Nathan expliquait être navigateur dans la navy, bien loin donc du soldat de terrain qui pouvait en faire fantasmer plus d'uns. « Ah mais carrément, choqué et déçu ! Non je vais partir du coup… » Il fit mine de se lever l'espace d'une seconde et Nathan eut une moue déçue avant de se rendre compte qu'il ne s'agissait que d'une blague, encore - bien sûr, à quoi s'attendait-il ? Sa réaction démontrait néanmoins qu'il appréciait sincèrement la compagnie de Pete, et qu'il préférait définitivement qu'il reste encore un peu plutôt qu'il le laisse seul comme le brun l'avait prévu initialement. « Je me doute ! Du coup tu fais quoi exactement tu conduis les bateaux c’est ça ? » Nate opina du chef, souriant. En gros, c'est ça. Il y avait des spécificités et des missions bien particulières, mais le tout était compliqué à expliquer et le marin préférait de loin préserver l'aspect léger de cette conversation. « Ca veut dire que potentiellement on pourrait en piquer un et aller faire un tour à deux ? » Son regard se perdait sur les bateaux, l'air espiègle. J'en gère des biens plus gros normalement. Qu'il lançait en riant, se rendant compte à l'instant qu'hors contexte sa phrase pouvait être mal intérprétée. Heureusement qu'il n'y avait aucune ambiguïté entre eux - du moins rien qu'il n'ait compris. Mais on fera un tour en bateau, un jour, si tu veux. L'invitation était lancée. Pas dans un porte hélicoptères, ça c'était certain ; mais ils devrait bien trouver une location de bateau quelque pars.

Puis ils jetèrent leur dévolu sur le dessin, et finalement Nathan se lançait pour montrer ses œuvres. Il prévenait malgré tout Pete en amont sur le fait qu'il refuserait toute moquerie - prouvant une fois encore qu'il n'avait aucune confiance en lui au sujet de son art. « Promis je ne rirais pas ! Et si tu me jettes à l’eau, j’te préviens j’te tire avec moi ! » Il le faisait rire et Nate n'en rata pas une pour surenchérir. Bon, tu me diras, si on est deux à poil dans la rue, on aura sans doute l'air moins cons. Bien qu'il n'appréciait pas spécialement s'afficher, il profiterait sans aucun doute de la vue. Ses pensées lui posaient question, se rendant compte que l'attirance qu'il avait eu envers Louis n'était peut-être pas qu'un hasard - Pete pourrait peut-être l'attirer aussi. S'échappant de ses pensées, Nate ouvrit enfin son carnet. « T’es doué. J’aime beaucoup celui-là. Du talent tu en as. » Pete était charmant. Il était doux et gentil, et il avait surtout le don de faire sourire. Jusqu'ici, c'était grâce à son humour ; maintenant c'était grâce à ses mots. Le brun avait perdu confiance en son coup de crayon, et avoir un compliment qui ne venait pas de ses sœurs ou de ses parents lui réchauffait le coeur. C'est gentil. Qu'il remerciait sincèrement, finissant par refermer son carnet de dessins, estimant en avoir bien assez montré. C'est bête mais ça me gêne, surtout vis à vis de quelqu'un qui bosse là dedans. Un jour je te laisserais peut-être en voir plus. Sous entendu qu'ils passeraient du temps ensemble à l'avenir.

Je l’ai vue la moue déçue qui est apparue au moment où je me suis levé, comme s’il croyait vraiment que j’allais partir. Ca me fait sourire et me confirme que je ne suis pas un intru dans son moment de tranquillité. Je lui demande s’il conduit des bateaux. « En gros, c'est ça. » Il ne s’étend pas sur les détails et c’est sans doute plus simple, aussi je propose un vol de bateaux décorés.

« J'en gère des biens plus gros normalement. » Mon regard se fait moqueur, « Ah oui ? » Mon ton susurre, parce que je ne peux pas m’en empêcher, il est beau Nathan et ses cheveux bruns, son regard tout aussi sombre que doux et j’aime flirter même s’il ne s’en rendra peut être même pas compte. « Mais on fera un tour en bateau, un jour, si tu veux. » Et ça c’est presque qu’une promesse qu’on se revoit. Il n’est pas ennuyeux le jeune homme et la conversation est facile et j’ai envie d’en savoir plus, alors avec un sourire je réponds. « Tu sais que t’es coincé, maintenant tu vas être obligé de m’emmener faire ce tour en bateau ! je ne te lâcherai pas avec ça ! » Une balade pour un autre jour, pour une autre fois, si on se recroisait réellement.

