents Keegan. Pour l’heure, il tente de restituer chaque élément, se faisant une nouvelle fois l’œuvre d’un jugement qui ne tient qu’à lui, mais qui assurément n’aide pas son ami. « Ignoble. » Oui, ça l’est, non, il n’a pas besoin d’accentuer cela puisque Joseph partage très probablement son avis. Ce qu’il peut accentuer, par contre, c’est cette possibilité d’une vengeance, maintenant qu’il a eu le temps de reprendre son souffle et de mettre de l’ordre dans ses pensées, le pas décidé qui est déjà prêt à se rendre à destination avant d’être arrêté par Joseph. « Qu’est-ce que tu veux faire ? » Il n’a pas encore la réponse à cette question qu’il compte découvrir en chemin, mais il est incapable de rester insignifiant aux yeux humides de son ami, de quoi lui donner encore plus envie d’aller mettre le feu à cette église. Oh. Et la voilà, l’idée. « Je ne veux pas être encore puni. Tu t’en tires toujours mieux que moi, tu le sais bien. » Parce que ses parents à lui sont stricts, durs, lui gâchent en partie son enfance en faisant planer l’ombre d’une culpabilité destructrice sur ses épaules, le secouent parfois, en viennent à la gifle ou à la fessée, aux mots durs, mais ils ne lui inspirent pas la même peur qu’ils inspirent à Joseph. Oui, il s’en sort mieux et c’est très exactement pour cela qu’il lâche la main de Joseph. « Rentre chez toi. Dis que t’es malade et rentre chez toi, assure-toi que tes parents te voient, reste avec ta mère jusqu’à demain, quitte à aller aux toilettes avec elle, j’en sais rien, débrouille-toi pour toujours rester dans leur champ de vision. » Il annonce, d’un ton ferme. « Moi, je m’occupe du reste et toi, tu seras pas là. » Il n’a qu’à faire le lien tout seul quant à ce qu’il prévoit. « Deal ? » Il l’interroge, mais son regard ne laisse pas place au moindre doute, la décision est déjà prise et Joseph sera renvoyé chez lui à coups de pieds aux fesses si nécessaire.

@Joseph Keegan  :brows:
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Message(#)My Own Soul's Warning [Aleph - 1994] EmptyMer 17 Mar - 0:35

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L’adrénaline pompe le sang de Joseph dans ses veines et rougit ses joues. Ses doigts ne cessent de pianoter dans le vide et il se balance sur ses pieds, observant sans arrêt les alentours comme si un des professeurs allait les trouver dans la ruelle qui les dissimule jusqu’à présent. Il est certain que la direction s’est déjà chargée d’appeler leurs parents mais, avec un peu de chance, Cyril sera trop occupé dans les champs et Marie partie faire les courses pour nourrir son mari et ses deux enfants le soir venu. Du côté d’Alfie, il croise ses doigts pour que ses parents ne soient pas à la maison, eux non plus (même s’ils doivent être habitués à recevoir ce genre d’appel puisque leur fils est une pile électrique incontrôlable qui collectionne les trophées de la bêtise).  

