| What doesn't destroy you, leave you broken instead ▽ Wren |
| | (#)Mer 27 Jan 2021 - 21:35 | |
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what doesn’t destroy you, leave you broken instead
Ana est libre, enfin libre. Après quasiment un mois d’internement forcé dans un centre de désintoxication miteux, Ana est libre. Elle est clean aussi, plus clean qu’elle ne l’a jamais été depuis ses treize ans. Elle n’a rien fumé, ingéré ou sniffé depuis des semaines, elle n’a pas eu le droit à une goutte d’alcool non plus, vraiment ce séjour a été super fun, fun à en mourir. Elle a passé tout le temps qui n’était pas consacré aux thérapies bidons où on la traînait de force à dormir et déprimer, à envisager sérieusement de s’ouvrir les veines mais sans jamais trouver quoique ce soit de vaguement tranchant pour aller au bout de l’idée. Il n’y avait pas de couteau dans le réfectoire, même pas à bout rond, pas de fourchette non plus, tout le monde y mangeait à la cuillère des aliments visiblement pré-mâchés. Les médecins ont eu beau lui répéter que la dépression qu’elle ressentait pendant ces premières semaines était la conséquence du manque de drogue, Ana était bien plus convaincue que ce qui la faisait sombrer n’était autre que le combo enfermement + bouffe de merde. Les idées noires étaient omniprésentes et il n’y avait que le sommeil pour y échapper relativement. Elle a retenu ses larmes autant qu’elle a pu et ne les a laissées s’échapper que lors d’accès de colère qui ont laissés des marques sur les murs de sa chambre. Sans ses diverses drogues, elle s’est retrouvée incapable de ressentir la moindre émotion positive et il n’y a pas un jour où elle n’aurait pas vendu père et mère pour un rail de coke ou de kétamine, même pour juste une taffe d’herbe, quelque chose, n’importe quoi. Même une fois que le pire était passé, même quand elle a été capable de ressentir autre chose que cet état dépressif morbide, elle n’attendait qu’une chose : sortir d’ici et trouver une solution pour consommer à nouveau et tromper les tests d’urine qui l’attendaient à la sortie. Lors des séances de thérapie de groupe ou individuelles, Ana a mis un point d’honneur à se taire ou à se contenter d’insultes et de provocations diverses, elle n’avait aucune envie d’être là et de raconter sa vie à des étrangers et c’était sa façon à elle de faire la grève de la rehab. Elle savait de toutes façons que ce genre de cure ordonné par l’État ne pouvait pas s’éterniser, cela durait deux, trois, quatre semaines maxi et peu importe les avancements effectués ou pas, on vous remettait dehors avec un vague suivi et des tests d’urine obligatoires.
Alors la voilà, dehors à nouveau, elle a réussi à s’échapper en cette deuxième soirée de liberté, personne ne l’a vue sortir en pleine nuit. Elle ne sait pas comment elle va faire exactement, mais elle a besoin de sa dose et elle en a besoin maintenant. Elle ne réfléchit pas, elle monte dans sa voiture et se dirige vers la zone industrielle en ruines de Redcliffe, elle n’a pas un rond sur elle, elle a tout cramé pour se défoncer la gueule avant la rehab, elle avait largement abusé, comme si le monde n’existerait plus après la cure. Mais le monde est toujours là et elle n’a plus rien pour payer ce dont elle a besoin, et ce dont elle a besoin avant toute chose c’est de planer. D’enfin planer à nouveau, de retrouver le plaisir, l’étourdissement, l’insouciance, le frémissement. Alors elle a un plan, un plan de merde mais c’est le seul qu’elle a. Elle va aller dans les bâtiments où ses semblables se shootent sur des matelas dégueulasses. Sur ces matelas, ils perdent souvent conscience, parfois ils y font une overdose dans l’indifférence générale et leur corps est déplacé pour laisser le champs libre à un autre junkie. Si elle est assez discrète, elle peut voler la drogue d’un comateux, après tout c’est son truc de voler, c’est une des rares choses qu’elle fasse bien. Mais pas cette fois, cette fois elle est trop pressée, trop en manque, elle ne prend pas son temps, elle ne choisit pas bien sa victime. Elle est repérée et se fait refaire le portrait, encore. Cette fois ce n’est pas son propre frère qui balance les coups, mais un junkie anonyme qui est rejoint par deux autres qui ont visiblement envie de se défouler. Ana a beau se débattre et hurler des insultes, elle est coincée et ne fait pas le poids et quand elle se retrouve recroquevillée au sol les coups de pieds pleuvent. Dans son dos, son ventre, ses jambes, finalement ils ne touchent plus à son visage une fois qu’elle est au sol. Elle a le souffle coupé, elle a mal et elle veut que ça s’arrête, alors elle ferme les yeux et elle attend la mort. C’est peut-être le choix de la facilité, mais à un moment : à quoi bon ?
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| | | | (#)Jeu 28 Jan 2021 - 0:37 | |
| Wren n'avait qu'un seul principe clair: il se fichait royalement des affaires des autres. C'était ce qui l'avait fait perdurer dans le milieu pendant plus de dix ans alors qu'il n'y faisait que des passages ça et là, au gré de ses envies mais surtout des manques au fond de son portefeuilles. On lui avait répété ce mantra quelques fois mais il n'avait franchement eu besoin de l'entendre pour comprendre comment le milieu des affaires fonctionnait: connaître les problèmes des uns et des autres était une force indéniable mais il ne fallait s'en servir qu'en cas d'extrême urgence sous peine de se retrouver sous le feu des projecteurs, un fait que Wren n'appréciait guère. Il aimait faire sa petite vie dans son coin, sans qu'on vienne l'emmerder. A l'heure actuelle, il vendait de la drogue et rien d'autre, pas des informations sur les trahisons dans les gangs du coin ou sur les business à choper à droite à gauche. Ce qui l'intéressait, vraiment, c'était avant tout d'avoir des rentrées d'argents conséquentes parce qu'il en avait franchement besoin à l'heure actuelle s'il voulait envisager un renouveau. Bon, il avait clairement foiré quelque part en se faisant licencier du bar mais Wren ne voyait pas cela d'un oeil mauvais: c'était peut être le signe qu'il était temps de se prendre en main et de se lancer dans une aventure plus intéressante. Il en était loin, pour le moment, misérable dealer qui traînait au coeur de la zone désaffectée à attendre que les clients se pointent. Il y avait bien la bande de junkies qui traînaient plus loin mais ceux-là n'avaient jamais un billet pour une dose, autant dire que Doherty avait bien envie de les jarter de là à grands renforts de coups de pieds dans le cul mais il n'osait pas: il fallait rester discret, ne pas se faire d'ennemis et vendre à tout prix. Clairement, il s'ennuyait, clope au bec à attendre que les ronflements environnants cessent, lot habituel des malheureux qui avaient pris leur dose de la veille et qui avaient fini par s'endormir sans faire attention d'où étaient leurs affaires. Dans ce genre de moments, il y avait toujours un ou une aventurière qui se ramenait et essayait de choper les effets personnels de ses camarades, ce qu'on ne ferait pas pour une dose gratuite. Il l'avait vue, cette opportuniste, s'approcher et essayer de chiper ce qu'elle pouvait... Sauf que la malchance avait frappé et que bientôt, le groupe entier de bonhommes lui tournaient autour pour la passer à tabac. En soi, ce n'était pas les affaires du Doherty alors il tourna les yeux, terminant sa cigarette en toute tranquillité. Enfin, c'était ce qu'il aurait aimé parce qu'il y avait quand même quelque chose qui l'emmerdait dans cette scène: peut être le fait que la fille en question avait la même démarche que sa soeur, les mêmes cheveux colorés, le même désespoir à s'en sortir. Quelle merde! Il s'était levé malgré lui et s'était rapproché de la joyeuse bande, posant une main ferme sur le premier type qui passait par là. "Je vous conseille de vous tirer, bande de sacs à merde. Les flics arrivent pour vos petites gueules. On vole pas les dealers, ici. On frappe pas les nanas non plus." Ils auraient ri face à un autre type mais face à Wren, c'était une autre paire de manches parce qu'il avait ce regard abrupt qui promettait de mettre tout à feu et à sang si on ne respectait pas ses directives. Clairement, il en imposait, il avait cette autorité naturelle et ce charisme qui forçait à autrui à faire ce qu'il disait. Ils déguerpirent vite, laissant la pauvre petite blonde à terre, en boule. Wren s'agenouilla à ses côtés, osant un léger mouvement vers elle mais sans la brusquer, juste pour constater les dégâts dans un premier temps. "Eh, t'es en sécurité. Tu peux bouger? Parler?" Sinon, il appellerait les secours même si cela l'emmerdait que des étrangers se ramènent là avec un troupeau de flics pour faire une descente mais apparemment, Wren était d'humeur chevaleresque alors, autant aller au bout du délire. |
| | | | (#)Jeu 28 Jan 2021 - 14:23 | |
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what doesn’t destroy you, leave you broken instead
Son corps recroquevillé gît sur le sol crasseux du repaire de junkies, elle sent tous les coups de pieds qui lui arrachent des gémissements et ses quelques tentatives de se relever son vaines, alors elle abandonne. Elle attend que ça passe, elle attend la fin. Mais une voix se fait entendre et les coups s’interrompent. "Je vous conseille de vous tirer, bande de sacs à merde. Les flics arrivent pour vos petites gueules. On vole pas les dealers, ici. On frappe pas les nanas non plus." C’était donc ça la fin qu’elle attendait, peut-être pas celle qu’elle espérait mais c’est celle qu’elle a obtenue. Les yeux toujours fermés, elle perçoit la bande de drogués s’enfuir et le sauveur s’approcher d’elle. Sa première pensée n’est pas celle qu’on pourrait imaginer, ni soulagement, ni reconnaissance, elle n’envisage même pas un merci. Tout ce qu’elle souhaite c’est fuir à son tour parce qu’elle l’a entendu aussi « les flics arrivent ». "Eh, t'es en sécurité. Tu peux bouger? Parler?" Elle ouvre les yeux pour jauger l’individu du regard, elle le connaît de vue, c’est un dealer du coin, pourquoi il est venu l’aider ? Pourquoi il a appelé les flics ? Ana essaye de se redresser en prenant appui sur son bras, elle a l’impression d’être tombée dans les escaliers et d’avoir dévalé trois étages, chaque mouvement est douloureux et elle grogne sous le coup de l’effort. « Faut s’barrer d’ici, putain... » bredouille-t-elle d’une voix enrouée par les cris poussés plus tôt. Elle sent un liquide chaud couler sur son visage et porte sa main à son arcade qui a dû céder au premier coup de poing. Encore l’arcade. La cicatrice de l’ancienne plaie, courtoisie d’Auden, n’avait même pas eu le temps de passer du rouge au violacé qu’elle était déjà rouverte. Mais elle ne s’en soucie pas pour le moment, elle ne pense qu’à se barrer d’ici avant qu’une voiture de flic ne débarque et que les agents commencent à poser des questions. Malheureusement, elle sent bien vite qu’elle va avoir du mal à se déplacer par ses propres moyens alors elle prend appui sur l’épaule de celui qu’elle ne connaît que de vue : « Aide-moi à m’lever. Quelle idée à la con d’appeler les flics, putain... » Et elle commence à forcer pour se mettre debout en grognant de douleur, elle prie pour n’avoir rien de cassé, après tout ils avaient beau être trois hommes contre elle, ils n’étaient que des junkies à moitié défoncés et pas des champions de boxe.
