Tu penses à pas mal de trucs ces derniers temps. Depuis que tu vois Levi. Depuis que tu oses des choses. Depuis que tu as trouvé un mix qui fonctionne à peu près pour ton esprit. Tu penses à couper complètement les ponts avec ta famille. Tu penses à retourner vivre à Melbourne, même si ça veut dire tout un tas de paperasse que tu détestes d’avance pour vendre ton appart’. Mais dans cette option, dans ta tête, tu t’imagines que Levi viendrait avec toi. Dans cette option, tu t’imagines que ton frère ne t’en voudrait pas trop. Tu es même en train de te demander si tu ne devrais pas mettre ton frère dans le même panier mais la vérité c’est que c’est trop. Et à chaque fois que tu te dis que c’est possible, de faire ça, et d’être libre d’être qui tu veux, y’a un coin de ta tête qui te fait redescendre sur Terre en mode : Non. C’est impossible. Tu ne t’imagines pas capable de goupiller tout ça sans que ce soit toi qui te retrouve seul, juste en compagnie de tout un tas de nouveaux regrets et remords. Ca fuse tellement dans ton esprit et ça a tout à voir avec ces moments que tu passes avec Levi. T’es d’ailleurs de nouveau perdu dans ta bulle de réflexion en ce moment même alors que tu es au travail. Recommençant tout le cheminement de tes pensées en t’imaginant que cette fois à la fin tu te diras que c’est faisable (ça ne le sera toujours pas). Tes yeux se lèvent vers l’entrée du bar car une nouvelle tête vient d’y faire son apparition et tu fronces les sourcils de le reconnaître. Levi. Tu avais pris soin de ne pas lui dire où tu bosses car tu sais que ça va te retourner le cerveau. Tu vas très mal faire ton travail. Tu vas pas penser correctement. Tu te détournes de lui dans la salle, ne sachant pas s’il t’a vu, mais tu vas te réfugier derrière le comptoir très rapidement. Tu veux qu’il y ait de la distance infranchissable entre vous. He could find a way. Tu sais que rien n’arrête jamais Levi. Tu sais aussi qu’il te respecte plus que tout au monde (rien que ça) et qu’il ne ferait jamais rien de visible pour te mettre dans l’embarras. Sauf que, sa simple présence te met un coup de pression. Ton coeur bat très vite, très fort. T'as l'impression qu'il pourrait le sentir au travers de ta chemise.

Tu ne peux malgré tout pas t’empêcher de le regarder entrer, s’approcher du comptoir et vos yeux entrent en contact enfin. Parce que autant tu veux qu’il s’en aille autant tu veux qu’il te voit. C’est le bordel dans ta tête et tu n’attends pas longtemps pour lui adresser la parole après un léger coup d’oeil pour vérifier que ta collègue n’est pas à proximité. « I told you not to come here. » Did you really Asher? Yes. Pas en tout ces mots là. « You gonna get me fired. » Parce que tu sais que vous êtes bad bad bad et que tout est possible quand il est dans les parages. D’ailleurs les parages… tu n’as pas vu qu’il était accompagné. Tu as presque oublié que tu n’étais pas seul dans ce bar. Tu as presque oublié qu’il avait une vie en dehors de toi. Votre bulle est toujours si hermétique, c’est dur de penser à Levi et de penser au reste du monde en même temps.


@Levi McGrath

Ca ferait vingt mois que ton cancer est revenu, poison récalcitrant se propageant sournoisement au cœur de tes entrailles, altérant la totalité de ton organisme à s'en répercuter sur ton esprit, ton ouvrage, ton âme. Bientôt vingt mois que t'est collée par l'univers cette étiquette de cancéreux récidiviste, avec son lot de maux, tabous, non-dits, colère. Ce mix up aussi électrique qu'éclectique, qui décharge indubitablement des coups de multiples formes pour sans cesse vous positionner sur un cuisant qui-vive. Tu as conscience avoir fait fausse route plus d'une fois, comme il te l'est traditionnel. Bien sûr, tu n'as assurément pas pris ta maladie au sérieux au départ, comme si l'acte de te voiler la face composait en lui-même un remède. Puis, une déchéance infernale t'a dérouté jusqu'à ce que tu purges ton quotidien, récupères lucidité et décides de saisir correctement les armes. Apparemment, cela paie.

Si tu demeures néanmoins sceptique, Agnes te voit déjà en rémission. Les médecins qui te suivent sont optimistes, bien que prudents. Elle l'interprète comme la meilleure des nouvelles, et le retour de résultats satisfaisants ce jour n'a qu'endurcit son entrain à te voir tiré d'affaire. Ca t'amuse, bien qu'une partie de ton être se convainc que ça lui fait du bien à elle aussi de nourrir cet espoir de finalité réjouissante. Elle a imposé un moment festif pour souligner ce qu'elle considère comme un accomplissement prodigieux et tête dure sur toute la ligne, elle a elle-même opté pour le lieu de votre célébration : un bar dénommé "The Foundry" se trouvant à Fortitude Valley.

Tes mains dans la poche kangourou de ton hoodie, tu balaies du regard l'établissement, emmagasinant quelques éléments intéressants. Un jeu de fléchettes, un billard, un bar à shooters - certes fermé -, un certain système de son. Tu fronces les sourcils en te demandant s'il y a des performances parfois quand Agnes glisse son bras autour du tien pour que vous alliez commander.

