J’ai le nez cassé. Bailey m’a envoyé son poing en pleine figure il y a quelques jours et depuis mon visage a pris de belles couleurs violacées qui ne passent pas inaperçues.  Je grimace touchant délicatement l’arrête de mon nez pendant que je fume ma cigarette regardant la vue d’où je me trouve, à l’entrée de la fête foraine le long de South Bank Parklands. Le parc d’amusement a été installé pour célébrer la fête nationale à la fin du mois et c’est la première fois que je m’y rends en ce début de mois de janvier.  J’ai hâte de passer la soirée à autre chose qu’à ces dernières semaines, j’ai donc donné rendez-vous à Louisa pour qu’on y passe la soirée. Elle en a certainement un peu plus besoin que moi elle qui a perdu son père pendant les vacances de Noel et je ne peux m’empêcher de me dire que mes problèmes sont bien petits à côté de ça.

J’espère qu’on va passer une bonne soirée et je sais qu’au moins je peux compter sur elle pour qu’on se change les idées mutuellement et possiblement s’entraîner un peu plus loin dans nos vices respectifs. Je souffle la fumée, adossé à un lampadaire, observant la foule enthousiaste qui se dirige vers les différents manèges. J’aimerais avoir un peu plus d’alcool dans le sang ce soir, mais la soirée ne fait que commencer.  Je la vois arriver au loin, Louisa que je connais depuis l’adolescence, nos soirées nous ayant toujours amenés dans le même cercle et avec qui je me suis toujours bien entendue.

« Louisa ! » Je lui fais un signe de main pour l’appeler. On s’est donné rendez-vous devant l’entrée du parc d’attraction.  J’ai besoin de penser à autre chose et je lui ai proposé qu’on aille à la fête foraine aujourd’hui. Dès l’instant où son regard se pose sur mon visage je me force à sourire pour cacher ma grimace. « Oh ça… »dis-je en pointant mon nez. « Rien de grave, je suis tombé ! » Ce n’est absolument pas crédible, elle n’y croira pas une seule seconde et pourtant je souris, toujours à prétendre que je ne me suis pas pris un poing en pleine figure pour avoir embrassé Jill en décembre. Je sais que je vais devoir l’expliquer mais comme toujours je cherche d’abord à dédramatiser la situation.

@Louisa Fleming   

Une mise a pied. Voilà ce dont j'ai hérité lorsque j'ai refait le portrait de Colibri façon cubisme. Ce connard m'a cherché, il ne cessait de me lancer des piques et j'ai pêté les plombs. Les heures d'entraînement en combat rapproché avec l'armée mais aussi avec Danika ont permis à mes phalanges de s'écraser dans la mâchoire du soldat, la déboîtant dans un joli craquement. J'aurais bien aimé continué à lui rendre ses comptes mais Manchester ne m'a pas laissé le temps. Mon supérieur était super énervé et m'a donc obligé de prendre mes affaires, quitter la base et ne revenir que lorsque je serais plus calme. Mon cul ouais! En rentrant chez moi, j'avoue que j'avais envie que d'une chose : me casser. Loin d'ici. Au canada de préférences pour y retrouver ma famille. Mais je sais qu'on ne peut pas déserter comme ça et que, malgré tout, je suis toujours engager au sein de l'armée et que je lui appartiens. D'autant plus que je n'ai pas réellement envie de quitter mon métier !

Donc je suis là, à Brisbane mais je ne suis jamais chez moi. Je m'occupe de mon chien mais sinon la plupart du temps je suis dehors, à sillonner les bars, à me taper toutes les meufs qui veulent bien s'adonner à des plaisirs charnelles avec moi, à me retrouver chez Lexie avec un ou deux rail de coke et des litres d'alcool assez phénoménaux. Je le sais bien que ce n'est pas comme cela que je pourrais m'envoyer à nouveau en l'air avec Bernard, mon avion de chasse fétiche, mais que puis-je bien faire ? Je ne peux pas rester sur place chez moi plus de quelques heures avant que je ne pète les plombs. C'est pour cela, lorsque je reçois le message de Peter pour le retrouver au niveau du fairground. Ni une ni deux, je m'habille un peu plus décemment, dompte rapidement mes cheveux puis sort de l'appartement pour rejoindre mon ami à l'endroit indiqué.

