Chose promise chose dû, Heather avait rempli le pari qu’elle avait perdu face à Caleb. Le brun à son grand désespoir car elle n’aimait pas perdre, avait réussi à lui faire aimer un vin. Ce qui lui avait valu le fait de ramener toute l’équipe principale de sa série australienne à son restaurant avec en prime une petite photo souvenir. Sur ce coup-là, Caleb l’avait bien eu et son portefeuille s’en souviendrait longtemps. Mais le repas avait mis plus de temps que prévue à se faire car elle avait enchainé un tournage et le temps que tout le monde soit disponible en même temps n’était pas si facile que ça. Ça c’était transformé plus en repas pour fêter le succès de la série que pour fêter la fin tournage. Si certain épisode était encore en production les premiers étaient sortis et le succès avait été au rendez-vous. Et dire que Heather était contente de cette nouvelle était un euphémisme. Elle était plus qu’heureuse, elle sentait déjà qu’on parlerait d’elle pour autre chose que Disney, que son avenir allait enfin évoluer. Même si elle devait encore retourner à Los Angeles pour tourner une saison pour sa série disney, dont elle espérait que ça serait la dernière. Le moment qu’ils avaient tous passer ensemble avait été très agréable, cela faisait plaisir de recroiser certaines têtes et d’autres moins. Si cela n’avait tenu qu’à elle, Heather se serait passée de certaines personnes qu’elle n’aimait toujours pas. Mais bon ils avaient réussi à ne rien gâcher pour une fois et ça lui faisait plaisir de revoir ses co-stars. Et puis la blonde appréciait toujours une bonne excuse pour rendre visite à Caleb. Même si à force de venir manger chez lui, elle allait finir par prendre 10 kilos, la nourriture française était vraiment devenue un de ses pêchers mignon.
Contrairement aux autres, Heather avait un peu trainé à la fin du repas pour profiter de l’occasion pour prendre des nouvelles de son ami et de ses enfants. Quand elle s’était rendu compte de l’heure, elle remercia une dernière fois Caleb avant de partir. Si elle n’avait rien de réellement important prévue ce week-end. John lui avait dit qu’il venait faire un tour à Brisbane pendant quelques jours et passer chez elle. C’était l’occasion de le revoir depuis un moment et le bougre lui avait manqué. Mais bon cela voulait dire qu’il fallait qu’elle range et nettoie son loft car sinon elle allait se prendre une réflexion, lui disant que trop de bouteilles trainaient ou autre digne d’un parent. En sortant du restaurant elle jeta un coup d’œil à son téléphone pour envoyer quelques messages. La blonde continua de marcher sans regarder dans la direction où elle allait et son épaule cogna celle de quelqu’un d’autre. Tout en levant son regard hors de son téléphone pour regarder la personne qui lui était rentrée dedans, elle prit la parole d’un air agacé.
- Hey sérieusement tu pourrais regarder où tu mets les pieds. Si le début de sa phrase était énervée, la fin sortit comme un murmure en voyant la brune qui l’avait percuté. Comme voir un fantôme de son passé, qu’elle n’aurait pas imaginé recroiser un jour, en face d’elle se tenait Primrose. Si la jeune femme était plus âgée aujourd’hui, elle était très facilement reconnaissable. Comment se faisait-il qu’elle était ici alors que leur chemin s’était séparé, il y’a quelques années de Los Angeles. Le souvenir était d’ailleurs toujours très désagréable, le genre de personne qui se faisait se demander après réflexion pourquoi on était sorti avec en premier lieu. Elle gonfla sa poitrine et reprit ses esprit pour ne rien laissé transparaitre avant de prendre la parole.
- Et ben, voilà un visage que je n’aurais jamais recroisé ici, qu’est-ce que tu fais là Prim ?
Une de mes abonnés m’a trouvé une nouvelle recette de fraisier japonais, que l’on vante comme plus léger que le fraisier normal, et j’ai bien envie de l’essayer. Je sais que mes colocataires seront sûrement les premiers à vouloir y goûter, sachant que la pâtisserie est mon arme la plus fidèle et la plus redoutable que je possède pour les faire oublier que je n’ai toujours pas payé les courses du mois dernier qui m’était incombé de base. Alors pourquoi ne pas satisfaire mes abonnés et mes colocataires en même temps ? Ma journée de repos se profilant, ce n’est qu’une fois dans la cuisine, où j’ai balayé toute personne voulant s’y infiltrer (non, Adèle, je n’ai pas besoin d’aide. et non, Will, je n’ai pas besoin de testeur), et à moitié de recette que je me rends compte que j’ai oublié une étape importante : vérifier si tous les ingrédients répondent à l’appel. Les mains pleines de farine, le plan de travail complètement en chantier – je sais cuisiner et je sais aussi provoquer un ouragan quand je le fais – que je réalise cette erreur de débutante. Je vois le spectre de la tête de Caleb, l’air désapprobateur face à la plus grande erreur de ma vie que j’ai pu avoir commise (alors que non, clairement, c’est vraiment tout en bas de toutes mes bêtises cumulées), alors que je dégage une mèche de mon front d’un large souffle, désabusée. Très bien. Je ne me laisse pas abattre pour autant. Je recouvre la préparation déjà faite, en espérant que le repos forcé ne va pas lui porter préjudice, et j’éteins le four avant de nettoyer mes mains (oui, dans cette ordre, désolé pour les traces de doigts farinés) et d’ôter mon tablier. Je préviens – menace – mes colocataires de ne pas s’approcher de la cuisine – ou au moins, de ne pas toucher ce qui n’est pas à eux.
Je sais où trouver ce que je veux – à savoir le lait. Quel foyer ne possède pas de lait ? Le nôtre, apparemment. Et j’ai été assez stupide pour croire qu’ils en avaient acheté un nouveau pack. Je ne suis pas la mieux placée pour critiquer, sachant que je ne m’implique jamais plus que cela dans les courses. Ni même dans les tâches ménagères en général. Mais j’essaie quand même. Alors je ne leur en tiens pas rigueur, même si le risque que mon premier fraisier japonais tourne au désastre si je ne me presse pas. Chaque minute compte et c’est d’un pas rapide et pressé que je parcours deux quartiers complets pour rejoindre le restaurant de Caleb, où il y aura forcément du lait. Mais je ne fais pas attention où je vais, les yeux levés sur la devanture que je ne cesse d’envier, la réussite de mon frère me prenant à chaque fois dans les tripes. « Hey sérieusement tu pourrais regarder où tu mets les pieds. » Donc forcément, je percute l’épaule de quelqu’un, qui rouspète et dont j’allais m’excuser sur le champ avant de me raidir. Des mèches blondes que je reconnais, une voix qui semble fait écho dans ma mémoire. Il suffit que mes yeux bleutés se posent sur elle pour que j’y remette un prénom dessus. « Heather. » que je prononce à voix basse. « Et ben, voilà un visage que je n’aurais jamais recroisé ici, qu’est-ce que tu fais là Prim ? » J’ai envie de m’enfuir, de me faire toute petite, de raser les murs. Mes mains s’agrippent à mon sac, mes pieds voulant courir dans la direction opposée mais mon cerveau me sommant de rester. Pourquoi ? Je l’ignore moi–même. « Je– Je vais à l’Interlude. » dis-je en pointant le restaurant du doigt. Je ne pense pas que la raison pour laquelle j’y vais intéresse Heather alors je lui épargne les détails. « Mon frère en est le propriétaire. » que j’évoque quand même, avant qu’elle puisse me balancer au visage que c’est au–dessus de mes moyens ou quelque chose de ce goût–là. Je ne veux pas la confrontation, je n’ai jamais aimé cela. Je passe un doigt pour mettre une mèche derrière mon oreille, me redressant un peu dans le but de me donner un peu de prestance. Après tout, même si j’ai fauté, rien ne m’empêche de tenter de sauver la face. « Et toi ? Tu es à Brisbane depuis longtemps ? » Je n’en savais rien, à vrai dire. J’ai juste entendu parler d’une histoire de paparazzis à Los Angeles et après, je n’ai pas cherché à creuser. C’est une histoire ancienne, Heather, un roman que je n’ai pas envie de reprendre. Et je suis sûre que malgré nos différences, nous sommes toutes les deux d’accord sur ce point.
