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 all that she wants are the stars and the moon [Keegans]

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Message(#)all that she wants are the stars and the moon [Keegans] EmptyDim 10 Jan - 23:53

« Bonjour monsieur, avez-vous besoin d’aide ? » Demande la deuxième infirmière en ouvrant les bras devant un Joseph qui s’est perdu dans l’hôpital. Lily n’aurait pas pu plutôt lui donner rendez-vous en face de l’entrée, à l’extérieur ? Elle avait peur qu’il se fasse rouler dessus par une bagnole dans le parking ou quoi ? Il n’est plus un enfant, contrairement à ce qu’elle pense. « Non, pour la dernière fois, je viens voir ma sœur. » Et il jette un coup d’œil sur l’horloge pour s’assurer qu’il n’est pas trop en avance. « Votre sœur ? Avez-vous parlé à l’une de nos réceptionnistes pour savoir dans quelle chambre elle se trouve ? » Court silence. Joseph plisse les paupières en observant la jeune femme devant lui sans réellement comprendre le sens de sa question puis il réalise qu’il n’a pas précisé que Lily travaillait ici. « Oh non, en fait… Elle bosse à l’hôpital, elle a l’même uniforme qu’toi… probablement. J’sais pas, j’verrai bien. » Puis il soupire avant de tourner des talons pour retrouver la salle d’attente sans prononcer un mot de plus.

Il est nerveux. Il ne sait toujours pas pourquoi il a accepté de diner avec toute sa famille. Sa véritable famille. Pas celle qu’il s’est créé quand il se sentait abandonné. Il a fait un petit effort : ni son-t-shirt ni ses pantalons ne sont troués, bien qu’il ait opté pour l’un de ses ennuyants hauts gris – d’ailleurs il commence à regretter parce qu’il aura de la difficulté à cacher le surplus de sueur sous ses aisselles quand il se mettra à taper du talon contre le sol pour vaincre sa nervosité. « Avez-vous besoin de soin ? » Il sursaute, sort de ses pensées et relève la tête vers l’homme dressé devant lui. Il ne s’était pas rendu compte qu’il s’était mis à fixer le plancher après qu’il se soit installé sur un l’un des rares bancs inoccupés. « Non ! J’attends ma sœur ! » Il répète, pour la troisième fois, de plus en plus impatient. « Elle travaille ici ? » « OUI ! » Il s’exclame, visiblement irrité. Il retrouve cependant rapidement son calme. « Désolé. J’suis tendu. Elle s’appelle Lily, elle devait terminer y’a dix minutes. » Malgré les avertissements de sa cadette, il n’apprendra jamais à ne pas la présenter comme sa sœur. C’est dans sa nature de vouloir défaire ses mensonges humiliants. « Lily Mcgrath ? Je ne savais pas qu’elle avait un frère. Elle a récupéré un patient à la dernière minute, rien de bien grave. Elle devrait vous rejoindre bientôt. » Il explique avant de tourner les talons non sans jeter un coup d’œil rapide sur l’intérieur du coude de Joseph qui le cache aussitôt en serrant les dents. Elle a fait exprès de lui demander de la rejoindre à l’intérieur : elle voulait clairement l’embarrasser, lui fait prendre conscience qu’il ressemble à l’un des patients mourants de l’hôpital mais il le sait déjà. Il n’y a rien qu’elle pourra lui apprendre de ce côté-là. Il aurait pu se couvrir d’une veste mais les températures ne sont pas favorables, il s’évanouirait probablement en plein repas à cause de la chaleur (si ce n’est pas le stress qui s’en charge avant). En reposant son regard vers le bas, il se remet à trop penser, passant sa main dans ses cheveux sans arrêt comme s’il allait réussir à coiffer cette tignasse beaucoup trop longue. Seulement, il n’est pas un coiffeur expérimenté et il devra se contenter de les ramener en chignon pour cacher l’absence de style. Il sait que la soirée se terminera mal. Même si Marie est mourante, même si ce sera son dernier Noël, même si elle n’aura probablement pas la force de se battre contre son fils qui est devenu le contraire de ce qu’il devait être. Il y aura Cyril et ses yeux rouges.

« Enfin ! » Il s’exclame en se hissant mollement sur ses jambes. « Jure-moi que t’as pas fait exprès d’me faire patienter à l’intérieur. Tes collègues me regardent tous comme des vautours. » Il souffle à sa sœur quand elle s’approche de lui. Il a besoin de parler sans arrêt en espérant peut-être qu’elle oubliera que la raison de leur rencontre ici est de se rendre ensemble chez leurs parents. « Il paraît que t’as eu un patient surprise. Un doigt cassé ? Un Lego coincé dans la gorge ? Ou ailleurs ? » Il sourit faussement puis la regarde de bas en haut, ne lui laissant pas le temps de répondre : « Tu as besoin de te changer ? Tu dois passer par chez toi avant ? Ou alors t’as apporté tes fringues et tu te changeras dans la voiture. » Il croise ses bras sur son torse, se faisant plus petit. « Parce que je peux attendre, ça ne me dérange pas. »  
   

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Message(#)all that she wants are the stars and the moon [Keegans] EmptyVen 22 Jan - 2:20

« Enfin ! » Bonsoir Lily, j’espère que ta journée n’a pas été trop longue Lily, oh tes stylos des animaux de la savane sont vraiment très mignons et je ne parle même pas du stéthoscope éléphant. Je suis vraiment très heureux de te voir, Lily, tu m’as manqué. Elle n’aura sûrement le droit à aucune de ces remarques et Joseph trouvera le moyen de lui reprocher le regard noir qu’elle lui décoche alors qu’il est la seule raison pour laquelle son pas pressé a demandé “pardon, excusez moi” pendant plusieurs minutes pour arriver jusqu’à l’accueil au plus vite. Cette soirée commence affreusement bien, comme chacun pouvait s’y attendre. « Jure-moi que t’as pas fait exprès d’me faire patienter à l’intérieur. Tes collègues me regardent tous comme des vautours. » Elle l’a fait venir à l’intérieur parce qu’ici au moins l’air est frais et qu’il ne risquerait pas d’avoir à rester dehors avec tout le pollen qui circule et le millier d’allergies possibles avec. C’était une demande naturelle qui n’avait même pas été réfléchie et alors qu’elle agissait une fois de plus pour le bien de son aîné, il le lui reproche et trouve de nouvelles allégations contre elle. “Je ne suis pas responsable du regard que les autres te portent.” A défaut de vouloir défendre sa cause, elle sait très bien l’empirer au point où il n’y a sûrement plus rien à faire pour leur relation. S’il pense qu’elle est ce genre de personne alors tant pis pour lui, elle a bien d’autres problèmes à gérer pour ne pas s’appesantir de trop sur ce que son frère (un junkie) peut bien penser d’elle. Le fait qu’ils aient le même sang le plaçait auparavant sur un piédestal mais aujourd’hui ce n’est plus le cas, et depuis longtemps déjà.

Pour quelqu’un qui se plaint d’avoir eu à l’attendre au milieu d’une méchante foule de médecins dont le seul but est d’aider les autres, il a quand même réussi à glaner quelques informations au sujet de la brune. « Il paraît que t’as eu un patient surprise. Un doigt cassé ? Un Lego coincé dans la gorge ? Ou ailleurs ? » Suspicieuse, elle lui lance un nouveau regard qui traduit tout ce qu’elle en pense. En réalité, elle ne prend pas mal le fait qu’on l’ait averti d’un dernier patient surprise mais elle se demande plutôt ce qui a pu être dit d’autre à son égard et, surtout, tout ce qui ne doit pas arriver aux oreilles de son frère aîné. “Secret médical.” Ainsi elle préfère clôturer une discussion qui n’aurait mené à rien, utilisant un terme pour un mauvais contexte. Ce n’est sans doute pas Joseph qui saurait la reprendre à ce sujet et pour une fois, elle est bien heureuse qu’ils n’ait pas fait de longues études. Ou d’études tout court, en réalité.

De toute façon, il semble bien trop occupé à la regarder de la même façon qu’Alfie pour en avoir quoi que ce soit à faire de ce qu’elle peut bien lui raconter en cet instant. « Tu as besoin de te changer ? Tu dois passer par chez toi avant ? Ou alors t’as apporté tes fringues et tu te changeras dans la voiture. » Les questions fusent plus vite que les réponses ne peuvent arriver et si beaucoup trouveraient la situation amusante, Lily sait plutôt qu’il ne fait que tenter d’essayer de camoufler l’évidence même de son manque d’assurance. En réalité, elle est toujours étonnée qu’il ait accepter ce repas de famille, lequel finira à n’en pas douter en un véritable bain de sang. Qui plus est, elle ne peut s'empêcher de vérifier si de nouvelles marques ne sont pas à signaler dans le creux de son coude, lesquelles pourraient être une explication plausible de plus à son agissement si particulier. Elle enchaîne pourtant, gardant les questions pour plus tard. “Je me changerai chez les parents.” Elle ne précise pas qu’elle n’a plus de “chez elle” et qu’il s’est temporairement transformé en un retour à la case départ chez les parents Keegan. Pour le plus grand bonheur de ces derniers et le malheur d’une Lily qui avait eu à cœur de quitter la maison familiale à ses dix huit années de vie tapantes. C’est pourtant la seule solution qu’elle a trouvé en hâte, pour elle qui ne pouvait plus habiter chez Matt (eux ?) ou retourner dans sa collocation et ainsi devoir tout leur expliquer. L’échec n’est pas une issue envisageable, raison pour laquelle elle continue de se battre pour son couple et son mariage. « Parce que je peux attendre, ça ne me dérange pas. » - “On est déjà en retard, je ne vais pas en rajouter.” Pour la première fois depuis longtemps, la faute ne vient pas se reposer sur son frère. C’est ce qui ressemble à un pas en avant, pour Lily, et elle ne souhaite pas laisser aucun silence s’installer. A défaut d’avoir quoi que ce soit à lui dire, elle préfère le presser et leurs pas avec. Ses bras fins (oh, qu’elle a maigri Lily) et bleutés (oh, que son corps marque bien vite à cause de la fatigue ; oh, qu’elle est d’autant plus maladroite due à cette dernière) viennent détacher sa queue de cheval parfaitement nouée pour laisser ses cheveux de jais respirer un peu mieux en même temps qu’elle les guide silencieusement jusqu’aux sous sols de l’hôpital pour y retrouver sa voiture au milieu de celles du personnel. “Tu voudras que je te coupe les cheveux ou c’est fait exprès le look bohème ?” Si elle est capable de faire des points de suture, elle peut certainement lui couper quelques mèches et faire que cela ressemble à quelque chose, non ? “Matt a pas pu venir, il y a trop de travail au bar. La prochaine fois, il a dit.” Matt n’a même pas été tenu au courant de cette soirée parce que rendre service à Lily doit désormais être bien bas dans la liste de ses priorités. Son mari est encore moins au courant qu’elle n’ébruite pas le moins du monde leur malheureux déconvenue et le fait qu’ils soient en pause. Être en pause, elle sait que cela ne rime jamais avec rien de bon, alors elle s’en tient à ses parfaits petits mensonges, appuyant sur le bouton de l’ascenseur tout en priant qu’ils seront rapidement sortis de ce pétrin. "Je dis pas ça parce que ma vie t'intéresse, juste parce qu'il avait l'air d'être ton nouveau meilleur ami, la dernière fois." Et personne ne saurait être pire qu'Alfie dans ce rôle.
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Message(#)all that she wants are the stars and the moon [Keegans] EmptyJeu 28 Jan - 18:28