Une fois à l'entrée du parc, c'est un signe de la main que m'envoie Peter. Je lui répond avec un large sourire ...qui disparaît lorsque je l’aperçois lui et son visage violacé. Ouvrant la bouche pour lui demander ce qui s'est passé, il me coupe en me disant qu'il est tombé. Quel. Connard. Il croit vraiment que je vais le croire ? Fronçant les sourcils, j'incline légèrement la tête sur le côté l'observant l'air de dire 'arrête de te foutre de ma gueule'.  «Qui est-ce qui t'as cassé le nez ? » demandais-je  « Molly ? Non, elle frappe pas assez fort. Jill … ? » je fronce un peu plus les sourcils  «Elle en serait capable, elle a apprit de la meilleure pour ne jamais rater ses coups » je secoue doucement la tête, amusée par ma proche connerie  « Ou est-ce que ...» j'attrape Peter par les épaules  «non ...vas-y dis moi qui a gâché ce si joli visage ! » et il le sait parfaitement que je saurais me montrer insistante et qu'il ferait mieux de me dire tout de suite plutôt que de me laisser mijoter.

Évidemment qu’elle ne me croit pas. Faudrait vraiment être très con pour imaginer que j’ai pu me casser le nez en tombant quand il est clair que c’est la marque des poings. Pourtant je garde ce sourire idiot qui cherche à détourner l’attention, malgré le fait qu’elle penche la tête vers moi, d’un air de dire  qu’il faut que j’arrête de me foutre de sa gueule.  Louisa fait des suppositions alors, qui m’a cassé le nez, Molly ? Je ne peux m’empêcher de pouffer de rire à l’idée de Molly toute mignonne me balançant un poing en pleine figure. C’est peu crédible. Jill ? Là par contre mon sourire se transforme en grimace. Parce que ce n’est peut-être pas Jill qui m’a cassé le nez mais l’effet est du pareil au même. Après tout c’est pour l’avoir embrassée que j’ai enfin réussi à réveiller un type avec un peu plus de caractères chez le type le plus ennuyeux du monde. Elle insiste Louisa et je secoue la tête désespérée avant de finir par avouer. « Bailey. » A sa tête je me marre, d’un rire un peu jaune. Je tente l’humour. « Quoi me regarde pas comme ça moi non plus je ne savais pas que derrière cette planche ennuyeux comme de l’eau plate se cachait un mec avec des couilles ! » Je ris mais ça n’a rien de drôle, ça ne sert qu’à détourner un peu la douleur qui me serre le cœur. « J’ai embrassé Jill. » J’avoue finalement en haussant les épaules, tirant sur ma cigarette presque terminée à présent.  « Tu veux me venger ? » Mes lèvres s’étirent dans un sourire moqueur, ça m’aurait bien plut ça, j’imaginais déjà Louisa et moi exerçant notre vengeance sur l’autre abruti. Pas sûr que ça arrange mes relations avec Jill ça.  

Je regarde son air fatigué, son regard aussi hagard que le mien, j’ai le sentiment qu’elle et moi on est dans le même état. Je regarde l’entrée du parc d’attraction. « Tu m’offres le premier verre comme je suis défiguré ? Le premier qui vomi sur les manèges a perdu j’te préviens. » Je pouffe de rire, espérant tout de même qu’on n’en arrive pas là, moi je tenais mon alcool.


@Louisa Fleming   

Bailey. C'est ce connard de Bailey qui a frappé mon ami. Mes dents se serrent subitement, mes poings se ferment et mes sourcils se froncent au point de ne former plus qu'une seule ligne. Ma main qui était sur le point de toucher la joue de Peter s'abaisse et mes yeux lancent des éclairs alors qu'il prend le tout à la rigolade. L'espace d'un instant je suis prise d'une furieuse envie de me détourner pour traverser la ville et frapper, à mon tour, le producteur de musique. Mais cette pulsion est bien rapidement remise à zéro lorsque Peter dit avec humour que lui non plus ne savait pas que Bailey avait assez de couilles pour lui refaire le portrait façon cubisme, m'expliquant rapidement la raison pour laquelle il a fait ça : Peter a embrasser Jill ! J'arque un sourcil sous la surprise avant qu'un demi sourire mi amusé mi malicieux ne vienne relever la commissure gauche de mes lèvres.

 « C'est avec plaisir que je te vengerais mon ami !» dis-je solennellement sous couvert d'humour, bien que Peter doive se douter qu'il y ait un fond de vérité là-dedans.  «Mais pas tout de suite. Il nous faut un plan ! » déclarais-je en allant l'attraper par le bras, me mettant en route vers l'entrée de la foire.  «Bon et raconte sinon, c'était comment ?  » demandais-je, mutine  « Elle embrasse bien Jill, hein ? C'est un très bon choix que tu nous as fait » je lance un coup d’œil vers Peter  « Elle embrasse sans doute bien mieux que ta Molly là» haussais-je les épaules  «J'ai rien contre elle, hein, tu le sais, c'est juste que ben ...je connais Jill. Et je sais de quoi elle est capable, elle » oh que nous avons passé des nuits torride, elle et moi. Pour tout avouer, ça me manque un peu.  «T'sais que Bailey m'a aussi remballé la dernière fois ? » reprenais-je en décélérant légèrement, relâchant mon ami  « Je voulais passer l'après midi avec Jill mais il a pas voulut ce connard»

