“look inside, look inside your tiny mind, now look a bit harder. 'cause we're so uninspired. so sick and tired of all the hatred you harbour” feat @alex clarke, @caleb anderson & primrose anderson
Je n’ai pas envoyé de messages ce jour–là. Je n’ai pas demandé à Caleb s’il était chez lui, pas plus que je ne lui ai pas non plus demandé si je peux le retrouver quelque part. Sûrement abrutie par la nuit que j’ai passée, à danser pour le regard envieux d’un public qui pourrait me dégoûter si je n’avais pas un peu d’aide de mon amie la poudre, je me dirige de Fortitude à Spring Hill. A pieds, malgré ma fatigue, mais qu’importe. En rentrant chez moi, j’ai craqué pour un coffret pyjama pour bébé Lacoste. L’ensemble est vraiment trop adorable, rose poudre, avec un jouet dedans. J’en achète deux de ces mini valises, même si pour être honnête, ce n’est vraiment que pour l’équilibre entre les deux sœurs. Il ne faut pas faire de différence, traiter l’une comme l’autre, mais je sais que j’ai plus d’attachement pour Lucy, qui est beaucoup moins pénible que sa jumelle, et par conséquence, me fait plus penser à Caleb. La brume dans ma tête se dissipe peu à peu au fur et à mesure que je me transporte vers l’appartement de mon frère. Si j’avais été mieux réveillée, je me serais encore une fois rattrapée pour me rappeler qu’il ne vit plus seul, Caleb. Outre les jumelles, il y a Alex qui vit avec lui, naturellement, mais c’est un détail que mon cerveau refuse d’accepter et le dénigre totalement. C’est exactement pour cette raison que je le blâmerai par la suite en voyant qui m’ouvrira la porte. Que ce ne sera pas mon parfait grand frère, mais sa dulcinée.
Je baille une nouvelle fois, la paume de ma main contre mes lèvres, souhaitant camoufler ma fatigue – et le fond de ma gorge – à l’univers tout entier qui se presse autour de moi. A l’heure où ils vont au travail, je vais normalement me coucher. Mais je me prends l’agitation du quartier d’affaires de Spring Hill en plein dans les pattes, sans oublier le concert de voitures qui abrutissent mes oreilles, que j’aurai pensé anesthésiées après toutes ces nuits à écouter de la musique sans cesse. Preuve qu’elles fonctionnent parfaitement bien, je grimace tout en rapprochant le sac contre moi. On n’est jamais assez prudents.
J’arrive enfin à la maison (du bonheur dirait sûrement Caleb) et c’est avec un automatisme incroyable que je laisse mes pieds m’apporter vers le seuil de la porte d’entrée. Il aurait fallu attendre quelques heures de repos avant de sonner. Il aurait fallu utiliser la magie du téléphone avant de sonner. Il aurait fallu planifier sa visite avant de sonner. J’ai occulté beaucoup de détails, sauté pas mal d’étapes, mais c’est tout de même avec surprise que je vois non pas Caleb m’ouvrir, mais Alex, avec un bruit sonore de pleurs et de cris. « Il est où, Caleb ? » que ma voix prononce, sans prendre le temps ni de la saluer ni de compatir à la fatigue qu’il y a sur ses traits de mère. Je me rappelle soudainement pourquoi il est toujours plus que nécessaire de demander avant de frapper. Pour éviter ce genre de situations où je prie au fin fond de moi–même que même si Caleb n’est pas sur le seuil, il se trouve au moins à l’intérieur.
cétil pas mignooooon:
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Dernière édition par Primrose Anderson le Ven 5 Mar 2021 - 23:16, édité 2 fois
“look inside, look inside your tiny mind, now look a bit harder. 'cause we're so uninspired. so sick and tired of all the hatred you harbour” feat @alex clarke & @Primrose Anderson
Une matinée comme celle là, je m'en serais bien passée. Après une nuit agitée, alors qu'elles commençaient enfin à faire leurs nuits et que je pensais pouvoir un peu de repos, elles ont chacune leur tour décidé de se faire entendre, refusant de s'endormir dans leur lit et ne nous permettant que quelques petites heures de repos. C'est fatiguée que je me suis levée ce matin sauf que les filles elles n'ont pas l'air d'en avoir conscience et elles réclament toujours plus d'attention, toujours plus de présence alors qu'elles pleurent l'une après l'autre, si ce n'est pas en même temps ne me laissant aucun moment à moi. Allongée sur le canapé avec Lucy et Lena sur moi, je leur chante quelques chansons, alors que mes mains caressent leurs dos, il n'y a que comme ça qu'elles sont calmes aujourd'hui. Je profite enfin d'un peu de répit dans cette matinée. Un répit qui ne devrait pas durer très longtemps puisque je vois Lena qui commence à téter sa tétine avec un peu plus d'entrain et je sais qu'elle va réclamer son biberon dans quelques minutes. Mais je ne veux pas bouger par peur de les entendre à nouveau pleurer et tant qu'elles ne disent rien je compte en profiter. La sonnette de la porte d'entrée vient perturber ce calme et Lena s'agite sur moi quand je me redresse, alors que Lucy se met à pleurer à l'instant même ou je la pose dans leur parc. Je soupire, le calme avec deux bébés de presque quatre mois ça ne dure jamais très longtemps. Ma main qui passe dans mes cheveux pour essayer de le recoiffer un minimum, je n'ai pas eu le temps ni de me maquiller, ni de me coiffer ce matin et c'est ainsi que je me dirige vers la porte d'entrée pour voir qui vient de mettre fin à ce premier moment de tranquillité dans ma matinée. J'ouvre la porte et je vois la responsable. Primrose. Je soupire légèrement, un peu surprise de la voir quand même. Normalement elle s'arrange pour faire en sorte de ne pas me voir, ou du moins pas quand je suis seule. « Il est où, Caleb ? » Pas un bonjour, et je lève les épaules devant la façon dont elle s'exprime, pas prête à m'énerver contre elle, pas aujourd'hui. « Bonjour Primrose, ravie de te voir, je vais bien merci de demander et toi ? » Ironiquement avec un soupir, j’accueille la sœur de Caleb et s'il y a bien une personne que je n'ai guère envie de voir, elle est très bien placée sur cette liste Primrose Anderson. Elle ne m'aime pas, enfin non elle me déteste, je le sais, et la réciproque n'est pas loin d'être vraie. Mais c'est la sœur de Caleb, la sœur de mon futur mari et aussi la tante de mes filles, alors j'essaye de me faire à sa présence, après tout je n'ai guère le choix. Et j'ai clairement pas envie que la relation conflictuelle avec sa sœur viennent mettre des tensions entre Caleb et moi, alors je prends sur moi et je finis par lui répondre. « Ton frère n'est pas là, il a du aller régler un truc avec un fournisseur je crois, mais il devrait bientôt rentrer. » Et je l'espère réellement parce qu'au delà même de la présence de sa sœur qui semble venir rendre ma matinée encore plus compliquée, il y a surtout mes filles qui continuent de se faire entendre dans leur parc, et j'ai comme l'impression qu'elles sont en pleine compétition, à savoir laquelle des deux pleurent le plus fort. Je laisse la porte grande ouverte, comme pour la laisser entrer si elle le souhaite et je me dirige vers le salon d’où proviennent les pleurs de plus en plus forts de mes filles. Depuis ce matin, c'est comme ça. Elles pleurent, toutes les deux et le seul moyen de les calmer c'est de les porter sauf qu'elles sont deux et je suis toute seule, à devoir gérer Lucy et Lena. Caleb n'est pas là, la nounou des filles non plus et je suis à deux doigts de craquer alors qu'elles ont décidé de tout vouloir en même temps et tout de suite. C'est l'heure de manger pour elles et je dois préparer le biberon tout en faisant avec leurs pleurs qui me font culpabiliser en tant que mère. « Tu peux l'attendre ici, les filles sont dans le salon, entre et ferme la porte j'ai pas le temps d'aller courir après Dobby. » Je ne suis pas vraiment agréable, je ne suis pas aimable, et je reporte presque ma frustration sur elle, mais elle n'est pas agréable non plus avec moi et je n'ai pas le temps de m'occuper d'elle alors que j'ai deux filles de presque quatre mois qui n'attendant que moi. « C'est l'heure du biberon de Lena tu veux lui donner ? » Je m'adresse à Primrose depuis la cuisine en hurlant légèrement pour qu'elle m'entende malgré les pleurs des jumelles. Je n'ai pas envie de supporter sa compagnie, et je suis sûre qu'elle n'a guère envie de la mienne non plus, mais elle est là, elle est venue voir son frère, et j'ai clairement besoin de bras supplémentaires alors peut-être que pour une fois elle peut être utile. Et puis c'est la tante des filles, et même si cette idée ne me plaît pas, je ne vais pas l'interdire de les voir ou de les approcher. Et pourtant, je vous assure que la voir tenir une de mes filles n'est pas forcément une vision avec laquelle je suis à l'aise. Mais je prends sur moi. Je reviens dans le salon avec le biberon et la serviette de Lena. Je me penche vers ma fille qui pleure toujours et qui a de grosses larmes au coin des yeux. Je la prends contre moi, je la berce quelques secondes en déposant un baiser sur son front et en essuyant ses yeux. Je lui parle doucement essayant de me calmer pour tenter de l'apaiser un peu. « Voilà c'est tout ma puce. » Je regarde Primrose prête à lui confier ma fille et le biberon, mais avant je l'observe quelques secondes, sa fatigue est visible, et sans vraiment prendre de gants avec elle je la questionne sur un détail qui n'en est pas un à mes yeux. « Tu as bossé cette nuit ? Pas que ça me regarde ou que j'en ai quelque chose à faire, mais avant que tu prennes ma fille, je veux juste être sûre que tu sois en état de la porter. » Je ne sais pas ce qu'elle a fait, ni avec qui. Je ne sais pas si elle a bu. Je ne sais pas qui elle a touché ou à qui elle s'est frottée mais si j'ai décidé de ne plus m'occuper de sa vie, là, c'est pour ma fille que je questionne son état et tant pis si elle le prends mal. De toute façon quoique je dise elle le prendra mal.
« Bonjour Primrose, ravie de te voir, je vais bien merci de demander et toi ? » qu’elle accueille, Alex, avec un sourire absent mais un lourd soupir. J’en ai peut–être oublié les règles de bienséances, je devrai peut–être les revoir un jour mais mon cerveau en fait un blocus naturel quand Alex apparait devant moi. La spontanéité de ma question m’a fait oublier que je rentre du travail, que je n’avais pas fait les choses dans l’ordre et que ce qui devait être une visite remplie de mignonnerie – et surtout pouvoir montrer que je suis bien présente pour gâter mes nièces comme il se doit – va transformer en chaos improvisé parce que j’ai oublié. Je me maudis autant qu’Alex doit me maudire au même moment. Cependant, elle n’a pas l’air de radier d’autant de négativité que d’habitude, ce qui surprend le peu de fibre en moi qui peut encore réagir. « Ton frère n'est pas là, il a dû aller régler un truc avec un fournisseur je crois, mais il devrait bientôt rentrer. » Je ne m’excuse pas pour mon manque de politesse et je ne réponds pas à sa deuxième question, parce que je sais qu’elle s’en fiche comme moi. C’est dommage d’en être arrivées à ce stade–là alors que je l’aimais bien, Alex, la première fois que je l’ai rencontré. L’adolescente que je fus la trouvait jolie, drôle, piquante quand il fallait et, surtout, avec une allure qui ne trompait personne. Puis il y a eu ci et ça, des briques et des brocs, des couics et des couacs, une accumulation de petites choses aux grosses conséquences qui font qu’elle a été démonisée rapidement à mes yeux. Ce qui arrive au résultat qu’aujourd’hui, quand elle m’apprend que Caleb n’est pas là, j’ai mes épaules qui s’affaissent et mes yeux qui dévient ailleurs, essayant de réfléchir au prochain plan d’attaque. Rester ou partir ? Attendre ou s’évaporer ? J’aurai tendance à cocher les deux dernières solutions, m’apprêtant à tourner les talons, mais Alex a dû voir ma réflexion de mon esprit parce qu’elle y répond d’un œil pressé. « Tu peux l'attendre ici, les filles sont dans le salon, entre et ferme la porte j'ai pas le temps d'aller courir après Dobby. » Oh. Elle est déjà loin, Alex, la porte ouverte qui m’appelle et m’incite à entrer à mon tour. Ce que je fais rapidement parce que si jamais Dobby s’échappe, c’est moi qui vais devoir courir après et je ne me sens pas d’humeur marathonienne ce matin. « D’accord, ok, pourquoi pas. » Qu’Alex ne soit pas agréable ne me surprend pas – c’est une mère avec deux bambins qui ont l’air d’hurler à la mort (de véritables princesses, hein) et en plus, c’est moi qui me pointe au seuil de chez elle. Mais qu’elle m’invite à rester à l’intérieur, voilà qui n’est franchement pas habituel.
