Je me regarde dans le miroir, mon nez encore violacé affichant toujours les traces des coups de Bailey. Un léger rire secoue mes épaules alors que je bois une gorgée de ma bière, tirant ensuite sur ma cigarette. Je regarde ce visage que je déteste chaque jour un peu plus quand je suis sobre. Par sobre aujourd’hui je veux simplement dire quand j’efface plus tout ce que je suis à renfort de vodka. Par sobre je veux simplement dire que j’ai bu quelques bières légères dans la journée, mon corps ne supportant plus de passer une journée sans alcool sans que le manque ne se fasse sentir.  Je suis donc sobre pour mes standards, c’est à tout à fait conscient des pensées qui me taraudent, de l’angoisse ancrée dans mon estomac.

Je m’essuie les mains,  allant m’installer à la fenêtre de ma chambre pour terminer cette clope tout en dessinant des croquis dans mon carnet.  C’est là que je reçois un SMS sur mon téléphone, qui me fait poser ma clope dans mon cendrier pour attraper l’objet posé à côté de moi. Une flopée de SMS qui ont de moins en moins de sens plus ils s’affichent sur mon écran. Ils viennent tous de Molly. Molly qui a clairement trop bu. Ca m’aurait fait sourire si ça avait été n’importe qui d’autre. Parce que tout le monde buvait un peu et pouvait envoyer une tornade de SMS qui n’avaient pas de sens. Seulement, Molly n’a jamais eu l’habitude de boire et surtout elle ne tient absolument pas l’alcool.  Tout ce que j’arrive à comprendre c’est qu’elle souhaite que je vienne la chercher et immédiatement je suis inquiet. J’imagine le pire, moi qui est habitué à bien trop boire et à faire les pires conneries. Je laisse tout en plan, lui demandant où elle se trouve, prenant ma voiture pour aller à l’adresse qu’elle a fini par m’indiquer.  Lorsque je la trouve devant le bar je la regarde de haut en bas pour m’assurer qu’elle semble aller bien. « Molly ? Ca va ? Il s’est passé quelque chose ? » L’inquiétude est présente dans ma voix alors que je cherche son visage à la recherche d’explications.

@Molly Ivywreath  

Je divorce. Allie est partie. Je n’ai pas pris de nouvelles de Jack depuis des semaines. Je vis chez un ami et je fais croire qu’on est ensemble pour que personne ne veuille m’approcher de trop près. Plus les jours avancent plus je me rends compte que je m’enfonce, et, pendant quelques minutes, je suis pessimiste, et déprimée. Je ne sais pas me sortir de ce genre de situation autrement qu’en travaillant ou en lisant. Et c’est ce que je tente de faire depuis des semaines déjà. Ca ne marche pas, et ce soir, j’ai terriblement envie de m’amuser. J’hésite à envoyer un message à Pete pour qu’il m’aide, mais je sens que ce serait une mauvaise idée. Alors je me souviens de ce que faisait Allie dans ces moments là. Elle sortait, elle buvait un peu trop pour oublier, et ce n’est pas la seule à faire ce genre de chose. J’enfile donc une robe légère, je me maquille et me coiffe puis me prépare à aller à pied dans un bar. Je sors seule parce que j’en ai l’habitude, et que ça ne m’a jamais vraiment dérangé par le passé.

Il suffira d’une danse et de 3 mojitos et 1 sex on the beach pour que je finisse par envoyer des dizaines de messages qui n’ont aucun sens à Pete. Et je n’ai plus envie d’être seule ce soir. Ma tête tourne, mon sourire revient facilement et je me remets à danser quand il me dit qu’il vient me chercher. C’est une connerie, une grosse connerie. Parce que je suis incapable de réagir de la bonne manière dans cet état. Je n’ai plus envie de mettre de la distance entre lui et moi, j’ai juste envie de rire et de m’amuser tant que mon cerveau est embrumé par l’alcool. Je sais que je vais le regretter, et pourtant, je commande un nouveau verre.