Une fois entrés sur place, je m'écarte de Peter pour me diriger directement vers le stand de boissons  «Mais ce soir y a que toi et moi qui comptons » assurais-je en me plaçant dans la fil  « Donc on va se faire TOUS les manèges, on va se gaver de bière et de barbe à papa et tu vas m'acheter au moins deux pommes d'amours» ordonnais-je en plantant mon doigt dans le torse du jeune homme  « Parce qu'aujourd'hui il n'y a que ton amour pour MOI qui compte» et j'hoche une fois la tête, un large sourire venant s'afficher sur mes lèvres. Si dans quelques heures aucun de nous ne tient plus debout sans vaciller, alors ça veut dire que nous avons passé une bonne soirée.

Elle est prête à me venger mon amie de toujours et ça me fait rire. Je sais qu’au fond il y a une part de vérité, qu’elle serait prête à traverser la ville pour défendre mon honneur et aller en mettre une à Bailey.  Mais elle a raison, il nous faut un plan ! Ou en l’occurrence il nous faut surtout boire car Bailey avait probablement toutes les raisons de m’en mettre une. Un rire jaune secoue mes épaules lorsqu’elle parle de Jill, me demande comment c’était. Si seulement elle savait. C’était un miracle que Jill et moi avions réussi à garder notre relation un secret de tout le monde. Personne n’était au courant à part Ginny. Bien sûr on nous prenait toujours pour un vieux couple se chamaillant pour un rien. Mais personne ne savait que depuis le moment où on s’était rencontré le jeu avait commencé. Derrière les portes fermées et derrière les fêtes alcoolisées on s’était trouvés un nombre incalculable de fois au fil des années sans que ça ne donne rien de plus.

Ce n’était pas un bon choix, je ne pouvais pas être d’accord avec Louisa tout simplement parce que j’avais l’impression en avouant mes sentiments, en l’embrassant,  d’avoir tout simplement tout détruit.   Je fuis son regard quand on parle de Molly, je n’ai pas envie de parler d’elle non plus. Pas envie de les comparer quand j’ai passé j’aurais trompé l’une un nombre incalculable de fois avec l’autre mais que c’est vers Molly que je serais revenu, Jill n’étant finalement qu’une fantaisie inatteignable. Elle n’avait jamais été quelque chose de sérieux et je n’avais pas non plus était spécialement jaloux de la voir avec d’autres gens, du moins quand ça concernant des gens qui n’avaient pas compté.

« Ouais…C’est pas la première fois que ça arrive. » J’avoue soudainement. Il n’y a plus rien à cacher, ça n’arrivera plus. « Ca a commencé quand elle était au lycée. » J’avoue en fuyant son regard. Je me souviens encore de Jill s’incrustant dans les fêtes de fac de son frère, me cherchant pour le provoquer lui. J’étais un défi de plus sur sa liste. Elle était un interdit pour moi.  

Elle me parle de Bailey et je roule des yeux. « C’est vraiment un connard, je comprends pas ce qu’elle lui trouve. » Ou plutôt je comprends pas pourquoi elle l’avait choisi lui et pas moi. « Depuis quand il se permet de décider pour elle ? »

On se dirige directement vers le stand de boissons. Au moins Louisa me connait bien, sait ce dont j’ai besoin ce soir.  Je ris au programme qu’elle m’annonce. « CA ME VA ! » Je pointe quand même ses chevilles. « Par contre t’es sûre que tes chevilles vont passer dans les manèges je dis ça je dis rien, il va falloir beaucoup d’amour  pour que je t’offre DEUX pommes d’amour ! » Je me marre de plus belle, lui donnant un coup d’épaule, heureux au moins qu’elle me change les idées.
@Louisa Fleming

Je remarque bien qu'évoquer Molly n'était pas la chose la plus intelligente à faire, ni même parler de Jill. Je ne sais pas trop ce qui s'est passé entre eux, mais vu le regard fuyant de mon ami je me doute que leur passé n'était pas forcément très joyeux. J'apprends d'ailleurs assez rapidement que son histoire avec Jill remonte au lycée et que ce n'était pas la première fois que ça arrivé. J'arque un sourcil, brûlant d'envie d'en savoir d'avantage, mais je décide que non, ce ne sera pas pour aujourd'hui. Ce soir, on oublie Molly, on oublie Jill et même Bailey et on s'occupe de nous. Ce soir ne nous concerne que nous, Peter et moi !