Poser le plus de questions possible et ne pas attendre les réponses : voici le plan que Joseph a établi pour éviter de trop penser au futur carnage. Lui qui côtoie des criminels tous les jours et qui se nourrit de cocaïne, il a l’impression que sa mort viendra quand il croisera le regard de Cyril après tant d’années à essayer d’oublier son visage. Dans sa tête, il est encore jeune et fort comme il était à la ferme. Il ne semble pas réaliser que l’âge s’est aussi installé dans le corps de ses deux parents et que, pour cette raison, il ne risque certainement rien. Pas vrai ? Après tout, il n’est plus un petit garçon fragile qui peut se faire soulever par une simple pression autour des poignets. Même si sa silhouette est plutôt affinée depuis qu’il est incapable de manger normalement, il n’a pas perdu tous les kilos de muscles qu’il a bâtis derrière les barreaux. Avec un peu de chance, son père sera assez malin pour éviter de lancer les hostilités.

Mais il a l’impression que tout ne se passera pas aussi bien que l’a prétendu Lily quand elle a invité son frère à se joindre à eux pour un dîner. Un seul, pour revoir Marie avant que la maladie ne l’emporte. Un seul, pour espérer corriger les torts du passé. Il n’est pas idiot, Joseph. Il sait que les gens ne changent pas vraiment : il n’a qu’à se regarder dans le miroir pour constater que les trois années d’incarcération n’ont pas suffi à le sauver de ses mauvaises habitudes. Alors il est nerveux, et c’est normal, et il tente de parler de tout sauf de cette soirée qui arrive trop rapidement. “Je ne suis pas responsable du regard que les autres te portent.” Elle a peut-être changé de nom, elle reste la même sœur. Il aurait pu deviner cette réplique avant qu’elle ne la prononce. Il connait les bails. Aux yeux de Lily, un homme est imparfait parce qu’il a refusé la perfection. Ne souhaitant pas lancer le débat habituel, il se contente plutôt de l’interroger sur le patient supplémentaire qui lui a causé ce retard. Il aurait aimé que son sourire soit naturel lorsqu’il tente de deviner la nature de la blessure mais il est incapable de se débarrasser de cette nervosité qui lui serre les tripes et qui l’empêche d’agir normalement. “Secret médical.” « Évidemment. » Il souffle tout de suite en soupirant, déçu de ne pas pouvoir compter sur cette discussion pour se calmer l'esprit. Alors il cherche une autre idée, choisissant de remettre en question son uniforme de travail qu’elle voudra probablement retirer avant d’arriver chez leurs parents. “Je me changerai chez les parents.” Merveilleux, il pense, en enfonçant ses mains dans ses poches, geste inconscient qui traduit sa défaite. Il a compris : il ne pourra pas faire huit cent tours de la ville avant de frapper à la porte de l’appartement des Keegan. Il finit par abandonner en hochant la tête, et, sur le point de tourner les talons pour la suivre, son regard s’arrête abruptement sur la finesse et la couleur de ses bras. Il la laisse faire quelques pas devant lui sans bouger, analysant les marques bleutées qui se dessinent sur sa peau et sa mâchoire se serre. Il la rattrape finalement, ne détachant pas ses yeux des blessures, ses joues rougissantes d’agacement. “Tu voudras que je te coupe les cheveux ou c’est fait exprès le look bohème ?” Il entend la phrase qu’à moitié et relève enfin les yeux. Il répond à la négative grâce à une simple onomatopée qui ressemble à « unh unh ». Lily possède un diplôme en infirmerie, pas en coiffure. Il préfère laisser ses cheveux pousser comme bon leur semble plutôt que de craindre de ruiner encore plus son look déjà… aléatoire. Posé devant l’ascenseur, Joseph cache ses poings serrés dans le fond de ses poches et un sourire ironique étire ses lèvres quand elle aborde le sujet de Matt. Tiens donc. Il pensait justement à lui à cet instant-même. "Je dis pas ça parce que ma vie t'intéresse, juste parce qu'il avait l'air d'être ton nouveau meilleur ami, la dernière fois." Il glousse en entrant dans la cabine. Les portes se referment derrière eux et c’est seulement lorsqu’ils se retrouvent seuls qu’il souffle : « Ouais, il avait l’air d’un mec sympa. Il faut croire que les apparences sont parfois trompeuses. » Il n’a aucune retenue, Joseph. Les tabous ne le connaissent pas (ou c’est le contraire ?). Il attrape le poignet de sa sœur et le soulève pour la laisser contempler les ecchymoses sur ses bras. « Tu croyais vraiment que je ne verrais pas ça ? » Quand les portes de l’ascenseur s’ouvrent à nouveau dans le parking intérieur, où plusieurs médecins font des va-et-vient, il la relâche. « Je pensais que le premier t’avait déjà appris une leçon. » Son premier mari. Celui qui levait le poing devant ses yeux, comme le fait visiblement Matt aujourd’hui. À moins que Lily se soit lancé une carrière de skateboard sans informer son frère - mais, ça, ce ne serait pas surprenant.            

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Message(#)all that she wants are the stars and the moon [Keegans] EmptyLun 1 Fév - 0:58

Parler de ses cheveux et lui proposer de les lui couper était une façon pour Lily de lui faire comprendre qu’elle tient à lui. Comme beaucoup de moyens dérivés pour arriver à un but, pourtant, il se fait mal comprendre. Son frère n’en tient pas compte et, pire encore, il ne prend même pas la peine de lui répondre, laissant la plus jeune se refermer un peu plus sur elle-même encore. Son « unh unh » sonne la fin de la discussion et l’occasion manquée qu’ils auraient pu saisir pour envisager une autre rencontre. A défaut de penser à de telles choses, l’infirmière calque son attitude sur celle de son frère et enfouie ses poings dans ses poches après avoir appuyé sur les boutons de l’ascenseur sans même y penser et par simple automatisme. Les bruits mécaniques occupent l’espace à défaut de leurs mots et de n’importe quelle discussion que pourraient avoir deux frères et sœurs après de longues semaines sans s’être vus. « Ouais, il avait l’air d’un mec sympa. Il faut croire que les apparences sont parfois trompeuses. » Son parfait petit visage angélique est brouillé par des sourcils froncés et un regard noir passant peu à peu de ses baskets blanches au teint pâle de son aîné. Elle est habituée aux reproches à son égard, mais pas ceux à propos de son mari. Quoi qu’il en soit, elle n’a jamais accepté les premiers et ne peut décemment pas le faire pour les seconds. “T’as soudainement décidé qu’il n’était plus assez bien pour toi ?” La condescendance est palpable dans le ton de la jeune femme, elle qui n’aurait aucun mal à sortir une liste infinie expliquant pourquoi son mari vaut bien mieux que son incapable de frère. Preuve en est qu’elle n’a choisi de faire rentrer qu’un seul des deux dans sa vie et qu’elle tente toujours d’en faire sortir le second dès qu’il franchit une nouvelle ligne rouge.

Surprise de son geste, Lily le laisse attraper son poignet sans se débattre. Le geste est violent en lui-même mais il ne lui fait pas mal, il ne tort pas son bras dans une position difficile et il ne sert pas ses doigts de trop non plus. Elle lui trouve toujours des circonstances atténuantes mais elle ne lui en fait jamais part, se reprenant bien rapidement alors que son regard bleuté lui lance des éclairs et qu’elle mêle l’ordre de la lâcher à un geste rapide pour se défaire de son emprise. « Tu croyais vraiment que je ne verrais pas ça ? » Elle a le souffle court et rapide, on peut observer sa poitrine se soulever à l’oeil nu. Il ne comprend jamais les choses comme il le devrait et dès qu’elle accède à la moindre parcelle de bonheur, il ne fait que tenter de lui prouver qu’elle fait fausse route. Des deux, il reste le seul agneau égaré. Lily se retient de lui hurler dessus simplement parce que d’autres membres du personnel sont présents dans le sous-sol et qu’elle ne compte pas laisser son frère briser l’image qu’elle se construit depuis une vie entière. Ses joues virent au rouge et ses petits doigts s’activent pour faire redescendre ses deux manches jusqu’au bout de ses poignets malgré le fait qu’elle ait l’impression de mourir de chaud. Elle ne veut pas qu’il puisse continuer à l’observer comme si elle n’était qu’un animal de foire, surtout s’il s’obstine à ne voir que le pire et à en venir à de mauvaises conclusions. « Je pensais que le premier t’avait déjà appris une leçon. » Et elle, elle a longtemps arrêté de penser que sa famille serait toujours là pour elle, pour la soutenir et l’aimer, pour l’aider lorsqu’elle en aurait besoin. Une gifle s’abat contre la joue de Joseph sans qu’elle n’en ait plus rien à faire de savoir s’ils sont seuls ou non. Elle résonne dans le souterrain silencieux alors qu’elle n’a rien fait pour jauger la force de son coup : il n’a pas le droit de parler de Lawrence. Il n’était pas là dans ce temps là, il ne peut pas savoir. Il a mis des années à même lui avouer qu’il savait ce qu’il se passait, comment peut-il aujourd'hui s’octroyer le droit de lui faire des reproches ?

