J’ai l’impression d’être dans une gueule de bois perpétuelle depuis le bal. Comme si les minutes étaient devenues des jours. Un bourdonnement incessant ne cesse de rester dans le fond de mon crâne et j’ai adopté mes lunettes de soleil pour faire face au soleil bien trop fort de cette Australie en plein été. Je serais bien mieux en Europe, loin de Brisbane, ces dernières semaines ne sont qu’un long cauchemar duquel je n’arrive pas à me réveiller, comme si je n’étais plus destiné qu’à foirer. La dernière en date étant bien sûr le bal où ma plongée dans la stupidité aura été impressionnante. Si tout avait pourtant bien commencé, si la magie de Noel avait l’air de réparer ou plutôt de créer cette amitié, j’ai encore réussi à tout détruire en buvant trop, en lui sortant une énième méchanceté avant de couronner le tout en l’embrassant. Encore une promesse brisée. Je lui avais promis d’être son ami. C’est encore une promesse que je n’ai pas tenue. Mais est ce que j’avais vraiment essayer ? Est-ce qu’au fond je n’avais pas simplement attendu qu’elle craque, incapable de la laisser partir ?

Je passe devant le café un peu par hasard.  J’y avais fait un tour avec Mia peu avant le bal. Étrangement ça me rappelle ce que je lui avais dit ce jour-là. Que je n’allais plus foirer avec Molly, que je pouvais être son ami.  Ça me donnerait presque envie de me donner des claques. Je manque de le faire quand mon regard parcoure la foule des badauds assis aux tables. Je vois d’abord son chignon où des mèches dépassent de ses cheveux, puis ses lunettes et son air concentré alors qu’elle s’est étalée sur une table, un ordinateur et des bouquins ouverts. Mon cœur rate un battement.  Je pourrais la laisser tranquille. J’avais essayé de l’appeler les jours suivants elle ne m’avait pas répondu. Seulement je ne pouvais pas laisser notre relation dans cet état. Alors je m’approche lentement. Elle ne me remarque pas tout de suite. Je me racle la gorge. « Molly ? » Je dis doucement et je le vois à son regard qu’elle n’a pas envie de me voir et pas envie de me parler. « On peut parler ? Cinq minutes. Juste cinq minutes…S’il te plait… »

@Molly Ivywreath  

J’aime mon travail. Il me permet d’apprendre toujours de nouvelles choses. Et aujourd’hui, je travaille sur ma formation. Une formation sur les animaux exotiques et les manières de les appréhender sans utiliser la force. Tout ça me passionne, et j’aime apprendre sans arrêt. Et puis, il faut dire que ça me permet de me changer les idées. J’ai toujours réussi à m’échapper grâce aux cours et à la lecture, et, ces derniers temps, je passe mon temps enfermées dans mes bouquins. La preuve aujourd’hui. Je suis sortie dans un café avec mes livres et mon ordinateur, j’ai enfilé un jogging, j’ai attaché mes cheveux et j’ai mis mes lunettes au lieu de mes lentilles.

Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là, ni combien de chocolats chauds j’ai bien pu boire avant que je ne reconnaisse sa voix. Il me fait sursauter, et mon regard se lève vers lui. Je n’ai pas envie de discuter, et je regrette soudainement d’avoir opté pour le jogging et le pull de Noël moche. D’habitude, les filles font en sorte d’être belles devant leurs exs après les ruptures, moi, je fais apparemment tout le contraire. Je serre les dents, je soupire et je pose ma tasse à côté de moi. « Molly ? » Je ne réponds pas, je ne sais même pas ce que je dois faire. Je ne peux pas partir en courant parce que j’ai bien trop d’affaires à moi sur la table. « On peut parler ? Cinq minutes. Juste cinq minutes…S’il te plait… » “Pete je suis pas sûre que ce soit une bonne idée.” Mais il sait que je ne peux pas bouger. J’essaie d’y échapper mais je ne peux rien faire de plus pour échapper à cette conversation. “Je peux pas rester longtemps ici j’ai du travail.” J’ai vraiment du travail, mais comme j’ai l’habitude de le faire j’ai pris beaucoup d’avance sur ce que je devais faire pendant toute cette formation.