Alors, a part un sourire compatissant et entendu ainsi qu'une petite tape sur l'épaule, il n'entendra rien d'autre de ma part. Et lorsqu'il reprend avec Bailey, disant qu'il ne comprend absolument pas ce qu'elle lui trouve, j'hausse simplement les épaules  « Je comprends pas non plus. Mais ce n'est pas à nous de juger» malheureusement Je lui adresse un petit sourire avant de décider que notre chemin commencera par le stand de boisson.

Et là, je change d'humeur et de registre du tout au tout. C'est un large sourire qui s'affiche sur mon visage alors que je lui explique le plan de cette soirée. Plan qui est rapidement accepté par Peter qui ne peut s'empêcher quelques piques à mon égard, me faisant rouler des yeux  « Tu vas voir que j'ai de l'amour à revendre !» m'exclamais-je en lui redonnant sa tape contre l'épaule.

Lorsqu'arrive notre tour, je commande deux bières et tend le gobelet à mon ami  «Boooooon …. » dis-je en m'avançant dans l'allée  « On fait quoi en premier après avoir fini notre bière ? » je regarde autour de moi  «J'ai bien envie de faire le grand huit là-bas, et pis faut qu'on passe dans la maison hanté et le tunnel de l'amûûûûûre » dis-je en regardant mon ami avec le regard emplie d'amour avant de rigoler de bon cœur  « Vas-y choisi. Tu veux commencer tranquillement ? Ou on attaque tout de suite avec le grand jeu ?» demandais-je en sirotant joyeusement ma bière, bien reconnaissante envers Peter de m'accorder cette soirée et me permettre d'ainsi me changer les idées.

Non ce n’est pas à nous de juger la relation de Bailey et Jill. Pas à nous de s’aventurer sur ces choses-là quand elle a fait son choix. Elle l’a épousé lui, elle a eu des enfants avec lui. Elle l’aime lui. Je vais devoir finir par l’accepter, peut être que je l’ai sans doute déjà un peu fait. Je n’en sais rien. Je suis heureux que Louisa ne cherche pas à aller plus dans le détail, qu’elle ne pose pas de questions sur ma relation avec la brune parce que je n’ai pas le cœur à en parler. Pas le cœur de me remémorer ce qui s’est passé, la faiblesse que j’avais montré en lui parlant de mes sentiments.

Heureusement Louisa semble le comprendre, m’entraînant vers le stand de boisson.  On fait la queue et je la provoque un peu plus, sa tape contre mon épaule me faisant rire.  On boit nos bières se demandant où est ce qu’on va pas aller dans notre première aventure. Plusieurs options s’offrent à nous. Le grand huit, la maison hantée, le tunnel de l’amour qui me fait rouler des yeux avec un sourire. Je réfléchis en buvant une longue gorgée de bière. Je me dis que juste après la bière le grand huit n’est peut être pas idéal. « Si on commence par le grand huit j’vais te vomir dessus. » Je menace puis, riant doucement « Je suis un peu fragile tu sais ! » Je bois un peu plus dans l’’espoir que ça apaise le reste. « La maison hantée !!! Comme ça j’aurais tellement peur que je m’accrocherai à toi durant le tunnel de l’ammûûûûûre et on sera sacré meilleur couple de tous les temps ! » Je raconte bien trop de conneries à la seconde, utilisant le même ton qu’elle. Une fois qu’on a terminé nos bières on se décide à prendre la direction du manoir hanté. On fait la queue, s’installant dans le wagon et je la regarde narquois. « Je t’ai dit que j’avais peur des clowns ? Tu nous défends si on nous attaque ? T’es formée pour ça non ? » Je ne comprends tellement rien au métier de militaire moi qui suis un artiste jusqu’au bout des ongles.  

Voilà, c'est dit : aucun n'a le droit de juger le choix de notre amie. Même si cela nous déplaît, Elle est la seule qui sait ce qui est bon pour elle. Nous n'avons beau ne pas être sur la même longueur d'onde ni même d'accord avec son choix, la décision finale lui appartient. Et autant Peter que moi somme des adultes qui savons nous retenir, notre amitié avec la jolie brune étant bien trop précieuse. Si bien que l'envie de la gâcher de nous effleurerait même pas l'esprit.