Comment passer d’une très bonne matinée, à une après-midi bien pourrie en l’espace d’une seconde ? Recroiser le chemin d’une des personnes que vous aviez le moins envie de recroiser de votre vie. C’était ce qui allait arriver à Heather aujourd’hui on dirait. Elle avait l’impression que quand la vie lui souriait un peu trop, il fallait qu’elle lui mette une petite baffe pour lui rappeler la réalité. L’actice n’en pouvait pas croire ses yeux de se retrouver en face de Prim, jamais elle n’aurait imaginé que cela se reproduise. La brunette faisait partie de sa liste de gens dont y penser lui donnait encore des envies de meurtres. La jeune femme avait une liste des gens qu’elle détestait, une sorte de l’histoire noire des gens qui lui avait fait quelque chose, si ses parents étaient en haut, la jeune femme n’était pas loin du top. Il y’avait un peu de tout, des actrices qui lui avait piqué des rôles, des personnes qui avaient été impoli avec elle ou qui lui avait fait du mal. A vrai dire Primrose lui avait fait vraiment beaucoup plus de mal qu’elle ne l’aurait pensé à l’époque. Une des personnes à avoir piétiné le peu de naïveté qui lui restait après le départ de ses parents. Après on se demandait pourquoi Heather ne faisait plus preuve de beaucoup de compassion, si ils savaient ce que la Anderson lui avait fait peut-être qu’ils comprendraient. Son égo n’avait toujours pas apprécié comment la demoiselle s’était jouée d’elle et avait utilisé ses sentiments pour atteindre ce qu’elle voulait. Surtout qu’en voyant sa manière de réagir cela agaçait profondément Heather. On aurait dit une biche qui allait se faire écraser par une voiture, c’était Heather la victime dans leur histoire, pas elle ! Elle n’avait pas le droit d’agir ainsi alors que c’était elle qui lui avait brisé le cœur. Elle roula des yeux quand elle lui dit qu’elle allait à l’Interlude, elle croisa les bras avant de prendre la parole.
- Je me doute que tu vas à l’Interlude et pas acheter des fleurs.
Son ton était sarcastique et assez froid mais la suite la choqua. Une révélation à laquelle elle ne s’était pas du tout attendue. Caleb était son frère ?! Sérieusement ?! Un des seuls mecs qu’elle pouvait supporter se trouver être lié par le sang à cette succube ? La vie s’amusait vraiment à la torturer parfois. Heather n’arrivait vraiment pas à réaliser la chose, à comprendre comment le chef cuistot qui était si gentil pouvait avoir pour sœur quelqu’un comme Prim.
- Quoi ? Attend une minute… Caleb c’est ton frère ? Elle n’arrivait toujours pas à accepter la chose même en le disant à haute voix. Son visage était toujours rempli d’incompréhension. Elle se rappelait que Prim était australienne mais pas qu’elle avait un frère, à vrai dire elle n’était pas persuadée que à l’époque la jeune femme lui ai dit quoi que ce soit de réel. Et même si cela avait été le cas, aujourd’hui elle n’y croirait absolument pas mais une chose était certaine c’est qu’elle était la stripteaseuse qui l’avait arnaqué. Ses bras restaient croisés et elle ne pouvait pas s’empêcher de soupirer de frustration lorsqu’elle lui fit la conversation avec ses yeux remplit de peur et d’incertitude.
- C’est bon calme toi, je ne vais pas tuer ! A vrai dire j’y ai beaucoup pensé… j’aurais pu le faire même. Après tout j’ai les moyens mais bon je ne l’ai pas fait.
Elle lui fit un grand sourire faux et plein de menaces, qu’elle continue à avoir peur d’elle. Avec leur passé, elle pouvait bien craindre les répercussions oui et surtout qu’est-ce que ça pouvait lui faire qu’elle soit ici.
- Je suis là depuis environ un an ici mais bon si j’avais si que j’aurais pu te recroiser je ne serais pas restée si longtemps. Et toi tu fais quoi ? Tu extorques de l’argent à ton frère ou les bars de striptease rapportent mieux ici ?
Son ton était hautain et plein de défiance, elle se souvenait bien du jour où elle avait appris comment Prim gagné l’argent qu’elle lui avait dit avoir. Comment avait-elle pu s’abaisser à sortir avec une stripteaseuse sans s’en rendre compte, ça elle ne le comprenait toujours pas.
« Je me doute que tu vas à l’Interlude et pas acheter des fleurs. » Elle a le ton qui mord et qui frappe, Heather, ce que j’encaisse avec une contenance qui n’est pas franchement très fière. Je ne peux pas l’être, je ne peux pas m’affirmer face à elle qui possède toutes les cartes en main pour m’en vouloir, me critiquer, m’accabler. Elle est une faute de plus sur ma longue liste d’erreurs que j’ai pu faire et naïvement, j’aurai pensé que celle–là aussi serait restée derrière moi. Après tout, à combien montent les probabilités de se retrouver face à elle, devant le restaurant de mon frère, à des milliers de kilomètres de Los Angeles ? Un chiffre beaucoup trop absurde et que jamais je ne pourrai calculer. L’univers a certainement un message à transmettre et il se trouve que c’est un karma qui me retourne à la figure comme une pieuvre géante qui s’agrippe au visage sans pouvoir s’en décoller. J’aurai aimé prétendre avoir la capacité de relever mon menton. J’aurai aimé pouvoir être assez affirmée pour pouvoir lui répondre, mine de rien, mine d’avoir tout oublié, que ce n’est qu’une histoire ancienne, qu’elle n’a juste à oublier et pardonner. Mais je ne suis pas comme cela. Je n’ai pas fréquenté Heather très longtemps – en plus que cela remonte à un petit paquet d’années maintenant – mais j’ai la certitude qu’elle n’était déjà pas à l’époque dotée d’une grande capacité au pardon. A la voir croiser des bras en face de moi, une technique de protection envers elle–même mélangée à un air supérieur qu’elle prend et qu’elle a, sachant pertinemment toutes les deux que c’est elle qui a absolument tous les droits. Au final, je considère que j’ai juste le droit de garder mes lèvres closes. Peut–être que si je ne rétorque pas, elle finira par passer sa route. « Quoi ? Attend une minute… Caleb c’est ton frère ? » Donc elle connait Caleb. Parfait – pas du tout. Je secoue la tête malgré tout, presque désolée de confirmer ce qui provoque et transpire l’effroi chez Heather. « Celui–là même. Tu le connais aussi, à priori. » Je formule ces mots sans grande conviction. A quel point se connaissent–ils ? Pourquoi, d’où, comment ? Est–ce qu’Heather va aller lui courir ce que j’ai pu lui avoir fait dans le passé ? J’ai assez d’Alex pour me dénigrer devant mon frère, je ne veux pas qu’Heather fasse de même – cette pensée qui me fait grincer des dents parce que quoiqu’il arrive, il semblerait que ma vie sera toujours tournée autour de la vision qu’il peut avoir de moi. Lui plus que les autres. Vu le ton et la frustration évacuée par l’actrice, il est certainement qu’elle n’ira pas lui raconter à quel point je fus formidable. Toutes ces semaines de rire bousillées par un secret éclaté et une fuite de ma part avant que les choses s’enveniment.
Elle sourit, elle continue à piquer et je n’ai aucun de mal à la croire. Elle a les moyens, le mobile et la capacité. De le faire ou de demander à quelqu’un, les choix sont certainement multiples et variés. Surtout quand on possède un portefeuille aussi important que le sien. L’argent peut acheter tout ce qu’on désire, et c’est bien là le noyau du problème. De mes problèmes. « Je suis là depuis environ un an ici mais bon si j’avais si que j’aurais pu te recroiser je ne serais pas restée si longtemps. Et toi tu fais quoi ? Tu extorques de l’argent à ton frère ou les bars de striptease rapportent mieux ici ? » Pour le coup, je remonte mon menton avec une défiance certaine. Elle n’a pas à m’accuser d’extorquer Caleb – je l’ai peut–être fait avec elle mais elle n’était qu’une actrice à mes yeux, de ceux qui ont et jettent leur entourage comme ils veulent, qui transforment en or tout ce qu’ils touchent. Je n’ai eu moins de scrupules sur la base, même si j’en ai eu au final, surtout les derniers instants, spécialement quand la découverte a eu lieu. « Qu’est–ce que ça peut te faire ? Le trottoir est large, tu peux passer ton chemin. » Je me retrouve avec un semblant de confiance, poussé par une volonté de ne pas lui laisser l’opportunité d’avoir la main complètement au–dessus de nous, telle une épée Damoclès qui menace de me scinder en deux à tout moment.