Je devrais la laisser tranquille.  Je le vois à sa façon de serrer les dents et de soupirer. Elle n’a aucune envie que je sois là. Elle est tellement jolie avec ses habits de Noel et son chignon désorganisé. “Pete je suis pas sûre que ce soit une bonne idée.” Ca l’est pas, mais je ne peux pas laisser notre relation dans cet état pas quand elle est censée passer Noel dans ma famille et que si je ne la répare pas je sais qu’elle le passera sûrement toute seule. Pas quand je lui ai fait du mal…encore. “Je peux pas rester longtemps ici j’ai du travail.” J’hoche la tête déglutissant m’asseillant sur la chaise en face d’elle. « Ca prendra pas longtemps.. » Je n’en sais rien à vrai dire. Je ne sais pas ce que je veux lui dire ou comment lui dire.

Alors je commence par le plus simple. « Je suis désolé Molly. Je n’aurais pas dû boire autant, te dire ce que je t’ai dit ou t’embrasser. Tu as raison tu n’es pas un jouet. » Je soupire, sortant mon paquet de clope pour simplement occuper mes doigts. « J’étais pas bien ce soir là, je me sentais seul et je crois qu’une part de moi arrive pas à comprendre que c’est vraiment fini cette fois. » Mon regard la fuit,  s’ancre sur le papier sur la table plutôt que dans ses yeux. « Et tu me manques alors c’est pas facile. » J’avoue dans un élan d’honnêteté qui me surprend moi-même.

« C’était égoïste. Je sais que je passe mon temps à faire des conneries et à te faire des excuses et j’aimerais vraiment te dire que c’est la dernière fois cette fois. » Le problème c’est que je n’en suis pas sûr moi-même…. « Je vais essayer de changer… » Je plante mon regard dans le sien. « Je vais essayer de l’accepter vraiment cette fois et te laisser tranquille… » Même si je n’ai aucune envie de la laisser partir, aucune envie qu’elle sorte de ma vie.

@Molly Ivywreath  

« Ca prendra pas longtemps.. » Je ne peux pas le laisser seul dans cet état là. Il est perdu et il essaie de me parler. Il n’a pas l’air d’avoir bu, alors je pose mon stylo et je me concentre sur lui. “D’accord.” Je m’enfonce dans ma chaise et je me demande combien de temps ça va durer en réalité. Je ne suis pas pressée, mais je ne voudrais pas qu’on s’engueule au beau milieu de ce café. « Je suis désolé Molly. Je n’aurais pas dû boire autant, te dire ce que je t’ai dit ou t’embrasser. Tu as raison tu n’es pas un jouet. » Je hoche la tête, il l’admet et je suis étonnée par tant de franchise. Je n’ai pas envie de l’enfoncer, je ne suis pas là pour ça, mais je ne peux pas le rassurer sur ça. « Et tu me manques alors c’est pas facile. » Je pince les lèvres, combien de fois j’ai rêvé d’entendre Pete me dire que je lui manquais avec autant de sincérité dans la voix ? Des centaines de fois. “Tu me manques aussi…” S’il est honnête je me dois de l’être aussi.

« C’était égoïste. Je sais que je passe mon temps à faire des conneries et à te faire des excuses et j’aimerais vraiment te dire que c’est la dernière fois cette fois. » Je sais qu’il ne peut pas promettre une chose pareille. Je ne l’aurais pas cru de toute manière. “On a dit plus de mensonges et ça ma paraît être un bon début.” Je m’autorise un minuscule sourire. C’est le genre de vérité qui fait mal, et je suis persuadée que ça ne sera pas la seule avec lui, mais je pense que c’est nécessaire. « Je vais essayer de changer… » “C’est toi qui veux changer ?” Parce qu’il n’a plus besoin d’essayer de changer pour moi désormais. « Je vais essayer de l’accepter vraiment cette fois et te laisser tranquille… » Ca me fait mal au coeur de me dire qu’il envisage qu’on ne se voit plus. “Je t’ai déjà dit que je ne voulais pas que tu quittes ma vie… mais j’ai besoin qu’on fasse de vrais efforts tous les deux.” J’ai besoin qu’il m’aide pour qu’on devienne deux vrais amis.