Ce sujet étant clos, nous allons pouvoir faire ce pour quoi nous sommes venu ici à la base : passé du bon temps ensemble sans penser à Jill ou Bailey ou Molly. Alors, armés de bières, nous nous avançons et réfléchissons à ce que nous pouvons faire en premier. C'est une moue exagérément attendrie qui étire mes traits lorsque Peter me dit qu'il est un faible dont l'estomac ne suportera sans doute pas d'être malmené par un grand huit tout de suite.  «Aaaw ...mon pauvre petit chou ... » soufflais-je en allant lui pincer la joue avant de pouffer de rire  « Allons-y pour la maison hanté» d'un pas décidé de m'avance vers l'endroit choisi alors que Peter me révèle avoir peur des clown et demandant ma protection car 'je suis formé pour ça'.  « Oui, effectivement. On nous apprends à tuer tous les clowns du monde » hochais-je la tête avec sérieux  «par contre, si c'est un clown volant, je peux facilement le tuer, mais les clown a pieds c'est une autre histoire ...» je me passe une main dans les cheveux  «Mais je te protégerais avec mon corps, camarade ! » reprenais-je avec un salut militaire avant de lever les yeux au ciel et secouer la tête  « bon, on fait un pacte ? Je te protèges des clown et toi des zombie, ok ?» Je l'observe en vidant mon gobelet d'une traite avant de m'approcher du guichet pour payer deux places.

 «Allez dépêche toiiii ! » pressais-je mon ami en me retournant à l'entrée  « J'entends déjà les grognements de zombie, j'ai peur !!» je fait mine de trembler de tout mon corps avant de trébucher en arrière  « AAAAH PETER ! Il m'a euuuuu ! AAH AU SECOUUUUR !» hurlais-je alors que je m'engouffre dans le tunnel le plus obscure des tunnels.

Elle me pince la joue, me traite de petit chou et je lui tire la langue, bien content cependant d’avoir échappé au grand huit pour le moment.  Nous nous dirigeons vers la maison hantée et je lui fais part de la nécessité de me protéger des clowns. Je me marre de plus belle quand elle prend ce ton sérieux complètement fictif. « Je suis heureux de savoir que notre armée est si bien entraînée. Ca me réveille la nuit de me dire qu’on pourrait demain se faire envahir par des clowns enragés. » J’hoche la tête d’un air le plus sérieux du monde.  Louisa me propose un pacte, de ceux que ne font que les plus proches amis. Je la protègerai des zombies et elle me protègera des clowns. Je lui tends la main, prêt à conclure ce pacte éternel. « Deal. »   On termine nos gobelets d’une traite et au moins je sais que Louisa me suivra toujours dans cette aventure.

On arrive à l’entrée et je le sens, je vais vite regretter d’avoir choisi le manoir hanté, elle me dit de me presser et soudain on dirait qu’elle est terrifiée et je ris parce que je sais que c’est faux jusqu’à ce qu’elle se mette à crier. « MAIS ME DIT PAS CAAAAAAAAAAA !! » Et ça y est j’ai peur aussi et un type habillé en loup garou se met à nous courser. « LOUISA IL VA NOUS BOUFFER ! » Je ris presque autant que je cris, accroché à son bras, refusant qu’elle me laisse seul. On a l’air de deux gamins idiots. La musique du lieu est angoissante, nous sommes surpris à chaque coin du manoir par des figures destinées à nous surprendre ou par de réelles personnes déguisées comme dans mes pires cauchemars.

Lorsqu’on sort enfin du lieu je suis essoufflé et j’ai mal aux côtes d’avoir autant ri et autant eu peur. « Rohlala t’aurais vu ta tête quand on est tombé sur le dernier type là à la sortie, tu t’y attendais tellement pas ! » Je ne devrais pas rire quand j’ai été terrifié tout du long. Mais ça nous occupe l’esprit. On se calme un peu à l’extérieur et je m’allume une clope lui en proposant en tendant mon paquet. « J’ai cru faire une crise cardiaque trois fois ! On va devoir prendre de la barbe à papa pour se requinquer là ! »  Mon sourire est malicieux et alors qu’on avance dans les allées je ne peux m’empêcher de lui demander. « Ca va toi sinon  ? » Ma voix se fait plus douce alors que je la regarde un peu en coin.

 « Ah si tu savais tout ce dont nous sommes capable» dis-je avec humour. J'ai beau avoir un profond respect pour l'armée, je dois avouer que j'adore sérieusement me moquer. Je suis la première à tourné en ridicules les soldats et les missions, sans doute que l'auto dérision est une des choses qui nous aident à tenir, justement, dans ce milieu rude et dangereux.  « On est formée pour combatte les clown, les vampires et les loups garou. Ça, c'est la base» expliquais-je avec sérieux  « Et puis tu peux prendre l'option Zombie et Wendigo aussi, mais ils sont plus rare eux» je pince les lèvres pour me retenir de rire  «J'ai tenté les zombies mais c'est trop horrible, ça fait vraiment flippé et surtout c'est bien trop technique pour moi » j'hausse les épaules avant d'éclater de rire, finir ma bière d'une traîte et payer notre entrée pour le manoir hanté.