Muette comme une tombe, l’infirmière se dirige vers sa voiture d’un pas pressé sans même prendre le temps de se demander si son frère la suit ou non. Il n’a rien d’autre à faire de sa vie, de toute façon, alors bien sûr qu’il la suivra. Il n’y a aucun vendeur dans ce parking qui pourrait être plus intéressant que pourrir la vie de sa soeur encore et toujours. Par défaut bien plus que par envie, elle sait qu’il sera derrière ses pas, énervé et stupide comme à son habitude. Elle ouvre sa voiture de nombreux mètres avant d’en ouvrir la porte, celle là même qu’elle fait claquer car incapable de contenir ses sentiments. Surtout, elle n’a personne de qui se cacher, surtout pas de son frère qui comprend éternellement tout de travers. “Ça t’arrive d’être fier de moi parfois ? Ou de simplement te dire que t’as une soeur qui a réussi dans la vie et qui est heureuse ?” Ce ne sont pas des questions rhétoriques et le regard qu’elle garde plongé dans le sien le lui fait bien comprendre : elle attend des réponses. Malgré son flot de paroles rapide et son ton toujours aussi agacé - blessé - cela ne lui enlève aucune intention. “Et est ce que parfois tu peux pas juste te contenter de me voir heureuse, Joseph ?” Parce qu’elle l’est bien plus lorsqu’il se tient loin d’elle et qu’elle n’a pas à aller le chercher en prison ou Dieu sait où encore. Sa vie est bien plus parfaite lorsqu’elle n’a pas à passer derrière lui pour nettoyer tout ce qu’il peut bien rater, encore et toujours. “Je te laisse vivre ta vie, alors laisse moi en faire de même.” Il n’a pas réellement de vie, lui, simplement une existence qui ne marquera les esprits de personne et qui s’achèvera de la même manière qu’elle a débuté : dans l’indifférence. “Tu sais bien mieux que moi à quoi ressemblent des coups, et ce n’en sont pas.” Elle conclut enfin, de mauvaise foi, simplement lui faire plus de mal qu’il ne lui en fait à elle. Il a toujours été celui que leur père battait mais elle était là pour nettoyer ensuite, tout comme elle l’a fait sur sa propre peur avec Lawrence ensuite. Quoi qu’il en soit, aucune de ces histoires n’est semblable à celle qu’elle vit (vivait ?) avec Matt et par loyauté autant que par amour pour le brun, elle ne laissera pas son frère l’entraîner plus que de raison au milieu d’histoires de famille qui ne peuvent rien lui apporter de bien.
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Message(#)all that she wants are the stars and the moon [Keegans] EmptyMar 2 Fév - 4:22

Il accumule gaffe après gaffe sans vraiment s’en rendre compte. Ce qui ressemble à une critique capillaire négative est plutôt une ouverture à de prochaines rencontres entre Lily est Joseph mais ce dernier est bien trop occupé à ruminer le noir pour réaliser que les intentions de sa sœur étaient bonnes. Il n’arrive pas à retirer cette image dans sa tête, celle de ses bras couverts d’ecchymoses ici et là, comme des coups qu’elle aurait reçu sans pouvoir se défendre. Mais il n’a pas pu les avoir assez longtemps. Ses manches ont roulé le long de ses poignets pendant seulement deux secondes, le temps qu’elle attache ses épais cheveux sur le haut de son crâne : il est sauté aux conclusions sans prendre le temps de réfléchir. Il s’attend toujours au pire avec elle parce qu’il a beaucoup de difficulté à s’imaginer que sa vie à elle n’est pas aussi compliquée que la sienne, parce qu’ils ont le même sang, les mêmes gênes. Elle doit s’attirer les ennuis autant que lui, pas vrai ?  “T’as soudainement décidé qu’il n’était plus assez bien pour toi ?” Il a directement sauté sur l’occasion pour mettre Matt dans le viseur de son snipper. C’est elle qui a évoqué le sujet, pas lui. Il attend cependant d’être seul avec sa sœur dans l’ascenseur pour lui faire ouvrir les yeux sur les nombreuses taches bleutées qui parsèment sa peau. Il plonge son regard dans le sien, serrant doucement son poignet pour l’empêcher de tout de suite le rabattre, attendant une explication. Elle ne lui offre que ses habituels grands yeux bleus remplis de mépris, silencieuse comme la parfaite Lily qu’elle a toujours été. Encore une fois, sans penser aux conséquences de ses mots, il se permet un dernier reproche qui lui vaut une baffe au milieu de sa joue. Malgré la douleur qui monte en vagues dans son visage, il s’efforce de ne pas réagir, restant aussi droit que possible. Ses pommettes rougissent et ce n’est pas à cause de la douleur – il lui en veut de fermer les yeux sur la réalité, lui qui souhaite depuis toujours la mettre sous le nez, comme l’excellent grand frère qu’il est. Mais il est perdu Joseph, pensant que le monde entier veut du mal à la Keegan puisque le monde entier lui en a souhaité, à lui, passant du fils raté qui déshonore ses parents à un vilain criminel qui ne mérite que des menottes autour de ses poignets alors qu’il n’avait jamais levé le poing contre personne. Et il y a eu le premier mari, celui qui a fait de Lily une marionnette qu’il pouvait manipuler comme il le souhaitait. Elle n’a jamais cessé d’être sa petite sœur et il veut prendre soin d’elle – seulement, il ne sait pas comment s’y prendre.

Il se retrouve bien rapidement isolé dans le parking, Lily ayant accéléré le pas pour imposer une certaine distance entre eux. Ses semelles claquent contre le béton et il ne la quitte pas des yeux pour ne pas la perdre. Il les attache à la silhouette couverte de blanc et, après avoir massé mollement sa joue endolorie, il se décide finalement à la suivre pour éviter qu’elle ne l’abandonne ici, clôturant ainsi l’échec d’une énième tentative de rapprochement entre les deux. Il se crispe légèrement lorsque la portière de sa voiture se ferme violemment en soulevant un écho bruyant. Joseph l’observe par le pare-brise quelques secondes et se décide finalement à monter du côté passager. “Ça t’arrive d’être fier de moi parfois ? Ou de simplement te dire que t’as une soeur qui a réussi dans la vie et qui est heureuse ?” Il soutient difficilement son regard lorsqu’elle se met à le fixer en attendant une réponse qu’il n’a pas. Il se met à gruger l’intérieur de ses lèvres pour contrer la nervosité qui monte en lui. “Et est ce que parfois tu peux pas juste te contenter de me voir heureuse, Joseph ?” Il cherche toujours les failles à son bonheur, incapable de penser que les malheurs l’ont finalement abandonnée. Sa gorge est dorénavant nouée et ses yeux brûlent. Il aimerait pouvoir lâcher prise. Il donnerait tout ce qu’il a pour oublier le passé, pour perdre certains bouts de sa mémoire qui le hantent tous les jours et qui l’empêchent de simplement prendre sa sœur dans ses bras en posant un baiser sur le dessus de sa tête. Il a peur, tous les jours, qu’on lui fasse du mal, et cette garde toujours levée ne laisse passer aucune preuve de son amour envers elle. Comme un énorme bouclier noir. “Je te laisse vivre ta vie, alors laisse moi en faire de même.” Toujours muet, il pose son dos contre le siège et se met naturellement à gratter l’intérieur de son avant-bras pour imiter la sensation de l’aiguille. C’est pour calmer ce surplus d’émotions qui s’entrechoquent et se bousculent dans sa tête. “Tu sais bien mieux que moi à quoi ressemblent des coups, et ce n’en sont pas.” Cette fois, c’est sa mâchoire qui vient se serrer pour retenir des larmes qu’il refuse de laisser couler. Il est bien plus fort que ça. Il empêche ses plus mauvais souvenirs de remonter à la surface et, après avoir pris une grande inspiration pour se donner du courage, il soulève lentement sa main, l’approche de celle de Lily, et retrousse docilement sa manche pour à nouveau observer les ecchymoses sur ses avant-bras. Son index trace la forme de l’un d’eux et il finit par acquiescer en se retirant. « T’aurais pu commencer par me dire ça. D'une autre façon. » Elle a raison. Les blessures ne sont pas des coups, plutôt les vestiges de la maladresse. Il n'a pas besoin de réfléchir trop longtemps pour se rappeler à quoi ressemblaient les marques sur son corps quand il se faisait punir. « Désolé, Lily. J’ai sauté sur la première conclusion qui m’est venu à l’esprit. » Gardant ses yeux rivés vers l’avant, il boucle sa ceinture et coince nerveusement son sac à dos entre ses genoux. Il ferme les paupières un moment, le temps de se calmer. « Si tu me dis que tu es heureuse, je te crois. Je ne veux que ça. » Il marque une pause, incertain de vouloir prononcer la prochaine phrase, mais il le fait quand même, pensant qu’il vaut mieux pour lui d’être honnête. « Si j’ai accepté de diner avec… vous… ce soir, c’est pour te faire plaisir. Mais j’ai terriblement… peur, d’accord ? Je ne peux pas te promettre que nous serons finalement une famille normale. T’as toujours été une meilleure Keegan que moi. Tu le sais. » Elle savait obéir et il ne savait que protester.              