Si la trahison restait une blessure assez profonde dans le cœur d’Heather, elle avait trop de fierté pour le montrer et lui laissé voir même une demie seconde que sa présence ici devant elle, la déboussolé plus qu’elle ne l’imaginait. L’actrice détestait vraiment l’impact que pouvait encore avoir certaine personne même après un très long moment à ne pas les avoir vu. Prim avait vraiment détruit la facilité qu’elle pouvait avoir pour faire confiance à certaines personnes. Peu à peu elle commençait à laisser des gens qui n’étaient pas issus du milieu du showbizz ou avec déjà une certaine renommé rentrer dans sa vie. Après leur séparation la blonde avait eu du mal à se rapprocher des personnes lambda, toujours persuadée que celles-ci viendraient pour sa célébrité et après son argent. Depuis qu’elle était à arriver à Brisbane beaucoup de choses avaient changé dans sa vie. Le fait de vivre dans un endroit où elle était beaucoup moins connue lui avait fait de nouveau s’ouvrir un peu plus. Tomber sur d’anciennes connaissances aussi mais là, elle sentait ses barrières lui mettre une claque dans la figure alors qu’elles se croisaient juste. Et surtout elle lui expliqué que Caleb était son frère ?! Cet homme était une perle, elle avait du mal à comprendre. Une partie d’elle réagit de manière irrationnelle l’espace d’un instant. Elle avait beau connaitre le brun d’une manière qui n’avait totalement aucun rapport avec Prim et cela depuis quelques temps maintenant. Une partie d’elle se demandait si ce n’était pas un plan de Primrose pour encore exploiter sa fame ou son argent ou qu’elle ait raconté à son frère quelle quiche elle avait été de s’être faite bernée aussi facilement. Mais Heather se disait de redescendre sur Terre l’espace de quelques minutes pour se rendre compte que ce n’était pas possible. C’était trop long sur le temps et bien trop psychopathe pour que ça arrive. Surtout qu’elle n’avait pas l’impression que la brunette était au courant qu’ils se connaissaient de base.
- Oui je le connais, c’est pour ça que je suis encore plus choquée d’apprendre que vous êtes frère et sœur.
La jeune femme ne se souvenait plus tellement si Caleb lui avait dit qu’il avait de la famille, surement mais ce n’était pas le genre d’information qu’elle retenait vraiment. A part si on lui expliquait que la sœur en question n’était pas hétéro mais là encore c’était une autre histoire. La jeune femme ne pouvait s’empêchait de rappeler que tout de même c’était elle qui avait le pouvoir, elle avait beau s’être fait avoir, entre elles, elle serait celle qui aurait toujours plus et le plus de moyen. Alors qu’Heather ne pouvait s’empêcher de lancer de cracher son venin vers Prim, elle sentit qu’elle avait piqué au bon endroit en voyant la Anderson, relever un peu la tête. Ça allait être intéressant à la voir lui tenir tête. Elle avait le culot de l’envoyer chié alors qu’elle aurait dû se faire petite, si elle avait été plus raisonnée, Heather lui aurait surement dit adieu et aurait passé sa route mais là ce n’était pas le cas.
- Ce que ça peut me faire ? Ton frère est un bon ami à moi et je n’ai pas envie que tu le manipules lui aussi pour te remplir les poches car il a un restaurant qui fonctionne. Vu ce qu’il s’est déjà pris dans la tronche par le passé, je pense qu’il mérite d’être le moins emmerdé possible. Heather avait toujours été très protectrice avec les gens qu’elle appréciait et aussi étonnant que cela puisse paraitre, il lui arrivait de faire la même chose pour certaine personne de la gente masculine. Son ton aussi était plein de défiance, elle n’allait pas se laisser marcher sur les pieds. Et puis il fallait dire qu’elle avait la rancune qui n’était pas prête de passer. Même si elle blâmait la jeunesse de l’époque, Heather avait pris beaucoup de risques quand elles étaient ensemble. Et quand elle avait appris que pour Prim cela n’avait été qu’une vaste manipulation, elle s’était rendu compte qu’elle avait fait la pire erreur de sa vie.
- D’ailleurs il est au courant ta raison de vivre c’est l’argent que tu te fais en manipulant le monde qui t’entoure, tout en te trémoussant pour faire bander des mecs ?
“Oui je le connais, c’est pour ça que je suis encore plus choquée d’apprendre que vous êtes frère et sœur.” J’ignore en quoi mon lien familial avec Caleb peut apporter un choc supplémentaire. Le monde est petit, je le conçois. Je peux comprendre qu’en cela, se soit choquant. D’autant que j’ignore moi aussi que Caleb aurait pu avoir parmi ses amis une célébrité comme Heather. Est-ce qu’ils se connaissaient quand je la fréquentais ? Est-ce que c’est arrivé après ? Est-ce que c’était à Brisbane, à Los Angeles ou ailleurs ? Je n’ai pas les réponses à ces questions. Mon frère n’a jamais été aux Etats-Unis à ce que je sache. Mais je n’ai pas encore songé à lui mettre une puce aux fesses pour le pister et je ne compte pas assaillir Heather d’interrogations en tous genres. C’est déjà assez étrange de se retrouver face à face après autant d’années, je ne souhaite pas rajouter en plus une conversation que ni elle ni moi ne voulons aborder. Je ne connais pas forcément tous les amis de mon frère, exactement comme la réciproque est valide aussi. Je ne veux pas mélanger les pinceaux, même si j’ai la furieuse sensation qu’Heather est en train de le faire déjà. “Ce que ça peut me faire ? Ton frère est un bon ami à moi et je n’ai pas envie que tu le manipules lui aussi pour te remplir les poches car il a un restaurant qui fonctionne. Vu ce qu’il s’est déjà pris dans la tronche par le passé, je pense qu’il mérite d’être le moins emmerdé possible.” A ces mots, je ne peux retenir le rire qui me prend - plutôt moqueur, je le conçois. “Pardon ?” Moi qui n’avais pas voulu aborder le terrain de Caleb, voilà qu’Heather saute les deux pieds dans les plats, la tête et les mains en avant. Je n’arrive pas à croire ce qu’elle me sort, ce que mes oreilles ont pu entendre. Le mal que j’ai pu causer à Heather est une chose, mais qu’elle se permette de faire une réflexion sur mon frère et moi alors qu’elle ne sait absolument rien de ma relation avec mon aîné aurait tendance à faire craquer cette parois de réserve que je mets habituellement. “Tu penses être qui pour donner une quelconque opinion sur Caleb et moi ?” Je retiens mon souffle, tout comme mes phalanges se raccrochent à mon sac, piquée à vif par un nouveau jugement que je n’ai pas demandé. Je me sens prise au dépourvu une nouvelle fois par une telle accusation. Ce n’est pas parce que je n’ai pas su gérer les choses correctement avec Heather que cela justifie une telle critique. Il n’y a rien qui l’autorise à émettre cela. “Parce qu’elle n’a aucune valeur à mes yeux. Tu peux garder ta rancœur pour toi, tu n’as pas besoin de mêler Caleb à tout ça.” Ce n’est que par esprit de vengeance qu’elle réagit de la sorte, Heather, je ne vois pas d’autres explications possibles.
“D’ailleurs il est au courant ta raison de vivre c’est l’argent que tu te fais en manipulant le monde qui t’entoure, tout en te trémoussant pour faire bander des mecs ?” Je blêmis et l’envie de me barrer de son champ de vision devient de plus en plus tentante. Mais partir maintenant reviendrait à avouer des fautes, à baisser les armes et je ne suis pas encore tombée assez bas pour cela. Je redresse mon menton pour faire face à une actrice qui n’hésitera pas à courir auprès de Caleb pour lui révéler notre passé commun. Après Alex, voilà maintenant Heather qui peut provoquer un cataclysme avec mon frère. A croire que tout tourne autour de lui, de mon parfait grand frère qu’il faut protéger, qui subit absolument tout ce que je peux faire comme erreur. N’arrivant pas à assumer mes torts, je peux au moins me féliciter d’une chose. “Il sait très bien comment je gagne ma vie. Si cela peut te consoler, il n’en est pas fier et me le rappelle quand il le peut.” Il n’a pas besoin, cela dit. Même si nous essayons de faire mieux, d’aller de l’avant, d’oublier ce détail sordide de mon métier. Souvent je me dis retrouver à penser que je pourrai trouver mieux ailleurs, un job plus respectable. Caleb me l’a déjà proposé, Channing aussi. Mais j’ai toujours refusé jusqu’à présent. Si on ne peut pas accepter le métier que je fais, alors on ne peut pas m’accepter tout court. Et c’est bien là le problème avec Heather. “Le fait que je sois une stripper n’arrive toujours pas à faire l’unanimité. Toujours pas remise de ce détail ?” Je demande avec profondeur et non sans une pointe de sarcasme. Heather n’est pas la seule à me faire part à quel point mon métier est honteux. J’ai l’habitude d'en être jugée. Ce n'est pas sur ce terrain-là qu'elle pourra me faire avoir des remords. J'en cumule déjà bien assez pour plusieurs vies.
