I'M GOING TO A PLACE WHERE EVERYBODY'S PRETTY ft. @marcus leckie

Le manque de paroles de Marcus face aux dires de sa petite soeur en disait long. Il était suffisamment dur de lui clouer le bec, d'une façon ou d'une autre et la plupart du temps, ce n'était que du à des émotions négatives. Là, pas bien difficile de le deviner, il était contrarié. Que Norah prenne peut-être son accident trop à la légère, qu'elle ne prenne pas en considération sa désapprobation... La belle brune avait en tête plusieurs suppositions qui pouvaient se tenir. Cependant, tout comme lui, elle se gardait de dire quoi que ce soit. Si lui avait fait un commentaire et a évacué toute cette contrariété, qu'il le fasse. Elle n'allait pas insister auprès de lui pour le forcer à s'ouvrir alors que clairement, il ne le voulait pas pour le moment. Car s’il continuait de mettre en avant sa désapprobation, il n’avait jusqu’alors jamais été des plus loquaces quant à son insistance et son positionnement. S'il voulait parler, il viendrait de lui-même. C'était quitte ou double dans la mesure où Marcus avait une certaine fierté, majoré par le fait d'être l'aîné de la fratrie. Il ne laissait que trop rarement laisser transparaître ses inquiétudes. Et la fierté a toujours été quelque chose de prévalent dans la famille de base. A travers ses lunettes de soleil, l'infirmière l'observait attentivement. Oui, elle comprenait sa désapprobation; mais devait-elle renoncer à cet objectif de vie pour autant ? La question se posait. Ou bien peut-être que Marcus ne voulait pas se fâcher avec sa soeur sur ce sujet. Si ça avait été le cas, ils auraient très sûrement fini par se comprendre et se faire entendre. Ils devraient probablement passer par là, d'ailleurs, un jour ou l'autre. Avant que toutes ces émotions ne deviennent un abcès trop difficile à percer. Bien que le silence régnant entre eux deux était lourd, il n’importunait pas Norah. Elle continuait juste de le sonder du regard. On gagnerait pas mal de temps si tu me dis tout haut ce que tu penses tout bas, songeait-elle alors. Elle ne lui ferait pas l’affront de lui faire cette remarque cela dit, estimant qu’il était suffisamment grand et mature pour savoir qu’il pouvait tout lui dire. Peut-être que c’était de trop pour lui. Il ne semblait ne voir que le mal dans l’idée d’avoir ce permis moto, ne voyant que les risques qu’elle encourrait. Seulement Norah avait beau être aventureuse et amatrice de sensations fortes, elle n’était pas casse-cou pour autant. Elle laissait Aidan l’être pour elle, cela suffisait largement. Mais passons. Du moins c’était ce que semblait avoir décidé Mac lorsqu’il aborda un sujet tout autre, bien plus léger et empreint d’enthousiasme. Un expert en la matière. Et même si sa petite soeur aurait largement préféré mettre tout ça à plat, elle ne voulait pas le priver de son talent qui était de changer abruptement de conversation. Cela la fit même sourire. C’est so Mac, pensait-elle, presque amusée. “Ma collection de chaussures ne s’est pas étoffée depuis que tu l’as vue pour la dernière fois et je suis ravie de participer à l’agrémentation de la tienne.” Pourtant Norah savait très bien marcher dans des talons hauts – et fallait pas se mentir, ça lui faisait des jambes de rêve. Elle ne voyait juste pas l’intérêt d’en avoir une paire de toutes les couleurs, de toutes les formes. Donc, comme pour les vêtements, c’était bien souvent sur un coup de coeur de Marcus qu’elle finissait pas en avoir une nouvelle paire. La belle brune terminait sans se précipiter ce qu’il restait de son frozen yogurt avant de récupérer les gobelets vides afin de les jeter à la poubelle. “Où est-ce que tu veux encore m’embarquer ?” lui demanda-t-elle, les sourcils froncés par la perplexité. Elle le suivait sans contester davantage. Ils arrivèrent dans une salle d’arcade et Norah n’avait pas besoin d’en voir plus pour savoir où il comptait l’embarquer – et ça n’allait pas être un jeu de tir. L’air largement satisfait de Marcus s’élargit de plus en plus à l’approche du Dance Dance Revolution. Pas que Norah était nulle, mais il fallait reconnaître que Marcus avait un tel niveau qu’elle ne le surpasserait probablement jamais. Et ça ne faisait pas partie de ses priorités de s’entraîner en dehors de leurs sessions pour le surpasser, bien qu’elle était une femme qui était parfois très compétitrice. Au fond, qu’importe qui avait gagné. L’essentiel était qu’ils avaient achevé cette journée sur une note positive.