J’ai très envie de savoir ce qui se cache dans ces carnets, de découvrir les dessins que Nathan a tracé et lorsqu’il me menace de me jeter à l’eau, je le préviens qu’il y finira aussi. « Bon, tu me diras, si on est deux à poil dans la rue, on aura sans doute l'air moins cons. » A ça je ris doucement entre deux bouffées de cigarette plongeant mon regard dans le sien, mutin. « Ah mais je savais pas que l’option vêtement n’était pas obligatoire, dans ce cas il n’y a pas de soucis, on finit à l’eau quand tu veux ! » Je provoque, me demandant comment il va réagir, lui adressant un clin d’œil avant de me concentrer sur le carnet à présent ouvert devant mes yeux. Il est doué, les dessins précis et poétiques et je suis sincère quand je lui parle de son talent. « C’est gentil. » Le carnet est refermé. « Déjààà ? » Je râle avec un sourire, arrêtant cependant de me pencher vers lui pour regarder les dessins. « C'est bête mais ça me gêne, surtout vis à vis de quelqu'un qui bosse là dedans. Un jour je te laisserais peut-être en voir plus. » Je fronce les sourcils un court instant. « Pourquoi ça te gène ? Justement pour quelqu’un dont ce n’est pas le métier tu devrais au contraire être encore plus fier. Tu es talentueux Nathan. » dis-je en le regardant dans les yeux un long moment.

Bien évidemment, Pete avait noté les allusions de la phrase de Nathan, le faisant rire à nouveau. « Ah oui ? » Il s'abstenait néanmoins de répondre, ne voulant pas en rajouter une couche - il en avait déjà bien assez fait et avait toujours peur de ce qu'on pouvait comprendre et retenir de ses propos. « Tu sais que t’es coincé, maintenant tu vas être obligé de m’emmener faire ce tour en bateau ! je ne te lâcherai pas avec ça ! » Le brun sourit, bien conscient qu'il avait fait la promesse à Pete de le revoir un jour pour une ballade en bateau, pour un moment ensembles. Je tiens toujours parole. Qu'il lançait un prenant un air grave et solennel - ou presque. Il le perdit bien vite, menaçant à son tour de jeter Pete à l'eau, finissant par rire en les imaginant tous les deux trempés et forcés de se déshabiller dans la rue. Quoi qu'en plein été à Brisbane, il était commun de voir des personnes en maillot de bain un peu partout : ce n'était pas son style malgré tout.  « Ah mais je savais pas que l’option vêtement n’était pas obligatoire, dans ce cas il n’y a pas de soucis, on finit à l’eau quand tu veux ! » Son regard était rieur, Pete était définitivement lancé. Bon, tu sais quoi ? On sautera du bateau pendant la ballade. Il riait. Après la promesse d'un autre moment ensemble, il rajoutait celle de sauter à l'eau, bien que cette dernière relevait plus de la blague qu'autre chose, il faut dire qu'il ne cracherait pas sur le fait de le voir dénudé.

Les sourires s'éstompèrent alors que le carnet de dessin de Nathan fut refermé quelques minutes après seulement son ouverture. « Déjààà ? » Qu'il lançait, la moue boudeuse. Mais Nathan lui expliquait être gêné de tout ça, sans rentrer dans les détails pourtant. Il espérait que Pete n'en demande pas plus, mais c'était bien mal le connaître. Il fronçait les sourcils, prit une seconde avant de poser la question à laquelle Nate lui même ne savait pas réellement répondre. « Pourquoi ça te gène ? Justement pour quelqu’un dont ce n’est pas le métier tu devrais au contraire être encore plus fier. Tu es talentueux Nathan. » La corde sensible était touchée depuis un moment - depuis qu'ils parlaient dessin, en fait - mais là il faisait fort Pete. Justement, j'aurais dû en faire mon métier. J'aurais voulu, j'ai pas réussi. Il avait déjà du mal à se l'avouer à lui même Nate, avait du mal à en parler avec ses proches. Pourtant il venait de le dire à voix haute devant Pete. Il venait de lui livrer l'un de ses plus précieux secret. Une idiotie pour certains que cela soit devenu une honte, pourtant, c'était l'une des choses qui l'avait le plus empêché de trouver le sommeil dans sa vie. On a pas tous la chance de faire de notre passion notre métier. Qu'il lançait, plein de nostalgie, le regard fuyant vers l'horizon. Enfin bon, peu importe. Je continue malgré tout, ça me détend de dessiner. Il replongea son regard dans les yeux de Pete, dont il appréciait un peu plus la vue à chaque fois. Et puis si je l'avais pas fait, on aurait jamais eu cette discussion et on aurait continué à se foncer dedans sans jamais parler. Rien que pour ça, ça valait le coup.