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| | | | (#)Jeu 28 Jan 2021 - 15:45 | |
| Wren était rentré dans le lard de ces junkies, sans se dire que c'était là l'assurance de perdre quelques précieux clients. Enfin, de toute façon, s'il l'avait capté, il aurait vite relativisé en pensant qu'ils n'avaient jamais une thune pour le payer décemment. Il était un fournisseur de rêves alors, en tant que tel, le suédois méritait qu'on y mette le prix. Si seulement il était resté pompier, tiens, le nordique aurait certainement évité bon nombre d'emmerdements mais c'était sa faute. Mine de rien, c'était bel et bien lui qui avait usé de son briquet lors d'une soirée trop arrosée et qui avait pris son pied en mettant le feu à quelques poubelles. Il avait certainement pensé qu'il garderait le contrôle de cette envie unique mais l'inverse avait été constatée: il s'était vite retrouvé à aller tuer des hectares de forêts puis bim, plus rien. Sauf ce bracelet à sa cheville, ces heures de thérapie à la con dont il avait vite fait de se débarrasser, la perte de tout ce qui le rendait vivant en somme. Pas étonnant dans ce cas que le grand Doherty s'était réfugié dans l'héroïne, il n'avait plus tellement de raison d'exister en ayant perdu son job, sa copine et une partie de sa famille. Etonnamment, il avait remonté la pente, pas sans aide bien évidemment. Dans cet enfer qu'il s'était créé, Wren avait pu compter sur Gabriel, sur cet ami qui avait toujours accepté ses failles, une chance singulière dont il remerciait chaque jour l'univers. Là, c'était à lui d'être le sauveur, une bien belle plaisanterie quand on y faisait attention mais son agressivité eut l'effet escompté et les drogués se tirèrent bien vite sans demander leur reste. Wren prit donc le temps d'observer la jeune femme qu'ils venaient de tabasser, histoire de vérifier qu'elle n'avait rien de cassé... En tout cas, ils n'avaient pas été tendres et du sang glissait contre sa joue, quelle merde. Doherty n'eut pas tellement le temps de l'asseoir et d'évaluer les dégâts, expérience de son passé de pompier, que la blonde essayait déjà de se relever pour bouger de là le plus vite possible. "Wow, stop. C'était de l'intox pour les faire se barrer. J'ai pas appelé les flics... Je me serais foutu dans la merde en faisant ça, je comptais sur mon autorité naturelle, un pari qu'aurait pu planter mais tout va bien, tu vois." Il la soutenait comme il pouvait, lui indiquant pourtant d'un regard affectueux qu'elle devait faire une pause, s'asseoir sur la planche à côté pour reprendre un peu son souffle, le danger était désormais loin. "J'étais pompier avant, je peux regarder ce qu'ils t'ont fait? Ca me ferait chier si tu te vidais de ton sang sur le trottoir dégueulasse de la zone." il eut un petit sourire et c'était rare avec Wren, de le voir sortir ça, comme quoi il y avait certains privilégiés sur cette putain de planète et ce sosie de sa soeur devait en faire partie, apparemment. |
| | | | (#)Jeu 28 Jan 2021 - 20:46 | |
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Tout à son empressement à se barrer de là avant que les flics débarquent, elle force pour se mettre debout, s’appuyant sans vergogne sur le dealer/sauveur ce qui ne l’empêche pas de grogner de douleur. "Wow, stop. C'était de l'intox pour les faire se barrer. J'ai pas appelé les flics... Je me serais foutu dans la merde en faisant ça, je comptais sur mon autorité naturelle, un pari qu'aurait pu planter mais tout va bien, tu vois." Ana se contorsionne avec une grimace de douleur pour scruter le visage de son interlocuteur sur lequel elle prend appui. Il n’a pas l’air de mentir, et puis maintenant qu’elle y pense c’est bien plus logique, il se tirerait une balle dans le pied en contactant les flics sur son territoire. Son corps courbaturé se détend légèrement : « Ah putain, j’me suis fait avoir comme les autres connards là... » Il faut dire qu’en plus de ne pas être la plus maline qui soit, Ana a fort peu pris le temps de réfléchir après s’être fait rouer de coups, elle a agi instinctivement. Elle n’a plus de raison d’en chier autant à se tenir debout et elle suit le regard étrangement affectueux de l’homme qui n’est au final qu’un inconnu. Elle le laisse l’aider à s’asseoir sur la planche non sans lui demander avec un air suspicieux : « On s’connait ? » Parce qu’il la regarde comme s’il la connaissait depuis toujours, ou comme si elle était un petit chaton blessé qu’il a envie d’adopter. Et c’est un peu creepy il faut l’avouer.
Une fois assise, elle tente de calmer sa respiration paniquée et saccadée qui provoque des douleurs dans sa cage thoracique à chaque inspiration. "J'étais pompier avant, je peux regarder ce qu'ils t'ont fait? Ça me ferait chier si tu te vidais de ton sang sur le trottoir dégueulasse de la zone." Un ancien pompier ? « Tu déconnes ? » Quelle veine elle a d’être tombée sur probablement le seul dealer avec de vraies compétences de sauvetage. De toutes façons, elle n’a pas l’intention d’aller à l’hôpital, plus jamais. Elle aurait probablement dû y penser avant de se mettre en position de se faire tabasser, mais maintenant que sa bêtise a déjà frappé, il n’y a plus qu’à profiter de cette heureuse coïncidence. « Vas-y… Mais ça va, j’ai vu pire... » Au moins, elle n’a pas perdu connaissance cette fois-ci. Elle lève son t-shirt avec une grimace de douleur, pas du tout gênée de s’exhiber en soutien-gorge. C’est surtout là qu’elle a mal : le ventre, la cage thoracique, le dos. Son visage en sang est probablement très impressionnant mais ce n’est pas par l’arcade qu’elle risque de se vider de son sang.
Pendant qu’il l’ausculte, elle fait de son mieux pour étouffer ses grognements de douleur et se montrer le plus impassible possible même si elle a l’impression d’être passée dans une moissonneuse batteuse. Maintenant que le danger est écarté, les préoccupations initiales d’Ana reprennent le dessus. Et elle ne pense qu’à une chose : il est dealer et elle a besoin de drogue. « Tu vends, non ? J’t’ai déjà vu dans l’coin... » La question lui brûle les lèvres mais elle se retient, pas encore, elle ne veut pas paraître plus désespérée qu’elle n’en a déjà l’air.
