« Tu veux une médaille ? » J’hoche la tête avec un sourire mutin. « Oui et en or s’il te plait. Je suis difficile, j’veux de la qualité. » J’exige avec un sourire. Il a sûrement eu le job le plus difficile, après tout je devais seulement attraper un ballon au vol et éviter un troupeau de gamins. Lui a failli affronter une armée de parents et a dû choisir la marchandise. Mais je préférerais crever que de l’admettre.

« T’es franchement pas le plus beau. » Je le regarde outré, une main sur le cœur comme s’il venait de me poignarder ; « J’suis toujours plus beau que toi ! » Je siffle, clôturant la phrase en lui tirant la langue. C’est mérité. Mais mon regard est un peu terne alors qu’il cherche à m’inciter à parler et j’admets que les trois bouteilles ne seront sans doute pas suffisantes. Il va falloir ouvrir la première s’il souhaite que j’en dise plus. « Ca va, ça va tiens. » Je n’y connais rien en vin, je ne suis plus très regardant depuis des mois, et j’accepte la bouteille de vin. « Prends le temps de boire quand même, fait moi ce plaisir. » Je roule des yeux. « Ca va le snob ? Tu veux retourner dans ton château aussi avec tes vignobles ? »

Je débouchonne la bouteille, la portant à mes lèvres pour en boire une gorgée, je finis par mentionner des problèmes de cœur quand ce n’est sûrement que la surface du problème mais qu’importe. « Faut que je brise le cœur de qui ? » Je ricane. « Alors il y en a une elle est mariée et crois moi c’est elle qui te brisera le cœur et pas le contraire et l’autre… » Je plisse les yeux en le regardant. « L’autre tu l’approches pas. » Parce que j’étais prêt à protéger Molly bec et ongle contre un type de son espèce.

« Si elle t’a trompé, on peut faire un combo gagnant, j’ai un connard à faire disparaître. Ouais, tu n'es pas le seul dans la merde. » Je le regarde un peu surpris. « Ouais non j’pense que dans l’histoire le connard c’est moi. » Je grimace. « C’est qui ton connard à faire disparaître ? J’peux t’aider si tu veux ? » Je me marre en buvant une nouvelle gorgée.

« Oui et en or s’il te plaît. Je suis difficile, j’veux de la qualité. » Il exige tel un enfant, sourire aux lèvres, bien trop exciter par l’exploit de la soirée. Il n’avait fait que piquer une balle, mais si c’est ce qui semble l’éclater, on peut aller voler chaque personnes présentes sur cette plage, ce ne sera qu’un début et plus encore après tout, on est loin de notre premier larcin. « Je penserais aux paillettes et aux confettis, promis. » Je lui assure vouloir lui offrir la fête qu’un gamin de cinq ans aurait exigée pour un anniversaire. Tant est si bien que lorsque je lui refile une bouteille de vin tout juste ouvert, j’ai la sensation d’enfreindre un code déontologique ou une connerie du genre. Il est encore essoufflé, regard dans le vide alors qu’il siffle une gorgée bien trop importante pour être complètement anodine. C’est qu’il gâche le plaisir des choses le Mulligan. « Ca va le snob ? Tu veux retourner dans ton château aussi avec tes vignobles ? » Pour l’occasion, il a le droit à une énième claque sur l’arrière de son crâne. Faudrait pas qu’il prenne la confiance le mioche. « Faut qu’un Français t’apprenne à boire maintenant ? » Se soûler la tronche, c’est tout un art quand on décide de le faire avec du vin. Décidément, il sait rien de rien, le gamin.

« Alors il y en a une, elle est mariée et crois moi c’est elle qui te brisera le cœur et pas le contraire et l’autre… L’autre tu l’approches pas. » « Parce qu’en plus, elles sont deux. » Il s’emmerde pas le Pete quand il évoque les deux demoiselles qui semblent le faire tourner en bourrique. Une femme mariée et visiblement une deuxième bien plus importante encore. « Le mariage, c’est qu’une broutille, un détail. » que j’assure en hochant la tête. C’est qu’une idée pour émerveiller la galerie, un bout de papier qui statue tout et rien si ce n’est une dernière forme légale d’esclavagisme moderne. « Et si t’avais besoin de faire un choix, c’est la deuxième. » Lorsque l’on commence à ne pas vouloir laisser approcher qui que ce soit, c’est qu’elle nous colle bien trop à la peau. J’en ai fait l’expérience bien avant lui et c’est toujours la même merde. « C’est qui ton connard à faire disparaître ? J’peux t’aider si tu veux ? » Un rire m’échappe alors que je lève les yeux au ciel. « Laisse tomber, il serait trop con pour comprendre quoique ce soit. » Lachlan. Prénom merde pour un type si fade que ça en deviendrait triste à mourir. « C’est un petit bourge. » Tout ce que l’on déteste, tout ce que j’ai toujours méprisé avec force. Tout ce qu’elle est devenue avec le temps.

« Aller lève toi, on va jouer un peu. » On n'a pas volé une balle pour rien après tout. « On compte les points, celui qui perd bois ? » Elle semble un peu con ma règle quand dans la seconde qui suit, j’ajoute : « Pis celui qui gagne aussi. »

« Je penserais aux paillettes et aux confettis, promis. » Je ris comme un enfant à qui on promet la plus belle fête d’anniversaire. Ce n’est pas comme si j’avais simplement volé un ballon à des enfants. Sur un coin de la plage il me file enfin les bouteilles, ne pouvant s’empêcher de lancer un petit commentaire. « Faut qu’un Français t’apprenne à boire maintenant ? » je ricane en réplique « Crois moi j’ai pas besoin de conseil dans l’art de boire. » Ou peut être que si justement ? Parce qu’on ne pouvait pas dire que j’appréciais ce que je buvais. Non aujourd’hui, l’alcool ingéré était bu dans le seul objectif d’effacer mes pensées, d’apaiser le reste.

Je parle de mes problèmes de cœur, est-ce vraiment ne bonne idée avec Wyatt ? « Parce qu’en plus, elles sont deux. » Je ris, d’un rire un peu jaune. Parce que bien sûr qu’elles sont deux, les seules qui m’avaient marqué assez pour me faire revenir, moi qui étais incapable de rester. « Le mariage, c’est qu’une broutille, un détail. » Je suis d’accord avec lui, après tout ça ne m’avait pas empêché d’embrasser Jill et ou de retourner avec Molly alors qu’elles étaient toutes les deux mariées. L’amour en revanche, c’était autre chose, et cela faisait longtemps que Jill ne m’aimait plus, voir même ne m’avait jamais aimé, simple fantaisie que j’avais entretenu pendant trop longtemps.

« Et si t’avais besoin de faire un choix, c’est la deuxième. » Je le regarde sans rien dire. Mon regard se fait plus triste alors que je bois une gorgée de vin. « Ouais c’est trop tard, il y a plus de choix à faire. » parce qu’elles sont toutes les deux parties.

Wyatt me parle d’un petit bourge qu’il méprise et je serais prêt à lui proposer mon aide pour un plan de vengeance. Mais déjà il m’entraîne dans un nouveau jeu et je sais déjà que la soirée se terminera ainsi. Des jeux autour de bouteilles d’alcool, qui me permettront au moins d’être un peu moins seul ce soir.