« Je tiens toujours parole. » L’air est solennel. Je devrais peut-être lui dire alors à quel point moi, je suis pas le genre de gars à tenir parole, à quel point je brise toutes mes promesses et foire tout un peu plus chaque jour. Mais Nathan ne connait rien de ma vie et de mes échecs et c’est peut-être pour ça que ce matin je me sens aussi bien.

« Bon, tu sais quoi ? On sautera du bateau pendant la ballade. » On ne va pas se mentir la perspective de cette balade en bateau commence à devenir de plus en plus intéressante. L’idée de voir Nathan avec bien moins de vêtements est une image intéressante et mon sourire s’élargit. « Deal ! » Je lui tends la main, parce que la promesse doit être signée d’une poignée de main et que maintenant on a intérêt à la tenir. L’idée en réalité me dit bien plus que je ne le pense.

J’aperçois enfin les dessins dans son carnet et pourtant c’est pour un moment si court que je doute un instant qu’il a existé, le jeune homme refermant bien vite le carnet, les dessins restant une partie de son jardin secret. Alors je pose la question, lui demandant ce qui le gêne sans réaliser que je mets les pieds dans le plat sans le savoir. « Justement, j'aurais dû en faire mon métier. J'aurais voulu, j'ai pas réussi. » A ça je penche la tête doucement. Parce que ça me parait abstrait. Je me demande s’il a voulu faire des études là-dedans, ou bien s’il a tenté de faire publier ses dessins, s’il voulait peut être faire un métier en lien avec l’art mais alors lequel. « C’est-à-dire ? Tu aurais aimé faire quoi exactement ? » Je lui demande doucement, sans aucun jugement dans ma voix, mon regard restant sur les bateaux alors que tire une bouffée de ma cigarette, pour ne pas le gêner en le fixant.

« On a pas tous la chance de faire de notre passion notre métier. » « Non c’est vrai. » Je dis doucement, mais à mes yeux la réponse n’était pas suffisante. Je faisais partie de ceux qui étaient prêts à tout pour se battre pour leurs passions et pour leurs rêves, qui n’auraient pas acceptés un non pour réponse quand cela touchait à l’art de manière générale. « Enfin bon, peu importe. Je continue malgré tout, ça me détend de dessiner. » Il y a des regrets dans sa voix même s’il tente de les cacher avec un sourire. « Et puis si je l'avais pas fait, on aurait jamais eu cette discussion et on aurait continué à se foncer dedans sans jamais parler. Rien que pour ça, ça valait le coup. » A ça je lui souris, un léger rire secouant mes épaules. « C’est vrai que sans ce petit carnet je me serais peut être jamais asssis à côté de toi ! Je flaire les dessins comme d’autres flairent le chocolat ! » Je raconte n’importe quoi mais au moins mes épaules se détendent et aujourd’hui j’ai l’impression que ça va un peu mieux.