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| | | | (#)Ven 29 Jan 2021 - 1:28 | |
| Elle lui avait fichu une peur bleue, ce qui n'était clairement pas normal puisque Wren n'en avait rien à faire des autres. Bon, dans le lot, il y avait toujours quelques exceptions, comme sa petite soeur qu'il n'avait pas vu depuis un bail d'ailleurs, Gabriel parce qu'il s'agissait de son meilleur ami et de son sauveur de manière générale, et encore quelques noms dont la liste était définitivement trop longue pour un type comme le suédois. Il avait une réputation à tenir normalement, celle de l'homme qui n'avait envie que de profiter des faiblesses des autres pour s'enrichir ou juste se faire du bien, selon les circonstances. Pourtant, il était là, accroupi à côté de la jeune femme que des abrutis venaient de passer à tabac, à s'inquiéter comme un papa qui avait laissé sa petite fille faire du vélo sans casque. Ridicule à souhait. Il allait vraiment falloir que Wren se remette les idées en place avant de dérailler totalement, sûrement qu'il avait consommé un peu trop de cocaïne ces derniers jours pour se sentir un brin sentimental d'un coup et surtout, envers une inconnue qui avait essayé de voler des junkies. Quelque part, ces coups, elle les avait mérités parce qu'on ne venait pas chier sur le territoire du copain d'à côté, pas à la zone, c'était interdit sous peine de terminer avec la tête dans un sac au milieu du lac. Elle avait joué et elle avait perdu, sauf que le suédois se sentait pousser des ailes et restait là, à sourire pour la rassurer, allez savoir pourquoi. "Je suis assez convaincant, en général." On pouvait même dire qu'il était flippant et qu'il ne valait mieux pas le contredire quand il était lancé dans son idée parce que Wren devenait fatalement un homme au potentiel assez dangereux. Personne n'en ferait les frais ce jour-là, il avait plutôt la tête d'un bisounours qui mettait des pansements roses sur les blessures d'une fille innocente. "Je crois pas. Enfin, on a déjà dû se voir de loin si tu fréquentes la zone souvent. Je suis là quasi tous les jours depuis quelques semaines." On pouvait même dire que Doherty campait là lorsqu'il n'avait pas envie d'aller se boire des pintes dans le bar d'à côté en espérant choper une fille pour s'amuser un peu. Autrement, il était le dealer de base qui ne faisait attention à rien ni personne sauf à la pochette où il y avait son fric et ses doses. Là, il s'inquiétait pourtant suffisamment pour asseoir la jeune femme et prendre le temps d'examiner les blessures sous tous les angles, posant ses doigts le plus délicatement du monde pour ne pas qu'elle en souffre trop. "Absolument pas. Plus de dix ans dans le job mais on finit tous par chuter un jour ou l'autre." Au moins, ce qu'il avait appris pouvait lui servir pour gérer des situations délicates comme celle qui se présentait justement à lui sous la forme d'une petite blonde qui saignait un poil trop pour qu'elle reste consciente très longtemps. "Je pense qu'ils t'ont pété des côtes donc tu vas pas pouvoir fanfaronner beaucoup les semaines à venir. Après, faudrait refermer ton arcade... Tu vas avoir de sacrés bleus autrement mais tu vivras." Bon point assurément, même si Wren constatait que la jeune femme n'avait pas l'air choquée plus que cela par ce qui venait de lui arriver. "Tu te retrouves souvent dans ce genre de merdiers, non?" Elle n'aurait pas une réaction aussi nonchalante autrement, elle aurait été choquée profondément si c'était nouveau mais Wren ne pouvait pas la juger pour cela, ni pour quoique ce fut d'ailleurs. "On peut dire ça. C'est mon métier principal ces derniers temps. Je suppose que ça t'intéresse puisque t'essayais de choper à un junkie qui pionce... T'as pas de blé, hein?" Affaire fréquente dans le coin, personne n'avait jamais assez de fric mais tout le monde voulait consommer. Wren ne jugeait pas, il se contenta de sortir un mouchoir pour panser au moins l'arcade de la jeune femme, un bon début avant de vraiment guérir ce qui était abîmé et clairement, ce n'était pas son corps, c'était plus profond que cela chez la petite blonde, il le savait. |
| | | | (#)Ven 29 Jan 2021 - 11:52 | |
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Maintenant qu’elle sait que personne n’a appelé les flics et qu’il n’y a pas d’urgence à s’extraire de la situation, elle se laisse faire même si l’expression bienveillante du gars la fait plus flipper qu’autre chose. Elle lui demande d’ailleurs s’ils se connaissent, cherchant à comprendre d’où vient cet élan d’héroïsme et ce regard de papa poule qui la mettent mal à l’aise. "Je crois pas. Enfin, on a déjà dû se voir de loin si tu fréquentes la zone souvent. Je suis là quasi tous les jours depuis quelques semaines." Donc elle l’a croisé récemment, probablement quand elle était complètement arrachée, occupée à se défoncer un maximum avant d’être envoyée en rehab. Mais ça n’expliquait toujours pas qu’il soit venu l’aider. Elle répond peu convaincue : « Hmm… okay... ». Elle est assise à présent et il lui annonce être un ancien pompier, elle bugue légèrement, ça ressemble au début d’une mauvaise blague : un dealer/pompier entre dans un bar… "Absolument pas. Plus de dix ans dans le job mais on finit tous par chuter un jour ou l'autre." Ana observe l’homme la palper sous son t-shirt et s’efforce de rester impassible. Elle n’est pas du genre à s’intéresser plus que ça au background d’un inconnu et pourtant, elle se demande comment un gars qui a été pompier pendant dix ans a pu finir là où il en est, les pompiers sont censés être sportifs et avoir une bonne hygiène de vie, non ? Mais elle n’a pas l’occasion de se poser plus de questions car l’ex-pompier se met à tâter sa cage thoracique et la douleur est soudain si vive qu’elle ne peut retenir un gémissement et saisit instinctivement son poignet pour qu’il arrête. Elle a vu un flash blanc en même temps que l’éclair de douleur l’a parcourue et elle commence à transpirer comme si elle allait perdre connaissance, ça n’est pas bon signe. "Je pense qu'ils t'ont pété des côtes donc tu vas pas pouvoir fanfaronner beaucoup les semaines à venir. Après, faudrait refermer ton arcade... Tu vas avoir de sacrés bleus autrement mais tu vivras." Elle vivra, bien sûr qu’elle vivra. Elle est increvable Ana, c’était sa grande fierté il n’y a pas si longtemps, elle prenait ça pour un super-pouvoir, celui de l’immortalité et elle en profitait pour faire toutes les conneries possibles et imaginables. Mais dernièrement, les conséquences de ses actes lui revenaient plus durement en plein visage, comme si le karma avait tourné en sa défaveur. Et puis ces temps-ci, elle avait pensé plus d’une fois à la mort et au soulagement que cela lui apporterait. Mais même ça elle ne se l’avoue pas, pas même après l’overdose dont Ludwig l’a sauvée in extremis, ni même après avoir consciemment poussé Auden à bout jusqu’à ce qu’il l’envoie à l’hôpital. Elle a aussi bien vite refoulé les pensées suicidaires qu’elle a eues en rehab et elle a déjà effacé de sa conscience sa décision, quelques minutes plus tôt, d’abandonner la bataille, recroquevillée sur le trottoir. Ce qu’elle ressent ce n’est pas du soulagement d’être en vie, elle n’a entendu que la mauvaise nouvelle, celle des côtes brisées. « Putain… Je retourne pas à l’hosto, c’est mort. » souffle-t-elle avec le bras instinctivement placé contre elle pour empêcher le dealer de toucher à nouveau ses côtes. Elle essaye de calmer le malaise qu’elle sent arriver, mais chaque respiration profonde soulève ses côtes douloureuses. Ça se soigne tout seul les côtes pétées, non ? Si elle voit encore une chambre d’hôpital, elle va péter un plomb c’est sûr. "Tu te retrouves souvent dans ce genre de merdiers, non?" Elle lâche un petit rire jaune, même si elle est passée mille fois au travers des mailles du filet, même si elle a réussi très souvent à s’extraire indemne de situations dangereuses, elle a récolté plusieurs fois les fruits de son inconscience. Surtout dernièrement à vrai dire, comme si son ange gardien avait enfin décidé de jeter l’éponge. « Ouais… Mais faut croire qu’j’ai perdu ma culotte porte-bonheur depuis quelques mois... »
Pour l’instant, Ana se sent un peu mieux, elle a réussi à trouver une position confortable et à réguler sa respiration pour que la douleur soit presque oubliable. Par contre, elle n’a pas oublié pourquoi elle est venue ici ce soir et elle se retrouve avec un infirmier/dealer, elle va bien réussir à lui gratter une dose, non ? Elle a l’air de lui faire pitié, autant en profiter. Elle commence par lui faire confirmer ce dont elle est déjà quasi-certaine : qu’il deale. "On peut dire ça. C'est mon métier principal ces derniers temps. Je suppose que ça t'intéresse puisque t'essayais de choper à un junkie qui pionce... T'as pas de blé, hein?" Il n’y va pas par quatre chemins lui par contre et elle est honnête en retour. « Pas un rond. » Il sort un mouchoir et commence à le poser sur son arcade pour stopper l’hémorragie, elle ne bronche pas et le laisse faire. Elle commence à se justifier par contre, à préparer le terrain : « Mais j’vais en avoir. Des tunes... C’est juste qu’j’étais en putain de rehab là… J’ai dû mettre le business entre parenthèses... » Et c’est pas demain qu’elle va être en état de faire les poches des gens avec des côtes pétées, mais ça elle le garde pour elle car si elle veut se faire fournir à crédit, elle a intérêt à donner l’impression qu’elle pourra rembourser très bientôt. Chaque parcelle de son corps lui réclame une dose, elle sait que ça calmera significativement la douleur même si ce n’est pas son but principal, son objectif principal c’est de remplir le vide, de combler le manque, de satisfaire son addiction. « T’as de la C ? de la K ? » Cocaïne, kétamine, les péchés mignons de l’italienne, ce dont elle a besoin là tout de suite. « J’te paye plus tard, j’te jure. Fais pas ton chien... » c’est sa façon à elle de supplier. Ils n’ont même pas échangé leurs prénoms et elle croit vraiment qu’il va lui faire crédit sur sa marchandise, le manque ne la rend pas plus maline visiblement.