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Message(#)all that she wants are the stars and the moon [Keegans] EmptyMar 2 Fév - 14:29

La sœur en elle bien plus que l’infirmière souhaiterait lui retirer ses doigts de son bras et lui faire pour de bon cesser ce genre de réactions et d’aspirations. Les piqûres jonchent sa peau, elles ne repartiront jamais, tout comme Lily ne sera jamais capable de se tenir au point de ne plus le stresser. Elle sait être la cause de ces réflexes et quand bien même elle arrivait enfin à être une sœur plus indulgente, elle n’y arriverait pas. A ses yeux, elle a besoin d’être une bonne sœur, ce qui demande de la rigueur. Elle n’a pas le temps de s'appesantir sur les sentiments d’autrui, raison pour laquelle Lily évoque sans cérémonie les sévices subies par son aîné dans son enfance, comme si de rien n’était, comme si elle n’en avait pas subi par extension elle non plus. Ce n’était jamais de la violence physique à son égard mais ce n’est pas pour autant qu’elle n’en garde pas certains traumatismes. Ses réactions se calquent à moindre échelle sur celles de son frère et la voilà qui serre la mâchoire lorsqu’il en fait de même. Le plus âgé doit se contenter de subir les conséquences de chaque mot prononcé par la cadette qui, elle, se contente de ressentir de la culpabilité à chaque nouveau reproche lancé injustement.

Son poing se resserre lorsqu’elle sent ses doigts contre sa peau mais lorsqu’elle comprend le but de son geste, Lily se détend rapidement et le laisse faire avec sa manche. Quand bien même il avait eu raison, elle aurait nié les faits, incapable d’assumer l’idée d’être plus faible que la personne avec qui elle partage sa vie et qu’elle a accepté dans cette dernière. Il est là le problème : elle n’assume pas de recommencer les mêmes erreurs encore et encore, accordant une place de choix à des individus qui n’en valent pas la peine et ne savent que la faire souffrir à terme. Ils s’y prennent différemment, ils prennent plus ou moins leur temps, mais cela finit toujours par arriver. Pour Joseph comme pour Alfie, elle finit même toujours par leur pardonner, plus effrayée encore à l’idée de ne plus jamais les revoir. « T’aurais pu commencer par me dire ça. D'une autre façon. » Elle sait. Si elle le pouvait, elle lui aurait présenté ses excuses. Maintenant qu’il a pu observer ses égratignures par lui-même, elle reprend doucement possession de son bras et, une nouvelle fois, fait redescendre sa manche jusqu’à son poignet. Matt n’a pas à être mêlé à leur histoire de famille, il ne mérite pas un tel traitement et surtout, il ne mérite pas d’être accusé de quoi que ce soit alors qu’il est le seul de leur couple a toujours avoir eu une attitude irréprochable. A la suite de ces pensées, elle ne peut s’empêcher de souffler doucement. Son petit jeu est toujours bien moins ficelé lorsque son frère est présent et il sait lire entre les lignes mieux que qui que ce soit. « Désolé, Lily. J’ai sauté sur la première conclusion qui m’est venue à l’esprit. » La brune renifle, ses bras croisés sous sa poitrine, son regard posé au hasard sur la carrosserie d’une voiture. Le reste du monde en doutera mais elle, elle sait que c’est Joseph qui a toujours eu le meilleur fond, entre eux deux. A sa place, elle n’aurait jamais su comment s’excuser et n’aurait pu qu’empirer les choses. « Si tu me dis que tu es heureuse, je te crois. Je ne veux que ça. » C’est tout ce qu’elle veut, elle aussi. Elle n’a pas reçu le bon mode d’emploi mais cela ne l’empêche pas d’essayer de toutes ses forces. Dès que tout sera arrangé avec Matt, ils pourront garder un mariage sain et durable, ils habiteront ensemble, ils auront des enfants. Ils seront heureux, à deux, et il n’existe aucune alternative à cette histoire. Elle sera heureuse.

« Si j’ai accepté de diner avec… vous… ce soir, c’est pour te faire plaisir. Mais j’ai terriblement… peur, d’accord ? Je ne peux pas te promettre que nous serons finalement une famille normale. T’as toujours été une meilleure Keegan que moi. Tu le sais. » Elle déteste déjà ce qu’elle a à répondre à cela tout comme elle déteste se sentir faible et submergée par les émotions sans qu’il n’y ait aucune raison à cela. S’ils ne parlent pas de leur enfance, c’est justement pour éviter ce genre de problème. “Je ne suis plus une Keegan.” Elle était la meilleure à l’époque seulement. Aujourd’hui, elle a perdu la seule trace qui les reliait à eux, à Joseph et aux parents. Elle ne veut pas être comme ce père qui bat son enfant, elle ne veut pas être cette mère qui ferme les yeux, elle ne veut pas être ce frère qui trouve refuge dans les addictions diverses et variées. Elle a une vie à vivre et elle n’est en rien semblable à celle qu’elle a pu observer. Elle n’en prendra pas exemple. “Je ne veux rien avoir à faire avec cette famille.” Pourtant, elle s’occupe de leur mère chaque jour. Pourtant, elle prépare le repas de leur père chaque soir. Depuis des années, elle n’a pas pris la moindre distance supplémentaire avec ses parents que depuis le jour où elle a déménagé en ville pour ses études. Les paradoxes font partie de son existence toute entière, qu’elle le veuille ou non. “On sera jamais normaux. Je ne veux pas que maman s’en aille en ayant des remords, c’est tout.” Difficile de parler de la mort pour une jeune femme qui n’arrive pas même à donner la vie. Difficile plus encore de parler à un frère à qui elle ne cesse de cacher le moindre détail de son existence. Elle ne veut pas lui parler de sa rupture (temporaire, elle est temporaire) avec son mari, elle ne veut pas lui parler de sa fausse joie de s’être crue enceinte, elle ne veut pas lui parler de ses retrouvailles torrides avec son ex petit-ami. Elle ne veut pas lui parler de rien et elle lui reproche de faire la même chose en retour.

Ses coudes se reposent sur le volant, la paume de ses mains trouve refuge contre son front. Elle souffle doucement, tant pour remettre en ordre ses sentiments que pour en faire de même avec ses pensées. “Il suffit juste de faire semblant, c’est pas compliqué.” Le ton est doux, c’est promis. Ce ne sont pas des reproches supplémentaires mais un simple guide pour survivre à une soirée chez les Keegan. Son index passe sous ses cils pour s’assurer que son maquillage n’a pas coulé et elle vérifie dans le miroir du véhicule que son visage est acceptable. La brune détache ses cheveux, repasse avec son mascara, souffle une dernière fois avant d’arborer un grand sourire en direction de son aîné. Ses yeux tremblent mais ils s’arrêteront bien assez rapidement, par simple habitude. “Ne lui montre pas tes sentiments. Tu sais comment il s’en sert contre toi.” Il a toujours des reproches prêts à voler contre son aîné. “Je suis là.” Elle qui était la première à se taire à l’époque, elle promet qu’elle ne recommencera pas ce soir. Elle promet que ce soir, rien de mal ne se passera. “Ne gâche pas tout.
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Message(#)all that she wants are the stars and the moon [Keegans] EmptyMer 3 Fév - 4:51

Ils respirent le même air dans l’habitacle de la voiture. La tension est toujours présente entre eux parce qu’ils tentent tous les deux de faire des efforts sans savoir comment s’y prendre. Il sait qu’il est un mauvais frère, elle sait qu’elle est une mauvaise sœur. Ça lui fait mal tous les jours de constater qu’il n’est pas le héros qu’il aurait dû être pour elle. Il aurait dû la protéger de tous les maux du monde mais elle n’a pu que soigner ses blessures nuit après nuit parce que, au fond, c’est lui qui a toujours eu besoin d’elle. Il n’était pas sage comme Lily alors il écopait en premier, puis elle écopait par la suite. Il se ne passe pas une journée sans qu’il ne pense à tout ce qu’il aurait pu devenir s’il n’était pas né dans cette famille. Il traîne ce nom comme un fardeau, un boulet enchainé à sa cheville pour ralentir ses pas. Lily, quant à elle, a réussi à s’en débarrasser d’une façon qui n’aura finalement jamais surpris Joseph. Elle a toujours rêvé de rencontrer le prince charmant et de se faire glisser une alliance au doigt. “Je ne suis plus une Keegan.” Elle dicte sévèrement pour bien faire comprendre à son frère qu’il est le seul héritier du nom, jusqu’à présent. Et pourtant, il est celui qui n’a pas vu ses parents depuis plus de vingt-cinq ans. “Je ne veux rien avoir à faire avec cette famille.” Pour une infirmière, elle manque terriblement d’empathie. Ses paroles sont vexantes, comme toujours, mais Joseph coud ses lèvres ensemble pour s’empêcher de rallumer le feu. Il est le seul qui peut calmer les hostilités ; Lily ne cessera jamais de se battre si elle a une opinion à faire valoir. Et pourtant, ses mots tournent en boucle dans sa tête. Elle ne veut rien avoir à faire avec cette famille – elle ne veut rien avoir à faire avec son frère, qui porte encore cette identité. Parfois, il se demande si elle remarquerait son absence s’il disparaissait de la surface de la Terre. “On sera jamais normaux. Je ne veux pas que maman s’en aille en ayant des remords, c’est tout.” Alors elle se soucie de Marie et des remords qu’elle pourrait laisser derrière elle en s’éteignant. Joseph ne notera jamais à voix haute la contradiction qu’elle vient d’émettre parce qu’il comprend, en un sens, qu’elle s’inquiète pour celle qui l’a mise au monde. Elle n’est pas bien méchante, celle qui les a élevés dans l’ombre de leur père : elle n’est simplement jamais venue en aide à son fils qui hurlait son prénom en se faisant traîner jusqu’à sa chambre, la poigne de Cyril broyant son poignet et ses ongles éraflant la tapisserie qui sera bien rapidement remplacée pour cacher les preuves aux invités.