Je sors du bar quelques secondes pour prendre l’air. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis ici, et je ne peux pas ignorer les battements de mon coeur qui s’accélèrent quand je le vois arriver au loin. « Molly ? Ca va ? Il s’est passé quelque chose ? » Je pouffe de rire sans aucune raison et je hoche la tête. Tout va très bien non ? Comme toujours. Je lui montre mon annulaire gauche et mon collier d’où j’ai enlevé l’alliance. “Fallait bien que je fête mon divorce !” Je hausse les épaules et attrape sa main pour le tirer avec moi. “Tu viens avec moi ?” Il est bien trop grand et trop lourd pour que je n’arrive à l’entraîner à ma suite s’il a décidé de ne pas bouger. “Pardon pour les textos.” Parce que même dans cet état je ne perds pas les bonnes habitudes et je continue de m’excuser.

Je gare ma voiture à l’adresse qu’elle m’a indiqué, arrivant devant un bar. C’est  là que je le vois sortant hors du bar. Elle a mis une robe légère qui lui va parfaitement bien elle est joliment maquillée et je le vois immédiatement au sourire qu’elle m’adresse, elle a bien trop bu depuis le début de la soirée.  Je m’approche, inquiet malgré tout. Elle a l’air d’aller bien, mais pourtant j’ai un peu peur pour elle, ce n’est pas dans ses habitudes de boire autant. A vrai dire je ne m’attendais pas à recevoir des messages d’elle tout court.

Elle est bourrée Molly et je ne crois que je ne l’aie jamais vu comme ça. Elle rit et me montre son annuaire gauche puis son collier. Plus d’alliance. Un doigt allégé d’une bague qui n’avait plus de sens. « Fallait bien que je fête mon divorce ! » J’hausse les sourcils mais pourtant un léger sourire étire mes lèvres. " Plus de Ivywreath ? » J’ai jamais aimé ce nom. Elle restera à jamais Molly Oakheart à mes yeux. Elle m’attrape la main et me tire vers elle, je fais un pas en avant. « Tu viens avec moi ? » Je la regarde sans comprendre.  J’observe le bar bondé. Elle veut y retourner. Je pourrais accepter. J’ai envie d’accepter. Je n’ai qu’une envie à vrai dire, commander un verre d’alcool et l’entraîner sur la piste de danse et oublier tout le reste. Pourtant je refuse de bouger, une de mes mains tourne son visage vers moi. « Aller où Molly ? T’es toute seule ? T’es venue toute seule ici ? » Est-ce qu’elle fait la fête toute seule ? Je fronce les sourcils. Ce n’est pas dans ses habitudes de boire pas autant, pas comme ça et je sais qu’au fond elle ne va pas bien. « Pardon pour les textos. » Je secoue la tête cette fois en souriant. « Arrête de t’excuser. Je t’en ai envoyé combien des textos en étant bourré ? » Je ne saurais même pas les compter. Je n’essaye même pas.  C’est la première fois qu’on se voit depuis Noel et je réalise qu’elle m’a manqué.

Il est là et il est beau. Je ne me lasse pas de le regarder, et j’ai l’impression qu’il s’inquiète pour moi. On a inversé les rôles ce soir, et c’est certainement moi qui vais faire toutes les conneries. J’en ai des tonnes à rattraper, et je ne sais pas si le nous qu’on essaie de construire va survivre à cette soirée qui ne fait que commencer. " Plus de Ivywreath ? » Je secoue la tête, je ne sais pas encore vraiment ce que je ressens par rapport à tout ça. De la tristesse, de la colère, de la liberté ? Tout est bien trop flou dans mon esprit, et ça, même lorsque je suis sobre. “C’est Molly Oakheart…” je fronce les sourcils. “Ou Epstein ? Je ne sais même pas quel nom je suis censée avoir maintenant.” Et je pouffe de rire, un rire nerveux qui veut bien dire que plus rien ne va et que tout s’écroule autour de moi.