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| | | | (#)Ven 29 Jan 2021 - 18:27 | |
| Elle était une habituée des lieux, Wren, lui, y revenait ces dernières semaines, même s'il aurait sûrement préféré être ailleurs, quelque part dans son ancienne vie. Malheureusement, Doherty avait tout foutu en l'air, il avait cramé des forêts et son ego avec, à croire qu'il n'avait jamais su faire autrement que merder dans toutes les largeurs. La preuve, il avait merdé avec les quelques copines qu'il avait réussies à avoir entre deux coups d'un soir, il merdait aussi dans sa vie professionnelle et il n'y avait même pas l'ombre d'un doute qu'il merdait avec sa famille. Wren devait avoir merde comme deuxième prénom et il n'en était pas franchement outré parce qu'il avait conscience de posséder toutes ces failles, de se mettre dans la panade pour des conneries. C'aurait pu être le cas à cet instant-là même car il ne connait pas du tout cette petite blonde et pourtant, il avait fallu qu'il vienne l'aider. Au nom de qui ou bien de quoi? Sûrement de sa cadette qui arborait le même visage plus dur depuis quelques années mais qui comportait malgré tout des traits fins, des cheveux raides et blonds, une détresse si magnétique dans le regard. Il ne suffisait que de cela pour entraîner un Doherty dans les bas fonds, suggérer qu'un sosie malsain de sa cadette se retrouve à deux doigts de la mère et il accourait comme un bon petit chien, créant certainement des centaines d'interrogations dans la tête de Williams. Il n'essaya même pas de surenchérir parce que c'était écrit sur sa tête qu'elle ne captait pas le moins du monde les raisons de ce sauvetage. Wren n'était compréhensible pour personne de toute manière, pas même de lui-même les trois quarts du temps alors, autant ne pas lui demander la moindre justification. A la place, il fallait se contenter du silence et des traitements de l'ancien pompier qui ne pouvait clairement pas accomplir de miracles avec des côtes cassées. Le repos était parfaitement indiqué pour ce genre de blessures mais il doutait fortement qu'Anastasia l'écoute d'un poil. "Si tu vas à l'hosto, ils te garderont une nuit ou quelque chose du genre, pour vérifier que t'as pas de trauma' crânien... Pour ce qui est des côtés, ils te diront juste de te reposer mais je pense pas que ce soit ton style." Elle avait l'air d'avoir beaucoup trop d'énergie pour son propre bien, raison simple qui l'avait amenée vers la drogue, cela, Wren pouvait parfaitement le comprendre. Il en avait croisé des paquets de gens comme elle, qui cherchaient un moyen de faire taire leurs pensées ou leurs peurs, la drogue était le remède parfait... Sur le papier. En réalité, il vous bouffait absolument tout, ce putain de remède, et il ne restait plus rien du tout, pas même une goutte d'amour propre à étaler face au monde. "Je te conseille de t'en trouver une autre avant qu'on te retrouve crevée dans un fossé." Elle avait un humour piquant, comme lui, vraiment, elle aurait pu être une Doherty, c'était ce qui était le plus bizarre dans cette conversation. Wren se cala un peu mieux face à elle, deux secondes après s'être éloigné pour aller chercher la trousse à pharmacie qui traînait toujours dans son coin de deals. Ce n'était pas rare les arrêts cardiaques par ici alors Wren préférait prendre les devants, il avait même de quoi suturer une arcade, la preuve puisqu'il montra l'objet de torture face à Anastasia. "Désolé mais ça va pas être sympa..." Il avait bel et bien entendu ces questions par rapport à la drogue mais Wren faisait la sourde oreille, il avait clairement ses raisons, du moins pour le moment alors qu'il la forçait à rester parfaitement immobile. "Je donne jamais d'avance. Je sais très bien qu'on rembourse jamais. Je suis pas un dealer débutant, ma chère. Ca fait combien de temps que t'as rien pris? En vrai, t'as l'air sevrée alors..." Pourquoi rechuter tout de suite? Pourquoi ne pas attendre quelques jours de plus? Wren aurait fait comme elle en la matière alors, il ne se permettrait pas le moindre jugement, pas lui. |
| | | | (#)Sam 30 Jan 2021 - 0:26 | |
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Mauvaise nouvelle donc. Elle a probablement une ou plusieurs côtés cassées, elle aurait du s’en douter vu l’intensité de la douleur, mais elle avait compté sur sa bonne étoile. Une bonne étoile qui est apparemment décédée. Tout ce qui l’intéresse c’est d’avoir la confirmation qu’elle n’a pas besoin d’aller à l’hôpital "Si tu vas à l'hosto, ils te garderont une nuit ou quelque chose du genre, pour vérifier que t'as pas de trauma' crânien... Pour ce qui est des côtes, ils te diront juste de te reposer mais je pense pas que ce soit ton style." Ce qu’elle comprend, c’est qu’elle n’a pas besoin d’y aller. Par-fait ! Elle rit doucement, essayant toujours de ménager ses côtes, on dirait qu’il a lu en elle comme dans un livre. Il a raison, elle est assise depuis quelques instants à peine et déjà son pied tressaute d’impatience sans même qu’elle ne s’en rende compte. Elle ne sait pas rester en place bien longtemps et ça risque effectivement d’être un problème pour sa guérison. « J’en ai d’jà marre d’être assise là… Y a pas moyen d’sauter cette étape en foutant un bandage ou un truc du genre? » Elle n’y connaît rien en médecine et tout ce merdier, mais si on met un bandage assez serré ça devrait tenir tout ça en place, non ?
En attendant, l’italienne se rend bien compte que les tuiles ne font que se multiplier ces derniers mois. A croire qu’elle a perdu un porte-bonheur qu’elle ne savait pas avoir, une culotte peut-être. "Je te conseille de t'en trouver une autre avant qu'on te retrouve crevée dans un fossé." Y a un truc qui est fluide entre eux, il rebondit sur sa connerie avec l’aisance de l’habitude comme si c’était leur millième discussion. Ça pourrait être son pote, je dirais même plus ça pourrait être son pote/dealer/sauveteur, ça serait franchement pratique vu la tendance qu’elle a à se blesser depuis quelques temps. Mais pour le moment, ils ne sont que deux inconnus qu’un concours de circonstance a rapprochés, ça et l’émotion étrange qu’Ana n’a pas su décrypter dans le regard et le sourire de l’ancien pompier. Elle le voit se lever et revenir avec une trousse de secours, alors qu’ils abordent le sujet qui les rapproche : la drogue. Il en a, elle en veut, ils font la pair. Bien qu’elle n’ait pas d’argent pour le payer, on peut s’arranger non ? Mais il fait mine de l’ignorer et s’installe face à elle avec une aiguille et du fil à la main. "Désolé mais ça va pas être sympa..." Super, retour à la case départ, on va encore la rapiécer comme un vulgaire sac à main. Mais il faut passer par là elle le sait, alors elle reste immobile pendant qu’il se penche sur elle pour la recoudre. « … Ouais c’est bon j’connais… Elle venait juste de se refermer c’te pute... » L’arcade, c’est elle la pute, à peine les cuisses refermées qu’elle les rouvrait, Ana n’est pas bien sûre de cette analogie mais, trop tard, son cerveau l’a produite.