« D’accord. » Tout de suite une certaine tension part de mes épaules.  Elle ne me demande pas partir, je vais pouvoir m’expliquer, tenter de réparer ce que j’ai réussi à casser.  Je m’assois et je m’excuse pour la énième fois, cette fois à vrai dire je suis plus sincère que toutes les fois précédentes.  Parce qu’elle me manque probablement plus que toutes les fois précédentes, tout simplement parce que je sais que c’est terminé. « Tu me manques aussi… » Je la regarde sans rien dire et mon cœur se serre parce qu’au fond je me doute que tout ça ne doit pas être facile pour elle non plus, que je n’aide en rien une situation difficile.

Je pourrais promettre que je vais arrêter de tout détruire mais je sais que ça serait une promesse sûrement encore lancée dans le vent et je suis fatigué de voir toutes ces promesses que j’ai brisé la concernant. “On a dit plus de mensonges et ça ma paraît être un bon début.” Son minuscule sourire en crée hein aussi chez moi, sans que je n’ose vraiment croiser son regard.

« C’est toi qui veux changer ? » A ca je relève la tête vers elle. Je ne sais pas. Je ne suis pas sûr en réalité de vouloir ou de pouvoir changer. Mais au moins avec elle, j’aimerais que ça soit différent. « Je veux pouvoir être ton ami. » J’annonce. Parce que je ne peux pas lui dire que je veux changer pour moi, parce que ça serait un mensonge, quand je suis terrifié à l’idée de devoir grandir et évoluer. Mais tenter de devenir digne d’être son ami, ça c’est quelque chose que je souhaite vraiment, ce n’est pas un mensonge.

Je reste persuadé qu’après tout ça elle n’a pas besoin de moi dans sa vie et à défaut d’être digne d’être son ami tout de suite, je me dis que je devrais la laisser tranquille une bonne fois pour tout.   “Je t’ai déjà dit que je ne voulais pas que tu quittes ma vie… mais j’ai besoin qu’on fasse de vrais efforts tous les deux.” Cette fois ci le soulagement se voit dans mes yeux, parce que malgré tout elle n’est pas prête à m’abandonner. Alors je murmure « Moi non plus j’ai pas envie de quitter ta vie. » Mais je comprends qu’il va falloir que je fasse mieux pour elle, comme pour créer un début d’amitié.  « Qu’est ce que je pourrais faire ? » Pour qu’on devienne amis ? Pour que tout aille mieux ? Pour que ça s’arrange ?


@Molly Ivywreath  

Je reste assise et je porte mon attention sur lui au lieu de lire encore et encore des cours que je connais déjà par coeur. Je soupire, il a l’air sincère, et vraiment triste d’avoir réagi de cette manière après le bal. J’ai envie de le croire, de vraiment le croire cette fois. Parce qu’on est ami et qu’on sait autant l’un que l’autre qu’on ne pourra pas rester loin de nos vies respectives. « Je veux pouvoir être ton ami. » “Je veux aussi qu’on y arrive.” C’est tout ce que je veux depuis que je l’ai quitté, parce que je n’imagine pas tourner la page de cette partie de ma vie sans l’emmener avec moi. J’ai envie qu’il change, mais je ne veux pas qu’il le fasse uniquement pour moi. Il faut qu’il le veuille lui aussi, sinon, ça n’évoluera jamais.