« Allez où Molly ? T’es toute seule ? T’es venue toute seule ici ? » Je cherche à l’entraîner avec moi à l’intérieur du bar. “J’ai hésité à t’envoyer un message avant de sortir pour te demander de m’accompagner mais après je me suis dit que c’était une mauvaise idée.” Je pense à voix haute, et je ne suis pas prête de m’arrêter de parler avant de longues, très longues heures. Je penche la tête sur sa main quand il la pose sur ma joue pour que je le regarde. “Mais là j’ai l’impression que c’est la meilleure idée que j’ai eu depuis un long moment.” Et je ris encore et encore, presque sans m’arrêter. “Tu veux pas qu’on aille prendre un verre ?” Je fais la moue en tentant de le tirer encore une fois en vain. Il a décidé de ne pas bouger et je tente de l’amadouer comme je le peux. Mais je crois bien qu’il va me ramener chez moi sans que je n’ai le temps de réellement profiter de quoi que ce soit.

Je m’excuse, je fais toujours pareil. « Arrête de t’excuser. Je t’en ai envoyé combien des textos en étant bourré ? » Je hausse les épaules en souriant. “Beaucoup de fois.” Je suis complètement honnête. Je ne compte plus le nombre de déclarations qu’il a pu faire quand il était tout sauf sobre. “On va où ?” J’ai bien compris qu’il ne voulait pas qu’on s’approche du bar. “J’ai pas envie de rester toute seule.” J’ai enlacé mes doigts aux siens et je me suis rapprochée de lui pour poser mon front sur son torse. Effectivement, c’était une très mauvaise idée de l’appeler lui.

“C’est Molly Oakheart…Ou Epstein ? Je ne sais même pas quel nom je suis censée avoir maintenant.” Son rire est nerveux et je vois qu’elle est perdue, emportée dans un brouillard d’alcool et je me reconnais dans ce rire et dans ces sourires, ceux qui sonnent faux. Ce soir nos rôles sont inversés et c’est étrange. Elle me tire vers elle et je lutte car elle est belle et son visage est déjà trop proche du mien et elle me regarde comme elle me regardait avant, comme si j’étais le centre de son monde.


“J’ai hésité à t’envoyer un message avant de sortir pour te demander de m’accompagner mais après je me suis dit que c’était une mauvaise idée.” Elle a raison. Évidemment que c’est une mauvaise idée. Parce que je suis faible et que j’aurais peut-être dit oui, parce que je voulais retrouver le goût de ses lèvres et me sentir un peu moins seul. Sa tête s’appuie dans ma main. “Mais là j’ai l’impression que c’est la meilleure idée que j’ai eu depuis un long moment. Tu veux pas qu’on aille prendre un verre ? ” Je me bats avec moi-même pour ne pas craquer, pour ne pas succomber à l’appel de l’alcool et d’une danse avec elle. Je refuse de bouger, les pieds plantés dans le sol, secouant la tête de droite à gauche. « Non tu as raison, c’est pas une bonne idée… » Je souffle doucement. « Je vais te ramener chez toi. »

Elle s’excuse encore une fois et je souris pour lui rappeler que je lui ai envoyé beaucoup de SMS sous l’effet de l’alcool pendant des années. « Beaucoup de fois. » J’hoche la tête, mon regard restant ancré sur elle, repoussant l’idée de craquer et de passer la soirée ici avec elle. « On va où ? J’ai pas envie de rester tout seule. » Ses doigts s’enlacent aux miens, sa tête se pose sur mon torse et instinctivement je l’entoure de mes bras. « Je vais pas te laisser toute seule. » Je lui promets doucement, mais j’hésite. « Il y a une chambre d’amis dans la villa, tu peux dormir là cette nuit et je te ramènerais demain matin. Tu seras pas toute seule comme ça ? » Je lui propose doucement, frottant son dos de ma main libre.

C’est une mauvaise idée, une putain de mauvaise idée. Mais mon cerveau est embrumé, et j’ai retrouvé le sourire seulement depuis qu’il se tient à mes côtés. Je ne peux pas m’empêcher de l’observer, et de plonger mon regard dans ce regard qui m’a tant de fois fait craquer. Je tangue, et je n’arrête pas de sourire. C’est une mauvaise idée mais je reste accrochée à lui, j’attrape sa main sans avoir comme projet de la lâcher avant des heures. Il ne veut pas bouger, ses pieds restent ancrés au sol et je suis incapable de le faire avancer. Je fronce le nez, je fais la moue mais il ne craque pas et ça m’étonne. J’aimerais qu’il craque cette fois, parce que j’ai besoin de m’amuser et qu’il est le seul à pouvoir m’aider sans me juger ni juger mon taux d’alcoolémie. « Non tu as raison, c’est pas une bonne idée… » “Mhmh…” Je parle à peine mais je continue de le regarder. « Je vais te ramener chez toi. » Je grogne, je n’ai pas envie qu’il me laisse ce soir, je ne veux pas passer du temps avec quelqu’un d’autre que lui.

