« Je l’ai prétendu à maintes reprises en tout cas… Mais c’était plus facile d’en faire une coupable parfaite… ». Il a accusé sa sœur de tous les maux, de tous ses maux, sûrement parce que c’était plus facile ainsi que d’affronter la vérité en face. J’ignore pourquoi ils se sont déchirés, qu’elle est la perte de cet être cher pour qu’ils en soient arrivés là. La question est délicate à poser alors je me contente de l’écouter et de parler de cette sœur envers qui il semble regretter un tant soit peu son comportement « Tu ne veux pas enterrer la hache de guerre avec elle ? » je demande alors, prudemment, mon regard qui semble toujours inquiet tourné vers lui. Je lui raconte alors cette perte que j’ai subi moi aussi, celle d’une mère, cette mère adoptive qui représentait tout pour moi : la gentillesse, la bonté, la sagesse, la bienveillance… Diane et Kurt Gallagher m’ont accueilli alors que j’avais trois ans. Je n’ai aucun souvenir d’enfance avant ça. Les souvenirs liés à mes parents biologiques ne sont que ceux des photos que j’ai pu avoir par Lawrence, des souvenirs que lui-même a pu me raconter. Des parents qui ont été assassinés. Une perte autant difficile mais l’absence de souvenirs apaisent les maux… « Parce que rien ne pouvait se passer autrement… ». Il me confesse avoir laissé tomber cette famille, ne pas avoir été là pour eux pour les épauler, comme moi j’ai pu le faire pour Mila qui avait et a toujours cruellement besoin de moi. Alors mes sourcils se froncent un peu, peut-être parce qu’il y a de l’incompréhension aussi « Le basket m’a aidé à me relever… » « Et tu ne penses pas que ta famille aurait pu t’aider à le faire ? ». Parce que si j’ai essayé et j’essaye toujours d’être ce pilier pour Mila, c’est aussi grâce à Lawrence, ce frère de sang, que j’ai pu tenir. J’ai endossé cette lourde responsabilité, je ne lui ai jamais parlé du poids de celle-ci, de la difficulté que cela pouvait être à certain moment. Mais même sans les mots, il a été là pour m’épauler, et l’est toujours. Ma vie sans Mila et Lawrence n’aurait plus aucun sens. Alors, m’éloigner d’eux est une chose qui est inenvisageable « Je serai incapable de vivre sans Lawrence et Mila… ». Mes deux repères et pourtant, je parvenais quand même à avoir des secrets envers eux, qui m’obligeaient parfois à être distantes avec eux… pour les protéger de cette vie que j’ai choisie. Elle m’obligeait aussi à leur mentir, ce que je détestais faire, mais là aussi, c’était nécessaire. Je suis persuadée qu’ils finiront par le découvrir et je suis persuadée de leur réaction aussi… surtout celle de Lawrence. « Je le suis pour deux ! ». Il pense que j’aurai mieux fait de passer mon chemin, ignorer cette rencontre et il semble déterminé à avoir le dernier mot. Alors, je lève les yeux au ciel non sans sourire, m’avouant vaincu mais pas convaincue pour autant.
Il m’interroge à son tour, il veut savoir tout de moi. Ce sont ses mots. C’est étonnant comme demande, c’est aussi vague comme question. Alors, je ne sais pour quelle raison, je pense au piano. Cette passion que j’ai depuis petite, que j’ai eu la chance de pratiquer pendant des années. Mais que j’ai abandonné depuis quelques années maintenant, faute de temps. Pourtant, le piano est toujours là, dans le hall d’entrée de notre maison. Mais je n’y touche que très rarement. A vrai dire, c’est Mila qui m’encourage à le faire lors de nos soirées de décompression, comme j’aime les surnommer. Souvent, Lawrence est de la partie, une soirée où il est un peu notre souffre-douleur. Je me perds dans mes explications liées à cette passion pour l’instrument avant de me rendre compte que la première des choses que j’aurai pu faire était tout simplement de lui donner mon prénom. « Enchanté Stacey ! Mason ! ». Alors, je tends ma main pour qu’il vienne se saisir de celle-ci pour faire les choses convenablement, non sans un sourire amusé au bout des lèvres « Enchanté Mason ». Il a ce regard différent, peut-être un peu charmeur qui me met un instant mal à l’aise. « Et tu sais jouer quoi par exemple ? ». A ça, j’hausse les épaules « Je joue de tout, je n’ai pas de genre en particulier. La dernière chanson que ma sœur a voulue absolument que j’apprenne à jouer est All of me de John Legend » un petit rire s’échappe d’entre mes lèvres « Elle tournoie dans toute la pièce quand je la joue, chante et pendant quelques instants, nous oublions tous nos problèmes ». C’est ce genre de souvenirs que j’aimerai avoir par milliers dans ma tête, pas ceux de ses soucis financiers que nous pouvons avoir. Mon sourire est triste alors que mon regard s’est reporté sur la route qui nous fait face « Ta passion c’est le basket alors ? », rebondissant sur ce qu’il a pu me dire un peu plus tôt, retournant le regard sur lui.