Je referme la porte et je pose mon sac et le large paquet à l’entrée, jugeant que ce n’est pas le meilleur moment d’offrir mon présent pour les filles. Je ne veux pas prendre le risque qu’Alex envoie sur les roses mon cadeau et que je finisse par bouillir de l’intérieur avant que ça sorte et se retourne contre moi. « C'est l'heure du biberon de Lena tu veux lui donner ? » D’accord, elle voit en moi deux mains supplémentaires, j’aurai dû m’en douter. Alex ne souhaite pas seulement que j’attende là, sagement, assise sur le canapé en regardant la télévision. Elle veut carrément que je mette la main à la patte pour l’aider elle avec ses filles qu’elle n’arrive visiblement pas à calmer. Quelle idée d’avoir des jumelles, aussi. Cependant, quitte à attendre ici, autant que ce soit dans un calme relatif – ce qui n’est pas du tout le cas à l’heure actuelle. Le biberon, je peux le faire. Mais je grommelle dans ma barbe parce que non, pas à Lena. A croire qu’elle en fait exprès. « Oui, bien sûr, si je peux aider. » Mais je me montre conciliante, je fais l’effort d’aller vers les jumelles mais elles crient tellement que vraiment, j’ai hâte qu’elles tètent leurs biberons pour ne plus les entendre hurler. Je regarde Alex revenir, prendre Lena dans les bras et la bercer doucement. Cela reste une vision très bizarre, quand même. « Voilà c'est tout ma puce. » qu’elle murmure avec douceur avant de lever les yeux vers moi. Elle m’observe autant que moi, s’arrêtant en plein mouvement ça commence à puer les accusations ou suspicions à venir. « Tu as bossé cette nuit ? Pas que ça me regarde ou que j'en ai quelque chose à faire, mais avant que tu prennes ma fille, je veux juste être sûre que tu sois en état de la porter. » Là, je ne peux m’empêcher de froncer les sourcils tout en durcissant mon regard, les bras qui se croisent. « Oui, j’ai bossé cette nuit. Tu veux que j’aille m’allonger avant, sans oublier la douche à l’antiseptique intégrale ? » Je peux mordre, je peux réagir mais je me permets avec Alex parce que c’est notre façon d’être à toutes les deux et que Caleb n’est pas là. « Je ne bois pas, pendant mon service, si ça peut te rassurer. » Vraiment, l’alcool peut me rendre rapidement dans des états extrêmes que je ne souhaite pas avoir quand je travaille – une question d’étiquette, ou plutôt, de peur de perdre mon travail, tout simplement. « S’il te plait, épargne–moi les sous–entendus agaçants sur mon travail. J’ai déjà Caleb sur mes côtes, je n’ai vraiment pas besoin que tu t’alignes sur lui, même si je sais que tu n’attends que la moindre erreur de ma part pour aller lui en faire part. » Alex ne sera jamais conciliante envers moi et l’inverse est réciproque. Je me dirige vers Lucy qui est toujours dans son parc et je lui fais un large sourire tout en la prenant dans mes bras, passant mon pouce sur ses joues rougies. « Et c’est de Lucy que je veux bien m’occuper. » Tant pis pour l’égalité, j’ai ma préférée, cette dernière qui semble se calmer (un peu) dans mes bras, qui réussissent très bien à la porter – vois ça, Alex.
“look inside, look inside your tiny mind, now look a bit harder. 'cause we're so uninspired. so sick and tired of all the hatred you harbour” feat @alex clarke & @Primrose Anderson
Elle finit par entrer Primrose, et je ne lui montre pas le chemin, je ne me montre pas vraiment accueillante mais je n'ai pas à faire semblant avec elle. Pas quand Caleb n'est pas là du moins. Elle ne le fait pas non plus, mais si je tolère sa présence c'est aussi et surtout parce qu'elle est la sœur de l'homme que j'aime, et aussi la tante de mes filles. Je fais avec et à défaut d'aimer passer du temps avec elle, j'espère qu'elle saura me montrer qu'à défaut d'être quelqu'un d'agréable avec moi, elle le sera avec mes filles, avec ses nièces qui sont loin de toutes nos histoires. Je lui propose de donner le biberon à Lena « Oui, bien sûr, si je peux aider. » Je ne sais pas pourquoi j'ai l'impression que c'est presque du sarcasme et venant d'elle ça ne m'étonnerait pas. Mais elle a dit oui, et j'espère que quand elle sera occupée avec Lena, j'oublierai quelques secondes sa présence. Je m'approche vers elle avec le biberon de Lena et ma fille dans mes bras je m'apprête à lui confier l'une des trois choses les plus précieuses que j'ai dans ma vie, sauf que je réalise à ce moment que vu l'heure et vu sa fatigue aussi, il y a de grandes chances qu'elle sorte d'une nuit agitée. Et la question tombe, un peu brutal certes mais légitime à mes yeux de maman. Je savais que la question ne lui plairait pas et sa réaction me le confirme, mais elle ne me fait pas peur. Du moins elle ne me fait plus peur Primrose, elle peut me regarder avec un regard noir si elle le veut, mais je ne baisserai pas les yeux. « Oui, j’ai bossé cette nuit. Tu veux que j’aille m’allonger avant, sans oublier la douche à l’antiseptique intégrale ? » Peut-être pas l'antiseptique mais la douche je ne dirais pas non, on peut pas dire que le métier qu'elle fasse soit le plus sain du monde quand même et que les gens qu'elle fréquente soient les plus sains eux aussi. « T'allonger chez moi ? Non je voudrais pas que tu salisses le reste de ma maison. » Elle me réponds froidement je le fais aussi. « Ceci dit, je peux me dire que tes vêtements sont propres eux au moins. » Une pique sur le fait qu'elle soit plus souvent dénudée qu'habillée ? Oui sans doute. Ses vêtements ont surement étaient la seule chose qui n'ont pas été touchés par des inconnus, et si cela dérange grandement son frère, moi je m'en fous désormais. Elle m'affirme ne pas boire pendant son service, et cette info me rassure oui même si je ne lui dis pas. « Tu n'as pas bu très bien, mais es-tu clean pour autant ? » Un sous-entendu de ma part ? Une question innocente ? Une pique que je lui envoie ? Elle ne saura rien de mes intentions, je ne lui montre rien, je reste impassible tout en la fixant légèrement. « S’il te plait, épargne–moi les sous–entendus agaçants sur mon travail. J’ai déjà Caleb sur mes côtes, je n’ai vraiment pas besoin que tu t’alignes sur lui, même si je sais que tu n’attends que la moindre erreur de ma part pour aller lui en faire part. » Je soupire, mais je ne réagis pas, du moins pas immédiatement. Et puis les sous-entendus je les ai déjà fais. C'est elle qui me reproche d'attendre la moindre erreur de sa part ? Ironique sachant qu'elle a sans doute prié, et qu'elle le fait sans doute encore, que je fasse une erreur pour me voir sortir de la vie de son frère. « Ne confonds pas tout, ça c'est toi chère Primrose, c'est toi qui souhaite que je dégage, moi je m'en moque de toi, tu fais ce que tu veux de ton corps et avec qui tu veux. » Moi je n'attends rien d'elle, si ce n'est qu'elle ne fasse pas souffrir son frère mais ce n'est pas de mon ressort et j'ai compris que je ne devais plus me mêler de la vie de la petite sœur chérie de Caleb. Elle se penche vers le parc alors que je tiens toujours Lena qui attends son biberon et elle prends Lucy dans ses bras, sans même me demander avant. Je la regarde faire, n'appréciant guère son comportement. « Et c’est de Lucy que je veux bien m’occuper. » Je ne peux empêcher un rire de sortir de mes lèvres. Ironique, ou sarcastique peu importe mais je ris à sa remarque qui en soit n'a rien de drôle. Elle ne veut pas s'occuper de Lena, c'est ce qu'elle sous-entends en disant que c'est de Lucy qu'elle veut bien s'occuper. Il ne faudrait surtout pas vexer Primrose. Alors, très bien soit. Je me sens mal pour ma fille et ça pourrait me mettre en colère de l'entendre rejeter Lena comme ça, sans aucune raison. Mais, je préfère rire parce qu'elle veut s'occuper de Lucy et que la situation a vraiment quelque chose d'assez comique finalement. Parce que je rigole d'elle, de Primrose et c'est une chose toujours plaisante finalement. « Parfait, si c'est ce que madame a décidé, occupe toi de Lucy alors mais je doute que tu puisses lui donner ce dont elle a besoin. » Un sourire sur les lèvres, les épaules qui se lèvent, mais un regard assez dur qui la dévisage toujours avec une certaine défiance. Elle tient dans ses bras ma fille, enfin l'une de mes filles et je dois bien avouer que voir Lucy se calmer légèrement dans ses bras n'est pas une sensation très agréable, mais je garde en tête qu'elle veuille s'occuper de Lucy et non de Lena. Et qu'elle finira par se retrouver face aux pleurs de Lucy dans pas très longtemps et qu'elle ne pourra rien y faire. Tant pis pour elle. Je faisais pourtant un effort en lui proposant de donner le biberon à ma fille, je faisais un effort en l'invitant chez moi en l'absence de son frère. Je faisais même un effort en la laissant s'approcher de mes filles alors qu'elle sort visiblement de son travail. Je faisais beaucoup d'effort avec elle mais là, c'est de mes filles dont il est question, c'est Lena qui se retrouve rejetée par sa tante sans raison et je n'aime pas ça du tout. Je m'occupe quelques secondes de Lena, elle ne veut pas lui donner son biberon, je vais le faire moi même et je ne vais pas faire attendre ma fille sous prétexte que sa tante semble faire un caprice, encore. Je donne le biberon à Lena qui se calme immédiatement, je la sens se détendre dans mes bras alors que je la regarde ses traits du visage qui s'apaise et je lui souris restant quelques secondes concentrée sur ma fille avant de reporter mon attention sur Primrose qui tient toujours Lucy. « Tu réalises que ton comportement est puéril ? » Des reproches, encore et toujours, entre nous ce n'est plus que ça, il est loin le temps ou l'on parlait vêtements, sacs et shopping. Le temps ou elle était presque la seule dans sa famille avec qui je pouvais un peu parler de moi sans avoir l'impression d'être jugée. « Tu avais l'occasion de t'occuper de ta nièce qui ne demande rien de plus que quelqu'un qui veuille bien lui donner son biberon, elle est pas exigeante elle, mais non, toi tu n'en fais qu'à ta tête. Elle ne t'a rien fait. » Je soupire à nouveau, et je sens que je suis bien plus agacée que je ne le laisse paraître. « Tu veux t'occuper de Lucy très bien, quand elle pleurera tu lui donneras le sein alors et on verra si c'est toujours de Lucy dont tu veux bien t'occuper. » Je pourrais faire un autre biberon pour Lucy, elle l'accepte assez facilement bien que je continue de l'allaiter dès que je suis présente. Mais je ne le ferais pas parce que si Primrose refuse de s'occuper de Lena, je ne la laisserai pas s'occuper plus de Lucy. C'est soit les deux, soit aucune et si je peux être méchante en temps normal, pour défendre mes filles ça peut être encore pire.