Je presse mon ami de me rejoindre en jouant un peu la comédie et ensemble nous nous engageons dans les dédales noirs et lugubres, sursautant bien trop souvent et s'accrochant un peu trop fort au bras de l'autre. Au final, malgré tout, c'est avec des rires et de larges sourires que nous sortons à nouveau à l'air libre. Tandis que nous mettons le manoir derrière nous, Peter juge bon de se moquer de moi et je roule des yeux  «Ouais enfin si tu avais vu Pennywise comme je l'ai vu moi, tu serais déjà l'autre bout du parc à l'heure actuelle » que je m'autorise à surenchérir. Il se fou de ma gueule, je me fou de la sienne, c'est du donnant donnant, tout simplement !

 «Ouaip, la barbe à papa est obligatoire là ! » lui donnais-je raison alors que je cherche déjà un stand du regard. C'est à ce moment, alors que nous suivant l'odeur sucrée, que mon ami décide, avec plus de douceur, de me demander si ça va. Instantanément, mon sourire disparaît et je le fusille du regard.  «T'étais obligé de me poser la question ? » demandais-je, froidement, avanat de soupirer  « Enfin, ça va aussi bien que quelqu'un qui s'est choppé une mise à pied parce qu'elle a déboîté la mâchoire d'un collègue.» je lance un coup d'oeil vers Peter et arque un sourcil  «Me regarde pas comme ça ! » lançais-je, outré  «Au moins il fermera sa gueule et arrêtera ses remarques racistes et machistes » je pince les lèvres puis lance un coup d'oeil vers le stand de boissons  « On se reprend aussi une bière ?» histoire de tenter d'amorcer un changement de sujet.

Louisa m’explique en long en large et en travers les formations de l’armée dans le surnaturel et mon sourire s’agrandit un peu plus face à son ton tellement sérieux à mesure qu’elle me parle de Zombie et de Wendigo et que je suis incapable de garder mon sérieux . « C’est que tu me ferais presque regretter de ne pas avoir faire l’armée ! Fallait me le dire qu’en fait vous étiez plus des chasseurs de créatures surnaturelles qu’autre chose, j’ai loupé le mémo ! » On éclate de rire, buvant, entrant dans le manoir hanté.

Le manoir hanté est particulièrement bien fait et on alterne entre fous rires et peur bien réelle, sursautant à plusieurs reprises, l’adrénaline un peu trop présente. Elle surenchérit à mes provocations et je me dis que j’ai bien fait de pas voir Pennywise apparemment. « Je regarde pas de films d’horreur j’ai peur de faire un syncope ! » Je pouffe de rire, trouillard.

On fait la queue pour la barbe à papa et je me décide finalement à lui demander comment elle va, conscient malgré tout que c’est peut-être un sujet sensible. Tout simplement parce que la réponse sera non. Son sourire disparaît, son regard devient incendiaire et mon sourire disparait en même temps. Évidemment qu’elle n’a pas envie d’en parler. Louisa m’annonce qu’elle a déboité la mâchoire d’un collègue et a réussi à obtenir une mise à pied ce qui n’a rien d’un succès. Je siffle face à ces nouvelles, à son regard outré et à la violence de ses mots comme à celle que je vois dans son regard. Elle est en colère et triste et là où je me tourne vers la fausse joie, l’indifférence, elle se tourne vers la colère dans ces moments. Je me force à sourire. « Dit toi qu’au moins c’est toi qui casse la gueule des gens, tu te fais pas casser la gueule. » Je suis le premier à vouloir dédramatiser la situation. « Pour qui tu me prends, je suis bien trop sobre là déjà ! » Je suis tout sauf sobre ayant commencé à boire dès le matin, mais ça elle ne le sait pas. A vrai dire j’ai l’impression qu’on est tous les deux deux êtres en morceaux ce soir, qui essayent de prétendre que tout va bien. « T’as bien fait de lui casser la gueule va ! » J’hausse les épaules, commandant des bières et des barbes à papa.

Je laisse échapper un rire lorsque mon ami me fait part de ses regrets de ne pas avoir fait l'armée, tant ça a l'air intéressant de chasser les créatures surnaturelles  «Tu ne tiendra pas 24h dans la peau d'un soldat » hochais-je la tête  «Je parle pas de courage ou quoique ce soit mais de flemme. Nos journées commencent régulièrement à 5h du matin, t'arrivera pas à sortir du lit et tu te feras viré comme un con » j'hausse les épaules avec innocence avant de le rejoindre  dans la maison hanté.