L'émeraude de tes yeux s'orientent vers le bar pour spontanément se glisser dans les prunelles aux orbes azurés d'Asher. Ton cœur manque un battement, ton sourire s'élargit éhontément. Tu fais fi de son air grognon, sachant pertinemment comment le gommer - et tu es convaincu être aussi doué pour te faire pardonner. « I told you not to come here. » Ton rictus est de plus en plus prononcé, tu as l'air d'un enfant au pied du sapin de Noël, et soudain, tu as envie de lui déclarer que tu vas mieux car tu sais que ton état lui importe et que cette connaissance ôterait une inquiétude de ses épaules continuellement nouées. « Glad to see you too, » tu retiens le surnom affectueux auquel tu songes pour ne pas faire voler en éclat le secret, bien que tout dans ton regard le hurle sans vergogne. Tu n'y peux rien, lorsque tes pupilles se posent sur le musicien, elles se transforment inexorablement. L'innocence-même pourrait lire sur tes traits que le Buckley ne te rend pas indifférent, et même pas tu tentes de le réprimer, car à tes yeux, l'effet que te fait Asher t'est propre. Tu as beau l'admirer comme s'il représentait le plus beau des présents providentiels, aucune réciprocité n'est confirmée sur ton minois. Alors, tu ne t'en prives pas et tu le contemples en pensant à l'embrasser dans la réserve, car ça, malheureusement, tu ne pourras de suite le réaliser. « You gonna get me fired. » « Wanna have Sex on the Beach ? » tu questionnes, ton attention dédiée les premières secondes vers le blond avant que tu ne regardes, interrogateur, Agnes. La tentation de provocation est beaucoup trop grande. « Shoot, » elle agrée et tu te focalises de nouveau sur l'artiste. « You can't get fired if you're doing your job. Sex on the Beach, please, » tu annonces, facétieux. Avec ces belles surprises, tu te sens désormais invulnérable.

« Glad to see you too, » Son sourire est si large et t’es en colère contre toi. T’es aussi bien trop attiré par sa belle gueule, son audace, son hoodie, tout. C’est un fucking melting pot d’émotions qui te traversent et tu risques de tomber sur le carreau s’il continue. « Wanna have Sex on the Beach ? » Bien sûr il continue. Bien sûr tu sais qu’il est en train de jouer avec les mots. Tu sais que rien ne peut être remis en doute sur ces simples mots là. Mais faudrait que tu arrêtes d’être bizarre pour ça Asher. Tu évites de le regarder droit dans les yeux parce qu’il a un assez grand pouvoir sur toi comme ça. Tu ne veux pas en plus te mettre une balle dans le pied. Son ton de petit con suffit à te faire réagir. Sa présence simple. His perfume. Oui, ça aussi. Tu sais pas si c’est ton cerveau qui créer ce souvenir dans tes narines ou si tu as réellement un pouvoir sensoriel de tout ce qui émane de lui, même à distance. « Shoot, » C’est seulement maintenant que ta vue périphérique s’agrandit et que cette meuf entre au milieu de ta bulle avec Levi. Great. Parce qu’en plus il est accompagné et tu vas plus pouvoir dire quoi que ce soit. « You can't get fired if you're doing your job. Sex on the Beach, please, » Tu regrettes d’avoir dit ça. Tu regrettes qu’il le répète car ça doit forcément sonner bizarre aux yeux de cette inconnue. She probably already knows. Si c’est une amie à lui, quelqu’un de proche, tu veux bien croire que Levi ait parlé de toi à quelqu’un. Tu sais pas pourquoi mais ton subconscient est bien trop certain qu’il n’y a rien de sexuel entre eux, mais t’en as absolument aucune idée.

Tu te concentres pour préparer leurs boissons. Tu essaies de bloquer toutes sortes de mauvaises pensées de ton esprit. Tu répètes la recette du cocktail over and over again pour t’occuper la tête et aussi pour ne pas louper une étape. Tu leurs mets sous le nez après avoir finalisé avec la garniture décorative. « $30. » Ils ont loupé l’Happy Hour et ça te fait presque chier parce qu’il y avait tellement plus de monde à ce moment là. T’aurais pu les esquiver avec d’autres clients mais à présent tout le monde a deux ou quatre verres déjà devant toi à sa table. C’est calme pour un moment. Ca t’enrage. T’espères fortement qu’ils vont bouger à une table et pas rester planter là devant toi. Tu vas aller prendre ton break dès que tu les as encaissé de toute façon. T’as besoin d’un moment seul pour remettre tes pensées au clair et pas fuck up quoi que ce soit malgré toi. « You know what? Forget it, it's on me. » Pour qu'ils s'en aillent plus vite car ils n'ont pas besoin de payer.

Tu es complètement euphorique. C'est un immense sourire que tu arbores présentement car en aucun cas tu soupçonnais que la destinée te conduirait exactement au bar où travaille Asher. Tu n'avais mené aucune recherche, n'avait jamais abordé le sujet précisément avec lui, ayant conscience qu'il refusait que tu y mettes les pieds et ne souhaitait pas non plus prendre ce risque qui l'angoisserait. Sauf que cette probabilité, l'univers a décidé de l'exaucer et te voilà en face du blond à commander, muni d'une incommensurable arrogance, deux Sex on the Beach, tout en légitimant ta malice en déclarant que si tu lui donnes des commandes, son patron ne disposera d'aucun argument valable pour le mettre à pied.

Tu évites de scruter davantage le musicien et reportes ton attention sur Agnes qui pianote sur son téléphone portable. « Who's he? » Elle questionne, sans lever les yeux de son écran. « Someone who doesn't want me here. » Tu remémores, te basant sur l'accueil chaleureux du Buckley. « So I guess there's one more point to stay here. » Elle commente en t'adressant un prompt regard avant de ranger son outil de communication dans la poche de sa veste. « $30. » Asher annonce en déposant les deux cocktails devant vous. Un sourire amusé apparaît sur ton minois tandis que tu considères, narquois, la décoration du rafraîchissement. « You're good, » tu articules, faisant par ces propos majoritairement allusion aux occurrences au cours desquelles tu lui signifiais que les choses se passeraient bien et étaient sous contrôle. Ici, même si ta présence est indésirable et imprévue, tu sais mieux faire que de nuire à Asher. C'est bien la dernière chose que tu ambitionnes. « You know what? Forget it, it's on me. » Agnes te regarde, étonnée. « Cheers then, » tu souhaites, rictus espiègle affiché, avant qu'un client ne sollicite Asher pour une boisson. Agnes est de retour sur son téléphone portable et tu décides de l'imiter.