« Moi non plus j’ai pas envie de quitter ta vie. » malgré tout, ça me rassure. Parce que la dernière fois qu’on a parlé de cette manière il m’a dit qu’il ne m’avait jamais aimé et que je n’avais jamais compté pour lui. “Alors on est d’accord.” J’essaie de relativiser, je le fais souvent, et surtout avec lui. « Qu’est ce que je pourrais faire ? » “Comment tu fais avec tes autres amies filles ?” Je souris, il sait que je ne suis pas rancunière, mais il sait aussi maintenant que je peux être bornée et tenir mes décisions. “Passer des moments drôles, se raconter nos histoires, rire… Y’a pleins de choses à faire.” Je hausse les épaules comme si tout ça était évident. “Mais on a peut-être besoin de temps.” Ca ne veut pas dire qu’on ne se retrouvera jamais, ça veut juste dire qu’on a peut-être besoin de temps et d’espace pour passer à autre chose. Notre histoire a été longue, importante, et jamais je ne pourrais oublier mes sentiments pour lui. Mais on peut peut-être évoluer, et grandir en restant important l’un pour l’autre.

“Je veux aussi qu’on y arrive.” Je ne suis pas capable de lui dire que j’ai envie de changer. Du moins si je veux changer pour elle, je ne pense pas vouloir changer pour moi. Tout me semble trop difficile, la chute plus attrayante, le verre suivant nécessaire. Cependant je veux au moins essayer de mieux me comporter avec elle, de tourner la page et de devenir son ami.

« Alors on est d’accord. » Et ça devrait être aussi simple que ça non ? Ca devrait aller mieux parce qu’on veut que ça aille mieux ? J’aimerais que tout soit aussi simple alors je lui demande ce que je pourrais faire. “Comment tu fais avec tes autres amies filles ?” A ca je souris faiblement, mais je n’étais même pas sûr d’être un bon ami tout court en ce moment. “Passer des moments drôles, se raconter nos histoires, rire… Y’a pleins de choses à faire. Mais on a peut être besoin de temps. » Sans doute. Sans doute aurais-je besoin de rester éloigné d’elle pendant un temps. Peut-être que ça serait mieux de se laisser du temps et de l’espace.  Peut-être aussi que j’aurais besoin d’être plus honnête avec elle à partir de maintenant.

« Je sais pas si j’ai besoin de temps Molly. Tout ce je sais c’est que…il y a pas qu’avec toi que je fais n’importe quoi en ce moment. Je crois que je me sens seul et que du coup je bois plus et ça empire les choses. » J’avoue tout doucement sans la regarder, jouant avec mon paquet de cigarette. C’est la première fois qu’une telle phrase sort de la barrière de mes lèvres. Je pense à Jill et je ne sais pas comment lui dire, comment lui en parler ou si je dois le faire. Je me dis que lui en parler serait cruel et pourtant j’ai le besoin de mettre cela derrière moi, de lui expliquer pourquoi j’ai agi ainsi il y a quelques jours mais aussi sûrement pendant beaucoup d’années. Je sais pertinemment que cela fera mal mais c’est finalement le seul secret qui reste toujours présent entre nous. J’ai besoin d’occuper mes mains et ma gorge et sèche et doucement je lui demande. « Tu crois que je peux rester et commander une limonade ? » Je lui avais demandé cinq minutes et déjà je demande plus, ne souhaitant pas partir tout de suite parce que pour la première fois j’ai besoin de m’ouvrir un peu plus. Je rêve d’une bière. Mais ce n’est pas ici et encore moins devant elle que je vais la prendre.







@Molly Ivywreath  

Il est perdu, complètement, et jamais de la vie je ne la laisserai tomber, quoi qu’il puisse se passer entre nous. Je reste assise, je ne pense plus à mes cours et je me concentre sur lui. Ce n’est pas étonnant mais j’ai envie de l’aider. « Je sais pas si j’ai besoin de temps Molly. Tout ce je sais c’est que…il y a pas qu’avec toi que je fais n’importe quoi en ce moment. Je crois que je me sens seul et que du coup je bois plus et ça empire les choses. » Il est vraiment honnête et ça m’étonne. Je crois qu’en 10 ans on n’a jamais été aussi complice qu’à cet instant. Jamais on a partagé ce genre de moments, et j’aime cette nouvelle relation malgré tout. J’ai l’impression qu’il comprend, et qu’il change par lui-même. Je laisse le temps faire, et c’est lui qui choisira de comment et quand il voudra changer et évoluer. "Et t'arrives pas à arrêter ?"