Je souffle et je pose mon front contre son torse et je profite de cette proximité. Il passe sa main autour de moi et caresse mon dos, j’aimerais rester là pendant des heures. « Je vais pas te laisser toute seule. » Et je suis soulagée. Mon menton prend la place de mon front et je le regarde dans les yeux, “Merciiii…” Je suis un peu trop enjouée pour que ma réaction ne soit pas suspecte. Je ne sais pas vraiment ce que je fais, et pourtant, je fonce tête baissée. « Il y a une chambre d’amis dans la villa, tu peux dormir là cette nuit et je te ramènerais demain matin. Tu seras pas toute seule comme ça ? » Je réfléchis, mais je me perds à nouveau dans ses yeux. Pendant de longues minutes c’est comme si tout était comme avant, et cette fois, je n’ai pas envie que ça change. “Ta colocataire est là ?” Je ne suis finalement pas contre une longue soirée sans être seule, même si on est pas tous les deux. “Je veux aller chez toi.” Et ça c’est encore une très mauvaise idée.

Évidemment que c’est une mauvaise idée. Elle a appelé la pire personne pour ce genre de situation. C’est qui accepterait d’aller boire et danser jusqu’au bout de la nuit avec elle, qui provoquerait une énième fois un rapprochement.  Elle a appelé celui qui fait tous les mauvais choix. Pourtant je la regarde ce soir et je suis fatigué de faire tous les mauvais choix avec elle.  Il ne faut pas qu’elle boive plus, elle n’a pas besoin de ça. Si elle a bu c’est qu’elle n’est pas bien, elle a besoin de moi et elle n’a pas besoin que je l’encourage encore plus dans un vice dont j’abuse déjà bien trop.

Alors je la regarde, raisonnable, plus que je ne l’ai sans doute jamais été. Elle m’inquiète et je caresse lentement son dos pour la rassurer, lui assurant que je ne vais pas la laisser seule. « Merciiii…. » Je sens la tension se relâcher de ses épaules, son air est trop enjoué, son enthousiasme factice créé par l’alcool. Je ne sais pas si son colocataire sera là. Je lui propose donc de la ramener chez moi pour pouvoir rester avec elle, après tout il y a des chambres d’amis. Je ne propose pas mon lit évidemment,  je sais qu’il faut qu’on arrive à mettre de la distance entre nous.  « Ta colocataire est là ? » demande-t-elle après avoir réfléchi.  « Non elle travaille ce soir. » dis-je simplement. « Je veux allez chez toi. » C’est une mauvaise idée, mais c’est sans doute la moins pire de toutes quand les alternatives sont rester ici avec elle et me voir craquer et boire jusqu’à oublier tous principes et quand l’autre et l’abandonner seule dans son appartement ou avec son colocataire que j’apprécie peu. « D’accord on y va, viens je suis garé là bas. » Je garde toujours sa main dans la mienne, allant à son rythme. Je lui ouvre la porte la laissant monter et je m’installe à la place du conducteur. Mon regard est toujours inquiet quand je la regarde. « Tu es sûre que ça va Molly ? Je…C’est pas dans tes habitudes de boire comme ça ? » Je démarre la voiture, prenant la direction de Bayside.

Je suis dans ses bras et je me sens rassurée. Il a toujours eu cet effet sur moi quand on était seulement tous les deux. Et je ne sais pas si un jour je trouverai ça avec quelqu'un d'autre. Peut-être que c'est vraiment lui mon âme sœur, mais qu'on est destiné à se louper sans arrêt. Dans une autre vie, tout aurait pu être parfait entre nous. Tout aurait pu l'être s'il avait été prêt à m'aimer autant que je l'aime encore aujourd'hui. C'est difficile de ne pas ressentir tout ça quand je suis sobre, et c'est complétement impossible de ne pas sentir mon cœur qui bat de plus en plus fort quand je suis aussi proche de lui. Je n'ai pas envie qu'il m'abandonne, j'ai juste envie qu'on reste là jusqu'à ce que ma vie arrête de s'effondrer de cette manière. 