THEM LITTLE SHIT
i

THEM LITTLE SHIT
beat

THEM LITTLE SHIT
someone

THEM LITTLE SHIT
up

Tu fais exprès d'envoyer un maximum de SMS de sorte à attirer son attention. « Found someone! Be right back! » Agnes renseigne avec un entrain débordant, sautant de son tabouret en s'appuyant sur ton épaule. Tu ris de bon cœur, appréciant son enthousiasme et sachant pertinemment qu'elle évoquait une future transaction illicite. Tu la suis du regard jusqu'à ce qu'elle quitte temporairement ton champs de vision et fais tourner le parasol de décoration entre tes doigts en attendant qu'elle revienne. Ca devient de plus en plus difficile de se tenir tranquille et il n'y a pas énormément de distraction dans le bar pour le moment. Ou plutôt, tu es trop occupé à lutter contre la tentation de te rapprocher d'Asher pour considérer réellement les autres options.

« You're good, » C’est indécent comme n’importe quels mots dans sa bouche te fait réellement des choses. Et encore plus quand ces mots là te font du bien à l’âme. Le gars il est venu niquer ta journée de travail et voilà qu’il est en train de t’exposer que tu arrives quand même à faire ton boulot correctement. C’était déjà assez le bordel dans ta tête avant qu’il arrive, à te ressasser plein de scénarios éventuels mais celui là, il ne t’avait pas traverser l’esprit. Aucunement tu avais prévu de voir Levi ce soir et autant ça te fait chier qu’il soit là, autant c’est un highlight de ta journée. Tu lui offres ses boissons. « Cheers then, » T’espères que ça va autant lui faire plaisir que partir. C’est pas à tout le monde que tu fais ça. Qu’à tes amis ou à des clients très relou pour avoir la paix. Levi coche les deux cases. Levi c’est autant le bon que le mauvais. And it is so good to be bad with him…

Une autre commande arrive et tu t’exécutes, occupant ton esprit avec la nouvelle recette demandée. Te forçant à ne pas suivre Levi des yeux mais tu as vu qu’il s’est installé à une table. Il est plus loin. Tu essaies de t’apaiser avec cette information. Tu fais bien ton travail. C’est ce qui compte. Tu vas quand même prendre une pause dès que tu as fini cette commande. Et puis tu sens ton téléphone qui vibre dans ta poche. Tes yeux qui se relèvent aussitôt vers Levi. Il est sur son téléphone. Il est seul. T’espères autant que tu redoutes que les vibrations de ton téléphone sont des messages de sa part. Tu encaisses le client.« Bonnie, I’m taking a break. » Que tu dis à ta collègue non loin. Tu sors, tu prends une clope dans tes affaires avant d’aller à l’extérieur, par la porte de service. Tu lis les messages qui sont effectivement de Levi. C’est pas de la provocation pour une fois, tu trouves ça étrange, mais rassurant vu que tu es venu prendre cette pause pour calmer ton esprit. Il va boire, et il va partir ailleurs hmm ?

A
You look awfully good for someone who beat someone up

A
You must have crushed them

A
Are you planning on spending the evening here?

Parce que t’as besoin de savoir combien de temps tu restes caché derrière. Tu as besoin de savoir comment tu t’ajustes avec aucun warning. T’as envie de savoir un minimum. C’est rien d’habituel qu’il soit à ton travail mais rien de ce qu’il se passe avec Levi depuis que vous vous êtes revu dans cet avion n’est habituel Asher. Va falloir que tu commences à te dire qu’il est une vraie personne qui évolue dans la vie et pas seulement dans son bateau et des hôtels sans personne autour. Même si ça t’arranges toujours bien plus. Même si ça présence te fait du bien car ça fait plusieurs jours que tu veux le voir mais que tu t’interdits de le contacter. Pourquoi ? Parce que tu n’arrives toujours pas à trouver l’équilibre nécessaire pour lui donner toute la place qu’il mérite dans ta vie, dans ta tête, dans ton coeur.

Tu tires sur ta clope que tu as enfin allumé et c’est limite si t’as pas envie d’en allumer une deuxième pour la fumer en même temps. T’as rien d’autre sous le coude pour calmer ta nervosité et il est hors de question que tu boives. T’as peur de ce que tu pourrais faire ou dire en étant ivre avec Levi dans les environs. C’est sûr que tu ne saurais travailler correctement. Et tes yeux qui sont verrouillés sur l’écran de ton téléphone en attendant de voir les trois petits points qui montrent que Levi est en train de répondre.

Agnes vous a dégoté un dealer en un temps record et t'abandonnes désormais en compagnie des deux Sex on the Beach que tu as sollicité auprès d'Asher, uniquement pour le taquiner. Tu joues négligemment avec la décoration dont il a garni les rafraîchissements, ta malice évoluant bon train dans ton esprit. Puis, tu extirpes ton téléphone portable afin de texter le blond. Tu ne peux pas retenir la bonne nouvelle - qui réjouit d'ailleurs ta compagnie de ce soir davantage que toi-même - plus longtemps. Tu désires en lâcher des indices auprès du musicien car une partie de ton être se complait à le rendre aussi euphorique que ton amie grâce à une telle information. Mais bien sûr, tu ne peux pas délivrer ces renseignements sur ton état de santé de manière franche et limpide. Il t'est indispensable de titiller ton interlocuteur, sinon, toute la réussite perd de sa saveur à tes yeux.