« T'allonger chez moi ? Non je voudrais pas que tu salisses le reste de ma maison. » Quelque part dans mon imagination doit se trouver l’image de mes mains qui tordent le cou d’Alex d’une façon aussi claire que rapide. De la bouche de quelqu’un d’autre, cela m’aurait blessé au plus haut point, j’aurai perdu toute contenance et j’aurai été ébranlé un peu plus dans mon assurance. Mais comme c’est Alex, je ne suis pas surprise, je ne suis pas émue, mais il n’empêche pas que c’est un seau d’eau glacée que je me prends à la figure. Déjà que ma confiance n’est pas au plus, que Caleb ne peut toujours pas accepter ce que je fais, voilà que sa moitié ne me traite vraiment d’aucune autre façon que de la pire façon qui soit. Mes dents torturent ma lèvre, non pas pour empêcher une vulgarité de les franchir (quoique) mais surtout pour camoufler à quel point elle réussit toujours à me blesser alors qu’elle ne devrait pas. Ses reproches, ses critiques, son aversion envers moi ne devraient avoir aucun impact. Son avis ne devrait pas compter. Et jusqu’à présent, je m’en moquais du mieux que je pouvais. Mais maintenant, elle a sa maison avec Caleb. Et elle a ses filles à protéger de personnes comme moi. Sa vie s’entremêle toujours un peu plus avec la mienne, et je suis condamnée à regarder tout cela se solidifier devant moi, en l’apparence de deux bambines à voix et d’une bague qui loge sur le doigt d’Alex que mes yeux ne peuvent s’empêcher de capter. « Ceci dit, je peux me dire que tes vêtements sont propres eux au moins. » Mes vêtements logent tranquillement dans mon vestiaire quand je performe et j’y tiens comme la prunelle de mes yeux alors oui, Alex, ce que je porte est propre. Je ne le lui dirai pas, cependant, je ne rétorquerai même pas parce qu’elle s’en fiche, et moi aussi. Je n’ai rien à me reprocher. « Tu n'as pas bu très bien, mais es-tu clean pour autant ? » Je pince l’arête de mon nez, grimaçante. « T’es la mère de mes nièces, pas la mienne. » que je lâche dans un soupir agacé. « Mais oui, je suis clean. je l'ai toujours été. » Je ne vais pas lui dire le contraire. Ma dernière prise remonte à assez longtemps pour qu’elle soit déjà évacuée de mon système. Qu’Alex me croit ou non, je ne serai pas assez stupide pour venir les voir, elle ou Caleb, si je ne me sentais pas dans mon état normal. « Ne confonds pas tout, ça c'est toi chère Primrose, c'est toi qui souhaite que je dégage, moi je m'en moque de toi, tu fais ce que tu veux de ton corps et avec qui tu veux. » Je lève les yeux en l’air. « J’essaie de faire la paix avec l’idée que tu seras toujours dans mes pattes, Alex. Si tu t’en fiches, arrête de me poser autant de questions. » J’essaie vraiment. Je fais des efforts pour paraitre bien, pour être cordiale et polie, surtout quand Caleb est dans les parages. Il y a eu assez de disputes, de discorde et de tension à cause de nous deux pour que cela lui soit supportable – surtout après avoir appris qu’il a un problème au cœur. Je ne veux pas le malheur de mon frère et si Alex est capable de lui apporter ce qui lui rend le sourire, alors je n’ai qu’à m’abaisser. Mais il est de fait notoire qu’au moindre écart de la Clarke, je ne la louperai pas. Et puis, je trouve que c’est elle qui est bien désagréable avec moi, là.
« Parfait, si c'est ce que madame a décidé, occupe toi de Lucy alors mais je doute que tu puisses lui donner ce dont elle a besoin. » Je me mord de nouveau la lèvre en réalisant mon erreur – qui peut me blâmer, je ne vis pas avec tous les jours et les détails de ce genre ne sont pas ceux que je retiens en priorité. Je donne l’opportunité à Alex de se moquer de moi, occasion qu’elle prend, qu’elle savoure et qu’elle jubile. Je me maudis de toutes les façons possibles et imaginatives mais je ne me laisse pas abattre, pas quand j’ai Lucy dans les bras malgré tout et qu’elle, elle n’y est pour rien. Son regard aux couleurs de ceux de sa mère est bien plus doux, même si le blanc est rouge à force de pleurs et ses joues sont complètement rosies par autant de vigueur. Elle est adorable quand même et je me dis que mon achat sera vraiment trop chou. Que ce soit sur elle ou sur sa sœur. Lucy a l’air de bien vouloir donner une seconde de répit musical, sa sœur donnant l’autre seconde de tranquillité, la bouche occupée par le biberon que lui donne sa mère – je m’en veux d’avoir reporté ma frustration en me cachant derrière les jumelles. « Tu réalises que ton comportement est puéril ? » Je vais poser mes fesses sur le rebord du canapé, en continuant de bercer ma nièce et tentant d’occulter les paroles d’Alex qui me parviennent. « Tu avais l'occasion de t'occuper de ta nièce qui ne demande rien de plus que quelqu'un qui veuille bien lui donner son biberon, elle est pas exigeante elle, mais non, toi tu n'en fais qu'à ta tête. Elle ne t'a rien fait. » Mais je n’arrive pas à la bloquer parce qu’elle parle, elle continue, elle ne s’arrête pas ; pour quelqu’un de fatiguée et débordée, je la trouve particulièrement bavarde et pleine d’énergie. A croire que me cracher à la figure lui procure une vivacité nouvelle. « Tu veux t'occuper de Lucy très bien, quand elle pleurera tu lui donneras le sein alors et on verra si c'est toujours de Lucy dont tu veux bien t'occuper. » Mes prunelles bleutées qui sont restées coincées sur le visage de la fillette que j’observais avec affection finissent par se lever sur Alex. « Ce n’est pas tes filles, le problème, et tu le sais très bien. Je suis venue pour les voir parce qu’elles sont mes nièces, elles font partie de la famille et que j’aime ma famille. » Même si parfois, on pourrait croire le contraire. Même si parfois, j’aurai des sentiments qui prouveraient le contraire. « Mais c’est toi qui m’attaque, qui me suspecte, alors que je me suis déjà occupée de tes filles et que Caleb me fait confiance. Je ne leur veux pas de mal mais tu… Tu rends les choses toujours compliquées, Alex. J’ignore ce que je dois faire pour que tu arrêtes de me considérer comme une menace pour les jumelles. » Je lâche un léger souffle alors que Lucy se remet à pleurer doucement. « En attendant, juste parce que t’es contrariée par ma réponse, tu vas laisser une de tes filles hurler à la mort de nouveau. Qui est la plus puérile des deux ? » Et c'est avec un air de défi que je la regarde, menton levé.
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« T’es la mère de mes nièces, pas la mienne. Mais oui, je suis clean. je l'ai toujours été. » Pas à moi Primrose, pas à moi. Je connais ce monde de la nuit, pas exactement le sien, mais j'imagine aisément ce à quoi elle doit être confrontée et je m'en moque. Je m'en moque totalement et je ne veux pas m'occuper d'elle, pas me préoccuper d'elle et ça tombe bien ce n'est pas pour elle que je m'inquiète. « Comme tu l’as dis je suis la mère de Lucy et Lena et si tu fais ce que tu veux de ta vie, je m’assurais toujours que tu sois dans un état normal quand tu viendras voir mes filles. Ce n’est pas pour toi que je m’inquiète mais pour elles. » Et même si je n’aime pas Primrose, je ne lui souhaite aucun mal, je lui ai dis déjà, rien que pour son frère, je lui ai dis qu’elle avait intérêt à prendre soin d’elle. Mais moi maintenant je prends soin de mes filles, elles sont ma priorité, et si un jour je considère qu’elle n’est pas en état de porter Lucy ou Lena, je n’hésiterai jamais à la tenir éloignée. Parce que c’est mon rôle désormais, je suis là maman de deux bébés magnifiques et si j’avais peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas réussir à être une mère pour elles, désormais j’ai peur qui leur arrive quoique ce soit de mal et je voudrais pouvoir les protéger contre tout les dangers du monde. Elle ne veut plus de questions, ça tombe bien je n'en ai plus et alors que j'attends toujours de pouvoir lui donner Lena, elle préfère s'occuper de Lucy et si je n'y vois aucun inconvénient en soit, elle risque quand même d'avoir du mal à allaiter ma fille. Mais c'est surtout le ton et la façon dont elle le dit qui me fait sortir de mes gonds. Parce qu'elle semble clairement rejeter une de mes filles en favorisant l'autre et je ne supporte pas cette idée. Je m'énerve alors que j'ai Lena dans mes bras qui se calme une fois le biberon entre les lèvres. Je m'énerve alors que je ne devrais pas mais c'est Primrose et il m'en faut peu pour m'énerver quand ça la concerne, mais là ça concerne en plus mes filles et clairement je m'agace alors qu'elle semble pourtant s'occuper plutôt bien de Lucy. « Ce n’est pas tes filles, le problème, et tu le sais très bien. Je suis venue pour les voir parce qu’elles sont mes nièces, elles font partie de la famille et que j’aime ma famille. » Peut-être qu'elle aurait du y penser avant de rejeter Lena qui est autant sa nièce que Lucy. « Il y a quelques secondes le problème ça semblait être Lena pourtant. Et maintenant si tu préfères t’occuper de Lucy c’est à cause de moi ? » Je ne reviens pas sur le fait qu’elle aime sa famille, ou qu’elle prétends les aimer. Je ne suis pas à même de juger cet élément, et ça ne me regarde absolument pas au vu de la relation que j’ai entretenu toute ma vie avec ma propre famille. Tout ce qui m’intéresse désormais c’est cette famille que j’ai avec Caleb, avec nos filles et je ne la laisserais pas faire du mal à une de mes filles, même si elle prétends qu’elles ne sont pas le problème. Encore heureux. Elles ont à peine 3 mois, comme si quoique ce soit pouvait être leur faute. A part peut-être éventuellement mes cernes, elles ne peuvent pas être tenues pour responsables de quoique ce soit d'autres. Encore moins de cette attitude de rejet de la part de leur tante. « Mais c’est toi qui m’attaque, qui me suspecte, alors que je me suis déjà occupée de tes filles et que Caleb me fait confiance. Je ne leur veux pas de mal mais tu… Tu rends les choses toujours compliquées, Alex. J’ignore ce que je dois faire pour que tu arrêtes de me considérer comme une menace pour les jumelles. » Je soupire, et j'entends Lucy qui se remet à pleurer et ça me fait du mal de savoir que je pourrais l'apaiser mais que je ne peux pas le faire dans l'immédiat. « En attendant, juste parce que t’es contrariée par ma réponse, tu vas laisser une de tes filles hurler à la mort de nouveau. Qui est la plus puérile des deux ? » Un autre soupir plus fort celui là alors qu'elle me teste, qu'elle me place en fautive. Qu'elle me provoque aussi un peu. Je me plonge quelques secondes dans les yeux clairs de Lena, elle semble si apaisée. Elle me regarde, et malgré ma colère, je lui souris alors qu'elle semble toujours concentrée sur son biberon. Je cherche à rester calme, je cherche à chasser les émotions négatives qui me viennent, à ne pas répondre à la provocation de Primrose qui pourtant me fait mal. Je relève les yeux pour la regarder, pour la voir tenir Lucy qui pleure toujours. Ma fille que j'aurais pu apaisée si Primrose n'en avait pas fait qu'à sa tête. « Caleb te fait confiance peut-être mais pas moi.» Réaction un peu froide, voir même glaciale, mais ce sont les premiers mots que je lui dis alors que je me dirige vers la cuisine. Je n’ai pas confiance en Primrose c'est un fait. Elle aurait pu me montrer que je pouvais avoir confiance en elle par le passé, elle ne l’a pas fait et désormais la confiance est rompue mais c'est sans doute une réciproque qui se vérifie. Je reviens de la cuisine, une serviette à la main pour Lucy. « Mais tu te trompes, je te considère pas comme une menace pour les jumelles. » Même si je n’ai pas confiance en elle, même si je me méfie d'elle, je sais quand même reconnaître qu’elle tient à son frère et qu’elle sait sans doute que nos filles sont très importantes aux yeux de Caleb et je sais qu’elle ne leur fera rien, du moins pas consciemment. Mais pourtant une menace elle en est une pour moi. C’est pour moi qu’elle représente une menace Primrose, parce qu’elle connaît un secret qui pourrait blesser la famille Anderson, un secret qui pourrait me replonger dans un passé que je ne veux pas voir remonter à la surface. Pas maintenant. Je m'assoies sur le canapé, sans pour autant réagir à au reste de ses remarques qui pourtant tourne en boucle dans ma tête. Non je ne vais pas laisser ma fille hurler, mais je n'ai que deux bras, et qu'un biberon de prêt, celui que Lena est en train de boire. « Par contre, si tu penses pouvoir m’atteindre en me faisant culpabiliser, c'est raté. » C'est surtout faux, parce qu'elle y arrive mais je ne dois pas lui montrer. Ce ne sont pas ses mots qui me font mal, mais les pleurs de Lucy. Mais Primrose a rejeté Lena au profil de Lucy et il est hors de question que j’accepte ça ni aujourd’hui, ni jamais. Pas alors qu’elles sont si petites. Plus tard, peut être qu’elle s’entendra mieux avec l’une que l’autre, qu’elle aura plus de centres d’intérêts avec l’une que l’autre mais là elles ne sont que des bébés qui réclament de l’affection de la part de leur tante qui dit les aimer. Et elle m’énerve Prim. Parce qu’elle me fait me sentir mal en tant que mère, me sentir nulle parce que je n’arrive pas à m’occuper de mes filles toute seule et qu’en plus elle me fait douter sur ma façon de gérer les choses. « Et je ne suis pas contrariée, je suis blessée parce qu’avec ton attitude tu repousses Lena, tu rejettes ma fille et après tu oses dire que tu aimes ta famille et tu veux que je te fasse confiance ? » Je maintien son regard, je ne baisse pas les yeux cette fois, je ne vais pas la laisser me dire comment je dois m'occuper de mes filles ou même juger ma façon de m'occuper des jumelles. Je l'ai invité chez moi, j'étais prête à lui confier ma fille, elle n'en a pas voulu, et bien tant pis, je me débrouillerai, après tout c'est pas la première fois que je dois donner le biberon à Lena tout en m'occupant de Lucy. « Je peux m’occuper de mes filles sans ton aide, je le fais depuis trois mois. » Je dépose Lena quelques secondes dans le cousin d’allaitement, le temps de venir me placer devant Primrose et d'attendre qu'elle me donne Lucy. Je la regarde et cette fois c'est moi qui la défie. Tu avais l'occasion de faire tes preuves Prim, tu as échoué. Je ne suis pas Caleb. Je n'ai pas confiance et ce n'est pas prêt de changer.