Il vient de braver l’interdit et ça le terrorise. Il n’y a que son ami qui arrive à faire ce genre de stupidité sans que la nervosité ne lui file la nausée et, s’il le suit toujours dans ses idées plus idiotes les unes que les autres, c’est seulement parce qu’il ne veut jamais le laisser seul. Ils sont les meilleurs amis du monde : c’est son devoir d’être derrière lui et de lui faire savoir qu’il ne l’abandonnera jamais. Parce que c’est le cas. C’est Joseph et Alfie, Alfie et Joseph pour toute la vie. Ils se sont fait la promesse en liant leur petits doigts ensemble et en fermant les yeux. Et, pourtant, même si le plus jeune témoigne de son désir immense de venger Joseph pour les atrocités qu’il subit depuis plusieurs dimanches, ce dernier fait part de ses craintes pour la toute première fois. Cette fois, il a peur. Il ne sait pas ce qui pourra lui arriver maintenant que son dos est lacéré sur toute la largeur ; il n’y a plus de place sur la toile et son père, le peintre, trouvera un autre moyen de poursuivre son œuvre. Il ne supporte plus de souffrir. L’envie de fuir lui traverse l’esprit trop souvent pendant les cours de mathématiques – et pendant la nuit, quand il fixe le plafond en réalisant qu’il ne serait pas effrayé de dormir en dessous d’un lit d’étoiles. Les seules choses qui le retiennent dans cette campagne macabre sont sa sœur et son meilleur ami. Qu’est-ce qui pourrait bien arriver à Lily si Joseph n’est plus là pour amortir les coups ? « Rentre chez toi. Dis que t’es malade et rentre chez toi, assure-toi que tes parents te voient, reste avec ta mère jusqu’à demain, quitte à aller aux toilettes avec elle, j’en sais rien, débrouille-toi pour toujours rester dans leur champ de vision. » Il fronce les sourcils au fur et à mesure qu’il élabore son plan qu’il ne comprend pas. Pourquoi doit-il se faire voir ? Et Alfie, lui où va-t-il ? Les lèvres du garçon s’entrouvrent mais elles se referment machinalement lorsque son ami reprend la parole. Aussitôt, il secoue la tête de droite à gauche. Il n’a même pas besoin de réfléchir à la question : il l’a toujours accompagné dans ses conneries, il ne l’abandonnera pas aujourd’hui. Comment sait-il qu’une idée mauvaise trame dans sa tête ? C’est simple. Il suffit de regarder la brillance dans ses yeux malicieux. « Non, pas deal. » Joseph lance fermement, attrapant le poignet de l’autre pour l’empêcher de fuir sans lui. Il peut bien compter sur ses deux années d’avance pour s’assurer qu’Alfie ne s’échappe pas si facilement de sa poigne plus forte. « Je ne veux pas que tu te mettes dans de beaux draps pour moi. » Il affirme, sûr de lui. « Soit tu ne fais rien, soit je t’accompagne. » C’est à son tour de ne pas lui laisser le choix. Ses doigts sont toujours roulés autour de son poignet : il ne s’extirpera pas de cette situation. « Et puis, mes parents ne me croiraient jamais si je faisais semblant d’être malade. Ils disent qu’un bon élève ne manque pas une seule journée d’école même s’il a vomi toute la nuit. » Il pense surtout que Cyril n’a pas envie de le surveiller un jour de semaine alors qu’il doit s’occuper des animaux de la ferme et des champs de canne à sucre mais ce n’est pas un détail qu’il fera parvenir à son ami. Après tout, même s’il lui fait totalement confiance, il préfère lui cacher quelques détails pour ne pas qu’il s’inquiète trop pour lui. S’il lui a parlé de cette histoire ignoble qui place père David sous les projecteurs, c’est parce qu’il n’arrive plus à faire semblant que tout va bien, que cette Église ne le terrorise pas.

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Message(#)My Own Soul's Warning [Aleph - 1994] EmptyMar 6 Avr - 13:12