Le fait que ta présence au sein du bar où il travaille le déstabilise t'est confirmé. Tu perçois la nervosité du garçon et ne peux t'empêcher d'en jouer, à la fois amusé et armé de l'ambition de minimaliser les sentiments qui le tiraillent sans merci. Tu souhaites qu'Asher prenne davantage d'assurance et ne perde pas ses moyens quand tu apparais dans une tranche régulière de son quotidien. Tu ne forcerais jamais le jeune homme à avancer quelconque coming out mais tu refuses être source de son embarras en public. Tu pries pour qu'un jour il soit enfin fier de qui il est et s'assume éhontément, qu'il puisse ne serait-ce s'entrevoir par le biais de ton regard. Au fil des textos, tu redécouvres l'audace du trentenaire tout en conservant tes distances. Tu n'as pas envie de le rejoindre à l'arrière du bar sans qu'il t'y convie, mais tu meurs d'envie de passer une nouvelle nuit dans les mêmes draps que lui. La promesse qu'il viendra te tuer sur Cadence te comble et tu glisses ton téléphone dans la poche de ton blouson. Au même moment, Agnes revient. « Got weed for the victors, » elle renseigne, fière et formelle, t'arrachant un rire. Tu saisis les deux verres et vous vous installez à une table à bonne distance du bar. « Let's go out, » tu invites en pointant la porte d'entrée du bar par laquelle vous trouverez bien une planque pour fumer allégrement. Ton seul impératif est d'être à ton bateau pour deux heures du matin. Entre temps, tu t'autorises toutes célébrations dignes de ce nom.

Vous avez terminé votre cocktail il y a plusieurs heures maintenant, tu t'es même promis mentalement d'en complimenter le Buckley à votre prochaine rencontre. Vous avez opté pour un autre bar et avez enchaîné les shooters, question d'alterner avec la weed d'Agnes. Tu ne te qualifierais pas de wasted mais clairement, certains de tes réflexes ont pris un coup et le peu de filtres que tu possédais sont tombés. Tu te sens invulnérable. « What time is it? » Tu interroges Agnes qui hausse une épaule, nonchalante. « Dunno. » Tu éclates de rire sans raison particulière et décides de revenir sur tes pas, question de constater si le bar où travaille Asher est toujours ouvert ou pas. « Come on kiddo, I'll get you home, » tu prends ton amie par les épaules, déposes un baiser amical sur sa tempe et l'incites à te suivre sur quelques mètres. Puis, tu sors ton téléphone, songeant à l'application que t'avais montrée Itziar. « Wait, what's your adress ? I'll GPS your place. How do you GPS someone's place? » Et sans crier garde, tu entends Agnes hurler en pleine rue à un blond situé plusieurs mètres devant vous que tu n'avais pas remarqué plus tôt : « YO. CAN YOU SHOW HIM HOW TO USE HIS PHONE PLEASE? »

Tu restes cloîtré à l’extérieur pendant bien trop de temps que ta pause habituelle. T’en as strictement rien à foutre. Le boss n’est pas là ce soir et clairement c’est pour le bien des clients que tu restes caché. Les SMS que vous vous échangez avec Levi sont indécents mais c’est parce que absolument tout ce qu’il peut dire ou écrire te fait un effet de dingue. Les gens l’ignorent mais c’est la première fois de ta vie que tu as quelque chose de si fort qui est réciproque avec quelqu’un. Tu ne sais pas si ça va s’arrêter un jour cet explosion dans ta poitrine, tes entrailles, dès que quoi que ce soit touche à Levi. Ca fait quelques semaines que tu ne l’as pas vu et il a l’air d’avoir sa soirée planifié avec son amie. C’est pour ça que tu frôles brièvement l’idée qu’il te rejoigne à l’arrière du bar. T’as envie de pouvoir le serrer contre toi. Tu n’aimes pas l’idée d’avoir été dans la même pièce que lui sans avoir pu le toucher ou réellement lui parler. Surtout que tu ne sais pas quand tu vas le revoir. Just need to text him. Oui. Pour prévoir un moment tous les deux, mais tu ne le fais pas Asher. Tu ne veux pas profiter des bonnes choses. Quand Levi propose que tu passes la nuit avec lui c’est une délivrance et tu lui annonces aussitôt qu’il ne doit pas venir te rejoindre. Même si tout ses émoji tongues t’appellent bien fort… That little shit. Mais c’est comme ça que tu l’aimes. Enfin, si toutes ces explosions dans ton coeur et tes entrailles sont synonymes d’amour. Tu ne peux qu’imaginer. Tu as réellement aimé Naomi mais avec Levi tout est plus fort puissance un milliard. Tu sais toujours pas comment une telle chose est possible.

Tu n’as jamais été si rapide à fermer le bar, tellement que t’as quelque minutes d’avance sur l’horaire mais comme vous avez viré les deux pauvres ivrognes qui étaient encore là, tu peux partir plus tôt. « YO. CAN YOU SHOW HIM HOW TO USE HIS PHONE PLEASE? » Tu fronces les sourcils en entendant quelqu’un gueuler si fort dans cette rue relativement déserte vu l’heure qu’il est. Tu te retournes et tu reconnais Levi aussitôt. Avec son amie. Un tas de mixed feelings s’emparent de toi. Content de déjà le voir parce que tu étais sur le point de te rendre sur son bateau, mais c’est aussi un poil trop tôt. Car il n’est pas seul. Tu ne peux clairement pas ignorer sa présence car c’est lui que tu étais sur le point de rejoindre. Tu fais demi tour pour arriver jusqu’à eux. Ton coeur battant de plus en plus fort à mesure que tes pas se rapprochent de lui. Tes joues roses d’être face à lui mais comme il fait nuit, tu espères que ça va passer crème.

« Hey… » Parce que tu sais pas trop quoi dire ou faire et puis tu te rappelles ce qu’elle a dit. Tu prends le téléphone de Levi de ses mains. Tu regardes Agnes, puis Levi. Puis Agnes encore. Ton coeur bat si fort qu’il va exploser dans ta poitrine. T’as un tas de mots qui sont bloqués dans ta gorge. Tu vois bien qu’ils sont sous l’emprise d’une quelconque influence et ça te détend un peu. Tu remarques son bras autour de la meuf et elle doit sûrement être dans le même état que lui pour ne pas savoir utiliser son téléphone elle non plus. « What do you need…? » Should I text myself? Que tu as envie de lui demander. Que tu lui dis au travers des yeux. Tu as envie de croire que c’est toi qu’il essayait de contacter avec son téléphone mais truth is Levi ne sait rien faire avec son tel. Encore moins dans son état. Ton état à toi n’est pas bien mieux. Ton coeur bat si fort d’être si proche de lui après ces bien trop longues semaines.