« Non elle travaille ce soir. » elle n'est donc pas là, et je ne sais pas si c'est bien ou si ça ne fait qu'empirer le fait que tout ca soit une idée affreuse. Je souris sans même le remarquer. "J'espère que y'a des films cool !" Comme si j'étais capable de rester regarder un film dans mon état. « D’accord on y va, viens je suis garé là bas. » je savais qu'il me dirait oui, parce que j'en ai besoin. Et ça continue de m'étonner qu'il n'ait pas décidé d'entrer dans ce bar avec moi pour continuer la soirée. "C'est loin là-bas." Je boude un peu mais je le suis en essayant de marcher droit. Je me concentre de toutes mes forces pour ne pas me casser la figure avant d'arriver du côté passager de sa voiture.  « Tu es sûre que ça va Molly ? Je…C’est pas dans tes habitudes de boire comme ça ? » bien sûr qu'il s'inquiète et que ce n'est pas mon genre de me mettre dans des états pareils. Je le regarde et je ne sais même pas quoi dire. "J'en sais rien." Bien sûr que si je sais que je ne vais pas bien, et lui aussi le sait. "J'avais juste envie de m'amuser et de passer un bon moment." Et c'est toujours ce que j'ai envie de faire, il n'est pas si tard après tout.

Elle sourit quand je lui dis que Dylane n’est pas là et je ne sais pas si c’est bien.  Je me dis que si elle était là peut être que ça serait plus simple. Peut-être qu’on mettrait plus de distances entre nous. Peut-être que ça serait plus facile de la regarder,  peut-être qu’elle ne serait plus contre moi. Peut-être que je ne sentirais pas son cœur qui bat à cent à l’heure contre mon torse. Je me rends compte que c’est peut-être plus difficile que je ne le pense pour elle de m’oublier, tout comme ça l’est pour moi.  

« J’espère que y’a des films cool ! »  J’hoche la tête sans rien dire avec un petit sourire avant qu’on ne se décide à y aller.  « C’est loin là-bas. » A ca je ris,   m’assurant pourtant qu’elle ne perde pas l’équilibre. « Mais noooon c’est pas loin. »  

On arrive enfin devant ma voiture et je lui ouvre la porte, m’assurant qu’elle est bien entrée avant de la refermer et de m’installer à la place du conducteur lui demandant comment elle se sent. "J'en sais rien. J'avais juste envie de m'amuser et de passer un bon moment." Oh que je comprends. C’est tout ce que je cherche constamment. Effacer le flot de mes pensées, oublier le reste, finalement me sentir bien. Je la regarde un instant, soudain un peu plus conscient du fait que cela fait sans doute des semaines qu’elle ne va pas bien. Je démarre la voiture, la regardant doucement. « Je comprends. » A ça je lui souris un peu tristement, avant de me forcer à prendre un air plus enthousiaste. «  On peut se regarder un film, je peux faire du popcorn, on peut s’amuse il y a pas de soucis. » Mais il faut qu’on s’amuse loin de ce bar où je deviendrais la pire version de moi-même avec elle, celle que je ne veux plus être.  Celle que je ne veux plus qu’elle voit. « On peut faire tout ce dont tu as envie. »

Je marche, je n'oppose aucune résistance à le suivre. Il marche à ma vitesse et on ne se presse pas pour rejoindre sa voiture. « Mais noooon c’est pas loin. »   je marmonne dans ma barbe, et je continue de râler jusqu'à ce que je me retrouve assise à ses côtés. Je le regarde au volant, et il a l'air de s’inquiéter. Il me connaît depuis toujours, et il sait que je ne fais jamais ce genre de choses. Je préfère être triste en regardant un film romantique sur netflix ou en mangeant du chocolat pour un régiment. Mais ce soir c'est différent, parce qu'il y a bien trop de choses qui s’accumulent et que j'ai envie que tout revienne comme avant. C'est pour ca qu'il est là, qu'on est là tous les deux et que je suis incapable d'arrêter de le regarder. 