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L’annonce de Joseph n’a bientôt d’égal que le désir de vengeance d’un Alfie qui, à cet instant, ne pense aucunement aux conséquences qui l’attendront à la maison, ni à la façon dont il devra payer le prix de son insubordination sans dévoiler le secret de son meilleur ami. Il lui a promis de ne pas le révéler à quiconque et s’il était plus grand, peut-être qu’il aurait réalisé que certaines promesses sont faites pour être brisées. En réalité, il ne s’est jamais privé de piétiner celles-ci, mais pas lorsqu’elles concernant Joseph : c’est une limite qu’il n’outrepasse jamais, sa loyauté envers son meilleur ami prévaut sur un égoïsme déjà bien trop prononcé pour son jeune âge. Et même si les plans qui défilent déjà dans son esprit pour réclamer vengeance lui apportent une satisfaction conséquente quant au fait d’aller provoquer, toujours plus, les adultes qui les entourent et visent à repousser ses propres limites (et les limites de l’acceptable de manière générale), il n’oublie pas qu’il le fait pour Joseph. Il pourrait ainsi céder à l’idée la moins fantasque, la plus ennuyeuse, la plus douce s’il peut dire, si seulement celle-ci est utile à son ami. Pourtant, la situation est ce qu’elle est et l’évidence crève les yeux : il n’y aura pas de manière douce de faire payer à cet horrible homme ce qu’il fait subir à Joseph. Flancher du côté d’un extrême semble être la solution adéquate et puisqu’il ne s’agira pas de rester apathique face à tout ça, les conséquences qui en découleront ne manqueront pas d’être importantes. De quoi lui donner envie de préserver Joseph d’ennuis supplémentaires alors qu’il fait face à suffisamment de tourments, tandis qu’il n’a aucun problème à assumer pour deux les actes qu’il s’apprête à commettre (d’autant plus s’il est le seul aux commandes, pourquoi devrait-il impliquer Joseph ?). Ses parents ne lui font pas peur et leurs méthodes non plus ; au mieux il aura le droit à un savon comme il n’en a jamais reçu et de nombreuses réprimandes qui glissent sur lui sans l’atteindre, au pire il dormira à même le sol pendant quelques nuits dans l’espoir qu’il retienne la leçon et qu’il apprécie la valeur de ce qu’on lui inculque et qu’il piétine dès que l’occasion se présente. Il peut dire ce qu’il veut d’Esther et Jacob Maslow, ils sont pénibles, ils sont froids, ils sont chiants, mais au fond, ils sont particulièrement aimants et il n’a pas encore réussi à changer cela.

Le plan lui semble parfait ; Joseph sera vu aux côtés de ses parents et ne sera jamais mis en cause. Lui, à l’inverse, sera pointé du doigt – mais il l’est toujours, alors, quelle différence ? Pour une fois, il ne compte pas dans l’équation, Alfie, il n’y a que Joseph et uniquement lui qui dicte le cheminement de ses pensées qui mènent à l’acte qu’il prévoit. « Non, pas deal. » Il fronce les sourcils, Alfie, convaincu qu’il ne s’agit pas d’une réponse acceptable à ses yeux et qu’il ne manquera pas d’user d’arguments pour dissuader son ami de l’accompagner. C’est pourtant lui qui le dissuade de filer lorsque sa main entoure son poignet avec fermeté. « Je ne veux pas que tu te mettes dans de beaux draps pour moi. » Oh, mais Joseph, tu n’as pas vraiment ton mot à dire. « J’ai l’habitude, t’inquiète pas pour moi. »[/b] Il souligne, un sourire presque fier sur les lèvres. « Soit tu ne fais rien, soit je t’accompagne. » [/b]« T’as pas intérêt. » Il rétorque aussitôt, peu impressionné par la conviction d’un Joseph qui est forcément biaisé dans toute cette histoire et qui ne pense pas à ce qui pourrait lui tomber dessus s’il se fait coincer. Qu’est-ce que ce type lui fera, s’il sait qu’il a tenté de se rebeller d’une quelconque façon ? « Et puis, mes parents ne me croiraient jamais si je faisais semblant d’être malade. Ils disent qu’un bon élève ne manque pas une seule journée d’école même s’il a vomi toute la nuit. » En voilà deux à qui il ferait bouffer du vomi, tiens. Soudainement agacé, Alfie secoue vivement sa main pour se libérer de Joseph alors que son regard noir se porte sur lui : il fait ça pour le protéger, pourquoi est-il incapable de le comprendre ? « Sérieusement, Joseph, ça va mal se passer. » Pas pour lui, mais quant à ce qu’il s’apprête à faire. « Je veux pas que ça empire pour toi. » Il ne veut pas qu’il soit encore plus puni qu’il ne l’est déjà. Hors de question, la simple idée lui est insupportable. « Mais si tu me suis, ça va être la catastrophe, je peux déjà te le dire. » Et pas qu’un peu, en vue de l’idée qui semble gagner sur les autres. « Mes parents m’en voudront pas, eux. » Pas trop, du moins. « Qu’est-ce que tu vas faire s’ils t’attrapent ? Qu’est-ce que tu vas faire s’il t’attrape ? » Ce il qu’il n’a pas besoin d’identifier pour que Joseph le fasse tout seul. « Je me pardonnerai pas de te mettre encore plus dans la merde. » Il finit par souligner, le regard baissé ; c’est certain, de toutes les choses dont il est capable, de toutes celles qu’il ne regrette jamais du haut de son jeune âge, trahir Joseph de la sorte n’en fait pas partie, pire, ce serait tout simplement impardonnable.