« Tu crois que je peux rester et commander une limonade ? » Je réfléchis une seconde. On avait dit 5 minutes, et j’ai peur que tout finisse par dégénérer. Je ferme les yeux une seconde et regarde ma tasse vide. “D’accord mais seulement si tu me commande un chocolat chaud en même temps.” Je suis une vraie accro au sucre, mais c’est la personne qui est la plus au courant. Il commande une limonade et ça me rassure, tant qu’il ne boit pas il n’y a pas de raison que ça se passe mal. Il a l’air d’avoir besoin de parler, et je vais l’écouter. Le serveur s’approche de nous et on prend la nouvelle commande. “Tu sais que ça va pas tu peux toujours compter sur moi ? Et tu peux me parler de tout aussi.” Je ne sais pas dans quoi je m’embarque, parce que je ne m’imagine même pas ce qu’il se passe dans sa tête à cet instant.

« Et t’arrives pas à arrêter ? »

Je la regarde sans rien dire, me posant la question. Est-ce que je pourrais arrêter si je le voulais ? Peut être. J’en n’en sais rien, je n’ai jamais vraiment essayé. « Si je peux arrêter. » dis-je, mais il n’y pas de réelle certitude dans ma voix. Je prononce les mots plus pour me rassurer, pour me convaincre que je n’ai pas un problème, que c’est un simple abus de passage, que je fais simplement un peu trop la fête et un peu trop souvent.

Je lui demande un peu plus de temps, sentant qu’elle n’a pas l’air prête à me faire dégager tout de suite.  Elle semble hésiter et je suis soulagée de l’entendre reprendre la parole. “D’accord mais seulement si tu me commande un chocolat chaud en même temps.” Mes lèvres s’étirent dans un écho de sourire.  Je hèle un serveur pour demander un chocolat chaud pour elle et une limonade pour moi-même si clairement je préférerais du vin ou de la bière.

“Tu sais que ça va pas tu peux toujours compter sur moi ? Et tu peux me parler de tout aussi.”

Je la regarde un instant sans rien dire. Mais ça va, ça doit aller. Je ne peux plus la laisser supporter, mes conneries et mes problèmes.  Elle a assez donné. Alors je lui dis doucement. « Je sais, merci…merci de pas vouloir partir. » Du moins, pas complètement. Parce que le fait qu’elle soit dans ma vie en tant qu’amis, sera toujours mieux qu’elle n’y soit pas. Je me force à sourire, à me convaincre que tout ira bien, que ça va. « Ca va aller Molly. » Je vais bien. J’irais bien. C’est promis. Je le répète encore et encore jusqu’à ce que j’arrive à me convaincre moi-même. Le serveur ramène nos boissons et je bois un peu de ma boisson. « Tu es toujours partante pour fêter Noel chez moi ? » je pose la question sans la regarder, jouant avec mon verre.


@Molly Ivywreath  

« Si je peux arrêter. » Je sens que je ne dois pas insister, ce n’est pas le genre de sujet à aborder aujourd’hui. Je le vois qu’il boit beaucoup, et je me demande ce que je suis censée faire pour l’aider. Est ce que je peux l’aider alors qu’il ne veut pas de mon aide ? Je ne pense pas. Et je n’ai pas le droit de m’imposer comme je le faisais avant. Je n’ai pas le droit de donner mon avis pour le moment, pas tant qu’il va aussi mal. Je hoche la tête, je veux croire en lui, croire qu’il n’est pas perdu au point de ne pas pouvoir s’empêcher de boire. L’alcool n’est pas bon pour lui, et je suis heureuse de voir qu’aujourd’hui il opte pour des boissons softs. C’est sûrement ça qui m’aide à accepter qu’il reste un peu plus longtemps à ma table. C’est une pause, je dois encore travailler mais je prends bien plus de cinq minutes pour l’écouter parler et discuter avec lui.