« Comme tu l’as dis je suis la mère de Lucy et Lena et si tu fais ce que tu veux de ta vie, je m’assurais toujours que tu sois dans un état normal quand tu viendras voir mes filles. Ce n’est pas pour toi que je m’inquiète mais pour elles. » Je crois que j’aurai beau essayer de lui faire comprendre que je ne veux aucun mal à ses filles, que jamais je ne viendrai les voir si je n’étais pas en état, si je ne me sentais pas apte, Alex jouera les sourdes de la plus superbe des manières et n’écoutera toujours qu’elle. Alors je laisse tomber ce sujet, je ne réponds pas parce que cela n’en vaut pas la peine. Cela risque de monter un peu plus, de me prendre le cerveau plus qu’il ne le faudrait et je pense qu’elle comme moi sommes bien trop fatiguées ce matin pour songer à pouvoir contrôler nos mots et nos humeurs - même si je trouve que je fais preuve d’une grande patience, contrairement à elle qui m’attaque sur tous les fronts en prenant ses jumelles en guise de boucliers, comme pour m’avertir et me rappeler ce que je peux perdre au moindre faux pas. Chose que j’ai conscience, que je ne peux ignorer, encore moins après ce Noël avec les parents qui gagatisaient autour de leurs petites-filles et Alex qui a l’air d’être revenue dans leurs bonnes grâces. Je n’ai pas besoin qu’elle me remémore tout cela, n’ayant pas attendu qu’elle réapparaisse pour foutre en péril ma relation avec ma famille, en premier lieu avec Caleb.
« Il y a quelques secondes le problème ça semblait être Lena pourtant. Et maintenant si tu préfères t’occuper de Lucy c’est à cause de moi ? » Elle ne comprend vraiment rien. Ou alors je ne m’exprime pas assez clairement. L’un dans l’autre, je m’en agace un peu plus à chaque fois, dorlotant Lucy dans mes bras de la plus délicate des façons. “Le problème n’a jamais été Lena ou Lucy, il est Alex et Prim.” Cela est pourtant limpide, non ? Oui, j’ai refusé Lena et j’ai pris Lucy parce qu’elle est ma préférée des deux. Oui, j’ai voulu prendre Lucy parce qu’Alex m’a contrarié. Mais c’est bien sur ce dernier point que ma charmante future belle-soeur a l’air de ne pas intégrer. Je suis venue avec un drapeau blanc, proposant une aide qu’elle avait l’air d’avoir besoin. Je n’ai pas fui parce que mon frère n’est pas là, je suis en train dans la cage aux lionnes de moi-même, pleine de bonnes volontés. Mais Alex a tout gâché avec ses interrogations et ses sous-entendus douteux. La contrariété qui m’a donc empêchée de contrer mon envie de la contrarier en retour ; chose faite, maintenant. Même si évidemment, elle trouve le moyen de rejeter la faute sur moi - parce que précieuse Alex, nouvellement maman, ne fait plus de faux pas, c’est bien connu. Elle a son rôle de mère, l’aura qui va avec, elle a monté un échelon nouveau dans l’échelle de la société qui reste toujours plus acceptable que le mien, creusant un peu plus le fossé de nos différences - alors qu’il fut un temps où j’adorai sa compagnie. Cette époque semble si lointaine à présent.
« Caleb te fait confiance peut-être mais pas moi. » Alex s’échappe dans la cuisine et je me retrouve seule face à cette remarque qui ne me surprend pas et à un bambin qui reprend en force des cris et des larmes. Je fais du mieux que je peux pour l’occuper et la distraire le temps que sa mère finisse avec sa soeur, une pointe de culpabilité apparaissant un peu en moi, que je hais aussitôt. « Mais tu te trompes, je te considère pas comme une menace pour les jumelles. » J’arque un sourcil tout en prenant la serviette, certainement destinée à éponger un peu le regard rougi et les joues aux larmes sèches d’une Lucy dans mes bras qui se fait plus forte que jamais. « Par contre, si tu penses pouvoir m’atteindre en me faisant culpabiliser, c'est raté. » J’opte pour une autre tactique, passant la serviette par-dessus mon épaule avant de jeter un coup d’oeil au parc des jumelles et d’y attraper une peluche qui traine. J’entends à peine Alex qui me parle du canapé, visiblement plus concentrée à lui montrer que je peux quand même m’occuper de sa fille, confiance de rigueur ou non. « Et je ne suis pas contrariée, je suis blessée parce qu’avec ton attitude tu repousses Lena, tu rejettes ma fille et après tu oses dire que tu aimes ta famille et tu veux que je te fasse confiance ? » Je lève mes yeux vers elle alors que je fais bouger la peluche en face de Lucy, dont les yeux s’y accrochent, ses doigts suivant rapidement le geste, le fourrant sa bouche. A défaut de ne pas avoir son lait, elle a au moins quelque chose à se mettre sous la dent (ha) et offrir un peu de répit à nos paires d’oreilles. « Je peux m’occuper de mes filles sans ton aide, je le fais depuis trois mois. » Le menton relevé, Alex se trouve en face de moi, les mains tendues vers sa fille que je tiens. “Je ne te supplierai jamais d’avoir ta confiance. Penses ce que tu veux, Alex. Mais tant que tu seras avec mon frère, on sera toujours forcées de se voir. Que je passerai toujours pour voir mes nièces et mon frère. Que je serai toujours aux aguets pour savoir si tu le blesses ou non.” Sans plus de résistance, je lui transmets délicatement Lucy dans les bras. “Si tu n’es pas fichue de savoir que dans une famille, on s’entraide malgré les turbulences, je crois que tu ne te facilites pas la vie. Ne me dis pas que tu n’accepteras pas un peu de répit, je ne te croirai pas.” De toute façon, ses poches sous les yeux parlent pour elle.
“look inside, look inside your tiny mind, now look a bit harder. 'cause we're so uninspired. so sick and tired of all the hatred you harbour” feat @alex clarke & @Primrose Anderson
“Le problème n’a jamais été Lena ou Lucy, il est Alex et Prim.” Le problème c'est nous deux, notre relation et le fait que l'une des personnes les plus importantes pour nous se trouve être la même personne et que cela nous oblige à nous côtoyer, à défaut de nous apprécier. Le problème il est là et pourtant c'est Lena qui en fait les frais. C'est Lena qu'elle a rejeté, pas moi, mais ma plus jeune fille et si jamais je ne l'interdirai de passer du temps avec mes filles, je ne la laisserai jamais se comporter de la sorte avec elles. « Que tu m'aimes pas je m'en fous vraiment. Je peux le gérer, mais ne t'avises pas de reporter ta colère contre moi sur les filles. » C'est à la fois une information et peut-être un peu une menace, parce que j'ai vu la façon dont elle a favorisé Lucy, j'ai vu surtout la façon dont elle a repoussé Lena et c'est pas une chose anodine à mes yeux quoiqu'elle en dise. Quoiqu'elle pense, si c'est ainsi qu'elle veut me faire payer la relation conflictuelle que l'on a, je ne me laisserai jamais faire. Et si les choses ne risquent pas de s'arranger entre nous, je la laisse pourtant porter Lucy, je la laisse bercer ma fille parce que je constate qu'elle le fait bien, qu'elle est douce avec Lucy, qu'elle la tient avec prudence et Lucy a besoin de ça en ce moment alors je la laisse faire. Jusqu'au moment ou les pleurs de Lucy se font entendre à nouveau, ce moment qui devait arriver, celui ou elle réclame à manger, ou elle me réclame sauf que j'ai Lena dans les bras et je me sens frustrée et énervée de ne pas pouvoir subvenir au besoin de ma fille. Ca me blesse dans mon rôle de mère, ça me culpabilise aussi et pourtant je ne dois rien lui montrer à Primrose. C'est bien la dernière à qui je veux montrer mes failles, devant laquelle je veux me montrer faible et vulnérable. Alors, je ne dis rien, je m'occupe de Lena en essayant de faire abstraction des pleurs de Lucy. Ce n'est pas la première fois qu'elle pleure, et pas la dernière non plus. Mais je me sens mal pourtant, vraiment d'entendre ma fille pleurer. Je doute de mes compétences souvent, la fatigue n'aide pas aujourd'hui, et la présence de Prim face à moi ajoute encore un peu plus de pression. A croire que malgré tout ce que je dis, malgré le fait que je me moque de ce qu'elle puisse penser, j'ai encore l'impression d'avoir des choses à prouver. A elle. A lui. A moi même aussi sans doute. Je m'occupe de Lena, une fille à la fois et Prim tente malgré tout de calmer Lucy et même si je ne lui dirais pas j'apprécie de la voir tenter des choses et ne pas juste poser Lucy et partir. Elle pourrait. Est-ce que ça m'étonnerait ? Pas du tout. Mais elle ne le fait pas, et elle tente plusieurs choses avec Lucy et c'est finalement quelques bons points qu'elle marque à ce moment, même si je suis trop énervée, trop fatiguée pour le lui dire et trop occupée aussi avec mes filles. Lena installée en sécurité sur le canapé, je m'avance vers Primrose pour récupérer ma seconde fille. Et peut-être que c'est mon insécurité qui parle, qui fait que je suis froide envers la tante de mes filles, mais j'ai assez à gérer avec des jumelles pour me montrer amicale avec elle, pour me forcer à l'être. “Je ne te supplierai jamais d’avoir ta confiance. Penses ce que tu veux, Alex. Mais tant que tu seras avec mon frère, on sera toujours forcées de se voir. Que je passerai toujours pour voir mes nièces et mon frère. Que je serai toujours aux aguets pour savoir si tu le blesses ou non.” Je récupère Lucy tout en lâchant un léger rire, ironique sans doute, en fixant Primrose. « Tu devrais déjà t'occuper de toi Poppy et éviter de le blesser avant de te mêler de notre vie. » Je pense qu'à ma voix elle verra que je n'ai pas apprécié sa remarque que je la trouve en plus de ça légèrement hypocrite. J'accentue le ton sur son surnom, celui derrière lequel elle croit se cacher la nuit. Je l'accentue pour bien lui montrer qu'elle peut jouer à la sœur modèle, ça ne prends pas avec moi. Oui j'ai blessé Caleb, et je l'ai payé pendant des années. Je m'en suis voulue, et j'ai mis très longtemps à me dire que je méritais d'avoir cette seconde chance, mais désormais c'est derrière moi. Ou presque. « Et puis tu parles de confiance, mais il me semble que tu n'as pas confiance en moi toi non plus. » Je berce Lucy contre moi qui s'était calmée quelques secondes mais qui se remets à pleurer alors que je parle de manière assez sèche à Primrose qui me semble encore douter de mes sentiments pour son frère, de mon sérieux et de mon investissement dans notre couple. « Et tu sais j'ai encore l'impression que tu crois que je vais partir. Tu dis tant que je suis avec ton frère, sauf que bientôt ton frère ce sera mon mari et tu devras t'y faire, je ne pars plus que ça te plaise ou non. » J'insiste cette fois sur le mot 'mari' Je suis là et je n'ai plus l'intention de blesser son frère et encore moins de le quitter donc elle devra s'adapter à cette idée et arrêter d'espérer que les choses foirent entre son frère et moi, parce que je ne laisserai pas ça arriver. « Une famille ? Tu parles de famille alors que tu veux qu'une chose c'est que je dégage ? Je n'ai jamais refusé l'aide de ta famille, ta mère, tes sœurs ont toujours été les bienvenues chez moi. Mais excuse moi de ne pas me sentir à l'aise à côté de toi alors que tu n'attends qu'une chose c'est que j'échoue que ce soit avec Caleb ou dans mon rôle de mère. » Je m'emporte un peu, sans doute beaucoup même. Mais je suis épuisée, Lucy pleure, Lena se remet à pleurer à son tour et j'ai besoin de repos, de calme et Primrose au lieu de m'aider semble vouloir me pousser à bout. Même si elle ne fait pas grand chose pour ça, sa présence suffit en soit. Je lui tourne le dos, pour cacher le fait que cette matinée, bien que ça ne soit que le début, semble avoir raison de moi peu à peu. « J'ai plus la force aujourd'hui. Je veux juste que les filles aillent bien, alors si tu veux prendre Lena et la bercer fais le, sinon sors de chez moi. » Je suis épuisée, un peu plus que je ne le pensais finalement et entendre mes filles pleurer encore et encore ça n'aide pas. Je m'installe sur le canapé, en donnant la tétine à Lena tout en installant Lucy contre moi pour lui donner le sein, caché derrière un linge pour éviter de m'exhiber devant la sœur de mon fiancé. D'un doigt j'essuie les larmes sur les joues de ma fille, et du revers de la main les miennes. Je me concentre sur Lucy, je sens ma fille se détendre contre moi et me regarder en souriant et je lui souris en retour. Il n'y a finalement que ça qui compte, Lucy et Lena et le reste n'est plus si important et tout ce que Primrose ou quelqu'un d'autre pourra dire ou faire ne peut pas me faire de mal. Je peux le supporter et ne pas m'emporter puisqu'elles sont là et qu'elles sont tout ce dont j'ai besoin. Elle et Caleb. Notre famille et Primrose devra s'y faire. Et alors que j'allaite Lucy, je prends mon téléphone pour envoyer un simple texto à Caleb. "Ta sœur est à la maison ..." Et je me replonge dans les yeux clairs de ma fille, loin de mes problèmes.