Heather n’arrivait toujours pas à comprendre comment deux êtres aussi différents pouvaient avoir un lien de parenté. Si elle avait eu une chaise pas loin, presque elle aurait dû s’assoir pour encaisser la nouvelle. Des pires personnes que Caleb aurait pu avoir dans sa vie et qui puisse recroiser son chemin, il avait fallu que ce soit elle. Elle qui avait réussi à toucher son ego, sa fierté comme peu avait réussi à le faire. Alors qu’au contraire Caleb faisait partie des hommes qui lui redonnaient un minimum d’espoir à se dire que ce genre n’était pas totalement une cause perdu. Les deux étaient totalement le Ying et le Yang même si ça ne se voyait pas de suite car Prim avait toujours cette tête angélique pour laquelle elle n’avait pas résisté même des années après. Avec elle l’expression « l’habit ne faisait pas le moine » prenait tout son sens. Cependant la rancune était encore bien trop présente même depuis tout ce temps pour qu’elle ne puisse pas s’empêcher de faire des commentaires désagréables. De toute façon la blonde n’était pas connue pour garder sa langue dans sa poche ou trait longtemps sauf lorsqu’il s’agissait des plateaux de tournage. Visiblement Heather avait vite réussi à trouver le point sur lequel appuyer pour énerver la brunette. Cela ne faisait même pas 20 minutes qu’elles parlaient et elle avait déjà réussi à pour son plus grand plaisir à l’énerver. Presque elle avait la larme à l’œil de voir Prim se sentir insulter parce qu’elle lui parlait de son frère. Et elle qu’est ce qu’elle avait pu ressentir le jour où elle avait appris que la relation dans laquelle elle pensait être, n’étaient qu’en fait un écran de fumée pour que Prim profite de son argent ? Ce n’était que du pipi de chat son commentaire à côté alors merci mais elle pouvait se garder son petit côté outré pour une autre personne.
- La seule opinion que je donne c’est sur toi, tu m’as bien prouvé que tu n’étais pas digne de confiance, vu ce que tu as été capable de me faire. Et surtout tu crois que j’ai quel âge, 4 ans ? Je ne vais pas aller répéter à ton frère ce qu’il s’est passé entre nous. Surtout parce qu’Heather n’assumait toujours pas de s’être faite roulée de la sorte. Ce n’était pas le moment de sa vie dont elle était le plus fière donc elle ne le criait évidemment pas sur les toits. Cela lui avait juste permis de réaliser que ce genre de relation n’amenait jamais rien de bien. Juste du malheur à la clé et autre déception car les vieux bagages finissaient toujours par ressortir. Elle eut en plus le culot de la prendre de haut en plus, il était hors de question que l’actrice laisse passer ça.
- Et puis j’en ai rien à faire de ce qui peut avoir de la valeur à tes yeux car je sais très bien qu’à part l’argent, rien n’en a.
En parlant d’argent elle se demandait si Caleb était au courant du métier qu’exerçait sa sœur. Un autre sujet dont elle se doutait déjà qu’il devait être épineux au vu du Caleb. Elle n’allait pas dire que le jeune homme état coincé mais elle ne le voyait pas trop assumer de savoir sa sœur stripteaseuse. Comme Heather le pensait, le jeune homme n’était pas très heureux du choix de carrière sa sœur. Au moins le karma continuait de la frapper et c’était une bonne chose. Et lorsqu’elle entendit avec la pointe de sarcasme Primrose se moquer du fait qu’elle ne s’était pas remise du détail de sa carrière. Heather rigola, la brune était tellement à côté de la plaque que s’en était ridicule.
- Oooh darling tu es tellement à côté de la plaque. Elle rigola de nouveau. Si tu penses que cela peut me faire quelque chose que tu le sois, tu pourrais bien être une femme sandwich que j’en aurais rien à faire. Le détail qui me pose problème c’est que tu as été une grosse bitch manipulatrice qui a menti de A à Z sur elle. Qui a profité de notre relation juste pour le pognon, mes relations et qui en plus de ça, savait très bien en vue de ma situation que c’était déjà très dangereux pour moi et mon métier de sortir avec toi à l’époque. Et qui aurait pu grâce à ce magnifique mensonge me faire avoir un scandale dans la presse encore plus grand que la connaissance de mon homosexualité. Tu vois c’est ça qui me reste un petit peu qui me reste en travers de la gorge.
“La seule opinion que je donne c’est sur toi, tu m’as bien prouvé que tu n’étais pas digne de confiance, vu ce que tu as été capable de me faire. Et surtout tu crois que j’ai quel âge, 4 ans ? Je ne vais pas aller répéter à ton frère ce qu’il s’est passé entre nous.” Je ne peux empêcher mes iris de se lever au ciel. Heather m’agace, elle titille un cordon sensible et je me laisse bien trop facilement prendre au jeu, à mon grand désarroi. Je suis pourtant d’une nature calme et réservée, je ne suis pas impulsive, parfois impétueuse, mais je ne laisse pas mes émotions avoir raison de moi. Cependant, avec Heather qui se prend pour absolument la reine du monde en évoquant ma relation avec Caleb, ça m’exaspère au plus haut point. Je dois déjà avoir Alex dans les pattes à chaque réunion familiale, quand je vais voir mes nièces, quand je veux prendre rendez-vous avec mon frère (oui oui), et Heather veut visiblement jouer sur le même terrain. J’aurai pensé que j’aurai été habituée à ce type de remarques, Alex me les ayant toutes balancées un moment donné ou un autre, avec plus ou moins de force. Mais ce qui est beaucoup plus irritant au niveau d’Heather, c’est qu’elle se permet de juger alors qu’elle ne sait rien. Elle ne m’a connu que quelques mois alors que Caleb m’a connu toute ma vie. Elle n’est rien face à moi, et elle n’a rien à nous apprendre, aussi bien sur ma personne qu’à la sienne.
Parce que cela me frustre, je reste sur mes gardes, en alerte mais je ne réplique rien. Heather a toujours été une grande bavarde, elle peut bien tenir la conversation toute seule pendant dix bonnes minutes, j’en suis persuadée - je ne suis pas acerbe, je suis réaliste. Je pourrai même parier que c’est son égo blessé qui parle plus que le reste. Après tout, pour quelle autre raison elle n’irait pas pleurer dans les jambes de mon frère, elle aussi, si ce n’est qu’elle se sent honteuse d’avoir été bernée aussi facilement ? “Et puis j’en ai rien à faire de ce qui peut avoir de la valeur à tes yeux car je sais très bien qu’à part l’argent, rien n’en a.” Au moins, toute cette phrase est cohérente et je ne réponds qu’en haussant un sourcil. Peut-être qu’en n’attisant pas les flammes, le feu s’éteindra par lui-même ? “Oooh darling tu es tellement à côté de la plaque. Si tu penses que cela peut me faire quelque chose que tu le sois, tu pourrais bien être une femme sandwich que j’en aurais rien à faire. Le détail qui me pose problème c’est que tu as été une grosse bitch manipulatrice qui a menti de A à Z sur elle. Qui a profité de notre relation juste pour le pognon, mes relations et qui en plus de ça, savait très bien en vue de ma situation que c’était déjà très dangereux pour moi et mon métier de sortir avec toi à l’époque. Et qui aurait pu grâce à ce magnifique mensonge me faire avoir un scandale dans la presse encore plus grand que la connaissance de mon homosexualité. Tu vois c’est ça qui me reste un petit peu qui me reste en travers de la gorge.” Et moi, c’est certainement un mal de crâne qui me guette. Je place deux doigts au milieu de mes sourcils, sur ma ride du lion qui n’est pas creusée, sur mes nerfs qui tentent de se détendre. Je n’attends que le temps qui passe, que de voir ces minutes défilées qui m’approchent un peu plus près de la fin de cette rencontre insolite. Quel fut le pourcentage que nous avions de nous revoir, des années après, loin de Los Angeles ? “Qu’est-ce que tu veux que je te dise, Heather ?” Il fallait qu’elle m’aide sur ce point. Son discours pourrait me faire culpabiliser - mais est-ce la culpabilité de lui avoir menti, caché, omis ou la culpabilité d’avoir été percé à jour ? je l’ignore moi-même - et je ne peux m’empêcher d’avoir eu un regret d’avoir pu mettre en péril la carrière d’Heather. Des semaines avec elle m’ont fait réaliser à quel point elle adorait son métier, qu’elle voulait le poursuivre et que c’était la chose qui comptait le plus. J’ai eu des scrupules derrière mes mensonges mais j’en ai sûrement eu en triple une fois les masques tombés. Je pourrai m’excuser mais est-ce que cela contenterait Heather ? Je ne pense pas. J’ignore ce qu’elle attend de moi, des années après, devant le restaurant de mon frère, mon gâteau qui m’appelle et qui m’attend dans la cuisine. “Tu n’as pas eu besoin de moi pour avoir un scandale.” Ma langue acérée qui ne peut s’en empêcher, avouant à mi-mots que j’ai eu vent de l’affaire dans laquelle elle s’était mise il y a quelques années de ça. Mon contact avec les réseaux sociaux a toujours été très fort, j’y passe beaucoup trop de temps mais c’est exactement comme cela que je suis au courant de ce genre de choses. Sans le chercher et sans le vouloir.