Elle insiste Ana concernant la drogue, lui demande ce qu’il a, lui promet de le payer plus tard, avec l’espoir stupide que ça fonctionne. "Je donne jamais d'avance. Je sais très bien qu'on rembourse jamais. Je suis pas un dealer débutant, ma chère. Ca fait combien de temps que t'as rien pris? En vrai, t'as l'air sevrée alors..." Mais il fait son chien, bien sûr qu’il va faire son chien, il deale pas pour faire dans la charité, mais ça n’empêche que ça tend Ana. Le petit espoir qu’elle avait de réussir à se défoncer ce soir fond comme neige au soleil et elle sent la frustration qui enfle dans sa poitrine. « Putain, mais allez ! Juste un peu. Un demi-gramme… Un quart de gramme, même... » insiste-t-elle en s’agitant d’agacement. Elle a envie de se lever et de faire les cent pas pour évacuer la frustration mais il est en train d’essayer de la recoudre et elle sera sûrement incapable de faire deux pas toute seule. Qu’est-ce que ça peut lui foutre depuis combien de temps elle n’a rien pris et si elle est sevrée ou non ? « J’en ai rien à foutre d’être sevrée. Il me faut ma dose, quelque chose, n’importe quoi... » s’énerve-t-elle en se redressant pour donner plus de poids à sa colère, comme si elle allait l’effrayer en élevant un peu la voix et en se tenant droite. Elle n’est pas bien impressionnante physiquement même quand elle n’a pas de côtes pétées, mais encore moins là, alors que le moindre mouvement lui arrache un grognement de douleur. Elle est peut-être clean depuis trois semaines, elle est peut-être sevrée selon des critères médicaux à la con, mais ça fait plus de dix ans qu’elle n’a pas passé autant de temps sans rien consommer du tout et ça la fait flipper d’être clean. Elle n’a pas envie d’être clean, elle ne sait pas qui elle est si elle n’est pas défoncée. Quelle est son identité si elle n’est pas la camée de la famille, la junkie Williams, la déception de tous ? Est-ce qu’elle est sensée faire face à toute cette merde qui constitue sa vie si elle est clean ? Parce que si c’est ça, elle n’a aucune envie d’être clean. Elle connaît le résultat final de toutes façons, sous drogues ou pas, elle restera le déchet de la famille, l’infréquentable, l’insortable, la honte de la famille. La frustration et la rage constituent un cocktail détonnant dans la cage thoracique de l’italienne, elle pousse l’homme sans plus faire attention à ses douleurs et se met difficilement debout en s’appuyant contre le mur : « Si tu veux pas m’fournir, j’vais trouver une bite à sucer contre une dose... » grogne-t-elle sentant son corps douloureux lui hurler de ne pas faire un pas de plus sous peine de s’écrouler au sol. Comme si elle était en état de déambuler dans le quartier pour offrir ses services contre un rail, elle tente de se décoller du mur pour s’éloigner de lui, son corps n’est qu’une douleur gigantesque et uniforme et elle sent ses jambes se dérober sous elle. C’est pas faute de l’avoir vu venir, mais son entêtement aura raison d’elle alors qu’elle retrouve le sol bien trop vite en y chutant dans un cri de douleur ridicule. « Ah putain, ta mère la pute va niquer tes morts ! » rage-t-elle recroquevillée sur le trottoir, se rendant compte qu’elle n’est en état de rien faire par elle-même, ni aller se trouver une dose, ni rentrer chez elle, ni même marcher jusqu’à sa voiture. Ça ne va pas aider son état de frustration avancée, parce qu’elle va avoir besoin de lui, ce gars dont elle ne connaît même pas le prénom. Car il est hors de question qu’elle appelle quelqu’un qu’elle connaît pour qu’il vienne la ramasser ici, ni dans sa famille, ni dans ses amis, elle est au fond du trou là, et elle n’a pas eu souvent honte dans sa vie mais ce soir, elle ne voudrait que personne ne la voit dans cet état.
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| | | | (#)Sam 30 Jan 2021 - 2:47 | |
| La médecine n'était pas encore assez clémente pour qu'Anastasia puisse espérer une réparation en un claquement de doigts, ce qui allait probablement amener un bon lot de frustrations chez la jeune femme. Wren pouvait le comprendre, il lui ressemblait beaucoup sur ce point avec cette envie de bouger constante, d'aller se promener à droite à gauche, de ne jamais finir sa soirée au même endroit que la veille, toujours se créer des surprises et surtout, ne jamais se reposer sur ses lauriers. Doherty détestait la morosité, il avait toujours ce besoin fou d'obtenir de l'adrénaline, peu importe la raison et c'était certainement pour cela qu'il avait fini par sauter dans l'arène pour éloigner les mauvais bougres qui avaient essayé de tuer la petite blonde. Peut être que le suédois avait espéré qu'ils le rouent de coups également pour qu'il ressente au moins la douleur quelques secondes, même pas. Il était juste le sauveur de base, celui qui effrayait les monstres et qui se retrouvait à devoir gérer une malade réfractaire. "C'est interne. Un bandage, ça t'aidera juste à moins bouger mais t'auras mal quoiqu'il arrive, ma vieille." Ce qui était bien avec Wren, c'était qu'il était toujours très honnête et parfois, c'était plaisant de recevoir une bonne claque dans la gueule de sa part. Il n'aimait pas mâcher ses mots, ni édulcorer les choses: la vérité et rien d'autre, point barre. Alors, lorsqu'il était question de rafistoler une arcade, c'était le même combat pour le grand bonhomme, il n'était pas spécialement doux en démarrant la suture, sentant la jeune femme s'agiter sous la douleur qui devait fatalement arriver dans de telles circonstances. Sa main était ferme, au Doherty, habitué qu'il était de ce genre de délires parce que les jumeaux avaient toujours eu des idées à la con qui les faisaient se blesser ça et là, rôle de l'aîné alors de les remettre en état. Devenir pompier avait assis encore plus ses compétences en la matière et Wren savait qu'il n'avait pas rouillé malgré l'année qui venait de s'écouler loin des interventions médicales. Il ne prenait pas son temps, se lançait à fond dans ce rafistolage grossier, coupant le fil une fois qu'il eut fini, entendant la complainte de la jeune Williams parce qu'elle l'avait déjà ouverte une fois il y avait peu apparemment. Doherty, ensuite, la laissa s'énerver toute seule, ne bougeant pas d'un cil, les bras croisés alors qu'elle essayait de se lever. Forcément, il n'allait pas lui donner raison et lui balancer une dose gratis sous prétexte qu'elle avait besoin d'un quart de gramme, ce n'était pas bon pour le commerce. "Quand t'auras fini de faire ta dramaqueen prête à faire le tapin pour ta dose, tu me le dis... J'attends." la douceur, ce n'était pas le truc de Wren, mais alors pas du tout. Si elle pensait pouvoir l'amadouer en agissant de la sorte, elle pouvait se la carrer dans l'oreille, sa putain de dose. Wren était assez dur avec les autres, autant qu'il l'était avec lui-même finalement et il se décida à la rejoindre au moment où Anastasia s'écroula au sol, visiblement trop attaquée par la douleur pour aller au bout de son idée de merde. "Tu vois que tu vas rien sucer du tout... Sauf une pastille à la menthe pour calmer tes nerfs parce que c'est pas bon pour tes côtes, la colère. Allez, tiens toi, je te ramène chez moi. Y aura de quoi soulager ce que t'as pété... Et non, ce sera pas de la drogue, c'est interdit au bercail ça mais y a de bons substituts, tu sais." La belle connerie, en réalité parce que le Doherty aimait autant la coke qu'Ana en réalité mais chut, interdiction de détruire le secret professionnel tout de suite. A la place, il fit décoller Ana du sol pour qu'elle ait moins de mal à avancer, il n'habitait pas très loin une aubaine puisqu'il put faire découvrir à la jeune Williams le sofa quelques minutes plus tard, lui ramenant un verre d'eau et la fameuse pastille à la menthe avec son sourire de mec qui ne lâcherait rien. "Tu pionceras mieux si je te laisse mon pieu, je suis un mec sympa apparemment, aujourd'hui, profites en." Il ne l'était pas tant habituellement, à croire qu'il était de bonne humeur et que les visions de sa soeur se reflétant dans les attitudes d'Ana l'émouvaient de trop. |
| | | | (#)Sam 30 Jan 2021 - 17:02 | |
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Ana se maudit intérieurement d’être venue se mettre dans une telle situation, elle vient à peine de retrouver sa liberté qu’elle est venue se jeter dans la gueule du loup pour se faire mâcher et recracher dans un sale état. Elle n’a pas envie de se reposer, elle n’a fait que ça pioncer et déprimer pendant cette cure, ce dont elle a envie c’est de reprendre sa vie, de retourner aux répétitions d’Oxtorm et de pouvoir faire de la musique, se déchaîner sur la batterie devant un public en délire. "C'est interne. Un bandage, ça t'aidera juste à moins bouger mais t'auras mal quoiqu'il arrive, ma vieille." Elle rage, Ana, elle ne veut pas moins bouger et en soit, elle s’en foutrait d’avoir mal si ça ne l’empêchait pas de faire sa vie et de renouer avec son instrument de musique fétiche. Mais là, elle s’imagine mal se contorsionner au dessus de l’instrument et avoir la force de tenir ne serait-ce qu’un morceau entier. « Combien de temps ? Pour que ça s’refoute en place ? » Combien de temps encore à devoir se priver de la musique, la seule chose qui lui fait autant de bien que la came ? Tant qu’à recevoir de mauvaises nouvelles, autant les avoir toutes en même temps.
