« J’ai une gueule d’ange ? »
Si Samuel était face à un miroir, nul doute qu’il aurait aperçu ses pommettes rougir face à cette phrase que Jordan avait relevée. Oui, il l’admettait, son regard bleuté, ses fossettes, son sourire, lui donnait un air angélique qui disparaissait bien vite une fois la porte fermée – ou non. D’ailleurs, en parlant de porte fermée, Sam avait le corps présent mais l’esprit ailleurs. En toute honnêteté, chez Jordan. Il ne voyait même plus l’intérêt de rester ici, sur ce bord de plage, qu’il précipita leur départ. Et dans toute précipitation, la maladresse de l’ingénieur reprenait le dessus, ses clés tombant dans le sable. Il s’était retenu à Jordan, le regardant battre du pied pour faire remonter les clés à la surface. Un soupir de soulagement s’échappa des lèvres de Samuel, profitant du baiser de Jordan, trop court à son goût. « Si je ne dois pas te remercier, cela enlève des choses à faire… » murmura Samuel alors qu’il s’apprêtait à monter dans la voiture. Il observa Jordan un instant, main sur la poignée de la portière avant de grimper dans son véhicule. C’est qu’il n’avait qu’une seule envie, c’était d’arriver le plus rapidement possible.
Samuel démarra le moteur, un sourire aux coins des lèvres tandis qu’il démarrait prudemment, son regard se tournant par moment vers Jordan qui prenait possession de la radio tout comme de la jambe de l’ingénieur. Ce dernier se tendit dans son siège, déglutissant tandis qu’il interrogeait Jordan du regard, les joues rougies. « Je… Euh… Vraiment ? Shakira ? » dit il en reportant le regard sur la route, son pied appuyant sur l’accélérateur plus que de raison. Parce qu’il l’avait vu sourire, il avait compris son regard, et les sous-entendus de ce dernier. « Ne fait pas ça, on risquerait de finir dans un fossé… » murmura Sam dans un clin d’œil, le sourire joueur. Il allait devoir prendre son mal en patience, et les quelques kilomètres qui les séparaient du domicile de Jordan se feraient en quelques minutes. Parce qu’ils avaient trop attendus, et que Samuel ne voulait plus qu’une seule chose : rattraper ce mois de silence en une nuit de plaisir.