« Que tu m'aimes pas je m'en fous vraiment. Je peux le gérer, mais ne t'avises pas de reporter ta colère contre moi sur les filles. » A quel moment je- Vous savez quoi, je crois que je vais passer outre ce détail. Je ne suis pas en état de me débattre sur le ridicule de ses propos ni en quoi je reporte ma colère contre ses précieuses filles. Si elle pouvait cesser d’être aussi exaspérante aussi, cela pourrait nous aider grandement. Je ne suis peut-être pas maman, mes raisons d’être fatiguée ne sont peut-être pas aussi honorables que les siennes mais cela ne soustrait pas le fait que je le suis, et que cela ait un impact sur ma patience qui se réduit un peu plus à chaque minute. Vois cela comme une preuve que je ne veux pas de conflit, Alex, certainement pas alors que mes nerfs peuvent lâcher à tout moment. « Tu devrais déjà t'occuper de toi Poppy et éviter de le blesser avant de te mêler de notre vie. » Je me raidis instantanément. Ce nom sous lequel je passe mes soirées n’est pas supposé être connu de mes proches. Ce n’est qu’un détail et il est clair que les danseuses ne sont pas assez folles pour donner leur véritable prénom. Tout le monde a une autre identité, en même temps qu’un autre comportement, qu’un nouveau masque. Nous sommes quelqu’un de différent au club, je suis quelqu’un de différente. Mais entendre ce prénom de la bouche d’Alex me procure un arrière goût étrange et je ne peux que grimacer légèrement. D’habitude, je l’entends de la voix autoritaire de la house mom, des cris excités de mes collègues ou des murmures des clients. Il y a quelque chose de déplacé à entendre ma future belle-sœur énoncer ce prénom, sans qu’elle en ait vraiment conscience, visiblement. C’est presque malsain et franchement, c’est une limite que je ne veux pas franchir, même avec elle. Le travail reste au travail. J’ignore comment elle a pu le savoir mais je me rappelle qu’elle est journaliste. Forcément. “T’as enquêté sur moi ou quoi?” je demande avec dédain, sans pour autant véritablement le ressentir. “Je passe ma vie à m’occuper de moi, merci de t’inquiéter.” Je sais qu’elle ne s’inquiète pas. Tout comme moi je ne m’inquiète pas pour elle. Mais il y a une chose qui nous unie et sur lequel nous avons un accord commun : le bonheur de Caleb. Tels des chiens de faïence qui attendent qui sera la première à le faire craquer pour monter à la gorge et sortir les griffes. Même si la situation s’est déjà passée mille et une fois dans le passé, il est certain que ça nous apaise pas dans le présent et que le futur reste clairement incertain.
« Et puis tu parles de confiance, mais il me semble que tu n'as pas confiance en moi toi non plus. » Je penche la tête alors que mes fesses se bloquent contre le bord du canapé.« Et tu sais j'ai encore l'impression que tu crois que je vais partir. Tu dis tant que je suis avec ton frère, sauf que bientôt ton frère ce sera mon mari et tu devras t'y faire, je ne pars plus que ça te plaise ou non. » Alex a décrété vouloir insister sur beaucoup de mots, il faut croire, aujourd’hui. Après l’annonce de Caleb puis le débordement de joie sans faille de mes parents quand ils sont venus pour les fêtes de fin d’année, il est clair que c’est un détail que je ne peux pas oublier. « Une famille ? Tu parles de famille alors que tu veux qu'une chose c'est que je dégage ? Je n'ai jamais refusé l'aide de ta famille, ta mère, tes sœurs ont toujours été les bienvenues chez moi. Mais excuse moi de ne pas me sentir à l'aise à côté de toi alors que tu n'attends qu'une chose c'est que j'échoue que ce soit avec Caleb ou dans mon rôle de mère. » Elle a raison ; je l’attends au tournant. Mais est-ce qu’elle est plus conciliante avec moi ? Est-ce qu’elle peut me blâmer d’être là pour mon frère alors que j’ai vu, de mes propres yeux, tout le mal que ça lui a foutu quand elle est partie la première fois ? Elle peut bien lui faire une dizaine de gosses et renouveler ses vœux tous les ans que rien ne pourra apaiser ce doute qui persiste au fond de moi. Un doute qui ne veut pas m’abandonner, pas alors que j’ai eu l’impression d’être trahie aussi dans l’équation. Mais ce n’était pas moi le plus important, c’était Caleb.
Les gamines commencent à se mettre à pleurer. Mon regard part d’Alex pour se diriger vers Lena, sur le canapé, les trois filles ayant décidément de se faire une compétition d’octaves sur celle qui criera le plus fort. Alex n’a pas crié mais elle s’emporte, clairement. Chose naturelle quand on se retrouve seules, il faut dire. « J'ai plus la force aujourd'hui. Je veux juste que les filles aillent bien, alors si tu veux prendre Lena et la bercer fais le, sinon sors de chez moi. » Je n’ai même pas besoin de réfléchir, à vrai dire. Je suis venue pour mes nièces alors je reste pour mes nièces. Je m’installe sur le canapé avant de prendre Lena dans les bras, au plutôt assise sur mes cuisses, dos contre moi et trois doigts tenant chacune de ses petites mains potelées. “J’ai été là quand t’es partie. J’ai été là quand Victoria est partie.” Même si les circonstances furent différentes. “J’ai été là quand ça allait mal. J’ai vu ce que ça lui a fait. A chaque étape. Alors excuse-moi de ne pas prendre tout ça avec des pincettes.” Tout ça englobant les filles, le chien, la maison, le restaurant, le mariage. Tout ce qui me semblerait presque trop beau pour être vrai tout d’un coup. “J’ai conscience que t’aimes Caleb et tes filles. Mais parfois, l’amour peut faire faire des folies, t’es bien placée pour le savoir.” Je lance un regard en biais avant de soupirer et de jouer avec les mains de Lena tout en bougeant légèrement mes cuisses pour la faire sauter doucement. Cela semble la calmer et je me permets de l’embrasser sur le haut de son crâne - elle a l’odeur typique d’un bébé, c’est adorable.
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Il a fallu un message. Un texto pour que je comprenne que j’allais devoir rentrer au plus vite. Ma sœur est à la maison, Primrose est à la maison avec Alex et le simple message d’Alex me fait facilement comprendre que ça ne se passe pas bien. "Ta sœur est à la maison ..." Un message simple mais efficace. Elle n’a pas besoin d’en dire plus et en le lisant je soupire. Parce qu’elles ont trente-et-un et vingt-sept ans et elles me font toutes les deux penser à deux gamines à l’école qui se détestent sans en connaître la vraie raison. C’est énervant, c’est désespérant et pourtant j’ai l’impression que quoi que je fasse, quoi que je dise rien ne s’arrangera jamais entre elles. Pas même le jour de notre mariage, malheureusement. Naïvement, j’avais même osé penser que peut-être que la naissance des jumelles finirait par apaiser les tensions entre-elles. Parce que Prim est la tante de Lucy et Lena, et Alex la mère de ses nièces. Que ça leur plaise ou non. Alex est dorénavant la personne la plus importante dans ma vie avec mes filles, et Prim n’est pas très loin derrière. Ma sœur, c’est elle. C’est l’une des personnes qui a été le plus présentes pour moi lors des périodes les plus difficiles de ma vie et je pense même pouvoir dire qu’elle a été la personne la plus présente pour moi dans ces moment-là. Elles pourraient toutes les deux prendre sur elles, elles pourraient faire des efforts et tenter d’oublier quel que soit le différend qui les éloigne aujourd’hui. Mais non, elles ont choisi de se détester, malheureusement.
Je lis ce message et je termine en quelques minutes mon rendez-vous avec le fournisseur, je remplis quelques papiers rapidement parce que ce message envoyé par Alex, c’était un peu comme un appel à l’aide, non ? Du moins, je l’interprète comme ça. Si elle voulait simplement me prévenir de l’arrivée de ma sœur chez nous, elle aurait remplacé les petits points par pleins de smiley. Parce que les smileys dans les messages, elle adore ça, Alex. J’emporte tout de même quelques papiers avec moi et je quitte l’Interlude pour prendre la direction de la maison et heureusement que ce n’est pas très loin. Environ quinze minutes plus tard je suis sur le point d’arriver et j’appréhende presque. Je me demande si ma sœur est toujours là ou si elle est partie en courant après une dispute qui aurait sûrement été complètement ridicule avec sa belle-sœur ? Je me demande aussi si, quand je vais pousser la porte d’entrée elles seront toutes les deux en train de crier se chamaillant toujours pour une raison qui serait assez ridicule ? Mais il est temps d’arrêter de se poser des questions et je glisse mes clés dans la serrure pour ouvrir la porte. Pas de cris, pas de sang sur les murs mais à peine un pied à l’intérieur que j’arrive à ressentir toute la tension accumulée depuis tout à l’heure. Tour à tour, mon regard se pose d’abord sur Alex allaitant Lucy et puis sur ma sœur, tenant Lena assise sur ses genoux. Cette vision me fait sourire et je prends enfin la parole alors que je me dirige vers Lucy et Alex. « Comment vont mes princesses ? » Et comme à chaque fois que je parle à mes filles ou bien quand je parle d’elles, ma voix se transforme et devient bien plus aigue, presque niaise. Je dépose un léger baiser sur les lèvres d’Alex et j’embrasse doucement la joue de Lucy avant d’aller vers ma sœur que je salue juste avant d’embrasser Lena à son tour. Elle sourit en me voyant et instinctivement, moi aussi je souris en prenant une de ses petites mains. « Ça fait longtemps que tu es arrivée ? » Cette fois c’est à Prim que je m’adresse et je vous assure que ma voix a retrouvé son timbre normal. « Tu veux quelque chose à boire ? » Je demande à ma sœur, constatant qu’Alex ne lui a rien servi – et j’espère donc qu’elle vient tout juste d’arriver. – Je les laisse seule pour m’éclipser dans la cuisine pour me préparer un café. « Tu veux quelque chose bébé ? » Que je demande assez fort pour qu’elles puissent m’entendre du salon.