Tandis qu’elle essaye d’obtenir une dose de sa part, il lui recoud l’arcade avec bien moins de délicatesse que la dernière fois qu’on lui a fait ça. Elle trésaille à chaque geste brusque du jeune homme, mais la douleur n’est rien comparée à celle de sa cage thoracique alors elle ignore ce qu’il est en train de faire pour se concentrer sur sa mission : le convaincre de lui avancer une dose. Il termine de refermer sa plaie assez rapidement et se contente de croiser les bras en la regardant sortir de ses gonds devant son refus, puis ses silences. Elle finit par craquer et décide de partir en quête de ce dont elle a besoin, elle n’a pas de cash mais après tout, elle a toujours su mettre à profit sa sexualité délurée et peu sélective quand elle était à sec. Elle se lève difficilement et le dealer se décide à ouvrir la bouche : "Quand t'auras fini de faire ta dramaqueen prête à faire le tapin pour ta dose, tu me le dis... J'attends." « Mais va t’faire foutre... » crache-t-elle piquée, la dramaqueen elle se barre. Ou du moins, elle essaye. Un pas et son équilibre est visiblement précaise, un deuxième pas et elle s’écroule tel un château de cartes. Le chapelet d’insultes n’est adressé à personne en particulier et l’ex-pompier n’a pas l’air de les prendre pour lui d’ailleurs. Il se retrouve à ses côtés et commence par se foutre de sa gueule "Tu vois que tu vas rien sucer du tout... Sauf une pastille à la menthe pour calmer tes nerfs parce que c'est pas bon pour tes côtes, la colère. Allez, tiens toi, je te ramène chez moi. Y aura de quoi soulager ce que t'as pété... Et non, ce sera pas de la drogue, c'est interdit au bercail ça mais y a de bons substituts, tu sais." Terrassée par la douleur, Ana se contente de grogner en réponse à sa vanne sur la pastille à la menthe. Puis elle lui jette un regard interloqué quand il lui dit qu’il va l’emmener chez lui, qu’il y a de quoi la soulager là-bas. Décidément, elle ne comprend rien à ses motivations, Ana est clairement en manque et s’il y a un seul gramme de drogue chez lui, elle tentera de le trouver quand il dormira, si elle est capable de se tenir debout en tous cas. Elle commence à trouver tout ça bizarre et se demande si ce n’est pas un putain de psychopathe, elle le laisse la relever et s’appuie sur lui pour avancer lentement vers une destination incertaine : « Sinon, ma caisse est garée là-bas, j’peux dormir dedans s’tu m’y emmènes. » propose-t-elle pour voir sa réaction. Mais il est décidé à veiller sur elle cette nuit, ou à l’assassiner dans son sommeil, au choix.
Alors qu’ils arrivent devant sa porte, elle demande à moitié sérieuse : « Tu t’appelles comment ? Qu’je connaisse le nom de mon meurtrier avant qu’il m’découpes en rondelles... » puis elle rajoute : « Moi c’est Ana, au cas où t’en aurais besoin pour ton autel creepy de serial killer... » Il était temps qu’ils se présentent alors qu’ils arrivent dans son salon à lui et qu’Ana s’installe aussi confortablement qu’elle peut sur le canapé. L’intérieur est surprenant, grand, propre et rangé et elle l’observe avec un air suspicieux, ça ressemble pas vraiment à un appartement de dealer, mais après tout, qu’est-ce qu’elle en sait ? « Donc t’es un ex-pompier dealer mais qui a pas d’came chez lui et ta piaule on dirait un appart témoin… Tu vis avec ta mère ou quoi ? ». Il finit par lui apporter un verre d’eau et un pastille ronde et blanche avec l’air d’être fier de sa connerie. "Tu pionceras mieux si je te laisse mon pieu, je suis un mec sympa apparemment, aujourd'hui, profites en." Elle lui jette un regard interrogateur, puis lèche la pastille. Goût menthe, il lui a vraiment porté une pastille à la menthe le con. « Tu t’fous d’moi là ? J’pue d’la gueule, c’est ça l’urgence ? Et la douleur tu comptes la calmer avec une putain d’verveine ? » rage-t-elle en catapultant la pastille mentholée dans les airs à l’aide de son pouce et son index pour qu’elle aille rebondir sur le plafond et quelque part dans la pièce. Elle n’est pas très agréable au vu des circonstances, il lui a sauvé la mise, l’a soignée, ramenée chez lui et il lui offre même son lit, et tout ce à quoi elle pense c’est la drogue qui ne coule pas dans ses veines et la douleur qui raidit son corps. Elle n’a montré aucune marque de reconnaissance depuis le début de leur rencontre, il faut dire qu’un « merci » en n’importe quelle circonstance, ça lui arracherait la gueule de le prononcer. Elle boit une gorgée d’eau cependant, se rendant compte à la vue du liquide transparent qu’elle a la gorge et la bouche très sèches. « Sérieux putain, c’est ça ton substitut ? Même pas un peu de morphine ? De la codéine ? Un putain de doliprane à la con ? » Parce qu’elle ne risque pas de s’endormir dans cet état alors que même respirer la fait souffrir, que sa nuque est raide et que chaque partie de son corps pulse de douleurs cuisantes. « J’ai pas sommeil alors j’peux t’faire chier toute la nuit... » pour un anti-douleur, pour un quart de gramme de coke, pour une taffe sur un joint, pour tout ça à la fois.
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| | | | (#)Lun 1 Fév 2021 - 18:25 | |
| On pouvait clairement sous entendre que Wren était un spécialiste de ce genre de situations: lui, dans des emmerdes? C'était tout bonnement la base de ce que constituait sa piètre existence depuis son adolescence. Alors, il n'était pas spécialement troublé par la scène qu'il venait de voir, c'aurait pu être lui de bien des manières. A la place, il était question de cette jeune Williams, toujours aussi révoltée par ailleurs. Elle avait clairement autant de soucis de caractère que lui, tant mieux, Wren n'aimait pas s'emmerder en tenant une conversation et si le tout était parsemé de quelques insultes, il considérait qu'il avait édulcoré l'affaire. En attendant, il allait bien falloir faire quelque chose pour que la blonde ne se vide pas de son sang au milieu des seringues usagées et autres déchets ragoûtants que comportait le coin. Le pompier était de retour sur le devant de la scène, ses mains ne tremblaient pas le moins du monde, c'était clairement comme s'il n'avait jamais quitté la caserne. Pourtant, il allait sur sa deuxième année loin des accidents domestiques ou de forêts, deux années où il s'était égaré plus qu'autre chose mais Doherty avait la sensation qu'il finirait par trouver un nouveau but sous peu, il suffisait d'y croire. "Et bien, ça dépend des gens mais en général, ça met un ou deux mois, selon comment tu bouges et gères ta guérison." En gros, il lui demandait subtilement de ne pas faire trop de folies durant ce laps de temps car la douleur serait à un haut niveau. Les côtes n'étaient pas une partie de plaisir lorsqu'elles décidaient de se rappeler à l'existence d'un blessé de fortune et même si Wren ne l'avait jamais vécu personnellement, il avait déjà pris en charge des patients qui ne faisaient pas les malins en ayant du mal à respirer. Bien vite, Anastasia sembla perdre patience, raison évidente que Wren avait vu venir à cent kilomètres... La dose. Elle en avait besoin et comme tout junkie qui se respectait, tous les moyens étaient bons et surtout, tous les chantages. Evidemment, elle avait mal comme un chien et même si elle ne pouvait pas payer, il pouvait bien faire preuve de charité, non? Doherty ne voyait pas les choses ainsi alors, il se contenta de sourire face à son insulte, rien de grave et rien qui le chiffonnait vraiment. Il l'embarqua chez lui, riant des commentaires que la jeune femme pouvait faire à son égard: on lui avait déjà parlé de sa tronche de psychopathe et il n'essayait pas de contredire l'opinion publique, après tout, il avait cramé quelques forêts par pur plaisir. "C'est vrai que l'idée de te découper en rondelles est plaisante mais désolé, tu vas rester en un seul morceau. Et vivante, ça fait chier hein?" Pas la peine de préciser qu'elle n'aurait pas une petite pilule pour apaiser sa haine de vivre, juste une pastille à la menthe qui ne manqua pas de finir derrière un rideau, Wren ne bougeant pas d'une semelle à côté dans le canapé. Clairement, cette jeune femme avait besoin de passer sa rage sur quelqu'un ou quelque chose, elle devait avoir une vie déplorable pour se sentir aussi énervée perpétuellement. "Mon meilleur pote. Figure toi que c'est lui qui m'a sevré il y a un an. C'est pas un rigole alors joue pas trop." Aucun chantage n'avait fonctionné sur ce cher Gabriel et s'il était généralement tendre, dans un contexte comme celui-ci, il avait su répondre présent avec une force légendaire. Pour sûr