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Message(#)My Own Soul's Warning [Aleph - 1994] EmptyLun 12 Avr - 23:12

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Il aimerait sur la lune et regarder le monde de là-haut. Il aimerait qu’Alfie l’y accompagne et, comme ça, ils pourront s’amuser à lancer la balle au ralenti parce qu’il paraît que, là-haut, la gravité n’est pas la même. Les pommes tombent plus lentement des pommiers, c’est comme ça, il l’a appris en cours de science l’année passée. Depuis ce jour, il ne cesse de se demander s’il pourrait un jour vivre là-bas avec les quelques personnes qu’il aime réellement. Lui et Alfie partageront le même appartement lunaire, ils auront le même potager rempli de légumes intergalactiques, et Lily passerait de temps en temps pour prendre des nouvelles d’eux ou pour leur voler une pinte de lait de vache stellaire dans le réfrigérateur parce qu’elle en aurait pas assez pour sa recette de biscuits d’étoiles. Ça sera bien, à ce moment-là, et il sera enfin assez vieux pour comprendre ce qu’il se passe réellement dans sa tête.

Parce qu’on lui a trop souvent fait la morale. Parfois, il lui arrive de se demander s’il a réellement vu les choses qu’il pense avoir vues. Il rêve peut-être les yeux grands ouverts. Il pensait qu’il était assez grand pour différencier le vrai du faux et le bien du mal. Et pourtant. Même s’il fait bien huit centimètres de plus que Lily, on le traite comme s’il en sait moins qu’elle. Parce que le père de l’Église ne ferait jamais de telles choses, il est un homme de bonne foi. Et, comme l’a dit madame Flanagan, c’est un truc d’adultes. Attends. Qu’est-ce qu’elle a dit déjà ? Ce doit être le rythme cardiaque accéléré de Joseph qui l’empêche de réfléchir correctement. Après tout, il a l’impression de voir des étoiles autour de sa tête depuis que son ami l’a entraîné dans cette course poursuite digne des films policiers. À moins qu’il ne l’ait traîné jusque sur la lune ? Génial !