Je tiens mon chocolat chaud entre mes mains, je ne sais pas à combien j’en suis pour aujourd’hui, et ce n’est que le début de l’après-midi. Je veux le rassurer, lui montrer que je suis toujours là pour lui si ça ne va pas de son côté. « Je sais, merci…merci de pas vouloir partir. » Je souris, il sait que je ne veux pas m’enfuir et ne plus jamais lui parler, j’en serais bien incapable. “C’est normal.” Ca me parait vraiment normal de faire ça pour une personne aussi importante pour moi. « Ca va aller Molly. » Je m’inquiète et ça doit sûrement se voir sur mon visage. “Je te crois.” Je suis une très mauvaise menteuse, mais je ne veux pas qu’il pense que je le juge. Il n’y a pas une once de jugement ni dans ma voix ni dans mon regard. Seulement un peu plus d’inquiétude que je ne voudrais l’admettre.

« Tu es toujours partante pour fêter Noel chez moi ? » Noël chez les Mulligan, je n’avais pas oublié, mais je ne pensais pas que ça tenait toujours. “T’es sûr que c’est une bonne idée ? Tu sais je peux le faire chez moi c’est pas grave... T’as besoin d’un moment d’intimité avec ta famille et je veux pas que tu t’inquiète sur où je vais passer Noël. Tu dois prendre du temps pour toi.”

Elle n’insiste pas. Personne n’insiste. Ils me posent la question, se contentent de ma réponse. Personne ne creuse vraiment derrière mes sourires. Si on me reproche de trop boire, personne ne me demande pourquoi je bois tant. Je berne tout le monde avec mes sourires et ma désinvolture. Et quand on le remarque, je finis toujours par dévier la conversation.

Peut être que je n’arriverais pas à arrêter. J’ai déjà envie de boire alors que j’ai bu ce matin. C’est la première chose que j’ai fait en me levant. Boire un verre. Pourtant je me persuade que c’est simplement une mauvaise période, rien de plus. Je ne suis pas capable de regarder ce qui ne va pas, d’essayer de comprendre pourquoi je bois. En vérité je ne suis pas sûr d’avoir réellement envie de sortir de ce nuage d’alcool.

Je suis heureux qu’elle n’ait pas envie de partir. « C’est normal. » Je tourne la tête de droite à gauche pour signifier que non ce n’est pas normal, pas après tout ce que j’ai fait, mais je ne dis rien, silencieux, peut être chaque jour un peu plus conscient de la chance que j’ai de l’avoir dans ma vie, de la stupidité de mes actes avec elle.  Je lui dis que ça va aller, que j’irais bien. Je dois aller mieux. « Je te crois. » Ele ment mal Molly, elle a toujours menti mal, mais je ne dis rien, me contentant de lui sourire doucement, buvant mon verre de limonade.

Je mentionne Noel qu’elle était censée passer dans ma famille. “T’es sûr que c’est une bonne idée ? Tu sais je peux le faire chez moi c’est pas grave... T’as besoin d’un moment d’intimité avec ta famille et je veux pas que tu t’inquiètes sur où je vais passer Noël. Tu dois prendre du temps pour toi.”  Molly toujours à s’inquiéter pour les autres. Je relève la tête vers elle. « J’ai envie que tu sois là. Ca me ferait plaisir. Tu vas pas passer Noel tout seule.  J’ai déjà prévenu mes parents. Et puis si tu t’inquiètes que ce soit bizarre…J’ai invité Mia aussi, elle allait le faire toute seule sinon. » Je reste silencieux un instant. "Mais toi, tu as toujours envie de venir, même après tout ça ?" je demande doucement.