“Il suffit juste de faire semblant, c’est pas compliqué.” Il observe sa sœur du coin de l’œil alors qu’elle enfuit son visage au creux de ses paumes. Elle semble stressée, déjà exaspérée du comportement de Joseph alors qu’ils n’ont pas franchi un mètre en direction de là où habitent dorénavant leurs parents depuis qu’ils ont quitté la compagne pour des raisons médicales. « C’est ton truc à toi, de faire semblant. » Il répond, le ton calme, pour lui faire réaliser que c’est facile pour elle parce qu’elle n’a fait que ça toute sa vie. Elle s’est beaucoup plus pratiqué à faire ce faux sourire qui cache le fond de ses pensées. Joseph, lui, a toujours été un livre ouvert incapable de mentir sans soulever les soupçons. “Ne lui montre pas tes sentiments. Tu sais comment il s’en sert contre toi.” À la simple évocation de son père, son estomac se tort et ses lèvres se mettent à trembler. Visiblement, ce sera compliqué de ne pas montrer ses sentiments. Il s’efforce toutefois à hocher la tête en entrecroisant ses doigts ensemble, sur son sac, dans le but de détendre sa posture. « Oui, je sais. » Il acquiesce, détestant les souvenirs qui le bombardent déjà. Rien de positif. “Je suis là.” Il repose ses yeux sur elle et esquisse un minuscule sourire, réellement reconnaissant qu’elle le rassure de cette façon. Elle sera la seule sur laquelle il pourra compter lorsqu’il aura besoin de prendre l’air. « Promis. » Il conclue finalement quand elle lui demande de ne pas déclarer la guerre d’une façon ou d’une autre. Il se fera minuscule, il peut y arriver.

Le condo dans lequel leurs parents sont nichés est plutôt grand, s’élevant sur plusieurs étages. Le genre de résidence où les vieilles personnes se retrouvent parce qu’il n’y a aucun terrain duquel s’occuper, et moins de travaux à effectuer. L’endroit est modeste, aussi : les Keegan n’ont jamais été riches, subvenant d’abord à leurs besoins par la vente des produits de la ferme. Lily s’arrête devant une porte qui semble être la bonne et Joseph reste légèrement en retrait, les mains enfoncées dans ses poches comme si ça allait le cacher. Il fait signe à sa sœur d’attendre quelques secondes et il hoche finalement de la tête pour lui donner le feu vert : vas-y, sonne. Je suis prêt, mais je ne promets pas que je vais tenir longtemps sur mes deux jambes.      

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Message(#)all that she wants are the stars and the moon [Keegans] EmptyMer 3 Fév - 10:09

A peine a-t-elle repris le dessus sur ses sentiments qu’elle a laissé son frère apercevoir et voilà déjà Lily que s’en veut d’avoir été faible. Elle n’avait pas à renifler ainsi, elle n’avait pas à s’arrêter de sourire non plus. Elle n’avait pas à laisser Joseph la voir dans un tel état parce qu’il sera le premier à l’utiliser contre elle dès lors que viendra leur prochaine dispute, laquelle ne saurait tarder, pour une raison ou pour une autre. « C’est ton truc à toi, de faire semblant. » Lui a toujours préféré qu’on parle de lui pour ses frasques, ses blagues, son insolence. Ils n’ont de semblable que leur sang et leurs yeux bleus, les Keegan. Rien dans leur caractère respectif ne peut être compris par l’autre et alors que Lily lui montre une fois de plus la voie à suivre pour survivre, il refuse de l’écouter et se renferme sur lui-même. Ce n’est vraiment pas compliqué que de sourire, pourtant. On ne lui demande pas d’être franc. « Oui, je sais. » Il va échouer. Il ne lui promet pas qu’il ne montrera aucun sentiment à Cyril, il pose simplement l’emphase sur ce que dit sa sœur. Bien sûr qu’elle a raison. Elle ne parle jamais sans réfléchir, elle ne laisse jamais ses émotions la submerger et sa langue tourne toujours sept fois dans sa bouche avant de prononcer quoi que ce soit. « Promis. » Malgré ce que lui dit son coeur, la jeune femme n’arrive pas à lui faire confiance. Cette soirée sera un nouveau désastre familial puisqu’ils ne savent faire que ça, une fois la porte de leur parfaite petite maison de famille fermée et les yeux et oreilles du reste du monde clots.

Aujourd’hui, même sans maison de famille ni même réelle famille allant avec, ils sont toujours aussi doués pour faire semblant lorsque le reste du monde les observe. Lily fait semblant de ne pas voir son frère restant en retrait pour la laisser sonner la première et c’est la raison pour laquelle elle gravit les marches l’air de rien, le dos droit et le regard assuré. Se pliant à sa demande muette, elle attend quelques secondes avant de sonner, la main dans les airs et son doigt prêt à les envoyer tout droit en Enfer pour mieux en subir tous les tourments. Sous ses yeux se lisent la fatigue accumulée des dernières semaines, laquelle Joseph a au moins eu la décence de ne pas soulever. Grâce à son métier, au moins, elle aurait pu renvoyer la faute toute entière sur ce dernier sans avoir à préciser qu’il y a une toute autre raison pour laquelle elle enchaîne les remplacements et heures supplémentaires à l’hôpital dès qu’elle en a l’occasion. “Lily ? Pourquoi tu sonnes ? Tu as oublié tes clés ?” Oh, maman qui n’a jamais voulu voir que sa fille mentait aussi bien qu’elle respirait (quels mensonges ?) et qui ne comprend pas qu’elle puisse garder autant de choses pour elle, à commencer son mariage qui bat de l’aile. La plus jeune fait donc mine de rien, préférant aller dans le même sens que sa génitrice pour ne pas avoir à révéler trop tôt à son aîné la régression que représente un retour chez ses parents pour vivre avec eux. “Oui, je suis partie rapidement la dernière fois. Une urgence à l’hôpital.” Elle est partie à l’heure ce matin, parce qu’aucune urgence n’était à déplorer. Ses clés tintent dans son sac à main dès qu’elle passe le pas de la porte, jetant un regard à son aîné pour lui assurer que la voie est libre et qu’il peut entrer à son tour. “On a ramené le gâteau avec Jo. Ton goût préféré.” Dans d’autres circonstances, Lily aurait insisté pour rétablir la vérité et dire qu’elle a choisi ce gâteau seule malgré ses horaires de travail chargées et qu’en plus de cela, elle s’est battue pour avoir le dernier gâteau au chocolat. Ce soir, pourtant, ils se serrent les coudes. C’est promis. La jeune femme précise à sa mère que le goût est son préféré, anticipant déjà qu’elle ait oublié ce détail et qu’elle se plaigne ne pas aimer le chocolat. Certains jours elle se porte mieux ; d’autres, elle oublie même en quelle année ils se trouvent. “Tiens, pour le mettre au frigo. Je suis sûr que maman a besoin d’aide pour préparer le repas.” Couper des carottes, faire rissoler la viande, ajouter les épices. Peu importe. En cuisine, il y a toujours quelque chose à faire. Elle ne fait que donner des idées pour qu’ils puissent s’occuper et parler de tout et n’importe quoi - mais pas de ses bras. “Je vais me changer. Et dire à papa qu’on est arrivés.” Ses yeux retrouvent ceux de Joseph un temps, elle hoche doucement de la tête pour lui assurer que tout ira bien. Ce ne seront que quelques heures. Il a survécu après plusieurs années à ses côtés.
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Message(#)all that she wants are the stars and the moon [Keegans] EmptyMer 3 Fév - 18:14

L’attente semble interminable et, pourtant, il ne suffit qu’une dizaine de secondes à Marie pour ouvrir doucement le battant de la porte, offrant d’abord des yeux étonnés à sa fille en soulevant une question qui hausse un sourcil à Joseph. Sa sœur prétend ne pas vouloir faire partie de cette famille mais elle possède tout de même une clé pour venir à tout va dans cet établissement. Malgré sa surprise, le garçon ne touche pas un mot, préférant fixer le mur plutôt que de voir le visage de sa mère, ravagé par le temps et la maladie. Il n’a pas encore observé ses traits assez longtemps pour la reconnaître que Lily le mentionne pour présenter le gâteau qu’elle tend au bout de ses bras. Seulement à cet instant, Joseph redresse la tête pour croiser le regard voilé de Marie alors que son souffle s’accélère légèrement, comme si elle peinait à reconnaître l’homme devant lui. Elle semble un peu perdue, mais il ne saurait dire si c’est à cause de lui ou de la saveur du gâteau que Lily a choisi. Il esquisse tout de même un minuscule sourire pincé en faisant tarder le moment où il mettrait un pied dans la maison mais sa sœur se charge à lui botter le cul en lui demandant de porter le désert à la cuisine. Il hoche vaguement la tête et attrape la boîte en carton, toujours silencieux, et c’est après avoir fait un seul pas sur le carrelage qu’il se rappelle de retirer ses chaussures. Du bout des orteils, il tente de les placer du mieux qu’il le peut contre le mur, pour les dissimuler, peut-être, comme s’il n’était pas vraiment dans cet appartement. Une fois la porte refermée derrière lui, il peut humer un parfum qu’il reconnait instantanément. L’odeur du bois, du foin et de la pourriture entre les murs ne sont plus présentes mais un effluve de lavande s’échappe toujours des vêtements de Marie ; elle n’a pas changé de parfum depuis toutes ces années. « Oui. » Joseph finit par souffler à voix basse, obéissant à Lily qui sait bien mieux comment s’y prendre avec leurs parents. Il se racle légèrement la gorge alors que la vieille dame le scrute, toujours aussi déstabilisée, comme si elle n’arrivait pas à mettre un nom à ce visage alors qu’on le lui a soufflé. “Je vais me changer. Et dire à papa qu’on est arrivés.” Son cœur culbute dans sa poitrine alors qu’il croise le regard de sa sœur et s’y accroche, comme implorant, mais ses yeux doux arrivent à le calmer, du moins, en apparence. Il hoche la tête en retour et, rapidement, il se dirige vers la cuisine pour ne plus se faire hanter par l’odeur de lavande et pour placer quelques mètres en lui et son père, peu importe où il se trouve dans le logement. Après avoir trouvé une place dans le réfrigérateur pour poser le gâteau, il se plante au milieu de la cuisine sans réellement savoir quoi faire. Il louche un moment sur l’évier et, lorsque la silhouette lente de sa mère pénètre dans la cuisine à son tour, il lui fait dos et se pose devant ce dernier. Les mains tremblantes, il fait couler quelques millilitres de savon dans le creux de ses paumes, n’omettant pas la règle la plus importante : il faut se laver les mains avant de toucher à la nourriture. « Jo… » Murmure Marie près de lui avant de taper doucement son coude afin d’attirer l’attention de l’homme bien plus grand que lui. Il croise son regard quelques secondes, des secondes durant lesquelles la dame analyse son visage en fronçant les sourcils. « C’est Joseph ? » Son cœur se serre et il acquiesce. Il ne sait même pas si elle vient de deviner son prénom complet en se basant sur son surnom ou si elle vient de se rappeler qu’elle a mis au monde deux enfants. Juste au-dessus de la tête blanche de Marie, un crucifix suspendu contre le mur lui fait face. Joseph rabaisse les yeux. « Je ne suis plus bien forte. Tu seras plus rapide que moi pour couper les pommes de terre. Mon mari les préfère quand elles font la taille d’un dé. » Elle précise avant de difficilement s’abaisser pour récupérer une planche à découper dans une armoire sous l’évier. Les légumes sont déjà sur le comptoir, ainsi que le couteau. « C’est toi qui cuisine encore ? » Le garçon demande, la mâchoire serrée, bien conscient qu’elle n’est pas en état de s’occuper des repas. « Oh, oui. Ça me fait plaisir. » Elle répond en souriant doucement, guidant son invité jusqu’aux pommes de terre afin qu’il s’attèle à la tâche. « Tu n’as pas oublié de retirer tes chaussures sur le tapis et de te laver les mains. » Elle mentionne finalement en effritant une tige de thym. C’est à ce moment que le jeune homme comprend qu’elle ne l’a pas oublié. Il reste silencieux un moment, ne se laissant bercer que par le son de la lame qui tranche les légumes. « Non. Je n'ai pas oublié. » À peine quelques secondes plus tard, des pas dans le couloir l’alertent mais il ne relève pas la tête. Il garde ses deux yeux rivés sur ses doigts, feignant de vouloir faire gaffe pour ne pas se blesser. Pourtant, il la sent, la présence de Cyril dans le salon, mais il fait tout en son pouvoir pour ne pas laisser la peur étirer son visage.          