qu'il saurait recadrer la blonde au besoin, tant mieux car Wren avait beaucoup moins de patience que son colocataire, une évidence des premiers jours. Il était le vilain, Gabriel le bon en tous points. "La douleur, tu vas la calmer en allant te caler dans le pieu et en arrêtant de parler pour rien dire, t'auras moins de mal à respirer si tu fais ça, promis et puis, ça me fera plaisir en plus." Il s'apprêtait déjà à la traîner jusqu'à la chambre voire, l'attacher audit pieu pour qu'elle ne se trémousse pas dans tous les sens ou ne tente pas de se barrer par la fenêtre. Ils étaient ainsi, les accros, ils feraient n'importe quoi pour leur dose, quitte à se casser les os restants en bonne santé. "Un doliprane, ça te fera rien, ma pauvre et pour le reste, nop... Oh bah, vas y, fais moi chier, si tu savais le nombre de nanas qui m'ont pété les noix et pourtant, je suis encore là, tu risques de t'épuiser avant d'en voir le bout." Il lui tapota la tête délicatement, un geste qu'il pouvait avoir parfois avec sa petite soeur, signe que Wren savait pertinemment où il mettait les pieds ou pas. "Je t'aide pour le treuillage jusqu'au lit ou tu veux te jouer indépendante et fière?" Il restait quand même serviable, le pompier, même si elle avait gâché une pastille à la menthe et une occasion de se faire du fric pour le Doherty. |
| | | | (#)Mar 2 Fév 2021 - 18:59 | |
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"Et bien, ça dépend des gens mais en général, ça met un ou deux mois, selon comment tu bouges et gères ta guérison." UN MOIS MINIMUM. Voilà la triste information qui s’imprime dans l’esprit d’Ana en lettres de sang. Encore un mois à ne pas pouvoir toucher à une batterie, encore un mois à convaincre Jess et les autres de ne pas tout simplement la virer du groupe. Encore un mois minimum. Un mois, si elle arrive à rester en place et à se « reposer », autant dire que ça va être mission impossible et que si personne ne la ligote à un lit, elle va se les taper entiers les deux mois à en chier. « Putain, mais achevez-moi tout d’suite... » rage-t-elle plus pour elle-même que pour provoquer une quelconque réaction chez son pompier-dealer-sauveteur. La tentative de soutirer une dose qui suit échoue et provoque une chute aussi ridicule que douloureuse. Le dealer altruiste la relève et finit par l’embarquer jusqu’à son propre appartement en la soutenant à chaque pas. Il esquive sa question en ne lui donnant pas son nom, par contre il rebondit sur l’insinuation qu’il pourrait être un meurtrier psychopathe : "C'est vrai que l'idée de te découper en rondelles est plaisante mais désolé, tu vas rester en un seul morceau. Et vivante, ça fait chier hein?" « Super Kemper Junior, t’es plutôt dans le business d’la séquestration alors… » ironise-t-elle en se laissant tomber avec une grimace de douleur sur le canapé. Il ne lui a pas donné son prénom quand elle a essayé de faire les présentation en bonne et due forme, alors c’est trop tard pour se plaindre du sobriquet inspiré du serial-killer Ed Kemper. Ça lui irait bien au dealer d’être le fils caché de l’Ogre de Santa Cruz, il est immense, Ana est sûre qu’il doit mesurer au moins 2 mètres presqu’autant que le célèbre tueur. En observant le salon impeccablement rangé, elle se demande vraiment où elle a atterri et si l’ex-pompier vit chez sa mère. "Mon meilleur pote. Figure toi que c'est lui qui m'a sevré il y a un an. C'est pas un rigolo alors joue pas trop." Son visage se pare d’une moue condescendante, est-ce qu’il est en train de sous-entendre que deux types qu’elle ne connaît ni d’Eve ni d’Adam vont allier leurs forces pour l’empêcher de consommer ? Elle aimerait bien voir ça, tiens ! Comme si elle allait se laisser faire. Elle veut bien squatter le pieu du serial-killer pour la nuit parce que, clairement, ça l’arrange. Mais dès demain, elle se tire, si ce n’est directement dans la nuit. Elle n’a pas oublié son projet de fouiller les affaires du dealer, il a beau dire ce qu’il veut, elle a du mal à croire qu’il n’y ait pas une seule drogue dans le logement. Au final, ce serait franchement dommage de ne même pas essayer de chercher. « T’as cru qu’j’étais ta BA de l’année ou quoi ? T’es l’pire businessman de l’univers... » balance-t-elle abruptement, qu’il ne veuille pas lui donner de came gratos, elle le comprend, mais qu’il parle de sevrage, ça la sidère. Est-ce qu’un dealer est vraiment en train de lui conseiller à demi-mots de ne pas reprendre ses consommations ? Vraiment ?
Il finit par lui apporter un verre d’eau et un bonbon à la menthe. Bien entendu, elle pète un plomb et lui demande ce qu’il compte faire pour calmer ses douleurs. Parce qu’elle a beau faire la fière, continuer à déblatérer comme un moulin à paroles et balancer des piques et punchlines à la pelle, elle en chie de plus en plus de minute en minute. Respirer devient de plus en plus laborieux, mais elle s’efforce de ne pas y penser, de ne pas paniquer car son but est d’obtenir quelque chose de la part de Kemper Junior : n’importe quelle substance qui la soulagera, elle prendrait même l’aspirine à ce stade. "La douleur, tu vas la calmer en allant te caler dans le pieu et en arrêtant de parler pour rien dire, t'auras moins de mal à respirer si tu fais ça, promis et puis, ça me fera plaisir en plus." Si les yeux d’Ana avaient pu jeter des éclairs, son hôte aurait été foudroyé sur place. Il vient de gros de lui dire de souffrir en silence et d’aller dormir. Elle insiste, réclame morphine, codéine même un pauvre doliprane. Elle lui promet de l’emmerder toute la nuit s’il le faut. "Un doliprane, ça te fera rien, ma pauvre et pour le reste, nop... Oh bah, vas y, fais moi chier, si tu savais le nombre de nanas qui m'ont pété les noix et pourtant, je suis encore là, tu risques de t'épuiser avant d'en voir le bout." Il a l’impudence de lui tapoter le crâne comme si elle était un chien en plus, il ne l’a techniquement pas dit, mais dans la tête d’Ana le manque de respect équivaut à un « brave bête » qu’il aurait ajouté. Elle fulmine et sa tête esquive soudainement la main du jeune homme, lui arrachant un grognement de douleur alors que son mouvement se répercute dans sa cage thoracique fissurée. Elle tente de hurler à son encontre, mais elle ne parvient qu’à articuler difficilement entre deux respirations douloureuses en se tenant les côtes : « Va chier pu...tain ! T’as... été fini à… la pisse ou quoi ?... Donne-moi un truc… putain de tor… tortionnaire. » Elle repense à sa voiture et aux ibuprofènes qu’il y a dans la boîte à gant. Elle avalerait tout le paquet là tout de suite, ou non, mieux : elle réduirait les cachets en poudre et snifferait la totalité. Dans la tête d’Ana, c’est sûr que ça fonctionnerait mieux et plus vite et puis ça soulagerait surtout son envie irrépressible de sentir une poudre irriter ses cloisons nasales, cette merveilleuse sensation lui paraît bien trop lointaine. Elle aurait du insister pour passer la nuit dans sa voiture, elle aurait même peut-être pu retrouver des miettes de cocaïne sur le tableau de bord. Mais il ne veut rien entendre, il est resté sur son idée de merde selon laquelle s’allonger et dormir était la meilleure solution actuellement. "Je t'aide pour le treuillage jusqu'au lit ou tu veux te jouer indépendante et fière?" Elle lui adresse un regard assassin et l’accompagne de son majeur dressé : « Va t’faire f… foutre. » Elle a envie d’ajouter qu’elle se tire d’ici tout de suite mais elle sait bien qu’elle en est incapable, elle ne sait même pas si elle est capable de se mettre debout tout seule, ni si elle peut marcher, sa dernière tentative a été plutôt foireuse, alors descendre les escalier de l’immeuble n’en parlons pas. Et on en revient à sa frustration de ne pas pouvoir contrôler ce qu’il va se passer, de ne pas pouvoir prendre la décision de faire ce qui lui chante, de ne pas pouvoir envoyer chier le gars qui lui a pourtant sauvé la mise. Elle n’est pas reconnaissante pour un sou, d’autant qu’elle réalise qu’elle ne va sûrement pas pouvoir tirer profit de cette situation, elle est coincée et elle déteste ça. Elle n’a pas vraiment le choix, alors elle grommelle entre ses dents sans regarder son interlocuteur : « Amène-moi... au lit. Mais me… m’parle pas surtout. » Elle le hait en cet instant cet inconnu, comme si c’était de sa faute si elle a mal, comme s’il avait de mauvaises intentions envers elle, alors elle ne veut pas l’entendre fanfaronner parce qu’elle ne peut pas faire un pas sans son aide, elle ne veut plus rien entendre de lui.