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Il y a des jours ou malgré tout l'amour que je porte à mes filles, j'aimerais pouvoir rester coucher un peu plus, dormir juste un peu plus parce que je manque cruellement de sommeil et depuis leurs réveils elles n'arrêtent pas de pleurer dès que l'une d'elle n'est pas dans les bras d'un adulte et je vous assure que les entendre pleurer n'a rien d'agréable et c'est à la fois fatiguant et frustrant de voir que je ne suis pas en mesure de les apaiser toutes les deux, ou du moins pas longtemps. Je suis fatiguée et c'est pas l'arrivée de Primrose à l'improviste qui va arranger les choses, loin de là. Je suis pas agréable avec elle, je prends mal la moindre chose qu'elle dit ou qu'elle fait, mais ce serait trop facile de mettre ça sous le compte de la fatigue, non c'est juste l'effet Primrose ça. Elle n'a pas à dire grand chose pour que je réagisse, pour que je me sente jugée et je n'aime pas ça. Je n'aime pas qu'elle sous-entende qu'elle me surveille en attendant de savoir si je vais blesser son frère ou pas. Je sais que je lui ai fais beaucoup de mal et je n'ai pas besoin de la savoir tourner autour de nous en espérant un faux pas de ma part, surtout que je considère que niveau faux pas, elle a assez à gérer de son côté. Elle aussi elle a blessé Caleb dans un sens. Et je lui rappelle en lâchant son nom de 'scène', celui derrière elle croit se cacher. Et visiblement elle ne savait pas que je connaissais son petit nom. “T’as enquêté sur moi ou quoi?” Je lève les épaules sans lui répondre. Bien sur qu'une partie de moi voudrait lui dire que je n'ai pas vraiment enquêté sur elle, du moins pas une enquête approfondie. Je ne veux pas être entre elle et son frère, ça m'a déjà coûté beaucoup alors j'ai arrêté de fouiner le jour ou j'ai compris que ça risquait de me mettre en difficulté si je venais à apprendre des trucs sur elle. Mais, oui j'ai enquêté sur elle, du moins enquêtée est un bien grand mot, je me suis renseignée parce que quand j'ai appris ce qu'elle faisait, je me suis inquiétée pour elle. Bien avant que la relation avec Caleb ne redevienne ce qu'elle est aujourd'hui. Je me suis inquiétée pour la petite sœur de l'homme que j'aimais, mais ça je ne lui dirais pas. Comme si lui avouer ça, serait une marque de faiblesse de ma part. « Je ne m'inquiète pas pour toi, tu fais ce que tu veux de tes nuits. » C'est froid comme réponse, et un peu faux aussi. Bien sur que je m'inquiète un peu pour elle, au moins parce que je sais que s'il venait à lui arriver quelque chose de mal, Caleb souffrirait et je ne veux pas ça pour lui. Ni pour elle d'ailleurs. Mais c'est à Caleb que je pense en premier parce que c'est à son bonheur que je pense, celui de Primrose n'est que secondaire à mes yeux. Elle ne m'aime pas, elle n'a pas confiance en moi et je suis certaine qu'elle espère encore que je quitte son frère, que je sorte de leur vie, sauf que ça n'arrivera pas et je lui redis tout ça. J'ai beaucoup à prouver à Caleb, mais je ne lui dois rien à elle et l'idée de la savoir rodant autour de nous en espérant que j'échoue me dérange énormément. Sans doute pour ça d'ailleurs que sa présence me rends aussi froide et aussi dure. Et c'est peut-être parce qu'une part d'elle me rappelle constamment mon passé, et ce que j'ai fais que je ne me sens pas à l'aise en sa présence. Elle veut que j’échoue j'en suis persuadée, et parfois j'ai moi même peur d'échouer. Je n'ai pas besoin qu'on m'attende au tournant, pas besoin de sentir la pression sur moi, je me la mets toute seule et ce matin, j'ai l'impression d'échouer un peu avec mes filles alors qu'elles pleurent toutes les deux et que je me sens faiblir.
Je lâche l'affaire, je baisse les armes, que j'étais la seule à avoir lever et je me concentre sur Lucy, la seule que je peux apaiser à ce moment précis. Parce que ça je peux le faire, et je suis même la seule à pouvoir le faire. Et je demande à Primrose, à ma manière, de prendre le relais avec Lena pour qu'elle puisse apaiser ma fille et elle n'émet aucune réserve, elle accepte cette fois de s'occuper de Lena et je la regarde faire quelques secondes avant de reporter mon attention sur Lucy posée contre moi. “J’ai été là quand t’es partie. J’ai été là quand Victoria est partie.” Je ne relève pas la tête. Je reste focalisée sur ma fille qui est accrochée à moi. Je ne regarde pas Primrose, je ne veux pas parler de ça. Ni de mon départ, ni de Victoria. Ce sont déjà deux sujets délicats avec Caleb, je n'ai absolument pas envie d'entendre quelqu'un d'autre me parler de mes erreurs ou me parler d'elle. “J’ai été là quand ça allait mal. J’ai vu ce que ça lui a fait. A chaque étape. Alors excuse-moi de ne pas prendre tout ça avec des pincettes.” Mon pied s'agite, tape sur le sol marquant le fait que je n'aime absolument pas la tournure de la conversation. Et je ne sais même pas au fond si elle parle des conséquences de mon départ ou de la mort de l'ex fiancée de Caleb. J'en sais rien et c'est même pas ça le plus important, enfin je crois. « Parce que tu crois que j'ai pris tout ça à la légère ? Tu crois que tout a été facile pour moi peut-être ? Que je n'ai pas conscience de la chance que j'ai ? » Elle a été là pour son frère quand il allait mal, que ce soit ma faute ou non, et c'est tout à son honneur. Elle a soutenu son frère quand il en avait besoin et pour ça, je crois que je pourrais la remercier un jour, mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, j'ai presque envie de lui rappeler que quand je suis revenue à Brisbane, il n'allait pas bien. Peut-être pas autant que ce qu'elle a connu, mais il n'était pas heureux et j'ai réussi à le faire sourire à nouveau et elle pourrait au moins me laisser ça. Parce que j'ai mis du temps à accepter l'idée que si Caleb me faisait du bien, je lui en faisais aussi, mais désormais je le sais et j'ai presque envie de lui balancer ça à la figure. De lui dire, qu'elle ne pourra jamais le rendre heureux comme je le fais, que quoiqu'elle fasse, elle ne pourra pas l'aider à réaliser ses rêves alors que moi je le peux. Mais ce serait puérile et je n'ai plus envie de l'être. Je regarde ma fille, et si Primrose ne le sait pas, moi je sais tout ce que j'ai du faire pour arriver à ce moment. La maison, les enfants, le futur mariage. Tout ce que j'ai du traversé pour me sentir prête pour tout ça. Des cris, des larmes, de la douleur, mais tout ça finalement ça en valait la peine, parce que désormais j'ai conscience de ce que j'ai, et surtout que je ne peux pas vivre sans elles, sans Caleb, sans tout ça. “J’ai conscience que t’aimes Caleb et tes filles. Mais parfois, l’amour peut faire faire des folies, t’es bien placée pour le savoir.” Une demi-phrase gentille et une nouvelle pique de sa part. Je l'imite, je soupire. « Oui j'aime Caleb et j'aime mes filles. Je pourrais mourir pour eux, alors oui l'amour peur faire faire des folies, mais ne me fais pas croire que tu comprends, tu n'aimes personne, tu ne t'aimes même pas toi, sinon tu ne ferais pas ce que tu fais. » C'est gratuit et c'est méchant, mais elle n'hésite pas à faire référence à mes erreurs, alors pourquoi je m'en priverais moi aussi ?
Dobby, quitte son panier et passe devant moi en courant la queue qui s'agite dans tout les sens, et je sais très bien ce que ça signifie. « Caleb arrive. » Je préviens Primrose comme si par cette simple phrase, j'enterrais la hache de guerre pour quelques minutes, au moins en présence de Caleb. Ma main qui caresse doucement le front de Lucy, je regarde la porte d'entrée, j'attends qu'il rentre pour qu'il puisse m'aider à me sentir mieux. Parce que je vais toujours un peu mieux quand il est prêt de moi. Il arrive et le silence qui règne semble un peu trop solennel d'un coup. Heureusement il prends rapidement la parole avec sa voix si douce et un peu niaise du papa gaga qu'il est. « Comment vont mes princesses ? » Je tente un sourire en le voyant s'approcher de moi. « Elles ne me laissent aucun répit ce matin, elles pleurent dès qu'on les pose mais sinon elles vont biens. » Je réponds de façon assez brève, pas de détails, juste l'essentiel et dis avec une voix qui n'a rien de ma voix douce habituelle quand je parle d'elles. Je suis bien trop fatiguée finalement, même pour faire semblant. Je prolonge quelques secondes le baiser que Caleb me donne, rien de trop démonstratif, pas devant sa sœur, je sais qu'il n'aime pas ça, mais j'ai besoin de ce tout petit moment pour me détendre un peu et je le regarde se pencher vers Lucy qui a visiblement décidé de prendre tout son temps pour profiter pleinement et prolonger ce moment dans mes bras, sa petite main qui agrippe ma peau. Et j'essaye sincèrement de me détendre pour éviter qu'elle sente mon agacement et aussi pour que ce soit légèrement moins douloureux pour moi parce que même si j'adore ce moment avec ma fille, quand je suis tendue comme ça, ce n'est ni agréable pour elle, ni pour moi. Elle ne semble pas s'en plaindre mais moi je le sens et je bouge un peu pour essayer d'être un peu plus confortable. Caleb s'adresse à sa sœur, et j'écoute d'une oreille sans intervenir, restant tout de même à l’affût de ce qu'elle pourrait dire ou faire. Il finit par quitter le salon pour rejoindre la cuisine. « Tu veux quelque chose bébé ? » Une cigarette, un long café bien corsé, dormir, que ta sœur parte, je veux pleins de choses que je ne peux pas avoir. « Un thé glacé merci chéri. » Je parle assez fort pour qu'il m'entende faisant même un peu sursauter Lucy qui commençait à s'endormir contre moi. Bravo Alex ! Et c'est bien plus bas que je m'adresse à Primrose cette fois. « Ton frère est là maintenant, c'est lui que tu es venue voir, je peux faire semblant pour lui mais ne l'implique pas dans nos problèmes. » Une fois il a essayé de nous réconcilier, et on peut pas dire que ça ait eu un impact très positif, loin de là. Alors je vais faire semblant, même si je suis fatiguée, je vais le faire pour Caleb.