Ton poignet repose sur la frêle épaule d'Agnes et maladroitement, tu tentes de retrouver l'application qu'Itziar t'a des mois plus tôt montrée et qui compose à tes yeux une merveille du monde. Néanmoins, à mesure des secondes, force t'est de constater que de nombreux éléments te manquent, dont la capacité de retourner à l'écran d'accueil de ton téléphone qui a une multitude d'onglets ouverts simultanément.

Ton amie n'a guère le désir de pianoter ton moyen de communication. Plutôt, elle beugle en pleine rue, alarmant la seule âme présente qui te révèle rapidement son identité. Ton rythme cardiaque s'accélère spontanément lorsque ton regard croise celui du blond et bienheureusement, celui-ci réduit la distance vous séparant. « Hey… » Un large sourire en coin s'intensifie sur ta bouche. « Hey... You... Again... » Tu le dévores du regard d'une manière aucunement discrète, le scrutes passer de toi à ton amie rapidement, meurs d'envie de nicher tes lèvres au creux de son cou pour goûter la chaleur de son épiderme et t'enivrer de son parfum... Tu finis par te rendre compte de la mesure avec laquelle tu exhibes ton attirance pour le musicien et reportes ton attention sur Agnes, par respect pour la nature secrète de votre duo.  « What do you need…? » Le trentenaire prend ton smartphone de ta main. « Hm... Keen... I need... » Un regard facétieux, tu passes d'Agnes à Asher.  « Truly... » Tu débutes, te redressant, la malice faisant scintiller tes émeraudes sans scrupule. « I want... You... » Tu plantes ton regard dans le sien, pleinement conscient de l'arrogance que tu abuses et de ton cœur qui bat la chamade contre ta poitrine. « I'd like you... » Tu rectifies, fier de tes singeries. « To show us... » Tu fronces les sourcils, considères Agnes qui fouille ses poches. « Or you could come with us... Maybe... You could... » Tes propos sont décousus, ton amie a sorti un de ses joints. Elle titube légèrement mais tu la remets rapidement d'aplomb, amusé. « Chips with vinegar, » tu annonces, parce que tu crèves de faim autant que tu meurs envie de lui dérober ses lèvres. Puis, ça ne ferait pas de mal à la petite de manger un peu. « And maybe we should go home. Or she, at least. Where do we sleep tonight darling? » Tu maintiens une bonne seconde le contact visuel avec Asher avant de te concetrer sur Agnes qui hausse une épaule, nonchalante, en guise de réponse. Elle tire sur son joint, priorité du moment, et le tend au Buckley.

« Hey... You... Again... » Hmm. Tu t’attends à toutes les conneries qualité premium de petit con dans un futur très proche vu ce sourire qu’il affiche. Vu ce regard qu’il te lance. Levi… Que tu essaies de le réprimander par le regard mais savoir qu’ils sont tous les deux wasted est véritablement rassurant. Dommage que Levi soit celui qui ait l’air le plus défoncé des deux. L’inverse aurait été plus à ton avantage. « Hm... Keen... I need... » Conneries à venir dans 3… 2… « Truly... » 1…   « I want... You... » Coup de pression. Ton coeur qui réagis en même temps que ses mots. Tu déglutis difficilement et essaie de mettre toute ta volonté pour éviter de rougir plus que tu ne l’es déjà. Levi… « I'd like you... » Il se reprend t’attends la prochaine connerie en approche. Tu pourrais arrêter de le regarder dans les yeux pour apaiser toutes tes émotions mais non. « To show us... » A croire que ce soir tu as comme envie de jouer avec le feu. « Or you could come with us... Maybe... You could... » What? Il est complètement wasted. Cute. « Chips with vinegar, » Very cute… Tu prends une plus grande respiration. Le gars il a du mal à faire une phrase mais il s’arrête pas non plus. T’attends de voir jusqu’où il va aller, même si ça n’est pas forcément synonyme de bonne idée. « And maybe we should go home. Or she, at least. Where do we sleep tonight darling? » Me? Parce que t’as bien l’impression que c’est à elle qu’il parle. Mais c’est dans tes yeux que sont plantés les siens. Et puis il la regarde elle. Tu la vois qui en a clairement rien à faire mais elle est assez généreuse pour te tendre le joint que tu prends sans vraiment y réfléchir. You need. Tu tires une taffe, accueillant avec plaisir la sensation qui te calme les pensées, qui t’emmènes un peu plus dans une place de sérénité.

« So you’re sleeping together tonight? » Change of plans? Que tu demandes sur un ton véritablement détaché. Tu sais qu’il a sa vie. Tu sais aussi qu’il te bouffe des yeux depuis que tu viens de te planter devant eux et qu’il a clairement envie de toi là. Tu veux juste comprendre si vous passez la nuit ensemble ou pas. Tu veux savoir si tu dois trouver un moyen de lui voler un baiser, ou un hug, ou juste de le frôler d’une façon ou d’une autre avant de les voir filer de leur côté. Tu as un besoin viscéral de le toucher. Ca fait deux fois que vous vous croisez ce soir, et encore aucun contact physique avec ton Levi. You’re dying inside mais tu tiens bon. Tu tires de nouveau sur le joint avant de le tendre à Agnes regardant le McGrath dans les yeux. You got enough of that. Il est cute, mais il est aussi bien défonce et t’as pas trop envie qu’il finisse par se perdre en ville tout seul livré à lui même et se tuer en se jetant de Kangaroo Point, par exemple. T’as bien compris que sa pote est du même acabit que lui en matière de petite connerie, mais tu ne tiens pas à elle comme à lui.

