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Cette visite n’aura pas été vaine, Victoire se félicite d’avoir franchi la porte de cette association. Si seulement elle l’avait fait plus tôt dans sa vie, peut-être que les choses auraient été différentes, peut-être que sa vie serait un peu moins compliquée et solitaire aujourd’hui… Elle avoue sa bataille contre l’alcool à Casey qui a l’air mortifié de cet impair : « Ne vous en faîtes pas, ce n’est pas écrit sur mon front... » Ils parlent de plein de choses et il lui raconte même son histoire avec l’homme qui lui a brisé le coeur. Victoire n’avait pas vu venir le happy ending cependant, et quand il lui avoue que l’homme en question a fini par s’assumer et qu’ils se revoient enfin, elle a un sourire triste sur le visage : « Je suis contente pour vous, j’espère que ça se passera bien avec lui... » Elle n’a pas l’impression qu’un tel dénouement heureux se produira pour elle... Ni Penny, ni toutes les autres qu’elle a aimées ne viendront lui faire une déclaration d’amour impromptue. Elle se sent irrécupérable, esclave de ses émotions et de ses addictions, traumatisée par tant de choses, incapable de fonctionner correctement. Ses larmes lui font honte mais Casey la rassure encore une fois, avec des mots tendres et du chocolat. « Merci, je suis vraiment trop émotive... » conclut-elle en s’efforçant de ne pas s’excuser une énième fois.

Puis Casey lui parle de l’art thérapie dont elle n’avait jamais entendu parler, elle hoche la tête à ses explications et lui demande en quoi cela peut-il bien l’aider à découvrir sa sexualité. Bien entendu rien n’est aussi simple, ce n’est pas un cours de chant qui va tout éclaircir pour elle, mais il avance des arguments intéressants. "… ce n'est pas un remède magique en revanche, il va falloir travailler pour ça et, je ne vais pas mentir, ça pourra être douloureux. Mais croyez moi Victoire, le jeu en voudra la chandelle." Encore des étapes douloureuses dans sa vie, Victoire commence à connaître la chanson : « Je vous crois… En tous cas, vous avez trouvé votre vocation… Vous savez y faire... » Parce qu’il a su lui parler, la faire parler aussi et que même son honnêteté ne l’a pas fait fuir, elle sait que le chemin sera long et difficile mais qu’il fera contribuera à ses progrès, comme tout le reste qu’elle entreprend : la thérapie, les réunions aux alcooliques anonymes, son engagement dans le bénévolat… Elle se sent un peu plus apaisée, assez pour faire une plaisanterie en réclamant à Casey qu’il lui présente une jolie jeune femme. Il lui annonce qu’il ne peut pas faire une chose pareille dans un rire amusé puis continue : "...Mais peut être que vous rencontrerez une femme ici avec qui vous pourrez vous lier ? Plein de choses peuvent se passer maintenant que vous vous êtes lancée et êtes entrée ici. Vous pourriez par exemple donner des cours de pâtisserie ? Croyez moi, ça ferait plaisir à pas mal de monde par ici." L’idée de rencontrer quelqu’un en transmettant sa passion lui arrache un sourire, il n’y a pas de meilleur moment en réalité, quand elle fait de la pâtisserie, elle se sent elle-même, libre et sûre d’elle. « C’est une excellente idée… J’ai un emploi du temps très chargé mais je vais y penser... » Elle regarde sa montre et réalise soudain qu’elle avait promis à Byron de sortir Diablo dans l’après-midi, si elle ne se dépêche pas le chien aura uriné partout dans le salon. « Oh il faut que j’y aille, je n’ai pas vu le temps passer. Mais… Merci beaucoup Casey pour votre écoute, je reviendrais c’est certain… Je vais prendre le planning des activités en sortant. »

Elle se lève, un peu gênée de partir aussi précipitamment, au final, Casey a usé sa salive avec elle et elle a très peu ouvert la bouche, même si mine de rien, elle a commencé à ouvrir son cœur. Elle le remercie encore : « Merci vraiment, je reviendrais c’est promis. » Mais jamais elle ne revint, prise par son quotidien, elle ne fit que repousser le moment, jugeant que ce n’était jamais urgent, qu’elle avait mieux à faire, qu’il n’y avait rien d’urgent, qu’elle avait la vie devant elle. Jusqu’à ce 28 avril 2021 où elle la perdit, la vie. Finalement, dans ses derniers instants, elle s’est sentie soulagée, elle avait fini de se battre, elle allait pouvoir se reposer.