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Message(#)all that she wants are the stars and the moon [Keegans] EmptyJeu 4 Fév - 0:33

Papa, on est arrivés. On peut manger.” Lily a huit ans à nouveau ou, en tout cas, elle en a toute la voix. Elle marche sur la pointe des pieds, elle est douce et chacun de ses gestes pour arriver jusqu’au bureau de son paternel est longuement calculé. Ce n’est pas qu’elle a peur, c’est qu’elle est incapable d’oublier tout ce qu’il a pu faire subir à Joseph. Il est la principale raison pour laquelle revenir vivre avec ses deux parents a été un choix extrêmement difficile à prendre pour elle, bien au-delà du simple fait qu’elle se voyait socialement rétrograder. Elle craignait (la crainte, c’est pas de la peur, c’est pas pareil) qu’il ne soit finalement nostalgique de leur passé tous les quatre, et de tout ce qu’ils pouvaient bien faire. “Joseph est là aussi. Il a amené le dessert. Tu vas aimer.” Elle le prévient à nouveau de la présence de son frère pour ne pas qu’il fasse de remarque déplacée, elle y ajoute des accomplissements, elle termine par lui dicter la réaction qu’il aura. Ce n’est que de la psychologie mise au point au fil des années et des décennies. Elle ne sait pas réellement si elle s’y prend bien mais au moins elle essaye réellement de s’en sortir. Après s’être assurée qu’il est bien et bien en route pour se lever de sa chaise et quitter les jeux pré installés sur son ordinateur, elle lui offre un faible sourire en croisant son regard. Dans le couloir et jusqu’au salon, pourtant, elle est celle qui prend la tête du duo. Elle ne veut pas que son frère tombe déjà nez à nez avec leur paternel, raison pour laquelle elle donne à ce dernier la tâche de mettre la table - quand bien même elle lui demande simplement de s’asseoir où il en a le plus envie, voilà tout.

Ça sent bon ici.” Et elle, elle a enfin des habits normaux sans crayons multi couleurs et animaux dessinés partout. Elle a un sourire immense, aussi, et une main que personne ne verra qui se pose entre les omoplates de son frère. Ne sachant pas si elle risque de lui faire mal, le contact se fait à peine ressentir contre son habit. Pour une fois, elle le jure, elle n’est là que pour le rassurer et absolument rien d’autre. Ils sont une équipe, pour la première fois depuis bien longtemps. “Va t’asseoir maman, on s’occupe du reste.” Et Marie qui s’exécute aussitôt, comme à son habitude, elle qui a toujours su comment parfaitement obéir aux ordres. Il ne faut pas se demander bien longtemps de qui est ce que sa fille tient. Sa fille qui s’adresse à son frère par le regard uniquement, comme au vieux temps (il n’était pas bon, ce temps là) où rien ne leur était permis de dire. Elle lui demande si tout va bien, elle lui demande s’il a toujours assez de courage pour aller au bout de cette soirée.

Marie a prévu pour dix personnes, malgré sa tête qui n’y est plus et ses mains tremblantes. Elle a toujours été une excellente cuisinière pour toute la famille, toujours très consciencieuse. Personne n’a jamais rien à redire à ses plats que le frère et la soeur transportent désormais jusqu’à la table du salon où sont installés les parents. Lily toujours en tête de cortège, elle tente de combler à elle seule un silence de plomb dans toute la maison. “Tu as vu Neige aujourd’hui papa ? Il aime bien dormir sur les habits de tout le monde généralement.” Neige le chat de Lily, Neige qui vit avec la famille depuis qu’elle a déménagé en hâte. Neige dont personne ne parlera ce soir, sûrement, surtout pas alors que Cyril ne la laisse pas terminer sa phrase qu’il parle déjà d’autre chose et Lily, elle, elle ne sait que baisser les yeux. Vieilles habitudes. “Pourquoi t’as les cheveux longs toi ? On dirait une bonne femme. Ou pire, une tafiole.” L’esprit d’équipe qu’elle a tant vanté s’envole déjà. “C’est très bon, maman.” Elle mange à contre coeur.
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Message(#)all that she wants are the stars and the moon [Keegans] EmptyJeu 4 Fév - 1:36

Il l’observe du coin de l’œil sans arrêt. Pour se souvenir son visage, pour le retrouver en-dessous de ces rides qui rapetissent ses yeux et creusent ses joues. Elle est toujours aussi calme qu’avant, peut-être encore plus : il ne doute pas que la maladie l’affaiblit énormément. Quelques millimètres de repousses de cheveux blancs couvrent son crâne, confirmant ce que lui a dit sa sœur : elle ne prend plus de traitement de chimiothérapie même si la tumeur réside encore quelque part dans son corps. Alors que Joseph tranche les derniers éléments à ajouter dans le ragout, il la remercie intérieurement de ne pas parler. Elle lui fait cadeau du silence dont il a besoin pour affronter cette soirée. Quand, quelques minutes plus tard, Lily revient dans la salle principale, il lance un dernier regard à Marie alors qu’elle se dirige lentement vers la table à la suite de la demande de sa fille. Ses pas sont lents, réfléchit, et sa main trace le long des murs à la recherche de quoi s’accrocher si jamais ses jambes l’abandonnent. « Elle m’a reconnu. » Joseph murmure quand sa complice se pose près de lui pour l’aider à terminer le dîner. Sa main se pose dans le haut de son dos, il esquisse un sourire minuscule. Parce qu’il a l’impression que tout se déroule très bien, jusqu’à présent. Et, même si elle touche du bout du doigt les cicatrices de son passé, il ne sent pas la douleur. Seulement, quand il remarque la présence de son père dans la salle à manger, déjà attablé, ses dents grincent. Il rabaisse rapidement la tête pour ne pas croiser son regard au moment où il lève la sienne, le visage dur. Il doit s’accrocher au comptoir pour contrer un étourdissement. Ses iris se joignent à ceux de Lily et, après avoir doucement inspiré trois fois, il hoche de la tête pour lui faire savoir qu’il est prêt – même s’il ne le sera jamais réellement. Elle lui a demandé de faire semblant.

Pas une fois il ne regarde Cyril lorsque les deux enfants posent les plats sur la table. Un chaudron de ragout et un chaudron de riz. Lorsque Lily s’apprête à s’asseoir devant Marie, il lui tape discrètement la cheville pour lui demander en silence de prendre la place devant leur paternel, plutôt. Une fois attablé, il trouve du réconfort à la vision de son assiette même si son appétit ne se réveille pas. “Tu as vu Neige aujourd’hui papa ? Il aime bien dormir sur les habits de tout le monde généralement.” Il ne connait pas de Neige mais il devine qu’il s’agit d’un animal. Probablement un chat, puisque Marie serait trop faible pour promener un chien tous les jours et Cyril ne daignerait pas se lever pour le faire, jugeant que ce dernier ne mérite pas son attention. Naturellement, Joseph se met à observer les alentours à la recherche de l’animal, parce que ce sera toujours mieux de parler de lui que de laisser un malaise pesant réanimer les souvenirs de leur passé partagé. “Pourquoi t’as les cheveux longs toi ? On dirait une bonne femme. Ou pire, une tafiole.” Il se fige, cessant ses recherches. Il plante sa fourchette dans un morceau de viande en laissant les secondes s’écouler, priant pour que Lily intervienne avant qu’il ne regrette sa répartie. Et elle le fait. « Oui, très bon. » Il acquiesce à son tour alors qu’il n’a même pas eu le courage de tremper ses lèvres dans la sauce. « Je ne m’attendais pas à moins de ta part. Je t’ai posé une question. » Souffle leur père en tapant doucement son couteau contre la table pour attirer l’attention de son fils. Pour la première fois depuis une éternité, Joseph croise finalement son regard et il s’y accroche de peine et de misère. Ses yeux sont déjà rouges quand il répond finalement, sur le ton qui se veut le plus neutre possible : « Lily aussi t’en a posé une. » Il croque enfin sa bouchée de bœuf en ravalant sa nausée. « Mais si tu veux vraiment que je te réponde, je peux le faire. » Il pointe avec sa fourchette le crucifix accroché au mur, sur lequel Jésus se vide de son sang, la tête basse mais, surtout, ses longs cheveux tombants en vagues dans son cou. « J’ai opté pour son style. Ça me surprend d’apprendre qu’il est une tafiole à tes yeux. T’as changé, c’est cool. Tu peux répondre à ta fille maintenant ? » Il ne lâche plus son regard, cette fois, comme si le faire signait sa défaite.              