Mais, si c’était le cas, Alfie n’aurait pas besoin d’élaborer toutes sortes de plans dans sa tête. Ça se voit dans ses yeux agités qu’il trame quelque chose. Il est intelligent, le plus jeune, mais il n’utilise jamais son intelligence à bon escient (c’est ce que Cyril lui a dit en le pointant du doigt). Si Joseph n’arrive pas à lire dans les pensées de son ami malgré la complicité qu’ils ont acquise au fil des années, il sait toutefois qu’il y a un germe de mauvaise idée qui pousse dans son cerveau. « J’ai l’habitude, t’inquiète pas pour moi. » Ce ne sera pas suffisant pour le rassurer. Il ne veut pas qu’Alfie se fasse punir, il ne veut pas qu’il subisse le même genre de vice qu’il subit plusieurs fois par semaine. Il ne sait pas ce qu’il se passe dans la maison de son meilleur ami mais il a toujours craint que les murs de sa chambre soient plus roses que le creux de son ventre – ils sont probablement pas roses ses murs, il est un garçon, mais c’est une métaphore. « T’as pas intérêt. » Il fronce les sourcils, réalisant peu à peu que ce débat ne mènera nulle part. Mais il continue d’argumenter parce qu’il a un point à prouver. Il tient beaucoup trop au garçon pour le laisser se mettre dans de beaux draps par sa faute. Ils se sont toujours serré les coudes et ce n’est pas aujourd’hui que leur duo d’enfer se séparera. « Sérieusement, Joseph, ça va mal se passer. » Son idée est horrible, il le sait déjà. Alfie inventerait la bombe si ce n’était pas déjà fait. « Je veux pas que ça empire pour toi. Mais si tu me suis, ça va être la catastrophe, je peux déjà te le dire. » Il ne lâche toujours pas la prise autour de son poignet puisqu’il se doute qu’il arriverait à fuir à la vitesse d’un petit rongeur pourchassé par un chat. « Je ne vois pas ce qui pourrait être pire. » Cyril ne le tuerait tout de même pas ? Il irait certainement en prison… « Mes parents m’en voudront pas, eux. Qu’est-ce que tu vas faire s’ils t’attrapent ? Qu’est-ce que tu vas faire s’il t’attrape ? » Il ne réfléchit pas à la question. Il sait qu’il ne se fera pas coincé. Treize heures viennent à peine de sonner. Marie n’est pas à la maison et Cyril est probablement trop occupé à raser les champs à coup de moissonneuse batteuse. Personne ne saura. « Personne ne nous attrapera. » Il dit fermement, son opinion bien fixée en tête. « Et si c’est le cas, on aura qu’à fuir. Brisbane n’est pas trop loin. On trouvera bien quelque part où disparaître le temps qu’ils oublient nos bêtises. Et après ils seront contents de nous revoir. Ils pleureront de joie, même. » Il ment, évidemment, jamais son père ne pleurerait pour lui. Il ne remarquerait peut-être même pas son absence et c’est seulement lorsque les pies des vaches exploseront qu’il réalisa que personne ne les a traites depuis des jours. « Écoute, tu ne me mettras jamais dans la merde. » Il soupire, jetant un énième coup d’œil nerveux autour d’eux. « C’est moi qui t’ai parlé de tout ça. Ce sera ma faute si on se fait prendre. » Il marque une pause et secoue la tête. « Mais on ne se fera pas prendre. » Il répète, sûr de lui. Et, enfin, il lâche le bras d’Alfie pour le libérer. Son souffle est court alors qu’il attend sa réaction, les deux yeux vifs. « Alors, qu’est-ce qu’on fait ? » Il demande finalement, le dos bien droit et les idées claires. « Ensemble. »     

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Message(#)My Own Soul's Warning [Aleph - 1994] EmptyMar 27 Avr - 14:41