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| | | | (#)Mar 2 Fév 2021 - 20:18 | |
| Une chieuse pareille, le monde ne devait pas en créer une tous les trois jours, c'était une évidence mais Wren l'appréciait, étonnant, non en vue de sa patience légendaire? Forcément, un coin de sa tête gardait en mémoire sa fameuse petite soeur, elle qui avait la même tendance que cette Anastasia à se mettre dans des situations cocasses qui portaient atteinte à sa vie. C'était potentiellement pour cette raison que le grand suédois prenait le temps de tout expliquer à cette petite blonde, à ne pas s'énerver et lui balancer qu'elle pouvait se démerder sans problème si sa présence la faisait autant chier. Le naturel du Doherty était donc quasiment tu derrière cette façade de maîtrise de la moindre émotion, même si cette chère Anastasia choisissait des mots dévastateurs, certainement dans le seul but de le faire sortir de ses gonds. L'ancien pompier s'était promis de ne pas en arriver là et la meilleure méthode pour passer la gêne à ce moment précis, ce devait sûrement de rire à la remarque idiote de la jeune femme qui avait peur pour sa survie. "Wren Kamper Junior, je sais pas si ça sonne très bien. Et crois moi, si j'avais un kink de séquestration, je t'aurais pas choisi pour jouer." Au moins, c'était clair mais Doherty ne passait jamais par quatre chemins: il avait probablement quelques noms en têtes de femmes avec qui il apprécierait de rester coincé des jours durant mais là, son cerveau s'égarait quand le fond du problème était définitivement ailleurs. Celle qui ressemblait à sa cadette allait probablement faire une connerie à peine entrée dans son humble demeure et Wren devait, de ce pas, anticiper les dégâts qu'elle pourrait faire. Il ne s'agissait pas de lui, bien entendu, mais plutôt de toutes les affaires de Gabriel qui avait gentiment accepté qu'il vive ici et voilà qu'il venait encore l'entraîner dans des emmerdes incroyables. Alors, il allait la surveiller de près, en bon dealer qu'il était... Oui, c'était clairement antinomique puisque Ana ne récoltait que de la putain de drogue depuis tantôt et que le suédois n'était pas enclin à lui en donner. Il pensait à sa soeur, il la voyait dans cet état et il savait qu'il ne craquerait pas si sa vie était en jeu. A partir de là, Williams allait devoir faire avec car l'ancien pompier s'était apparemment fixé pour mission de ne pas lui laisser le droit de se piquer ou se faire un rail dans les heures à venir. Il faisait les gestes habituels avec Freya alors qu'Ana n'était pas elle et forcément, il fallait qu'elle réagisse avec impétuosité, s'abîmant donc dans la douleur sans pouvoir s'éparpiller en insultes envers le dealer. "Je t'avais dit de pas faire des moulinets là... Et pour te répondre, même pas, j'ai jamais été fini." Sûrement que c'était cela, la raison de toutes les merdes qu'il se mettait dans le pif depuis qu'il était adolescent, Wren n'avait cherché de véritables réponses à ce sujet. Il ne perdait pas de sa superbe en tout cas, en prenant soin de ne pas blesser Ana en la soulevant de terre et l'emmenant délicatement jusqu'à sa chambre. Il l'ouvrit d'une main sûre avant de la déposer sur le lit, comme quoi il n'était pas toujours un connard sans coeur. "Si je te parle pas, ça veut dire que t'as abandonné l'idée de me faire chier toute la nuit pour une dose? Bien, tu t'assagis. Repose toi, va." Il fallait bien qu'il la titille un peu, lui aussi, il n'aurait pas été Wren Doherty autrement, ce grand dadais qui s'apprêtait à prendre congé pour le canapé si Williams n'avait besoin de rien d'autre pour passer une nuit correcte. |
| | | | (#)Mar 2 Fév 2021 - 22:39 | |
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what doesn’t destroy you, leave you broken instead
Finalement il lui a donné son prénom, Wren a priori, mais c’est trop tard. Elle trouve que Kempy ça lui va bien mieux. A force de s’agacer contre lui, d’exiger, d’insulter, de se frustrer, la douleur dans sa cage thoracique devient difficilement supportable. D’autant plus qu’elle esquive un étrange geste tendre du dealer à son encontre, une tendresse qu’elle voit pourtant comme de la condescendance et un foutage de gueule en bonne et due forme. Elle se fait mal, elle rage, elle insulte, elle veut juste un truc pour assommer son esprit autant que son corps, elle veut arrêter d’avoir mal, mais c’est mal engagé. "Je t'avais dit de pas faire des moulinets là... Et pour te répondre, même pas, j'ai jamais été fini." Il est d’un calme olympien, c’en est impressionnant. N’importe qui lui aurait mis une baffe dans la tronche et l’aurait jetée sur le trottoir devant une telle attitude, mais il joue son jeu, plaisante sans se vexer. Finalement, Ana capitule non sans une petite idée derrière la tête. Elle accepte une dernière fois son aide pour se rendre dans la chambre et il la porte carrément comme s’ils étaient de jeunes mariés en route vers la chambre de leur nuit de noces. En temps normal, Ana aurait fait une allusion sexuelle, elle l’aurait invité à rester et à lui faire oublier la douleur avec une partie de jambes en l’air. Mais la colère, la frustration et la douleur combinées sont trop fortes, il a beau être aussi délicat que possible, chacun de ses pas se répercute sur les côtes brisées et Ana doit serrer les dents très fort pour ne pas émettre un son. Ils franchissent le seuil et il la dépose sur un grand lit. Mine de rien, il a raison, la position allongée est beaucoup plus reposante pour sa cage thoracique et elle lâche un long soupir de soulagement malgré elle. "Si je te parle pas, ça veut dire que t'as abandonné l'idée de me faire chier toute la nuit pour une dose? Bien, tu t'assagis. Repose toi, va." Elle ferme les yeux, elle ne voulait plus l’entendre mais il avait visiblement des derniers mots à prononcer avant de la laisser tranquille. Elle ressent l’envie irrépressible de lui lancer la lampe de chevet en plein visage. Mais elle ne peut pas, c’est ça d’aller de faire tabasser par des junkies à la con, alors elle se contente de répondre : « Ferme-là j’ai dit. » Elle garde les yeux fermés et fait signe de la main à Wren de se barrer. En d’autres termes, elle le vire de sa propre chambre, qu’il aille donc s’endormir sur le canapé et la laisse se « reposer ».
Il finit par la laisser seule et à l’abri des regards, Ana fixe le plafond en repensant à tous les choix de merde qui l’ont menée ici. Elle essaye de respirer calmement, de trouver la position la plus confortable pour finalement se remettre sur le dos et fixer le plafond à nouveau. Elle a dit qu’elle n’a pas sommeil mais ce n’est pas vrai, elle sent la fatigue s’abattre sur elle même avec son corps traumatisé qui se rappelle sans cesse à elle. Elle ne s’endort pas pourtant, elle lutte pour garder les yeux ouverts en fixant l’heure sur son téléphone et en tendant l’oreille vers le salon. Au bout d’une heure, et alors qu’elle n’entend plus un bruit dans le salon, elle commence à se remettre à bouger lentement, avec toutes les précautions que ses fractures imposent et en essayant de ne faire aucun bruit. Elle réussit à s’asseoir au bord du lit et le poids du haut de son corps pèse à nouveau sur sa cage thoracique et déjà la douleur s’enflamme à nouveau. Mais elle souffre en silence alors qu’elle se laisse glisser sur le bord du lit, ses pieds rencontrant le sol et qu’elle se redresse en s’appuyant sur une commode.
Et voici comment elle entame ses fouilles aussi scrupuleuses que douloureuses. Elle sue à grosses gouttes tant l’effort est intense, elle s’accroche littéralement aux meubles d’une main et fouille de l’autre pour ne pas reproduire la chute du trottoir. Elle fouille dans les chaussettes, les slips, les t-shirts et elle n’essaye pas de dissimuler ses méfaits, bientôt le sol de la chambre est couvert de vêtements qu’elle a jeté en vidant chaque tiroir. Elle commence à rager, elle ne trouve rien du tout, est-ce qu’il a dit la vérité ? Il n’y a rien ici ? Non, elle ne veut pas le croire. Elle revient lentement vers le lit et vérifie sous l’oreiller, rien. Dans la taie d’oreiller, rien. Elle veut vérifier sous le matelas, après tout c’est une cachette très répandue. Mais avant de se péter des côtes en plus, il lui reste la table de chevet à vérifier. Elle tire sur le tiroir et le déloge du meuble, elle est assise sur le lit à nouveau, sa respiration est laborieuse mais elle ne compte pas arrêter tant qu’elle n’aura pas trouvé ce qu’elle cherche. Elle vide son contenu sur le lit, rien d’intéressant si ce n’est un string féminin en dentelles noir probablement oublié par une conquête. Mais elle entend un bruit dans le tiroir, il n’y a pourtant plus rien dedans, c’est un double fond. Jackpot ! S’il n’y a pas de drogue là-dedans il n’y en aura nul part. Elle réussit à l’ouvrir après quelques minutes à galérer et constate avec la plus immense frustration qu’il n’y a qu’une collection de briquets totalement inutiles sans rien à fumer et une photo de famille à la con. Toute cette douleur et ces efforts pour rien, elle pète un plomb et jette le tiroir avec tout son contenu contre le mur. Un grand fracas se fait entendre dans l’appartement plongé jusqu’à présent dans le silence total en même temps qu’un cri de rage et de douleur mêlés. Ana est épuisée, encore plus frustrée qu’une heure plus tôt, elle vient de gâcher toute la discrétion dont elle a pu faire preuve plus tôt et elle sait que Wren va débarquer dans quelques secondes et probablement pas de bonne humeur. Elle se laisse retomber sur le dos sur le lit et profite de ces quelques secondes de répit pour essayer de retrouver son souffle et éloigner la douleur cuisante. Elle voudrait tellement être quelqu’un d’autre à cet instant, être normale, être ce genre de personne qui prend les bonnes décisions, qui fait toujours des choix en fonction de la logique et pas de ses addictions et névroses, elle se fatigue, elle en a marre d’être elle-même. Mais elle n’a que ça en stock malheureusement.
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| | | | | | | | What doesn't destroy you, leave you broken instead ▽ Wren |
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