« Je ne m'inquiète pas pour toi, tu fais ce que tu veux de tes nuits. » Dit-elle avec toute la froideur que la reine des glaces qu’elle peut être avec elle répond. C’est épuisant, à force, d’être constamment jugée sur son métier, sur son étiquette qu’on fout le front parce que c’est facile. Je ne suis pas mère, je ne suis pas journaliste, je ne suis pas chef, je n’ai pas l’ambition qu’eux peuvent avoir, et alors ? Mais je laisse tomber, la remarque étant pertinente de toute façon ; je fais ce que je veux de mes nuits autant que de mes jours. Alex serait vraiment en dernière position pour critiquer et juger tous mes choix de vie de toute façon. « Parce que tu crois que j'ai pris tout ça à la légère ? Tu crois que tout a été facile pour moi peut-être ? Que je n'ai pas conscience de la chance que j'ai ? » Oh elle en a sûrement conscience. Elle doit même faire une prière tous les soirs avant de dormir pour espérer avoir encore tout le lendemain, que ce ne soit pas qu’un rêve. Je n’ignore pas l’impact qu’Alex a pu avoir sur Caleb, aussi bien dans le négatif que sur le positif. J’ai l’intention de croire que cela va durer, que j’espère me tromper parce que je souhaite vraiment que mon frère soit heureux - et par affiliation, cela concerne aussi Alex malgré tout. “C’est toi qui est partie. Donc n’essaie pas de me faire pleurer.” Tu n’y arriveras pas, inutile que je le dise, ça t’entends très clairement. Elle s’est enfuie sans un regard en arrière une fois. Vraiment, je m’accroche à l’idée qu’elle ne va pas le faire une deuxième fois. Je compte aussi beaucoup sur Caleb pour faire ce qu’il faut si jamais cela arrive, surtout qu’il y a maintenant deux bambins qui dépendent d’eux, ils ne peuvent plus se permettre d’être égoïstes. « Oui j'aime Caleb et j'aime mes filles. Je pourrais mourir pour eux, alors oui l'amour peur faire faire des folies, mais ne me fais pas croire que tu comprends, tu n'aimes personne, tu ne t'aimes même pas toi, sinon tu ne ferais pas ce que tu fais. » Elle a vraiment de la chance que j’ai Lena sur mes jambes et qu’elle occupe aussi bien mes phalanges que le reste de mon corps parce que sinon, j’ignore ce que j’aurai pu lui faire. Sûrement que ça serait à rire parce que vu ma corpulence fluette face à celle d’Alex qui est plus menue que moi, il est clair qu’un débat physique serait perdu d’avance pour moi. Mais j’ai une bouffée d’adrénaline qui monte jusqu’à ma tête et je dois serrer les dents tout en pinçant mes lèvres pour ne pas répliquer - si je parle, je suis persuadée que je vais finalement pleurer. La fatigue, c’est vraiment traître - est-ce que ça peut passer comme excuse ? « Caleb arrive. » Fuck. La fatigue aurait tous les maux du monde mais je me maitrise en allant m’occuper à respirer l’odeur de bébé de Lena, la petite ayant au moins l’intérêt de capter le mien, de me distraire et de me montrer qu’Alex a réussi à faire quelque chose d’autre que de détruire mon frère et mon intérieur déjà fébrile et fragile niveau insécurité.
Je n’ai qu’à peine le temps de me remettre de cette attaque qu’il y a la clé dans la serrure qui tourne et qui ouvre sur un Caleb qui nous observe avec méfiance dès d’entrée de jeu. Il s’attendait sûrement à nous retrouver en pleine crise, une énième, au milieu d’hurlements, de méchanceté et autres débats vigoureux comme il a pu en voir dans le passé. Mais non, Caleb, vois comme on est sagement installées sur le canapé. Vois comment ta fiancée est en maitrise d’elle-même, qu’elle est la mère parfaite qui insulte leur tante - ah non, ça, tu ne le verras pas parce qu’on va forcément te le cacher. Je ravale encore ce qui me reste des débris de l’attaque savamment orchestrée alors que Caleb finit par se dérider pour sourire et s’approcher de nous - non, nous sommes des bêtes sauvages, tu vas y arriver. Il demande comment vont les filles - lesquelles - dans une voix qui me fait sourire (enfin) autant que ma tête s’en balance en arrière dans un soupir parce qu’il est épuisant à être aussi niais. “Je vais bien aussi. Fatiguée mais bien.” Après tout, j’ai le droit de compter dans les princesses moi aussi, non ? L’odeur de Caleb contre mes narines quand il me fait une moitié d’hug à cause de l’intruse de que j’ai sur les cuisses me réconforte un peu. « Ça fait longtemps que tu es arrivée ? » J’hausse les épaules en regardant brièvement Alex. “J’en sais rien. Quinze minutes peut-être ? Assez pour que cette petite là, que je dis en agitant légèrement mes jambes pour faire sautiller Lena avec amusement, ait déjà mangé.” Pas grâce à moi mais ça non plus, Caleb n’est pas obligé de le savoir. « Tu veux quelque chose à boire ? » Est-ce que deux doigts de vodka seraient outrageants ? Clairement, vu l’heure. “Un chocolat. Avec beaucoup de crème et de mini chamallows.” On pourrait croire que j’abuse mais mon frère sait que j’en raffole, il a déjà dû anticiper ses actions alors qu’il demande la même à Alex. Cette dernière qui profite de l’absence de son fiancé pour me prendre, encore, à partie. « Ton frère est là maintenant, c'est lui que tu es venue voir, je peux faire semblant pour lui mais ne l'implique pas dans nos problèmes. » Je fronce des sourcils. “Je suis là pour Caleb et les filles. Je ne compte pas l’impliquer dans quoique ce soit. Mais si tu continues à attaquer comme tu l’as fait juste avant, ne compte pas sur moi pour ne pas craquer quand il ne faudra pas. Et là, tu ne peux pas dire que tes vacheries viennent de tes hormones, cette excuse ne fonctionne plus.” Même si Alex n’a jamais eu besoin de cette excuse, il est bon quand même de le rappeler.
Alors le pacte silencieusement fait, je sourirai quand Caleb reviendra. Parce que c’est ce qu’il y a de mieux à faire ; montrer que tout va bien dans le meilleur des mondes. A force d’y croire, on finira bien par y arriver un jour, n’est-ce pas ?
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C’est glacial, entre ma sœur et Alex. Ça l’est vraiment. Et je n’ai besoin que de quelques secondes avec elles pour m’en rendre compte. En même temps je ne peux pas dire que je suis étonné, Primrose et Alex ne se supportent plus depuis qu’elle est revenue dans ma vie. Ce n’est pas une situation très confortable pour moi et cette impression d’être coincé entre les deux commence très sincèrement à être pesante. Devant moi elles font bonne figure, elles font des efforts – et heureusement tout de même – mais je sais très bien que les rares fois où elles se retrouvent en tête à tête, les insultes doivent fuser sans aucune gêne. En rentrant rapidement suite au message d’Alex, je m’attends presque à tout mais j’espère juste qu’elles ont réussi à se tenir devant les filles. Et c’est l’impression que j’aie en franchissant le pas de la porte. Elles ne sont pas en train de crier, elles ne sont pas en train de s’arracher les cheveux mais elles ne se regardent pas et le malaise est palpable. Très clairement. Après quelques caresses à Dobby je m’avance vers Prim et Alex. « Elles ne me laissent aucun répit ce matin, elles pleurent dès qu'on les pose mais sinon elles vont biens. » Mais sinon elles vont bien. Elles pleurent sans cesse, sans s’arrêter et sans sembler réussir à s’épuiser mais elles vont bien. Ce n’est pas vraiment ce que j’appelle aller bien mais la prise de parole de ma sœur me fait sourire. “Je vais bien aussi. Fatiguée mais bien.” Comme si elle s’incluait dans le lot quand je demandais comment allaient mes princesses. Je secoue légèrement la tête de droite à gauche avant d’aller saluer ma troisième princesse, du coup si j’en crois ses dires ? Ou ma quatrième, parce qu’il y a Alex aussi. “J’en sais rien. Quinze minutes peut-être ? Assez pour que cette petite là, ait déjà mangé.” Prim est ici depuis une quinzaine de minutes et Alex ne lui avait donc rien propose à boire ou à manger ? Quelque chose me dit que s’il s’agissait de n’importe qui d’autre elle aurait déjà un café ou un verre d’eau servi pour elle. Mais j’essaie aussi simplement de me dire qu’elle n’a peut-être pas eu l’occasion de lui proposer quoique ce soit si les filles étaient vraiment agitées tout à l’heure. Je l’espère, du moins. Je pars donc en cuisine pour préparer son chocolat chaud/crème mini chamallows et le thé glacé d’Alex. Je les entends parler de loin, je ne peux pas entendre un mot de ce qu’elles se disent mais je doute fortement qu’elles soient en train de se faire des compliments et quand j’entends Lucy pleurer, je soupire. Laissant mon café couler je prends le chocolat chaud de ma sœur et le thé glacé d’Alex que je leur apporte dans le salon – avec quelques gâteaux, aussi. – « Elle a mangé en même temps que Lena ? » Je demande à Alex tout en me baissant pour prendre Lucy dans mes bras. Je la berce, j’essaie de la calmer un peu mais rien n’y fait et elle semble effectivement bien motivée à nous mener la vie dure aujourd’hui. Même si, une partie de moi ne peut s’empêcher de penser que si elle s’est mise à pleurer c’est certainement parce qu’elle a sentie toute la tension et les ondes négatives qui stagnent dans le salon. Je reste un peu dans la cuisine avec elle en essayant de la calmer, je la berce, je lui parle, je caresse son dos, j’embrasse le haut de son crâne, son front et ses mains et elle finit par se calmer. Un peu. Bien qu’elle reste tout de même un peu agitée, elle ne pleure plus autant qu’il y a cinq minutes quand elle a commencé à ne pas se sentir bien. Avec mon café et ma fille, je rejoins Primrose et Alex dans le salon et quand je m’assois, Lucy bouge un peu et ne semble toujours pas satisfaite. « On dirait qu’elle a pris la place de Lena aujourd’hui. » Je fais remarquer, puisque sa sœur semble beaucoup plus calme que Lucy aujourd’hui, ce qui est assez rare. « Tu veux faire ton intéressante parce que tata Prim est là c’est ça ? » Que je demande à ma fille, toujours avec cette voix bien trop mielleuse et certainement un peu niaise. « Ou bien tu es jalouse parce que c’est ta sœur qui est avec tata ? » Oui, toujours une question adressée à Lucy. Mais question plus ou moins légitime parce que ma sœur et Lucy semblent avoir toutes les deux créées un assez bon lien. Mais en tout cas j’ai réussi à faire sourire Lucy. Et elle sourit, alors moi aussi.
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“C’est toi qui est partie. Donc n’essaie pas de me faire pleurer.” Elle semble bien plus à l'aise quand il s'agit de rappeler mes erreurs que quand on aborde les siennes. Et ça ne m'étonne pas du tout finalement. Est-ce qu'elle pense que j'ai besoin de ses larmes pour me sentir mieux, pour alléger ma conscience ? Elle est loin de la vérité, je n'ai pas besoin de son approbation, comme je n'ai pas besoin qu'elle m'accepte finalement, ce qu'elle peut penser je m'en fous, mais ce que Caleb pense en revanche c'est une autre histoire. Et sa sœur compte beaucoup pour lui et je dois faire avec. Encaisser ses reproches sur mon passé, comme elle encaisse les miens sur son présent. On se fait du mal, pas physiquement, jamais je ne serais violente envers la sœur de Caleb, mais je ne mâche pas mes mots, parce qu'elle ne le fera pas non plus quand elle en aura l'occasion. On pourrait s'ignorer et peut-être qu'on en viendra à le faire, une fois qu'on aura dit tout ce que l'on avait à se dire, une fois que nos mots auront blessé au point d'atteindre la rupture entre nous, mais pour le moment c'est pas le cas et peut-être que ça prouve une chose : on se déteste mais on se voit et c'est en soit pas si mal non ? Elle existe à mes yeux, et si j'arrêtais d'être dure avec elle, peut-être que ça voudrait dire que son sort ne me préoccupe plus, que je suis indifférente à ce qui peut lui arriver, et ce n'est pas le cas. Pas encore et peut-être jamais. Parce qu'au fond, Prim c'est la seule qui s'est montrée très amicale avec moi, pas que les autres ne l'ait pas été, mais j'étais différente du reste de sa famille, et avec Prim c'était plus simple finalement. Sauf, que les rôles se sont inversés, et c'est la seule qui sait la vérité sur moi. La seule qui connaît l'existence de Nathan, et la seule qui puisse retourner toute sa famille contre moi. Elle a été une alliée par le passé, elle est désormais une menace et c'est peut-être finalement parce que j'ai peur d'elle que je me comporte comme ça. Comme une garce, qui ne retient pas ses mots et ses attaques, qui cherche à lui faire mal avant qu'elle ne le fasse. Je n'ai pas honte, je suis bien trop fatiguée pour réaliser que parfois je peux aller trop loin, que mes mots peuvent faire des dégâts, et c'est peut-être pas plus mal que Caleb arrive pour mettre fin à cette joute verbale qui commençait à être plus que limites entre Primrose et moi.