 « Deal ! » Nathan avait bizarrement déjà hâte de se retrouver à cette prochaine fois. Il faut dire qu'ils étaient rares, les gens avec qui ça passait si bien si facilement, ceux avec qui il pouvait s'ouvrir sans être plus gêné que ça, ceux qui jouaient sur le même humour que lui. Il appréciait Pete, et regrettait de ne pas l'avoir eu dans sa vie plus tôt, persuadé qu'il aurait pu trouver en lui un soutien dans les moments les plus sombres, une pointe de lumière quand c'aurait été nécessaire. Non pas que son entourage n'en comportait pas déjà, mais il semblait mine de rien avoir un feeling particulier avec Pete. A tel point qu'il lui parlait presque ouvertement de ses échecs et de son parcours, une honte pour lui, un sujet à éviter de manière générale.  « C’est-à-dire ? Tu aurais aimé faire quoi exactement ? » Pete s'y intéressait, et bien que Nate n'appréciait pas tellement se lancer dans ce genre de discussions, il se laissait porter. Oui, il ne sentait que de la bienveillance et de l'intérêt de la part du Mulligan. Ni moqueries, ni curiosité malsaine. Je crois que j'y ai même jamais réfléchi. Je voulais dessiner, c'est tout. Réussir à vivre de mon "art", par n'importe quel moyen. Sans doute était-ce pour ça qu'il n'avait pas réussi non plus, l'on dit toujours que sans objectif rien ne peut fonctionner. Mais Nate n'était pas du genre à avoir trop d'ambition avant, il n'était pas du genre à faire mille plans sur la comète. Peut être que pour réussir dans l'artistique, c'aurait été nécessaire : tant pis, il avait raté sa chance. C'est pas plus mal finalement, que j'ai pas réussi. J'serais encore qu'un gringalet sans ça. Il préférait répondre en riant, faisant mine de gonfler ses bras et son torse. Il n'était plus un gringalet, il était loin d'être impressionnant pour autant. Précisant, que tout le monde ne pouvait réussir dans son domaine de prédilection, son ton était soudain plus nostalgique de l'époque où il avait tant d'espoirs. « Non c’est vrai. »  Pete acquiesça. Et leurs deux visages s'illuminèrent à nouveau d'un sourire lorsqu'ils avouaient être bien contents de s'être parlés aujourd'hui. « C’est vrai que sans ce petit carnet je me serais peut être jamais assis à côté de toi ! Je flaire les dessins comme d’autres flairent le chocolat ! » Nate rit à sa remarque. Je savais pas que les dessins avaient une odeur à flairer. Lançait-il, l'air idiot.Y'a d'autres trucs que tu flaires comme ça ? Non parce qu'à ce niveau là, j'aurais peut être mieux faire de prendre au sérieux ton aveu d'être un psychopathe.

Nathan me parle de ses regrets, du fait qu’il aurait voulu  de cette vie, de cette carrière, qu’il l’a laissée partir à regret.  Je lui demande alors ce qu’il aurait aimé faire s’il avait pu choisir.  « Je crois que je n’y ai même jamais réfléchi. Je voulais dessiner, c'est tout. Réussir à vivre de mon "art", par n'importe quel moyen. »  Je tourne légèrement la tête vers lui. « T’as quel âge Nathan ? » Je lui demande doucement. « T’as toute une vie tu sais pour faire du dessin ? Toute une vie pour arriver à en vivre pour l’incorporer dans une partie de ta vie. C’est pas parce que t’as changé de voie pour l’instant qu’il faut abandonner tes rêves pour autant. » Je lui dis sans jugement.  Peut-être qu’il pourrait y revenir un jour qui sait ?  Peut être va-t-il mal le prendre, je ne sais pas à vrai dire. Je me contente de sourire un peu timidement pour montrer que je ne cherche pas à le vexer ou à piétiner son jardin secret, peut être simplement à entretenir le brasier de ses rêves.

« C'est pas plus mal finalement, que j'ai pas réussi. J'serais encore qu'un gringalet sans ça. » Il fait mine de gonfler les bras et le torse et ça me fait rire, parce que ça marche. Nathan était loin d’être un gringalet, on voyait son corps musclé à travers son t-shirt et je devais reconnaître que ça faisait son effet. « C’est vrai que t’aurais peut-être pas été aussi agréable à regarder. » Je souris malicieux, mon regard s’éternisant un peu sur ses bras.

« Je savais pas que les dessins avaient une odeur à flairer. » Moi non plus jusqu’à une minute auparavant apparemment.  Des fois je me dis que mon humour laisse vraiment à désirer mais l’important c’est que Nathan sourit et ses yeux pétillent et ça ne semble pas le déranger.  « Y'a d'autres trucs que tu flaires comme ça ? Non parce qu'à ce niveau-là, j'aurais peut-être mieux faire de prendre au sérieux ton aveu d'être un psychopathe. » Je prends le ton le plus sérieux du monde. « Je t’ai pas dit mais en plus d’être un psychopathe je suis un loup garou, pour le flaire ça aide. C’est comme ça que je te retrouve à chaque fois. » Je ris malicieux.