« dis moi adieu en chemin » stacey gallagher & mason bradford
Sa vie ne devrait pas être si difficile, son passé non plus. Mason n’a jamais été un homme prise de tête, il n’a jamais été celui qui se préoccupe beaucoup des autres, mais sa famille aussi lointain sont ses souvenirs, ont toujours su avoir une place primordiale dans sa vie. Leur famille est basique, un père basketteur dont le jeune prodige a suivi ses traces, avec fierté. Parce qu’il fût le seul à le guider, le seul à l’épauler quand sa mère n’était plus auprès d’eux et qu’elle a rendu l’âme quelques années après sa naissance. Elle leur a offert le plus beau des cadeaux : une petite sœur, et une fille, la seule de la famille pour un père protecteur et bienveillant. Rien ne présager cette déchirure chez les Bradford, alors que toute la famille est très sportive et ont tous suivis leur trace de leur paternel, malgré la chute de Dylane qui l’a stoppé net dans la dance, et les nouvelles attractions de Nick en devenant un journaliste sportif. « Tu ne veux pas enterrer la hache de guerre avec elle ? » Il est nerveux Mason, ses mains qui ne cessent de se déchirer l’une et l’autre sous cette pression constante. C’est pourtant lui, qui lui a offert la possibilité d’en savoir plus, et le privilège de pouvoir l’aider, à sa façon. Certainement pas la meilleure idée. Parce qu’il y a des plaies qui ne guérissent pas, des plaies qui ne cicatrisent pas. « C’est trop tard… » Il n’souhaite pas répondre à la question, parce qu’il n’est plus question de vouloir, ou de plus vouloir. Il n’est plus question de chercher des solutions quand lui-même n’identifie pas réellement le problème. « Elle fait partie de mon passé… » Et il n’est pas toujours bon de remuer le couteau dans la plaie, il sait de quoi il parle. Il n’sait pas vraiment si il cherche à la convaincre elle, ou lui. Ou peut-être un peu des deux… « Et tu ne penses pas que ta famille aurait pu t’aider à le faire ? » Il ne s’est jamais posé la question à vrai dire, il n’a jamais cherché à revendiqué un certain malaise entre eux avec les autres. C’est bien la première fois qu’il en parle sans se braquer, vraiment. Mais si elle persiste, ça risque d’arriver tôt ou tard ! Il n’est pas très à l’aise avec tout ça. « Pourquoi faire ? » Pourquoi l’aurait-il fait ? En quel honneur ? Et surtout est-ce que cela aurait été suffisant ? « Enchanté Mason, » qu’elle répond un sourire en coin en saisissant sa main. Et il n’en fallait pas tant pour le voir sortir son charme. « Je joue de tout, je n’ai pas de genre en particulier. La dernière chanson que ma sœur a voulue absolument que j’apprenne à jouer est All of me de John Legend, il l’écoute un bref instant, silencieux, se perdant dans le fil de la conversation, s’imaginant assise derrière un piano. Elle tournoie dans toute la pièce quand je la joue, chante et pendant quelques instants, nous oublions tous nos problèmes, » Ca le fait sourire comme un idiot, « et toi tu sais tournoyer sur toi-même ? » Qu’il demande, se mordant la lèvre, tentant de percer son regard à travers la nuit. C’est une jolie inconnue qui lui change les idées, qui tente en vain de lui faire entendre raison, et il dirait pas que ça marche, mais avec le temps, qui sait… « Tu joueras pour moi ? » Rien d’officiel, une demande comme une autre, alors qu’elle poursuit, « ta passion c’est le basket alors ? » Son visage qui se tourne sur la route, le cœur lourd, Mason se rend compte qu’il ne doit pas rester là. Brusquement il se lève, fronçant les sourcils. Partir sans se retourner, partir sans rien dire ce serait tout à fait lui. « J’espère que tu pourras un jour venir me voir sur un terrain. Je suis dans l’équipe de la ville ! » Le Brisbane Bullets, « j’dois y aller mais j’ai été content de faire ta connaissance ! » Et sans donner son reste, il s’éclipse, dans la pénombre jusqu’à disparaître, vraiment pas la meilleure des manières faut croire…