« Je comprends. » on a échangé les rôles, cette fois c'est moi qui ne vois plus clair et qui lui demande de tester chez lui. Alors je sais très bien qu'il comprend ce que je peux ressentir, c'est bien la seule personne qui en est capable. «  On peut se regarder un film, je peux faire du popcorn, on peut s’amuse il y a pas de soucis. » il change de sujet et c'est mieux pour le moment, je lui parlerai de ce qui ne va pas, plus tard. "Va falloir faire nuit blanche !" Je ne sais pas si je tiendrai aussi longtemps, mais je n'ai pas envie de me raccrocher à la réalité maintenant, j'ai juste envie de profiter sans me soucier des conséquences. « On peut faire tout ce dont tu as envie. » il ne devrait pas dire ça, parce qu'il n'a aucune envie de ce que j'ai envie de faire à cet instant. "Tu devrais pas dire ça" c'est lui qui doit être raisonnable pour deux ce soir. "J'ai faim." Les sujets s'enchaînent et ne se ressemble pas, plus rien n'a de sens dans mon esprit. "Qu'est ce qu'on achète ? Parce que si t'as qu'un paquet de pop corn je te jure que je t'en laisserai pas un seul" 

Elle me regarde comme elle me regardait avant.  Comme si j’étais le centre de son monde. Pourtant le regard fait plus de mal que de bien, me rappelle que ce n’est plus nous. Qu’il n’est créé que par l’illusion de l’alcool et de la solitude.  Elle a eu envie de s’amuser, de penser à autre chose. Sauf qu’en temps normal, Molly n’aurait pas utilisé l’alcool pour toutes ces choses-là.

« Va falloir faire nuit blanche ! » Je ris légèrement, m’allumant une cigarette au volant quand on arrive au feu rouge. « Peut-être pas une nuit blanche tu vas être fatiguée après. » Je dis doucement. J’évite son regard, comme si la regarder aller me faire oublier le peu de principes que j’ai ce soir. Mais pourtant malgré tout, je lui dis qu’on peut faire tout ce dont elle a envie, parce que je veux simplement qu’elle retrouve le sourire. Je souhaite que tout aille mieux et j’aimerais ne plus avoir l’impression d’être en partie responsable de son état ce soir. Peut-être même que j’en suis la cause principale. « Tu devrais pas dire ça. »  Je la regarde sans comprendre, parce que je ne pense pas une seule seconde qu’elle voudrait réellement encore de moi. Pas après tout ce qui est arrivé. Elle est simplement un peu triste. « Pourquoi ? » Je demande peut-être naïvement, les mains sur le volant, la clope entre mes doigts, regardant la route. « J’ai faim. » A ca je souris. "Qu'est ce qu'on achète ? Parce que si t'as qu'un paquet de pop corn je te jure que je t'en laisserai pas un seul" Je réfléchis, j’ai juste envie de la ramener chez moi, qu’elle s’endorme et que je puisse boire, sa proximité n’aidant pas mon envie de la retrouver. Mais je capitule vite cependant, voulant garder le léger sourire qu’elle a sur le visage. «Le frigo est plein, mais tu veux quelque chose en particulier ? Tu veux qu’on commande une pizza ? Ou dix ? » Je roule des yeux, moqueur, la connaissant par cœur.  On est plus très loin de la maison mais il y a encore des fast food ouverts et je peux toujours faire un détour pour aller lui acheter ce qu’elle veut.

« Peut-être pas une nuit blanche tu vas être fatiguée après. »
“Peut-être pas.”