« T’as quel âge Nathan ? » Fronçant les sourcils, il répondait, ne comprenant pas immédiatement où il voulait en venir. 25, pourquoi ? Il avait un air nonchalant, surpris de la question. Il avait bien cru comprendre que Pete était un peu plus âgé que lui, mais ne voyait pas en quoi ça aurait pu avoir un lien avec leur conversation, ou avec eux. « T’as toute une vie tu sais pour faire du dessin ? Toute une vie pour arriver à en vivre pour l’incorporer dans une partie de ta vie. C’est pas parce que t’as changé de voie pour l’instant qu’il faut abandonner tes rêves pour autant. » Nathan se perdait dans les yeux de Pete alors que ce dernier se voulait rassurant et compréhensif. Le brun avait au moins compris où il voulait en venir, et il avait tout à fait raison - même s'il n'avouerait pas qu'il n'avait plus aucun espoir pour réussir à intégrer le dessin dans sa vie professionnelle.

« C’est vrai que t’aurais peut-être pas été aussi agréable à regarder. » Nathan sourit, aurait voulu le remercier de ce compliment mais était bien trop dans ses délires pour se rendre compte que c'en était réellement un. Il se contentait d'en rajouter encore une couche. Ah bah bravo, t'es tombé dans le panneau. Encore un qui ne juge qu'au physique. Je te félicites pas. Outre le ton humoristique de la conversation, le brun se rendait bien compte qu'il se cachait quelque chose derrière - sans trop savoir déterminer quoi. Il était très intrigué par son interlocuteur du jour, ça, c'était certain, et appréciait le fait de rentrer dans son jeu.

Lancés sur leurs idioties - qui, il faut le dire, atteignaient un certain point vu le cumul de leurs humours douteux - les deux se répondaient au tac-o-tac. « Je t’ai pas dit mais en plus d’être un psychopathe je suis un loup garou, pour le flaire ça aide. C’est comme ça que je te retrouve à chaque fois. » Nate explosait de rire, ne s'attendant pas à une telle réponse. Mon Dieu, j'ai eu de la chance de jamais t'avoir croisé un soir de pleine lune ! Il prit un air faussement angoissé - était en réalité tout sourire. Quoi qu'après réflexion, t'es pas assez poilu pour être un loup garou. Qu'il lançait après avoir analysé Pete de bas en haut.

Nathan a vingt cinq ans et pour lui son rêve de gloire dans le dessin est passé. Un instant éphémère, un coche qu’il a loupé. Il ne dit rien que je lui dis qu’il a encore toute la vie pour réaliser toute sa vie, pour trouver sa voie dans le dessin s’il en a envie. Peut-être qu’il me croit, peut être que non, peut-être qu’il a perdu tout espoir de trouver quelque chose qui le passionne lié à ses dessins dans lequel il pourrait exceller, mais j’espère au fond qu’il m’écoutera. Parce que les dessins que j’ai vu sont beaux et qu’il a du talent qui mériterait d’être aiguisé. « T’as tout le temps du monde. » Je souffle en faisant un clin d’œil, avant qu’il me parle du physique qu’il aura au moins gagné à l’armée.

« Ah bah bravo, t'es tombé dans le panneau. Encore un qui ne juge qu'au physique. Je te félicites pas. » Se rend-t-il compte du jeu dans lequel il entre ? De nos sourires qui se mêlent, de la conversation qui tourne un peu plus sur la provocation. Je prends un air dramatique entrant dans le jeu. « Mais que veux-tu c’est si difficile d’ignorer tant de beauté Nathan… je suis faible. » Je ris de plus belle.

Au moins les idioties étaient faciles avec Nathan, me changeait les idées, me faisait ignorer tout ce qui n’allait pas dans ma vie ces derniers semaines. On a un sourire énorme sur le visage et tout va pour le mieux alors que j’en rajoute une couche annonçant ma lycanthropie comme si j’annonçais la météo. « Mon Dieu, j'ai eu de la chance de jamais t'avoir croisé un soir de pleine lune ! Quoi qu'après réflexion, t'es pas assez poilu pour être un loup garou. » Je prends un air offusqué, une main sur le cœur rajoutant dans le dramatique. « C’est un sujet très sensible chez les loups garous, nous sommes victimes de généralisations. L’imberbité chez les loups garous est un véritable problème à prendre au sérieux. » Mes yeux me trahissent et je ne mets pas longtemps à rire de plus belle tirant sur ma cigarette. « Merci Nathan. » Une légère pause alors que je croise son regard. « J’ai pas passé une bonne semaine mais là je passe un bon moment. » J’avoue dans un souffle.

