« Imagine qu’un jour un parc du genre Jurassic Park ouvre ses portes. On serait bien content qu’il existe des paléontologues. » Will va se marier et pourtant, les voilà qui bavassent sur sa thèse. Sur son avenir professionnel. C’est important, certes. C’est même le but de toute sa vie, au Dunham. Will a passé tellement de journées, de soirées et de nuits dans ses bouquins, dans son apprentissage. Birdie se revoit écumer toutes les brochures avec lui pour savoir quelle voie il fallait qu’il prenne, quelles études il fallait faire pour pouvoir atteindre son objectif, ce rêve ultime de gamin qui lui est si cher à ses yeux. La jolie blonde ne l’a jamais abandonné, sauf ces deux dernières années. Où elle l’a laissé tomber parce qu’elle avait eu peur ; de parler, d’affronter, de mettre des mots sur ses maux, de réaliser et de prendre conscience. La peur est une fidèle amie de la jolie blonde depuis ces années passées et sûrement que Will ne réalise pas tout le chemin qu’elle a dû parcourir pour revenir à Brisbane, pour revenir à lui et affronter son regard et son accueil qu’elle savait froid d’avance. Cela n’a pas loupé. Ce qui suffit pour qu’elle craque, qu’elle se dévoile, qu’elle se confesse ; c’est Will. Elle a eu raison de lui faire confiance, elle a juste été stupide de ne pas l’avoir fait avant. Il faut dire qu’elle n’était pas très brillante dans ses idées, à ce moment-là ; on peut même dire qu’elle a fait deux fois plus de conneries avant de se faire la malle sans prévenir personne. Mais là, elle est de retour et il y a Will qui lui parle de Jurassic Park et c’est un léger sourire qui flotte sur les lippes de la blonde car elle a la sensation qu’ils ne se sont finalement pas quittés. « On irait à la préouverture tous les deux ? » & ça la touche, comme question. C’est une preuve que Will s’est apaisé, qu’il lui concède toujours cette place spéciale que même l’amertume de l’absence et du silence n’a pas pu retirer. C’est une demande sincère et honnête, importante pour lui et donc forcément, Birdie hoche la tête, doucement, tout en passant ses mains sous ses yeux pour reprendre un élan de courage. “Bien sûr. Tu me protégeras. Ce sera bien la seule situation où je pourrai t’utiliser comme bouclier.” pour une fois que ça ne sera pas l’inverse. Parce que Birdie est plus douée pour protéger les autres que de se protéger elle-même, la preuve en est actuellement alors qu’elle se tripote toujours les ongles avec une nervosité qu’elle peine encore à dissimuler car l’accalmie est encore fragile et qu’elle ignore combien de temps cela va durer. Indéfiniment serait le bon créneau, la meilleure des réponses. Mais il n’y a pas de boule de cristal et qui sait ce qui pourrait se mettre sur leur chemin la prochaine fois ? Une bague, par exemple. Une mèche brune, comme autre exemple. Les possibilités sont multiples. « Tu te rends compte que le canapé est en train de perdre mon creux ? » elle n’arrive pas à retenir le sourire amusé qui traverse ses lippes, ni même la petite étincelle de remerciement et de gratitude profonde au creux de ses prunelles encore brillantes d’humidité. Will lui donne la sensation d’être revenu à la maison, d’être de nouveau chez elle, d’être importante pour lui, de faire de leur quotidien de nouveau sa normalité et, même si Asher va cruellement lui manquer, elle ne se rend compte qu’elle ne changerait cela pour rien au monde. « C’est un scandale. » elle hoche la tête en déviant furtivement ses yeux vers ledit canapé même si elle n’a pas besoin de le voir pour le savoir. “Il va falloir y remédier pronto alors.” et je suis plus qu’encline à vouloir t’y aider. Deux ans à rattraper, c’est long. Ca va demander beaucoup de courses avec Mario, clairement.