@Molly Ivywreath  

J’éteins mon ordinateur et je le ferme, j’ai bien compris que cette discussion allait durer bien plus longtemps que cinq minutes. Mes papiers sont désorganisés, mais j’ai toujours eu l’habitude de travailler ainsi. Il est sobre, du moins, c’est ce que je crois à cet instant, parce que je ne sais pas qu’il boit le matin au réveil. Si je le savais, peut-être que je l’aiderais bien plus que je ne suis en train de le faire. Je n’aime pas le voir s’enfoncer dans un gouffre sans fond, mais je ne peux plus passer toutes mes journées avec lui pour lui changer les idées. Je dois m’occuper de moi aussi, pour ne pas rester aussi triste.

« J’ai envie que tu sois là. Ca me ferait plaisir. Tu vas pas passer Noel tout seule. J’ai déjà prévenu mes parents. Et puis si tu t’inquiètes que ce soit bizarre…J’ai invité Mia aussi, elle allait le faire toute seule sinon. » Il m’invite à Noël chez lui. J’adore la famille de Pete, et ça ne serait pas le premier que je passerais chez lui. Mais ça sera le premier où je serais présente en tant qu’amie. Je ne sais pas si je suis prête, mais il a l’air de beaucoup y tenir. Comment ça pourrait bien se passer alors que ses parents ont toujours eu l’habitude de nous recevoir alors qu’on était un couple, je ne sais pas comment ça peut se passer mais je n’ai pas envie de passer Noël seule. Il y a Mia, ça ne sera donc pas aussi bizarre que j’aurais pu l’imaginer. “Oh Mia… et y’aura Tess aussi ?” Je n’ai pas vraiment eu de nouvelles en dehors des repas que je faisais chez lui. "Mais toi, tu as toujours envie de venir, même après tout ça ?" “C’est Noël !” Mon entrain me trahit un peu trop rapidement. Je hausse les épaules. “J’adore ta famille… Et puis s’il y a Mia c’est juste comme si on se retrouvait tous ensemble pour un bon moment.”

La table est recouverte de feuilles. Son ordinateur est à présent fermé. Mais elle ne m’a pas demandé de partir. Ça me rassure. Je suis bien ici, maintenant que cette conversation va un peu mieux, maintenant qu’elle a commandé un chocolat chaud. Elle n’a pas dit qu’elle me pardonnait, mais je sens juste qu’elle a décidé d’accepter la situation et ce que je suis, pour le simple fait que nous ne sommes plus ensembles et qu’elle est plus heureuse sans moi.  

« Oh Mia…et y’aura Tess aussi ? » « Oui. » Et ça mon regard se fait plus inquiet, je joue avec mon verre. L’opération de Tessa me stressait plus que je ne voulais l’admettre. Je n’avais même pas eu l’occasion de lui en parler. Je ne peux m’empêcher de lui demander alors si elle veut venir passer Noel dans ma famille malgré tout. Ils l’ont toujours adorées. Ma mère a toujours été la première à dire qu’elle était bien trop bien pour moi et que je me comportais comme un idiot de la laisser partir à chaque fois que je lui annonçais qu’on était plus ensemble. Avec le temps elle avait compris qu’il ne fallait plus poser la question que Molly et moi nous séparions pour nous retrouver des mois plus tard pour nous séparer à nouveau. Cela avait été un cycle sans fin par ma faute et aujourd’hui il était brisé grâce à elle.  « C’est Noel ! » Elle me doute qu’elle appréhende ce Noel avec moi en tant qu’amis. Même moi je ne sais pas réellement à quoi m’attendre. Je veux juste qu’elle ne soit pas seule à Noel.“J’adore ta famille… Et puis s’il y a Mia c’est juste comme si on se retrouvait tous ensemble pour un bon moment.” Mon sourire s’élargit un peu plus. « Oui et puis on va manger plein de trucs bons. Et peut-être que ça attira sur l’attention sur toi et Mia plutôt que sur…. » Plutôt que sur qui ? Moi et mon problème d’alcool ? Link et son manque d’ambition ?  Tessa et sa maladie. Mon visage se ferme un peu. « Tessa est malade. Un problème cardiaque. Elle me l’a pas dit pendant des semaines. » Je murmure et l’inquiétude est flagrante sur mon visage, mon attachement ayant toujours été fort pour cette petite sœur que je protégerais bec et ongle.