Il avait cru comprendre que Pete était un peu plus âgé que lui, et malgré tout Nate riait doucement de le voir l'air sérieux et réconfortant, dans ce rôle du conseiller qui montrerait la voix au jeune homme. T’as tout le temps du monde. Il acquiesça, relançant à nouveau une dynamique de jeu entre eux. Et alors qu'ils parlaient de son physique acquis à l'armée, Pete se mit à rire de plus belles. Mais que veux-tu c’est si difficile d’ignorer tant de beauté Nathan… je suis faible. Nathan eut un sourire à la fois amusé et un peu gêné, puis passait ses mains dans sa tignasse. Pour une fois, il avait bien compris que derrière l'ironie se cachait un compliment - il était en même temps très peu voilé pour le coup. Allez, faut dire que t'es pas mal non plus. Sûrement pour ça qu'on arrive jamais à s'ignorer, du coup. Qu'il lançait, se rendant compte une fois de plus que ses paroles dépassaient peut-être le raisonnable. Ne comprenant pas réellement où tout cela pouvait les mener, il continuait la discussion sans s'attarder sur ce genre de détails, se contentant de répondre du tac-o-tac aux boutades du Mulligan. C’est un sujet très sensible chez les loups garous, nous sommes victimes de généralisations. L’imberbité chez les loups garous est un véritable problème à prendre au sérieux. Il fit mine de l'observer un peu plus précisément. Je vois pas non plus d'oreilles pointues, de canines ou de griffes... Comme si c'était possible, il retirait ensuite ses paroles, feignant de ne vouloir le vexer. Allez, oublies ça. Je m'excuse, je voudrais pas vexer le loup qui est en toi. Il riait, lui donnant un coup d'épaule taquin. Puis, c'est un silence de quelques secondes qui s'installait entre eux, leurs yeux rivés sur les bateaux. Merci Nathan. Leurs regards croisés, ils restaient fixés l'un sur l'autre, Nate intrigué du ton bien plus solennel que venait de prendre Pete. Pourquoi le remerciait-il ? Le brun n'était pas du genre à comprendre grand chose, et sûrement pas un tel changement dans leur conversation. Il préféra ne pas l'interrompre, restant pendu à ses lèvres. J’ai pas passé une bonne semaine mais là je passe un bon moment. Un sourire vint s'afficher sur les lèvres du marin. Il était touché par sa remarque qu'il sentait sincère, loin de leurs échanges humoristiques plus tôt. Je dois avouer que c'est pareil pour moi. Avec le retour tonitruant de Shiloh en ville, il devait bien avouer que rien n'était simple depuis quelques jours. T'as envie de parler de ce qui ne va pas ? Parfois ça fait du bien de raconter sa vie à un inconnu. Toujours prêt à tendre une oreille attentive, il se proposait d'aider Pete, bien qu'ignorant ce qu'il pourrait bien faire pour lui. Enfin, même si on se connait un peu maintenant. Dire des choses évidentes, c'était sa marque de fabrique. Il ne pouvait s'empêcher d'ajouter une touche d'humour même lorsqu'il proposait sincèrement d'écouter les problèmes du Mulligan. Cela ne l'empêchait pas de garder ses yeux fixés sur lui, prêt à prendre ce dont il avait besoin de se décharger s'il en avait envie.

Nos rires raisonnent entre blagues et compliments. « Allez, faut dire que t'es pas mal non plus. Sûrement pour ça qu'on arrive jamais à s'ignorer, du coup. » "C'est sûr même." Mon sourire charmeur s’agrandit, mon regard se fait plus intéressé. Je me demande s’il blague ou s’il le pense vraiment. Est-ce que je pourrais lui plaire ? On se taquine, je finis pas raconter n’importe quoi concernant ma lycanthropie.

« Je vois pas non plus d'oreilles pointues, de canines ou de griffes... » Il fait mine de chercher et je reste dans mon rôle, le regard faussement outré, le coin de mes lèvres s’étirant dans un petit sourire malicieux. «Allez, oublies ça. Je m'excuse, je voudrais pas vexer le loup qui est en toi. » Son épaule rencontre la mienne dans un léger coup et je ris avec lui et cela me semble un peu plus facile qu’avant comme s’il m’avait enlevé un poids.

Soudainement je le remercie. Mon ton est bien plus solennel qu’avant, mon regard s’ancrant dans le sien. Ce moment est une bulle d’air frais dans un océan de noirceur et cela me fait bien plus de bien que je ne l’aurais cru.

