“look at you kids with your vintage music comin' through satellites while cruisin' you're part of the past. but now you're the future, signals crossing can get confusing”
“Vous avez tout le temps du monde, maintenant.” Il est vrai que depuis la naissance de Lucy et Lena, la maison est rarement vide. Il y a les parents, déjà, qui passent beaucoup de temps chez nous puisqu’ils aiment déjà par-dessus tout leurs petites-filles. Et ils sont de bons conseils, aussi parce qu’eux aussi ils ont eu des jumeaux bien avant nous il savent bien mieux que nous comment gérer deux bébés qui pleurent quasiment toujours en même temps. « Le plus dur c’est pas réellement qu’il y a beaucoup de monde qui tourne pour pouvoir voir les petites princesses mais c’est surtout gérer leurs pleurs et pour ça il faut comprendre pourquoi elles pleurent. » Que je lui avoue dans un rire amusé. Parce que oui, les personnes qui vous disent qu’en tant que parent on sait toujours instinctivement la raison pour laquelle notre enfant pleure, c’est faux. Quelque fois on va savoir qu’elle pleure parce que c’est l’heure du biberon, mais d’autres fois on pourra réfléchir encore et encore sans jamais comprendre la raison du malaise de notre enfant. Et c’est frustrant. On s’en veut, parce qu’on se sent incapable de soulager notre bébé et notre rôle et intégrité de parent est mise à mal. Je culpabilise énormément dans ce genre de moment et j’ai clairement l’impression de ne pas être à la hauteur. Mais ça, les pleurs, c’est seulement les mauvais moments ou du moins les plus durs. Ça ne vaut rien comparé à tout le reste et c’est également ce que je me dis quand mon regard se perd pour la énième fois dans les yeux de ma petite-fille. “Tant que tu ne t’oublies pas toi au milieu de toutes ces filles.” Je relève le regard vers ma sœur et hausse doucement les épaules avant de lui répondre. « Ça c’est pas grave, c’est elles mon doigt vient tapoter le bout du nez de ma fille les plus importantes maintenant. » Certains diront que j’ai même toujours eu tendance à m’oublier au profit des autres et en particulier pour les gens que j’aime. C’est peut-être en partie vrai mais c’est aussi parce que je préfère de loin faire passer les autres avant de penser à moi-même. “Lena dort toujours ?” Et si Lena semble être celle qui semble aimer tout particulièrement se faire entendre, pour l’instant et surtout depuis l’arrivée de Prim c’est celle qui s’est fait la plus discrète. Gardant Lucy contre moi j’approche le baby-phone de moi – un baby-phone avec une petite caméra, la meilleure invention du monde. – et je regarde sur le petit écran. « On dirait qu’elle est réveillée. » J’annonce à ma sœur tout en me levant je lui fais signe de me suivre la menant alors vers la chambre des jumelles. “J’imagine que papa et maman doivent être ravis. Les enfants, le mariage, le restaurant… Tous les bons points réunis pour pouvoir leur demander mille et une fois de garder les filles dans le futur.” Je ne sais pas si je dois être flatté, gêné – ça, soyons clair, je le suis parce que je ne suis jamais vraiment à l’aise quand on explose clairement toutes les choses que j’ai pu réussir dans ma vie. – Est-ce qu’elle essaie de me faire passer un message ? Je n’en sais rien et je n’ai jamais été très doué pour lire entre les lignes. « Je crois que t’as une vision un peu biaisée de ma réussite. » Je me contente de lui répondre puisqu’en l’écoutant on dirait presque que tout m’est tombé dessus sans que je ne lève ne serait-ce que le petit doigt. Mais j’ai travaillé. Beaucoup. J’ai osé, j’ai pris des risques, parce que mettre toutes mes économies et faire un prêt aussi conséquent pour mon restaurant alors que je n’avais même pas encore trente ans, c’était très, très risqué. Mais le risque, j’ai décidé de le prendre et je ne le regrette pas. Je finis par entrer dans la chambre et me dirige vers le berceau de Lena. Elle est réveillée, elle gesticule et elle me sourit, ce qui, bien évidemment me fait sourire grandement à mon tour. « Tu veux aller dans les bras de tata Pim ? » Que je demande à ma fille, la voix qui s’adoucie à chaque fois que je m’adresse à elles.