@Lily McGrath :nono:
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Message(#)all that she wants are the stars and the moon [Keegans] EmptyVen 5 Fév - 0:25

« Elle m’a reconnu. » - “Elle parle souvent de toi. Quand papa n’est pas là pour entendre.

A ses côtés se tient un dialogue qu’elle ne veut pas entendre. Elle se souvient du morse que sa mère lui a appris et si cette dernière n’avait pas tant perdu la tête, elle l’aurait sans aucun doute utilisé. Ca aurait été bien plus simple pour penser à autre chose et laisser son frère se débrouiller avec un homme contre lequel il n’a même jamais gagné la moindre bataille. « Oui, très bon. » Elle aurait pu épiloguer sur la sauce de la viande pendant des heures ou alors parler de la cannelle avec laquelle sa mère a fait cuire le riz - secret de famille, qu’elle dit. Elle aurait même pu commencer à entamer le sujet du dessert pour lui rappeler que Joseph l’a amené mais son père la coupe une fois de plus dans son élan en même temps que ses pensées. « Je ne m’attendais pas à moins de ta part. Je t’ai posé une question. » Le souffle de la brune s’accélère déjà, quand bien même il s’était arrêté lorsqu’il a commencé à jouer de son couteau sur la table de bois du salon. Tant qu’il ne l’enfonce que dans la table, personne ne s’en plaindra. Quand bien même il en déciderait autrement ; personne ne dirait rien. « Lily aussi t’en a posé une. » - "C’est pas grave, c’était pas important.” Lily qui ne courbe l’échine devant personne et ploie encore moins le genou n’essaye même pas de faire semblant face à son père. Elle baisse les yeux et montre tous les signes de soumission possibles parce qu’elle a appris que c’était son seul moyen de s’en sortir, quand bien même son statut de petite protégée lui donne une place particulière au sein de sa famille. Elle craint qu’un jour, il ne suffise soudainement plus. « Mais si tu veux vraiment que je te réponde, je peux le faire. » Déjà, elle n’aime pas le ton sa voix soudainement assurée. Il ne devrait pas l’être face à leur paternel, il le sait pourtant. Personne n’est sûr de lui face à Cyril parce que personne ne peut anticiper la façon dont il pourra réagir au moindre mot ou geste - ou même sans mot ni geste. « J’ai opté pour son style. Ça me surprend d’apprendre qu’il est une tafiole à tes yeux. T’as changé, c’est cool. Tu peux répondre à ta fille maintenant ? » Oh Joseph, Joseph, Joseph. Cyril n’est certainement pas le plus croyant de la famille (pour une fois, leur mère a le droit à tous les lauriers) mais il est sans aucun doute le moins apte à accepter une telle insolence de la part de son propre sang. “On va avoir un bébé. Avec Matt.” C’est le jeu de la surenchère, c’est le jeu de ce qui intéressera davantage Cyril que d’imaginer toutes les sévisses qu’il pourrait faire subir à son fils. Lily ne risque pas d’avoir d’enfant avec un mari qu’elle touche bien encore moins qu’elle ne le voit, plus encore à qui elle ne parle mais personne n’a jamais précisé qu’elle avait à dire la vérité. Bien au contraire.

Ses yeux remontent difficilement dans ceux de son père, lequel exerce une bien trop forte pression contre son couteau pour que ce soit normal. Tant qu’il ne le jette pas sur Joseph en même temps qu’une nouvelle salve d’insultes, ce sera suffisant. “On en a parlé, en tout cas. On va se remettre ensemble et on va se donner une chance. Vous serez grands parents, comme ça.” Ils n’ont pas encore parlé et ce ne sont que là les mots qu’elle rêve de pouvoir dire sans mentir. Tant pis pour ce que Joseph devait être tenu à l’écart, ce n’est pas le plus important. “C’est pas une super nouvelle, papa ?” - “Si. Je suis très content pour toi. Tu nous rends fiers, toi au moins. C’est quand que tu trouves au moins quelqu’un, Joseph ?
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Message(#)all that she wants are the stars and the moon [Keegans] EmptySam 13 Fév - 19:07

« Elle parle souvent de toi. » Il observe sa sœur longuement, s’attendant à trouver le mensonge dans ses yeux bleus mais, au contraire, elle semble plus honnête que jamais. Légèrement déstabilisé d’apprendre que la femme qu’il a lui-même oubliée continue de rappeler son existence, il hoche la tête en se mordant le bout de la langue. Doit-il être rassuré d’apprendre que sa propre mère ne l’a pas complètement rayé de sa vie quand il a disparu ? Pourquoi n’est-elle jamais partie à sa recherche ? C’est Cyril qui l’en empêchait, comme il a toujours été celui qui dicte les règlements ? Ce n’est pas une question que Joseph osera poser même si c’est l’une des seules réponses qu’il espère obtenir.

Le repas est bon, selon Lily, mais puisque son frère n’a pas encore trempé ses lèvres dans la sauce, il doit mentir pour confirmer. Son estomac n’est pas prêt à accueillir une assiette aussi copieuse parce qu’à chaque fois qu’il lève le menton de la table, il aperçoit le regard noir de Cyril qui appuie sur ses épaules. Heureusement, la présence de sa sœur à sa droite arrive à le calmer – à moitié. Pour s’empêcher de lancer les mots qui lui chatouillent le fond de la gorge, il serre fortement la mâchoire mais le petit garçon contestataire qu’il a toujours été est difficile à enterrer. Dès le moment où son père lui reproche sa coiffure négligée, il perd le contrôle et répond de façon sarcastique, comme à son habitude. Qu’est-ce qu’il pouvait lui dire, de toute façon ? Qu’il n’a pas les moyens d’entretenir son apparence tous les mois ? Qu’il a préféré couper dans ce genre d’artifice afin de manger trois fois par jour ? Il n’aurait fait que rire à sa gueule et lui reprocher de ne pas avoir emprunté le bon chemin. "C’est pas grave, c’était pas important.” Elle défend, pour empêcher le ton de monter dans la salle à manger. Elle se fait minuscule, Lily, et ce n’est pas dans les habitudes de la voir ainsi. Elle se tient toujours droite et forte ; elle possède un caractère de fer. Mais, devant ses parents, elle devient aussi imposante qu’une petite flaque d’eau après une averse. Mais il s’en fiche, Joseph, de sa tentative d’apaiser le feu qui menace d’embraser l’air, parce qu’il ne veut pas laisser Cyril s’en sortir si facilement. Elle a manqué de respect à la personne qui mérite tous les soins du monde. Alors il insulte le petit Jésus accroché dans le haut de la porte d’entrée, prouvant que les temps n’ont pas changé malgré les années qui se sont écoulées. La religion n’est restée qu’un mauvais souvenir, une main contre son corps trop jeune et un mot sacré qui lui aura valu punitions puis cicatrices. “On va avoir un bébé. Avec Matt.” Il se serait étouffé avec sa bouchée s’il avait osé croquer un premier cube de bœuf. Ça ne l’empêche toutefois pas de tirer une grimace en passant proche d’avaler sa salive de travers. Il fixe longuement sa sœur, silencieux, attendant qu’elle admette que ce n’était qu’une plaisanterie pour empêcher Cyril de répondre aux provocations de son fils. Mais la révélation ne vient pas. “On en a parlé, en tout cas. On va se remettre ensemble et on va se donner une chance. Vous serez grands parents, comme ça.” Sourcils froncés, Joseph reste muet en tentant de comprendre. Il louche un moment sur les vêtements qu’elle porte, puis il se rappelle cette clef de l’appartement qu’elle possède alors qu’elle n’habite pas ici – ou, au contraire, justement. Il ne peut s’empêcher de baisser les yeux sur les ecchymoses à ses bras en espérant que ces dernières ne dissimulent pas un énième mensonge. “C’est pas une super nouvelle, papa ?” Il redresse enfin la tête pour voir la réaction de Cyril mais il est toujours aussi fermé, son couteau grattant le bois de la table pour extérioriser sa haine. Il le déteste encore plus dès le moment où il ignore complètement la bonne nouvelle pour reprocher le célibat éternel de Joseph. Il serre sa fourchette. « Il est trop tard pour me poser cette question, papa. » Le mot est prononcé dans une grimace. « Tu aurais dû le faire vingt ans plus tôt, pour au moins faire semblant de te soucier de ma situation. » Il désigne sa sœur du menton. « Au fond, ça me rassure de me dire que son enfant n’héritera pas de ton nom. J’espère que tu ne souhaitais pas que ta lignée perdure dans le temps. » Sourire moqueur, il plante enfin sa fourchette dans le ragout pour y goûter. Comme si elle venait enfin de se réveiller, Marie relance : « Je vais être grand-maman ? » Un sourire bienveillant étire ses lèvres alors qu’elle tend la main par-dessus la table pour attraper celle de Lily. Il les observe en silence et arrive à oublier la présence désagréable de son père pendant un moment, assez longtemps pour offrir un sourire pincé à Lily. Évidemment qu’il l’aurait prise dans ses bras s’il n’était pas collé à sa chaise, évidemment qu’il l’aurait félicitée s’il ne se trouvait pas dans cette situation angoissante. Il aurait peut-être même omis le fait qu’elle ne lui a pas dit qu’elle n’était plus avec Matt. « Elle ne le verra pas, le bébé. » Souffle Cyril en mâchant un trop grand morceau de viande, inconscient de l’impact de ses propos. Les poings de Joseph se serrent et il se retient de justesse de lui lancer une insulte. « Elle ne sera jamais grand-maman. » Le vieux rajoute, comme s’il avait besoin de le faire pour bien plomber l’ambiance.  