Nous avons rapidement fait le tour tant nous nous sommes dépêcher pour en sortir le plus vite possible. Une fois à l'extérieur nous nous chambrant joyeusement et j'éclate de rire lorsqu'il me dit qu'il ne regarde jamais de film d'horreur de peur de faire une syncope.  «T'inquiète, la prochaine fois on en regarde un ensemble et je te tiendrais la main, ok ? » je lui adresse un clin d’œil ainsi qu'un sourire espiègle avant de l'entraîner vers le stand de barbe à papa.

Là, notre discussion si joyeuse et légère, se transforme bien trop rapidement et brusquement et devient bien trop pesante. Je soupire à sa question et lui fais part de mon mécontentement mais décide de tout de même lui avouer ce qui me tracasse : ma mise à pied. Lui expliquant les raisons qui ont poussé Manchester à prendre cette discussion, j'observe les réactions de mon ami et c'est avec soulagement que je le vois n’émettre aucun jugement. Au contraire ! Il me rassure en plus en disant que j'ai bien fait de lui casser la gueule, à ce collègue, me confortant dans ce que j'ai fait !  « Merci» hochais-je la tête, reconnaissante  «D'être de mon côté » j'attrape la bière ainsi que la barbe à papa qu'il me tend  « Je t'avais dit que mon chef d’escadrille n'a pas voulut me donner quelques semaines de permission pour que j'aille à l'enterrement de mon père, pas vrai ?» reprenais-je en m'avançant à travers les stands, après avoir pris une longue gorgé de ma bière bien fraîche  « Sérieusement, j'ai juste envie de profiter de cette mise à pied pour me casser au Canada auprès de ma famille ...» je pince les lèvres en une grimace résignée  « Mais connaissant Manchi, il sera du genre à me demander, du jour au lendemain, de revenir et attention si je ne m'exécute pas tout de suite hein. » je roule des yeux et arrache un bout de barbe de papa dans lequel je mord  «je risque encore de perdre mon droit de pilotage et ça j'en ai aucune envie » car que me reste-t-il si on m'enlève ce que j'aime le plus au monde ?

Louisa m’annonce que je ne tiendrais pas vingt-quatre heures dans la peau d’un soldat et je prends un air choqué, bien plus dramatique qu’autre chose, pourtant elle n’a absolument pas tort. Je préfère de loin faire de grasses matinées et cinq heures est généralement plus l’heure à laquelle je me couche qu’autre chose. J’ai toujours préféré travailler la nuit également, n’étant absolument pas du matin. Bien qu’en ce moment, mes nuits ne sont plus remplies de dessin mais bien de verres de vodka, mais ça c’est une autre histoire. Je ris en m’imaginant dans l’armée. « Cinq heures ???! Mais tu veux m’achever, rien que de l’imaginer je suis fatigué ! » Je pouffe de rire, on sait tous les deux que je n’aurais dans tous les cas jamais eu la carrure, l’envie, ou la capacité à supporter des ordres pour ce métier.

Lorsque ‘on sort du manoir hanté j’ai réussi à ne pas faire de syncope et elle me promet que la prochaine fois qu’on regardera un film d’horreur ensemble, elle me tiendra la main. Je ricane, lui donnant un coup d’épaule. « A tes risques et périls, je vais te broyer la main. »

Je regrette immédiatement de lui avoir demandé si elle allait bien, parce qu’elle se braque, son regard devenant furieux, m’expliquant qu’elle a été mise à pieds pour avoir envoyé son poing dans la figure de quelqu’un dont les remarques étaient déplacées. Elle n’est pas dans son état normal je le vois, mais je ne sais pas vraiment quoi dire pour l’aider à part montrer que je suis de son côté. Louisa m’explique pour son père et je l’écoute en buvant ma bière, grimaçant. « C’est vraiment un con ton Manchster ! A quel moment t’as pas le droit d’aller au Canada pour quelques jours putain ! Tu devrais te barrer ! » Je suis presque furieux pour elle. « Mais je comprends pour le pilotage…. » Je mange un peu de barbe à papa. « Ils mériteraient tous d’être envoyés bouler ! C’est vraiment un mois de merde de toute façon ! » Cette fois je parle autant pour elle que pour moi. « Mais bon heureusement il y a la fête foraine… » et l’alcool. « Tu veux faire quoi comme manège suivant ? »

Je laisse échapper un rire amusé tout en haussant les épaules d’un air entendu alors que mon ami soupire lourdement en me demandant si je veux l’achever tout de suite en lui parlant de réveil à 5h du matin  « Parfois t’es de garde aussi et tu dors pas de la nuit» expliquais-je avec le plus grand des sérieux. Ça arrive parfois, mais assez rarement malgré tout. Et ce que je ne dis pas c’est que lorsque ça arrive on a au moins l’après midi pour se reposer pleinement.