Plus Heather échange avec Prim plus son énervement augmente. Elle ne sait pas si c’est le fait qu’elle peut enfin dire ce qu’elle avait sur le cœur depuis maintenant quelques années ou le comportement de la brune face à elle. Cela n’étonnait surement personne mais Heather était facilement du genre à faire une scène quand elle se sentait blessée. Mais avec Prim elle n’avait pas eu la possibilité de le faire, du coup pendant tout ce temps, la rancœur à elle avait bien eu le temps d’évoluer et d’augmenter. Si elle n’avait jamais imaginé recroiser le chemin de la Anderson un jour, maintenant qu’elle était sur le fait accomplit, tout ressortait. Et il y’avait plus de choses à dire qu’elle ne l’avait imaginé car rien que voir son visage faisait ressortir la blessure qu’elle avait encore en elle depuis leur rupture. Jamais la blonde ne l’avait dit à haute voix mais Prim avait été une des raisons pour lesquelles elle avait décidé de ne plus être en couple quelqu’un. Déjà cacher le fait d’être en couple avec une femme était compliquée lorsqu’elle était censé donner l’impression d’être hétéro mais en plus de ça Heather avait toujours eu du mal à laisser les gens apercevoir la partie qu’elle considérait comme faible et moins assuré d’elle-même. La brune avait fait partie des rares exceptions et quand elle lui avait dévoilé la supercherie et que tout avait été un jeu pour elle. Heather avait senti quelque chose se briser en elle et elle s’était promise de ne plus ressentir ce qu’elle avait ressenti ce jour-là. Revoir la femme qui lui avait ça n’était donc pas une partie de plaisir mais en plus les signaux qu’elle lui envoyait lui donnant l’impression qu’elle la soulait et qu’elle lui faisait perdre son temps. Cela donnait envie de Heather de lui mettre une bonne baffe dans la figure pour avoir le culot pour avoir le culot de lui montrer clairement qu’elle la faisait chié. Le pompon fut quand même le moment où la stripteaseuse lui demanda ce qu’elle voulait qu’elle dise. Si Heather avait pu l’étrangler elle l’aurait fait mais elle opta pour un comportement plus soft et leva le bras au ciel en soupirant.
- Je ne sais pas Prim… T’excuser de m’avoir manipulé et profité de ma crédulité serait déjà un bon départ ! Je veux dire, pourquoi tu m’as fait ça ? Je ne pense pas que je te pardonnerais un jour vu ce qu’il s’est passé mais j’aimerais comprendre pourquoi tu as fait ça. Est-ce que le risque de ruiner ma carrière pour rigoler valait tant le coup que ça. Tant de questions en suspens qui n’avait toujours pas quitté sa tête depuis des années. Peut-être que les réponses l’aideraient à avancer ou juste la haïr encore plus. Elle n’en savait rien mais ce qu’elle savait c’est que recroiser le chemin de la stripteaseuse était pire que ce qu’elle imaginait. Revoir ces beaux yeux bleus qu’elle avait haïs depuis tant d’années n’allait pas l’aider à rester calme. Ça lui donnait juste envie de faire une grosse soirée pour oublier tout ça. Le pire de tout c’est que Prim réussi encore à trouver de quoi dire pour appuyer sur la plaie. Quand elle évoqua sans scrupule le scandale qui l’avait fait sortir du placard, c’était comme si elle venait de se prendre un poing dans le visage. Mais Heather se contenta de rigoler de manière jaune.
- Bien joué sur ce coup là, je te l’accorde, c’était bien placé.
Si cela n’avait pas été à son encontre elle aurait presque applaudit. L’actrice aimait bien quand les piques étaient bien placées. C’était aussi ce qu’elle avait bien aimé à l’époque chez la jeune femme, ce côté qui ne laisse pas faire derrière une couche d’ange à qui on donnerait le bon dieu au premier regard. Sauf qu’au final elle n’avait aucune idée si à l’époque la personne avec qui elle était sorti n’avait pas juste été un personnage.
- Mais bon je préfère lescandale d’être prise en flagrant délit en train d’embrasser une actrice que celui d’avoir sa petite amie qui fait un lap dance à un paparazzi.
“Je ne sais pas Prim… T’excuser de m’avoir manipulé et profité de ma crédulité serait déjà un bon départ ! Je veux dire, pourquoi tu m’as fait ça ? Je ne pense pas que je te pardonnerais un jour vu ce qu’il s’est passé mais j’aimerais comprendre pourquoi tu as fait ça. Est-ce que le risque de ruiner ma carrière pour rigoler valait tant le coup que ça.” Elle m’en demande beaucoup. Heather attend des excuses alors qu’elle sait qu’elle ne te pardonnera pas. Tu n’as jamais pris en compte l’amplitude ni l’ampleur de tes erreurs, de tes mensonges, de tes omissions. Tu es restée enfouie dans ce que tu souhaitais toi sans aucun regard pour ce que tu crées parfois autour de toi. Pour Heather, tu as été un risque, un boulet qui aurait pu tout foutre en l’air ce qu’elle avait construit, bâtit, façonné depuis des années. Tout cela pour quoi ? Au nom de l’envie, de l’engouement de cette vie nouvelle qui s’est défilée sous tes yeux émerveillés. Tu as cru que c’était acquis donc tu en as profité, tu as tiré sur la corde, tu as abusé de la confiance d’Heather et tu t’es perdue en cours de route. Tu as perdu ton identité, tu as abandonné tes principes, tu as volé bien plus haut qu’il ne t’était autorisé de le faire et vois maintenant le résultat. Une actrice qui se retrouve échouée cette fois chez toi - comme le monde est petit, pouvons-nous penser ironiquement - et qui a les prunelles remplies d’incompréhension en plus des questions qui parcourent les lèvres jusqu’aux oreilles sans pour autant trouver l’impact qu’elles devraient avoir. Primrose n’est pas très douée pour ces choses-là, pour avouer ses torts et surtout assumer ses responsabilités. Pourtant, je te force à baisser la tête mais à redresser le buste, histoire de te donner du courage tout en montrant que t’as quand même un petit pincement au cœur, que t’es un peu désolée et que tu n’avais pas envisagé toutes les proportions de ton impact. Comment tu aurais pu ? Les moments avec Heather étaient si fous, ta tête remplie d’étoiles, tout allant bien trop vite pour que tu puisses t’interroger, te questionner, respirer et faire preuve de sang froid. Non, tu as trépassé tes droits, tout comme tu les trépasses encore aujourd’hui en faisant preuve d’une certaine négligence face à Heather qui reste la véritable victime. Et toi, ma très jolie rose, tu es la principale coupable de cette trahison. Il est temps d’assumer, même si tu n’aurais jamais pensé à un moment devoir le faire. “Je n’ai jamais voulu ruiner ta carrière.” Sur ce point, il n’y a pas de détour possible. C’est la pure vérité. Nuire à Heather n’a jamais été ton but. Ni même la finalité. A aucun moment tu n’aurais pu comprendre le scandale que cela aurait été. Tu n’as jamais été une héritière d’une grande famille comme tu as pu le lui faire croire. Les rouages de la célébrité furent bien loin de toi et tes préoccupations, surtout à l’époque. Tu relèves la tête, marquée par une certaine mélancolie prononcée par un sourire triste, désabusée par les évènements qui se sont enchaînés à son retour à Brisbane. “Je peux pas donner de raison, j’ai juste… Vu une opportunité de voir un monde que je n’ai jamais connu. T’es arrivée avec tes souliers de Cendrillon, le carrosse qui le restait en permanence même après minuit. J’étais émerveillée, naïve et j’ai cru que je… J’ai pensé pouvoir vivre la même chose moi aussi.” Que tu aurais pu utiliser l’influence et ta proximité avec Heather pour finir par trouver le chemin de traverse et mener ta propre voie vers le succès, la gloire, la célébrité. Seulement ce n’a pas été le cas, la preuve ce jour où réside encore dans tes cheveux des perles de farine. Il est clair que c’est toi qui redevenue souillon alors qu’Heather n’a fait que progresser. Au final, le karma a fait son oeuvre pour venger l’actrice et tu le sens, ce poids sur tes épaules. “Je suis désolée. Même si au final, tu as réussis à poursuivre ton œuvre.” Celle de sa vie, de sa carrière, visiblement, puisqu’elle n’a rien perdu de sa superbe, Heather, bien au contraire.