Tu te sens pousser des ailes. Tu interprètes le fait qu'Asher soit l'homme qu'Agnes ait interpelé comme un signe béni de la félicité, un clin d'oeil majestueux du destin, une opportunité innommable et incommensurable. A mesure qu'il réduit la distance entre votre duo et son corps, tu sens ton sourire s'élargir indubitablement. Lorsqu'il arrive à votre hauteur, tu inspires profondément l'air frais de Brisbane, discrètement à la recherche de son parfum.

Agnes est envoûtée par son joint, tu t'amuses de la situation en conversant avec le Buckley, en jouant de sous-entendu, en l'invitant indécemment. Tu apprécies toutes les réprimandes que tu lis dans son regard et meurs d'envie d'aguicher ce feu-là davantage. Tu es incapable de t'arrêter de parler, comme il t'est difficile de le quitter du regard. « So you’re sleeping together tonight? » Tu le considères de longues minutes, la fumée glissant entre ses lippes. Tu expires doucement, te visualisant déjà glisser ta bouche contre sa chaire, nicher ton nez dans son cou, t'enivrer du goût de ses lèvres. Tu divagues, seule Agnes qui titube contre toi et t'écrase nonchalamment le pied sans s'en rendre compte te ramène à la réalité, en tentant de récupérer son joint que lui tend Asher.

« Are we? » Tu questionnes, plantant tes émeraudes dans ses azurs à lui. Are we sleeping together tonight? Tu déglutis. « Can you do your... magic trick before I deploy my... own magic? » Tu interroges, démontrant du menton ton cellulaire. « What's your adress, beauty queen? » Tu demandes à Agnes afin que celle-ci puisse être entrée dans le GPS et que vous puissiez vous orienter vers son hébergement. En guise de réponse, la jeune femme te rit au nez et passe devant vous avec fierté, montrant la route vers une destination surprise. « FOLLOW THE GUIDE, » elle vocifère, tout en se pavanant, trébuchant, chantonnant, s'esclaffant. « I owe you a... mindblowing kiss, » tu rappelles, défiant, après avoir vérifié que tes propos ne parviennent pas à d'autres oreilles qu'à celles de l'artiste. « D'you still plan on... killing me? » Tu lances, muni d'un regard insolent. Le fait que tu ne sois pas en mesure de marcher très droit nuit aucunement à ton assurance ni ta mémoire vis-à-vis de vos précédents échanges SMS. « You smell good, » tu commentes doucement, murmurant. « You always smell good, » tu affirmes par la suite, observant devant toi comme si tu énonçais une vérité générale à un juge invisible.

Il met une éternité à répondre à ta question pourtant simple. Tout dans ses mouvements, ses regards, ses vibes que tu ressens comme si c’était des rafales de vents, des vagues de feels sur ta peau. Are we changing the plans? Tu veux véritablement pas qu’ils changent, mais Levi est vraisemblablement en très bonne compagnie et vu son état, il a sûrement tout oublié de vos plans pour la nuit. Tu ne vas pas le supplier, ou en tout cas, pas avec des mots. Tu veux juste savoir. Et la voilà qui tombe à moitié sur lui et Levi qui te répond enfin. « Are we? » Avec une autre question. Levi… Parce que tu as bien vite de connecter le sous entendu. Tu parles le Levi couramment sans même avoir été à bonne école. C’est juste en toi. Tu le comprends sans qu’il ait besoin de s’expliquer. Ca n’empêche qu’il arrive toujours à te surprendre de par ses choix de mots, par sa façon de toujours remettre sur le tapis son attraction physique pour toi. Tu déglutis. « Can you do your... magic trick before I deploy my... own magic? » Tu sais toujours pas ce qu’il veut que tu fasses avec son téléphone. « What's your adress, beauty queen? » Puis tu comprends qu’ils sont perdu, ou qu’il sait pas où elle habite, ou qu’il n’a juste plus assez de neurones connectées pour aller jusqu’à chez elle. Probably that.

« FOLLOW THE GUIDE, » Tu n’as aucune idée si tu dois les suivre. Elle a l’air de savoir où elle va vu son assurance dans la voix, pas dans les mouvements. Tu seras pas le premier à te pencher pour la ramasser si elle tombe. C’est sur Levi que tu te jeteras avant qu’il ne touche le bitume. T’es quand même assez perplexe en plus de chamboulé par la situation. T’es sûrement pas invité à les joindre. C’est leur soirée. Leurs amusements. Tout ce qui peut t’éloigner des péchés que tu fais beaucoup trop souvent avec Levi, tu prends. « I owe you a... mindblowing kiss, » Mais bizarrement tes jambes se mettent à marcher avec lui… It’s the weed. Bien sûr Asher. C’est pas ton bon vouloir à toi. Et tout le sang qui restait dans ton corps est à présent dans ton visage. « D'you still plan on... killing me? » Tu tournes la tête vers lui. Surpris qu’il se souvienne de ça vu son état. T’aurais pas dû le regarder dans les yeux. T’es bloqué par toute l’attraction que tu as envers sa personne. T’as tellement le sifflet coupé. Tu es pris au dépourvu, tu es dans la rue, même si Agnes est bien plus devant. Elle est wasted te à l’écart. « You smell good, » Hmmpf. « You always smell good, » C’est toujours autant incroyable l’effet sur ta personne des mots qui sortent de la bouche de Levi. You’re so hot, you have to stop.

« You’re so wasted. »  Tu lui rends son téléphone allant prendre son poignet dans ta main pour qu’il le prenne réellement. Tu veux pas garder le mobile dans ta main et tu veux trop une excuse magnifique pour toucher Levi. « My car is parked on the next block… » Tu relâches doucement son poignet une fois que tu es sûr qu’il maintient son bien comme il se doit. Tu mets quand même un poil plus de temps que nécessaire avant de défaire ta main de lui. Should I go at your place or at mine Levi ? Que tu veux lui demander mais tu ne le fais pas. Tu ne le regardes pas non plus. Tu vas rentrer chez toi, c’est ça l’adresse que tu vas prendre comme destination. Car il est défoncé et il ne fait que t’allumer sans te dire où il va dormir ce soir. Tu veux réellement pas aller jusqu’à son bateau et finir par l’attendre pour rien. T’es pathétique et tu te détestes, mais pas à ce point là. Il t’en faut bien moins pour saboter des plans. Levi le fait pour toi ce soir. Il est clément.