« Bah tu sais que j’ai toujours voulu me marier. La bague, la robe et le costume hors de prix le gâteau et tout ça. » la blonde le regarde avec un sous-entendu clairement que non, il n’en a jamais eu envie et c’est bien pour cela que c’est absurde, cette histoire de mariage. Bien sûr, Birdie ne se permettrait pas de juger car elle n’a pas été là pour voir tout ce qu’il s’est passé durant son absence. Elle n’a aucun droit de jugement et pourtant, cela ne l’empêche pas d’être gonflée d’une envie incroyable de lui dire que c’est une connerie monstrueuse. Non pas que le mariage en lui-même est une idée affreuse - quoique - mais Sofia et lui n’ont rien en commun, elle en reste persuadée, la gamine coincée dans ses souvenirs du passé. L’idée même que Sofia ait pu la remplacer dans l’existence de Will, prenant la place de meilleure amie en plus de petite amie et fiancée - meh - ça lui fout le bourdon et le vertige, à la jolie blonde. « Oui. C’était mon idée. Plus ou moins. » plus ou moins. Il a l’air carrément assuré et rassuré, Will, ça se voit (pas). « Enfin je sais pas, je me disais que c’était un peu la suite du truc tu vois. » plus son ami parle, plus Birdie est contrariée. Même Malachi et Sienna, au-delà de leurs apparences de snob de la haute société de Sydney transpirent plus de joie et d’enthousiasme face à leur mariage que Will présentement. « Et puis on s’aime alors je sais pas, pourquoi pas ? » Birdie passe sa langue sur ses lèvres tout en baissant la tête, le dos qui épouse le dossier de la chaise tout en emmêlant ses phalanges pour arrêter de trifouiller les peaux qu’elle s’ouvre. “Si je peux me permettre, t’étais plus en joie le jour où t’as eu le dernier tome d’Harry Potter dans les mains que quand t’évoques ton mariage.” ce n’est pas un reproche, mais un constat. Elle relève ses iris sur son meilleur ami avec les traits les plus compréhensifs du monde. “T’es sûr que c’est ce que tu veux ? Car “plus ou moins” ton idée, ce n’est pas très engageant - sans jeu de mot. Ou presque.” non, ça ne l’est pas du tout, ça pue les difficultés et le mur à dix kilomètres pour ce qu’elle en sait, Birdie. Elle ne peut que juger sur les hésitations et les explications évasives de son meilleur ami. “Elle t’a menacé de te quitter pour que t’en arrives à des extrêmes pareilles ?” parce que Sofia est une romantique. Sofia est celle qui a envie et besoin et rêve de la robe, la bague, la cérémonie, les petits fours, le premier slow, du madame Dunham. La jolie blonde voit très bien la brune faire ce genre de manoeuvre, clairement. Ce qui ne ferait qu’accentuer son désamour envers elle.
♛ I can hear violins, violins. Give me all of that ultraviolence
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“Bien sûr. Tu me protégeras. Ce sera bien la seule situation où je pourrai t’utiliser comme bouclier.”T’as pas autre chose à dire, Dunham ? Au lieu de parler de la potentielle ouverture d’un Jurassic Park ? Nope, nope, nope. Potentielle oui et non, ça n’arrivera sûrement jamais, d’ailleurs soyons réalistes juste deux minutes et quand bien même c’est quelque chose qui pourrait arriver je ne suis même pas sûr que ce soit la meilleure des idées. Est-ce que j’aimerais me retrouver face à un t-rex un allosaure ou un raptor ? Hell no. Faudrait être clairement suicidaire pour vouloir se retrouver face à ces monstres qui seraient capables de nous avaler en un claquement de doigts. Ils sont fous, ces dinosaures. Je vous assure. Mais est-ce que j’aimerais un jour pouvoir admirer un brachiosaure ou un diplodocus ? Oui, plus que tout au monde. « Pas sûr que je ne t’utilise pas moi-même comme bouclier face à un