Désormais, il n’est plus question de s’inquiéter pour Joseph, mais de venger ce dernier alors que l’esprit toujours trop actif, trop fourbe, trop perturbé d’Alfie n’a pas besoin de grand-chose pour se mettre à son service et lui soumettre la longue liste des stupidités dont il se rendra coupable pour laver l’honneur de son meilleur ami, à défaut de pouvoir effacer ce qui s’est passé. Ça s’active là-haut et tout y passe, de la plus innocente des vengeances en se faufilant dans la laverie au sous-sol pour ajouter du colorant et s’assurer que la robe du Père David ne ressemble plus à rien aux plus évidentes qui visent à faire de son mieux pour déranger l’assistance chaque dimanche que Dieu fait (est-ce qu’on peut vraiment considérer qu’il existe quand on prend en compte ce que vit Joseph ?). Il ne serait pas difficile pour lui d’agacer son monde, il est déjà considéré comme un expert dans le domaine depuis sa plus tendre enfance, mais s’ils imaginent qu’Alfie ne peut pas être encore plus agaçant... ils se trompent, évidemment. Il rivalisera d’ingéniosité pour ne pas être seulement dérangeant, mais carrément détestable, si cela peut permettre d’attirer l’attention sur lui et non plus son ami. Si le Père est trop occupé à s’agacer de son attitude, est-ce qu’il sera encore en mesure de s’en prendre à Joseph ? Et à chaque fois qu’il perdrait son intérêt, Alfie deviendra encore plus redoutable. Il s’est rendu coupable d’un certain nombre de bêtises, mais il y a encore toutes celles qu’il n’a jamais osé réaliser, anticipant les conséquences de ses actes et n’ayant pas réellement envie d’y être confronté malgré son manque évident de limites. Néanmoins, ce ne sera pas suffisant, parce qu’il ne pourra jamais s’assurer de capter à cent pourcents l’attention du Père David et qu’il y aura toujours des moments où il ne pourra pas assurer les arrières de son meilleur ami. Il pourrait rendre la figure d’autorité complètement dingue, ça aussi il est certain d’y arriver. Il n’a jamais possédé la moindre patience, Alfie, mais pour Joseph il serait capable d’en développer la plus impressionnante qu’on puisse trouver en un être humain. Enduire les bancs de peinture, boucher les tuyaux de l’orgue, briser un vitrail par inadvertance, s’amuser avec une statue, souffler toutes les bougies, couper le système audio ou trouver un moyen de changer la voix du Père, remplacer son discours par un autre pour le déstabiliser, répéter chacun des mots qu’il prononcera, se nettoyer le visage avec l’eau bénite, piquer sa meilleure sieste au premier rang, décrocher une banderole avec un slogan insultant en pleine messe, ... La liste est longue, au même titre que la créativité d’Alfie est évidente ; mais un constat, amer, résulte de toutes ces idées : ça ne changera rien. Il pourrait le pousser à bout que l’ignoble homme d’église continuera de vivre et de pouvoir faire du mal à Joseph. Le tuer est une solution évidente, mais malgré toute la créativité d’Alfie, ce dernier a bien conscience que du haut de son jeune âge, en voilà une responsabilité qu’il n’est pas prêt à prendre. Ou plutôt, pour laquelle il n’est pas suffisamment intelligent pour être efficace, car oui, bien sûr qu’il rêve de le tuer et il ne s’excusera même pas auprès de Dieu pour avoir de telles pensées impures. Alors, la dernière solution, la plus évidente, est de faire disparaître les lieux du crime.

Alors oui, sérieusement, Joseph, ça va mal se passer.