« Je dois avouer que c'est pareil pour moi. » Je le regarde un peu surpris, peut être que lui aussi cache bien son jeu, qu’il n’est pas si heureux que son visage le laisse penser ? Qui suis-je pour juger quand je passe ma vie à prétendre que tout va bien et à offrir mes plus beaux sourires ? « Tu as passé une mauvaise semaine aussi ? »

J’ai terminé une cigarette pour en rallumer immédiatement une autre, la conversation nécessitant que je m’occupe les mains.

« T'as envie de parler de ce qui ne va pas ? Parfois ça fait du bien de raconter sa vie à un inconnu. Enfin, même si on se connait un peu maintenant. » J’hésite en croisant son regard. Nathan a l’air sincère, de ceux qui savent écouter et qui ne me jugerait pas. Mais il ne sait rien de moi, ou plutôt rien de tout ce que j’ai raté ces dernières semaines. Il ne connait pas mes pires défauts, ne me voit que sous ce visage qu’il aura découvert ce matin et je n’ai pas envie que ça change, pas aujourd’hui, pas en cet instant. « Je suis pas très doué pour parler… » j’avoue, mon regard se fixant sur l’eau. « J’ai juste fait beaucoup de conneries ces derniers temps et blessé des gens auxquels je tiens. » je finis malgré tout par expliquer sans chercher à rentrer dans le détail. « Parfois j’aimerais revenir des mois en arrière…Tu as déjà ressenti ça ? »

Loin d'avoir respecté son programme de la matinée jusqu'ici, il Nathan n'était pas pour autant déçu de la situation. Il regrettait même de n'avoir pris le temps d'apprendre à connaître Pete plus tôt, leurs chemins étant pourtant entremêlés depuis quelques temps déjà. Ils s'amusaient à dire que tout ça était bien logique, vu qu'ils étaient clairement au goût l'un de l'autre - c'est ce qu'il avait réussi à deviner, le jeune marin, au fil de la conversation. C'est sûr même. Ils riaient, se donnaient des coups d'épaules, se lançaient des regards et des remarques à tout va depuis un bon moment déjà. L'on aurait presque pu croire, à les observer ainsi, qu'ils étaient clairement en train de se tourner autour. Si Nate avait encore l'espoir d'apprendre à séduire quelqu'un un jour, il était bien loin d'être conscient de ses charmes, et se contentait de suivre son instinct, de suivre la bonne humeur de la conversation, pourtant bien au fait qu'il ne comprenait peut-être pas encore toutes ses subtilités. Comment l'aurait-il pu ? Il ne savait même pas qu'il était capable d'être attiré par un homme. Il se l'était interdit depuis l'armée, depuis Louis qui lui faisait payer très cher cet unique baiser qu'ils avaient échangé un jour.

Ils se lançaient dans une conversation sur la soi disant lycanthropie de Pete, mais finirent prendre un ton bien plus sérieux. Tu as passé une mauvaise semaine aussi ? On peut dire ça. Problèmes de famille... mais ça passera. Il préférait ne pas trop en dire, sachant pertinemment que Louisa gravitait autour de Pete et qu'il savait peut-être déjà tout sur Shiloh. Après tout, l'univers semblait savoir ce qu'il en était d'elle, tous, sauf lui, celui qui était censé être le plus proche d'elle. Et ça, il l'avait clairement encore en travers de la gorge. Alors il proposait à Pete de parler de ses malheurs, préférant se concentrer sur les siens. Je suis pas très doué pour parler… Le brun pouvait comprendre, surtout qu'il lui avait demandé de parler de choses visiblement intimes alors qu'ils ne se connaissaient clairement pas bien. J’ai juste fait beaucoup de conneries ces derniers temps et blessé des gens auxquels je tiens. Nate acquiesça, sans savoir pour autant quelles avaient été ces fameuses conneries. Il estimait que tout le monde pouvait en faire. Comme les secrets, personne n'était à l'abri face aux erreurs. Parfois j’aimerais revenir des mois en arrière…Tu as déjà ressenti ça ? Il opina du chef encore une fois, son regard planté sur l'eau. On est ce qu'on est à cause de ce qu'on à traversé. Peu importe c'que c'est. Alors je crois pas que revenir en arrière soit la solution. Ils s'arrêtèrent de parler, restant là un bon moment a fixer les passants, l'eau, les bateaux. Ils finirent par se quitter, Pete devant rejoindre une amie plus tard, Nathan devant en faire autant, la promesse faite de se retrouver rapidement.