“Bien joué sur ce coup là, je te l’accorde, c’était bien placé.” Dans un fin fond très obscur de toi-même, tu es fière et tu rigoles beaucoup de cette pique. Effectivement, elle est bien placée, elle est fine et elle est pertinente. Le rire d’Heather n’est pas sincère, il est complètement forcé et tu as la décence de ne pas fanfaronner - ce n’est pas ton genre de toute façon. “Mais bon je préfère le scandale d’être prise en flagrant délit en train d’embrasser une actrice que celui d’avoir sa petite amie qui fait un lapdance à un paparazzi.” Il y a un sentiment dépité qui se forme, transpirant de partout, continuant sur la lancée de la lassitude mélancolique - tu ne cherches pas à l’attendrir mais simplement parce que ce sont des remarques que tu as tellement l’habitude d’entendre que tu ne les écoutes plus. “Je sais, je sais. C’est la honte d'être payée pour dénuder son corps. Je suis au courant, on me l’a déjà assez répété.” Tu lèves tes prunelles vers Heather en haussant les épaules. “Tu n’es pas la première à me le dire.” Mais il n’empêche que ça fait toujours mal quand on ne t’associes qu’avec cette étiquette. Tu es tellement plus que cela. “C’est la raison qui m’a poussé à te mentir quand on s’est rencontrées. Qui aurait envie d’avoir une stripper dans son entourage, surtout quand on est célèbre ?” Tu es l’intruse, tout le temps, partout. Que ce soit aux yeux d’Heather ou, pire, ceux de ton frère. Dans tous les cas, ça te donne envie de pleurer autant que de crier. Mais tu ne feras ni l’un ni l’autre. Ce n’est pas le moment ni l’interlocutrice privilégiée pour ce genre de démonstration de faiblesse.
Heather n’a aucune idée de ce qu’elle attend de Primrose, elle n’avait jamais prévu de la revoir. Elle faisait partit des problèmes qu’elle avait décidé de mettre dans un tiroir bien au fond dans sa tête et de ne jamais y repenser. Elle avait rendu l’actrice faible à l’époque et la voir lui rappelait qu’elle l’était toujours face à elle encore aujourd’hui. Tant que questions en suspens et d’incompréhensions qui lui faisaient se sentir comme une merde, même aujourd’hui. Pourtant la jolie brune n’avait pas été la première à être venue lui parler de manière intéressée et cela n’avait pas été la dernière. Mais la demoiselle avait été la première à utiliser des sentiments plus qu’amicaux pour arriver à ses fins et c’était le genre de trahison qu’Heather n’avait que très peu de fois expérimenté. Lui demander des excuses aujourd’hui était presque ridicule et sa fierté en prenait un sacré coup. Actuellement elle n’avait pas les airs de star qu’elle se donnait habituellement, elle était la jeune femme de 27 ans qui pouvait avoir peu confiance en elle sur certaine chose. Et c’était un des sentiments qu’elle détestait le plus au monde de se retrouver dans cette position, cette position de faiblesse. La blonde détourna son regard plein d’amertume quand Prim lui expliqua qu’elle n’avait jamais voulu lui faire du mal. Elle ne voulait pas la croire même si elle sentait la sincérité dans sa voix. Comment avait-elle pu croire un instant que tout son stratagème n’aurait jamais eu de répercussion négative. Heather leva les yeux au ciel en écoutant les raisons de son geste, excuse qu’elle avait déjà entendu dans plein de bouches mais dont pas mal qu’elle avait normalement grillé avant trop d’impact sur sa vie. Tout le monde n’avait pas été une des rares personnes qui pendant un temps même court lui avait semblait être un bulle d’oxygène dans un monde qui parfois pouvait aller bien trop vite même pour elle.
- Ce n’était pas une raison pour faire semblant d’avoir eu des sentiments pour moi et me faire croire que j’avais rencontré une personne qui m’aimait pour autre chose que le fait que je sois une Disney star. Pourquoi avoir fait semblant de vouloir une relation de couple avec moi ? Tu aurais pu simplement être amie avec moi, le résultat aurait été le même.
Et il aurait aussi évité qu’elle se prenne un couteau dans le cœur à la fin mais ça, la blonde se garda de le dire. La pilule aurait quand même eu du mal à passer mais elle aurait moins eu l’impression d’être à nouveau un pion que tout le monde utilisait pour avoir un gout de ce monde plein de paillettes. Heather pouffa lorsque Prim lui dit qu’au final, elle s’en était bien sortie. Encore heureux elle avait envie de dire, ce n’était pas une peine de cœur qui allait foutre sa carrière en l’air. Comme Heather le pensait même si elle voyait la sincérité de la brune, elle n’acceptait pas ses excuses. Au fond elle savait que Prim n’était pas une mauvaise personne, malgré tous les mensonges elle avait vu certain aspects de la demoiselle qui n’avait pas pu être faux. Mais la trahison était trop grande pour qu’elle passe au-dessus.
- Oui c’est normal, je suis une bonne actrice.
Bon peut-être, la blonde aurait dû redescendre un petit peu de quelques étages mais après tout c’était vrai. Même si son secret avait fini par fuiter, son talent avait fait qu’elle s’était relevée et que maintenant elle pouvait marcher la tête haute. Et puis comme elle venait de lui dire certain gros titre était plus facile à faire oublier que d’autres. Frapper un paparazzi plus sortir avec une stripteaseuse aurait été plus compliqué à passer que sortir avec une autre actrice. C’était son milieu et moins pop-corn pour le public. Elle roula à nouveau les yeux en poussant un soupire, lorsque Primsou parla de son métier. Elle cherchait à la faire culpabiliser ou quoi ? Elle n’avait pas compris qu’Heather s’en foutait. Sa vie était construite autour du paraitre, évidemment qu’elle ne serait jamais sorti avec elle si elle avait dû dès le début qu’elle était stripteaseuse mais ça ne lui aurait pas empêché de lui parler.
- Omg mais je t’ai dit y’a 5 minutes que je m’en foutais que tu sois stripper ! Tu pourrais bien vendre des photos de tes pieds que ça ne regarderait que toi ! En plus je suis certaine que beaucoup plus de gens m’ont vu à moitié à poil que toi et j’en fais pas un scandale. Quand ça m’arrive j’ai une équipe de 40 personnes qui me filment. Alors oui je ne serais probablement pas sortie avec toi je te l’accorde, j’ai un minimum de prestance. Mais si tu n’étais pas venue pour des raisons intéressées et que tu n’étais pas inventée une vie, peut-être qu’on aurait été amies. Mais ça, seul un univers alternatif peut le dire.
Elle croisa les bras lassé par le sentiment de culpabilité qu’elle essayait de lui donner et puis si elle avait l’impression d’être un chat noir, elle n’avait qu’à changer de métier et en faire un moins tabou.
- Et puis si t’as honte de ton métier pourquoi tu changes pas ? Dans mes souvenirs tu faisais de bon gâteaux alors tu as qu’à devenir pâtissière.