Il voudrait et pourrait négocier pendant des heures, c’est ce que le gamin essaie de faire avant d’être mis en échec face à un constat évident : « Je ne vois pas ce qui pourrait être pire. » Alfie pince les lèvres, évidemment que ça ne peut pas être pire dans cette logique. Mais il ne veut pas aggraver les choses pour Joseph, elles sont bien suffisamment graves ainsi pour ne pas qu’il contribue à enfoncer son ami. « Personne ne nous attrapera. » Il comprend à cet instant qu’il pourrait passer des heures à négocier (il en serait capable), qu’il n’arriverait à rien. C’est un échec pour un gamin qui, du haut de ses dix ans, considère pourtant déjà tout savoir mieux que tout le monde et toujours obtenir ce qu’il désire. Mais il y a des individus face auxquels il faut être en mesure de rendre les armes et Joseph est l’un d’entre eux. « Et si c’est le cas, on aura qu’à fuir. Brisbane n’est pas trop loin. On trouvera bien quelque part où disparaître le temps qu’ils oublient nos bêtises. Et après ils seront contents de nous revoir. Ils pleureront de joie, même. » Et il rit, Alfie, quand il entend ce plan qui lui semble bien irréaliste. Et ce rire se perd quand, finalement, il lui paraît faisable. Et si ? Les yeux du gamin pétillent, incapable de réellement comprendre ce que ça implique, cette vie d’adulte, imaginant que parce qu’ils veulent disparaître, ils y arriveront sans que jamais rien ne se mette en travers de leur chemin. « On pourrait le faire. » Il dit, convaincu, pour faire taire ses propres doutes. « On pourrait le faire, j’en suis certain. » Dans le fond, il s’en fiche bien de savoir comment il pourrait les faire, l’essentiel est d’imaginer qu’ils le peuvent, alors que Joseph enchaîne. « Écoute, tu ne me mettras jamais dans la merde. » Pourtant, à en croire les adultes, il ne fait que ça, constamment. « C’est moi qui t’ai parlé de tout ça. Ce sera ma faute si on se fait prendre. » Et cette fois-ci, il fronce les sourcils, Alfie, alors que ses yeux s’accrochent à ceux de Joseph. « C’est pas ta faute Joseph. » Sa voix est dure, ferme, ne laissant pas de place au doute quant au fait que jamais il ne sera responsable de quoi que ce soit concernant toute cette situation, autant de ses débuts que de la finalité qu’ils s’apprêtent à écrire. « Je te jure, si tu dis ça encore une fois, je t’en colle une. Et pas une douce, je vais te faire voler jusqu’à l’autre bout du pays. » À peu de choses près. « Mais on ne se fera pas prendre. » Il aurait envie de le contredire, d’ajouter que, de toute évidence, dès le moment où il est question de lui, ils se font toujours prendre. Qu’Alfie a un bracelet électronique autour de la cheville qui fait que tout le monde sait qu’il est coupable parce qu'il était sur les lieux – ou simplement parce qu’il les a habitués à ce que ce soit le cas. « Alors, qu’est-ce qu’on fait ? Ensemble. » Imitant son meilleur ami, il a le dos droit, les yeux sûrs de lui, alors qu’il affiche un sourire, celui qui ne laisse présager rien de bon quant à sa décision finale. « On va brûler cette église. » Et ainsi, il n’aura plus aucune occasion de se retrouver seul avec son bourreau et jamais plus personne ne pourra lui faire de mal entre ces murs. « On va la faire disparaître et on va s’assurer que le Père David disparaisse avec elle. » Ce n’était pas prévu, à l’origine. Mais ça s’est très vite imposé à Alfie sans qu’il n’ait besoin d’y réfléchir plus longtemps ; s’ils peuvent mettre le feu à cette église, ils peuvent le faire avec son principal résident entre ces murs. « On va le faire, Joseph. » Son regard ne quitte plus celui de Joseph alors qu’il lui laisse une dernière chance de se rétracter, maintenant qu’il a connaissance de ce qu’il se passe dans l’esprit malsain d’Alfie. Maintenant que le regard qu’il ancre dans celui de son ami confirme qu’il est prêt à aller au bout et qu’à aucun moment il ne réfléchit aux conséquences ; c’est peut-être à partir de là que d’autres auraient dû s’inquiéter de ce qu’il allait devenir.

@Joseph Keegan :l:
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Message(#)My Own Soul's Warning [Aleph - 1994] EmptyVen 7 Mai - 16:55

Il le suivrait jusqu’au bout du monde.

C’est peut-être à partir de ce moment-là que d’autres auraient dû s’inquiéter de ce qu’il allait devenir. Joseph n’a aucun modèle. Il déteste son père puisqu’il représente toutes les valeurs qu’il ne défendra jamais. Il suit sans réfléchir ceux qui comptent à son cœur et, si Alfie lui avait proposé de sauter du haut d’un pont, il l’aurait fait avec lui. Seulement pour ne pas l’esseuler, l’abandonner, quand il a besoin de lui. Ils sont les deux mousquetaires (il y en a trois ?) et rien ne les séparera, pas même les idées tordues du plus jeune. Joseph s’attend déjà au pire car il la voit, la lueur de malice malsaine dans les yeux de son meilleur ami. Il sait lire ses pensées depuis assez longtemps déjà pour capter que la suite ne sera pas jolie.

Mais il s’en fiche. Il le suivrait jusqu’au bout du monde.