@Molly Ivywreath  

« Oui. » Je ne serai donc pas seule avec Pete et sa famille. La journée promet d’être belle et j’ai bien envie d’en profiter avec des amis et des gens que j’apprécie. Je me calme, je ne pense plus à la dispute ni à tout ce qui s’est passé. Je n’oublie pas, mais je préfère me concentrer sur le positif plutôt que sur le négatif. Il semble avoir besoin de moi, et je ne peux pas faire autrement que d’essayer de l’aider. J’ai hâte de revoir de vieilles amies, et de passer Noël au milieu de gens qui ne connaissent pas les détails compliqués de ma vie.

« Oui et puis on va manger plein de trucs bons. Et peut-être que ça attira sur l’attention sur toi et Mia plutôt que sur…. » J’attends la fin de la phrase, ça a l’air compliqué, et il a du mal à cracher le morceau. Je ne le force à rien, j’attends qu’il soit prêt à me parler. Si ce n’est pas aujourd’hui, ce sera un autre jour, même si je commence à m’inquiéter pour lui. Je n’aime pas le voir dans cet état, mais même lui n’a pas l’air d’être au courant qu’il ne va pas bien. « Tessa est malade. Un problème cardiaque. Elle me l’a pas dit pendant des semaines. » “Oh…” Mes yeux se perdent dans le vide une seconde, je ne m’attendais pas à ça. “Elle a pas voulu t’inquiéter. “ J’essaie de le rassurer. “T’as toujours été un super frère pour elle, ça devait être compliqué pour elle.” Elle doit avoir ses raisons, et Pete se doit de les accepter. Il est protecteur avec la jeune femme, et elle ne voulait sûrement pas le briser en lui annonçant la nouvelle. “Elle a fini par t’en parler c’est le principal.” Mais je ne peux pas m’empêcher de m’inquiéter pour Tessa. “Et c’est grave ?”

Elle a l’air rassurée de ne pas être seule avec moi et ma famille. Au moins ça doit moins lui donner l’impression que nous ne sommes plus un couple si Mia est présente.  Peut-être que ça la rassure au fond.  Moi je ne sais pas trop ce que je pense. J’ai juste envie qu’elle soit à l’aise, il est probablement mieux qu’on ne se retrouve pas seuls aussi souvent, pour elle comme pour moi. Je finis par parler de toutes les bonnes choses qu’on va manger mais aussi du fait que peut être la présence des deux filles n’attirera pas l’attention sur d’autres problèmes présents dans ma famille comme la maladie de Tessa.

« Oh… Elle a pas voulu t’inquiéter. T’as toujours été un super frère pour elle, ça devait être compliqué pour elle. Elle a fini par t’en parler c’est le principal.”  J’hoche la tête, jouant avec mon paquet de cigarette. Je savais qu’elle n’avait pas voulu m’inquiéter. Malgré tout, cela me restait toujours un peu en travers de la gorge, encore plus parce que Lawrence avait été au courant et pas moi. Je m’étais un peu senti trahi par tous ces secrets mais heureusement elle avait fini par me le dire.   “Et c’est grave ?”  Je déglutis, de ce que je comprenais, assez, l’opération restait risquée, même si après tout devrait en principe rentrer à la normale. « Il faut absolument qu’ils l’opèrent, d’ici là ça peut être très dangereux si elle ne se ménage pas. L’opération est compliquée mais d’après ce qu’elle m’a dit, tout devrait rentrer dans l’ordre après. » j’explique, conscient que j’allais devoir faire au mieux pour être là pour ma petite sœur.

Je bois une nouvelle gorgée de limonade regardant toutes les feuilles autour d’elle. « Tu étudies quoi ? » Je demande curieux. Je savais qu’elle faisait des formations de temps en temps. A vrai dire je n’avais qu’une peur que cette conversation s’arrête et qu’elle me demande de partir. La tension est redescendue depuis le début de la conversation, c’était déjà ça et je me sens un peu plus apaisé depuis que je me suis excusé.



@Molly Ivywreath