Vient ensuite notre tour dans le manoir hanté qui nous tient tous les deux en haleines, une promesse que je tiendrais la main à Peter lorsque nous regarderons un films d’horreur ainsi que des menaces de me broyer les phalanges si nous le faisons. Je secoue la tête et roule des yeux, curieuse malgré tout de savoir combien de force il possède. Sans doute que je le sous estime un peu trop.  «Comme ça t’as l’air d’un adorable et insignifiant petit hérisson, tu le sais ça ? » demandais-je sur un ton mielleux avant de sourire, amusée  «Mais faudrait qu’on se fasse un bras de fer un de ses jours, pour voir lequel de nous gagne » concluais-je sur un ton de défis et un hochement de tête.

D’un commun accord, nous allons au stand des boissons et des barbes à papa. C’est là que Peter décide de gâcher la légèreté et la bonne humeur environnante en me demandant comment je vais. Et par là il souhaite RÉELLEMENT savoir comment je vais. Il ne s’attend clairement pas à ce que je lui mente et je me vois, de toute manière, mal à lui cacher la vérité. Alors, dans un soupire, je lui explique ce qui se passe et je suis sincèrement touchée par le fait qu’il soit totalement de mon côté. C’est toutefois un sourire triste et une grimace qui s’invitent sur mon visage lorsqu’il me dit que je devrais vraiment me casser d’ici.

 « Tu viendrais avec ?» demandais-je soudainement  « Au canada je veux dire» reprenais-je face au regard incrédule du jeune homme  «Si je décidais de partir genre demain ou après demain, est-ce que tu m’accompagnerait pour une semaine ou deux ? » et tout dans mon regard et même mon ton prouve la sincérité de mes propos  « J’ai pas envie d’être seule» avouais-je finalement à demi mots dans un soupire  « y a que Danika, ma sœur, qui peut vraiment comprendre tout ça, les autres ils ...tentent de se mettre à ma place mais c’est impossible et ça me fait mais genre tellement chier» je soupire par le nez et prend une longue gorgé de ma bière  «Enfin .. » je regarde autour de moi et hausse les épaules à la question de Peter qui demande par quel manège on devrait continuer  « Le marteau là-bas ? Le grand truc qui tourne tout vite ?» proposais-je au hasard alors que le coeur n’y est plus tout à coup.

Louisa m’explique la vie des militaires, notamment le fait que parfois ils sont de garde et ne dorment pas de la nuit. Je secoue la tête, cette vie n’est définitivement pas fête pour moi. Je dépérirais à vue d’œil. Mais surtout je détestais l’autorité, préférant mon indépendance. « Je comprends vraiment pas ce que t’aimes dans ce métier. » C’est une affirmation mais aussi une question, car je suis réellement curieux.

On sort du manoir hanté un peu plus effrayé qu’avant, à se raconter tout et n’importe quoi sur les entraînements militaires pour combattre zombies et autres créatures. Apparemment j’ai l’air d’un adorable petit hérisson et je lui tire la langue. « Le hérisson t’emmerde ! » Quant au concoure de bras de fer qu’elle me propose, je préfère de pas m’y risquer. « Pour que tu me casses le bras ? Non merci je tiens à ma vie et à mes os ! » Je ris doucement

Alors qu’on fait la queue au stand de boisson et de barbe à papa je finis par lui demander comment elle va, après tout Louisa, elle, a de réelles raisons de ne pas aller bien avec la mort de son père pendant les fêtes de Noel. Elle me demande soudainement si je viendrais avec elle si elle se décidait à y aller. J’aimerais pouvoir lui dire que je partirai avec elle. J’aimerais faire ce genre de promesses et être ce genre d’amis. « J’aimerais beaucoup Louisa mais… » Parce que je ne peux pas l’accompagner pas ce mois-ci. « Ma sœur se fait opérer d’ici quelques semaines, d’une opération du cœur. Il faut que je sois là. » J’avais également mes projets professionnels et bien trop de choses pour pouvoir tout plaquer en réalité. « Mais tu devrais y aller, tu ne seras pas toute seule non ? Tu as de la famille là-bas ? » je demande parce que j’aimerais malgré tout qu’on y aille. Je lui demande quel manège elle veut faire, elle me montre le marteau au loin. « Allez fait pas cette tête ! On va se changer les idées ! Tu vas voir un peu d’alcool et ça ira mieux ! »