Peut-être que je vais rester toute la nuit éveillée, à le regarder de cette manière. Je ne le quitte pas des yeux depuis qu’on est entrés dans cette voiture. Et je n’écoute plus que mon coeur, mon cerveau a décidé de se taire pour la soirée, il ne s’éveillera que demain, quand je pourrai enfin regretter tout ce qui se sera passé pendant cette longue soirée. Parce qu’il y a une chose dont je suis sûre, c’est que la soirée est bien loin d’être terminée. « Pourquoi ? » Il pose la question parce qu’il ne sait pas ce qu’il se passe dans ma tête à cet instant. Il ne sait pas à quel point j’aimerais que rien n’ait changé et que je puisse le prendre dans mes bras pour l’embrasser sans me dire que c’est une mauvaise idée. “Parce que tu vas être obligé de tenir cet engagement toute la soirée.” Je ne le lâche pas des yeux, je ne sais pas s’il comprend vraiment ce que tout ça veut dire.

Je ne sais pas quelle heure il est, mais je meurs de faim. «Le frigo est plein, mais tu veux quelque chose en particulier ? Tu veux qu’on commande une pizza ? Ou dix ? » Je ris en secouant la tête. On passe à côté d’un fast food, “UN BURGER !” Je crie bien trop fort alors qu’il n’est qu’à un mètre de moi. “Un ou dix.” Je hausse les épaules et le regarde avec un sourire malicieux. On passe au drive et je commande bien trop pour une seule personne, je suis même incapable de me souvenir par quoi j’ai commencé cette commande. Les minutes passent et je garde les sachets sur mes genoux en me concentrant pour qu’ils ne tombent pas. “CONDUIS MIEUX.” Je panique, je ne voudrais pas que ça tombe. “Tu sais que si je dois choisir entre toi et ces burgers ça sera les burgers.” Ca par contre, c’est sûrement la stricte vérité.

« Peut-être pas. »  Non peut être pas, elle est bien trop énergique à vrai dire. Je le vois à s’agiter son siège, toujours en plein montée dans l’ivresse, les cocktails commençant à peine à faire leur effet.    Elle n’arrête pas de me regarder et moi je fuis son regard. Je lui demande pourquoi je ne devrais pas dire que je ne vais pas la laisser seule, ne comprenant pas vraiment où elle veut en venir. “Parce que tu vas être obligé de tenir cet engagement toute la soirée.” A ça, cette fois je tourne mon regard vers elle, me détournant un court instant de le route pour lui dire simplement. « Tu sais bien que ça me dérange pas. Je suis content de passer la soirée avec toi. » Je souris un peu faiblement, parce qu’en réalité je l’évitais un peu malgré tout, cherchant un peu à mettre de la distance parce que je sentais qu’on en avait finalement tous les deux besoin après ce mois de décembre.

Elle a faim alors je lui demande ce qu’elle veut manger après tout j’ai promis d’exaucer toutes ses envies ce soir. « UN BURGER ! » Elle crie et je ne peux m’empêcher de rire devant son enthousiasme. « Un ou dix. » « Allez va pour un burger tes désirs sont des ordres ! » Je change de direction, passant par le drive du fast food, et Molly se lance dans une commande à rallonge qui me fait sourire un peu plus à chaque phrase mais je paie tout ce qu’elle souhaite acheter tendant ma carte bleue. On a beaucoup trop de nourritures, les sacs sur ses genoux. « CONDUIS MIEUX. Tu sais que si je dois choisir entre toi et ces burgers ça sera les burgers. » Je la regarde en prenant un air outré, choqué de ce que j’entends. « Tout de suite, Pete sacrifié sur l’autel de la bouffe quoi ! » On finit par arriver devant la villa. On sort et je tends mes mains pour qu’elle me tende un sac. « Attend laisse moi t’aider ! » Je vais ouvrir la porte,  les chiens de Dylane venant immédiatement à notre rencontre enthousiastes.

Je reste dans la voiture, je n’ai aucune envie de bouger. On est bien là tous les deux. « Tu sais bien que ça me dérange pas. Je suis content de passer la soirée avec toi. » “Moi aussi.” Et je regrette presque de ne pas l’avoir appelé plus tôt. Ca me rend heureuse d’être avec lui, mais ce qui me rend malheureuse à ce moment-là, c’est le fait que ça ne puisse pas être une soirée comme avant. Peut-être que ça marcherait pour une fois, peut-être qu’on pourrait juste tout oublier le lendemain matin. Je n’ai pas envie de penser à demain, j’ai juste envie de profiter et de rester à ses côtés pour profiter de lui et de tout ce qui me manque depuis des semaines. Il fera donc tout ce dont j’ai envie, mais je ne sais même pas si j’oserai lui dire ce que je veux vraiment.