“Ce n’était pas une raison pour faire semblant d’avoir eu des sentiments pour moi et me faire croire que j’avais rencontré une personne qui m’aimait pour autre chose que le fait que je sois une Disney star. Pourquoi avoir fait semblant de vouloir une relation de couple avec moi ? Tu aurais pu simplement être amie avec moi, le résultat aurait été le même.” Est-ce que je peux comprendre ses questions ? Oui. Est-ce que j’ai une réponse concrète à lui apporter ? Absolument pas. Je continue à torturer machinalement la lanière de mon sac et je me mets à penser qu’elle me sert un peu trop la poitrine, alors qu’en vrai, c’est la situation entière qui est bien trop pour moi. J’ai voulu lui tenir tête, j’ai même lancé une ou deux piques comme instinct de protection mais je ne peux pas jouer aussi longtemps sur la longueur. Je ne suis pas bâtie pour supporter le propre mal que je laisse traîner derrière moi, créatrice d’un chaos dont j’ignore à chaque fois comment le faire disparaître. Je ne suis pas honnête, je ne suis pas forte non plus et cette rencontre inopinée avec Heather ébranle ma journée autant que mes émotions qui ne savent plus où donner de la tête. Une véritable cause perdue qui n’a pas les reins solides pour assumer ses erreurs, même quand elles se présentent légitimement devant elle. “Oui c’est normal, je suis une bonne actrice.” Je n’en ai jamais douté. “Omg mais je t’ai dit y’a 5 minutes que je m’en foutais que tu sois stripper ! Tu pourrais bien vendre des photos de tes pieds que ça ne regarderait que toi ! En plus je suis certaine que beaucoup plus de gens m’ont vu à moitié à poil que toi et j’en fais pas un scandale. Quand ça m’arrive j’ai une équipe de 40 personnes qui me filment. Alors oui je ne serais probablement pas sortie avec toi je te l’accorde, j’ai un minimum de prestance. Mais si tu n’étais pas venue pour des raisons intéressées et que tu n’étais pas inventée une vie, peut-être qu’on aurait été amies. Mais ça, seul un univers alternatif peut le dire.” Il y a une différence entre “être à poil” dans un rôle et danser de façon provocante tout en se déshabillant, donnant la sensation d’être plus proche d’un objet qu’autre chose. Mais là n’est pas le sujet. Heather peut dire qu’elle s’en fiche, il n’empêche que mon métier est une étiquette qui colle à la peau et que même mon propre frère a parfois du mal à regarder par-dessus. Mais le problème n’est pas tant que j’ai omis ce détail, mais surtout que je me suis inventée une vie que je n’ai pas ; jamais satisfaite, toujours ingrate, je n’ai pas à me plaindre et pourtant je changerai tout. “Et puis si t’as honte de ton métier pourquoi tu changes pas ? Dans mes souvenirs tu faisais de bon gâteaux alors tu as qu’à devenir pâtissière.”
Je lâche un soupir comme si c’est moi qui vient de parler, comme ayant tenu une course que j’ai observé aux premières loges. Heather a toujours été la plus bavarde de nous deux et il est clair que les blessures que je lui ai infligées sont de la ressource intense pour ses laïus. “Je n’ai pas réfléchi. Rien n’était prémédité.” Je relève quelque peu la tête, priant intérieurement que l’orage va bien finir par passer rapidement. “Vu ton cercle, je ne me sentais pas assez prestigieuse.” Evidemment, je suis une fille d’une ville perdue d’Australie, comment est-ce que j’aurais pu assumer ça ? “J’ai l’habitude de me vendre alors être en couple me semblait être ce que tu attendais de moi.” La gamine qui ne sait que parler par ses attributs, voilà à quoi je suis réduite ? Je n’ai aucune confiance en moi et il faut croire que me cacher derrière cette carapace me permet d’en acquérir, même si je détruis tout le reste sur son passage. “Ce n’est pas aussi facile.” De changer. Devenir pâtissière fut un rêve, un but quand j’étais gamine. Mais j’ai grandi. Même si avoir les doigts plein de pâte me comble toujours comme dans la cuisine familiale, m’octroyant une parenthèse de douceur, cela ne suffit pas. J’ai besoin de plus et le striptease me permet de toucher, d’effleurer le début de ce que j’espère toujours sera la montée en puissance dans ma vie. “J’ai menti sur beaucoup de choses mais je t’appréciais vraiment, Heather.” Des sentiments amicaux qui ont été réduits à néant le jour où tout avait été révélé et où j’ai pris la fuite, comme la petite lâche que je suis.
Heather ne savait vraiment pas quoi penser, une partie d’elle voulait croire tout ce que lui disait Prim, qu’elle n’avait jamais voulu lui faire du mal, qu’elle se sentait coupable. Et la culpabilité, elle avait vraiment l’impression de la voir. Si Prim avait vraiment paru distante dans un premier temps à presque la prendre de haut, l’actrice voyait à présent de la nervosité émaner de la jeune femme. Elle voyait comment elle tenait son sac et puis la manière dont elle parlait. Mais ses excuses sonnaient aussi un peu creuse à l’oreille de blonde. Elle avait tout de même l’impression que la brunette essayait aussi de se faire passer pour une victime de la situation. Comme si le fait qu’elle l’ait manipulé et lui ait fait croire à un amour inexistant au final, était peut-être finalement la faut d’Heather. L’actrice voulait peut-être bien accepter que ce n’était pas prémédité mais lui dire que c’était car elle était trop célèbre c’était totalement idiot. Heather n’était pas stupide, elle n’allait pas changer d’un coup en s’excusant d’avoir réussi dans la vie. Après elle serait de très mauvaise foi si la blonde disait qu’elle serait quand même sortie avec elle si elle lui avait dit qu’elle était stripteaseuse dès le début. Si au final elle s’en foutait, il était certain qu’elle ne serait jamais sorti avec et qu’elle l’aurait surement prise de haut au début. Mais bon ce n’était pas pour autant qu’elle n’aurait pas fini par être amie avec elle, après tout elle s’entendait bien avec Malachi alors qu’elle avait quand même était persuadée un certain moment qu’il s’agissait d’un acteur porno. Heather roula des yeux en lui disant qu’elle n’était pas assez prestigieuse mais le commentaire suivant l’a rendit de nouveau très énervée.
- Ce que j’attendais de toi ?! Tu m’avais prise pour qui ? Un mec en rut ? Tu avais si peu d’estime pour moi à penser que je suis obligée de coucher avec toutes les filles que je croisais ?
Son égo venait d’en prendre un sacré coup, être reléguée au même niveau qu’un mec en chaleur qui accepterait n’importe quoi pour planter sa quequette quelque part, très peu pour elle. Heather se frotta les tympans en soupirant de frustration. C’était vraiment des conneries ce qu’elle lui racontait, ce n’était pas possible autrement. Comment avait-elle pu penser un instant comme ça ? Surtout qu’Heather à l’époque faisait très très attention contrairement à aujourd’hui. Prim avait vraiment l’air de tout mettre sur le dos de son boulot. L’actrice ne comprenait pas pourquoi celle-ci ne prenait pas la décision d’arrêter et de se lancer dans une nouvelle carrière. Pourquoi elle se plaignait si au final, elle ne cherchait pas à faire d’effort ? Être stripteaseuse voulait dire bosser dans la mafia et ne pas pouvoir partir ? Surtout quand elle lui disait que ce n’était pas facile. Rien n’était facile dans la vie si elle ne l’avait pas compris encore, elle n’irait pas très loin dans la vie.
- Et pourquoi ce n’est pas aussi facile ? Regarde ton frère il a son propre resto, je pense qu’il doit bien gagner sa vie aussi.
Enfin elle imaginait car il était certain qu’elle n’était pas en capacité de comparer son salaire avec les deux autres. Ils ne jouaient absolument pas dans la même cours mais Caleb ne lui semblait pas à la rue bien au contraire de ce qu’elle pouvait voir. Les dernières excuses firent rater un battement au cœur d’Heather. Pendant tout ce temps l’actrice s’était dit que toute leur histoire avait été du flan du côté de Prim. Qu’elle était juste une bitch sans cœur qui avait joué avec ses sentiments juste dans le but de profiter de sa réputation. Cela avait été aussi plus simple pour elle de se dire ça pour tourner la page et ne plus regarder vers le passé. Entendre ça de sa part provoqua en elle un petit truc en elle, certes elle n’avait plus aucun sentiment pour elle, loin de là mais une partie d’elle avait maintenant envie de savoir ce que cela aurait pu donner si elles avaient juste été amies dès le début.
- C’est bien dommage si tu m’avais pas menti ainsi les choses auraient pu être différente aujourd’hui…
Son ton était un peu froid et elle n’osa pas regarder Prim dans les yeux.