Un silence accueille Caleb. Un silence que j'ai longtemps espéré durant cette matinée mais qui a été de très courte durée. Sauf, que ce silence là, il n'a rien d'agréable. Il n'est pas reposant, il est oppressant et stressant et même l'arrivée de Caleb ne suffit pas à me détendre. Je suis épuisée, et quoique j'en dise, l'évocation de certaines choses de mon passé, et du passé de Caleb, m'ont peut être atteint plus que je n'aurais voulu lui faire croire. La matinée a été longue, les pleurs des filles ont épuisé mes ressources et j'ai utilisé ce qu'il me restait d'énergie pour m'en prendre à Primrose. Je n'arrive même pas à faire semblant avec Caleb quand il me demande comment vont ses filles, c'est pitoyable de ma part. Je m'en veux de me comporter ainsi, parce qu'il ne mérite pas que je sois énervée, et les filles non plus ne le mérite pas alors j'essaye vraiment de me concentrer sur Lucy qui vient de finir de prendre le sein. Je me concentre sur elle et j'écoute d'une oreille -attentive malgré tout- la discussion entre le frère et la sœur Anderson. “Je vais bien aussi. Fatiguée mais bien.” Je soupire malgré moi en entendant les mots de Primrose. Oui, oui on te voit petite princesse, on sait que tu es là. Toujours ce besoin de te faire remarquer. Je remballe mes remarques, je garde ces mots pour moi et je concentre mon regard et mon attention sur ma fille. Celle que je porte contre moi. Je la regarde et j'évite soigneusement de croiser le regard de Primrose. J'évite tout simplement de la regarder même si je ne peux m'empêcher de regarder Lena qui est sur elle, comme un moyen de m'assurer qu'elle prenne soin de ma fille. Elle vient de manger tu ne devrais pas l'agiter comme ça. Encore une fois je ne dis rien, je n'apporte aucun complément d'information, même si je sais que ça doit faire bien plus de quinze minutes qu'elle est là, mais est-ce que l'information est vraiment utile ? Je pense pas et je ne suis pas certaine de pouvoir maîtriser la façon avec laquelle je vais m'adresser à elle, alors à défaut de pouvoir me montrer sympa, je décide de me taire, chose très rare. Profites-en Prim. Je me tais le temps que Caleb est avec nous, je me tais le temps que Lucy est contre moi, essayant de me concentrer sur mon rôle de mère, mais à la minute ou Caleb rejoint la cuisine, je m'adresse à elle. Calme, discrète mais directe aussi. Ça sonne comme un avertissement ? Peut-être que c'en est un, je peux faire semblant ou au moins essayer, si elle en fait de même. “Je suis là pour Caleb et les filles. Je ne compte pas l’impliquer dans quoique ce soit. Mais si tu continues à attaquer comme tu l’as fait juste avant, ne compte pas sur moi pour ne pas craquer quand il ne faudra pas. Et là, tu ne peux pas dire que tes vacheries viennent de tes hormones, cette excuse ne fonctionne plus.” Je relève les yeux, quittant ma fille du regard quelque seconde pour fixer Primrose. « Les filles ? Les deux tu es sûre ? » Je lâche cette remarque avec un soupir, comme pour lui rappeler que je n'ai pas oublié son comportement. Que je ne suis peut-être pas prête de l'oublier d'ailleurs, même si elle tient Lena dans ses bras à ce moment, même si elle joue avec et s'en occupe, elle m'a donné de quoi la critiquer et elle n'aurait pas du. Surtout que là ça concerne mes filles. « Et je ne me cache pas derrière des excuses, j'assume ce que je te dis maintenant si tu prends ça comme des attaques c'est ton problème. » Et bien sur que ça en est, mais si ça l'atteint, si ça la blesse c'est que dans mes mots, il y a une part de vrai non ? Et ce n'est pas de ma faute si elle n'est pas irréprochable elle aussi et qu'elle me donne assez de matière pour pouvoir l'attaquer comme elle dit. J'ai à peine fini ma phrase que Lucy se met à pleurer, et je secoue la tête de gauche à droite, désespérée par ses pleurs et par mon incapacité à l'apaiser. Encore faudrait-il que j'arrive à me calmer moi même avant de vouloir calmer mes filles non ? Caleb revient dans le salon, et en me prenant Lucy des bras, il me pose une question qui me fait réfléchir quelques secondes. « Elle a mangé en même temps que Lena ? » Je regarde Primrose quelques secondes avant de répondre à Caleb qui est déjà reparti dans la cuisine avec Lucy. « Non. » Je lui dis pourquoi ? Ou je lui dis pas ? « Lena a mangé en première, je lui ai donné le biberon juste après que ta sœur soit arrivée, y'a environ trente minutes, et ensuite j'ai donné le sein à Lucy. » J'ai fais tout ça, parce que ta sœur a refusé de s'occuper de l'une de tes filles. Voilà ce que j'aurais rêvé dire à Caleb, mais je ne le dis pas, preuve que je fais un véritable effort. « Tu vois, je te laisse jouer à la tante parfaite devant ton frère, tu avais un cadeau il me semble, ce serait le moment de lui offrir il devrait être super heureux. » Je n'ai plus Lucy dans les bras, je n'ai plus ma fille sur laquelle me concentrer et je dis les choses sans retenues, peut-être même sans chuchoter, je m'en moque après tout. Je me lève et je marche un peu dans le salon, qu'est-ce que je regrette d'avoir décidé avec Caleb, d'arrêter de fumer complètement, parce que là j'aurais bien besoin d'une cigarette pour me détendre. Caleb revient dans le salon avec Lucy qui semble plus calme, et ça aussi ça ne fait que me conforter dans l'idée qu'aujourd'hui, je suis vraiment nulle. Je n'arrive même pas à apaiser ma propre fille. « On dirait qu’elle a pris la place de Lena aujourd’hui. » Oui, ou c'est juste moi qui fait en sorte qu'elle se sente mal. Je me sens coupable et depuis ce matin leurs pleurs ne font que renforcer ce sentiment d'être une mauvaise mère pour elles. La fatigue c'est traître, ça laisse toute la place aux doutes et aux incertitudes de se manifester et dieu sait que j'en ai beaucoup. Je me rassois à côté de Caleb, proche de lui et de notre fille et je joue avec la main de Lucy, qui semble toujours pas vraiment calmée. Peut-être que c'est moi, qu'elle me sent énervée, fatiguée, agacée ? Je lâche sa main et je me décale un peu, voir si elle s'apaise quand je ne suis pas là. « Tu veux faire ton intéressante parce que tata Prim est là c’est ça ? Ou bien tu es jalouse parce que c’est ta sœur qui est avec tata ? » J'écoute Caleb, je le regarde et si habituellement, cette vision arrive toujours à me faire sourire et à m'attendrir, aujourd'hui ça ne fonctionne pas. Et ses mots ont même tendance à m'énerver finalement. Tata Prim par ci, comme si ma fille allait réussir à se calmer dans les bras de sa fameuse tata et pas dans les miens. Je sais que cette pensée n'est pas bonne, je le sais mais c'est plus fort que moi, je me sens déjà nulle alors si en plus il sous entends que ma fille serait mieux dans les bras de Primrose, ça m'agace et ça me vexe, alors que je sais que ce n'est même pas ce qu'il veut dire. Mais c'est ainsi que je ressens ses mots. « Oh tu sais ma puce tu n'as pas besoin de te faire remarquer, ta tante t'apprécie déjà beaucoup plus que ta sœur. » Moi aussi je m'adresse à Lucy, j'utilise ma fille pour lancer une pique à Primrose, c'est moche, c'est pathétique et je m'en veux aussitôt. Je secoue la tête et je soupire sans oser regarder ni Caleb, ni Primrose. Je dépose un baiser sur le front de Lucy et je me lève pour ouvrir la baie vitrée à Dobby, je m'éloigne et j'en profite pour souffler un peu. Aujourd'hui, je suis définitivement bonne à rien. Même juste me taire et faire semblant je n'y arrive pas.
« Les filles ? Les deux tu es sûre ? » Je roule des yeux parce qu’elle joue sur les mots, Alex. Je sens que cette histoire de refus de nourrir l’une pour avoir l’autre juste pour la contrarier va me poursuivre pendant un moment. Mais je ne dis rien parce qu’à quoi bon rajouter de l’huile sur le feu ? « Et je ne me cache pas derrière des excuses, j'assume ce que je te dis maintenant si tu prends ça comme des attaques c'est ton problème. » Exactement, c’est mon problème, Alex, alors pourquoi tu insistes aussi lourdement à vouloir continuer à m’enfoncer ? Je n’ai jamais eu besoin de toi pour me retrouver au fond du gouffre mais il est clair que tu prends un malin plaisir à m’y faire penser à chaque occasion. Encore une fois, je ne dis rien. Parce que je n’en ai pas envie, parce que je n’ai rien à dire et parce que Caleb revient avec tout ce qu'il faut pour me distraire de la plus délicieuse des façons, mon ventre me rappelant gentiment que je n’ai pas mangé depuis la veille au soir. « Elle a mangé en même temps que Lena ? » qu’il demande en prenant Lucy de l’étreinte de sa mère alors que Lena est en train de s’appliquer à appuyer sur mes doigts avec une attention attendrissante. « Non. Lena a mangé en première, je lui ai donné le biberon juste après que ta sœur soit arrivée, y'a environ trente minutes, et ensuite j'ai donné le sein à Lucy. » Alex passe sous silence ce qu’il s’est passé entre les lignes et je la connais assez (malgré moi) pour savoir qu’elle rêverait pourtant de dire à quel point j’ai été une vilaine personne, une tante affreuse qui a laissé mourir de faim l’une au profit de l’autre juste pour agacer leur mère.
« Tu vois, je te laisse jouer à la tante parfaite devant ton frère, tu avais un cadeau il me semble, ce serait le moment de lui offrir il devrait être super heureux. » “A la tante parfaite devant ton frère” ? Pourquoi est-ce qu’elle balance ça ? Si elle compte profiter que Caleb ait le dos tourné pour me balancer une saloperie, j’ignore combien de temps je vais pouvoir encaisser. J’aime mon frère mais ma capacité à cumuler ce genre de remarques risque de vite se remplir à ce rythme-là. Avec tout ça, j’en ai oublié la raison première de ma visite et oui, un cadeau multiplié par deux parce qu’elles sont deux et que je n'en ai pas laissé une sur le côté - prends note, Alex. Cette dernière qui se lève pour commencer à faire les cents pas dans le salon, on dirait une bête en cage. Heureusement que Caleb revient. « On dirait qu’elle a pris la place de Lena aujourd’hui. » J’ignore ce qu’il veut dire par là mais Alex le comprend sûrement mieux que moi. Les jumelles, les bébés en général restent encore un grand mystère pour moi. Au-delà de savoir jouer avec eux et de leur donner leur biberon, il ne faut pas plus m’en demander. Même si je ne cache pas que j’ai hâte qu’elles grandissent pour les gâter certainement beaucoup trop. « Tu veux faire ton intéressante parce que tata Prim est là c’est ça ? Ou bien tu es jalouse parce que c’est ta sœur qui est avec tata ? » Les paroles de Caleb me font sourire - brièvement parce qu’Alex lui répond alors que personne ne lui a rien demandé. « Oh tu sais ma puce tu n'as pas besoin de te faire remarquer, ta tante t'apprécie déjà beaucoup plus que ta sœur. » Je crispe ma mâchoire tout en serrant les lèvres, piquée à vif. J’ai le coeur qui s’accélère et le cerveau qui bouillonne, j’ignore si je veux m’énerver ou véritablement me mettre à pleurer. Sûrement un peu des deux. Mais dans les deux cas, Alex aura eu raison de moi et elle a beau aller s’aérer l’esprit - j’irai bien l’enfermer dehors, tiens - je ne veux pas lui céder mes nerfs. Je ne peux pas. Pas devant Caleb qui n’a rien demandé. “J’espère qu’elle est comme ça qu’avec moi alors. Parce qu’au quotidien, ça doit être épuisant.” Rien que d’arriver au milieu des cris et des pleurs a suffi pour me faire prendre conscience de l’ampleur de la tâche. Les petites ont du caractère, à n’en pas douter. Je me lève en prenant doucement Lena contre moi, bien décidée à ne pas la lâcher parce que c’est elle qui réussit à me canaliser. “Je suis venue apporter ça.” Je me dirige vers l’entrée où sont posés les deux paquets, avec la marque du crocodile même pas voilée - j’aurai dû car je sais d’ores et déjà que mon frère va forcément avoir quelque chose à redire là-dessus - ou pire, Alex. Je viens les déposer aux pieds de Caleb avant de retourner m’asseoir. “J’ai vu, j’ai trouvé mignon, j’ai pris.” Comme je le fais souvent. Trop souvent. Ce qui m’attire toujours des problèmes. Mais ce n’est pas grave parce que ça me fait plaisir de savoir que mes nièces peuvent compter sur moi pour leur offrir des cadeaux. Le prix ne compte pas. Et si cela peut faire oublier à Caleb les paroles de sa fiancée, c’est encore mieux.