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Message(#)all that she wants are the stars and the moon [Keegans] EmptyMar 16 Fév - 18:31

Apparemment non, les projets de famille qui se dessinent du côté de Lily ne sont pas une bonne nouvelle pour son paternel et il préfère plutôt enfoncer le couteau dans la plaie de l’aîné. Il n’a aucun projet d’aucune sorte qui se dessine, Joseph, et si en temps normal sa cadette ne se fait pas prier pour le lui rappeler, ce n’est pas le cas ce soir. Ils sont de nouveau dans le même camp et les problèmes de l’un deviennent automatiquement ceux de l’autre sans qu’il n’y ait même à réfléchir. Ils se pensent revenus trente ans en arrière, et ce n’est en rien une bonne nouvelle, sauf peut-être pour Marie qui se portait physiquement bien mieux. Ce soir, elle a le regard perdu dans le vide et elle n’entend que les mots qui l’arrangent ; on se demande de qui Lily tient ça. « Il est trop tard pour me poser cette question, papa. » Tu parles trop, Joseph, tu parles trop. Tais toi et baisse la tête, c’est ce qu’il y a de mieux à faire dans cette famille. « Tu aurais dû le faire vingt ans plus tôt, pour au moins faire semblant de te soucier de ma situation. » La désignée du menton lui envoie un faible coup de pied dans le tibia pour lui faire comprendre qu’il est vraiment temps pour lui de se taire s’il tient à la vie mais, comme à son habitude, Joseph n’en fait qu’à sa tête et au lieu de rouler les yeux, elle en est ce soir bien trop paniquée. Il sait ce que fait Cyril lorsqu’il est contrarié, pourtant, alors pourquoi est-ce qu’il continue de le chercher ? « Au fond, ça me rassure de me dire que son enfant n’héritera pas de ton nom. J’espère que tu ne souhaitais pas que ta lignée perdure dans le temps. »C’est pas encore sûr, de toute - …” “Tu as dis quoi, mon garçon !?« Je vais être grand-maman ? » La cacophonie est générale et aux deux femmes qui adoptent le ton le plus doux et le plus bas possible s’opposent les hommes qui au contraire élèvent leur voix, à commencer par le patriarche déjà exaspéré de la tournure que prend ce repas de famille. Lily, elle, se contente de prendre dans ses mains celle de sa mère et de lui sourire en retour, réellement émue. Elle espère réellement qu’elle sera grand-mère ; elle l’espère de tout son coeur et bien plus encore. “Oui, maman.” Elle n’a sûrement pas pris en compte que tout n’en est encore qu’au stade de discussion avec son mari mais ce n’est pas grave, Lily ne lui en veut pas. Elle mérite d’être heureuse, elle aussi.

« Elle ne le verra pas, le bébé. » Lily libère une main pour la poser sur le poing serré de son frère, lui suppliant en silence de ne pas aller au bout de ses pensées et plutôt de se reprendre. « Elle ne sera jamais grand-maman. » - “C’est vrai, Lily ?” Lily la reine des menteuses qui n’arrive plus à utiliser de fausses déclarations face à sa propre mère. Elle serre la mâchoire et papillonne des paupières pour cacher son émotion et son désarroi avec. Si elle l’avait pu, elle lui aurait donné un petit fils ou une petite fille il y a des années de ça, et elle leur aurait offert à eux deux la possibilité de grandir l’un avec l’autre. Aujourd’hui, elle sait que cela ne restera que des remords au milieu de bien d’autres. “Tu verras mon ventre grossir et tu me donneras toutes tes astuces pour ne pas avoir de vergetures et de nausées, d’accord ?” Elle ne sera pas là pour voir le visage de la troisième génération autour de cette table, c’est évident, mais Lily tente au moins de lui faire miroiter un avenir qui lui semble plausible. “C’est avec ce barman que tu vas fonder une famille ? Tu vaux mieux que ça, Lily.” Ses dents malmènent ses joues et ses yeux refusent de se poser sur son père, pourtant assis juste à côté d’elle. Elle a suffisamment de tempérament pour répondre à son frère, à Alfie, à Ezra, à Matt et à tous ses proches réunis mais pas à son paternel. Quand bien même elle aime son mari du plus profond de son cœur et n’a jamais pensé à le réduire à une profession - il n’est pas barman, il est le propriétaire du café et il la rend fière par ses idées par millier et son dévouement sans limites - mais elle ne peut pas le lui dire. “Pourquoi tu fais ça papa ? Joseph est venu pour toi et j’essaye de faire de mon mieux pour vous deux, pourquoi est-ce que tu veux tout gâcher ?” Dans sa voix ne se lisent pas les reproches, uniquement les supplications qui donnent un ton aigu à sa voix qui ne l’est pourtant jamais, en temps normal.
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Message(#)all that she wants are the stars and the moon [Keegans] EmptyMer 24 Fév - 20:23


Il perd le contrôle et il s’excusera à Lily plus tard. Il a promis de ne pas s’enflammer et il ne le fait pas encore, pas réellement. Certes, il lève le ton devant Cyril, poussé par son besoin inné de confronter les gens stupides, mais il n’a pas encore l’intention de soulever la table et de a renverser. C’est la nouvelle de Lily qui calme pendant dix secondes les quatre protagonistes et Joseph est sincère quand il lui murmure ses félicitations sans laisser l’honneur à ses parents de voir cette complicité qu’il a avec sa sœur : il ne veut pas lui imposer d’être dans son camp à lui, il ne pourrait pas se pardonner si leur paternel se mettait à taper sur les doigts de sa cadette. Cependant, Lily considère que son frère commence à en faire un peu trop et une grimace surprise déforme le visage du garçon quand son pied rencontre son tibia en-dessous de la table. Les yeux ouverts comme des melons, il fait signe à sa sœur qu’il a compris le message.

Mais l’a-t-il réellement compris ? Probablement pas, parce qu’il enchaîne avec une énième pique, se disant rassuré que l’enfant de Lily n’hérite pas du nom des Keegan, celui-ci étant probablement maudit. “C’est pas encore sûr, de toute - …” Tente Lily avant d’être coupée par Cyril et son poing serré autour du couteau. “Tu as dis quoi, mon garçon !?” Il ne détache pas ses yeux noirs des siens : l’assiette sous son nez n’existe plus. Il ne s’agit plus d’un dîner en famille mais d’un combat dans une arène de boxe. C’est la voix douce et perdue de Marie qui s’élève sans que Joseph n’ait le temps de répéter ses propos, se disant que son père est probablement un peu sourd d’oreille s’il lui demande de le faire – à moins qu’il veuille s’assurer qu’il a bel et bien le droit de planter son ustensile dans le dos de sa main pour le punir d’avoir dit de telles choses ? “Oui, maman.” Concentrant ses pensées sur les battements de son cœur, Joseph se repose contre le dossier de la chaise, rivant cette fois son regard sur les deux femmes qui s’échangent un regard bienveillant. C’est évidemment Cyril qui brise le moment à nouveau, rappelant à Marie sa maladie qui ne tardera pas avant de l’emporter. “Tu verras mon ventre grossir et tu me donneras toutes tes astuces pour ne pas avoir de vergetures et de nausées, d’accord ?” S’empresse de lancer sa sœur pour rassurer celle qui a appris trop violemment qu’elle n’aura pas le temps de devenir grand-maman parce que Lily tarde trop avant de fonder sa propre famille – et c’est seulement la faute à Lily, évidemment, parce que Joseph ne pourra jamais être père. La drogue a pourri l’entièreté de ses organes. Mais, ça, c’est une information qui ne mérite pas d’être révélée. De toute façon, le brun n’aurait jamais présenté son fils  ou sa fille à ses parents pour leur éviter de rencontrer le diable. “C’est avec ce barman que tu vas fonder une famille ? Tu vaux mieux que ça, Lily.” Sourcils froncés, Joseph rive à nouveau ses yeux vers l’antagoniste. Effectivement, Lily n’a pas marié un avocat ni un dentiste et c’est un détail qui hérisse le poil du Keegan colérique, misogyne et coincé en l’an 1800. « On est en 2020 si tu n’as pas remarqué, Cyril. » Siffle le garçon en détournant les yeux pour les attacher au vide, préférant éviter de croiser le regard de son père pour ne pas  lui donner une bonne raison de s’énerver à nouveau contre lui. “Pourquoi tu fais ça papa ? Joseph est venu pour toi et j’essaye de faire de mon mieux pour vous deux, pourquoi est-ce que tu veux tout gâcher ?” Il secoue la tête de droite à gauche. Dès le début, il a su qu’ils ne pourront jamais trouver un terrain d’entente. C’est une relation d’agresseur et d’agressé, Joseph ne pourra jamais pardonner à Cyril toutes les souffrances qu’il lui a fait subir quand il était trop jeune pour se défendre. « Je pensais que toute cette famille avait compris que Cyril était irréparable. J’avoue que j’ai presque espéré que les années le calment un peu mais il faut croire que, même en dessous de toutes ces rides, il y a encore un petit cœur colérique qui ne manque pas une occasion de rappeler au monde entier qu’il est le pire de son espèce. » L’homme se redresse dans sa chaise, les joues rouges de colère et la mort dans les yeux. « Oh, calme-toi. » Souffle Joseph en soulevant la main. « Si tu me plantes ce couteau, tu termineras dans un asile. J’ai des dizaines de cicatrices qui prouvent que tu mérites la prison depuis ta naissance. » Et, sans plus attendre, devant l’air estomaqué de son père, il se lève pour quitter la table. « Je pense qu’on a terminé de manger, Lily. Je ne voudrais pas les déranger plus longtemps, je n’ai pas envie qu’on tache le tapis de sang. » Marie s’est remise à manger comme si elle ne remarquait pas tout ce qu’il se passe autour d’elle. C’est tant mieux.  
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