Agnes se trouve quelques mètres devant vous, armée d'un pas décidé bien que peu efficace. Elle zigzague sur la route en produisant un numéro chantant et propageant quelques vapes d'herbe illicite. Asher et toi composez la queue du peloton et les paroles se déversent de ta bouche sans scrupule aucun. Tu n'as jamais été tari en mots auprès du Buckley mais ce soir, tu ne disposes de plus aucun filtre. Déjà que tu en possédais peu. Tu veilles tout de même à ce que personne ne perçoive les propos arrogants que tu lui adresses, vigilant à ne pas placer le blond dans l'embarras ou créer un mal-être dérisoire.

Les SMS que vous avez échangés rôdent, prioritaires, dans ton esprit. Malin, tu tentes de découvrir la position du musicien quant à ses précédentes annonces tout en garantissant que pour ta part, tu comptes bien tenir parole. Puis, évidemment, tu ne peux pas t'empêcher de mentionner son parfum, les effluves de ce dernier t'étant désormais davantage accessibles, une proximité suffisante vous liant. Ca ne vaut pas tes lèvres courant sur la peau, mais c'est déjà mieux que rien.

« You’re so wasted. » Tu éclates de rire et il attrape ton poignet de sorte à fourrer dans ta main ton téléphone et s'assurer que tu le tiens bien. Tu réprimes difficilement l'envie de prendre spontanément et brièvement possession de ses lèvres : il est si proche, la tentation est si rude, il n'y a personne... Tu ignores comment y résister... Juste une petite seconde... Ni vu, ni connu... « My car is parked on the next block… » Tu quittes difficilement sa vision pour observer les alentours, comme si tu t'attendais à ce qu'une voiture se matérialise comme par magie devant vous. Les doigts d'Asher quittent ton épiderme et tu glisses ton smartphone dans la poche de ton pantalon. Tu cherches du regard Agnes, tout de même soucieux de son bien-être. Tu ne peux pas la laisser vagabonder seule dans les rues de cette grande ville, même si tu meurs d'envie de te retrouver dans l'habitacle de l'automobile de la rockstar.

« THERE WE ARE. » Tu entends Agnes vous hurler devant la porte boisée d'un immeuble. Elle gambade laborieusement vers vous avant de déposer un baiser sur ta joue et glisser son joint dans la main d'Asher. « G'night. See ya soon. » Elle tourne les talons et quelques minutes plus tard, vous ne la voyez plus. Tu saisis le joint confié à Asher pour tirer dessus. « Are we going on a ride? » Tu interroges, malicieux, tirant allégrement sur la clope sans quitter ton interlocuteur du regard. I want to kiss you so bad it hurts. Tu tires de nouveau sur le joint, tes mains tremblent d'anticipation. « D'you still want to spend the night with me? » Tu souffles, discret et avide.

Il ne fait rien pour te toucher plus que tu ne le fais et ça te rassure. Tu ne savais pas ce que ce contact aurait pu engendrer dans son état. Tout est possible. Tu en es bien conscient. Mais il semblerait qu’il ne soit pas totalement en roues libres. Il sait se gérer. Il sait ne pas aller trop loin. T’as aucune idée de comment il fait pour avoir cette présence d’esprit là, mais tu l’accueilles avec le plus grand bonheur. Tu essaies vraiment d’éviter son regard parce que tout ce que tu y lis te retourne le cerveau ainsi que les entrailles.

« THERE WE ARE. » Tu sursautes. Tu étais perdu dans tes songes et tout tes dilemmes internes. Elle offre un baiser à Levi et t’as peur qu’elle te fasse pareil et qu’elle se rende compte de la chaleur de ton visage mais non. T’as le droit au reste du joint. Un léger sourire sur tes lèvres de cette attention. I need.  « G'night. See ya soon. » Tu tires aussitôt dessus comme si c’était une bouteille d’oxygène. Mais ta véritable dose d’air frais c’est le Mr McGrath à tes côtés. Monsieur le gagnant de The Voice 2019. Monsieur qui tabasse des gens sans une égratignure. Hot. Il te prend le joint des mains, tu sors un bref instant de ta transe. « Are we going on a ride? » Tu réalises seulement maintenant que vous êtes plus que tous les deux puisque Agnes vient de partir. God. Tu sais pas si t’es soulagé, impatient, anxieux, heureux, inquiet, dégoûté, surpris. « D'you still want to spend the night with me? » Tes yeux qui se reposent sur lui. Son tour d’avoir besoin d’une réponse sur vos plans de la nuit. Obviously I want to spend the night with you. Tu veux même passer absolument toutes les minutes de tes journées à ses côtés mais est-ce que tu le fais ? Non. Vouloir et faire. Vouloir et pouvoir, c’est tout autant de mots qui sont bien distinct dans ta tête. Tu fais rarement ce que tu veux Asher mais la weed a bon dos alors tu hoches la tête d’un demi centimètre pour lui indiquer que oui tu veux passer la nuit avec lui. Ton coeur qui bat fort dans ta poitrine alors que tu prends la direction de ta voiture. Tu vas lui piquer le joint des mains parce que t’as besoin encore. C’est marrant comme tu allais aller chez lui sans te torturer avant, mais voyant une ouverture pour changer, saboter, tu as maintenant besoin de courage artificiel pour avoir l’impression que ce n’est pas déraisonnable de passer la nuit dans les bras de l’homme que tu aimes.