Il conduit et je meurs de faim. « Allez va pour un burger tes désirs sont des ordres ! » Je trépigne d’impatience jusqu’à ce qu’on se retrouve en face du drive. Je commande, et je ne sais même pas si lui prend quelque chose, pourtant c’est lui qui paye et je grogne. “Tu m’as même pas laissé payer.” Je croise les bras sur ma poitrine et je fais mine de bouder quelques secondes. « Tout de suite, Pete sacrifié sur l’hôtel de la bouffe quoi ! » “J’hésite pas une seule seconde.” Je hoche la tête de manière solennelle. Je prends soin des sacs jusqu’à ce qu’on se retrouve devant la villa de Pete. “Elle est belle cette maison.” Mon regard reste posé sur la maison et je le laisse attraper les sachets de nourriture. Je penche, je tangue, je manque de tomber quatre ou cinq fois et je m'extasie sur les chiens qui courent déjà vers nous. “Ooooooooooh” Je les caresse pendant de longues minutes avant que mon estomac ne me rappelle que je n’ai pas mangé depuis bien trop longtemps. « Attend laisse moi t’aider ! » Je me relève et je vais vers la porte avant de m’affaler sur le canapé. “J’ai pas de pyjama !” Mon attention est changeante. J’attrape un sac et je m’apprête à tout dévorer. “T’as commandé quelque chose ?” Je me demande si lui compte manger. “On fait quoi ?” Je ne suis vraiment pas fatiguée, et il va devoir me supporter comme ça longtemps.

« Moi aussi. »  On échange un sourire, l’atmosphère toujours un peu étrange dans la voiture. Le souvenir de ce qu’on a été omniprésent, la réalité de cette nouvelle relation devant malgré tout faire son chemin. Nous tentions d’être amis alors qu’on avait été habitués pendant des années à être plus que ça.  Je commençais seulement à l’accepter, sachant pertinemment que c’était mieux pour elle.

On commande des burgers, passant au drive non plus et je refuse de la laisser payer. “Tu m’as même pas laissé payer.” Elle fait mine de bouder pendant quelques secondes et je la chatouille pour la dérider. « Non c’est la suite des cadeaux de Noel ! »  On remonte dans les voitures j’ai l’impression qu’elle est recouverte de sachets et serait prête à tout pour défendre sa nourriture.  “J’hésite pas une seule seconde.” « J’espère que le burger vaudra mon sacrifice ! » Je réponds du tac au tac moqueur.  On se gare devant la villa. « Elle est belle cette maison. »  J’hoche la tête, mon regard se perdant sur le bâtiment, appréciateur. « Oui, elle est hyper bien faite en plus, celui qui l’a dessinée a beaucoup de talent ! ». Mes yeux brillent et je pourrais rester un peu plus longtemps à regarder la bâtisse sans m’en lasser. Je l’aide à porter les paquets, on entre et immédiatement les chiens de Dylane viennent nous faire la fête.  Je la laisse s’extasier sur les chiens, allant poser les sachets sur la table basse du salon jusqu’à ce qu’elle me rejoigne s’affalant sur le canapé. « J’ai pas de pyjama ! »  Je ris. « Tu veux que je te prête un t-shirt et un jogging ? Ils vont être trois fois trop grands pour toi. » Comme d’habitude, elle pourrait me dire. Ce n’était pas la première fois qu’elle me piquait mes fringues, ce n’était juste pas arrivé depuis très longtemps.   Elle attrape le sac pour l’ouvrir. « T’as commandé quelque chose ?” « Oui un petit burger et des frites. J’ai pas très faim. » J’ai surtout soif à vrai dire. « Tu veux boire quelque chose ? » Je me dirige vers le frigo, pour aller me chercher une bière. Je me dis qu’une bière ça n’est pas encore trop grave.  « On fait quoi ? » Elle est incapable de rester en place et ça me fait rire. « Tu veux qu’on se regarde un film ?  Il y en a un qui te dit ? »