“Ce que j’attendais de toi ?! Tu m’avais prise pour qui ? Un mec en rut ? Tu avais si peu d’estime pour moi à penser que je suis obligée de coucher avec toutes les filles que je croisais ?” Est-ce que dire “ce n’est pas toi, c’est moi” apaiseraient ses nerfs ? Certainement pas. Parce que c’est cliché et que personne n’aime les clichés. Ce qui est fort dommage parce que cela résumerait bien la situation. Ce n’est pas toi, Heather. Ce n’est pas toi ‘le mec en rut’. Ce n’est pas de ta faute. C’est juste moi. C’est la façon dont mon cerveau fonctionne. C’est comme ça qu’il calcule depuis des années. Quelqu’un qui m’offre, je suis obligée de donner quelque chose en retour. J’ai pensé que pour garder Heather près de moi, je devais donner de ma personne. Gratuitement, ou presque. Puisqu’en retour, elle me montrait les côtés brillants et scindants de Los Angeles. D’une vie de rêve. C’était un prêté pour un rendu sans qu’elle n’en est conscience, et ma conscience à moi en a souffert cruellement. Malgré l’affection que je lui ai porté, je n’ai jamais pris en compte qu’elle puisse véritablement s’attacher avec plus d’affection que nécessaire à mon égard. J’appréciais Heather, elle était drôle, jolie, fun et célébre. Mais j’étais surtout attirée par le reste, par ses habits, par son style de vie, par les paillettes qui ornent sa vie. Je l’ai envié, je l’ai jalousé, je l’ai admiré pendant des mois, en me prenant dans un jeu dont j’étais l’investigatrice et dont je suis devenue la victime. Heather a été le dommage collatéral qui n’a rien demandé à personne ; elle n’a pas demandé à ce que je lui mente, ni que je m’invente une vie que je n’avais pas. Caleb aurait eu honte de moi, la famille toute entière m’en voudrait s’ils apprenaient un jour à quel point je les ai reniés pour une existence bien plus brillante et fortunée que dans la réalité. Ce n’est pas toi, c’est moi, Heather. “C’est pas ce que je voulais dire.” J’ignore même ce que je veux dire. A part que je suis désolée. Je ne peux pas lui offrir plus parce que toutes les paroles du monde ne suffiront pas à changer le passé quoiqu’il arrive.
Je commence à me dire que cette conversation avait assez duré, que j’ai pris ma petite claque journalière et qu’il est temps que je revienne à ma vie d’antan en prétendant qu’Heather n’est pas réapparue dans le coin - de toute façon, cela sera chose aisée à faire car je ne compte pas chercher à la revoir de moi-même. L’univers se suffit à lui même pour m’attirer des ennuis. “Et pourquoi ce n’est pas aussi facile ? Regarde ton frère il a son propre resto, je pense qu’il doit bien gagner sa vie aussi.” Je fronce des sourcils tout en décidant de croiser les bras pour arrêter de torturer la lanière de mon sac. “Et alors ? Tu crois que je vais vivre à ses dépens ?” C’est hors de question. J’aime beaucoup trop mon frère pour être un poids pour lui. Il a déjà assez à faire, il a une famille à charge et je ne compte pas être dépendante de qui que ce soit - mes dettes m’ont déjà assez écrasé dans le passé pour que j’en vienne à être redevable à mon frère. Et, pire que tous, je sais qu’Alex ne laisserait pas l’occasion de sortir les fourches et les piquets si j’osais m’aventurer sur ce terrain-là. Je choisis d’ignorer volontairement la première question parce que vraiment, ce point-là, ce n’est pas le problème d’Heather. Si c’est pour qu’elle m’en balance de nouveau à la figure, je préfère garder pour moi les véritables raisons. “C’est bien dommage si tu m’avais pas menti ainsi les choses auraient pu être différente aujourd’hui…” Je lâche un lourd soupir, comme si on m’avait empêché de respirer pendant plusieurs minutes, tout en fermant les yeux brièvement. “Peut-être. Il parait que l’on peut refaire le monde avec des si. On ne saura jamais.” Je ne préfère même pas y penser.
A la place, je passe un doigt sur un sourcil en regardant vers le restaurant de mon frère. “J’ai un gâteau sur le feu et si j’attends trop longtemps, ça va se perdre.” Oh, subtile façon de vouloir écourter cette rencontre impromptue. Mais c’est la vérité aussi. J’ai en horreur le gaspillage alimentaire.
Heather n’arrivait vraiment pas à comprendre la manière de penser de Prim ou celle qu’elle avait pu avoir à l’époque. Comme si dans la vie tout était dû par au final au plaisir de chair que si on ne donnait rien de sa personne, rien n’arriverait. Cette mentalité elle la connaissait très bien, c’était d’ailleurs pour ça que le mouvement metoo avait pris de l’ampleur au sein de monde hollywoodien. Ces hommes de pouvoirs dedans qui se pensaient intouchables à demander des faveurs sexuelles en échange de rôle ou de visibilité. Ca la rendait malade et savoir que la brune l’avait en quelque sorte prise pour ce genre de prédateur, en pensant qu’elle ne l’accepterait jamais dans sa vie sans retour sexuel, lui donnait envie de vomir. Quelle image avait-elle dû véhiculer à cette époque-là, pour donner cette impression ? Comme tout le monde elle jouissait de sa célébrité en profitant des avantages qu’elle pouvait donner. Après tout vu toutes les merdes que ça engendraient, elle pouvait bien profiter de quand elle était reconnue. Alors oui son égo était gonflé et elle mentirait en disant que ça lui a servi plus d’une fois à trouver quelqu’un pour s’amuser la nuit ou pour obtenir des gains matériels. Mais jamais au grand jamais elle ne l’utilisait pour garder quelqu’un près d’elle et surtout pas en échange de faveurs sexuelles. La blonde se sentait réellement insultée ce coup-ci et le fait qu’elle lui dise que ce n’était pas ce qu’elle voulait dire l’agaça encore plus. Elle avait envie de la secouer en lui demandant de s’exprimer correctement alors car il n’y comprenait absolument rien.
- Si tu le dis.
Son ton était assez agacé et elle se retint de lui demander ce qu’elle voulait dire parce qu’elle avait l’impression qu’elle n’obtiendrait jamais la réponse qu’elle voulait. Mais au final cherchait-elle vraiment une réponse précise ? L’actrice ne savait pas mais une chose était certaine c’était que cette rencontre lui avait gâché la journée. Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle allait faire après, elle avait juste une soirée professionnelle organisée plus tard mais il lui restait le reste de la journée à combler. Surement une activité pour bien la détendre, elle jouerait peut-être mais il allait vraiment qu’elle change d’humeur ce soir. Et le fait que Prim n’écoute qu’à moitié ce qu’elle lui dise n’arrangeait pas les choses. Lorsqu’elle lui parla de la possibilité de faire autre chose de sa vie en prenant l’exemple de son frère qui avait réussi dans la restauration. La jeune femme s’était immédiatement bloquée en sous-entend qu’elle voulait qu’elle vive accroché à lui. Heather se frotta le visage avec sa main pour éviter de hausser le ton de frustration avant de reprendre la parole.
- Est-ce que tu peux écouter correctement ce que je te dis pendant 5 putains de minutes. Je ne te dis pas de vivre à ses dépens, je te dis juste que si lui a réussi dans le secteur de la restauration. Pourquoi tu ne réussirais pas dans celui de la pâtisserie ? Tu sais, c’est grâce à toi que j’ai découvert mon dessert préféré et depuis, je n’ai pas trouvé celui pour t’égaler.
Même si celui de son frère y arrivait presque et elle admirait l’ironie de la chose pendant un instant. Mais surtout elle se demanda pourquoi elle essayait de l’encourager alors qu’Heather avait toujours autant de colère bouillonnant en elle. Peut-être qu’au fond d’elle, elle ressentait encore de la sympathie pour Prim et qu’elle ne voulait simplement pas laisser ce sentiment revenir à la surface. L’actrice se souvenait encore des bons moments qu’elles avaient passé ensemble. Si cette erreur lui avait permis de la vacciner contre quelque chose auquel elle ne croyait déjà pas beaucoup à l’époque. Heather avait aussi perdu ce jour-là une personne qu’elle appréciait vraiment. Mais comme disait Prim, on ne saura jamais et son erreur était bien dommage.
- Comme tu dis.
Heather se détourna ensuite du chemin de Prim pour la laissé passer. Cette rencontre lui avait déjà fait assez perdre de temps et ramenait un trop plein d’émotions pour la journée. Même si elle n’était pas une grande pâtissière, Heather cuisinait un peu et trouvait bizarre que Prim fasse ce chemin avait un gâteau en train de cuir. Elle ne devait pas habiter bien loin dans ce cas mais n’y réfléchit pas trop.
- Tu te ballades en ville alors qu’un gâteau cuit dans ton four ? Elle arqua un sourcil pour dire qu’elle n’y croyait pas. Enfin qu’importe comme tu te doutes j’ai des choses à faire aussi de mon côté. Gros mensonges mais bon elles pouvaient être deux à dire que leur vie valait mieux qu’éterniser ces retrouvailles non voulu.