Et, même s’il ne croit pas ses propres promesses lorsqu’il affirme qu’ils ne se feront pas coincer peu importe la connerie qu’il envisage, il continue de tenter de convaincre son complice. Et, dans le pire des cas, il y a toujours le plan B qui les attendront : ils pourront fuir la campagne et trouver un chez-eux en ville, là où personne ne pourra leur faire la morale et les punir. Personne ne les connaîtra, là-bas. Ils auront une deuxième chance. « On pourrait le faire. » Un sourire trop vrai étire les lèvres de Joseph qui hoche vivement la tête de bas en haut. Oui, ils pourraient le faire parce qu’ils se serrent les coudes. Et il se répète, le plus jeune, tandis qu’il semble accepter l’idée comme il accepte celle selon laquelle tous les êtres meurent un jour ou l’autre. Brisbane les attendra toujours à bras ouverts et ils feront de grandes choses, là-bas, puisqu’ils sont destinés à devenir les rois du monde. Ils sont nés dans ce trou perdu mais rien ne les empêche de trouver une échelle et de sortir de là. Leur destin n’est pas scellé s’ils se rebellent. Et, au fur et à mesure que Joseph rêvasse leurs futurs projets, il sent l’excitation faire battre son cœur de plus en plus vite. Il aurait presque envie de se faire coincer, finalement. « C’est pas ta faute Joseph. » Il accroche son regard à celui du garçon. Son visage est aussi dur et certain que la pierre. Ça le rassure. Alfie est le meilleur. C’est pour ça qu’il est son meilleur ami. « Je te jure, si tu dis ça encore une fois, je t’en colle une. Et pas une douce, je vais te faire voler jusqu’à l’autre bout du pays. » La menace lui arrache un gloussement alors qu’il se surprend à fantasmer à cette idée. « L’autre bout du pays c’est pas mal non plus si tu m’y rejoins. » Il propose en haussant les épaules. Brisbane ou ailleurs. Peu importe. Ils auront une énorme piscine dans tous les cas. Mais, pour ne pas laisser Alfie se désister maintenant que Joseph lui a bien fait comprendre qu’il ne fera rien sans lui, il continue de le rassurer à sa façon : ils ne se feront pas prendre. Ils sont trop habiles, petits comme des souris. Ils se glisseront dans les crevasses les plus inaccessibles si leur bêtise compte un témoin.

Un bon stress serre ses poings quand il attend qu’Alfie lui révèle finalement ses plans. Il oublie de respirer. « On va brûler cette église. » Rien n’aurait pu le surprendre. L’imagination d’Alfie est infinie. Il peut raconter les meilleures histoires sans les avoir lues préalablement. « On va la faire disparaître et on va s’assurer que le Père David disparaisse avec elle. » Il s’est mis à acquiescer machinalement. Ses yeux deviennent aussi brillants que ceux de son ami quand l’image de l’Église prise aux flammes tapit le fond de ses paupières. Plus de religion, plus de punitions dictées par Dieu, plus de péchés. Ils seront réellement libres, et tout le village aussi. Ils seront les héros. « On va le faire, Joseph. » Et avant même de confirmer, il glisse sa main dans sa poche pour en sortir quelques pièces de monnaie. L’argent que sa maman lui a donné au cas où il a besoin d’utiliser un téléphone. « Oui. Et on aura besoin d’allumettes. » Il lance, fièrement, sans jamais remettre en question l’idée d’Alfie. C’est lui le génie, après tout. Sans plus attendre, il reprend la main d’Alfie et le guide jusqu’à la rue. Leur cachette maintenant derrière eux, il jette un coup d’œil aux alentours pour s’assurer que personne ne les cherche. « Viens. » Il continue en le tirant en direction du petit dépanneur au coin de la rue. C’est là qu’il va parfois acheter des friandises avec Lily après les cours. Il relâche finalement sa main à l’entrée. « Je reviens, ne bouge pas ! » Et il disparait dans la petite boutique. À la caisse, il présente un sachet de M&M’s ainsi qu’un petit carton d’allumettes. « C’est pour mon papa. Il n’a plus de feu pour fumer. » Qu’il ment en arborant son air le plus angélique. Le caissier ne pose aucune question. Après tout, il est habitué à le voir ici avec sa sœur. Les gentils Keegan, la jolie Lily qui lui offre toujours son plus beau sourire avant de le remercier chaleureusement. Le garçon pose ses quelques pièces de monnaie sur le comptoir et disparait rapidement avec ses précieux. Quand il rejoint son meilleur ami, il lui tend les chocolats mais garde les allumettes dans le fond de sa poche. « C’était trop facile. » Il se vante avant de lancer, le dos toujours droit : « Prochaine étape. »      

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