Et te voilà en train de te fondre dans ton mutisme alors que tu ouvres les portes de ta voiture. Tu t’installes derrière le volant, met le contact. Ton poste de radio qui se lance aussitôt au même endroit auquel tu l’avais coupé. Le son très fort. And I will question every wind if they gone through the glow of your eyes… La voix de Levi. Une des chansons de Levi. Et t’as envie de t’enterrer vivant d’être exposé de la sorte. Surtout que la chanson est clairement mis sur l’option repeat. Tu vas mettre pause après un temps de réaction bien trop long. I wanna die.

Il ne répond pas intelligiblement et compte tenu de ton état altéré, tu optes pour la solution de suivre ton instinct sur les réponses que formule perceptiblement ou pas Asher. Il te semble hocher discrètement la tête lorsque tu lui demandes s'il souhaite toujours passer la nuit avec toi et un sourire en coin satisfait apparaît sur tes lippes en réponse. Tu tires sur ton joint ; tu te trouves sur une drôle de pente : tu veux pousser tes limites encore et encore pour que ces moments soient éternels. Tu n'as pas envie de cligner des yeux et que le matin soit levé, avec les rayons du soleil la nécessité de dire au revoir au Buckley. Tu ne souhaites pas rompre cette impatience frénétique à l'avoir contre toi avant de lui offrir ce baiser que tu as promis et a vanté quelques minutes plus tôt. Tu clignes des yeux, la fatigue est présente dans ton corps mais tu ne l'écoutes absolument pas et la repousses sans vergogne. Tu es trop occupé à vivre pour ça.

Le blond prend la direction de sa voiture. Il dérobe le joint de ton emprise, geste que tu commentes d'un nouveau « Keen » malicieux. Une fois au niveau de sa voiture, tu t'appuies sur la carrosserie de celle-ci en attente qu'il déverrouille les portes puis te glisses sur le siège passager assez gauchement. Le musicien met le contact, tu sursautes sans vergogne quand ta propre voix emplit fortement l'habitacle du véhicule. Un large sourire se dessine contre tes lèvres et c'est un regard empli de malice que tu adresses à Asher. « Oh, you're just a riddle in the sky, » tu poursuis puisqu'il a mis sur pause le morceau, te laissant comprendre qu'il ne s'agit pas de la radio mais bien d'un CD. « Oh, where do my bluebirds fly? » Tu plonges ton regard dans le sien, comme si tu attendais une réponse, comme si tu comptais bien en lire une au fond de ses yeux. « I say where do my bluebirds fly? » Tu marques une pause, un air grave s'installant sur ton portrait. « I really want to kiss you now. » Mais vous vous trouvez encore dans un lieu public et tu sais que c'est proscrit, même si dieu que tu apprécierais de jouer avec le feu. « With all this fever in my mind I should aim for your kerosene eyes, » tu sélectionnes les paroles avec soin, puis baisses le regard vers le lecteur. Ton corps n'a pas émis le moindre mouvement vers le trentenaire, docile malgré la tentation. « This song is my biggest success, » tu décris. « It's the song of my career, for the one I love. » The love of my life. « And you're the only one who knows it. »

Tu mets d’abord sur pause dans la panique. Tu es totalement mortifié par ce qu’il vient de se passer. Tu ne regardes pas Levi mais tu sens son sourire dans l’habitacle. Tu sens son regard sur toi aussi. « Oh, you're just a riddle in the sky, » Et bien sûr il continue la chanson que tu as coupé. Tu vas d’ailleurs couper le poste intégralement plutôt que de simplement laisser sur pause. « Oh, where do my bluebirds fly? » Et lui qui s’arrête pas. Et des frissons sur ton épiderme encore plus fort d’avoir une nouvelle prestation live de sa part. « I say where do my bluebirds fly? » C’est fou comme ton tableau de bord est fascinant tout d’un coup. Tu t’autorises pas à observer la performance de Levi avec tes yeux. Un peu comme toutes ces émissions de The Voice où tu ne t’es pas pointé malgré les invitations a répétitions de la part du brun. Heureusement que tu profites quand même de cette interprétation a cappella avec tes oreilles. « I really want to kiss you now. » Oh my god… Sauf que ça c’est pas dans la chanson. T’as un méga coup de chaud et tes yeux qui se ferment à cause de la nouvelle vague d’émotions qui te submerge. Tu veux autant l’embrasser que le claquer d’être la tentation incarnée. « With all this fever in my mind I should aim for your kerosene eyes, » Ta respiration qui commence à se faire de plus en plus rapide. Tu essaies de te gérer. « This song is my biggest success, » Please. Talk. Tu sais pas s’il a remarqué que tu as besoin d’une distraction autre que ses tentatives de t’allumer - qui sont toutes réussis. Mais tu accueilles avec plaisir le fun fact que tu connaissais déjà. D’ailleurs pour ça que tu lui accordes même un regard. Keep going. « It's the song of my career, for the one I love. » No. « Levi… » Ca c’était pas prévu dans le genre de discours que tu voulais de sa part pour apaiser tes émotions sans dessus dessous. « And you're the only one who knows it. » Tu refermes les yeux suite à ces mots qui sont bien trop chargés envers toi. T’es bien loin de te mettre en route. La voiture toujours à l’arrêt. T’as trop à traiter dans ta tête là.

« I’m sorry… » I’m sorry you can’t tell the world. Parce que tu ne l’autorises pas, même s’il le fait sans que tu n’aies rien demandé. For the one I love. Tu veux pas croire que Levi vient de te dire qu’il t’aime indirectement et pourtant c’est exactement ce qu’il vient de faire. Tu vas te frotter les yeux portant une main tremblante à ton visage. Tu prends de grandes inspirations afin de continuer à garder à distance la crise d’angoisse qui te guette de si près. Tu voudrais lui dire bien plus qu’un simple I’m sorry, mais les mots te manquent. Tu essaies avec toute ta volonté de ne pas vriller. Mais c’est dur… Sa déclaration te retourne complètement.