t-rex. » Parce que je tiens à ma vie quand même. Et c’est pas tout mais j’ai un mariage à célébrer dans quelques semaines. Et apparemment c’est le mien ? Oui oui, vous avez bien lu. C’est d’ailleurs ce qui semble interpeller ma meilleure amie et pourtant, je ne vois pas pourquoi. Je ne comprends pas pourquoi elle est si étonnée de m’imaginer bientôt comme un homme marié. C’est tout moi pourtant, je suis fleur bleue, romantique et j’ai des étoiles dans les yeux quand je parle de ce mariage – non. Tout cela est faux, archi faux. C’est déjà à peine si je suis boyfriend material alors m’imaginer attendre Sofia devant l’autel je peux comprendre que ce soit étonnant. C’est pas mon genre tout ça. L’engagement est déjà un peu compliqué pour moi en soit, j’aime ma liberté, j’aime pouvoir faire tout ce que je veux quand je le veux comme je le veux, et je pense que le mariage risque de mettre des freins à tout ça, non ? Pourtant je l’aime, Sofia. Je ne suis pas le petit-ami le plus expressif du monde mais pourtant les sentiments que j’ai pour elle sont bien présents sinon je ne serais pas en train d’essayer de sauver mon couple. Parce que même si elle a un visage d’ange, Sofia est loin d’en être un. Elle m’a trahi, elle m’a trompée et si je sais que j’ai une part de responsabilité là-dedans l’accepter réellement reste difficile. Je l’ai délaissée ces derniers mois, je le sais. Perdu dans mes bouquins pour l’écriture de ma thèse, du temps, même pour mes jeux-vidéos j’en ai eu assez peu finalement. Alors j’essaie de pardonner. De tourner la page. Et vous voyez, se marier avec la personne qui nous a fait mal c’est clairement le moyen pour le faire, pas vrai ? “Si je peux me permettre, t’étais plus en joie le jour où t’as eu le dernier tome d’Harry Potter dans les mains que quand t’évoques ton mariage.” Elle a raison. Si j’aime sincèrement Sofia, je n’ai jamais vraiment voulu me marier. Alors pourquoi est-ce que je lui ai demandé de devenir ma femme ? Au fond j’en sais rien moi-même. J’hausse juste les épaules sans trop savoir quoi lui répondre. “T’es sûr que c’est ce que tu veux ? Car “plus ou moins” ton idée, ce n’est pas très engageant - sans jeu de mot. Ou presque.” Je relève les yeux vers Birdie et sa question aussi simple soit-elle me fait beaucoup réfléchir. Est-ce que c’est vraiment ce que je veux ? C’est compliqué. Parce que je veux rester avec Sofia mais je sais qu’elle a besoin que cette relation aille plus loin. C’est une romantique, Sofia. Une romantique qui est allée voir ailleurs après plusieurs semaines – un mois ? Ou deux ? – d’abstinence, mais une romantique quand même. Je sais que si je veux la garder avec moi je dois faire évoluer notre couple et peut-être que je vais finalement aimer la vie d’homme marié. « Oui et non. C’est compliqué. » Ça, je pense qu’elle l’avait déjà compris. Ça crève un peu les yeux. “Elle t’a menacé de te quitter pour que t’en arrives à des extrêmes pareilles ?” Même si je ne suis pas sûr que c’était une blague, moi je rigole un peu tout de même. Parce que je connais l’amour qu’il y a entre ma fiancée et ma meilleure amie, alors savoir qu’elle l’imagine potentiellement capable de ce genre de chose reste assez drôle. « Mais non. Mais c’est ce qu’elle veut. Et finalement c’est peut-être de ça qu’on a besoin. » Vous voyez parce que c’est connu quand un couple bat de l’aile, demandez en mariage votre copine ça résoudra sans aucun doute tous les problèmes. « Tu sais quoi, au pire on va parler de tout ça autour d’un McDo, ça me donnera des forces. » Et pour aborder tout ce qu’il s’est passé avec Sofia ces derniers mois, des forces, j’en ai franchement beaucoup besoin.